HARVARD UNIVERSITY.
LIBRARY
MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY.
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?\îrH
ARCHIVES
DU
MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE
ARCHIVES
DU
MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE
DE LYON
TOME HUITIEME
ARCHIVES
DU
MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE
DE LYON
TOME HUITIÈME
^ LYON
HENRI GEORG, ÉDITEUR
LIBRAIRE DE LA FACULTÉ DE MEDECINE ET DE LA FACULTÉ DE DROIT
36-38, PASSAGE DE l' U ÔT EL- DI EtI . 36-38
MAISONS A OENEVE ET A BALE
1 U 0 3
A LA MÉMOIRE
DU
D" Gilbert TIRANT
RÉSIDENT DE FRANCE EN INDO-CHINE DE 1879 A 1899
TABLE DES MATIÈRES
DU HUITIEME VOLUME
MÉMOIRE n" I. — Recherches anatomiques sur les Camp/?rfés(A.natomie du Chameau à deux bosses ;
Différences entre les deux espèces de Chameaux; différences entre les Chameaux et les Lamas)
par M. le Professseur Lesbre 1 à 196
MÉMOIRE n" II. -- La Faune momifiée de l'Ancienne Egypte, par le D'" Lortet et M. G.
Gaillard là VIII et 1 à 206
KE(:iïERClIi:S Ai\ ATOMIQUES
SUR LES CAMÉLIDÉS
M. F.-X. LESBRE
Prol'esseui d'Aiiatomie a l'Ecole vétérinaire de Lvoii.
lUL
2 1W3
UECllLKCHES AA ATOMIOU ES
SUR LES CAMÉLIDÉS
ANATOMIE DU CHAMEAU A DEUX BOSSES
DIFFÉRENCES ENTRE LES DEUX ESPÈCES DE CHAMEAUX
DIFFÉRENCES ENTRE LES CHAMEAUX ET LES LAMAS
Quand on se livre à des études d'anatoraie comparée, on est frappé de la pénurie de
documents sur un grand nombre d'espèces, même parmi les mammifères. Les auteurs se bornent
souvent à une description plus ou moins détaillée du squelette et des viscères, et passent
sous silence les muscles, les vaisseaux, les nerfs, etc., comme s'ils n'avaient d'autre but que de
faire connaître les grands traits de structure qui caractérisent tel ou tel groupe taxonomique.
Rares sont les mammifères qui ont été l'olijet d'une monographie anatomique complète.
Assurément, les ditterences sont souvent légères, difficiles à constater, entre animaux
voisins; mais ce n'est pas une raison d"en négliger l'étude. Les espèces les plus affines
se distinguent toujours par quelques particularités anatomiques ; témoin : le cheval et
l'àne, le mouton et la chèvre, le lapin et le lièvre. Ces particularités, en s'accentuant d'une
espèce à l'autre, conduisent insensiblement aux plus grandes différences, et on ne comprend
bien celles-ci que par celles-là. C'est pourquoi l'anatomie comparée d'un groupe d'espèces ne
peut être convenablement faite qu'autant que l'on connaît bien l'anatomie spéciale de chacune
d'elles. En bonne logique, l'analyse ne doit-elle pas précéder la S3'nthèse ?
Pénétré de cette idée, je me suis attaché, depuis un certain nombre d'années, à faire
l'étude particulière, aussi complète que possible, de tous les mammifères importants que j'ai
pu me procurer. Ainsi, j'ai eu la bonne fortune de disséquer trois chameaux de Bactriane :
deux m'ont été envoyés à l'état de cadavres par M. F. Mangini, un des membres de la mission
Ghalfanjon, qui avait ramené quelques-uns de ces animaux dans sa propriété de Sainte-Foy-
l'Argentière ; le troisième m'a été donné vivant par un directeur de ménagerie, M. Bidel.Peude
temps après, mouraient au Parc de la Tète-d'Or de Lyon deux dromadaires qui me furent
cédés très gracieusement par MM. Lortet et Chantre, directeur et sous-directeur du Muséum
d'histoire naturelle de cette ville. Que ces généreux donateurs soient ici remerciés pour leur
zèle scientifique et pour la confiance dont ils m'ont honoré.
Avec ces cinq sujets, il s'agissait de faire l'anatomie complète du genre chameau; j'y
Arch. Mus. — t. VIII 1
2 RECHERCHES AXATOMIQUES SUR LES CAMÉUDÉS
suis à peu près parvenu, grâce au concours dévoué de quelques-uns de mes élèves. Et, tout en
disséquant, j'ai pu prendre les nombreux croquis qui ont servi à l'illustration du présent
mémoire.
Cette étude a révélé, comme on va le voir, de nombreux faits inédits ; elle a permis on
outre de juger diverses questions discutées, de redresser plusieurs erreurs et de dégager les
caractères anatomiques différentiels des deux espèces de chameaux, à peu près inconnus
jusqu'à ce jour. J'ai été surpris de trouver si peu avancée l'anatomie d'animaux domestiques
aussi importants et aussi répandus que le sont les chameaux. Ce n'est pas que les travaux
fassent absolument défaut sur ce sujet : mais ils n'envisagent guère que le squelette et les
organes splanchniques, l'estomac principalement; encore sont-ils presque tous relatifs au dro-
madaire. Quant au chameau à deux bosses, on pourrait presque répéter aujourd'hui ce que
disait de Blainville en 1850, que « rien n'a été écrit nulle part sur les parties de son organi-
sation autres que le squelette ».
Voici, à ma connaissance, les principaux travaux sur l'anatomie des Caméliens :
Description anatomique de deux cliameaux par Cl. Pkrrault (Mémoires de l' Académie des sciences,
Paris, 1066-1099).
Les chapitres de Buffon et de Daubenton sur le dromadaire, dans Y Histoire naturelle de Buffon.
Les Leçons d'anatomie comparée ei les Recherches sur les ossements fossiles de G. Cuvier.
Les observations de sir Everard Home sur l'estomac des chameaux dans Philos, iransact., 1800,
ou encore dans Lectures ofcompar. anatoiny.
Le Traité d'ostéographie de de Blainville.
Les Traités d'anatomie comparée d'OwKv, GEGENB.iUR, Milne-Edwards.
Le mémoire de Brandt sur l'anatomie de l'estomac du lama (1844, Académie impériale de
Saint -Pétersbourg) .
L'atlas de Walton intitulé : The Camel, its anatomij, p)roportions and poils, London, 1805.
L'ouvrage de Vallon sur « l'histoire naturelle du dromadaire ». {Recueil des mémoires et
observations sur Vhygiène et la médecine vétéinnaires militaires, t. W\).
Le travail de W. Adam, Osteolog. symmetry of the Camel, London, 1833.
Pander et d'Alton, die Skelette der Viederhauer.
Boas, Zur Morphol. des Magens der Gameliden uiid traguliden und ùber die sjstematische
Stellung letzterer Abtbeilung (MorpJiolog. Julirh., 3'' Ileft, 1891).
PiLLiET, Structure des alvéoles de la portion gaufrée de l'estomac du chameau (Bulletin de la
Société :;oologique de France, 10° année).
Gordier, l'Estomac des ruminants {Annales des sciences naturelles, zoologie, i. XVI, 1894).
Divers travaux deCoPE, Marsh, Leidy, Thomas, Pomel,Stefanescu, etc., sur les Camélidés fossiles.
Le Traité d'anatomie comparée des animaux domestiques de MM. Chauveau et Arloing
(4° édition), où nous avons trouvé les renseignements les plus nombreux.
Le travail que nous publions aujourd'hui est une monographie anatomique méthodique
du chameau de Bactriane; il se termine par un chapitre sur les différences entre les deux
espèces de chameaux. Peut-être n'est-il pas dépourvu d'importance pratique, à une époque oîi
les nations de l'Europe étendent et multiplient leurs colonies dans les pays habités par ces
animaux essentiellement domestiques.
Relisons, pour nous en convaincre, cette belle page de Buffon :
« L'or et la soie ne sont pas les vraies richesses de l'Orient, c'est le chameau qui est le
RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS 3
trésor de l'Asie. Les Arabes regardent cet animal comme un présent du ciel, un animal sacré.
Avec leurs chameaux, non seulement ils ne manquent de rien, mais même ils ne craignent
rien; ils peuvent mettre en un seul jour cinquante lieues de désert entre eux et leurs ennemis;
toutes les armées du monde périraient à la suite d'une troupe d'Arabes; aussi ne sont-ils
soumis qu'autant qu'il leur plait. Qu'on se figure un pays sans verdure et sans eau, un soleil
brûlant, un ciel toujours sec, des plaines sablonneuses, des montagnes encore plus arides, sur
lesquelles l'œil s'étend et le regard se perd sans pouvoir s'arrêter sur aucun objet vivant, une
terre morte et pour ainsi dire écorchée par les vents, laquelle ne présente que des ossements,
des cailloux jijnchés, des rochers debout ou renversés, un désert entièrement découvert, où le
voyageur n'a jamais respiré sous l'ombrage, où rien ne l'accompagne, rien ne lui rappelle la
nature vivante : solitude absolue mille fois plus affreuse que celle des forêts, car les arbres sont
encore des êtres pour l'homme qui se voit seul; plus isolé, plus dénué, plus perdu dans ces lieux
arides et sans bornes, il voit partout l'espace comme son tombeau; la lumière du jour, plus
triste que l'ombre de la nuit, ne renaît que pour éclairer la nudité, son impuissance, et pour lui
présenter l'horreur de sa situation, en reculant à ses yeux les barrières du vuide, en étendant
autour de lui l'abîme de l'immensité qui le sépare de la terre habitée, immensité qu'il tenterait
en vain de parcourir; car la faim, la soif et la chaleur brûlante prennent tous les instants qui
lui restent entre le désespoir et la mort. »
Voilà les pays que seuls les chameaux peuvent permetti'e de traverser; ces animaux ont
été qualifiés justement àe. navires du désert.
Le présent mémoire était en cours d'impression quand la Direction du Muséum de Lyon,
que je ne saurais trop remercier, me fit tenir le cadavre d'un lama qui venait de mourir au
Parc de la Téte-d'Or. Cela m'a permis d'y ajouter un chapitre sur l'anatomie comparative
des deux genres auchenia et camelus et d'embrasser ainsi tout le groupe des Camélidés.
PREMIÈRE PARTIE
CHAMEAU A DEUX BOSSES
1. - EXTÉRIEUR
Les naturalistes et les voyageurs ont assez souvent décrit et figuré les formes et les atti-
tudes du chameau à deux bosses pour me dispenser d'entrer dans de longs détails ; d'ailleurs
.^o . CJo uj c Sr_
FiG. l. — Chameau de Bactbiane.
le dessin ci-dessus, décalque d'une photographie, est plus démonstratif que la plus longue
description. Je me bornerai donc à quelques considérations sur les proportions métriques, sur
les bosses, sur les callosités, sur la peau et les poils, et enfin sur les pieds.
6 RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMELIDES
Proportions. — Les tableaux suivants donnent les dimensions de quelques chameaux
à deux bosses mesurés par Daubenton. par Walton ou par moi-même.
DAUBENTON
m-
Loni^ueur du corps du bout des lèvres à l'anus 3,400
Hauteur du train de devant 1,970
Hauteur du train de derrière 1.647
Lonjiueur de la tête 0,688
D'un anjile à l'autre de la mandibule 0,155
De l'œil au bout des lèvres 0,a50
De l'œil à l'oreille 0.189
Entre les angles internes des yeux 0,243
Longueur des oreilles 0.155
Entre les oreilles à la base O.l'.tU
Longueur du eau ; ... 1.030
Circonférence du cou près de la tète 0,756
— — près des épaules 1,100
Circonférence de la poitrine passant au-devant de la bosse du garrot et sur la callosité
sternale 2,457
Circonférence du corps entre les deux bosses 1,863
Longueur du tronçon de la queue 0.540
Circonférence de la queue à la base 0,256
Du coude au genou 0,604
Circonférence maximum de l'avant-bras (1,72! >
Canon antérieur 0,370
Paturon de devant 0,088
Circonférence du pied antérieur 0,675
Longueur de l'ongle 0,140
— du pied 0,236
Largeur du pied 0.221
Du grasset à la pointe du jarret 0,675
Canon de derrière 0,370
Paturon de derrière 0,081
Circonférence du pied de derrière 0,600
Nota. — Le chameau dont Daubenton donne les mesures pesait 1300 livres.
WALTON
N 1 N» 2 N" 3
m. m. m.
Longueur de la tête 0,554 0,608 0,708
Largeur de la tête 0,354 » »
De l'angle de l'épaule à la naissance de la queue . . 1,645 1,595 1,849
Hauteur du sommet de l'une et de l'autre bosse. . . 2,128 2,128 2,253
Longueur de la partie libre des membres, à partir du
profil inférieur du cou et du ventre 1.216 1,216 0.962
Nota. — La partie lilire du membre antérieur telle que la mesure Wallon, c'est-à-dire à
partir de l'intersection du profil inférieur du cou, se trouve divisée en deux parties égales
par la jointure du genou,
LESBRE
Sujet N» 1 (de petite taille).
Longueur de la tête 0,530
Largeur de la tète entre les arcades zjgomatiques 0,250
Epaisseur de la tête, de la ganache au front 0.275
Ecartement maximum des ganaches 0,175
CHAMEAU A DEUX BOSSES
Hauteur du frout, de la piotubéraiice occipitale externe à une ligne qui réunirait ,„.
les angles internes des patipières 0,250
Longueur du cou en suivant son bord supérieur, jusqu'à la première bosse .... 1,050
— — de la pointe du sternum à Tanii'le de la mâchoire 0.050
Largeur du cou en avant de l'épaule 0,370
— — au niveau de la gorge 0,220
Hauteur verticale du garrot, bosse non comprise • l.,580
— — — bosse comprise 1,700
Distance verticale de la callosité sternale au sol 0,840
Longueur du corps, de l'angle de l'épaule à la pointe de la fesse 1.450
— — de la partie antérieure de la première bosse à la naissance de la
queue 1,220
Distance comprise entre les axes verticaux des deux bosses 0,500
Diamètre vertical de la poitrine pris entre les deux bosses 0,750
De l'angle dorsal du scapulum à l'angle externe de l'iliurn 0,770
Longueur de la queue 0,-470
— de l'épaule, de sa pointe à la base de la bosse antérieure 0,500
De l'angle de l'épaule à la pointe du coude 0,410
De la pointe du coude au pli du genou 0,480
Du pli du genou au centre du boulet 0,3-'0
Du pli du genou au sol 0,420
Longueur de la croupe 0.420
Distance de la rotule à l'antile externe de l'iliurn 0,560
— — à la pointe de la fesse 0,500
— — au centre du jarret 0,.560
Distance verticale du centre du jarret au sol 0,560
De la pointe du jarret au centre du boulet 0,450
Sujet i>o 2. — Dimensions du Squelette.
ni.
Longueur de la tête, de la protubérance occipitale à l'extrémité de l'os incisif. . . 0,520
(L'entrée de l'orbite est assez exactement à mi-longueur de la tête.)
Largeur maximum de la tête au niveau des arcades zj'gomatiques 0,25,5
— de la boite crânienne 0,117
Longueur totale des vertèbres cervicales 1,080
— des vertèbres dorsales. 0,920
— des vertèbres lombaires 0,530
— du sacrum 0.230
— du coccyx 0,540
Longueur totale de la colonne vertébi aie 3,300
— du sternum, y compris ses extrémités cartilagineuses 0,520
— en ligne droite, de la tête au point de jonction du \ ,,, o'-in
cartilage de prolontrement des : I i.^^ .^ .... •' ;;
— ' '- '12'= cote . . . . 0,4/0
Diamètre vertical intérieur de la poitrine au niveau de la dernière sternèbre. . . 0,580
Largeur maximum de la poitrine entre les deux dernières côtes 0,5'30
Longueur du scapulum, cartilage non compris. . . 0,420
Largeur maximum du scapulum. ... 0,270
Longueur de l'humérus, de la tète à la trochlée 0,390
— du radius mesurée du côté interne, d'une surface articulaire à l'autre. . 0,500
— du cubitus 0,.560
Hauteur du carpe 0,060
Longueur du métacarpe 0,330
— des premières phalanges de la main 0,097
— des deuxièmes [ihalanges de la main 0,063
— des troisièmes phalanges de la main 0,020
— du coxal, de l'angle interne de l'iliurn à la tubérosité ischiale 0,425
— de l'iliuui, du fond de l'acétabuluui à son angle interne 0,300
— de l'isohium, du fond de l'acétabulum à la tubérosité ischiale 0,104
Distance entre les angles externes des iliums (écartement des hanches) 0,440
Longueur du fémur, de la tète au condyle interne 0.510
— du tibia, l'épine de son extrémité supérieure non comprise 0,435
Hauteur du tarse mesurée du fond de la gorge tibiale de l'astragale à la face infé-
rieure du grand cunéiforme O,lO0
8 RECHERCHES AXAToMIQUHS SIU LES CAMÉLIDÉS
Longueur du métatarse 0,342
— des iireinières phalanges du pied 0,086
— des deuxièmes phalanges du pied 0,().")0
— des troisièmes phalanges du pied 0,025
Gommentaires. — En méditant sur ces mensurations, on voit :
1° Que la longueur de la tète est contenue approximativement deux fois dans la longueur
du cou déployé, et celui-ci trois fois dans la longueur totale du rachis ;
2" Que la longueur scapulo-ischiale équivaut à environ trois tètes, c'est-à-dire à la tête
et au cou déployés et étendus ;
3" Que cette longueur est toujours inférieure à la taille, laquelle est d'environ trois tètes
et demie. Quand même on ne comprendrait pas la bosse dans la taille au garrot, celle-ci serait
encore supérieure à la longueur du corps. Cette disproportion ne tient pas tant ;\ la brièveté
du tronc qu'à l'allongement des membres; elle explique pourquoi les chameaux, ainsi que les
girafes, prennent l'amble pour aller vite, attendu que, dans une allure diagonale comme le
trot, les membres de chaque bipède latéral n'auraient pas suffisamment d'espace pour se
déployer sans s'entre-choquer;
A" Que la croupe est courte, étroite, avalée, les pointes des fesses peu saillantes, la cuisse
verticale, l'angle coxo-fémoral extrêmement ouvert : tous caractères indiquant peu d'aptitude
à la traction et au cabrer. Il est manifeste que les membres des chameaux sont surtout
disposés pour supporter et pour osciller amplement sous le corps. Si l'on considère en outre
que la colonne dorso-lombaire fait voûte d'un bipède à l'autre et que les apophyses épineuses
sont extrêmement fortes et développées, on s'explique que les chameaux soient essentielle-
ment aptes au service du bât. Remarquons encore que l'absence de pli du grasset, c'est-
à-dire de ce pli de peau qui réunit la cuisse au flanc dans la plupart des grands quadrupèdes,
libère complètement le membre postérieur et ajoute à sa mobilité ;
5° Que le centre articulaire du jarret est à égale distance du centre articulaire fémoro-
tibial et du centre métatarso-phalangien, ce qui revient à dire que la longueur du rayon tarso-
métatarsien équivaut à celle du tibia : fait que j'ai constaté aussi chez les solipèdes;
6" Que le centre articulaire du genou est équidistant du centre huméro-radial et du sol
sur lequel le membre ap])uie, ce qui implique une très grande longueur du radius, qui
atteint ou à peu près celle du fémur;
7° Que la hauteur verticale du sternum prise au niveau de sa callosité est à peu près la
moitié de la taille prise au sommet de la bosse du garrot ;
8° Que la longueur de l'épaule l'emporte de beaucoup sur celle de la croupe, vu que le
scapulum sans son cartilage de prolongement est aussi long que le coxal. Cette région se fait
en outre remarquer par l'amplitude de ses oscillations lorsque l'animal est en marche;
9° Que la largeur ainsi que l'épaisseur de la tête équivalent sensiblement à la moitié de
sa longueur; tandis que l'écartement des ganaches en est le tiers environ et la longueur de
l'oreille le quart;
10° Que l'œil est à peu près également distant de la nuque et du bout des lèvres.
Bosses. Système adipeux. — Ainsi qu'on le sait, le chameau de Bactriane se
distingue essentiellement du dromadaire par deux bosses dorsales au lieu d'une. La première
CHAMEAU A DFXX BOSSKS 9
surmonte les épaules et coiffe le garrot, la seconde est superposée aux lombes et domine la
croupe; entre les doux se trouve une [trofonde dépression en forme de selle. Ces bosses sont
quelque peu mobiles et plus ou moins ballottantes comme d'énormes loupes graisseuses ; la
colonne vertébrale ne prend aucune part à leur constitution ; aussi sont-elles susceptibles de
varier de volume et de poids suivant l'état d'embonpoint du sujet; elles se flétrissent et se
ratatinent chez les animaux très maigres et l'essemblent alors, comme le dit Buff'on, à
d'énormes tétines vides et flasques, tandis qu'elles se remplissent et s'érigent pour ainsi dire
cliez les individus en bon état de chair. Nous avons nous-mème constaté ces diff'érences, et
nous sommes surpris qu'un observateur aussi sagace que A^allon ait pu les nier. L'un des
chameaux que nous avons disséqués, remarquable par son extrême embonpoint, avait des
bosses énormes : l'antérieure, en forme de cône aigu, mesurait 0"'.37 à la base, O^SS de hauteur,
et pesait S'^'ôGO; la postérieure, en forme de cône surbaissé, était longue de 0"68, haute
de 0"35 et pesait 16 kilogrammes. Un autre, au contraire, était maigre : ses bosses pesaient
trois à quatre fois moins que les précédentes.
Les bosses dorsales des chameaux, comme la loupe cautiale de certains moutons, se
rattachent donc au système adipeux et en suivent les fluctuations : ce sont pour ainsi dire
des parties hypertrophiées du pannicule graisseux sous-cutané, ou encore de gigantesques
maniements rappelant ceux qui se forment en maints endroits dans les bœufs fin-gras. Buff'on
a pleinement raison de les considérer comme des réservoirs alimentaires oh l'animal puise en
cas de disette. Mais nous ne pouvons admettre l'explication qu'il donne de leur origine : ce
seraient, d'après lui, des sortes de loupes accidentelles développées sous la pression des fardeaux
dont on charge le dos de ces animaux, qui sont « plus anciennement, plus complètement et
plus laljorieusement esclaves qu'aucun des autres animaux domestiques », loupes devenues
héréditaires dans la suite des générations, tout comme les callosités qu'on observe en différents
points du corps des mêmes animaux. — Les transformistes les plus convaincus hésiteraient
devant une hypothèse aussi hardie. Bornons-nous donc à constater que les chameaux
ont des bosses adipeuses sur le dos et que cela est un caractère normal do leur organi-
sation.
S'il fallait en croire A^allon, les dromadaires auraient très peu de graisse en dehors de
leurs bosses. « Ceux que nous avons sacriflés pour nos études anatomiques, dit-il, quoique
eu très bon état, n'en avaient pas dans l'abdomen et n'en avaient que très peu autour des
muscles; les reins eux-mêmes n'avaient pas de capsule adipeuse. C'est là une nouvelle diffé-
rence entre cet animal et les autres ruminants. »
La dissection que nous avons laite de deux dromadaires, l'un mâle, l'autre femelle,
morts après quinze jours de maladie au parc de la Téte-d'Or de Lyon, nous oblige à
nous inscrire en faux contre l'assertion de Vallon : le tissu adipeux était en effet très
répandu et particulièrement abondant dans l'abdomen. Le chameau de Bactriane n'est pas
moins prédisposé à l'engraissement; deux des trois sujets que nous avons étudiés étaient très
gras, presque polysarques : l'intestin, l'estomac, les reins, le cœur étaient couverts de graisse;
il y en avait une épaisse couche sous le péritoine et dans l'épaisseur de tous ses replis, une
doublure sous la peau, et enfin une grande quantité répandue entre les muscles et jusqu'à leur
intérieur. Il finit dire toutefois que, dans les chameaux, le pannicule charnu faisant défaut,
le tissu conjonctif sous-cutané est généralement très serré et établit une forte adhérence
Arch. Mus. — t. Vlll -
10 RKCIIERCHES ANATOMIQUES SI' H LES CAMELIDES
avec les parties sous-jacentes; d'où il suit que le tissu adipeux s'}' accumule beaucoup moins
facilement et abondamment que chez d'autres animaux.
La graisse du chameau, comme celle du dromadaire, est d'une grande blancheur et se fige
par le refroidissement; le suif qui en résulte est moins solide, plus onctueux que celui des
autres ruminants. Vallon raconte que la graisse du dromadaire est très employée en médecine
par les Arabes, contre les maladies cutanées de l'espèce humaine et surtout contre celles du
cuir chevelu. Cette graisse répand une odeur particulière, forte et peu agréable.
Callosités. — Les callosités se remarquent sur tous les points du corps qui portent
l'animal dans l'attitude couchée ou accroupie, c'est-à-dire sur le sternum, les genoux, les
coudes, lesgrassets, et le bord postérieur des jarrets ; cela fait en tout neuf callosités. La jjIus
volumineuse est celle du sternum; elle correspond principalement àl'avant-dernièresternèbre,
qui s'épaissit et s'élargit beaucoup pour lui donner appui; sa forme est celle d'un cœur de
carte à jouer de 20 à 25 centimètres de long sur 1.") à 18 de large; elle n'est pas seulement
constituée par un épaississement du corps papillaire et de l'épiderme corné, elle comprend en
outre un substratum fibro-adipeux : structure qui rappelle celle d'un coussinet plantaire. Les
callosités des genoux et des grassets n'intéressent guère que la peau; toutefois, à leur niveau,
le tissu conjonctif sous-cutané est notablement épaissi, souvent creusé de petites bourses
séreuses. Quant aux callosités des coudes et des jarrets, elles sont les moins développées et
elles se forment en dernier lieu. La callosité sternale est héréditaire : elle existe déjà à la
naissance. Les autres sont adventices. Toutes grandissent avec l'âge jusqu'à la vieillesse.
Buffon signale l'hérédité des callosités des chameaux, qu'il considère comme les empreintes
de la servitude et les stigmaies de la douleur. « Les callosités, dit- il, se perpétuent aussi
bien que les bosses par la génération; et comme il est évident que cette première difformité
ne provient que do l'habitude à laquelle on contraint ces animaux, en les forçant, dès leur pre-
mier âge, à se coucher sur l'estomac, les jambes pliées sous le corps, et à porter dans cette
situation le poids de leur corps et les fardeaux dont on les charge, on doit présumer aussi que
la bosse ou les bosses du dos n'ont eu d'autre origine que la compression de ces mêmes far-
deaux, qui. portant inégalement sur certains endroits, auront fait élever la chair et bour-
soufler la graisse et la peau, car ces bosses ne sont point osseuses, elles sont seulement
composées d'une substance grasse et charnue de la même consistance à peu près que celle
des tétines des vaches. Bosses et callosités sont des difformités produites par la continuité
du travail et de la contrainte du corps, et ces difformités sont devenues générales et per-
manentes dans l'espèce entière. »
Nous avons déjà fait des réserves sur l'interprétation de Buffon en ce qui concerne les
bosses. Quant aux callosités, la pectoi'ale seule se transmet par génération, les autres parais-
sent être accidentelles; celle-là, qui a amorcé une modification corrélative du sternum, fait
d'ores et déjà partie de l'organisation; mais il est fort possible que, dans le principe, elle ait
été accidentelle comme les autres.
Peau et poils. — La peau des chameaux est plus épaisse, plus consistante que
celle du bœuf; son derme, très dense, donne par le tannage un cuir extrêmement résistant, très
employé dans l'intérieur de l'Afrique: « Les chaussures qu'on en fait sont si bonnes, dit
CHAMEAU A DEUX BOSSES 11
Vallon, que le voj'ageur peut impunément marchei' sur la vipère et braver l'action du sable
brûlant. » Le pannicule charnu faisant défaut, ce tégument est adhérent et incapable des
trémoussements qu'il éprouve chez le bœuf dans le but d'éloigner les insectes qui se posent à
sa surface; aussi les chameaux sont-ils horriblement tourmentés par les mouches, notam-
ment par les taons.
Le pelage du chameau est ordinairement de nuance brune plus ou moins foncée, avec
du lavé au bout de la tête et des membres. On observe exceptionnellement des balzanes. Les
poils sont courts et ras à la partie inférieure de la tète et des membres, à la face interne des
cuisses, à l'inter-ars et dans la région inguino-génitale, tandis qu'ils forment ailleurs une
véritable toison que les indigènes tondent chaque année et qu'ils utilisent pour fabriquer des
tissus et des cordes, toison qui, d'après A^allon, pèse 3 à 4 kilogrammes suivant l'âge et la
taille chez le dromadaire, et qui comprend beaucoup de longs poils grossiers entremêlés aux
mèches de laine. Les ])osses sont en général surmontées chacune d'une véritable toutfe pileuse.
Le panache de la queue est assez faible; celle-ci étant en outre relativement brève, n'est pour
l'animal qu'un moyen de défense bien insuffisant contre les insectes; il est fort heureux que
la mobilité extrême de la tête et des membres postérieurs permette d'y suppléer.
Lorsqu'on ne la tond pas, la toison des chameaux tombe naturellement chaque printemps,
si entièrement, au dire de Butfon, que « l'animal paraît tel qu'un cochon échaudé. Alors on le
poisse partout pour le défendre de la piqm-e des mouches. »
Examinés et mesurés au microscope, les brins de cette toison ont à peine un centième de
millimètre de diamètre; ils sont dépourvus de substance médullaire, comme les brins de la
laine du mouton. Les poils de jarre qui leur sont entremêlés sont généralement très pigmen-
tés; ils mesurent de 4 à 6 1/2 centièmes de millimètre de calibre et montrent dans leur centre
une épaisse colonne médullaire.
Tous les auteurs s'accordent à dire que, au moment du rut, la région de la nuque devient
le siège d'une sécrétion noirâtre, d'odeur forte et nauséabonde, plus abondante dans le mâle
que dans la femelle. Vallon déclare avoir cherché en vain l'appareil glanduleux qui préside à
cette sécrétion. Par contre. Cari Vogt mentionne deux glandes cutanées situées derrière l'oc-
ciput. La vérité est qu'il existe, dans cette région, sur une aire large comme la paume de la
main, non pas deux, mais un grand nombre de petites glandes situées dans l'épaisseur du
derme ou immédiatement en dessous, glandes qui ne prennent tout leur développement qu'au
moment du rut. Alors elles apparaissent, sur les sections de la peau, comme des lobes rou-
geâtres, fermes au toucher, dont les plus gros atteignent à peu près le volume d'un pois. En
dehors de ce temps, elles s'atrophient et peuvent facilement passer inaperçues ainsi qu'en
témoigne l'assertion de Vallon. L'un de mes sujets d'étude était un dromadaire mâle, mort
en plein rut; j'ai donc pu étudier, dans les meilleures conditions, les glandes dont il s'agit.
Le microscope a montré qu'elles appartiennent à la variété racémeuse.
Pieds (voy. flg. 2). — Les pieds des chameaux constituent l'un des traits les plus
curieux de leur conformation extérieure, en même temps qu'une admirable adaptation à la
marche sur un sol sablonneux et mouvant. En effet, les deux doigts de chaque extrémité sont
empêtrés dans la peau jusqu'aux ongles et portent sur leur face inférieure, depuis l'extrémité
de la première phalange jusqu'au bout des ongles, un vaste coussinet plantaire qui les réunit
12
RECHERCHES ANATOMIQUES Slli Li:S GAMÉLn)ÉS
et les déborde, et qui leur sert de surface d'appui. Quant aux ongles, ce sont des espèces de
griffes courtes, à pointe recourbée en bas. dont l'animal peut se servir pour gratter, mais non
pour s'appuyer ou marcher. Ces animaux sont donc digitigrades au lieu d'être onguligrades,
onguiculés au lieu d'être ongulés : différences importantes relativement aux autres ruminants
et qu'on n'a peut-être pas suffisamment fait valoir.
Le pied des chameaux nous offre à étudier, au point de vue de l'extérieur, une face
supérieure, une face inférieure et deux griffes terminales.
La face supérieure est recouverte d'une peau épaisse et adhérente qui fait suite insensible-
ment à celle du paturon; elle présente un sillon médian interdigité.
La flice inférieure ou plantaire est légèrement convexe, limitée par un bord presque
circulaire, échancrée en avant entre les deux ongles, divisée postérieurement en deux lobes
proéminents formant talons, parcourue sur la ligne
médiane par un très léger sillon. Cette face est
occupée par une semelle cornée, noirâtre, finement
crevassée, épaisse de 2 à4 millimètres et relativement
souple, semelle qui s'amincit à la périphérie et passe
insensiblement à l'état d'épiderme ordinaire. La corne
en question participe des caractères de celle de la
fourchette des solipèdes, et, si l'on considère qu'elle
se développe, comme cette dernière, sur un coussinet
plantaire, on peut l'assimiler à une fourchette extrê-
mement étalée et amincie, ou mieux à une callosité
plantaire. Lorsque le pied est à l'appui, il s'épanouit
manifestement en s'aplatissant contre le sol. Nous
étudierons plus loin la disposition des coussinets
élastico-adipeux qui lui servent de base.
Quant aux ongles, ils sont relativement petits,
aplatis et incurvés sur leur face concentrique, très
recourbés en dessous, oii ils forment une pointe crochue au-devant de la semelle plantaire
comme le montre la figure 2. Ils sont constitués par une corne dure et fibreuse, plus épaisse
en dehors qu'en dedans, sertie à l'origine dans une i-ainure nnguéale profonde et cou-
verte d'un périople très développé qui fait suite à la callosité plantaire. Ce sont là de véritables
griffes, tenues relevées par l'action d'un ligament élastique et échappant ainsi à l'appui.
Les pieds antérieurs sont, comme le dit Vallon, plus grands, plus évasés et plus combles
que ceux de derrière; leur forme se rapproche beaucoup de la forme ronde; leur semelle cornée
est plus épaisse et plus crevassée que celle des pieds postérieurs. Dans les races communes,
le pied est plus grand et plus comble que dans les races sveltes, dites nobles; par exemple, le
mahari a le pied beaucoup moins grand que le dromadaire de bat.
En résumé, il est manifeste que les pieds des chameaux, avec leur plante souple et élastique,
et la mince couche de corne qui la revêt, ne peuvent suffire longtemps à la locomotion sur
un terrain dur, rocailleux ou irrêgulier; ils ne conviennent pas non plus aux terrains humides
et glissants. Aussi, lorsqu'on sort ces animaux des pays sablonneux et désertiques pour
lesquels il semblent avoir été faits, sont-ils très exposés aux claudications. Et l'art de la ferrure
FiG. 2. — FlED.
Face supérieure et kace plantaire.
1, boulet; 2, paturon: 3, talons; 4, semelle plantaire;
.">, ongles.
CIIAMl'LVr A DEUX BOSSES 13
ne saurait trouver ici d'application tauto de points d'implantation pour le ter; mais il y aurait
lieu, comme le dit Vallon, d'essayer l'usage do sandales de cuir que l'on appliquerait sous le
pied et que l'on fixerait au pli du paturon par des coun^oies et boucles ad hoc.
Je ne quitterai pas ce sujet sans faire remarquer que les chameaux sont totalement
dépourvus d'ergot à la face postérieure des boulets; il n'y a pas ici trace de production
cornée, et cela coïncide avec l'absence des pièces squelettiques des doigts latéraux (2® et 5°).
Cependant, dans les lamas, on voit une sorte de châtaigne sur chacune des faces laté-
l'ales du canon, au mem])re postéi'ieur, châtaignes que je considère comme des ergots remontés,
c'est-à-dire comme des vestiges ongulés du deuxième et du cinquième doigts. De même, les
châtaignes qu'on observe chez le cheval à la face interne de l'avant-bras ou du jarret repré-
sentent 1res vraisemblablement un vestige ongulé du pouce de la main ou du pied.
TT. — AXATOMIE
APPAREIL LOCOMOTEUR
OS
TÈTE
Nous envisagerons la tète osseuse : [" dans le détail de ses diverses pièces consti-
tuantes; 2° dans l'ensemble (voy. fig. 3 à 7).
Occipital. — L'occipital est doublement coudé sur lui-même de manière à se diviser
extérieurement en une partie frontale, une partie nuchale et une partie basilaire.
La protubérance occipitale est large et très saillante, relevée antérieurement d'une forte
crête sagittale, continuée latéralement par une crête tranchante qui représente la ligne courbe
supérieure unie avec la racine supérieure de l'apophyse zygomatique. Cette dernière crête
flgure une sorte d'expansion qui se renverse légèrement sur la face nuchale et forme avec
elle une profonde dépression oîi s'insère le muscle petit oblique et où s'ouvre le trou
mastoïdien.
Les fosses condyliennes sont très profondes, les trous condyliens généralement doubles
mais petits. Les apophyses jugulaires ou paramastoïdes sont très aplaties latéralement, beau-
coup moins saillantes que les bulles tympaniques. — Les condyles se prolongent sur l'apo-
physe basilaire sur une longueur d'au moins 2 centimètres, et là se joignent l'un à l'autre ou
plutôt ne sont séparés que par une scissure de 1 (ni 2 millimètres de largeur. Chez le bœuf,
ces condyles s'étendent beaucoup moins sur le basi-occipital et restent largement séparés. On
pourrait décrire au chameau trois cond3-les : deux latéraux et un basilaire, ce dernier
échancré sur la ligne médiane, terminé par un rebord saillant, et légèrement concave d'avant
en ai'rière, en forme de selle.
L'apophyse basilaire est plus large encore que dans le bœuf; elle se joint à la portion
auriculaire du temporal en laissant : i" un trou déchiré postérieur, plus ou moins nettement
divisé stu' le squelette en trois orifices secondaires dont le plus antérieur donne accès à la caro-
cil AME Al' A DEUX 150SSES
15
tide interne; 2" un trou déchiré antérieur, simple, plus large que dans le bœuf et précédé sur
le sphénoïde d'une scissure vidienne très prononcée; c'est à côté de ce trou, en dehors, que
l'on voit l'orifice de la trompe d'Eustache.
F.G. 3.
%^%Ly
Face antérieure de i.a tète.
Fie
Face postérieure de la tète.
Fio. 3. — 1, protubérance oocipitale ; 2, piiriétal; 3, écaille du temporal; 'i, fnmtal ; 5, nasal; G, sus-maxillaire;
7. intermaxillaire ; .S, vomer.
FiG. 4. — 1, protubérance occipitale; 2, conilyles occipitaux; 3, apophyse basilaire; 4, sphénoïde; T>. vomer; 6, palatin);
7. apopliyseptérygo-palatine; 8, sus-maxillaire; 8', apophyses palatines des sus-maxillaires; 9, intermaxillaires: 10,
lif^ne courbe supérieure; 11, apophyse mastoTde; 12, tube auditif; 13, apophyse jugulaire; 14, cavité glénoide; 15,
arcade zygomatique; 11), os jugal; 17, orbite; 18, fosse sous-condylienne : 19, trou déchiré postérieur; 2(3, gaine de
l'arthro-hyal : 21, orifice du conduit temporal; 22, trou déchire antérieur; 23, ti'{)u ovale; 24. orifice du conduit
palatin; 20. fentes incisives; P, crochet incisif; C. canine; p»i' crochet prémolaire; ajii' ]n-emiére arriére-molaire.
A l'union de l'apoiihyse basilaire et du sphénoïde, les tubercules d'insertion des droits
antérieurs de la tête sont très peu accusés, presque effacés.
S 117- la face endocranienne (tig. G), on remarque que la protubérance occipitale
interne (endinion) est à peine marquée, limitée en arrière par une incisure qui fait démar-
cation entre l'occipital proprement dit et l'interpariétal. On voit en outre un large orifice
16 RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMELH^ES
situé entre le rocher et la crête du pariétal qui descend de l'endinion : c'est l'orifice interne
du conduit temporal (pariéto-tempoi'al des vétérinaires français). Au même niveau, à 2 centi-
mètres en arrière, c'est-à-dire au-dessus et en arrière du rocher, débouche le trou mastoïdien
divisé en deux orifices secondaires par une petite travée osseuse ; ce trou mastoïdien est en
communication avec un conduit creusé dans l'épaisseur de l'occipital, lequel s'ouvre d'autre
part en dedans du condyle à 1 centimètre au-dessus du trou eondylien. — A la base du crâne,
sur le côlé de l'apoph^-se basilaire, on voit s'ouvrir les deux trous déchirés, antérieur et pos-
térieur, entre lesquels existe une profonde scissure, comprise entre le rocher et ladite apo-
physe, la scissure carotidienne, qui, dans les carnivores et dans l'homme, est convertie en
un canal complet.
Interpariétal. — Je n'ai pas trouvé d'interpariétal distinct, même sur le crâne d'un
jeune dromadaire de quelques mois qu'il m'a été donné d'étudier. Mais, par analogie avec ce
qui se passe chez les autres ruminants, notamment les lamas, il y a lieu de croire qu'il existe
chez le fœtus et qu'il se soude très rapidement après la naissance avec les os voisins, surtout
avec les pariétaux. C'est à lui qu'appartient, comnie toujours, la protubérance dite impro-
prement occipitale interne.
Pariétal. — Le pariétal forme, comme chez l'homme, les solipèdes, les carnivores,
la plus grande partie de la voiîte du crâne ; mais, extérieurement, il est relativement étroit,
car l'écaillé du temporal le couvre en partie. Il présente sur la ligne médiane une crête
sagittale susceptible d'un très fort développement chez les individus âgés, principalement
dans l'espèce du dromadaii'e, crête s'élevant jusqu'au sommet delà protubérance occipitale,
et se bifurquant en avant pour venir se perdre à la naissance des apophyses sus-orbitaires
du frontal.
En avant et de chaque côté, le pariétal se prolonge par une pointe qui s'enclave entre
l'écaillé du temporal et l'aile orbitaire du sphénoïde, jusqu'en bas de la fosse temporale.
A sa surface extéi^ieure, on voit ordinairement de chaque côté un ou deux petits orifices
veineux.
Du côté de l'intérieur du crâne, on remarque une gouttière sagittale, ainsi que les
empreintes très accusées des circonvolutions cérébrales et de quelques vaisseaux. Nous avons
déjà dit que, en arrière, le pariétal s'adosse au rocher et forme une crête descendant de l'endi-
nion, où s'attache la tente du cervelet.
Frontal. — Le frontal des chameaux contraste avec celui du bœuf; sa largeur,
mesurée au niveau des arcades orbitaires, est à peu près donlde de sa hauteur mesurée de la
suture pariétale à la suture nasale. Il est légèrement déprimé dans son milieu, la tête étant
toujours camuse; tandis qu'il proémine latéralement au-dessus des orbites. Les apophyses
sus-orbitaires sont longues et fortes comme dans les solipèdes. soudées par leur extrémité avec
la branche orbitaire du zygomatique. L'échancrure sourcilière est étroite, très prof aide.
garnie d'aspérités, et souvent convertie en un ou plusieurs trous. Quant au comluit sourcilier,
il s'ouvre, d'une part, dans l'orbite à la base de l'apophyse sus-orbitaire. par deux ou trois
CHAMEAU A DEUX BOSSES
17
orifices, d'autre part, à 1 centimètre environ de la suture mêdio-frontale, par un orifice assez
large mais non suivi de sillon.
La partie de l'os coudée latéralement entre dans la constitution de l'orbite et de la fosse
temporale, dont la démarcation est établie par une crête assez prononcée; la région orbitaire
est déprimée, parcourue par un léger sillon qui marque la place du grand oblique de l'œil et
s'arrête à la base de Tapophyse orbitaire au point d'intiexion de ce muscle; elle est séparée de
la protubérance maxillaire par une profonde gouttière au fond de laquelle le palatin se réflé-
chit, gouttière donnant accès au conduit dentaire supérieur et logeant l'artère maxillaire
interne avec le nerf maxillaire supérieur.
" ", -fa"
1, occ
FiG. 5.
squamosal ; 9. apophyse zygoma-
condiiit temporal ;
qui limite en
„ gouttière (le l'art, maxillaire interne; iy, apophyse pterygoiae; ïu, païaiin; xi, irou optique; ^^, u-ou sphéno-palatin ;
23 profonde gouttière aboutissant au conduit dentaire supérieur; 24, 25, orifices lacrymaux; 26, aile interne de 1 apophyse
ptérysoide- 27, trou vidien, 28, corps du sphénoïde; 29, trou ovale; 30, orifice du conduit temporal; 31, trou sous-orbilaire ;
32, trou mastoïdien; 33, oriHce du conduit temporal; 34, échancrure sourciliere. P, crochet incisit; G. canine; jam', crochet pré-
molaire; am', première arrière-molaire.
Quand on examine une coupe longitudinale de la tête (voy. fig. <>), on constate que le
frontal des chameaux, comme celui des solipèdes, est à cheval sur le crâne et la face, et que
les deux lames compactes s'écartent antérieurement pour donner place aux sinus frontaux;
ceux-ci sont séparés par une lame médiane tourmentée mais imperforée; ils ne dépassent pas
en arrière la suture avec le pariétal, tandis que par côté ils s'étendent dans la bosse frontale
jusqu'au sein de l'apophyse sus-orbitaire; ils s'ouvrent chacun dans le méat supérieur de la
fosse nasale correspondante.
Temporal. — A. Écaille — L'écaillé du temporal, dite aussi squamosal, est au moins
aussi développée que dans les solipèdes, avec une apophyse zygomatique étroite et très écartée
et une fosse temporale aussi spacieuse que celle d'un Carnivore. Cette écaille est soudée à la
portion tympanique ; néanmoins il est manifeste que l'apophyse mastoïde lui appartient en
propre, apophyse peu saillante juxtaposée au tube auditif.
Nous avons dit déjà que la racine supérieure de l'apophyse zygomatique s'unit avec la
Arch. Mus. — t. VIll. ^
18 RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
ligne courbe supérieure en une crête aliforme, légèrement renversée sur la face nuchale de
l'occipital.
Quant à la racine transverse de cette même apophyse, elle porte la surface articulaire
destinée à répondre à la mandibule (cavité glénoïde), surface concave en tous sens, bornée
en arrière par une large et forte apophyse post-glénoïde de 2 i/2 à 3 centimètres de hauteur.
Cette cavité articulaire, constituée à la manière de celle d'un Carnivore, est plus spacieuse
qu'il ne faudrait pour loger le condyle de la mandibule ; c'est ce qui permet à celle-ci ses
mouvements étendus dans le sens horizontal et dans le sens latéral.
En dedans de l'espèce d'angle dièdre formé par la cavité glénoïde et l'apophyse post-
glénoïde, contre le tympanique, on voit un vaste orifice donnant accès dans le conduit
temporal ; un autre orifice plus petit, souvent double ou même triple, situé en arrière de
l'apophyse précitée, s'ouvre également dans le même conduit.
Le canal temporal aboutit, comme nous l'avons vu, dans le crâne, en bas de l'endmion.
Il s'ouvre, sur son trajet, dans la fosse temporale, par deux ou trois trous plus ou moins grands,
dont un constant situé au-dessus de l'articulation de la tempe.
Nous verrons, à propos de l'os jugal, comment l'extrémité de l'apophyse zygomatique
s'enclave dans une mortaise de ce dernier.
B. Tympanique. — Le tympanique forme : 1" un tube auditif à peine saillant, moins
ouvert que dans le bœuf et aplati d'avant en arrière ; 2° une bulle tympanique très développée
mais fortement aplatie ; 3° une courte apophyse pour l'attache des muscles péristaphylins,
à la base de laquelle ou voit l'ouverture d'origine de la trompe d'Eustache ; 4" une gaine
profonde qui enveloppe rarthro-h3-al.
Le tympanique se soude au squamosal, au rocher, au sphénoïde, à l'apophyse basilaire,
et à l'apophyse jugulaire; mais en certains points cette soudure tarde longtemps à s'effectuer.
C'est dans l'angle d'union du tympanique avec l'apophyse jugulaire, sous l'apophyse
mastoïde, que débouche l'aqueduc de Fallope donnant issue au nerf de la VIP paire.
C. Rocher. — Le rocher ou portion pétrée se montre à l'intérieur du crâne, sur la
paroi latérale de la cavité cérébelleuse; il ne forme pas, comme dans le bœuf, un coin enclavé
entre le cerveau et le cervelet, il est presque plan; en outre, il présente deux orifices
distants de 1 centimètre environ; l'inférieur, double à son fond, sert d'entrée au nerf
de la VHP paille ; le supérieur appartient à l'aqueduc de Fallope, qui est ainsi séparé de
l'hiatus auditif interne.
Sphénoïde. — Le corps du sphénoïde est beaucoup plus large que dans le bœuf; il
continue en ligne droite la direction de l'apophyse basilaire. Le trou ovale est indépendant
du trou déchiré antérieur; il est percé à 1 centimètre en avant, en dedans de la cavité
glénoïde du temporal, et relativement petit. Il n'existe pas de trou petit rond. La scissure
vidienne est très prononcée ; on la voit longer le corps du sphénoïde par côté, depuis le
trou déchiré antérieur jusqu'à un trou qui traverse l'apophyse ptérygo-palatine à sa base.
Les apophyses ptérygoïdes n'ont pas plus de 2 centimètres de largeur, mais, soudées avec
les apophyses des palatins, elles forment les deux grandes lames qui bordent l'orifice guttural
par côté, lames beaucoup plus écartées et divergentes que dans le bœuf. J'ai mesuré, entre leurs
ailes internes, 48 millimètres chez un chameau, 32 millimètres chez un bœuf. En outre, ces
CHAMEAU A DEUX BOSSES
19
apophyses sont bifurquées à l'extrémité (aile externe, aile interne), tandis que, dans le bœuf,
elles n'ont qa'une seule pointe terminale, appartenant au ptérygoïdien.
La fente sphénoïdale et le trou grand rond sont confondus en un orifice plus dilaté que
chez le boeuf, mais non i-ecouvert extérieurement, comme dans ce dernier, d'une lame osseuse
tranchante. Toutefois, immédiatement en arrière de cet orifice, on remarque 'une apophyse
conique qui délimite, avec la base de l'apophyse ptérygoïde, une gouttière où passe l'artère
maxillaire interne, gouttière tenant lieu du conduit sous-sphénoïdal des solipèdes.
Le conduit optique débouche à 1 ou 2 centimètres en avant du trou grand rond, et se
prolonge par une scissure dont le bord supérieur se termine en aiguille osseuse.
L'aile du sphénoïde n'est pas bifurquée, comme dans le boeuf, en une partie orbitaire et
une partie temporale; elle est exclusivement orbitaire, et allongée suivant l'axe de l'orbite, qui
Fis. 6.
1, cornet supérieur; ?. coruet moyen; 3, coruet inlërieur avec ses deux branches a et b; 4, volutes de l'ethmoïde ; ô, sinus
frontal; 6, sinus spliénoidal; 7, palalin; 8, apopliyse ptérygoïde du sphénoïde; 9. ptérygoïdien; 10, trou sphéno-palatin;
li, fosse ethmoidale; 12, trou optit|ue; 13. Irou grand rond et grande fente sphénoïdale confondus; 14, selle lurcique;
15, trou ovale; 16, aqueduc de Fdllope et hiatus audftrf superposés; 17, orifire interne du conduit temporal; 18, trou mastoï-
dien; 18', orifice conimuniquant avec le précédent; l9, trou condylien ; 20, apophyse jugulaire; 21, bulle tjinpanique; 22,
orifice antérieur du conduit palatin.
est beaucoup plus profonde que dans le bœuf. Le trou ethmoïdal ou orbitaire est percé à
l'extrémité de cette aile, contre le frontal, parfois même à travers ce dernier.
Le trou nasal ou sphéno-palatin est très grand, de contour ovalaire, situé au fond d'une
fosse comprise entre la protubérance maxillaire et l'apophyse palatine, fosse beaucoup moins
profonde mais plus large que dans le bœuf.
A r intérieur du crâne, le sphénoïde des chameaux offre les particularités suivantes :
La selle turcique, qui est si profonde dans le bœuf, l'est très peu dans le chameau ; elle est
séparée de la gouttière basilaire par un petit tubercule.
En dehors, on voit une large gouttière divisée en 2 gouttières secondaires à peine
distinctes, qui aboutissent antérieurement au trou grand rond, trou surmonté d'une lame
osseuse tranchante de 1 centimètre à 1 cm. 1/2 de surplomb. Le trou ovale se trouve
percé en arrière de ladite gouttière à quelques millimètres du trou déchiré antérieur; il est
continué par un sillon jusqu'au bord du rocher.
Plus en dehors encore, existent une faible dépression marquant la place du lobule
piriforme ou mastoïde du cerveau, enfin des empi-eintes vasculaires et circonvolutionnaires.
La fossette optique ne présente rien de particulier.
Sur une section longitudinale et médiane, on constate :
20 RECIIEUCIIES ANATOMIQUES SUR LES CAMELIDES
1° Que les deux sphénoïdes, antérieur et postérieur ne se soudent pas ou du moins se
soudent très tard, longtemps après que s'est faite la synostose basilo-sphénoïdale ;
2° Que le sphénoïde antérieur est creusé de deux sinus latéraux séparés par une lame
médiane imperforée, et ouverts dans l'arrière-fond des cavités nasales.
Ptérygoïdien. — Le ptérygoidien forme l'aile interne de l'apophyse ptérygoïde ; il se
soude tardivement; il ne s'étend pas, comme dans le bœuf, jusqu'à la base de l'apophyse
ptérygoïde, ou du moins il n'y arrive que par une pointe effilée ; par conséquent il ne couvre
pas la scissure vidienne.
Vomer. — Le vomer est tranchant et lamelleux comme dans les autres ruminants; sa
rainure pour la cloison médiane du nez est très profonde. Il est à peu près dans le prolonge-
ment delà ligne basilo-sphénoïdale, et il joint la voiïte du palais à 2 ou 3 centimètres seule-
ment de l'orifice guttural; tandis que dans le bœuf, le mouton, la chèvre, le vomer forme un
angle très marqué avec la ligne basilaire, par suite d'une sorte de ploiement du crâne sur la
face, et ne rejoint la voûte palatine que loin de l'orifice guttural.
Ethmoïde. — La lame perpendiculaire de l'ethraoïde et la cloison cartilagineuse qui la
continue n'offrent rien de particulier chez les chameaux, si ce n'est que l'apophyse crista-galli
est très épaisse. Les fosses olfactives nous ont paru moins étendues et moins profondes que
dans le bœuf, et la lame criblée à trous plus fins.
Quant aux volutes et à la lame papyracée qui les enveloppe en dehors, elles ressemblent
à celles du bœuf, sauf que les deux volutes supérieures ont pris un extrême développement et
forment un troisième et un quatrième cornets enclavés entre les deux autres, ainsi qu'on va
le voir.
Cornets. — Le cornet supérieur est relativement peu développé, il est renflé en son
milieu, atténué à ses deux extrémités, il s'insère comme d'ordinaire à la face interne de l'os
du nez et s'étend en arrière jusqu'à la lame criblée.
L'inférieur a été comme refoulé et infléchi par le cornet moyen ; il se dédouble
antérieurement ; la lame papyracée qui le constitue s'insère à la face interne du maxillaire
supérieur, se contourne en haut et en bas d'une manière inextricable, et forme en arrière une
sorte de cul-de-sac logé dans une fosse ad hoc du maxillaire.
Le cornet moyen part de la lame criblée, comme une énorme volute, et se loge dans une
profonde dépression de l'inférieur; quand on l'enlève, on découvre un quatrième cornet qu'on
pourrait appeler cornet moyen profond, et qui remplit avec le supérieur l'espace résultant
de l'élargissement de la tête vers l'orbite ; ce cornet moyen profond est assimilable aussi à
une volute dilatée de l'ethmoïde.
Ce développement énorme des cornets coïncide avec l'absence complète de sinus maxil-
laires.
Il est à peine besoin de dire que les méats, c'est-à-dire les intervalles des cornets, sont
com[)lexes, extrêmement profonds et diverticulés.
CHAMEAU A DEUX BOSSES 21
Palatin. — Le palatin s'étend beaucoup sur le palais, comme dans le b<euf; mais tandis
que dans celui-ci la suture d'union avec les apophyses palatines des maxillaires supérieurs
est à peu près transversale, elle décrit un demi-cercle dans les chameaux.
L'orifice supérieur du conduit palatin se trouve à 1 cm. 50 au-dessous du trou nasal,
contre la suture du maxillaire; ce conduit débouche d'autre part sur le palais en dedans de
la dernière pré-molaire, par un orifice terminal, et, sur différents points de son trajet, par
deux, trois ou quatre orifices plus petits ; il est moins dilaté que dans le bœui", et, comme dans
ce dernier, n'est pas prolongé par un sillon.
A remarquer aussi une petite épine médiane sur le contour de l'orifice guttural, et, de
chaque côté de celui-ci, une forte empreinte rugueuse.
Maxillaire supérieur. — Le maxillaire supérieur est plus étendu que dans la géné-
ralité des ruminants, car il s'élève jusque vers l'orbite et se joint au l'rontal. Il ne présente pas
d'épine.
Le trou sous-orbitaire est spacieux, situé au-dessus de la dernière pré-molaire. Au-
devant de ce trou existe une très forte dépression, qui donne au chanfrein une forme aplatie
toute particulière. Le maxillaire supérieur du chameau s'unit au sus-nasal dans toute sa
longueur, et finit même par se souder avec lui; tandis que, dans la généralité des autres
ruminants, ces os n'ont qu'un contact restreint et ne se soudent que très rarement, l'interpo-
sition du lacrymal diminuant l'étendue de ce contact et séparant le maxillaire du frontal. —
Dans les chameaux, la protubérance maxillaire ne forme saillie à l'arrière des dents qu'au-
tant que les molaires n'ont pas toutes fait éruption; plus tard, elle se termine à peu près
au ras de la dernière molaire, sauf une petite tubérosité dite alvéolaire pour l'attache du
buccinateur; par contre, elle proémine plus ou moins sur le planchei- do l'orbite, en dehors
d'une profonde gouttière qui donne accès au canal dentaire supérieur; là, le maxillaire s'unit
au palatin, au frontal, au lacrymal et au zygomatique. — Les apophyses palatines sont
beaucoup plus étroites que dans le bœuf, dont le palais s'élargit en avant, tandis que le palais
des chameaux est extrêmement rétréci entre les deux premières molaires (dont l'écartement
ne dépasse pas 4 centimètres à 4 cm. .50, les arcades molaires étant très convergentes
antérieurement).
Nous avons dit plus haut (voir palatin) que le conduit palatin s'ouvre très avant sur le
palais; tandis que dans le bœuf et le plus grand nombre des ruminants, il débouche sur le
palatin même ou à la jonction de cet os avec les apo[diyses palatines des maxillaires supé-
rieures.
11 n'existe pas de sinus palatins dans les chameaux comme il y en a dans les bovidés ;
la voûte osseuse du palais est d'ailleurs beaucoup moins épaisse.
Intermaxillaire ou prémaxillaire, os incisif. — Contrairement à ce que l'on
remarque dans beaucoup de ruminants, l'intermaxillaire arrive à se souder avec le maxillaire
supérieur; par contre, il ne se soude que rarement avec son congénère de l'autre côté.
Ensemble ils forment une sorte d'ogive étroite et aiguë, dont les bords rugueux sont
creusés d'un alvéole pour recevoir une incisive en forme de crochet (i^), et, presque toujours,
aussi, d'un petit follicule contenant un rudiment de mitoyenne (i*), parfois même d'un
82 RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMKIJDES
follicule encore plus petit ébaucliant une pince (i'). Les apophyses montantes n'atteignent
pas l'os du nez. Elles présentent un Lord mince et presque tranchant, pour circonscrire l'entrée
des fosses nasales. Les apophyses palatines sont très courtes, les fentes palatines peu dévelop-
pées. Le corps de l'os n'est pas, comme dans les ruminants dépourvus d'incisives supé-
rieures, réduit à une mince arcade transverse joignant les apopliyses de chaque côté; il
présente quelque longueur et vme certaine épaisseur; il est creusé supérieurement d'une
rainure prolongeant celle du vomer et aboutissant à une échancrure terminale.
Os du nez. — Les os nasaux ou sus-nasaux finissent par se souder entre eux ainsi
qu'avec les maxillaires supérieurs et le frontal, ce qui ne se produit pas dans la généralité
des ruminants. Ces os ne se prolongent pas au-dessus de l'entrée des fosses nasales; ils sont
au contraire échancrés à l'extrémité : disposition qui rappelle celle des carnivores.
Au point de jonction du sus-nasal, du frontal et du maxillaire supérieur, on remarque
une solution de continuité, sorte de fontanelle plus ou moins développée.
Zygomatique. — Le zygomatique ou jugal présente une portion infra-orbitairo beau-
coup moins développée que dans le bœuf, le mouton, la chèvre, etc., de telle sorte que le
maxillaire supérieur arrive à une très petite distance du sourcil de l'orbite. La crête niassé-
térique est beaucoup moins prolongée et moins saillante que dans les espèces précitées; ainsi,
elle se termine au-dessus de la première arrière-molaire chez le bœuf, au-dessus de la
deuxième chez les chameaux. D'autre part, cette crête est beaucoup moins distante des
processus alvéolaires dans ceux-ci que dans celui-là (7 à 8 centimètres, bœuf; 3 à 5 centimè-
tres, chameau).
A l'intérieur de l'orbite, le zygomatique se soude avec la protubérance maxillaire, tandis
que, chez le bœuf, il en est séparé par la bulle lacrymale. Son sommet est bifurqué comme
dans les autres ruminants; la branche verticale se soude de bonne heure avec l'apophyse sus-
orbitaire, la branche horizontale est taillée en un long biseau appliqué sous l'apophyse zygo-
matique, mais ne se soude que fort tard avec elle; elle présente en outre une profonde
entaille pour recevoir l'extrémité de celle-ci.
Lacrymal. — Le lacrymal contraste par sa petitesse avec l'extrême développement
qu'il présente chez le bœuf, le mouton, la chèvre et le plus grand nombre des ruminants; le
nom d'os unguis qu'on lui donne chez l'homme pourrait ici lui convenir. En effet, sa portion
extra-orbitraire atteint à peine i centimètre à 1 cm. 1/2 de largeur, en sorte que le frontal
se met largement en contact avec le maxillaire supérieur, tandis que ces deux os sont
séparés par le lacrymal dans le bœuf, le mouton, la chèvre, le porc, les solipèdes, etc.
Le bord du lacrymal qui fait sourcil à l'orbite est, comme dans le bœuf, garni d'aspérités.
Quant à la portion intra-orbitraire de cet os, elle est peu développée aussi; elle ne forme
pas cette énorme bulle qu'on observe dans le bœuf, le mouton, la chèvre etc., et qui sépare le
frontal du maxillaire supérieur, os qui, dans les chameaux, prennent contact entre le lacrymal
et le palatin.
C'est à la jonction du lacrymal, du frontal et du maxillaire que l'on voit l'enti'ée du
canal dentaire supérieur, entrée suivie, comme nous l'avons dit déjà, d'une profonde goût-
CHAMEAU A DEUX BOSSES 23
tière. — La portion intraorbitaire du lacrymal porte une fossette lacrymale au fond de
laquelle débouche un conduit lacrymal. Un deuxième conduit lacrymal s'ouvre à quelques
millimètres du sourcil orbitaire. L'un et l'autre aboutissent indépendamment dans la fosse
nasale ; le dernier se continue jusqu'à l'entrée de cette fosse par un sillon que l'on voit
à la face interne du maxillaire supérieur.
Maxillaire inférieur. — Par exception à ce que l'on remarque généralement dans
les ruminants, les deux parties de la mandibule se soudent hâtivement.
Chacune d'elles comprend : une branche horizontale très longue et très épaisse, mais
étroite, à bords à peu près rectilignes ; une branche montante limitée en arrière par un bord
mince et rugueux, déjeté en dehors, qui décrit un quart de cercle et se termine en une apo-
physe pointue, en bas d'une profonde échancrure sous-condylienne : disposition que l'on
retrouve dans beaucoup de carnivores. Le condyle rappelle celui du porc, sauf qu'il est plus
large; il est triangulaire, acuminé en dedans, convexe en tous sens mais principalement
d'avant en arrière. L'apophyse coronoïde est très épaisse, très élevée, divergente avec le con-
dyle et plus ou moins recourbée en arrière à l'extrémité.
L'orifice supérieur du canal dentaire est très large, continué à la surface de l'os par une
scissure myléenne manifeste, couverte, à l'origine, d'une épine de Spix. Ce canal débouche
d'autre part extérieurement : 1° par un trou mentonnier situé au-dessous du crochet pré-
molaire; 2° par un autre trou plus petit, sous la dernière prémolaire.
Le corps ou partie indivise du maxillaire inférieur est très long (10 à 12 centimètres)
mais étroit; il est excavé en une profonde gouttière sur sa face supérieure, et creusé d'al-
véoles sur son bord pour recevoir six incisives, deux canines, et souvent aussi deux
crochets prémolaires.
TÈTE EN GÉNÉRAL, MOINS LA MANDIBULE
Un coup d'œil jeté sur les figures précédentes nous dispensera d'une longue description.
Vue par sa face frontale, la tête des chameaux ressemblerait assez bien à une tête de
Carnivore, n'était l'entrée de l'orbite qui est complètement fermée au lieu d'être interrompue.
La longueur, mesurée de la protubérance occipitale à l'extrémité des os incisifs, est
en moyenne de 50 à 55 centimètres, dont 20 centimètres environ pour le crâne. (Une ligne
transversale joignant les extrémités des apophyses sus-orbiti'aires à leur contact de l'arcade
zygomatique donne assez exactement la limite antérieure de la cavité crânienne.)
La largeur maximum prise au niveau des arcades zygomatiques atteint presque la moitié
delà longueur. La larcjeur maximum de la boîte crânienne est de 11 à 12 centimètres. La
largeur minimum du chanfrein est d'environ 6 centimètres.
L'entrée de l'orbite est assez exactement à mi-longueur de la tête.
A l'examen d'une coupe longitudinale, deux choses frappent immédiatement l'attention :
1° L'exact alignement du crâne et de la face : le vomer continue en ligne droite la direc-
tion du centrum basilo-sphénoïdal, et la voûte palatine est sensiblement parallèle à ce même
centrum; tandis que, dans le bœuf, le mouton, la chèvre et le plus grand nombre des rumi-
24 REGHERGIIES ANATOMIQUES SUR LES CAMELIDES
nants, le crâne est ployé sur la face, de telle sorte que la ligne basilo-sphënoïdale et la ligne du
vomer forment un angle de 110 à 130 degrés;
2° Le grand développement de la cavité crânienne relativement aux ruminants domes-
tiques de nos pays. J'ai mesuré chez un chameau et chez un boeuf approximativement de
même poids :
De l'apophyse crista-galli au bord supérieur du trou occipital : 106 millimètres chameau;
139 millimètres bœuf; du trou optique au milieu de la voûte cérébrale : 88 millimètres chameau ;
77 millimètres bœuf.
La capacité crânienne du même chameau a été de 800 centimètres cubes, tandis que
celle du bœuf mis en parallèle a été de 650 centimètres cubes seulement.
^Modifications apportées pae l'âge. — Dans le jeune âge, le crâne se fait remarquer
par sa forme arrondie et proéminente; la protubérance occipitale et les lignes courbes supé-
rieures sont très peu saillantes; la crête sagittale est nulle; le frontal est fortement déprimé
sur la ligne médiane; les sus-nasaux sont très courts, et cette brièveté se remarque en général
dans tous les os de la face; la bulle tympanique est beaucoup moins aplatie qu'elle ne le sera
plus tard ; la protubérance maxillaire est très forte, car c'est à son intérieur que se dévelop-
peront successivement les trois arrière-molaires; le bord inférieur des branches mandibulaires
est fortement convexe depuis l'apophyse sous-condylienne jusqu'à la symphyse; il n'y a pas
encore de portion horizontale et de portion montante ].)ien distinctes.
C'est avec le temps que la tète prend peu à peu les caractères que nous avons fait
connaître, que, notamment, le crâne se relève d'une crête sagittale, que la protubérance occi-
pitale et les lignes courbes supérieures s'accentuent de plus en plus, que les fosses temporales
s'excavent et prennent la grande étendue de l'âge adulte, que les os du nez et tous les os
de la face s'allongent, que les angles de la mâchoire inférieure se forment etc., etc.
La plupart des sutures finissent par s'effacer, aussi bien celles de la face que celles du
crâne, et cette synostose, complète ou presque complète et relativement précoce, est un des
traits distinctifs de la tête des chameaux.
DEMS ET 1)EMITR).N
Bien que les dents appartiennent à l'appareil digestif et que leur mode de développement
les sépare nettement des os, nous rattacherons leur description au squelette pour ne pas les
séparer des mâchoires avec lesquelles elles évoluent solidairement.
La formule de la dentition d'adulte des chameaux est ' :
0. 0, 3" 1 1-^ — 3^ 4<- i\ 2% 3«
me. — i — H — FT- ; can. -r-; pm. t- — r— ; am. -; — .^„ .. .
1% 2% 3" 1 ^ 1*^ — 0, 4'^ 1% 2", 3"
Les Camélidés se distinguent donc essentiellement des autres ruminants par l'existence
d'incisives à la mâchoire supérieure et de canines aux deux mâchoires, ainsi que par leur pre-
mière prémolaire (pm. ') qui s'isole de ses congénères et simule une autre canine en arrière de
la véritable.
3 14 3
'Cette formule est rapportée à l'archétype d'Oweii i— ,c , pm. -, am. _ . Chaque dent j' est numérotée à
son rans d'avant en ari'ière.
CHAMEAU A DEUX~BOSSKS
25
Incisives. — Dans l'animal adulte, les incisives sont au nombre de six à la mâchoire
inférieure, de deux à la supérieure. Celles-ci sont placées de chaque côté et représentent les
coins (i^); les pinces (i') et les mitoyennes supérieures (i'), ne se développent pas dans la
FiG. 7.
i 2, 3,4. 5, prémolaires sériées et arriére-molaires. I. incisives inférieures; i. crochet incisif de la mâchoire supérieure;
'' 'c' canines; j)m, crochets prémolaires; m, trou mentoimier; m', autre oririce du conduit .ientaire inférieur; c, condyle
oc'cipit.; J,' apophyse jugul lire; t, balle tyiiipaïuque; <ip, apophyse sons-condylienne du maxillaire inférieur.
deuxième dentition ou plutôt elles avortent dans leurs follicules. Les coins supérieurs ont la
forme de crochets incurvés en arrière ; n'était leur implantation dans l'os incisif, on les
prendrait pour de petites canines; elles se placent, lorsque la bouche est fermée, entre les
canines et les coins inférieurs. . ^ •
Les incisives inférieures se relèvent contre la mâ-
choire opposée comme celles du mouton et de la chèvre ;
elles sont solidement enchâssées et chevauchent l'une
sur l'autre dans l'arcade étroite qu'elles constituent,
comme le montre la figure S.
Les incisives de la première dentition sont très
différentes de celles de la deuxième (fig. 10 et 11).
A la mâchoire supérieure, on trouve des mitoyennes et
des coins extrêmement rudimentaires, très faciles à
arracher; les pinces avortent dans leurs follicules où
on les trouve à l'état de granules éburnés. A la mâ-
choire inférieure, existent huit incisives de lait au lieu
de six, par suite de la transformation des canines qui se
sont jointes aux six incisives véritables et en ont pris exactement la forme; il s'ensuit
que les vrais coins sont passés à l'état de deuxièmes mitoyennes. Toutefois on observe
assez souvent un intervalle entre la dernière incisive et la canine incisiforme.
Aroii. Mus. — t VIII.
Fig. 8. — Extrémité de la MACHome
INFÉRIEURE.
1, pince; 2, mitoyenne; 3, coin; 4. canine.
26
RECHERCHES ANATOMIOUES SUR LES CAMELIDES
Canines. — Les canines forment chez l'adulte quatre crocs volumineux comparables
à ceux d'un Carnivore; leur partie libre atteint 3 centimètres à 3 cm. 1/2 de longueur. Dans
l'état d'occlusion de la bouche, les supérieures se placent en arrière des inférieures sans user
contre elles. — Les canines des femelles sont un peu moins développées en général que celles
des mâles; mais la différence n'est pas toujours très accusée.
Quant aux canines de lait, nous avons déjà parlé des inférieures comme constituant les
coins de l'arcade incisive; les supérieures existent aussi, mais peu volumineuses et sous la
forme conoïde, il est exceptionnel de leur voir prendre la forme d'une incisive. Le dimor-
phisrae des canines de première et de deuxième dentition est très remarquable ; il démontre
bien que les coins des ruminants à huit incisives ne sont que. des canines transformées.
>]
I .
a
m
I
c
Molaires. — Les molaires d'adulte sont au nombre de six de chaque côté, à la mâchoire
supérieure, de 5 seulement à l'inférieure. La première s'isole sur la barre et vient se placer
à 1 centimètre ou 2 de la canine, dont elle prend la
forme. Parmi les autres restant en série, on compte :
trois arrière-molaires ou molaires permanentes à l'une
et à l'autre mâchoire, deux prémolaires à la supérieure,
une seule à l'inférieure.
Les arcades molaires sont très convergentes anté-
rieurement, aux deux mâchoires.
Les arrière-molaires se font remarquer par leur
énorme volume et la place tout à fait prépondérante
qu'elles tiennent dans chaque arcade; les supérieures ont
quatre racines, les inférieures deux seulement. Par leur
forme elles se rapprochent beaucoup de celles du mou-
ton et de la chèvre, vu l'absence de colonnette interlo-
baire et l'aplatissement de leur muraille (voy. tig. 9).
Quant aux prémolaires en série, l'unique de la
mâchoire inférieure ressemble à la deuxième prémo-
laire inférieure des autres ruminants; tandis que les
deux de la mâchoire supérieure rappellent assez exac-
tement les deux premières prémolaires supérieures des
autres ruminants.
Restent les prémolaires caniniformes. En haut,
elles constituent une troisième paire de crochets, sensi-
blement plus développés chez les mâles que chez les
femelles et beaucoup moins inconstants qu'on l'a prétendu, car sur vingt-cinq têtes examinées,
je l'ai trouvée vingt-deux fois. Leur saillie dans la bouche est de 1 à 2 centimètres. — En
bas, ces dents forment une deuxième paire de crochets, situés en regard de leurs homologues
supérieurs mais n'arrivant jamais à leur contact; leur développement est très variable dans
l'un et dans l'autre sexe : tantôt elles sont à peine apparentes, tantôt elles font une saillie de
12 à 15 millimètres, tantôt enfin elles paraissent manquer. Sur vingt-sept mâchoires infé-
rieures examinées, treize étaient pourvues de la prémolaire caniniforme des deux côtés, cinq
FiG. 9. — Arcade molaire supérieure gau-
che ET arcade molaire INFÉRIEURE GAUCHE
d'adulte.
(iïH'. am'~. am^, arriéiv-raolaires;
pin, prê-inolaire.
CHAMEAU A DEUX BOSSES
27
ne l'avaient que d'un côté, enfin neuf ne la montraient ni d'un côté ni de l'autre. Mais, chose
curieuse, la place de la dent non apparente est marquée sur le bord maxillaire par un léger
gonflement percé d'un iter dentis; en creusant, je l'ai toujours trouvée incluse dans l'os et
assez bien formée. Cette incarcération est souvent la conséquence de déviations qui lui ont
fait perdre son iter dentis; il n'est pas rare de la trouver la pointe en bas, sous la racine
de la canine. Certain auteur, croyant à l'absence complète de la dent non apparente, avait
FiQ. 10. — Première dentition, mâchoire supérieure.
t'ï, follicule de la pince; f-. mitoyenne; i^, coin; ra, canine; pm^.
place du futur crochet prémolaire; 1.2. 3. molaires de lait; ani^.
follicule de la première arrière-molaire. V, vomei*; p, palatins;
p', apophyses palatines des sus-maxillaires; 0, orbites.
FiG. 11.
Première dentition, mâchoire inférieure.
i', pince; i-, mitoyenne; i', coin; ca, canine; pmK place
du futur crochet ' prémolaire ; 1, 2, molaires de lait; am'^,
follicule de la première arriére-mol.iire.
VU là une différence sexuelle; il n'en est rien; l'inclusion peut s'observer dans les mâles
comme dans les femelles.
A l'une et à l'autre mâchoire, les prémolaires caniniformes sont monophysaires; elles
n'existent pas dans la première dentition.
Les molaires de lait sont au nombre de trois de chaque côté à la mâchoire supérieure, de
deux à l'inférieure ; elles représentent en raccourci l'ensemble des molaires de deuxième
dentition et non pas seulement les molaires remplaçantes. Les supérieures ressemblent beau-
coup, comme forme, â celles du mouton et de la chèvre, à l'exception de la première qui n'a
point de cavité à l'extrémité libre et est à l'état de dent tranchante. La deuxième inférieure
rappelle exactement la troisième de l'agneau ou du chevreau, avec ses trois lolîes et ses trois
cavités qui vont en augmentant d'avant en arrière. Quant à la première inférieure, elle n'est
28
REGIIEUCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
comparable ni à la première ni à la deuxième des autres ruminants; elle participe de l'une
et de l'autre par sa forme et son volume; elle est très aplatie et tranchante.
La première molaire de lait à chaque mâchoire n'est pas remplacée, et c'est ainsi qu'il n'y
a pas parité de nombre entre les molaires de première dentition et les molaires reniplaçantes.
Il n'est pas rare qu'elle persiste plus ou moins longtemps après le remplacement des suivan-
tes, et alors on pourrait croire, après un examen superficiel, que la dentition de l'adulte com-
prend trois pré-molaires sériées en haut et deux en bas'.
Dates d'éruption. — La chronologie dentaire n'est un peu connue que dans l'espèce
du dromadaire; mais il y a lieu de croire qu'elle n'est pas différente dans le chameau de
Bactriane.
La science est redevable de ce que l'on sait sur ce sujet à des vétérinaires militaires
qui ont séjourné dans nos colonies d'Afrique et l'ont recueilli eux-mêmes des Arabes chame-
liers (Vallon, Monod, Boisse); nous-mème avons pu déduire quelques données intéressantes
de l'examen d'une trentaine de paires de mâchoires que possèdent les collections d'anatomie
de l'école vétérinaire de Lyon ainsi que de l'étude de la dentition de deux dromadaires d'âge
connu, morts au Parc de la Tète-d'Or. Tout cela est exposé dans le tableau synoptique
suivant.
Dates d'éruption des dents des chameaux.
Cad.
1 mois
Rempl.
MITOYENNES
Cad.
Rempl.
Cad.
6 mois
Rempi.
bans.
Cad.
iOmois
Rempl.
6 ans 1/2
PHi;
MOLAIRES
CANINI-
FOBMES
6 à 7 ans
MOLAIRES
CADUQUES
3 à 6 mois. La
Ijremièie
toujours
retard.
du
MOLAIRES
REMPLA-
ÇANTES
2 à 3 ans 3 à 4 ans
5à6ans
Nota. — Nous ne donnons ces dates que comme approximativement exactes, certaines auraient besoin de confirmation.
Anomalies. — • Les anomalies dentaires sont communes dans les chameaux. — Nous
avons signalé plus haut l'inclusion fréquente du crochet prémolaire inférieur, et l'absence
beaucoup plus rare du crochet prémolaire supérieur. Par contre, les crochets incisifs de la
mâchoire supérieure existaient chez tous les sujets que nous avons examinés, mâles ou
femelles; c'est donc une erreur de dire, comme M. Monod, que ces dents manquent générale-
ment aux femelles.
' Si l'on voulait exprimer dans la formule dentaire la persistance de la première molaire de lait dans la
deuxième dentition, il faudrait employer la méthode de Rietsch consistant à numéroter les dents de lait par des
chiffres arabes, et les dents d'adulte par des chiffres romains ; on aurait ainsi :
0, 0. III' I P— 2. IIP. IV" IMIMII»
pm.
; j «"m.
IMP, III'-- ' • 1 ' ^ ' 1«— 0, .r, IV»' 1», IIMIl"
Beaucoup d'auteurs attribuent aux chameaux actuels adultes deux pré-molaires sériées à la mâchoire inférieure
comme à la supérieure, en ajoutant toutefois que la première est une dent fruste et précocement caduque. En réalité,
il ne s'agit le plus souvent que de la première molaire de lait qui, n'étant pas remplacée, persiste plus ou moins long-
temps dans la deuxième dentition. Gela peut d'ailleurs se produire aussi à la mâchoire supérieure, et donner l'illusion
de trois pré -molaires en série.
CHAMEAU A DEUX BOSSES
29
Une autre anomalie assez fréquente consiste dans l'atrophie plus ou moins considéra-
ble de la première pré-molaire sériée, surtout à la mâchoire supérieure.
Des déviations peuvent aussi se rencontrer : par exemple nous avons vu chez un droma-
daire la dernière pré-molaire supérieure droite placée de travers de telle sorte que sa face
externe était devenue postérieure
et sa face postérieure, interne.
Enfin nous avons constaté
quatre cas de duplication de cer-
taines dents d'adulte : 1" Une
mâchoire inférieure avait, du côté
droit, deux coins accouplés, l'un
en dedans de l'autre, égaux et
ployés à l'extrémité, coins qui
avaient évidemment évolué de
concert; 2" une autre mâchoire
inférieure possédait, encore à
droite, deux canines arc-boutées l'une derrière l'autre et au même degré de développement;
3° une troisième et une quatrième mâchoire inférieures montraient deux crochets prémolaires
adroite, l'un à quelques millimètres au-devant de l'autre (vov. fig. 12).
FiG. l'J. — Mâchoire inférieure présentant deux crochets
PRÉMOLAUIES DU COTÉ DROIT.
ï', 1-, P, pince, mitoyenne, cuiii; c, canine; pwx *, crocliets prémolaires.
Considérations phylog-éniques sur la dentition des Camélidés. — Les
travaux de Cupe démontrent que les ancêtres géologiques des Camélidés possédaient six inci-
sives bien développées à la mâchoire supérieure comme à l'inférieure, et quatre prémolaires
de chaque côté à cliaque mâchoire, une isolée en forme de crochet, les trois autres en série.
Les incisives supérieures et les prémolaires sériées se sont progressivement atrophiées et
réduites en nombre dans le cours des âges. Ainsi, le j^ichrotherium du miocène inférieur
avait :
. 3 14 3
inc. -; can. -; pm. -; ani. -.
3 i ^ Jt 3
Le pi'otolabis du miocène supérieur avait encore la même formule dentaire, mais les
incisives centrales supérieures étaient atrophiées et très caduques.
Ces dents ont disparu dans le procamelus du miocène supérieur qui avait :
1 1 4
inc. -; can. y, pm. . ,
•3 1 4
; pm. j\ am. ^.
Le pliauchena du pliocène a perdu en outre la première prémolaire en série de la
mâchoire inférieure, sa formule dentaire est :
114 3
me. ;j; can. j\ pm. -; am. -.
Les chameaux actuels n'ont plus que :
113 3
me. ^; can. -; pm. -; am. -.
Si l'on décompose cette formule en numérotant chaque dent et qu'on la mette en regard
do la formule primordiale, on juge d'un coup d'œil des réductions qui se sont opérées :
30
RECHERCHES AN ATOMIQUES SUR LES CAMELIDES
je Oe go ^ j^a £« 3' 4' 1° '5® 3"
Formule primitive : inc. jr^s^,; can. j. pm. JTZ Ig^T^e? ani- je'oe's'-
, ^ ... 0, 0, 3" 1 1«— 0. 3% 4' l%2e,3''
Formule actuelle : me. p-^r^»; can. ^; pm. ^,_q q ^e> ^i^- F~2«^'
Dans le genre atccheniu, la simplification est encore plus grande, car le crochet prémo-
laire ne se développe généralement pas ; la formule dentaire est :
. 0, 0. 3« 1 0—0, 3% 4^ 1%2', 3'
'"''• I%2%¥- ^^"- î' 1^"^- 0-0,0,4-' '"^- ï%2%3-
On voit, par ces quelques données phviétiques, que les prémolaires ont une tendance
marquée à l'atrophie et à l'agenèse; peut-être sont-elles appelées à disparaître complètement
comme cela s'est fait chez beaucoup de rongeurs.
La poussée que les arrière-molaires, très volumineuses, exercent d'arrière en avant
pour trouver place successivement n'est peut-être pas étrangère à ce phénomène : on sait
en effet que chacune de ces dents se développe à l'arrière de l'arcade dentaire et s'en éloigne
ensuite, au fur et à mesure que les dents suivantes se montrent, par un mouvement de trans-
fert véritable, vu que l'accroissement de la partie postérieure des maxillaires est insuffisante
pour donner place aux dents successivement formées.
Quant à l'atrophie des follicules des quatre incisives centrales de la mâchoire supérieure,
atrophie beaucoup plus complète dans la deuxième dentition que dans la première, il est bien
difficile d'en expliquer le déterminisme.
hyoïde
L'hyoïde des chameaux se fait remarquer (voy. fig. 13) : 1° par la gracilité de ses
différentes pièces; 2" par l'élongation toute particuUère du cérato-
hyal et de l'uro-hyal ; 3° par l'absence complète de prolongement
lingual (entoglosse) au basi-hyal.
Nous avons trouvé sur un hyoïde, comme longueurs maxima,
sans comprendre les cartilages :
Stylo-hyal 84 millimètres; cérato-hyal 69 millimètres; apo-
hyal 30 millimètres ; uro-hyal 65 millimètres.
Le corps ou basi-hyal est à l'état de plaque cartilagineuse de
forme quadrilatère, intercalée entre les pièces apo-hyales et les uro-
hyales; ce n'est que tardivement qu'un petit nodule osseux apparaît
dans son centre et l'envahit. Les cornes thyroïdiennes, pièces uro-
hyales, grandes coi^nes des anthropotomistes, sont légèrement arquées
et très divergentes; elles se terminent par un petit cartilage.
Les petites branches, pièces apo-hyales, petites cornes des
anthropotomistes, s'articulent avec le corps par une arthrodie assez
mobile, et avec les branches moyennes par synchondrose ; elles sont
relativement épaisses à la base, très atténuées supérieurement.
Les branches moyennes, ou pièces cérato-hyales, sont, au con-
traire, atténuées de haut en bas ; elles s'unissent par un épais cartilage avec les grandes branches.
Fig. 13. — Hyoïde.
1, arihro-hyal ; 2, stylo-hjal !
3, cartilage de synchondrose;
4, cérato-hyal; 5, cartilage de
synchondrose ; 6, apo-hyal ; 7,
basi-hyal 8, uro-hyal et 9 sou
cartilage terminal.
32
RECHERCHES ANATOMIQUES SFR LES CAMÉLIDÉS
Celles-ci, pièces stjlo-hyales, sont très aplaties latéralement comme une lame, très
élargies à la partie supérieure; elles se joignent au rocher par syncliondrose, et le cartilage
intermédiaire ou arthro-hyal est engainé par le tympanique.
COLONNE VEUTÉBUALE
La formule ordinaire est :
7 cervicales, 12 dorsales, 7 lombaires, 5 sacrées, 17 coccygiennes.
1° Vertèbres cervicales. — Ensemble elles forment une région plus longue que
celle constituée par les vertèbres dorsales, région équivalant au tiers de la longueur totale du
rachis (soit environ 1 mètre).
Atlas (fig. 15 et 16). — Sa hauteur maximum estd'environ 10 centimètres, sa largeur
prise en bas des ailes, de 13 centimètres. L'arc postérieur est mince, très soulevé, et porte une
?'iG. 15. — Atlas, face dorsale.
1, légère crête épineuse, 2, trou de conjugaison;
3, trou transversaire.
FiG. 16.
Atlas, kace ventrale.
1, cavités des condyles occipitales i ?. rebord de ces ca-
vités pour ia partie basilaire de^dits condyles; 3, trou
de conjugaison; 4, trou de dégagement des sinus vei-
neux atluïdiens; 5, trou transversaire. A, fosse où
ilébouchent ces trois orifices; d. double tubercule pour
l'insertion du muscle long du cou.
légère crête médiane en guise d'apophyse épineuse. L'arc antérieur présente en arrière deux
tubercules pour l'attache du muscle long du cou, Los ailes ne sont pas très larges, mais elles
sont fortement rabattues en avant ; on y voit : 1° à la partie inférieure, un trou qui les traverse
de part en part et s'ouvre dans une dépression de leur face antérieure : c'est le trou trachélien
ou transversaire ; 2° à la partie supéro-interne. un autre orifice plus grand s'ouvrant, d'une
part au fond de la même dépression susdite, d'autre part dans le canal vertébral : c'est le
trou de conjugaison; il est prolongé en haut et en dehors par une petite scissure qui est
elle-même susceptible de se convertir en trou. Enfin, un dernier pertuis qui sert de voie de
dégagement aux sinus veineux atloïdiens traverse la lame vertébrale et débouche dans la
même excavation que les deux autres.
Les cavités articulaires supérieures se joignent antérieurement, en formant une sorte de
rebord pour répondre à la partie basilaire des condyles de l'occipital, de telle sorte qu'il y a
là deux cavités latérales et une large échancrure intermédinire.
chami-:au a Diax bosses
33
FiG. 17.
Axis.
i, apophyse odoiiloïde; 2, surface articulaire qui flanque ladite
apophyse; .3, apophyse épineuse; 4. (rou tle onujugaisoii ; 5, trou
transveisaire; tj, a[)ophy-e transverse; 7, apopliyses articulaires;
8, canal \vclel>ral; 9, luljercule leriuiual de ia crête intérieure
du curjis; lU, disque intei-vertebral.
Les surfaces ai'ticulairos latérales qui tlanquenl de chaque cùtë la goultière de réception
de l'odontoïde sont légèrement déprimées, circonscrites extérieurement par un bord saillant.
Enfin, on remarque dans l'anneau de cette vertèbre une crête très prononcée pour l'attache du
ligament odontoïdien.
Axis (iîg. 17). — La 2" vertèbre est la plus longue de toutes ; du sommet de son odon-
toïde aux apophyses articulaires postérieures, elle ne mesure pas moins de 20 centimètres.
Elle présente en outre un étranglement très marqué, une sorte de col au-dessous de la surface
articulaire supérieure. L'apophyse épineuse est tranchante, terminée en arrière par un tuber-
cule bilobé. L'apophyse odontoïde est hémi-
cylindrique, excavée en gouttière comme
dans les bovidés; la surface articulaire qui
l'entoure est légèrement convexe, plus obli-
que relativement à l'axe de l'os que dans le
boeuf. L'apophyse transverse est unicuspide,
dirigée postérieurement. Les apophyses
articulaires et la cavité cotyloïde ne pré-
sentent rien de paiiiculier, non plus que la
crête médiane du corps. Le trou de conju-
gaison supérieur est percé à travers la lame
vertébrale à l''"'l/2 de son bord ; il se
continue, par l'intermédiaire d'une gout-
tière, avec le trou trachélien qui s'ouvre d'autre part dans le canal vertébral. Remarquons
enfin que l'atlas et l'axis laissent entre eux un large intervalle, au niveau duquel le canal verté-
bral est ouvert.
Autres vertèbres cervicales (tig. 14). — A partir de l'axis, les vertèbres cer-
vicales diminuent de longueur et augmentent de largeur progressivement. Les apophyses
épineuses, en général rudimentaires, augmentent de volume et de saillie, de telle sorte
que celle de la 7" n'a pas moins de 5 à 6 centimètres de hauteur ; toutes ces apo-
physes sont très rugueuses h leur sommet, pour donner attache au ligament cervical.
Les apophyses transverses sont bicuspides dans les 3", 4^ et 5% tricuspides dans la 6%
unicuspides dans la 7'. A l'état lùcuspide, elles présentent : un prolongement postérieur,
terminé par un tubercule, un antérieur ou costellaire, progressivement développé de la
3^ à la 5** vei'tèbre, dirigé du côté ventral et épiphysé à l'extrémité dans le jeune âge.
L'apophyse transverse de la G^ offre un troisième prolongement, qui se joint au pro-
longement costellaire en Ibrmant une lame très développée, qui convertit la face ventrale
de la vertèbre en une profonde excavation. Quant à l'apophyse transverse de la 1". bien
qu'elle soit nettement bilobée, elle manque de prolongement costellaire; c'est pourquoi nous
la considérons comme uniscu[iiile.
Les trous trachéliens ne font défaut que dans la 7" ; dans les vertèbres qui pré-
cèdent, ils débouchent d'une part au fond de l'échancrure antérieure de la vertèbre,
c'est-à-dire à la base des apophyses articulaires antérieures, d'autre part dans le canal
vertébral; ils n'ont donc aucun ra[iport avec les apophyses transverses, et ne peuvent
être assimilés, dès lors, aux intervalles compris entre la tête et la tubérosité des pré-
Arcu. Mis. — t. VIU. 5
34 RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMELIDES
tendues côtes cervicales soudées*. Ces trous diminuent progressivement, de la 6' verti'bre
à la l'«.
Les apophyses articulaires sont très détachées; leurs surfaces articulaires sont allongées
et légèrement convexes dans la longueur; celles des apophyses postérieures sont beaucoup
moins étendues, de manière à pouvoir jouer sur leurs opposées dans une large mesure; en
outre elles sont concaves dans le sens latéral, tandis que les opposées sont convexes en tous
sens. Entre les apophyses articulaires chevauchantes de l'un et de l'autre coté, le canal verté-
bral est largement ouvert. Les trous de conjugaison, situés à leur base, n'ont pas moins de
7 à 8 centimètres de longueur.
La face inférieure ou antérieure des corps vertébraux est convertie en une profonde
gouttière par les prolongements costellaires des apophyses transverses, gouttière occupée par
les muscles longs du cou. On y voit, sur chaque vertèbre, une crête médiane plus ou moins
accentuée, terminée inférieurement par un tubercule, crête et tubercule très prononcés dans
les 2", 3" et 4", beaucoup moins marqués dans la 5", presque effacés dans la 6% réapparais-
sant dans la 7'.
Les disques intervertébraux du cou ont une épaisseur insolite, atteignant 3 à
4 centimètres.
2° Vertèbres dorsales. — Les vertèbres dorsales sont au nombre de douze, dont
la longueur totale est de 15 centimètres environ inférieure à celle des vertèbres cervicales. —
D'une manière générale, elles sont remarquables à l'aplatissement latéral de leur corps et à
une sorte d'étranglement qu'il présente dans le milieu de sa longueur, étranglement déter-
minant une forte dépression à la base des apophyses transverses.
Le corps de la 1'° est à la fois le plus long et le plus large (93 millimètres sur 05).
A partir de la 2°, la largeur augmente jusqu'à la dernière. Les surfaces articulaires tendent
à l'aplanissement ; dans les dernières surtout, tète et cavité cotyloïde sont à peine accusées.
Les disques intervertébraux sont relativement minces (1/2 centimètre environ). Les apophy-
ses épineuses augmentent de longueur de la 1" à la 3% conservent sensiblement la même lon-
gueur (25 à 30 centimètres) dans les 4% 5^ et 6% et diminuent ensuite jusqu'à la dernière.
A cause de la voûte que forment les corps vertébraux, le garrot est au maximum d'élévation
en regard des 5° et (3° apophyses épineuses.
Les apophyses épineuses sont en outre remarquables par leur largeur à la base et par
l'épaisseur de leur b'ord postérieur, qui est creusé d'une rainure inférieurement dans les sept
uu huit premières; la largeur atteint son maximum (6 1/2 à 7 centimètres) dans les 5" et 6'.
Ces apophyses sont en général inclinées en arrière; mais les quatre ou cinq dernières se
redressent progressivement, de telle sorte que les deux dernières sont à peu près perpendi-
culaires à l'axe des corps vertél.iraux.
Le sommet de toutes les apophyses épineuses est renflé et tubéreux, à l'état d'épiphyse
qui tarde beaucoup à se souder; il peut même arriver que, au niveau du garrot, ces épiphyses
restent cartilagineuses. Dans cette même région, les apophyses épineuses les plus larges
' Voir à ce sujet : Lesbre, Contribution à l'étude de l'ossification du squelette des mammifères (Annales de la
Société d'agriculture, sciences et industrie de Lyon, 1S97).
CHAMEAU A DEUX BOSSES 35
arrivent facilement au contact les unes des autres, de manière à se prêter un mutuel appui
lorsque le dos est fortement chargé.
Les apophyses transverses diminuent de volume de la l^à la dernière, en même temps
que leur face articulaire costale diminue d'étendue; la dernière est réduite à une mince lame
qui ne se joint pas à la côte. Ces surfaces articulaires sont d'abord concaves et regardent en
avant et en bas ; elles s'aplanissent peu à peu et tendent à regarder en dehors. Quant aux cupules
intervertébrales destinées à la tète des côtes, elles diminuent d'avant en arrière suivant la
règle générale. Les trous de conjugaison qui les surmontent sont généralement spacieux ; ils
diminuent toutefois d'avant en arrière; les échancrures postérieures ne sont pas ici con-
verties en trous comme cela se remarque dans les bovidés.
Les apophyses articulaires sont très développées dans la 1", qui i)articipe ainsi des
caractères des vertèbres du cou ; elles s'effacent ou à peu près dans la 2% en se rapprochant
beaucou[i l'une de l'autre dans le sens latéral. Dans les suivantes, on no trouve plus que des
surfaces articulaires contiguës ou mènie confondues, taillées à la base de l'apophyse épineuse,
soit en avant, soit en arrière; ce n'est que dans les deux ou trois dernières que les apophyses
réapparaissent, par suite d'une sorte de démembrement des apophyses transverses, dont le
cuspide supérieur s'est en quelque sorte dissocié pour se porter sur le flanc des surfaces
articulaires, lesquelles ne sont pas seulement superposées mais véritablement emboîtées. Il
n'est pas rare de constater l'ankylose de cette articulation, entre les deux dernières dorsales.
3° Vertèbres lombaires. — Les vertèbres lombaires sont au nombre de 7; leur lon-
gueur totale, mesurée le long des corps vertébraux, est de 0™50 à 0'"55. L'aplatissement
latéral et l'évidement des corps vertébraux vont en diminuant de la première à la der-
nière, en même temps que la largeur s'accroît; le dernier est particulièrement large et
court, ainsi qu'on en peut juger })ar les chiffres suivants ;
Longueur du corps. Largeur du corps.
Première 75 millimètres. 50 millimètres.
Dernière 55 — 65 —
Les surfaces articulaires des corps vertébraux sont planiformes : il arrive même que les
surfaces postérieures soient légèrement convexes au lieu d'être concaves.
Les apophyses épineuses diminuent insensiblement de hauteur de la première à la
dei^nière; elles ont à peu près la même largeur dans les cinq premièi-es; la dernière se fait
remarquer par son étroitesse. Toutes sont à peu près perpendiculaii^es à l'axe vertébral, et se
terminent par un rondement épiphysaire qui diminue d'épaisseur transversale de la i''' à
la 7" ; les intervalles interépineux sont de 3 à 5 centimètres.
Les apophyses transverses augmentent progressivement de longueur jusqu'aux 4° et .5*
qui atteignent 18 à 19 centimètres; elles décroissent dans les deux dernières. Leur largeur
augmente et décroît comme la longueur : la 5% la plus large, atteint 4"" 1/2 ; la dernière,
particulièrement étroite, a 2 centimètres à peine. Les trois premières sont élargies à
l'extrémité et légèrement échancrées en forme de queue de poisson. Ces apophyses
s'épaississent progressivement de la 1'" à la 7'. Elles sont toutes inclinées en avant et en
bas, et ces deux inclinaisons vont en augmentant de la première à la dernière vertèbre.
36 REGHEUCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMELIDES
Les apophyses articulaires sont de plus en plus renflées et écartées d'un c(")lé à l'autre,
de la première à la dernière; les lames vertébrales ne se rejoignent pas dans leurs inter-
valles et laissent des ouvertures donnant accès dans le canal rachidien, ouvertures à peu près
nulles entre les premières, mais considérables entre les trois ou quatre dernières.
Les trous de conjugaison sont spacieux, de forme triangulaire.
4° Sacrum. — Les auteurs attribuent généralement quatre vertèbres sacrées aux
chameaux; nous en avons cependant trouvé toujours cinq, mais la dernière ne se soude en
général à la précédente que par son corps, elle est libre de ses apophyses trans verses, d'où il
suit qu'il n'y a que trois trous sus-sacrés et autant de sous-sacrés. Cependant cette 5" ver-
tèbre appartient bien au sacrum, car elle a le développement et la forme des [)récédentes ;
tandis que la l"' coccygienne, qui vient ensuite, tranche nettement par sa petitesse et par la
gracilité de ses apophyses transverses.
Ce sacrum diffère de celui du bœuf en ce qu'il est plus large, que ses apophyses épineuses
sont très basses, écartées l'une de l'autre, et montrent dans leurs intervalles des ouvertures
donnant accès dans le canal sacré. Les deux premières de ces apophyses sont beaucoup moins
épaisses et renflées au sommet que les suivantes. Les bords latéraux, ou lèvres du sacrum,
sont épais, surtout au niveau de la 1 '" sacrée, qui porte la surface articulaire destinée à répondre
à l'ilium, surface taillée très obliquement: ils présentent des tubérosités flanquant en dehors
et en arrière les trous sus-sacrés, et correspondant évidemment aux apophyses articulaires.
Seules, les apophyses articulaires antérieures de la f" vertèbre sont libres et bien dévelop-
pées. La face inférieure du sacrum se fait remarquer par la convexité d'un côté à l'autre des
corps vertébraux, marquant encore une tendance à l'aplatissement latéral, et par le grand
développement des trous sous-sacrés.
Longueur du sacrum d'un chameau mesurée sur la ligne médiane = 23 centimètres.
Largeur maximum |)rise entre les deux angles antérieurs = 22 centimètres.
'&"■
5° Vertèbres coccyg-iennes. — Le coccyx du chameau est long de 50 à
55 centimètres; il comprend en général 1(3 ou 17 vertèbres. La l''' se distingue nettement de
la dernière sacrée par des apophyses transverses rudimentaires ; ces apophyses s'atrophient
peu à peu, de manière à s'eff'acer dans la S^ou 6"; les lames vertébrales se réduisent de même :
elles ne se joignent déjà plus à partir de la 6"; elles disparaissent comjtlètement à partir de la
8" ou 9°. Au delà, les vertèbres ne sont plus que de petits cylindres é vidés dans le milieu qui
décroissent rapidement dans toutes leurs dimensions. Quant aux apophyses articulaires, on
n'en trouve la trace, des antérieures seulement, que dans les cinq ou six premières vertèbres.
DU RACHIS EN GÉiXEKAL
Nous envisagerons, sous ce titre, les longueurs relatives de ses diverses régions, sa
direction, ses anomalies.
A. Dimensions relatives. — Le tableau ci-dessous montre bien ce que les chameaux
présentent de particulier à ce point de vue.
CHAMEAU A DEUX BOSSES
37
Longueurs des régions du rachis dans les chameaux et quelques autres animaus:.
LONGUEUR
delà
Tête osseuse
LONGUEUR
des
Vert, cervicales
LONGUEUR
des
Vert, dorsales
LONGUEUR
des
Vert. lombaires
LONGUEUR
.lu
Sacrum
LONGUEUR
du
Coccyx
Chameau
Bœuf
Mouton
Chèvre
Cerf (Cuvier)
Girafe (Cuvier) ....
Porc
Cheval
Chien
mèlres
0,50 à 0,55
0,50 à 0,55
0,26
0,25
0,45 à 0,50
0,50
0,44
0,63
0,24
m-Hres
1,00 à 1,10
0,45 à 0,50
0,24
0,29
0,48
1,68'
0,24
0,63
0,22
mètres
0,85 à 0,95
0,80 à 0,90
0,37
0,36
0,5;;
0,95
0,55
0,85
0,.30
niotrea
0,50 à 0,55
0,40 à 0,'t5
0,25
0,25
0,24
0,33
0,35
0,32
0,24
mètres
0,22 à 0,25
0,25 à 0,2f<
0,12
0,14
0,16
0,22
0,15
0,20
0,05
mètres
0,.50 à 0,55
0,80 à 0,90
0,30 à 0,35
0,20 à 0.25
0,31
0,95
0,60
0,60 à 0,70
0,50
.Nota. — Les chiffres de ce tableau sont des chiffres moyens susceptibles de grandes variations en moins ou en plu?,
suivant les races et les individus.
1 Cette longueur du cou de la girafe nous semble quelque peu exagérée.
B. DiRECTiox. — Un coup tl'œil jeté sur la figure 1 1 renseignera immédiatement sur ce
point. On voit que le cou décrit une très forte inflexion à concavité supérieure; que la région
dorso-lombaire forme une sorte de voûte entre les deux bipèdes, ce qui lui donne une très
grande force pour porter, que le sacrum est oblique et incurvé de baut en bas et d'avant en
arrière, et que le coccyx est plus ou moins tombant.
G. Anomalies. — Nous avons vu que la formule vertébrale ordinaire des chameaux
est :
7 cervicales, 12 dorsales, 7 lombaires, 5 sacrées, 17 coccygiennes.
Mais cette formule n'est pas plus fixe que dans les autres espèces '. Sur les quelques
squelettes qu'il nous été donné d'étudier, nous avons trouvé :
1^ 11 vertèbres dorsales et 11 jiaires de côtes, les autres régions n'ayant point
changé ;
2° 7 cervicales, 13 dorsales, 6 lombaires, 5 sacrées. (La 13^ côte, surnuméraire, se faisait
reniai'quer par sa petitesse.)
3° 7 cervicales, 13 dorsales, 7 lombaires, 5 sacrées, 17 coccygiennes. (La 13^ côte avait
la forme d'une apophyse transverse lombaire articulée.)
COTES
Les chameaux ont normalement 12 paires de côtes dont 7 paires de sternales. — Ces
côtes sont remarquables en général à leur grande largeur, à leur tubérosité volumineuse,
quoique peu détachée, et à leur tète articulaire forte, supportée par un col long et infléchi.
Elles augmentent de longueur de la V k la 7% conservent sensiblement la même longueur
dans les deux suivantes et décroissent à partir de la 10° jusqu'à la dernière.
' Consulter à ce .sujet Corneviu et Le.sbre : Mtémoire sur les variations numéiiques île la colonne vertébrale et
des côtes chez les mammifères domestique.s (Bulletin de la Société centrale de médecine vétérinaire, 1897),
38
RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMELH3ES
Longueurs mesurées en suivant la courbure, depuis la tubérosité jusqu'au cartilage de
prolongement exclusivement :
i-'« côte 0'"22; 6' côte 0™53; 7° côte 0"'57; 12" côte 0™51.
La côte la plus large est la 5", qui atteint 5 centimètres à sa partie intérieure; il y a
décroissance progressive dans les deux sens, mais c'est la 1" qui est la plus étroite, elle ne
dépasse pas au maximum 3 centimètres.
La scissure vasculo-nerveuse de la plu[)art des côtes est extrêmement accusée à leur
partie supérieure tandis qu'elle disparaît inférieurement.
Les cartilages de prolongement des côtes sternales sont courts et très forts ; la f'' en est
dépourvue; celui de la 2" n'a pas plus de 1 à 2 centimètres; il y a augmentation progressive
jusqu'à la 7', dont le cartilage atteint 15 centimètres. Tous ces cartilages s'articulent par
diarthrose avec les côtes qu'ils prolongent; par contre, ils s'unissent par synchondrose avec le
sternum: il n'existe qu'une seule diarthrose sterno-costale, c'est pour la 1" côte. Les cartilages
asternaux ne présentent de particulier que leur intime union donnant une
^ très grande solidité à l'hypochondre. Chez les chameaux comme chez les
c CUJ bovidés, les cartilages de prolongement des côtes finissent toujours par
s'ossifier au moins dans le centre.
STERNUM
Le sternum est extrêmement massif et pesant, très fortement oblique
de haut en bas et il'avant en arrière. Il comprend, comme le montre la
figure 18,sixsternèbres; la l''' est prolongée au-devant delà l'" articulation
costale par un appendice cartilagineux de 3 ou 4 centimètres, que les
vétérinaires appellent appendice trachélien; la dernière se termine par
un cartilage aplati dit appendice xiphoïde. — La longueur du sternum
osseux était, chez un individu, de 0"'45, de 0'"52 en comprenant les
extrémités cartilagineuses. La largeur va en croissant du premier article
aux deux derniers; le .5" atteint 11 centimètres. L'épaisseur augmente
du 1" aux 4" et o". qui n'ont pas moins de 6 i/2 à 7 centimètres.
Le 5" correspond à la callosité stornale; il est divisé sur sa face inférieure
en deux lobes latéraux par un profond sillon médian. Le renforcement
que présente l'os à ce niveau était nécessaire pour fournir un appui solide
au corps dans l'attitude décubitale. La dernière sternèbreest relativement
mince, concave par-dessous. La face supérieure ou endothoracique du
sternum est presque plane. Le profil de la face inférieure est concave en avant, convexe en
arrière ; cette face est aplatie au niveau des deux premiers segments ; elle se relève en une forte
crête médiane, au niveau du 4% qui est aplati d'uu côté à l'autre au lieu de l'être de dessus
en dessous; elle se bilobe, comme il a été dit [dus haut, au niveau du 5"; enfin elle se
déprime sous le 6°.
Dans le jeune âge on constate que la 5" sternèbre et mè:ne la 4" sont formées de deux
noyaux d'ossification latéraux.
KiG. 18. — Sternum,
PAGE ENDOTHORACIQUE.
1, ?, 3, 4, b. B, steriie-
bres; a, appendice tra-
chélien; b, cartilage
xiplioide ; c, cotes ster-
nales et synchondroses
sterno-costales.
CHAMEAU A DEUX BOSSES 39
La soudure du sternuui est plus tardive ipie dans les autres ruminants ; elle procède
d'arrière en avant, de telle sorte que les deux dLU-niers articles sont les premiers à sesynostoser,
tandis que les premiers restent toujours indépendants, du moins nous les avons trouvés tels
chez tous les sujets que nous avons examinés.
MEMBRE ÏHORACIQUE
Os de l'épaule. — Il n'y en a qu'un, ainsi que dans tous les grands quadrupèdes
domestiques ; la clavicule est réduite à l'état d'intersection fibreuse au sein du muscle
mastoïdo-huméral .
Le scaptdiimmesnrmt, chez l'un de nosanimaux, 0™42 de longueur, cartilage de prolonge-
ment non compris, et 0^27 de largeur, d'un angle supérieur à l'autre. Comparé à celui du boeuf,
ce scapulum se distingue parla situation moins antérieure de son épine acromienne, les fosses
sus-épineuse et sous-épineuse étant à peu prés dans le même rapport de largeur que chez les
Solipèdes, c'est-à-dire de i : 2 au lieu de 1 : 3 comme dans le bœuf, le mouton et la chèvre.
Cette épine est un peu renversée sur la fosse sous-épineuse; elle se termine par un acromion
de 5 ou 6 centimètres de long, légèrement dévié en avant et en dehors. La fosse sous-
scapulaire est presque effacée. Latubérosité d'attache du biceps est extrêmement développée,
plus étendue même que dans les Solipèdes; par contre l'apophyse coracoïde est très obtuse.
Os du bras. — Toutes proportions observées, l'humérus est plus long que chez les
bovidés et les solipèdes ; il est en outre très massif, manifestement aplati d'avant en arrière au
lieu de l'être d'un côté à l'autre. C'est le plus pesant de tous les os.
Longueur mesurée de la tête à la lèvre interne de la troclilée 396 millimètres.
Largeur mesurée du trochiter au trochin 130 —
— — transversalement au niveau de l'apopliyse deltoïdienne. . . 100 —
Epaisseur antéro-postérieure prise au milieu de l'os 5IJ —
La tète articulaire tend à se mettre dans l'axe de l'os, par suite de la faible obliquité de
celui-ci ; elle est entourée on avant et en dehors [)ar une marge de 3 à 4 centimètres. Le
trochiter est beaucoup moins développé que dans les bovidés; c'est le sommet du trochin ou,
pour mieux dire, la lèvre interne de la coulisse bicipitale qui est la partie culminante de
l'extrémité supérieure de l'os. La coulisse bicipitale est divisée, comme dans les Solipèdes, en
deux gorges par un relief intermédiaire : l'inteime plus large mais moins pi^ofonde que l'ex-
terne; cette coulisse présente un rebord inférieur qui surplombe la face antérieure de l'os
surtout du coté interne. La tubérosité deltoïdienne est beaucoup plus développée que dans le
bœuf quoique moins détachée que dans les Solipèdes. Le trou nourricier est situé sur la face
antérieure, vers le tiers inférieur. La gouttière de torsion est peu profonde et ses crêtes
limitantes presque effacées. — La surface articulaire inférieure est remarquable à sa large et
profonde trochlée, beaucou[) moins oblique que dans le bœuf par rapport à l'axe de l'os, et à
son condyle presque confondu avec la lèvre externe de la trochlée, tandis que dans la géné-
l'alité des ruminants, ce condyle est en dénivellement très prononcé. Lorsqu'on tient l'humérus
sur un plan horizontal, appuyant par la surface articulaire inférieure, on constate qu'il
40 RECHERCHES ANATOMIQTT.S SUR LES CAMÉLIDÉS
incline fortement du côté interne, tandis que dans les mêmes conditions l'humérus du bœuf
est sensiblement perpendiculaire. La fosse olécranienne est peu étendue en hauteur et séparée
de la coronoïdiennc [tar une lame osseuse épaisse ; son contour dessine une ogive dont la
flèche est à peu près dans l'axe de l'os. L'épitrochlée n'est pas renversée sur la fosse olé-
cranienne comme dans le bœuf; elle est à peine plus saillante que l'épicondyle et beaucoup
moins épaisse. Ces éminences sont au contraire très inégales dans les Solipèdes et les Bovidés.
Avant-bras. — A. Radius. — Le radius est très allongé et doublement courbé dans sa
longueur, sur plat et sur champ, de telle sorte qu'il est concave à son profil postérieur et à
son bord externe. La partie externe de sa face antérieure se fait en outre remarquer par un
certain aplatissement. La tubérosité bicipitale est très étendue; elle occupe les deux tiers
environ du diamètre transverse de l'extrémité supérieure. Celle-ci se fait en outre remarquer
par une apophyse coronoïde beaucoup plus prononcée que dans les autres ruminants, avec
une forte dépression à sa base, par une surface articulaire présentant un temm médian dont
le développement est proportionnel à la profondeur de la trochlée humérale, surface articulaire
creusée d'une très large fossette synoviale qui s'étend sur l'échancrure sigmoïde du cubitus.
L'extrémité inférieure offre une surface articulaire qui tient le milieu entre celle du bœuf
et celle du cheval mais qui est plus près cependant de cette dernièi-e : elle est taillée beaucoup
moins obliquement que chez le bœuf relativement à l'axe de l'os: on y voit : un condyle
interne volumineux, de 4'^'" 1/2 à 5 centimètres de largeur, légèrement déprimé en trochlée; un
condyle externe pour répondre au pyramidal (appartenant au cubitus); un condyle intermé-
diaire, le plus petit des trois, qui est en saillie sur l'externe et en dépression relativement à
l'interne; en avant de chacun de ces condyles existent de petites cavités glénoïdales. — La
crête transverse qui surmonte postérieurement cette surface articulaire est peu saillante et les
excavations sous-jacentes sont peu profondes.
Longueur du radius mesurée d'une surface articulaire à l'autre, du côté interne. .^OÛ niillirnètres.
Largeur du radius prise au milieu (minimum) 57 —
Epaisseur du radius prise au milieu 38 —
B. Cubitus. — Le cubitus est le plus long de tous les os des membres (0^56 dont Sou
S) centimètres pour l'olécrâne); il est soudé dans toute sa longueur nu radius avec lequel il ne
fait qu'un. La double arthrodie supérieure que l'on observe dans les autres ruminants et dans
les solipèdes, et qui représente, comme on sait, la petite échancrure sigmoïde des espèces qui
ont ces os mobiles, cette articulation même a disparu par suite de l'ankylose physiologique
dont nous parlons.
Sur la ligne d'union de ces deux os, en dehors, on ne voit pas de sillon vasculaire. D'ail-
leurs, la partie moyenne du cubitus est extrêmement atrophiée; elle forme une simple arête
sur le coté externe du radius. Il existe trois arcades radio-cubitales, c'est-à-dire trois points où
les deux os ne se joignent pas : l'arcade radio-cubitale supérieure est représentée par un canal
de quelques millimètres de calibre, plus étroit encore à son orifice externe qu'a l'interne,
canal dans lequel s'ouvrent les trous nourriciers des deux os; les deux autres arcades sont
inférieures : l'une au-dessus, l'autre au-dessous du point d'union de la diaphyse et de
l'épiphyse inférieure du cubitus. L'olécrâne est moins long que dans le bœuf mais plus large :
CIIAMEAr A DEUX lîOSSES
41
Chameau.
Bœuf.
Du bec au sommet
00 millimètres
104 millimètres,
Du bec au liord postérieur . .
. 88 —
72 —
Disons enfin, que l'extrémité inférieure du cubitus des clianieaux ne se détache pas en
pointe, comme dans les Bovidés et les Ovidés.
Main. — A. Carpe (fig. 10). — Le carpe des Caméliens comprend sept os : pisi-
forme, pyramidal, semi-lunaire, scaphoïde, unciforme, capitatum, trapézoïde ; tandis que, en
général, dans les Ruminants, il n'en comprend que six par suite de la fusion du trapézoïde
avec le grand os, fusion qui se fait de très bonne heure, dans le cours
<]e la première moitié de la gestation, alors que toutes les pièces du
carpe sont encore cartilagineuses ; cette coalescence est si complète
que la pièce en résultant ne s'ossifie jamais que par un seul noyau,
comme si elle était simple.
Le pisiforme des chameaux est aplati et discoïde comme chez
les Solipèdes, mais plus épais et irrégulièrement triangulaire; il
s'articule par deux facettes concaves, superposées etcontiguës, soit
avec le pyramidal soit avec le condyle terminal du cubitus; de ces
deux facettes c'est la supérieure qui est la plus étendue.
Le pyramidal est jtresque aussi volumineux que le scaphoïde;
il s'articule en haut avec le radius, le cubitus et le pisiforme, en bas
avec l'unciforme.
Le semi-lunaire est remarquablement étroit, mais il ne pré-
sente d'autre part rien de particulier.
Le scaphoïde est le plus volumineux de tous les os carpiens;
on le distingue facilement du pyramidal par l'absence du petit
condyle que celui-ci porte en arrière pour répondre au pisiforme ; en
outre, il est plus épais dans le sens antéro-postérieur.
L'os crochu, porte en arrière un prolongement très développé, légèrement recourbé en
bas; il se superpose au métacarpien IV dans toute son étendue et arrive même au contact
du métacarpien III (flg. 19).
Le grand os est beaucoup moins gros que le précédent ; il ne dépasse guère le volume
du semi-lunaire.
Le trapézoïde ressemble à celui des Solipèdes ; il s'eftace derrière le grand os et ne se
voit pas quand on regarde le carpe en avant; c'est pour les besoins de la démonstration
que nous l'avons représenté figure 19.
B. Métacarpe. — Le métacarpe est formé d'un os canon mesurant O^oo de lon-
gueur, 0"'04 de largeur dans son milieu et 0'"036 d'épaisseur antéro-postérieure. 11 est
a peu près équarri dans les 2/3 supérieurs, fortement aplati d'avant en arrière dans le
restant de son étendue. Sa face postérieure est excavée en gouttière et bordée latéralement,
dans ses 2/3 supérieurs, de deux reliefs rugueux qui représentent des métacarpiens rudi-
mentaires soudés (11° et V*); cette face montre, un peu au-dessus de son milieu, les deux
KiG. 19. — Face dorsale
DU CARPE
1, cubitus; 1' son condyle ter-
minal; 2.radius; 5 pisitbrme ;
6, pyramidal; 7. semi-lunaire;
8. scaplioiile; 0, unciforme ;
10, grand *;is; 11, trapézoïde;
12 et 1,'î melHciirpiens soudés
eu os canon.
Abch. Mus.
T. VIU.
42
RECHERCHES AXATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
ti'ous nourriciers situés à côté l'un de l'autre. Les sillons de coalescence des deux grands
métacarpiens de l'os canon (IIP et IV'') sont beaucoup moins manifestes que chez les bovidés,
presque effacés. Le canal interosseux de l'extrémité supérieure n'est marqué que par un seul
orifice, du côté antérieur; l'inférieur manque, ou plutôt l'échancrure interarticulaire s'est
étendue jusqu'à lui; cette échancrure a, en effet, 3 1/2 à 4 centimètres de profondeur; les
deux métacarpiens de l'os canon s'écartent à ce niveau et divergent manifestement.
A l'extrémité supérieure, on remarque que la surface articulaire de l'uncifornie est
beaucoup plus étendue que dans les bovidés; elle équivaut à peu près à la moitié de la surface
articulaire totale; le restant est subdivisé en deux facettes, pour répondre au grand os et au
trapézoïde. Il est donc facile de distinguer le côté interne et le côté externe, d'autant plus
que l'on est encore aidé par la présence de la tubérosité d'attache de l'extenseur antérieur
du métacarpe, qui appartient toujours à la pièce interne de l'os canon (métacarpien III).
FiG. 20. — Extrémité digitée. Face dorsale
1, us du canon; 2, premières phalani^es; 3, deuxièmes
plialanges; i, phalanges ungueales.
FiG. — 21
Extrémité digitée, Face palmaire
1, os canon ; 2, premières piialanges; 3 deuxièmes [iha-
langes; 4, plialanges ungueales; 5, sésamoides.
L'extrémité inférieure est divisée, comme nous l'avons dit, en deux parties par une
profonde échancrure; chacune d'elles présente, pour répondre à la première phalange corres-
pondante, un condyle, simple en avant, relevé d'une arête médiane en arrière ; on j voit, en
outre, aux deux extrémités du diamètre transverse, une profonde impression ligamenteuse.
G. Phalanges (fig. 20 et 21). — Vu l'écartement des deux doigts, les phalanges ne
présentent point d'aplatissement du côté concentrique, et ainsi sont plus l'essemblantes, les deux
premières au moins, à des phalanges de cheval qu'à des phalanges de bœuf.
La première est longue de 97 millimètres, large dans son milieu de 26 millimètres; elle
est fortement étranglée dans la partie moyenne et élargie aux extrémités. La surface
CHAMEAU A DEUX BOSSES 43
articulaire supérieure est légèrement déprimée et échancrée postérieurement. L'inférieure
est condyloïde en avant, trochléenne en arrière; des deux condyles qui bordent la trochlée,
l'excentrique monte le plus haut, ce qui permet aisément de reconnaître si une première pha-
lange donnée est externe ou interne; on peut aussi s'aider, pour cette distinction, de la situa-
tion du trou nourricier, qui est sur la face concentrique de la phalange. De chaque côté de
Textrémité inférieure, on remarque une impression digitale assez profonde.
La deuxième pJiakou/e se fait remarquer par ses bords latéraux détachés en arêtes
rugueuses, ce qui l'élargit notablement (longueur, 63 millimètres; largeur, 32 millimètres).
La surface articulaire supérieure est concave d'avant en arrière avec une trace de relief
médian; la ligne de jonction de l'épiphyse est marquée par une légère crête rugueuse. La
surface articulaire inférieure ressemble à la surface homologue de la première phalange ; les
condyles latéro-postérieurs s'élèvent presque jusqu'à la moitié de la longueur de l'os en
divergeant fortement; l'excentrique monte plus haut que l'autre; en avant de ces condyles
on remarque deux impressions ligamenteuses profondes.
La troisième phalange est remarquable à sa petitesse et à l'absence de sésamoïde com-
plémentaire ; elle a la forme d'une courte pyramide trifaciée, articulée avec la deuxième
phalange au moyen d'une surface légèrement concave d'avant en arrière avec une trace de
relief médian. Une forte rugosité tient lieu d'éminence pyramidale. Les deux faces latérales
se réunissent sur un bord supérieur épais. L'inférieui-e est à peu pi'ès plane ou faiblement
convexe; les bords latéraux qui l'encadrent sont épais et très rugueux; on j voit quatre trous
qui pénètrent dans l'os: deux postérieurs, deux antérieurs, ces derniers plus petits et suscep-
tibles de se dédoubler, parfois de s'oblitérer.
Quant aux sèsamoides , il n'y en a que deux pour chaque doigt, annexés à chaque arti-
culation métacarpo-phalangienne. Au volume près, qui est beaucoup moindre, ils ressemblent
assez exactement à ceux du cheval; dans chaque paire, l'excentrique est à peine plus déve-
loppé que l'autre, tandis que dans les ruminants ordinaires, ill'emporte considérablement.
M EMBUE AUDUMliNAL
Hanche. — Goxal. — La longueiu- maximum du coxal équivaut assez exactement
aux 4/5 de la longueur de la tête, comme dans les Solipèdes. La tête des chameaux étant
courte, leur croupe l'est aussi. .T'ai mesuré :
De l'angle interne de l'ilium (épine iliaque postérieure et supérieure) à la tubérosité
ischiale 0'"425; de l'angle interne de l'ilium au fond de l'acétabulum 0'"30; du fond de l'acé-
tabulum à la tubérosité ischiale 0'"i64.
Ce coxal se fait en outre remarquer par sa très forte obliquité, la croupe étant avalée,
IJiliiun est extrêmement élargi: de l'angle interne à l'angle externe, nous avons
mesuré 0'"30; il est en outre fortement rabattu de haut en bas, de telle sorte que sou angle
externe serait bien mieux nommé angle inférieur ; il s'ensuit que la croupe n'est pas seule-
ment oblique d'avant en arrière, elle l'est encore plus sur ses côtés (croupe de mulet).
Sur le sujet que nous avons mesuré, la distance entre les angles externes des deux iliums
était de 0™44; celle comprise entre les angles internes était de O^ll . Ceux-ci sont arrondis et
44 RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
proéminents sur le sacrum; ceux-là sont dépourvus de tout renflement mais au contraire atté-
nués en pointe. La crête iliaque qui les réunit l'un à l'autre est convexe etfoi-nieune lèvre épi-
physaire diminuant d'épaisseur de haut en bas. — Le bord externe de l'iliumest très concave,
mince et tranchant à sa partie supérieure, tubéreux intérieurement. Le col est aplati latérale
ment; il présente du côté externe une dépression rugueuse, du côté interne une crête iléo-
pectinée presque eft'acée avec une rugosité marquant l'attache du petit psoas. Le trou nourricier
se remarque en dedans de l'ilium, à la suite d'une longue scissure. La cavité cotyloïde est peu
pi'ofonde, de contour régulier; elle offre un très vaste arrière-fond, qui s'ouvre en dedans sur
le trou ovalaire par une échancrure de l'='"l/2 à 2 centimètres de largeur. La crête sus-coty-
loïdienne est beaucoup moins proéminente mais plus épaisse que chez les bovidés; elle se
termine brusquement par une forte épine sciatique, derrière laquelle on trouve la poulie de
renvoi du muscle obturateur interne.
Uischium est relativement court; la tubérosité qui le termine est dirigée transversale-
ment et présente trois cuspides : un interne, un supérieur, un externe; le supérieur est peu
proéminent et se distingue à peine de l'externe qui est le plus fort. Cette tubérosité fait, dans
le jeune âge, une épiphyse qui se prolonge sur le bord postérieur de l'os ainsi que sur la
s^'mphyse ischio-pubienne, comme dans les bovins. Le bord externe de l'ischium, à partir de
l'épine sciatique, est très court et très épais. Le trou ovalaire justifie son nom, son petit pôle
correspond avec l'arrière-fond de l'acétabulum ; il esta peu près aussi large que long, La
laro-eur du bassin au niveau des tubérosités ischiales a été de 0'"333.
LejJicbis est relativement épais, très large vers la symphyse; l'épiphyse symphysaire-
dont il a été parlé plus haut se termine là par un élargissement qui fait une forte saillie anté-
rieure pour l'attache du tendon commun des muscles abdominaux. Le bord antérieur des
pubis est creusé, en dehors, d'un sillon qui marque la place de l'artère fémorale profonde.
CAvrrK piiLviENNE. — - Le détroit antérieur de cette cavité est elliptique, à grand axe
vertical (diamètre sacro-pubien, 0™264; diamètre bis-iliaque, 0"'194).
Vu l'effacement des crêtes iléo-pectinées à la partie supérieure, vu l'obliquité latérale
des iliums, toute la face interne de ceux-ci fait évasement au détroit antérieur et constitue
une sorte de grand bassin. La cavité pelvienne se rétrécit sensiblement en arrière; nous
avons trouvé entre les éi)ines sciatiques un écartement de 0"'i63 seulement. Le plancher de
cette cavité est moins allongé et moins profond que dans le bœuf; il est aussi beaucoup moins
concave d'avant en arrière et sa concavité est localisée entre les trous ovalaires; tandis qu'il
y a, au contraire, convexité en avant et en arrière.
Disons enfin, pour terminer, que, avec l'âge, les coxaux arrivent à soudure comjilète.
Cuisse. — Fémur. — Le fémur, mesuré de la tète articulaire au eondyle interne, est à
peine plus long que le radius (O^Sl). Sa lai'geur au milieu était de 0"'05; son épaisseur au
même endroit, de U"'043.
Ainsi que le font remarquer MM. Ghauveau et Arloing, le fémur des chameaux est celui
de tous les mammifères domestiques qui rappelle le plus le fémur de l'homme. L'extrémité
supérieure est large et très aplatie d'avant en arrière ; la tête articulaire est bien détachée,.
supportée par un col manifeste, et proéminente sur le trochanter ; la fossette dont elle est
creusée pour l'insertion du ligament rond est plus étendue que dans le bœuf, sans être aussi
CHAMEAU A DEUX BOSSES Â5
profonde que dans le cheval. Le trochanter est en contre-bas de la tète d'au moins 1 centimètre,
et relativement étroit (0™OdC); tandis que celui du Ijoeuf dépasse la tête de 2 centimètres
environ et atteint 7 à S centimètres de largeur. Le trochantin est faible, à l'état de tubercule
aplati se détachant sur le bord interne de l'os ; il n'est pas réuni au trochanter par une lèvre
saillante ainsi qu'on le voit dans la généralité des Ruminants; en conséquence la fosse sous-
troehantérienne est moins étendue que chez ceux-ci. La ligne âpre forme sur le corps de l'os
un pilastre rugueux au milieu duquel s'ouvre le trou nourricier ; elle se Ijifurque à ses deux
extrémités ; des deux branches supérieures, l'interne très rugueuse rejoint le trochantin,
l'externe peu marquée se porte à la base du trochanter; les deux branches de la bifurcation
inférieure se terminent aux tubérosités excentriques des condyleset limitent une vaste surface
triangulaire déprimée ; l'interne forme une crête saillante. Au lieu d'une fosse sus-
condylienne, comme il en existe dans les Ruminants communs et principalement dans les
Solipèdes,on voit, au-dessus du tiers inférieur de l'os, une large empreinte relevée en dedans
d'une forte tubérosité; c'est le lieu d'attache du perforé et des fibres supérieures du jumeau
externe de la jambe.
La diaphyse du fémur du chameau, vers sa jonction avec l'épiphyse inférieure, est
manifestement quadrangulaire, comme équarrie.
La trochlée est étroite et peu profonde, à lèvres minces et égales; tandis que dans le
bœuf la lèvre interne est beaucoup plus épaisse et proéminente que l'externe. Les condyles
sont bien plus écartés que dans ce dernier animal, ce qui élargit considérablement l'extrémité
inférieure de l'os; l'échancrure intercondylienne est large, chez le chameau, de 28 à
30 millimètres, de 13 à 15 millimètres chez le boeuf. En outre, ces condyles sont plus arrondis,
moins allongés dans le sens vertical, et rinteriie est beaucoup plus petit que Vexterne.
Rotule. — La rotule est très allongée et relativement étroite ; elle est plus large mais
moins épaisse en haut qu'en bas, plus épaisse en dedans qu'en dehors. La surface articulaire
est concave de haut en bas, convexe d'un côté à l'autre, circonscrite par une rainure plus ou
moins manifeste.
Longueur de la rotule = 92 millimètres; largeur 47 millimètres; éj)aisseur 12 milli-
mètres.
Jambe. — Le péroné est réduit, comme dans la généralité des Ruminants, à l'os
malléolaire, os beaucoup plus épais que dans les Bovidés, complélant la gorge externe du tibia
et s'articulant inférieurement avec le calcanéum au moyen d'une ;,
cavité beaucoup plus spacieuse que dans ces derniers (tig. 22).
Le TIBIA est de 3 à 4 centimètres plus long que l'humérus, et '4«^', R I'
de 6 à 8 centimètres moins long que le fémur et le radius. Mesuré
du côté interne, sans comprendre l'épine de l'extrémité supérieure,
il avait (r43; sa largeur dans le milieu était de 0™053, son FiG.2^>.-suRi.ACEAi.Tian.AiBE
' ' • ' DISTAI.E DEi3 OS DE I,A JAMBE
épaisseur au même endroit de 0"'037. D'une façon générale, le y^, p,,„,„ ^ ^.^,^^ ^-os maiieu-
■ •1 • 1 1 .1 1 1- M i •« ^ 1 • liiire; u. ïj, tibia {côte antérieur
tibia du chameau est plus aplati d avant en arrière, plus courbe et lùté postérieur).
en dehors supérieurement que celui du bœuf. La dimension trans-
versale de l'extrémité supérieure l'emporte beaucoup sur l'antéro-postérieure, tandis (jue
ces deux dimensions sont approximativement égales dans le boeuf. En outre l'épine est
46
RECHERCHES ANATOMIQUES SIH LES CAMÉLIDÉS
moins saillante, le plateau articulaire plus plat, la coulisse antérieure plus étroite que chez ce
dernier.
Chameau.
Dimension transversale maximum
de l'extrémité supérieure . . 123 millimètres.
Dimension antéro-postérieure maxi-
mum de l'extrémité supérieure. 103 —
Bœuf.
iC5 millimètres.
103 —
Le bord externe du tibia des Gainéliens est très mince à la partie supérieure, presque
tranchant. La face postérieure est remarquablement plane et lisse; seule la ligne du poplité s'y
dessine, encore avec peu de vigueur. Le trou nourricier, situé à
l'endroit ordinaire, est précédé d'une large gouttière. L'e.xtrémité
inférieure est surmontée en avant d'une dépression qu'on n'observe
pas chez les Bovidés; elle porte une surface articulaire semblable
à celle du bœuf mais plus large, surtout dans la partie qui répond
à l'os malléolaire. La tubérosité antérieure de l'extrémité supé-
2f\ lieure est remarquablement comprimée dans le sens latéral et
excavée en dedans comme en dehors.
Pied. — A. Tarse (flg. 23). — Contrairement à ce que
l'on observe dans la généralité des Ruminants, le tarse des Camé-
liens ne présente pas de soudure entre le cuboïde et le scaphoïde ;
on trouve donc :
1 Calcanéum. 2 astragale.
4 scaphoide.
5 ffrand cunéiforme, 6
3 Cuboïde.
letit cunéiforme.
FiG. 'Z3. — Face dorsale
DU TARSE
. colcanéum ; 2. surface articu-
laire répondant à Tos malléo-
iaire ; 3, astragale ; 4, fosse
sous-trochlèenne; 5, surface arli-
culaire inféiieure; li, apophyse
latérale; 7, cnltoïde; 8. sca-
phoide; 9, grand cunéiforme;
10. petit cunéiforme; 11, 12 mé-
taiarsieiis soutlés en os canon.
Le calcanéum du chameau ressemble beaucoup à celui du
bœuf; mais il est plus épais; il présente une forte tubérosité en
bas de son bord postérieur et son condyle externe, pour répondre
à l'os malléolaire, est au moins deux fois plus volumineux ainsi
que la partie sous-jacente. Cet os n'est pas apointi à l'extrémité
inférieure comme il l'est chez le bœuf.
Longueur totale i47 millimètres.
Longueur au-dessus de l'astragale, c'est-à-dire du bec au sommet 95 —
U astragale se distingue : par une pointe de saface externe qui surmonte le conduit calcanéo-
astragalien, par la lèvre externe de sa trochlée inférieure qui se déprime légèrement et
ébauche une deuxième trochlée, par l'excavation profonde que présente à sa base la poulie
du tibia.
Le cuhoïde est libre et très développé, avec un prolongement tubéreux qui proémine en
arrière du tarse. L'épaisseur maximum de cet os est de 35 à 40 millimètres dans le chameau,
de 20 à 25 millimètres seulement dans le bœuf.
Le scaphoïde est relativement peu développé dans le sens transversal ; sa pointe posté-
rieure est beaucoup moins saillante que dans le bœuf.
CHAMEAU A DEUX BOSSES 47
Le grand cunéiforme ou cunéiforme externe n'offre rien de particulier.
he j^^m cunéiforme est assez volumineux.
B. Métatarse. — Le métatarse ne dépasse pas le métacarpe, en longueui", de plus de
1 centimètre à l*"" 1/2; mais il est notablement plus étroit; nous avons trouvé :
Longueur 0"3i2; largeur au milieu, dans le sens transversal 0™033; épaisseur, dans le
sens antéro-postérieur, à la partie moyenne O^OSG.
La face postérieure est moins concave ; les reliefs rugueux qui la bordent descendent plus
bas et ne sont pas sur le même plan, l'externe étant plus proéminent que l'interne. La
surface articulaire supérieure est surmontée en arrière d'une pointe plus saillante que dans le
bœuf mais non perforée à la base; elle est divisée, par une vaste fossette d'insertion, en deux
parties qui sont à peu près de niveau; l'une i-épondant au cuboïde, l'autre aux deux
cunéiformes. L'échancrure interarticulaire inférieure est beaucoup plus étroite qu'au méta-
carpe ; souvent son fond s'isole en un conduit perforant comme il en existe chez les autres Rumi-
nants; les surfaces articulaires qu'elle sépare sont elles-mêmes moins larges qu'au membre
antérieur (42 : 48 millimètres) ; en outre ces surfaces ne sont pas exactement en ligne :
l'externe dépasse l'autre en avant ; les deux grands métatarsiens, soudés en os canon, semblent
avoir éprouvé une sorte de distorsion qu'on n'observe pas au métacarpe. Ajoutons que les
trous nourriciers sont situés sur la face postérieure comme au métacarpe, mais placés l'un au-
dessus de l'autre au lieu d'être l'un à côté de l'autre; il est bon de remarquer enfin que le sillon
médian vasculaire de la face antérieure, sillon si marqué chez le bœuf, est à peu près effacé.
C. Phalanges. — Les phalanges du pied, au moins les deux premières, se distinguent
de celles de la main par leurs moindres dimensions, ainsi qu'en témoignent les mensurations
suivantes :
Premières phalanges. Deuxièmes phalanges.
Longueur.
'"
Largeur.
Longueur.
Largeur.
Main.
97 millimètres.
26 millimètres.
63 millimètres.
32 millimètres
Pied.
86 —
24,5 —
59 —
28 —
Quanta la forme, elle est sensiblement la même.
La même observation est à faire en ce qui concerne les sésamoïdes.
ARTICULATIONS
Nous allons passer les articulations en revue et signaler les principales diffé-
rences qu'elles présentent, comparativement à celles du bœuf, au point de vue sjndes-
mologique.
ARTICULATIONS DU UACIIIS
Le ligament surépineux est à signaler tout particulièrement; il est formé de tissu jaune
élastique dans la plus grande partie de sa longueur ; de telle sorte que la portion dite cervicale
s'étend depuis la tête jusqu'aux lombes. Ce ligament cervical offre un énorme développement
et l'emporte de beaucoup sur celui du bœuf ou du cheval (fig. 24); il est composé de deux
AS
UKCHERGHES ANATOMIQUES SUli I.l'S CAMÉLIDÉS
moitiés latérales qui se confondent postérieurement on un ligament surépineux lombaire
simple et progressivement inextensible. Au niveau du garrot, ces deux moitiés se rabattent
de part et d'autre du sommet des apophyses épineuses et recouvrent complètement les
muscles longs épineux ; elles s'étendent même à l'état d'une mince lame par-dessus le trans-
versaire du cou, le long dorsal et l'intercostal commun, jusqu'à la surface des muscles inter-
costaux externes. Dans la région du cou, elles sont directement adossées, et accolées par du
tissu conjonctif; elles forment : 1° un funicule gros comme le bras qui suit le bord supé-
FiG. :i4. — Ligament cervical et muscles profonds du cou.
1, ligament cervical: 2. iiieniln'aue élastique médiane auxiliaire du ligament cervical; 3, niullifide du racliis; 4. intertraus-
Tersaires du cou: 5. scalene infeiieur; L', scalene supérieur; û", scalène supracuslal (inconstant); (i, trachelo-alloidien;
7, grand droit antérieur de la tête; !<, insertion du petit coniplexus de l'atlas; 9, grand oblique de la tète; 10. grand
droit postérieur de la tète; U, petit oblique de la tête; 12, insertion du grand complexus; 13, sus-coslaux ; 14, trans-
versal des côtes; 15, intercostaux externes; 16, artère axillaire: 17, veine axillaire: 18, plexus brachial.
rieur du cou (corde du ligament cervical) et vient s'insérer derrière la protubérance
occipitale externe; 2" une lame qui s'enclave entre les muscles cervicaux supérieurs de l'un
et de l'autre côté et se termine par autant de languettes sur les apophyses épineuses des 2%
3% 4% 5>-' et & vertèbres.
En bas du cou, l'espace laissé libre entre le dernier feston et les deux premières apophyses
épineuses dorsales est occupé par une autre lame élastique très forte, se distinguant nettement
(le celle du ligament cervical en ce qu'elle est tout à fait médiane et non dédoublée; elle
s'insère d'une part' sur les apophyses spineuses dorsales précitées, d'autre pai't sur les deux
dernières apophyses épineuses cervicales ; elle s'engage dans une certaine étendue entre les
lieux moitiés du ligament cervical. Cette production élastique auxiliaire du ligament cervical
fait défaut dans les Solipèdes, mais on la trouve à des degrés divers de développement dans
la plupart des ruminants, sinon dans tous.
Les disques intervertébraux du cou atteignent une épaisseur de 3 à 4 centimètres et
contribuent à l'extrême mobilité de cette région ; tandis que ceux du dos et des lombes ne
dépassent pas en mo^'enne 1/2 centimètre; comme, d'autre part, les surfaces articulaires
CHAMEAU A DEUX BOSSES
49
qu'ils réunissent sont plus ou moins planiformes, il s'ensuit une très grande solidité mais très
peu de mobilité et de souplesse.
C'est tout ce que nous avons à dire des articulations du rachis; pour le reste, elles
ressemblent exactement à celles du bœuf.
ARTICULATIOJNS DE LA TETE
Grâce à la disposition des surfaces articulaires, que nous avons déjà fait connaître, l'arti-
culation occipito-atloïdienne permet des mouvements plus libres, plus étendus, plus variés
que dans tout autre ruminant.
L'articulation temporo-raaxillaire est elle-même très mobile, soit en raison de la laxité
de sa capsule, soit en raison du jeu des surfaces emboîtées.
Pour ce qui est des satures de la tète et des articulations de l'hyoïde, nous renvoyons
à ce que nous en avons dit en ostéologie.
ARTICULATIONS DU MEMBRE THORACIQUE
Articulation de l'épaule. — L'articulation de l'épaule se fait remarquer par l'em-
boîtement très peu profond des surfaces articulaires et par l'extrême
laxité de la capsule qui les unit ; le tendon volumineux du biceps
glissant dans la coulisse bicipitale est son principal moyen d'assujet-
tissement. L'angle scapulo-huméral est très ouvert ; la tète humé-
raie tend à se mettre dans l'axe de l'os.
Articulation du coude. — L'articulation du coude se distingue
l>ar la profondeur delà trochlée humérale et par l'ankylose complète
des deux pièces formant la surface antibrachiale. Le ligament latéral
externe est court, fort, élargi inférieurement; il lance des fibres
arciformes sur le cubitus, lesquelles forment une coulisse pour le
passage du muscle cubital externe. Le ligament latéral interne est
mince, triangulaire, inséré par son sommet sur l'humérus, épanoui
inférieurement sur le radius et jusque sur le cubitus grâce à ses
fibres arciformes postérieures; il ne lance pas de faisceau par-dessus
le tendon du brachial antérieur, comme on l'observe chez les autres
ruminants et les solipèdes (faisceau plus ou moins incrusté de fibres
musculaires et représentant un rond pronateur dégénéré). Ces deux
ligaments latéraux sont réunis par un ligament membraneux fermant
l'articulation antérieurement; leui's fibres arciformes qui se portent
au cubitus figurent évidemment un vestige du ligament annulaire que
l'on observe dans les espèces pourvues d'une trochoïde radio-cubitale.
Articulations carpiexnes. — Les articulations carpiennes, dites articulations du genou
chez les quadrupèdes, sont remarquables à la laxité de leurs ligaments, permettant des mouve-
ments de côté plus étendus que dans les autres ruminants. Les ligaments latéraux communs
Abcii. Mus. — t. VIII. 7
FiG. 25. — Articulation
DU CARPE, FACE PALMAIRE.
), radius; 2, cubitus; 3, atta-
che du cubital externe sur
le pisiforme; 4. ligament
cubito-sus-car[iien; 5, liga-
ment metacarpo-sus-carpien:
6, ligament collatéral inter-
ne ; 7, suspenseur ilu boulet ;
8, 8, insertions de trajet du
perfore ;. 9, \K section de
l'arcade carpienne soudée au
perforé.
50 RECnEUCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
sont très forts, l'interne plus mince et plus large que l'externe. Le ligament commun posté-
rieur est peu épais, non prolongé par une bride carpienne; celle-ci fait complètement défaut.
Lorsqu'on enlève le ligament commun postérieur, on découvre l'origine du suspenseur du
boulet qui ne se fait pas seulement sur l'os canon et sur les os de la deuxième rangée car-
pienne, mais, en outre sur le pisiforrae et sur le radius, comme le montre la figure 25 .
Remarquons encore le volumineux ligament qui, du pisiforme, se porte à l'os externe de la
deuxième rangée et au métacarpe, ainsi que le court funicule qui réunit le pisiforme à l'extré-
mité inférieure du cubitus, au-dessus d'un cul-de-sac externe de la synoviale radio-carpienne.
Le ligament membraneux antérieur, ainsi que les divers ligaments intrinsèques, n'offrent
rien de particulier, non plus que la manière dont s'accomplissent les mouvements; par consé-
quent, il est à peine utile de dire que, dans la flexion, ce sont les interlignes radio-carpien et
carpo-carpien qui s'entr'ouvrent, tandis que la deuxième rangée du carpe reste à peu près
fixe sur le métacarpe.
Articulations métacarpo-phalangiennes. — Les articulations métacarpo-phalan-
giennes ou du boulet présentent, quant aux surfaces articulaires, des particularités que nous
avons déjà fait connaître. Sauf le ligament suspenseur du boulet, tous les ligaments sont en
double, et il y a vraiment ici deux articulations juxtaposées côte à côte mais non confondues;
on compte pour chacune : un ligament intersésamoïdien, deux ligaments sésamoïdiens laté-
raux, trois couches de ligaments sésamoïdiens inférieurs, une capsule antérieure, deux
ligaments latéraux, enfin l'une des branches de la bifurcation terminale du suspenseur.
Le ligament intersésamoïdien unit les sésamoïdes de chaque paire, et les encroûte d'une
couche flbro-cartilagineuse qui fait coulisse pour les tendons fléchisseurs; il fait continuité
insensible au suspenseur du boulet.
Les ligaments sésamoïdiens latéraux se portent, de chaque coté, de la paire sésamoïdienne
envisagée aux extrémités de la première phalange correspondante (fig. 26.7).
■ Les ligaments sésamoïdiens inférieurs, bien que relégués à la partie supérieure de la
première phalange, n'en forment pas moins trois couches distinctes : en couche superficielle,
on voit deux gros funicules réunis inférieurement en forme de V(fig. 26, (J); en couche moyen-
ne, quatre bandelettes se joignant en M (flg.27,3); enfin, en couche profonde, deux autres
bandelettes très faibles, croisées en X et rappelant exactement le ligament sésamoïdien
inférieur profond des solipèdes (fig. 27,4).
La capsule antérieure n'offre rien de particulier, si ce n'est qu'elle est plus ou moins
confondue avec le tendon de l'extenseur propre du doigt correspondant (fig. 28).
Les ligaments latéraux sont l'un excentrique, le plus fort, l'autre concentrique, situé
au fond de l'interstice digité.
Quant au ligament suspenseur, il résulte, comme on sait, de la transformation fibreuse
des deux muscles interosseux des métacarpiens III et IV. qui ont fait coalescence comme ces
derniers, et cette transformation est plus complète que dans aucun autre ruminant, car il
nous a été impossible de trouver la moindre trace de fibres musculaires dans la constitution
de cet organe. C'est une corde aplatie, extrêmement forte et résistante, appliquée sur la face
postérieure de l'os canon, couverte par les tendons fléchisseurs des phalanges, excavée en
gouttière sur sa face postérieure, prenant naissance, comme il a été dit plus haut, sur l'extré-
mité supérieure de l'os du canon, sur les os de la deuxième rangée carpienne. sur le pisiforme
CHAMEAU A DEUX BOSSES
51
et jusque sur le radius, se divisant inférieurement en deux branches qui s'insèrent sur les
deux paires de sésamoides en se confondant avec les
ligaments intersésamoïdiens ; deux faisceaux se
détachent de ces branches terminales, du côté excen-
trique, et se portent obliquement en avant pour se
réunir aux tendons extenseurs propres des doigts.
Le suspenseur du boulet au membre antérieur
est au moins trois fois plus volumineux que les
tendons réunis du perforant et du perforé.
FiG. 26. — Articulations digitées, face palmaire.
i, suspenseur du boulet; 2, tendou perforant, renfle en
fuseau dans la coulisse sésamoidienne ; 3, nodule pré-
terminal du même tendon; 4, terminaison du même
tendon ; 5, tendon perforé ; 5', nodule préterrainal de
ce tendon : 6, ligaments sésamoïdiens inférieurs su-
perficiels; 7, ligaments sésamoïdiens latéraux.
FiG. 27. — Face postérieure d'une articulation
MÉTACARPO-PHALANGIENNE APRÈS ABLATION DES LI-
GAMENTS sésamoïdiens inférieurs superficiels.
1, suspenseur du boulet (l'une de ses deux branches);
2, ligaments sésamoïdiens latéraux : 3, 3, 3, ligaments
sésamoïdiens inférieurs moyens; 4, ligaments sésa
moîdieiiS inférieurs profonds.
FiG. 28. — Articulation et tendons uigites,
FACE dorsale.
1, tendon de l'extenseur commun des doigts; 2, branche
çhalangettienne; o. branche phalangiiiienne, ren-
torcée par le ligament 4 ; 5, extenseur propre du doigt
interne ; 6, son expansion articulaire; 7, la suile
du même tendon renforcée par le ligament 8 ; V
ligament rétractile de la 3' phalange ; 10, ligaments
latéraux de l'articulation des deux dernières pha-
langes.
FiG. 29. — Articulations et tendons digités,
vue latérale.
1, exienseur commun des doigts; 2. extenseur propre d'un
doigt; 3, sa bride de renforcement; 4, li^'ament col-
latéral du boulet ; ô, 6, brides d'attache latérales de
l'arcade sésamoidienne; 7. arcade sésanioîdienne ;
8, suspenseur du boulet; 9, tendons fléchisseurs;
10. terminaison du perforé; li, perforant; 12, liga-
ment latéral delà !■■■: articulation mterphalangienne;
13, ligament latéral de la 2» articulation interpha-
laugieuoe.
Articulations interpiialangiennes (fig. 26 à 29). — Les premières ai'ticulations
52 RECHEUCII1':S ANAÏOMIQUES SUR LES CAMELIDES
interphalangiennes présentent chacune deux ligaments latéraux, procédant de fossettes
qu'on observe de part et d'autre de l'extrémité inférieure de la première phalange, s'élargis-
sant inférieurement et se terminant sur la deuxième phalange, en se réunissant à l'insertion
du perforé. Cette articulation est en outre puissamment consolidée par les tendons exten-
seurs ou fléchisseurs qui s'attachent à la deuxième phalange.
La deuxième articulation interphalangienne ressemble beaucoup à la première ; on y
voit deux ligaments latéraux insérés d'une part dans les fossettes inférieures de la deuxième
phalange, d'autre part sur la phalangette, ligaments se réunissant l'un à l'autre en formant
une expansion qui coiffe les condyles postéro-latéraux de la deuxième phalange. On ne trouve
pas ici de petit sésamoïde. Signalons en outre un ligament antérieur élastique qui commu-
nique à l'ongle sa rétractitilité, ligament s'insérant d'une pari sur la face antérieure de la
deuxième phalange du côté interne, de l'autre sur l'éminence pyramidale de la troisième.
ARTlCULÂTlOiNS DU MEMBRE ABDOMINAL
Articulations du bassin, — L'articulation coxo-fémorale se distingue par son extrême
mobilité, mais elle est disposée essentiellement comme celle du bœuf, de même que l'articu-
lation sacro- iliaque.
Articulation fémoro-tibio-rotulienne. — L'articulation fémoro-tibio-rotulienne
permet des mouvements latéraux très marqués. Le ligament latéral externe fait défaut;
l'interne est petit. Le ligament rotulien est très fort mais simple. Le ménisque externe se
termine en arrière par deux cordons ligamenteux, dont l'un remonte au fémur et s'insère en
haut de l'échancrure intercondylienne. tandis que l'autre se jette sur le ménisque interne en
formant un pont sous lequel passe le ligament croisé postérieur. Quant aux autres ligaments
et aux synoviales ils n'offrent rien de particulier.
Articulations tarsiennes ou du jarret (flg. 30 à 32). — Les articulations tarsiennes
ou du jarret nous ont offert à leur périphérie les ligaments suivants :
a) Un ligament membraneux antérieur et un ligament membraneux postérieur n'ayant
rien de particulier.
b) Un ligament tarso-métatarsien postérieur très faible, prolongé par une bride qui se
dégage de dessous le tendon fléchisseur perforant, pour se jeter sur le tendon perforé, du côté
interne.
c) Deux ligaments latéraux externes, l'un superficiel, étendu de la malléole externe au
métatarse en prenant insertion chemin faisant sur le calcanéum et le cuboïde, l'autre profond,
obliquement dirigé de la malléole externe au calcanéum et couvrant l'os malléolaire.
6Z; Deux ligaments latéraux internes qui répètent à peu près exactement les précédents,
l'un superficiel couvrant la face interne du tarse depuis la malléole interne jusqu'au métatarse,
l'autre profond terminé sur l'astragale.
ej Un ligament astragalo-scaphoidien. inséré d'une part sur l'astragale en dessous de sa
poulie tibiale, d'autre part sur le scaphoide et le cuboïde.
fj Un ligament cuboido-scaphoïdo-métatarsien, unissant le métatarse aux os de la
deuxième rangée tarsienne.
CHAMEAU A DEUX BOSSES
53
g) Un ligament ealcanéo-metatarsien, extrêmement fort et divisé en deux couches super-
posées; la portion superficielle n'a pas moins de 1 centimètre d'épaisseur sur 2 de largeur;
elle se termine par deux branches entre lesquelles passe le tendon perforant, l'externe s'insère
sur la saillie postérieure du cuboïde en se confondant avec le suspenseur du boulet; l'interne
s'attache longuement sur le côté correspondant du métatarse (voy. fig. 50). Quant à la portion
profonde dudit ligament ealcanéo-metatarsien, elle est relativement mince et s'insère tout
le long du bord postérieur du calcanéum d'une part, sur le prolongement postérieur du
cuboïde d'autre part.
h) Lorsqu'on a enlevé le ligament tarso-niétatarsien postérieur et la bride tarsienne, on
Fis. 30. — Auticllations du tarse,
face antérieure, i.a capsule en-
LEVÉE.
i, tibia; 2, astragale; 3, os malléolaire ;
4, calcanéum ; 5, cuboïde ; 6, scaplioide ;
7, ligament collatéral externe super-
ficiel ; 7, ligament collatéral ext. pro-
fond; 8. ligament collatéral interne su-
perficiel; 8', ligament collatéral interne
profond; 9, ligament astragalo- sca-
phoidien; 10, ligament scapluiido-méla-
tarsien ; U. insertion du muscle fléchis-
seur du pied; 12, os canon.
FiG. 31.
- Articulations du tarse,
FACE externe.
1, tibia; 2, calcanéum; 3, métatarse;
4, long peronier; 5, court peronier ou
exienseur propre du doigt externe ;
Ij, bride d'assujettissement des tendons
précédents; 7, ligament collatéral ex-
terne superficiel; 8, ligament collaté-
ral externe profond ; 9. capsule anté-
rieure; 10, ligament ealcanéo-metatar-
sien; II. suspenseur du boulet.
FiG. 32. — Articulations du tarse,
FACE interne.
1, tibia; 2. calcanéum; 3, tendon du
long fléchisseur interne des phalanges ;
4, tendon du long fléchisseur externe
des phalanges; 5, bride d'assujettisse-
ment; 6, ligament collatéral interne
superficiel; 7, suspenseur du boulet;
8, os canon.
découvre très nettement l'origine du suspenseur du boulet, qui se fait par trois branches : une
externe faisant suite au ligament ealcanéo-metatarsien, une moyenne se détachant du sca-
phoïde, une interne procédant du métatarse et du petit cunéiforme. A sa partie supérieure, le
suspenseur du boulet est obliquement placé, de telle sorte que son bord externe est beau--
coup plus saillant que l'interne; il est en outre excavé en gouttière ainsi qu'au membre de
devant.
i) On voit enfin, sous le ligament tarso-métatarsien postérieur, un petitligament transverse
jeté de l'extrémité inférieure du calcanéum au scaphoïde.
Articulations digitées du membre postérieur. — Quant aux articulations digitées du
membre postérieur, elles répètent exactement celles du membre antérieur.
Si l'on jette un coup d'oeil d'ensemble sur les articulations îles chameaux, un constate
54 RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMELIDES
qu'en général les surfaces articulaires tendent à l'aplanissement et que les ligaments sont plus
ou moins relâchés ou élastiques. Exception faite pour les articulations des vertèbres dorsales
et lombaires, on peut dire que la plupart des autres jointures ont une mobilité extrême et
pour ainsi dire insolite.
De tous les grands quadrupèdes, ces animaux sont certainement les plus souples des
membres, de la tète et du cou; il n'en est pas dont le balancier cervico-céphalique soit plus
puissant.
MUSCLES
Dans ce chapitre, nous n'envisagerons que les muscles peaussiers et les muscles du
squelette, renvoyant, pour ce qui concerne les autres, aux chapitres traitant des appareils
divers dont ils font partie.
MUSCLES PEAUSSIERS
Nous distinguerons les peaussiers du tronc, du cou et de la tête.
Peaussier du tronc ou pannicule charnu. — Vallon écrit que les muscles
sous-cutanés sont beaucoup moins développés chez le dromadaire que chez le cheval et sur-
tout que chez le bœuf, de telle sorte que la peau adhère fortement aux parties sous-jacentes
à l'aide d'un tissu cellulaire court, dense, serré qui rend très difficile sa séparation, même par
l'insutïlation, après la mort. Les deux dromadaires et les trois chameaux de Bactriane que
nous avons disséqués ne présentaient pas trace de pannicule charnu ; l'absence de ce muscle
n'est donc pas l'apanage de l'homme parmi les mammifères.
Peaussier du cou ou platysma. — Le peaussier du cou part de l'extrémité
supérieure du sternum. Deux faisceaux divergents montent au devant de l'angle de l'épaule
et se perdent sur le mastoïdo-huméral ; le restant du muscle forme au devant de la trachée
une expansion épaisse qui réunit les deux sterno-mastoïdiens et vient se perdre dans la région
de l'auge. L'organe réapparaît sur les joues et se poursuit jusqu'aux commissures des lèvres
où il forme des risorius de Santorini relativement forts.
Peaussiers de la tête. — H y a lieu de distinguer : les peaussiers de la conque ou
muscles de l'oreille externe, les peaussiers de la région oculaire agissant sur les paupières et
le sourcil, enfin les peaussiers de la région du chanfrein agissant sur les narines, les lèvres
et les joues.
Les cartilages de l'oreille externe (conchinien, scutiforme et annulaire) sont disposés
essentiellement comme chez les Solipèdes ou les Carnivores; le scutiforme se fait remar-
quer toutefois par sa grande largeur. Quant aux muscles, on trouve en premier plan :
Un cervico-auricidaire superficiel procédant à la fois du ligament cervical et de la
protubérance occipitale et se terminant sur le bord postérieur de la conque ;
Un temporo-auriculaire externe îormé de trois portions qui, du cartilage scutiforme,
CHAMEAU A DEUX BOSSES
55
rayonnent l'une vers l'apophyse zygomatique, l'autre vers l'apophyse sus-orbitaire, la dernière
enfin vers la crête sagittale ;
Un zygomato 'auriculaire allant de l'apophyse zygomatique du temporal au côté externe
de la conque, en dessous de son entrée ;
Un parofido-auricuiaire disposé comme d'ordinaire mais petit.
En deuxième plan on trouve :
a) Deux muscles placés l'un au devant de l'autre, étendus de la crête sagittale à la
conque, dont l'un s'insère sur le bord postérieur de celle-ci, tandis que l'autre croise en dessous
FiG. 33.
EcORCHÉ DE l.A TÈTE ET DE LA PARTIE SLPÉRIEUUE DU COU.
1, labial; 2, releveur commun de l'aile du nez et de la lèvre supérieure; ?. et 4, canin et releveur propre de la lèvre supé-
rieure réunis; 5, lacrymal;*), bucciiiateur; 7, zygomatique; S, masséter; 8', sa couche profonde; 9, temporal: 10, débris
du temporo-auriculaire externe ; 11. orbiculaire des paupières; 12, risorius de Santorini ; 12', carré du menton;
13, glandes molaires inférieures; 14, parotide; 15, sous-maxillaire; 16, ligament cervical ; 17, grand complexus;
18, oblique supérieur de la tête; 19, oblique inférieur; 20, petit complexus de la tête; 21, petit complexus de l'atlas ;
22, Irachélo-atloïdien; 23, omo-liyoidien; 2-i, sterno-mastoidien ; 25, peaussier du cou (c'est par erreur qu'il a élé re-
présenté comme s'engageant sous romo-hyoidien, en réalité il se perd à sa surface); 26, sterno-thyroidien; /, jugulaire
superficielle ; /', veine faciale ; c, carotide.
son congénère et contourne le bord postérieur de la conque avant de s'insérer. De ces deux
muscles, le premier paraît équivaloir au teniporo-auricidaire interne de M. Ghauveau, le
second au cervico-auriculaire moyen du même auteur ;
h) Un scuto-auricidaire interne étendu comme d'ordinaire de la face interne du scutum
à la conque, mais simple. Je ne trouve aucune mention, dans mes notes de dissection, du
cervico-auriculaire profond ni du tympano-auriculaire.
Dans la région oculaire on observe :
Un orbiculaire des paupières n'oftrant rien de particulier ;
Un lacrymal plus développé encore que dans le bœuf, et venant se perdre sur le bucci-
nateur en passant en dessous du grand zygomatique ;
56 RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
Enfin un frontal très large, à gros faisceaux dissociés, qui donne à la peau du sourcil
une très grande mobilité.
Dans la région du chanfrein, on remarque que:
Le releceur commun de l'aile dit tiez et de la lèvre supérieure ou sus-naso-labial forme
une mince et vaste expansion qui s'unit au lacrymal et couvre complètement le canin, sans
être perforé par lui.
Le canin et le releceur propre de la lècre supérieure sont confondus, mais il est
manifeste que les fibres qui contournent la partie supérieure de la narine pour s'unir sur le
bout du nez à celles du côté opposé correspondent au releveur propre de la lèvre supérieure.
D'ailleurs, il s'agit là de deux muscles qui, dans les ruminants, les carnivores, les porcins, sont
toujours plus ou moins confondus.
Le grand zi/f/omatique, ou simplement le zygomatique, puisqu'il n'en existe qu'un, est
assez développé; il s'avance sur le masséter jusqu'au milieu de sa largeur, et se perd d'autre
part sur le buccinateur à une dizaine de centimètres de la commissure des lèvres.
Le buccinateur on alvéolo-labial forme une joue très ample et flasque pour permettre à la
bouche de s'ouvrir très largement; par contre il s'étend très peu sous le masséter. Il est
recouvert le long de son bord inférieur par des glandes molaires extrêmement développées ;
mais il ne fournit pas de muscle abaisseur à la lèvre inférieure; ce dernier ou maxillo-labial
fait complètement défaut. Le buccinateur présente ses deux couches ordinaires : la super-
ficielle est particulièrement développée et s'élève en dessous du canin jusque vers les os
du nez.
Le lahial ou orbiculaire des lèvres est relativement épais; par contre la houppe du
menton est très peu saillante et ses muscles rudimentaires.
En arrière de cette houppe charnue, on voit un petit muscle confondu d'autre part avec
le risorius de Santorini, muscle dont les fibres arciformes s'élèvent de la mandibule à la
commissure des lèvres : nous ne saurions dire si c'est le carré du menton ou le triangulaire
des lèvres.
Le dilatateur des narines ou transverse du bout du nez nous a paru manquer.
Quant au myrtiforme et au transverse du nez, nous ne trouvons rien dans nos notes à
leur sujet. Peut-être font-ils défaut comme dans les autres ruminants.
MUSCLES DES MACHOIRES
Ces muscles ont la puissance qu'ils offrent chez les Carnivores.
Le cro<a/3^2te notamment est extrêmement développé, comme la fosse temporale qui le
loge ; toutefois la partie antérieure de celle-ci est occupée par un volumineux coussinet adipeux
correspondant à la salière.
Le »îa5.se/«" ne s'avance pas beaucoup sur la branche horizontale du maxillaire inférieur;
il couvre à peine la dernière molaire et laisse le buccinateur presque complètement à découvert.
Les fibres de la couche superficielle sont fortement obliques de haut en bas et d'avant en arrière,
de manière à former une angle de 35 à 40 degrés avec le grand axe de la tête et à produire par
leur contraction la prop'.ilsion de la mâchoire autant que son rapprochement. Les fibres de la
CHAMEAU A Dl-UX BOSSES
57
couche profonde, que l'on voit à découvert sous l'articulation de la tempe, ne présentent pas
cette obliquité.
Le muscle ptèrygoïdieii est unique, car l'externe n'est pas distinct : c'est un masséter
interne très développé dont l'insertion fixe est très rapprochée de la ligne médiane, de telle
sorte que ses fibres sont fortement obliques de haut en bas et de dedans en dehors; elles le
sont aussi de haut en bas et d'avant en arrière et d'autant plus qu'elles sont plus postérieures.
C'est ainsi que ce muscle peut combiner la diduetion et la propulsion de la mandibule avec
son rapprochement.
IjQ digastrique ï\Q (ïiSère pas essentiellement de celui des autres ruminants; ses deux
ventres sont séparés par un éti-anglement mi-charnu, mi-tendineux, absolument libre par
rapport au stylo-hj'oïdien; le supérieur s'insère sur l'apophyse jugulaire ou paraniastoïde de
l'occipital; l'inférieur se termine à la face interne de la branche maxillaire à partir de l'angle
de la mâchoire jusqu'au voisinage de la symphyse. Sur un dromadaire, nous avons constaté
l'absence de tout étranglement sur son trajet et, conséquemment, de la forme qui lui a valu
son nom.
MUSCLES DE L.V RÉGIOA IlYOÏDIENiNE
Nous distrairons de cette région les muscles sous-hyoïdiens qui seront décrits dans la
région du cou et ceux qui appartiennent à la langue ou au pharynx, de telle sorte qu'il nous
reste à envisager ici : le mylo -hyoïdien, le génio-hyoïdien, le stylo-
hyoïdien, le kérato-hyoïdien, l'occipito-hj'oïdien et le transversal de
l'hyoïde. (A^oy. fig. 34 et 50.)
Les mylo-lnjoïdiens sont très minces et leur raphé d'union imper-
ceptible.
Fig. 34.
Muscles de la langue et de l'hyoïde.
1, apophyse lU^'uLiire ; 2, stylo-hyal : 3, céi-ato-hyal : k, apo-liyal ; 5, hasi-lival ; 6, uro-hyal ; 7, corps Ju maxillaire inférieur ;
di, digastrique ; sA, stylo-hyoïdien : mh, mylo"-liyoïJien ; gh, génio-hyoïdien ; gg, génio-glosse ; bg, basio-glosse ; «<?, stylo-
glosse; mi, couche des muscles intrinsèques; iniu muqueuse linguale ; o/i, occipito-livoïdien.
Les génio-hi/oïdi.eiis sont an contraire très développés, confondus l'un avec l'autre; à
défaut du prolongement lingual, ils étendent leur insertion postérieure sur presque toute
l'étendue de la corne thyroïdienne.
Le stylo-hyoïdien s'insère en haut à l'extrémité du stylo-hyal, croise en dedans le ventre
supérieur du digastrique, sans contracter le rapport de perforation que l'on constate dans les
Arch. Mus. — t. VIII. 8
58
HECIIERCIIES ANATOMIQUES STli LES CAMÉLIDÉS
M
'^^m
'S^i^
,«^ï;v
Primates et les Solipèdes, et se termine à l'extrémité de la grande corne de l'hyoïde ou corne
thyroïdienne.
Le kèrato-liyoïdien est un petit muscle triangulaire qui occupe
l'angle compris entre la grande et la petite corne de l'hyoïde et qui est
chargé de rapprocher celle-ci de celle-là. Il est complètement recou-
vert par le basio-glosse.
U occipito-hyoïdien s'étend de l'apophyse jugulaire de l'occipital à
l'extrémité supérieure du stylo-hyal; il est très épais et s'unit intime-
ment avec l'insertion fixe du digastrique.
Le transversal de V hyoïde est une petite haudolette impaire qui joint
l'extrémité des petites cornes et qui a pour fonction de les rapprocher
l'une de l'autre quand elles sont mobiles ; nous n'en parlons ici que pour
mémoire car nous ne trouvons rien dans nos notes au sujet de ce muscle.
Ajoutons, on terminant, que le transversal de l'hyoïde, l'occipito-
h^'oidien et le kérato-hyoïJicn font défaut dans l'homme.
MUSCLES DU COU
Nous distinguerons les muscles de la région trachélienne ou cer-
vicale antérieure, ceux de la région spinale ou cervicale postérieure,
et enfin les muscles juxta-vertébraux enveloppant immédiatement les
vertèbres cervicales de tous côtés.
M
jii-fj
fl
*i
Muscles de la rég-ion trachélienne (flg. 35). — Ce sont:
le sterno-thyroïdien, l'omo -hyoïdien, le sterno-mastoïdien et le mas-
toïdo-huméral, ce dernier croisant diagonalement l'axe du cou et
appartenant autant sinon plus à la région cervicale supérieure qu'à
l'inférieure.
he?, sterno-hyoïdiens manquent aux chameaux, ainsi que le disent
Cuvier et Meckel ; mais, au premier abord, on est tenté de prendre
pour tels la portion du platysma qui réunit les sterno- mastoïdiens au
devant de la trachée.
Les sfenw-thyroïdiens sont énormes, accolés l'un à l'autre dans
la plus grande partie de leur longueur et divisés en deux ventres par
un tendon médian de 10 à 1.5 centimètres; ils se terminent comme
d'ordinaire à l'angle inférieur des ailes du cartilage thyroïde.
Les omo-hyoïdiens sont, comme dans les autres ruminants, réduits
au ventre supérieur, c'est-à-dire que ces muscles sont localisés à la
partie supérieure du cou, s'insérant sur les apophyses transverses
de la 2™* et de la S""" cervicale, se joignant l'un à l'autre sous le larynx
et se terminant ensemble au corps de l'hyoïde. En croisant les sterno-
mastoïdiens, ils contractent avec eux une intime adhérence. Ces muscles sont beaucoup plus-
épais et plus larges que dans les autres ruminants.
FiG. 35. — Muscles de
LA RÉGION ANTÉRIEURE
DU COU.
1, 1, 1, apophyses traiisversf s
des vertèbres cervicales .
2, muscles interlransver-
saires ; 3, scaleiies: 4,&ter-
uo-mastoïdien ; 5, peaus-
sier du cou que, par suite
d'erreurs de dessin, on
prendrait plus volontiers
pour les sterno-liy-idiens ;
6, omo-liyoidiens; 7, mylo-
liyoïdien; 8, ganaches;
9, jugulaire externe.
CHAMKAU A DI-:n.\ BOSSES
59
Les sterno-mastoïdiens ou sterno-maxillaires sont deux très longs muscles cylindriques
légèrement aplatis, procédant de l'extrémité sternale en commun avec les sterno-thyroï-
diens et le peaussier du cou, montant de chaque côté de la trachée, daiis l'espèce de
gouttière profonde formée par les prolongements ventraux des apophyses transverses
cervicales et les énormes muscles intertransversaires qui les unissent, se terminant par un
tendon qui s'épanouit sous la parotide et s'insère soit à la portion refoulée du bord de la
mandibule, soit à l'apophyse mastoïde. Contrairement à ce que l'on observe dans les bœufs,
Fid. 36. — ECORCHÉ DE l'épaule et de la partie INFÉIIIEURE DD COLT.
1, trapèze; 2, ?, iiiasloido-liunieral ; ■!, omo-lrachélieu : i. scaléiie ; 5. 5, inlei'transversaires du cou; (5, sterno-inasloïdien ;
7, intersection tibreiise, vestij^e de clavicule: S, aiionevrose remplaçant le splénius ; 9^ lij^ament cervical; 10, i:raiui
complesus; 11, |ielit complexns de la léle; 12, petit coni plexus de l'atlas; 13, trachélo-atloidien ; 14, trochiter et ter-
rainaisou du sus-epineux ; 15, sous-épineux; Uy les deux portions du (.leitoïde scapulaire: 17, brachial ant. ; 18 vaste
externe du triceps brachial; 19. longue portion du triceps brachial; ïO, grand dorsal ; 21, pectoral ascendant ; 22, «ten-
seur antérieur du métacarpe; 23, extenseur aniérieur des phalanges; 24, exienseur latéral des phalanges ; 2ô, cubital
externe; 2Q^ ligament collatéral exlerne tlu coude.
les moutons, les chèvres, les mouflons, etc., ces muscles sont libres par rapport aux grands
droits antérieurs de la tète et ne prennent point d'attache sur l'apophyse basilaire.
heniastoïtlo-hidnèval des ruminants est constitué, en principe, par l'union bout à bout du
cléido-mastoidien et de la portion claviculaire du trapèze d'une part, avec la portion clavicu-
laire du deltoïde d'autre part; l'endroit de cette union est marqué par une intersection fibreuse
que l'on suit plus ou moins facilement soit vers l'angle de l'épaule, soit vers l'extrémité anté-
rieure du sternum, intersection qui n'est autre chose qu'un vestige de clavicule'. Le mastoïdo-
huméral des chameaux (fig. 3()) se distingue par l'absence complète de portion cléido- mastoï-
dienne; il est constitué purement et simplement par la portion claviculaire du trapèze et la por-
tion claviculaire du deltoïde, réunies au moyen d'une intersection fibreuse transversale. Il croise
' F. X. Lesbre, Essai de myologie comparée de l'homme et des mammifères domestiques, Lvun, iSU7.
60 UKCIIKKCIIKS AXATO.MIOUES SUR LES CAMÉLIDÉS
très obliquement la direction du cou, monte au-devant- de l'épaule en s'élargissant, se réunit
au trapèze scapulaire, et vient se perdre à quelque distance du bord supérieur du cou.ens'épa-
nouissant sur une aponévrose élastique. II s'insère d'autre part, en bas de la crête humérale,
avec le sterno-huméral ou pectoral descendant.
Ce muscle est donc cantonné au-devant de l'épaule et du bras, bien loin d'atteindre la
tête : disposition déjà signalée chez la girafe par MM, Joly et Lavocat. Il serait évidemment
préférable de l'appeler déro-brachial ou cervico-brachial.
Muscles de la rég-ion spinale du cou. — Il y a : le trapèze scapulaire, l'omo-
trachélien, le rhomboïde, l'angulaire de l'omoplate, pas de splénius, le grand complexus, le
petit complexus, le transversaire du cou.
Sous le nom de trapèze, on ne désigne, chez les quadrupèdes, que le trapèze scapulaire,
vu que le trapèze claviculaire entre dans la constitution du niastoïdo-huméral, quand il ne
s'atrophie pas complètement. Ainsi compris, le trapèze des chameaux présente une portion
postérieure ou dorsale remarquablement développée et une portion antérieure ou cervicale
beaucoup plus mince, réunie au mastoïde humerai ; il étend son insertion mobile sur presque
toute la longueur de l'épine acromienne. Ce muscle est doublé d'une lame élastique sur sa
face interne.
\Jomo-trachèlie)i. ou transrerse de l'épaule est petit, en forme de long triangle croisant
la face interne du mastoïdo-huméral, et s'insérant, d'une part, sur l'apophyse transverse de la
i'f cervicale par une pointe tendineuse, d'autre part, sur l'acromion; il traverse, suivant
la règle, l'angle de disjonction du trapèze scapulaire et du trapèze claviculaire.
IjQ rhomboïde s& confond sous l'épaule avec l'angulaire de l'omoplate ; il est appliqué
sur le ligament cervical, très large à ce niveau et rabattu sur le muscle long épineux ainsi que
nous l'avons déjà dit. Sa portion cervicale forme une pointe assez courte ; il est à peu près
cantonné à la partie supérieure de l'épaule. La particularité la plus remarquable de ce muscle
consiste en un clivage de sa partie postérieure, d'où résulte un nouveau muscle qui passe
par-dessus le cartilage du scapulum, pour venir s'attacher à la face externe vers l'angle dorsal
de l'os, et que nous avons proposé d'appeler rhomboïde supra-scapulaire (voy. tig. 39).
\J angulaire de l'omoplate est étroit, mais très épais à son insertion scapulaire; il s'unit
au grand dentelé et semble ne former qu'un avec lui. Ils s'insèrent ensemble à la face interne
du scapulum et même de son cartilage de prolongement en se confondant avec le rhomboïde.
L'angulaire se termine par deux languettes aponévrotiques sur les deux dernières apophyses
transverses cervicales.
« Si le splénius existe dans le chameau, dit Cuvier, il est si faible qu'il échappe souvent
à la dissection. » D'après Meckel, il n'y aurait que le spjlénius du cou qui ferait défaut, celui de
la tête existerait à l'état d'une bande charnue, mince et grêle, confondue en bas avec le
grand complexus. La vérité est que le splénius manque absolument chez les deux espèces
de chameaux; à sa place, on voit une aponévrose étendue sur le transversaire du cou et les
complexus, depuis le bord supérieur du cou jusqu'aux apophyses transverses, aponévose
qui s'insinue d'une part suus le rhomboïde et le ligament cervical, pour se confondre avec celle
du long dorsal, et qui d'autre part s'amincit progressivement du côté de la tèle.
Le grand complexus est très développé, mais indivis; toutefois son bord supérieur, très
cil AMI' AU A DEUX BOSSES 61
épais, forme une sorte de renflement qui l'eprésente certainement le digastrique du cou do
riiomme. Ce renflement présentait sur l'un de nos sujets (un dromadaire) trois intersections
tendineuses, tandis que sur les autres nous n'avons pas noté trace de métamérisation. Le
restant du muscle s'amincit progressivement jusqu'aux insertions vertébrales, et est formé de
faisceaux obliquement ascendants qui viennent se joindre aux faisceaux longitudinaux du bord
supérieur. Le grand complexus s'introduit en arrière dans l'angle du long dorsal et du long
épineux où il s'insère sur les 4 ou 5 premières apophyses transverses dorsales; il s'insère
aussi sur la série des apophyses articulaires des vertèbres cervicales; il se termine comme
d'ordinaire derrière la protubérance occipitale externe qui lui forme un bras de levier puis-
sant.
Le 'petil. complexus est double comme dans la plupart des mammifères, les ruminants et
les solipèdes notamment, c'est-à-dire qu'il y a un petit complexus mastoïdien et un petit
complexus atloïdien plus ou moins accolés l'un à l'autre, s'insérant sur la série des apophyses
articulaires cervicales et se terminantl'un sur l'apophyse mastoïde, l'autre sur l'aile de l'atlas,
chacun par un tendon. Ces deux muscles s'atténuent en p(jinte en bas du cou : celui de l'atlas
s'étire jusqu'à la 7" vertèl)re, l'autre s'arrête à la 5' ou à la 0".
IjC traiisversaire du cou est constitué comme d'ordinaire par des faisceaux chevauchants
se portant d'une apophyse transverse à une autre en sautant plusieurs vertèbres, faisceaux
tendineux à leur bord supérieur et à leur extrémité antérieure. Il s'insère postérieurement
sur les trois ou quatre premières apophyses transverses dorsales en s'insinuant avec le grand
complexus dans l'angle de séparation du long épineux et du long dort;al; d'autre pai't, il se
termine sur les apophyses transverses des quatre ou cinq dernières cervicales.
Il ne faut pas confondre le transversaire du cou avec le cervical ascendant ou transver-
saire grêle de Winslow ; ce dernier, qui fait prolongement au sacro-lombaire, fait défliut dans
les caméliens, tandis qu'on le trouve dans tous les autres mammifères domestiques.
Muscles juxta-vertébraux du cou. — Ce sont les interépineux, les droits posté-
rieurs de la tête, le multifide, les intertransversaires, les scalènes, le long du cou, le grand
droit antérieur de la tête, le petit droit antérieur de la tète, le grand oblique et le petit
oblique de la tête, sans compter le long épineux qui s'avance sous le grand complexus jusqu'à
la 5° apophyse épineuse cervicale, mais que nous étudierons dans la région spinale du dos et
des lombes.
Les interèpineux du cou ne sont pas distincts ; ils sont confondus soit avec l'extré-
mité du long épineux, soit avec le multifide.
Le grand droit postérieur et le petit droit p)ostèrleur, sortes de muscles interépineux
qui vont de l'occipital à l'axis ou de l'occipital à l'atlas, n'ofl"rent rien de particulier relative-
ment aux autres ruminants; c'est dire que le grand droit est indivis.
Le multifide ou transversaire épineux du cou est formé de quatre faisceaux chevau-
chants, volumineux, qui vont chacun d'une apophyse épineuse aux apophyses articulaires
des deux vertèbres suivantes, le premier partant de l'axis, le dernier se prolongeant sur les
deux premières apophyses trans verses dorsales.
Les iniertransoersaires sont certainement les plus puissants des muscles du cou ; d'ail-
leurs, leur développement est proportionnel à celui des apophyses dont ils comblent les inter-
62
Rl-X'-HERCIIKS AXATOMIQUKS Sl'H LKS CAMÉLIDÉS
valles; ils apparaissent à découvert dès qu'on a enlevé la peau. On décrit chez l'homme deux
intertransversaires par espace intervertébral, entre lesquels sortent les nerfs cervicaux:
l'un dorsal, l'autre ventral. Dans les chameaux, on distingue en outre des intertransversaires
obliques.
Les intertransversaires ventraux ou .-intérieurs vont d'un prolongement costellaire à
l'autre, en formant un bourrelet de cinq ou six centimètres d'épaisseur qui encadre lalérale-
ment la gouttière où se trouvent logés la trachée, l'œsophage et leurs muscles satellites.
Les intertransversaires dorsaux ou postérieurs réunissent les cuspides dorsaux des
apophyses transverses en laissant avec les précédents l'interstice de sortie des nerfs cervicaux.
FiG. 37. — Ligament cervical et muscles profonds du cou.
1, ligament cervical; 2. membrane élastique médiane, auxiliaire du ligament cervical; 3. multifide du rachis;4, intertrans-
versaires du cou; 5, scalene inférieur; 5', sralene supérieur; 5". scaléiie supracostnl (inconstant); 6, trachélo-ailoïdien;
7, grand droit antérieur de la télé; 8, insertion du |ietil complexus de l'atlas; '.1, grand oblique de la tète; 10, srand
droit postérieur de la léte; 11, petit oblique de la tète; 12. insertion du grand compleius; IS, sus-costaux; 14, trans-
versal des cotes; 15, inteicoslaux externes; 16, artère axillaire; 17, veine axillaire; IS, plexus brachial.
Quant aux intertransversaires obliques, ils vont chacun d'un prolongement costellaire
au euspide dorsal de la deuxième vertèbre précédente, en prenant des attaches profondes sur
l'apophyse transverse qu'ils sautent. Ce sont donc des longs intertransversaires.
Signalons enfin l'existence d'une bride aponévrotique tendue, qui va d'un euspide à l'autre
de chaque apophyse transverse.
Les scalcnes sont au nombre de deux, de chaque côté, l'un s'arrètant à la première côte
et ressemblant d'une manière frappante à un intertransversaire, l'autre, tout petit et incon-
stant, franchissant la i" côteets'étendant jusqu'à la 2^ Nous avons proposé de les dénommer
respectivement scalène primocostal, scalêne swpracostal^ . Le sealène primocostal se com-
pose, à l'instar d'un intertransversaire du cou : d'une portion dorsale qui va de l'extrémité
proximale de la l'"*côte aux apophyses transverses de la 7^ et de la 6° cervicale: d'une por-
Arloing et Lesbro, Projet de réforme de la nomenclature myologique vétérinaire, Lyon, 1899.
CHAMEAU A DEUX BOSSES 63
tion ventrale séparée de la précédente par l'interstice du plexus brachial et allant de la
l" côte au prolongement costellaire de la O" cervicale ; entin d'une portion obliquement ascen-
dante qui s'étend de la l"côte au cuspide dorsal de l'apophyse transverse de la 5* cervicale
en prenant insertion, chemin faisant, sur celui de la (')'. Le scalène supracostal est un petit
muscle rudimentaire qui nous a paru manquer souvent ; il prend naissance par une pointe
tendineuse sur l'apophyse transverse de la 7° vertèbre, croise le plexus brachial par-dessus,
c'est-à-dire du côté dorsal, et s'étend, comme nous l'avons dit déjà, jusqu'au bord antérieur
de la 2'' côte.
Les deux muscles longs du cou sont en contact intime l'un avec l'autre, la crête médiane
des corps vertébraux étant nulle ou très peu prononcée ; ils se prolongent sous les trois ou
quatre premières vertèbres dorsales. Ils sont très épais, très puissants, mais ne présentent rien
de particulier dans leur constitution et leur mode d'insertion.
IjQ grand droit antérieur de la /c'te est relativement faible ; il procède des prolongements
costellaires des 3* et 4' apophyses transverses, et se termine à la base du crâne à l'endroit
ordinaire; nous avons trouvé une fois une intersection fibreuse vers le milieu de sa longueur.
M. Chauveau a rattaché à cet organe, sous le nom de trachèlo-atloïdiea, un muscle qui
s'insère avec lui sur les apophyses costellaires de quelques vertèbres cervicales à partir de
la 3", et se termine d'autre part à l'aile de l'atlas en commun avec le petit complexus de
cette vertèbre, muscle qui fait défaut dans les Solipèdes, mais que l'on trouve dans tous les
ruminants ainsi que dans le porc, les carnivores. Il s'agit là évidemment d'un muscle long
intertransversaire, mais comme il affecte un développement tout particulier, il n'est pas
inutile de le décrire à part et sous un nom spécial. Dans les chameaux, il ne dépasse pas la
3' apophyse transverse cervicale; tandis que dans d'autres espèces il s'étend jusqu'à la 5° ou
même la 6''.
Le j)etit droit antérieur de la tête est très fort.
he petit droit latéral n'offre rien de particulier.
Les obliques de la tête sont très allongés, surtout l'inférieur.
REGION SPINALE DU DOS ET DES LOMBES
Nous mentionnerons ici : le grand dorsal, les petits dentelés, le long dorsal, le long
épineux, le long intercostal ou sacro-lombaire, le multifîde, les interépineux, les intertrans-
versaires et les sus-costaux.
Le grand dorsal présente un extrême développement, il se joint inférieurement au
pectoral ascendant, et monte, d'autre part, jusqu'au garrot, en s'insinuant sous le trapèze
dorsal et en couvrant la partie supéro-postérieure de l'épaule.
Son aponévrose se détache suivant une ligne qui irait de la partie supérieure de la
il" côte à la partie inférieure delà 1)\ Entre ce muscle et l'aponévrose qui revêt le long dorsal,
on remarque une très vaste bourse séreuse, située à quelque distance en arrière de l'angle
dorsal du scapulum. En outre, j'ai noté sur un sujet l'existence d'un faisceau pâle, se détachant
de la partie inférieure du grand dorsal et se jetant sur le bord postérieur de la longue portion
du triceps brachial, où il se perdait avant d'atteindre l'olécrâne. Ce faisceau me paraît équiva-
64
UKCIIKUCIIKS ANATU.MKiLKS SUR LES CAMÉLIDKS
lent du dorso-épitrochléen de l'homme ou de l'annexe du grand dorsal de MM. Ghauveau
et Arloing.
Le petit dentelé antérieur ou petit dentelé inspirateur (dentelé postérieur et supérieur
chez l'homme) fait complètement défaut dans le chameau. Il est d'ailleurs à l'état rudimen-
taire dans les autres ruminants : hœufs, moutons, chèvres, mouflons.
Le petit dentelé postérieur ou expirateur (dentelé postérieur inférieur de l'homme)
s'attache sur les quatre dernières côtes par autant de dentelures entrecoupées de lames tendi-
neuses ; la première et même les deux premières sont susceptibles de manquer.
Le lonfj dorsal est fortement tendineux surtout au niveau de la masse commune; il
procède de la face interne de l'ilium vers son angle interne, du ligament sacro-iliaque et de la
série des apophyses épineuses lombaires. De ces divers points, ses fibres se portent oblique-
FiG. 33. — Muscles profonds du garrot lt de i.a base du cou.
1, intercostal commun; 2. lon^ dorsal; 3, 3', long épineux du dos; 4, long épineux du cou ; 5, grana complesus;6, petit
complexus; 7, transversaire du cou; 8, scalene inférieur; 'J, scaleiie supérieur; 10. interstice du plexus hracliiiil ;
U. scalene supracostal {incunsiaut) ; 12, intet-transversaire du cou; 13, ligament cervical soulevé au niveau du garrot.
ment en avant et en dehors, pour se terminer comme d'habitude sur les apophyses articulaires
et trans verses des vertèbres lombaires, sur les apophyses trans verses dorsales et sur la partie
supérieure des côtes. Ce muscle s'épuise ainsi successivement et se termine par une pointe
effilée qui atteint avec peine la première apophyse transverse dorsale, en sorte qu'il ne donne
rien aux premières côtes.
Le lonfi épineu.r, épineux ou épi-épineux, est très développé, mais il ne se sépare du
long dorsal que vers le milieu du dos. Il se divise très nettement en un long épineux du dos
et un long épineux du cou. Le premier s'étend des dernières apophyses épineuses et trans-
verses dorsales et des premières apophyses épineuses et articulaires lombaires au sommet des
longues apophyses épineuses du garrot, couvert en grande partie parle ligament cervical qui
se rabat sur lui. Le second prend naissance sur les apoplyses épineuses du garrot, en passant
sous la terminaison du précédent, et va se terminer aux apophyses épineuses et articulaires des
trois dernières cervicales.
IJ intercostal commun, long intercostal, sacro-lombaire de l'homme, ne sort pas de la
CHAMEAU A DEUX BOSSES 65
masse commune; son faisceau le plus postérieur se détache de l'extrémité de la l'" ou de la
2'' apophyse transverse lombaire. De même, il ne se prolonge pas sur le cou par un cervical
ascendant ; le faisceau le plus antérieur s'arrête à l'apophyse transverse de la dernière
cervicale. Les divers faisceaux successifs et chevauchants de ce muscle sont longs, volumineux
et fortement tendineux comme dans le bœuf.
Les demi-èpineux du dos et du cou n'étant pas distincts, non plus que dans les autres
mammifères domestiques, le transi- ersaire épineux du dos et des lombes se trouve réduit à
l'état de multifide, ainsi que le transversaire épineux du cou.
Le inidtifide du dos et des lombes est relativement peu développé; il ne couvre com-
plètement que les apophj-ses épineuses lombaires, tandis qu'il laisse les apophyses épineuses
dorsales en grande partie à découvert. Aux lombes il est revêtu d'une forte aponévrose.
Dans la région dorso-lombaire du chameau, on remarque des interèpineux bien
développés comme chez le bœuf.
Quant aux intertransversaires de cette région, nous n'en avons pas noté d'autres que
ceux qui remplissent les intervalles que les apophyses costiformes lombaires forment entre
elles ou avec la dernière côte ou encore avec les masses latérales du sacrum.
Les SHS-costaitx ne présentent rien de particulier.
MUSCLES DE LA QUEUE
Je relève dans mes notes que la queue du chameau ne présente distinctement que
quatre muscles sacro-coccygiens : deux supérieurs et deux inférieurs, ceux-ci beaucoup
moins volumineux que ceux-là. Chacun des sacro-coccygiens supérieurs équivaut évidem-
ment à un sacro-coce^'gien supérieur et à un sacro-coccygien latéral réunis. L'extrême abais-
sement de l'épine sacrée a entraîné cette réunion.
Le muscle coccygien ou ischio-coccygien n'offre rien de particulier.
Les interèprneux et les intertransversaires du coccyx sont confondus avec les sacro-
coccygiens.
MUSCLES i)i: LA UÉGIOA COSTALE
Ce sont : le grand dentelé, les intercostaux externes et internes, le triangulaire du
sternum et le transversal des côtes.
Le grand dentelé des chameaux est extrêmement étendu en surface, mais relativement
mince, dans sa pai"tie centrale surtout. Il ne forme qu'un seul et même muscle avec l'angu-
laire de l'omoplate, muscle flabelliforme comprenant dix ou onze dentelures; les deux pre-
mières, insérées sur les apophyses transverses des 6" et 7* cervicales, dépendent de l'angulaire;
les autres insérées sur les huit ou neuf premières côtes appartiennent en propre au grand
dentelé. Ce muscle s'insère au scapulum par une aponévrose très épaisse, qui s'étend à sa
surface, en s'amincissant. et la couvre entièrement. Il ne prend contact du grand oblique de
l'abdomen que par deux de ses dentelures médianes; les postérieures s'en séparent de plus en
plus en s'élevant sur les côtes.
Les intercostaux sont très développés, ainsi que dans le bœuf; les externes couvrent plus
ou moins les côtes et tendent à se joindre l'un à l'autre.
Arch. Mus. — t. VUI. 9
66
RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
Je ne trouve rien, clans mes notes, concernant le tria7ic/ulai7~e du stermwi ; d'ailleurs ce
muscle est assez uniforme dans toute la série des mammifères domestiques.
Le transversal des cotes, sterno-costal de Cuvier, supra-costal de divers auteurs, occupe
la position accoutumée à la surface des premières cotes, partie distale; il s'étend du bord
postérieur de la 1'" au bord antérieur de la 4% entre les premiers festons du grand dentelé et
le sternum, et, chose à remarquer, il est parfaitement indépendant du droit de l'abdomen, dont
il est séparé par l'insertion costale du pectoral ascendant ou sterno-trochinien. (le serait peut-
être une raison de plus de lui restituer l'autonomie et de cesser de le rattacher au droit de
l'abdomen ainsi que le font ^IM. Ghauveau et Arloing.
FiG. 39. — Muscles de l\ gouttière vertébrale, de la paroi thoraco-abdominale
ET de la région cruro-fessière.
1, angulaire de romoplate; 2, grand dentelé; 3, rhomboïde; 4, rhomlioïde supra-scapulaire ; 5, aponévrose remplaçant
le splénius ; 6, scaleiie ; 7, transversal des côtes; 8, grand oblique de l'abiomen ; 9, grand droit de l'abdotneu ;
10, petit denlelé expirateur; 11, aponévrose de revèlement du long dorsal ; 12, intercostal commun ; 13, muscle du fascia
lata ; 14, vestige du fessier superficiel confondu avec le muscle du fascia lata ; 15, fessier moyen ; 16, paraméral ; 17, biceps
crural divisé en deux portions o et 6 par une intersection fibreuse; 18, demi-tendineux; l'.l, demi-membraneux ;
20, gastro-crémiens ; a et b, bosses dorsales adipeuses; coi, callosdé sternale.
MUSCLE DE LA REGION DIAPIIRVGMATIOUE
Le diaphragme des chameaux se fait remarquer par l'extrême développement de ses
piliers, qui l'emportent même sur ceux du bœuf et forment un sphincter puissant autour de
la terminaison de l'œsophage; on distingue plus ou moins nettement cinq faisceaux charnus
rayonnant en éventail a partir d'un unique tendon sous-lombaire : deux latéraux relativement
petits et trois intermédiaires longs et forts; l'œsophage passe entre le pilier intermédiaire droit
et le pilier intermédiaire médian ; l'aorte entre le pilier latéral gauche et le pilier intermé-
diaire gauche.
Ainsi que dans le bœuf, l'attache périphérique du diaphragme ne suit pas exactement la
dernière côte et le cercle de l'hypocondre; mais le transfert antérieur de cette insertion est
beaucoup moindre que chez cet animal.
Une autre particularité propre au diaphragme des chameaux, signalée pour la première
fois par Jâger, dans les archives de physiologie de Meckel 1819, consiste dans la présence
CHAMEAU A DEUX BOSSES
67
d'un osselet au centre de ce muscle, contre l'orifice de la veine cave, osselet aplati, irrégu-
lièrement circulaire, mesurant chez un de mes sujets 22 millimètres on longueur, 21
millimètres en largeur, et assimilable à un
sésamoide développé dans le centre phréni-
qae comme pour soutenir l'orifice cave et as-
surer sa béance. Meckel affirme que cet os
est précédé par un cartilage chez les jeunes
sujets.
MUSCLES DE LA RÉGION SOUS-LOMBAIRE
On y trouve : l'iliaque ou sous-iliaque,
le grand psoas, le petit psoas et le carré
des lombes.
L'iliaque est creusé comme d'habitude
d'une profonde gouttière pour recevoir le
cône musculo-tendineux du grand psoas,
et divisé ainsi en deux portions. La portion
interne présente ceci de particulier: qu'elle
s'étend au delà de l'iliuni pour prendre
insertion sur le côté des trois dernières
vertèbres lombaires ainsi que sur la face
inférieure du sacrum.
Le grand psoas est beaucoup moins
épais que dans le bœuf et plus fortement
tendineux; il laisse le carre des lombes en
grande partie à découvert ; il va, en s'atté-
nuant. jusqu'à la face interne des deux
dernières côtes. Sa terminaison commune
avec l'iliaque n'offre rien de particulier.
Le petit psoas ne dépasse pas la région
lombaire ; c'est la seule différence relati-
vement aux autres Ruminants domestiques
ou aux Solipèdes.
Le carré des lombes est relativement
très développé, très incomplètement couvert
par le grand psoas ; il est forme : 1" de
faisceaux verticaux étendus de la face
interne de l'ilium à l'extrémité des quatre ou
cinq dernières apophyses transverses lombaires ; 2° de faisceaux obliques ascendants, échelonnés
sous les apophyses transverses et les couvrant d'une couche assez épaisse ; les plus élevés
s étendent sous les deux dernières côtes, ou ils se contondent plus ou moins avec le grand psoas.
FiG 40. — RÉGIONS sous- LOMBAIRE ET CRURALE INTERNE.
P,p, piliers du diaphragme; Gp, grand psoas; Pp, petit psoas
G^, carré des lombes; I^ portion externe du muscle iliaque
1-, portion niterne du muscle iliarpie . fl. muscle tlu lascia lata
r, couturier; p, pectine ; di^ droit interne; Da, droit antérieur
Vï, vaste interne; dm, demi-membraneux; dt, demi-tendineux
co. dernière cote; Ra, rate; R.9, rein gauche ; R(^, rein droit
ac, aoétabuliira ; «o, aorte; 1, tronc cœliaque ; 2, grande mé-
senterique ; 3, ;•), artères rénales; A, 5, rameaux spleniques de
' l'artère rénale gauche; 6, artère splénique ; 7, 7, iliaques exter-
nes; 8, petite mésentérique (les artères utéro-ovariennes nais-
sent beaucoup plus haut) ; 9, 9, circonflexes iliaques ; 10, iliaques
internes; 11, ombilicale ; 1:^, tronc commun de l'utérine et de la
vaginale ; 13, iliaco-musculaire ; 14, suite de l'iliaque interne ;
15, obturatrice (elle est figurée beaucoup trop grosse) ; 1(3, sacrée
moyenne; 17, saphène ; IS, pré-pubienne.
68 RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
Quant au fascia iliaca ou aponévrose sous-lombaire, nous n'avons rien noté de particulier
à son sujet.
MUSCLES DE LA RÉGION ABDOMLNALE
Les muscles de cette région sont : l'oblique externe, l'oblique interne, le droit et le
transverse.
Uohiiqiie externe ou grand oblique de l'abdomen est très épais, très développé, étendu
delà cinquième cùte à la lianche, en s'élargissant progressivement. Seule sa première dente-
lure s'engrène avec le grand dentelé; les deux muscles s'écartent ensuite. La portion charnue
du grand oblique ne déborde en dedans sur l'hypocondre que tout à fait en arrière ; elle s'en
éloigne antérieurement pour donner place au grand droit. Dans la région du flanc, elle s'insère
sur le bord de la masse commune et. par l'intermédiaire d'une aponévrose, sur l'extrémité
des premières apophyses transverses lombaires et le bord postérieur de la dernière côte. Sur
la paroi (lu thorax, une autre aponévrose la prolonge supérieurement pour venir se confondre
avec celle du grand dorsal.
Quant à l'aponévrose abdominale du grand oblique, à l'arcade crurale, au canal inguinal,
ils ne nous ont montré rien de particulier.
Par contre, la tunique abdominale su fait remarquer par sa grande épaisseur et son
extrême étendue, elle s'élève beaucoup sur la paroi thoracique, en dessous du grand dorsal, et
dépasse la portion charnue du grand ubUque, à laquelle elle n'adhère pas très fort; elle s'étend
aussi à la face interne des cuisses.
Uoblique interne ou petit oblique de l'abdomen est également très développé, très épais
au voisinage de la hanche ; aussi n'est-ce pas sans surprise que nous avons lu dans Vallon
« que les quatre muscles abdominaux du dromadaire sont moins charnus que dans le cheval
et que la paroi abdominale est moins forte et moins épaisse » . C'est tout le contraire que nous
avons constaté. — Le petit oblique étend beaucoup son insertion fixe à partu' de la hanche, soit
sur l'arcade crurale, soit le long des lombes à l'extrémité des apophyses costiformes, ou il
s'insère à l'aide d'une mince aponévrose. La partie qui s'insère sur les premières apophyses
lombaires, partie plus ou moins couverte par la dernière dentelure du petit dentelé postérieur,
se sépare assez facilement du reste : c'est le retractor costae des Allemands.
Les fibres charnues du petit oblique se terminent, soit à la dernière côte directement, soit
par une aponévi'ose; celle-ci ne tarde pas à se confondre avec celle du grand oblique; au
lieu de s'insérer par des languettes successives en dedans du cercle cartilagineux des fausses
côtes, elle passe par-dessus et s'étend sur la partie antérieure du grand droit de l'abdomen.
Le droit ou grand droit de Vabdomen est extrêmement fort en avant, oîi son épaisseur
atteint 3 à 4 centimètres ; il passe sur les côtes à partir de l'antépénultième et les couvre sur
une hauteur de 6 à 8 centimètres; mais il ne s'étend pas en avant au delà de la dernière ster-
nèbre et des dernières côtes sternales; aussi le transversal des côtes, quoique appartenant à la
même couche, en est-il largement séparé. Le grand droit est traversé de cinq intersections.
Le transverse de Vabdomen est remarquable à la grande épaisseur de sa portion charnue,
dont la largeur, par contre, ne dépasse pas 6 à S centimètres. Cette portion charnue s'insère
tout près du bord de l'hypocondre, directement, et sur l'extrémité des apophyses costi-
CHAMEAU A DEUX BOSSES
69
formes lombaires par l'intermédiaire d'un mince feuillet fibreux. Quant à l'aponévrose, elle ne
présente rien de particulier.
MUSCLES DE LA UÉGIOi> PECTOUALE '
Elle comprend quatre muscles disposés en deux couches : un pectoral descendant et un
pectoral transverse en plan superficiel, un pectoral ascendant et un pectoral scapulaiie en
plan profond.
Le pectoral descendcoit, sterno-iiuuiéral de Girard, portion claviculairedu grand pectoral
de l'homme, se distingue à peine du pectoral transverse; il s'étend, comme dans les autres
FlG. il.
Muscles pectoraux
ï, 2, insertion steruale des sterno-mastoidiens et du peaussier du cou; 3, raastoïdo-liuméral avec son intersection clavicu-
laire cl; 4, pectoral descendant; 5, pectoral transverse; fi, pectoral ascendant; 7, pectoral scapulaire ou sous-clavier;
8, l^iceps brachial ; 9. i'ascia de la face interne du bras ; 10, 11, artère et veine axillaires : 12, grand dorsal ; 13, faisceau
inconstant lancé par le grand dorsal sur la longue portion du triceps brachial ; 14, grand dentelé ; 15, grand oblique ;
16, grand droit; 17, avant-bras; 18, pomle du coude.
ruminants, de la première sternèbre à la crête humérale, et s'unit à la terminaison du
mastoïdo-huméral .
Le pectoral transverse, sterno-aponévrotique de Girard (muscle absent chez l'homme),
s'insère sur la plus gi'ande longueur du sternum et le côté de la callosité sternale, et se ter-
mine soit à la crête humérale en se confondant avec le pectoral descendant, soit sur le fascia
de l'avant-bras et du bras.
Le pectoral ascendant^ sterno-trochinien de Girard, portion sterno-costale du grand
' Voir F.-X. Lesbre : « Des muscles pectoraux dans la série des mammifères domestiques » (Bulletin de la
Société d'anthropologie de Lyon, 1892).
70
RECHERCHES ANAT0MIQUE3 SUR LES CAMÉLIDÉS
pectoral de l'homme, est extrêmement large sous l'épaule, mais il ne dopasse pas, en arrière,
le niveau de la callosité sternale et ne couvre ni l'oblique externe ni le droit de l'abdomen. Il
procède du sternum, à partir de son deuxième segment, et de l'extrémité cartilagineuse des
côtes correspondantes. Il se termine : sur le trochiter en embrassant le biceps sous la coulisse
bicipitale, sur le trochin, sur le tendon d'origine du coraco-brachial et sur une arcade aponé-
vrotique qui embrasse les vaisseaux huméraux et s'unit au fascia du bras et au bord infé-
rieur du grand dorsal.
Le pectoral scapiilaire ou sous-clavier, sterno-pré-scapulaire de Girard, est beau-
coup plus développé que dans les autres ruminants. Parti de la première articulation
sterno-costale, il se réfléchit sous l'intersection claviculaire du mastoïdo-huméral et monte
au-devant du sus-épineux sur une hauteur de 10 centimètres environ.
MUSCLES DU MEMBRE ÏHORACIQUE
Région scapulaire. — Nous avons à mentionner dans cette région : le deltoïde, le
sus-épineux, le sous-épineux, le petit rond, le grand rond, le sous-scapulaire, le coraco-
brachial et le capsulaire de l'épaule.
Le deltoïde de nos animaux domestiques correspond seulement à la portion scapulaire
du deltoïde humain, car la portion claviculaire entre dans la constitution du mastoïdo-huméral
comme nous l'avons déjà dit : c'est le long abducteur du bras des anatomistes vétérinaires.
Chez les chameaux, il ressemblée celui du bœuf,
sauf qu'il est plus développé et terminé sur une
apophyse humérale beaucoup plus saillante ;
c'est dire qu'il prend origine par deux chefs :
par l'antérieur sur l'acromion, par le postérieur
sur l'aponévrose scapulaire, tout le long du
sous-épineux jusqu'à l'angle dorsal de l'omo-
plate.
Le siis-èpineiix est plus développé que dans
les autres Ruminants, comme la fosse sus-
épineuse elle-même ; il déborde largement cette
fosse et embrasse le tendon supérieur du biceps
brachial, pour s'insérer départ et d'autre sur le
trochiter et le trochin.
Le sous-èpineuxxCo'SxQ rien de particulier, non plus queleyje/// rond et le i/rand rond ;
ce dernier s'unit, suivant la règle, au grand dorsal.
Le coraco-brachial est très développé ; il s'insinue sous le biceps et descend très bas
sur l'humérus.
Le sous-scaiJulaire ne présente pas la dissociation que l'on observe chez le bœuf et le
mouton.
Quant au capsulaire de Vépmde ou scapulo -humerai grêle, que l'on croyait propre aux
Solipèdes parmi les Mammifères domestiques, nous l'avons trouvé chez les chameaux avec
un développement qu'il est loin d'offrir chez les Solipèdes (fig. 42).
FiG. 4'i. — Musci.es situés en dedans de
l'articulation de l'épaule.
S^, sus-épineux; Ss, sous-scapulaire; Bi\ biceps brachial
.r, coraco-brachial ; ri', insertion du vaste interne
br, brachial antérieur; cap, capsulaire de l'épaule
c/, longue portion du (juadriceps brachial.
CHAMEAU A DEUX BOSSES
71
MM. Chauveau et Aiioing signalent, chez le dromadaire, l'existence d'une lame élastique
descendant du ligament cervical à la surface externe de l'épaule et du bras, et se prolongeant
ensuite sur l'avant -bras jusqu'à la région métacarpienne.
N'ayant point remarqué cette lame au-dessus de la région
antibrachiale, nous la décrirons plus loin.
Région brachiale. — Elle comprend : le
biceps brachial, le brachial antérieur et le quadriceps
brachial. — L'accessoire du grand dorsal, muscle tenseur
de l'aponévrose antibrachiale, désigné autrefois sous le
nom de long extenseur de l'avant-bras, manque aux
chameaux ou du moins on n'en trouve un rudiment que
chez quelques sujets.
Le biceps se décompose, comme le montre la figure
44, en deux portions qui se réunissent aux extrémités de
l'organe, portions situées l'une au-devant et en dehors
de l'autre, l'antérieure très entrecoupée de lames fi-
breuses, la postérieure plus volumineuse, essentiellement
charnue. Cette constitution singulière a été signalée déjà
chez le dromadaire par ]\IM. Chauveau et Arloing; il
serait très intéressant d'en connaître la signification
physiologique. Le biceps brachial s'insère en haut
sur une volumineuse tubérosité sus-glénoïdienne par un
énorme tendon fibro-cartilagineux, infléchi et moulé sur
une double coulisse bicipitale; il se termine d'autre part,
par un très fort tendon, sur la tubérosité bicipitale qui
occupe presque toute la largeur du radius sous l'arti-
culation du coude, et il lance d'autre part, comme à
l'ordinaire, une expansion fibreuse sur le muscle exten-
seur radial du métacarpe; c'est à tort que Vallon nie
l'existence de cette expansion.
Le brachial antérieur est très fort ; il part de la
base de la tète articulaire de l'humérus, contourne la
gouttière de torsion, passe sous l'expansion du biceps et
se termine à l'aide d'un tendon au bord interne du radius,
sous la tubérosité bicipitale, en s'insinuant un peu sous
le chef radial du perforant.
FiG
43. — MUSCLIS EXTERNES DE l'ÉPAUI E,
DU BRAS ET DE I.'aVANT-BRAS.
1, sus-épineux; 2, sous-épineux ; 3, deltoïde
scapulaii-e ; 4, vaste externe ilu quadriceps;
5, lon;^ue portlcn du quadriceps ; ti, brachial
antérieur; 7. Inceps liracliial ; 8, extenseur
radial du métacarpe ; 9, extenseur jirincipal
des phalanges; o, propre du doigt interne;
b, commun des doigts; 10, exienseur latéral
des phalanges ou extenseur propre du doigt
externe; 11, cubital exierue ; 12, fléchisseur
perlurant ; 13, exienseur du pouce et de l'index ;
14, extenseur ohIi({ue du métacarpe.
Le quadriceps brachial est formé : 1° d'une longue
portion ou gros extenseur de l'avant-bras, qui est vraiment énorme et étend son insertion fixe
sur toute la longueur du bord postérieur du scapulum; 2" d'un vaste externe beaucoup plus
volumineux aussi que dans le bœuf et le cheval, mais ayant les mêmes insertions; '0° d'un
vaste interne extrêmement développé relativement à ce que l'on observe dans les autres
espèces, et étendant son insertion fixe sur la plus grande partie de la longueur de l'humérus ;
72
RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
4" entiii cVun vaste intermédiaire ouhvachïal postérieur, que l'ona confondu jusqu'aujourd'hui
avec l'anconé. Ce muscle est situé sur la fosse olécranienne, en dessous de la longue jwrtion
du quadriceps; il rappelle assez exactement le vaste inter-
médiaire ou crural antérieur du quadriceps crural, mais
il s'élève moins haut sur l'humérus.
Ij'anconé véritable fait défaut.
Rég-ion antibrachiale. — En principe, les mus-
cles de l'avant-bras se divisent en : rotateurs, extenseurs et
fléchisseurs. Les premiers (pronateurs ou supinateurs) font
complètement défaut dans les chameaux; tandis que, dans
la plupart des ruminants, on trouve un vestige de rond
pronateur incrusté dans l'épaisseur du ligament latéral
interne du coude.
Les muscles extenseurs sont : l'extenseur radial ou
antérieur du métacarpe, l'extenseur oblique du métacarpe,
l'extenseur principal des phalanges décomposé en un ex-
tenseur commun des doigts et un extenseur propre du doigt
interne, l'extenseur latéral des phalanges ou extenseur
propre du doigt externe ; enfin, un tout petit muscle
inconstant représentant les deux extenseurs confondus du
pouce et de l'index.
Les muscles fléchisseurs sont : le cubital externe, le
cubital interne, le grand palmaire, le fléchisseur perforé
des phalanges et le fléchisseur perforant des phalanges.
Tous ces muscles sont enveloppés en commun d'une
très forte aponévrose antibrachiale, offrant cette particu-
larité d'être revêtue, en dedans du membre, d'une vaste
expansion élastique jaune qui franchit le pli du carpe et
vient se perdre sur les tendons fléchisseurs vers le milieu
du métacarpe. Cette membrane élastique se confond en
haut et en bas avec l'aponévrose sousjacente sur laquelle
elle s'épanouit à ses deux extrémités, tandis que sa partie
moyenne, épaisse comme une lanière, s'en détache très
bien à la dissection.
Uextenseiir radial ou antérieur du métacarpe,
représentant, ainsi qu'on sait, les deux radiaux externes
confondus de l'homme, se distingue chez les chameaux
par son énorme volume, mais ne présente d'autre part
rien de ])articulier.
FiG.44. — Muscles internes de l'épaule.
DU BRAS ET DE l'avant-bras.
1, sous-scapulaire; 2, sus-épineux; 3, grand
rond; 4, grand dorsal; 4'. accessoire du
grand dorsal ; 5. 5', coraco-brachial ;
b, 6', biceps brachial et sa section ^^oriea-
tatiou de cette dernière est donnée par les
lettres A, antérieur; P, postérieur; ], in-
terne; E, externe; 7. longue portion du
quadriceps brachial ; 8, vaste interne ;
8' vaste intermédiaire débordant sous le
précèdent; 9, brachial antérieur; 10, ex-
tenseur raJial du métacarpe; 11, L-rand
|)almaire; lï?. vestige du cubital interne:
13, cubital externe; 14, perforé; 15. chef
radial du jiertbrant ; 16, chef cubital ;
17, arcade carpienne où le perforé semble
se perdre.
L'extenseur oblique dn métacarpe, représentant le
long abducteur et le court extenseur du pouce de l'homme, est tout à fait rudimentaire; il
faisait même défaut chez l'un de nos sujets. Il se détache, par deux faisceaux aplatis, de la
CHAMEAU A DEUX BOSSES 73
partie inférieure de l'avant-bras, sur la ligne de soudure du radius et du cubitus, se dirige
obliquement du côté opposé, comme il est indiqué dans la figure li^, et vient se terminer au
côté interne de l'extrémité supérieure de l'os canon.
U extenseur principal des j)halanges, extenseur commun des doigts de l'homme et des
pentadactyles, est dédoublé, comme dans les autres ruminants, en un extenseur commun des
doigts et un extenseur propre du doigt interne, dont l'insertion supérieure se fait en commun
sur l'épicondjle, les ligaments antérieur et externe de l'articulation du coude, et sur le radius
à partir de la tubérosité externe de son extrémité supérieure, jusqu'à 10 centimètres plus bas en
suivant la ligne d'union du cubitus. Le tendon de l'extenseur commun (b)?,e bifurque en haut
de l'interstice digité pour lancer une branche sur l'éminence pyramidale de l'un et de l'autre
doigt; en outre, chaque branche de cette bifurcation donne une division aplatie à l'extrémité
supérieure de la deuxième phalange, division qui reçoit un rameau de renforcement du fond de
l'interstice digité. De la sorte, l'extenseur commun des doigts se termine par quatre branches :
deux sur les deuxièmes phalanges, deux sur les troisièmes phalanges : disposition que je n'ai
trouvée dans aucun autre ruminant et qui, jusqu'à ce jour, n'a pas encore été signalée. Le
tendon de l'extenseur propre du doigt interne (a) s'épanouit sur l'articulation raétacarpo-
phalangienne et se confond avec la capsule de cette jointure, mais il se poursuit d'autre part
jusqu'à l'extrémité supérieure de la deuxième phalange par une languette qui reçoit une
bride de renforcement du suspenseur du boulet.
L'extenseur latéral des j^halanges, extenseur propre du petit doigt de l'homme,
est extenseur pi'opre du doigt externe comme dans les autres ruminants ; il est beaucoup
plus fort que dans les bovidés et se termine exactement comme l'extenseur propre du doigt
interne. Il franchit le carpe dans une couUsse spéciale située au devant du ligament latéral-
externe.
Ainsi que dans les autres mammifères domestiques, le long extenseur du pouce et Vexten-
seur 'propre de V index sont confondus en un seul muscle, tout petit, détaché de la ligne d'union
des os de l'avant-bras, mais qui, au lieu de se jeter sur l'extenseur commun des doigts, comme
dans les autres ruminants, garde son indépendance et vient se perdre au-devant du carpe, en
deux petites languettes tendineuses. Ce muscle est inconstant ; il manquait sur les deux droma-
daires ainsi que sur l'un des chameaux à deux bosses que j'ai disséqués.
Le cubital externe, cubital postérieur des anthropotomistes, fléchisseur externe du
métacarpe des vétérinaires français, est extrêmement développé et reporté en arrière ; il pro-
cède de l'épicondyle et se termine par un gros tendon qui occupe presque la moitié de sa
longueur, soit sur l'os pisiforme, soit, en s'épanouissant, sur le côté externe du carpe.
Le cubital interne, cubital antérieur des anthropotomistes, fléchisseur oblique du méta-
carpe, a jusqu'à ce jour échappé à l'attention des auteurs, qui ont pris pour tel le muscle
perforé. Il est, en effet, réduit à une mince lanière aponévrotique, enclavée entre le perforé et
le cubital externe, lanière recevant à son extrémité supérieure deux faibles faisceaux charnus
détachés l'un de l'épitrochlée, l'autre de l'olécràne, se jetant d'autre part sur le tendon du
cubital externe à quelques centimètres de l'os pisiforme. L'extrême atrophie du cubital interne
des chameaux n'a rien qui doive surprendre, car, en anatomie comparée, on trouve des transi-
tions qui y conduisent ; ledit muscle est déjà très grêle chez le porc ; il est presque complète-
ment fibreux dans le tapir. Il m'a semblé que, chez le dromadaire, il est moins atrophié
Arch. Mus. — t. VUI. lu
74
RECIIERGHKS ANATOMIQUES SUR LES CAMELIDES
Fe.
..Fa
Fie.
. 45. — Anneau
du perforé.
Pe, perforé ; Po. perfo-
rant ■. n, nodule preter-
niiiial du perforé.
que chez les chameaux à deu.x bosses ; son chef humerai surtout présente un certain volume,
mais il est très adhérent au perforé.
Le grand palmaire, ûéchhsewr interne du métacarpe des vétérinaires français, fléchisseur
radial du carpe des Allemands, s'étend, comme dans les autres ruminants,
de la base de l'épitrochlée au côté interne de l'extrémité supérieure de
l'os canon et ne présente rien de particulier.
Le fléchisseur superficiel ou fléchisseur perforé des phalanges est
parfaitement développé dans les chameaux ; mais son corps charnu a été
pris jusqu'à ce jour pour le cubital interne, par suite de l'atrophie et de
l'adhérence de ce dernier. Ledit corps charnu procède de l'épitrochlée,
lance à sa partie inférieure un faisceau de renforcement au fléchisseur
profond et se termine par un tendon confondu avec l'aponévrose palmaire
du carpe. Au mo^'cn de la dissection, on peut voir que ce tendon prend
attache par deux branches, soit sur l'os pisiforme, soit au côté interne du
carpe ; mais ce ne sont là que des insertions de trajet ; il se continue dans la région
métacarpienne à la surface du tendon perforant, suivant le mode
ordinaire, et se bifurque vers le milieu du canon; chaque branche
de cette bifurcation passe avec la branche correspondante du
tendon perforant dans une des coulisses sésamoidiennes, se perfore
d'un anneau allongé pour admettre ce dernier, puis subit un épais-
sissement iibro-cartilaa:ineux avant de se terminer en arrière de
l'extrémité supérieure de la deuxième phalange. Il est à remarquer
que le tendon perforé est simplement aplati sur le perforant
mais ne l'enveloppe nulle part ; son anneau est un simple orifice
préterminal et non pas un cylindre creux, comme on l'observe
dans d'autres espèces. — En somme, la particularité la plus
saillante du perforé des chameaux consiste dans l'attache que prend
son tendon à la traversée du carpe et dans l'adhérence qu'il con-
tracte avec l'arcade palmaire : disposition que l'on trouve à un
moindre degré chez la chèvre.
Le fléchisseur profond ou perforant est constitué comme
dans les autres animaux par trois chefs réunis sur un même
tendon : un chef humerai un chef cubital et un chef radial. Ce
dernier, représentant le long fléchisseur propre du pouce de
l'homme, offre un extrême développement dans les chameaux; il
est plus volumineux que les deux antres portions réunies et monte
jusqu'en haut du radius en en couvrant toute la face postérieure,
en la débordant même à la partie supérieure, oîi il apparaît au
côté interne de l'os. Il est revêtu d'une forte aponévrose. Le
chef humerai ou épitrocliléen se décompose en deux faisceaux
accolés, assez faibles. Le chef cubital est relativement considé-
rable; il se détache de presque toute la longueur du cubitus. — Le tendon commun aux trois
portions est très volumineux; il s'engage dans la gaine carpienne, passe entre les deux
FiG. 46. — Perforé et perfo-
rant DANS LA RÉGION ANTI
BRACHIALE.
chef humerai du perforant;
2, chef cubital; 3, énorme chef
radial ; 4. perforé ; 5, faisceau
donné par le perforé au perfo-
rant ; G et 7, attaches carpiennes
du perforé: 8, tendon i)erforanl :
1'. suspenseur du boulet; 10, ter-
minaison du biceps bracliial ;
11, terminaison du brachial
antérieur.
CHAMEAU A DEUX ROSSES 75
attaches carpiennes du tendon perforé, descend dans la gouttière du suspenseur du boulet, se
bifurque vers le milieu de la région métacarpienne, et chaque branche traverse la gaine
grande sésamoïdienne, l'anneau du perforé, pour aboutir à la partie postéro -inférieure de la
phalangette; elle présente sur son trajet deux gros nodules sésamoides: le premier, de forme
olivaire, correspondant à la coulisse sésamoïdienne ; le second aplati, plus volumineux encore,
situé derrière la deuxième phalange depuis la sortie de l'anneau du perforé jusqu'au voisinage
de la phalangette.
Rien n'est plus frappant dans l'organisation de l'extrémité digitée des chameaux que ces
gros renflements nodulaires des tendons fléchisseurs.
Région de la main — Je n'ai trouvé à la main des chameaux aucun vestige mus-
culaire. Je me bornerai donc à rappeler ici que le ligament suspenseur du boulet est le résultat
de la transformation fibreuse et de la réunion des deux muscles interosseux correspondant à
l'os canon (3° et 4" métacarpiens).
MUSCLES DU MEMBRE ABDOMINAL
Région du bassin. — Elle comprend : le fessier superficiel, le paraméral, le fessier
moj-en, le fessier profond, l'accessoire du fessier profond ou 1' fessier, l'obturateur
interne, l'obturateur externe, lesjumeaux, le carré crural et le capsulaire de la hanche.
Le fessier superficiel, grand fessier de l'homme, est indistinct chez les chameaux, par
suite de son extrême atrophie, et de la fusion de ce qui en reste, soit avec le tenseur du fascia
lata, soit avec le paraméral (voy. fig. 39).
Par contre, ce dei^nier est énorme ; on le prendrait à première vue pour le fessier super-
ficiel lui-même, si l'anatomie comparée ne montrait une série de formes de transition amenant
par degré cette extrême atrophie du fessier superficiel et cet énorme développement du
paraméral'.
Le fessier moyen ne s'étend pas sur la masse commune comme il le fait dans la généralité
des ruminants et dans les solipèdes ; il ne dépasse pas la crête iliaque. C'est un muscle assez
volumineux, revêtu d'une aponévrose peu adhérente qui se confond inférieurement avec le
feuillet profond du fascia lata, muscle terminé sur le sommet du trochanter par un court et
fort tendon et par un certain nombre de faisceaux charnus.
Le fessier profond s'isole très facilement du fessier moyen ainsi que dans les autres rumi-
nants; il s'étale sur la plus grande partie de l'ilium, est très tendineux à sa partie inférieure
et se termine à la base du trochanter après s'être insinué sous l'extrémité supérieure du vaste
externe.
U accessoire du fessier jjro fond on quatrième fessier est situé sous le fessier profond qu'il
déborde de chaque côté; la partie antérieure, simulant un petit rond de la cuisse, se termine
en dessous du trochanter après avoir croisé l'insertion supérieure du droit antérieur de la
' F. X. Lesbre, Contribution à l'étude des muscles de la région cruro -lessière cbez les mammifères (Journal de
l'Anaiomie, année 1896, n" 6).
76
RECHERCHES AXATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
cuisse et du capsulaire de la hanche, et s'être insinuée sous le vaste externe. La partie posté-
rieure, que j'ai décrite à part sous le nom d'abducteur trochantérien, se confond avec la précé-
dente sous le fessier profond; elle s'étend transversalement, au-dessus de l'articulation
coxo-fémorale, de la crête sus-cotyloïdienne au revers interne du trochanter.
\J obturateur interne est relativement épais; il sort du bassin par la petite échancrure
sciatique et s'infléchit sur le bord ischial à la manière ordinaire, tandis que dans les autres
ruminants: bœufs, moutons, chèvres, mou-
flons, il effectue sa sortie par le trou ova-
laire lui- même.
h'' obturateur externe n'ofl're l'ien de
particulier.
he?, jumeaux accompagnent de chaque
côté le tendon terminal de l'obturateur
interne et se réunissent sous ce tendon.
Le carré crural est volumineux, mais
assez court ; il adhère beaucoup à l'adducteur
de la cuisse.
Le capsulaire de la hanche ou ilio-
fémoral grêle existe plus développé que
chez aucun autre animal ; tandis qu'il man-
que chez la généralité des autres rumi-
nants. C'est le petit muscle (S) de la
figure 47, s'insérant en haut sur l'ilium
à côté du droit antérieur de la cuisse,
s'insinuant entre ce dernier et le vaste externe pour se terminer en dessous de la tête fémorale.
Le pyramidal ou piriforme manque aux chameaux ainsi qu'à tous les ruminants, au
porc, aux Solipèdes.
FiG.
47. — Muscles profonds de la face externe
de la hanche.
1, insertion du fessier moyen; 2. fessier profond; 3, 3'. quatrième
fessier débordant le fessier profond de part et d'autre ; 4, tendon
de l'obturateur interne; 5, 5, jumeaux du bassin; 6, obturateur
externe; 7. carré crural; S, capsulaire de la lianche, 9. droit
antérieur de la cuisse ; 10, vaste externe du quadriceps crural ;
H, ligament sacro- sciatique, très épais en arrière; 12. nerf grand
sciatique. Co^ première vertèbre coccygienne.
Région de la cuisse. — Nous étudierons dans cette région : le tenseur du fascia
lata, le quadriceps crural, le paraméral, le biceps fémoral, le demi-tendineux, le demi-
membraneux, le couturier, le droit interne, le pectine et l'adducteur de la cuisse.
Le muscle du fascia lata embrasse la partie supérieure du quadriceps comme dans une
gouttière ; il n'est pas très étendu en hauteur, par contre, il s'étend sur le fessier moyen en une
mince couche qui se joint au paraméral et qui représente certainement le fessier superficiel,
ainsi que je l'ai déjà dit. Quant au fascia lata, il se développe sur les deux faces de la
cuisse et, du côté externe, se clive en deux feuillets : un superficiel qui se prolonge sur
l'articulation fémoro-tibio-rotulienne et le biceps fémoral et se confond avec l'aponévrose
jambière, un profond qui s'insinue sous le biceps pour gagner le bord externe du fémur.
Le quadriceps crural n'est nullement grêle comme Vallon le signale chez le dromadaire;
je l'ai trouvé toutaussi épais que chez lebœufetavec cela beaucoup plus long. Le droit antérieur
de la cuisse, longue portion du quadriceps, est simple à son insertion supérieure, qui est autant
charnue que tendineuse. Le vaste externe est énorme, tandis que l'interne est relativement
petit: inégalité que je n'ai guère ob.servée à ce degré que parmi les carnivores et les rongeurs.
CHAMEAU A DEUX BOSSES
77
Le crural antérieur est très facilement isolable, couvert en dehors d'une belle aponévrose
et bifurqué à sa partie supérieure.
Le 2}araméral est un muscle que l'on trouve dans le plus grand nombre des quadrupèdes,
soit à l'état indépendant, soit confondu avec le biceps crural en un long vaste ou paraméro-
biceps. Il semble se développer proportionnellement à l'atrophie du fessier superficiel. D'abord
simple agitateur de la queue, il avance ses insertions
sur le sacrum et devient un des plus puissants agents
du membre postérieur.
Chez aucun animal il n'est aussi développé que
chez les chameaux; il se compose d'un épais corps
charnu, triangulaire, couvrant en grande paitie le
fessier moyen, s'insérant sur l'angle interne de l'iliuni,
l'épine sacrée, l'aponévrose d'enveloppe des muscles
sacro-coccygiens et le ligament sacro-sciatique, et
d'un tendon aplati qui se place à la face interne du
biceps fémoral et vient se terminer soit au côté externe
de la rotule, soit à la tu]3érosité antérieure du tibia en
s'insinuant sous le tendon rotulien. Le tendon du
paraméral reçoit l'insertion des faisceaux antérieiu's
du biceps fémoral et forme ainsi une sorte de doublure
à ce muscle.
L'anatomie comparée montre des espèces où ces
deux muscles sont complètement indépendants, ainsi
que d'autres espèces oij ils sont complètement unis'.
Le biceps fémoral est très volumineux et dé-
pourvu de chef fémoral, ainsi que dans tous nos
quadrupèdes. Il présente, dans la moitié ou les deux
tiers supérieurs, une intersection longitudinale fibro-
élastique qui lui donne la structure pennée ; les fibres
antérieures sont ojjliquement dirigées de haut en bas
et d'arrière en avant, et se terminent sur le tendon
du paraméral ; les fibres postérieures sont longitudi-
nales et se contmuent par une aponévrose confondue
avec l'aponévrose jambière et le fascia lata. En haut,
le biceps fémoral s'insère sur latubérositéischiatique,
ainsi qu'à la partie inférieure du ligament sacro-sciatique en chevauchant au-devant de ladite
tubérosité; mais il ne s'étend pas jusqu'à l'épine sacrée.
Le biceps crural est revêtu d'une expansion jaune, élastique, des plus remarquables,
rappelant celle que nous avons déjà signalée à la face interne de l'avant-bras et au pli du
genou. Cette membi-ane a la forme d'un triangle, dont le sommet s'insère à la tubérosité
ischiale et dont la base s'épanouit sur l'aponévrose jambière vers la crête du tibia ; elle lance
FiG. 48. — RÉGION PELVI-CRURALE INTERNE.
Gp. Pp, grand et petit psoas; I', P, les deux por-
tions de l'iiiiique; fasc. il.^ fascia iliaca supposé
transparent; 06, oliturateur interne; fî^ muscle
du fascia lata ; Co, couturier; Da, droit antérieur;
V/, vaste interne; p. pectine; Ad, adducteur unique
de la cuisse ; D>n, demi-membraneux; lit, demi-
tendineux; U(. aponévrose terminale du droit
interne; t, terminaison trochantinienne des psoas;
1, artère fémorale: 2, grande anastomotique :
3, saphene.
Dans le bas de la figure, on voit la coupe du qua-
driceps crural: 1. droit antérieur; 2, vasle externe:
3, vaste interne : 4, crural antérieur.
' Lesbre, loc. cit.
78 RECIIERCMKS ANATOMIQUES SUR LES CAMELIDES
de sa face interne l'intersection ilu biceps et se développe principalement sur la partie pos-
térieure de ce muscle.
Le demi-tendineux est très fort ; il s'insère d'une part à la tubérosité ischiale, d'autre
part en haut de la face interne du tibia, par un tendon plus ou moins réuni à l'aponévrose
jambière. Nous n'avons point trouvé, au milieu de la longueur de ce muscle, l'étranglement
signalé par MM. Cliauveau et Arloing dans le dromadaire. Par contre, nous avons vu chez
ce dernier animal une lame fibreuse entrecoupant obliquement l'organe depuis son quart
supérieur jusqu'au milieu de sa longueur.
ha demi-membraneux est un énorme muscle, rétréci et aponévrotique dans son milieu,
renflé aux deux extrémités, ce qui lui donne l'apparence digastrique. Il s'attache en haut
sur la face inférieure de l'ischium et de sa tubérosité ; en bas, il se termine sur le condyle
interne du fémur ainsi que, par une courte lame fibreuse, sur le ligament fémoro-tibial interne.
Le couturier ou long adducteur de la jambe des anatomistes vétérinaires, ressemble
beaucoup à celui des autres Ruminants; il prend naissance par deux branches entre lesquelles
passe l'artère fémorale, l'une s'insérant sur le fascia iliaca, l'autre sur l'éminence iléo-pectinée
en croisant la terminaison du petit psoas. Il se terniine sur le tendon i-otulien en s'unissant
au droit interne.
Le droit interne ou muscle du plat de la cuisse, court adducteur de la jambe des
vétérinaires, ne présente rien de particulier relativement aux autres ruminants, si ce n'est sa
minceur en avant. Nous n'avons trouvé aucune trace de la bifiditéque signalent MM. Chauveau
et Arloing dans le dromadaire.
he pectine est simple, en apparence tout au moins, volumineux; son insertion mobile
descend longuement sur le fémur, comme on l'observe dans la généralité des Ruminants.
Ainsi que dans les autres Ruminants, dans le porc, dans les Carnivores, etc., on ne trouve,
chez les chameaux (.{vJm\?,e\x\ adducteur de la cuisse, muscle volumineux, prismatique, trian-
gulaire, enclavé entre le pectine et le demi-membraneux, procédant de la face inférieure du
pubis et de l'ischium et se terminant à la ligne âpre du fémur, sans descendre toutefois jusqu'au
condyle interne. Ce muscle ne présente point d'anneau pour le passage des vaisseaux fémo-
raux; ceux-ci passent entre son extrémité inférieure et le demi-membraneux.
Région de la jambe. — On y trouve : le tibial antérieur, l'extenseur principal des
phalanges qui se décompose inférieurement en : fléchisseur du pied, extenseur commun des
doigts et extenseur propre du doigt interne ; le long péronier latéral, le court péronier latéral
ou extenseur propre du doigt externe, les gastro-cnémiens ou jumeaux de la jambe, lesoléaire,
le planto-perforé, le poplité, le long fléchisseur interne des phalanges, le long fléchisseur
externe dos phalanges.
Le tihial antérieur oujambier antérieur est, comme toujours, appliqué sur la face anté-
rieure du tiJMa, mais il est assez mince et laisse complètement à découvert le tendon supé-
rieur de l'extenseur principal des phalanges. 11 s'insère en dessous de la coulisse supérieure du
tibia, d'une part; d'autre part, son tendon, après avoir traversé un anneau que lui offre le
bord interne du tendon du fléchisseur du pied, se porte en dedans et en bas du tarse pour
venir se terminer sur le petit cunéiforme et l'os canon.
L'extenseur principal des 2^halanges équivaut au long extenseur commun des orteils de
ciiami:al' a delx bosses
l'homme; c'est un volumineux organe fusiforme qui prend insertion à l'extrémité inférieure
du fémur, entre le condyle externe et la troclilée, par un fort tendon qui glisse ensuite dans
la coulisse supérieure du tibia, se décompose inférieurement
en trois corps charnus prolongés par autant do tendons.
Le plus superficiel et le plus volumineux se termine sur
l'extrémité supérieure de l'os du canon, après avoir lancé une
petite branche sur le cuboïde : c'est le flèchissei(r du pied
de M. Chauveau. le deuxième jambier antérieur de Cuvier.
La deuxième portion, située du côté externe, constitue
un extenseur commun des deux doigts, dont le tendon se
comporte de tous points comme celui du muscle homonyme
du membre antérieur (voir plus haut).
Enfin la troisième portion, qui surgit entre les deux
autres, forme l'extenseur propre du doigt interne, se terminant
comme au membre antérieur.
Sur l'un de nos sujets, nous avons noté l'existence
d'une quatrième portion, très grêle, se détachant sous les
trois autres et se continuant par un tendon qui surgissait
de l'intervalle du fléchisseur du pied et de l'extenseur propre
du doigt interne et s'épanouissait à la surface des tendons
extenseurs et du muscle pédieux. Ce petit muscle, inconstant
dans le chameau à deux bosses, est signalé par Vallon chez
le dromadaire sous le nom de tibio- pré-métatarsien grêle;
Je l'ai retrouvé dans ce dernier animal à l'état d'une petite
languette tendineuse que l'extenseur commun des doigts
lançait sur l'extenseur propre du doigt intei'ue. C'est peut-être
un vestige du péronier antérieur?
Quant au lonçi extenseur du gi-os orteil, il n'en existe
pas trace.
Je ne quitterai pas l'extenseur principal des phalanges
sans faire remarquer que le tendon supérieur de ce muscle se
prolonge sur sa face profonde par une forte lame qui se
continue d'autre part avec le tendon de la portion dite flé-
chisseur du pied, de telle sorte que nous avons là une transi-
tion à la corde fémoro-métatarsienne des Solipèdes. Meckel
avait donc raison de considérer celle-ci comme un simple
prolongement du tendon supérieur de l'extenseur pi'incipal ;
les vétérinaires français sont dans l'erreur quand ils en ratta-
chent la descinption au tibial antérieur.
Deux brides aponévrotiques transversales assujettissent les muscles dans le pli du tarse :
une première, très forte, jetée d'un côté à l'autre de l'extrémité inférieure du tibia et embras-
sant le tibial antérieur et les trois portions de l'extenseur principal ; une deuxième, située en
bas du tarse, contenant les deux tendons extenseur commun et extenseur propre du doigt
FiG. 49. — Musci.es de la région
.JAMBIÈRE ANTÉRIEURE.
1, rotule; 2, ligament rotulien; 3, 3, con-
dyle du fémur; 4, terminaison du para-
méral; 5, attache supérieure dupoplité;
6. ménisque externe : 8, tibia ; 9, tendon
du muscle extenseur principal des pha-
lanj^es qui se Llivise eu : 10, fléchisseur
du pied; 11, extenseur commun des
doigts; 12, exteui-eur propre du doigt
interne ; 13. 13, tibial antérieur ;
14. long péronier; l.'i, court péronier
ou extenseur propre du doigt externe;
lli, (lédienx; 17, 18, brides d'assujet-
tissement.
Le dessin de droite représente la coupe
transversale du muscle triple 10, 11,
12 ; I, fléchisseur du pied ; II, extenseur
commun des doigts; lU, extenseur
propre du doigt interne.
80
RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
;
ft
/
interne, et s'attachant d'une part au cuboule, d'autre part à la surface du tendon du fléchis-
seur du pied. Il n'y a pas de bride métatarsienne distincte.
Le long péronier est disposé comme dans les autres ruminants mais il est relative-
ment faible; il procède de la tubérosité externe et supérieure du
tibia; son long tendon croise par-dessus le tendim du court péronier
au niveau de la malléole externe, s'engage dans une gouttière du
cuboïde et traverse ainsi la face plantaire du tarse, pour venir se ter-
miner sur le cunéiforme interne et peut-être aussi, par quelques
faisceaux, sur le côté interne de l'extrémité supérieure de l'os canon.
he court 2^èronier ou extenseur propre du doigt externe est
disposé comme chez les autres Ruminants, s'insérant sur la tubé-
rosité externe et supérieure du tibia et sur un cordon' fibreux qui
tient lieu de péroné (celui-ci étant réduit à l'os malléolaire), et se
terminant d'autre part comme l'extenseur propre du doigt externe
du membre antérieur. Les deux tendons des muscles péroniers sont
assujettis sur la malléole externe par une arcade aponévrotique
commune sous laquelle ils ont chacun leur gaine.
Le solèaire est, comme dans les autres Ruminants et les Soli-
pèdes, à l'état d'une très faible bandelette qui, du côté externe, sous
l'aponévrose jambière, s'étend de la tubérosité externe du tibia au
tendon d'Achille.
Les jumeaux de la jambe, gastro-cnémiens ou bifémoro-
calcanéen. sont très forts, ils montent sur le fémur plus haut que
dans n'importe quel autre animal, mais ne présentent d'autre part
rien de particulier.
Le planto-perforè, résultant de la soudure bout à bout du
plantaire avec le perforé, atteint chez les chameaux le dernier
terme de sa transformation fibreuse ; ce n'est plus qu'un long et
fort tendon présentant un léger renflement fusiforme à sa partie
supérieure, oli l'œil non armé du microscope ne distingue pas le
moindre faisceau charnu ; sur la section on ne constate pas
cependant la texture ordinaire du tendon, mais bien celle d'un
muscle dont les intersections fibreuses se seraient concentrées jus-
qu'à suppression de toute partie charnue intermédiaire ; on voit
nettement dans le centre de cette section deux orifices vasculaires
très développés, l'un artériel, l'autre veineu.x, sans compter quelques
autres plus petits.
Cet organe prend naissance vers le tiers inférieur de la face
postérieure du fémur, au niveau d'une forte rugosité, descend entre
les deux ventres des jumeaux de la jambe, accolé à l'externe,
contourne le tendon de ces muscles de dessous en dedans et de dedans en dessus
formant avec lui la corde du jarret, ou tendon d'Achille, corde renforcée d'une lanière très
forte émanant de l'aponévrose jambière, coiffe le sommet du calcanéum, descend derrière le
%
FiG. 50. — Muscles de la
RÉGION JAMBIÈRE POSTÉ-
RIEUR E, COUCHE PROFONDE.
1 , 1 , coadyles du feraur ;
2, ménisques de Tarticula-
tioû fémoro-tibiiile ; 3, tubé-
rosité interne et supérieure
du tibia; 4, artère poplitée
(une erreur de dessin ta fait
passer sous le ligament su-
périeur du ménisque ex-
terne, en réalité elle passe à
sa superficie; ; 5, art. tibiale
postérieure; C, 6, tibia; 7.
ligament calcanéo-melatar-
sien; 8. suspenseur du boulet;
9, tendon perfoiant; 10. bride
tarsieuLie ; 11, arcade tar-
sienne ■./jo.poplité; c^, court
péronier. qu'on aperçoit à
peine; /'p, chef externe du
perforant, ou \o\v^ fléchis-
seur péronéai; /"ï, chef in-
terne du perforant ou long
fléchisseur tibial.
CHAMEAU A DKIX liOSSHS 81
ligament calcanéo-métatarsien, reçoit à la base du tarse la bride tarsienne surgissant au côté
interne du perforant, et. à partir de là, se comporte exactement comme le tendon perforé du
membre antérieur. On conçoit sans peine qu'une pareille corde fibreuse contribue puissam-
ment à soutenir les angles du jarret et du boulet pendant la stition.
Le poplitè ne présente rien de bien particulier; son tendon est complètement découvert
vu l'absence de ligament fémoro-tibial externe ; sa portion charnue descend le long du bord
interne du tibia sur un tiers de la longueur de l'os environ. Je suis un peu surpris de lire
dans Ghauveau et Arloingque « le poplité du dromadaire est tout à fait confiné à la partie
supérieure et postérieure du ti])ia ».
Le lonf) fléchisseur interne des phalanges, long fiéchisseur commun des orteils ou per-
forant de l'homme, fléchisseur oblique des phalanges des vétérinaires, est remarquable chez
les chameaux à son énorme volume, qui l'emporte de beaucoup sur celui du long fléchisseur
externe, tandis qu'on observe préciséaient le contraire dans les autres animaux. Comme le
tendon perforant se constitue à la base du tarse par la réunion de ces deux muscles, il s'ensuit
que, chez les chameaux, le long fléchisseur interne est le chef principal du perforant, et le long
fléchisseur externe le chef accessoire; tandis que dans les autres animaux, solipèdes, bœuf,
mouton, chèvre, porc, chien, chat, lapin, c'est juste l'inverse : le long fléchisseur externe
est le chef principal et le long fléchisseur interne le chef accessoire.
Le long fléchisseur interne des chameaux couvre à peu près toute la largeur de la face
postérieure du tibia en i^ejetant le long fléchisseur externe sur le côté; il s'étend en pointe
jusqu'à latubérosité externe et supérieure de cet os; d'autre part, son tendon aplati contourne
la malléole interne en arrière, descend le long du ligament latéral interne du tarse dans une
gaine particulière, et se réunit au tendon de son congénère ainsi qu'on le voit dans la fig. 50.
Le long fléchisseur externe des phalanges, long fléchisseur propre du gros orteil de
l'homme, fléchisseur perforant des anatomistes vétérinaires, est, comme nous venons de le dire,
petit et refoulé vers le bord externe du tibia, contre le court pénmier. 11 s'insère sur la tubé-
rosité externe et supérieure du tibia, sur l'aponévrose d'enveloppe du long fléchisseur
interne, ainsi que sur le cordon fibreux qui tient lieu de péroné. D'autre part, son tendon
s'engage, au côté interne du calcanéum, dans une petite gaine équivalente à la gaine tarsienne
véritable des autres animaux, et se réunit, comme nous l'avons dit, au tendon du long fléchis-
seur interne, pour former avec lui le tendon perforant. Ce dernier traverse l'angle de bifurca-
tion du ligament calcanéo-métatarsien, se place dans la gouttière du ligament suspenseur du
boulet, et se comporte ensuite exactement comme au membre antérieur.
Rég-ion du pied. — 11 n'y a dans la région du pied des chameaux qu'un seul muscle, le
pédien.r; encore est-il très faible et relégué tout en haut du métatarse; il se détache de l'extré-
mité inférieure du calcanéum et se réunit aux tendons extenseurs à quelques centimètres plus
bas.
Il est inutile de répéter que le ligament suspenseur du boulet figure, comme au membre
antérieur, les deux muscles interosseux des métatarsiens III et IV soudés en os canon, muscles
réunis et transformés en tissu fibreux. Ce prétendu ligament est beaucoup moins fort qu'au
membre antérieur.
Arch. Mus. — t. VUI. 11
82 UIICUKRCHES ANATOMIQUES SIU LES CAMÉLIDÉS
CO.NSIDÉU.VTIOAS GLMlRALKS SUR Li:S iMLSCLES DES CHAMEAUX
On lit dans Vallon :
« Le système musculaire est beaucoup moins développé chez le dromadaire que chez les
autres Herbivores et surtout que chez le bœuf où il prend des proportions extraordinaires
sous l'influence de la nourriture et de certains agents extérieurs. La différence est tellement
grande qu'elle n'échappe à personne, et que tout d'abord on se demande comment, avec des
membres aussi grêles, une charpente aussi lourde, cet animal peut faire d'aussi longues
routes ou porter des fardeaux aussi pesants. Ce qui paraît plus étonnant encore, c'est de voir
que les régions qui, cliez les animaux domestiques porteurs ou coureurs, ont des muscles très
développés, en ont au contraire de très grêles dans celui qui nous occupe. La croupe, la
cuisse, les reins des chevaux de course ou de trait sont richement musclés, tandis qu'ils sont
d'une maigreur étonnante chez le dromadaire. » — Il nous est impossible de souscrire
à ces assertions. Assurément les chameaux n'ont pas la cuisse et la croupe rebondies,
les reins doubles de certains chevaux ; mais pour ce qui est de l'épaule, du bras, de l'avant -
bras, de la jambe, je puis affirmer que leur musculature l'emporte sur celle d'aucun autre
animal domestique. Et si l'on considère que les muscles de ces régions ont suivi l'allongement
des rayons des membres, qu'ils sont en général très entrecoupés de tendons dans leur
épaisseur, que certains d'entre eux, comme le planto-perforé. les interosseux, ont subi
complètement la transformation fibreuse, que les muscles des gouttières vertébrales sont, eux
aussi, très fortement tendineux à la surface et dans l'épaisseur, on arrive à une conclusion
tout opposée à celle de Vallon, à savoir que le développement de l'appareil musculaire est en
parfaite concordance avec l'aptitude motrice particulière de ces animaux-là. D'autre part, il
est évident que le ligament cervical, la tunique abdominale et les expansions élastiques que
nous avons signalées en diverses régions sont autant d'auxiliaires précieux pour les muscles,
donnant aux mouvements plus de continuité et de souplesse. Et cette souplesse incomparable
du cou et des membres chez les chameaux fait compensation à la rigidité de la colonne ver-
tébrale dorso-lombaire, laquelle ne pouvait remplir son rôle de voûte solide, pour porter, qu'en
perdant de sa flexibilité.
Quanta la couleur des muscles, elle nous a semblé la même que dans le bœuf. Cependant
Vallon déclare que, dans le dromadaire, elle est un peu moins foncée, plus blanche.
La viande des chameaux est bonne à manger et très nutritive; mais elle n'est ni aussi
savoureuse, ni aussi succulente que celle du bœuf. D'ailleurs, ainsi que le fait remarquer
Vallon, le prix de ces animaux est trop élevé pour qu'on les sacrifie pour la boucherie,
alors qu'ils peuvent rendre encore des services comme véhicules.
ANATOMIE DU PIED
Nous voulons ici parler du pied tel qu'on le comprend dans le langage courant, c'est-
à-dire de l'extrémité des quatre membres, indifféremment, posant sur le sol et supportant le
corps, telle que nous l'avons fait connaître au point de vue extérieur.
GIIAMKAU A DEUX BOSSES
83
FiG. TA.
Coupe transversale
DU PIED
Cet organe comprend dans sa structure :
1° Les 2" phalanges, sous lesquelles s'étalent le coussinet et la semelle plantaires;
2° Les 3°^ phalanges supportant les ongles;
3° Les articulations des i'"' plialanges avec les 2"% jointures du paturon avec le pied ;
4° Les articulations des 2'' phalanges avec les 3°% articulations présentant chacune un
ligament élastique qui soulève la griffe et lui donne une véritable rétractilité, comme dans les
félins ;
5° Los tendons extenseurs et les tendons fléchisseurs, terminés sur les 2*" et les 3"' pha-
langes, ces derniers lubrifiés par le cul-de-sac inférieur des synoviales grandes sésa-
moïdiennes.
G° Le coussinet plantaire, avec la semelle de corne qui le revêt, coussinet commun aux
deux doigts et dispensant de ligaments interdigités;
7" Les ongles, avec le derme sous-ongulé ou membrane
kératogène ;
8'' La peau, qui couvre la face supérieure du pied et empêtre
les deux doigts;
9" Enfin, les vaisseaux et les nerfs.
De toutes ces parties, il ne nous reste à étudier que le
coussinet plantaire, le derme sous-unguéal, les vaisseaux et les
nerfs; encore reporterons-nous l'étude de ceux-ci en angiologie
ou en neurologie.
Le coussinet p/antaire est une vaste pelote souple,
élastique, qui forme toute la surlace d'appui du pied, pelote
débordant les secondes phalanges latéralement, proéminant en
arrière, au delà de leurs articulations avec les premières, en
formant les bulbes des talons. Il est constitué par quatre boules
de tissu adipeux, par des travées fibreuses formant loges à
ces boules, et enfin par un derme superficiel fonctionnant
comme membrane kérotagène à l'égard de la semelle de corne qui le recouvre. Les boules
adipeuses sont souples, molles, pour ainsi diresemi-tiuides, et, chose curieuse, elles conservent
ces caractères après la mort, tandis que le tissu graisseux ordinaire se iige en suif. On peut
les distinguer en internes et externes, ou mieux en concentriques et excentriques. Les premières
sont de beaucoup les plus petites; elles sont disposées de part et d'autre d'un septum fibreux
médian, s'atténuent en arrière, et n'atteignent pas les talons. Les secondes sont ovoïdes;
leurs dimensions varient d'un œuf de poule à un oeuf de dinde suivant le volume du pied;
elles n'arrivent pas jusqu'aux ongles, mais atteignent les talons. Ces quatre boules sont
assez fociles à énucléer; le microscope les montre composées d'un tissu adipeux de texture
serrée, pénétré d'un réseau de fines fibres élastiques. Les travées fibreuses qui les
circonscrivent font corps avec le derme périphérique et lui constituent une sorte de
couche réticulo-adipeuse extrêmement hypertrophiée. On distingue : une travée médiane,
très épaisse, comblant l'interstice digité, et deux travées latérales obliquement dirigées de
haut en bas et de dedans en dehors. Ces travées s'unissent avec une couche profonde appli-
quée sur les tendons perforants, couche qui prend insertion sur les crêtes latérales des
). 1, boules adipeuses externes;
2, 2, lioules adipeuses internes;
3, 3, tendons perforants; 4. cavité
synoviale; 5, travées fibreuses en-
tourant les boules de graisse ;
(i, derme velouté sur lequel se dé-
veloppe la semelle cornée; 7, pointes
des ongles; t>, tissu élastique enve-
loppant immédiatement les boules
adipeuses.
84 UECHEUCHES AXATOMIQUES SIK LES CAMl'lLIDÉS
2'"" phalanges et lixe ainsi très solidement le coussinet plantaire au squelette. Au contact
des boules adipeuses, le tissu fibreux blanc fait place au tissu élastique, lequel devient parti-
culièi-ement abondant dans la région des talons et forme ce que Vallon appelle le coussinet
postérieur. Quant au derme extérieur, il est recouvert latéralement d'un épidémie ordinaire,
tandis qu'il supporte la semelle de corne inférieurement; là, il forme une soi-te de couenne
dense, épaisse d'un demi -centimètre environ, hérissée de papilles comme une membrane
veloutée, papilles noyées dans un corps muqueux éléidinique qui fait germe pour la semelle
cornée. Nous avons déjà parlé de celle-ci, nous n'y reviendrons pas.
Chacun des deux ongles qui terminent le pied antérieurement est formé d'une lame de
corne dure et fibreuse, amincie sur les parties latérales, lame qui, après arrachement, laisse
à découvert un derme sous-unguéal ou membrane kératogènc offrant à considérer : une rai-
nure unguéale. un pli sus-unguéal ou bourrelet périopliqne, un bourrelet proprement dit ou
cutidure, enfin un podophylle.
La rainure dans laquelle est serti le bord proximal de l'ongle, bord taillé en biseau, est
relativement profonde. Elle est surmontée d'un pli dont descend une mince couche d'épiderme
corné, qui s'unit de chaque côté à la semelle plantaire, et qui répond de tous points à ce que
les vétérinaires appellent périople.
Le bourrelet, ou cutidure, est un renflement en forme de croissant qui suit la rainure
unguéale, logé dans un biseau en guiittière du pourtour de l'ongle à sa racine. Il est hérissé
de papilles pénétrant dans les porosités de la gouttière opposée et correspondant aux tubes
cornés. C'est la matrice de l'ongle.
Quant au podophylle, c'est, comme toujours, un derme feuilleté, engrené avec les crêtes
de la face interne de l'ongle, assurant l'adhérence de celui-ci, mais ne contribuant pas à son
accroissement; en un mot, c'est une surface kératophore et non pas une surface kératogène. Il
se termine au contact du derme velouté de la semelle plantaire, par une crête finement dentelée.
Telles sont les diverses parties du pied qu'il nous restait à faire connaître. Nous avons
ainsi achevé l'étude de l'appareil locomoteur.
APPAREIL DIGESTIF
BOUCHE
La bouche des chameaux est susceptible de s'ouvrir plus largement que dans aucun autre
ruminant domestique; elle est largement fendue à son entrée comme une véritable gueule.
Le&lèores sont extrêmement mobiles; l'inférieure mince et pointue, la supérieure beau-
coup plus charnue et fendue en deux moitiés susceptibles de se mouvoir isolément; le sillon
médian, qui produit ainsi bec de lièvre, fait suite à la partie inférieure des deux narines réunies.
CIIAMKAU A DKUX BOSSES
85
et se termine en échancrure sur le bord de la lèvre. Il n'y a point de mufle : la lèvre supé-
rieure, comme l'inférieure, est revêtue d'une peau fine et velue où l'on voit un certain nombre
de longs poils tactiles disséminés, semblables à ceux que présentent les Solipèdes au même
endroit. La face interne des lèvres ainsi que leur bord libre sont dépourvus de papilles. La
muqueuse est souvent pigmentée.
hes joues sont hérissées de longues et fortes papilles en odontoïdes qui peuvent atteindre
jusqu'à 2 centimètres et même 2 cm. 1/2 et qui sont toutes dirigées eu arrière. La plupart
sont divisées à l'extrémité en pointes inégales comme le montre la figure 52; les autres
FiG. 5;i.
• Palais et lamueai
DE JOUE
FiCi 53. KxTItKMlTÉ DE I.A 5IACH0IEE
INFÉRlEUliE ET DE LA LANGUE
FiG, 52. — 1, bourrelet muqueux opposé aux incisives inférieures; 2, crochet incisif ; 3. canine; 4, lambeau de joue; a .<( *
première arrière-molaire; abc, variétés de papilles des joues.
Fi G. ~i'i. — jnnc, pince, mitoyenne et coin ; ca canine; L, lang'ue; 2. sa face inférieure; 1, revers papillaire; 3. 3. double frein;
4. 4. orifices des canaux de Warton ; 5, crochet prémolaire du côté droit; 5'. place de l'autre crochet prémolaire
qui est resté inclus dans l'os.
sont simples et coniques. Elles s'arrêtent au niveau des plis gingivaux, le long desquels elles
s'alignent en série.
Le jxilais est extrêmement étroit dans ses 2/3 antérieurs, beaucoup plus que ne l'indique
la figure 52. Il est à peu près lisse postérieurement, sur toute la surface comprise entre les
arcades molaires, tandis que, en avant, de chaque côté d'un léger sillon médian, il est traversé
par sept ou huit crêtes successives, irrégulières, découpées en crénelures dirigées postérieu-
rement. Entre ces crêtes primaires, on voit, en certains endroits, des crêtes secondaires;
formées de quelques crénelures seulement. L'extrémité de la mâchoire est occupée par un
bourrelet muqueux en forme de croissant qui tient la place des incisives absentes, bourrelet
solide, corné à la surface, qui s'oppose aux iacisives de la mâchoire inférieure; c'est à son
bord postérieur que, dans les bœufs, les moutons, les chèvres, etc., débouchent par deux
fentes les canaux de Jacobson; mais cette communication buceo-nasale fait défaut aux
chameaux comme aux Solipèdes.
UECIIEUCIIKS AXATUMUjUliS SLU LES CAMELIDES
La muqueuse palatine était de couleur livide et comme plombée, sur les individus que
que nous avons disséqués.
La couelie fibro-vasculaire sous-jacente acquiert en certains points une épaisseur de 2 à 3
centimètres ; aussi y a-t-il lieu de supposer que cette région est sujette à la turgescence sanguine.
Le canal Jingual ou pjanclier de la bouche est long et étroit; le corps de la mandibule est
creusé supérieurement d'une longue gouttière hémicylindrique d'où se détachent deux freins
antérieurs pour la langue(fig. 53). On n'y voit pas de barbillons : les canaux: de Wharton s'ou-
vrent au-devant des freins de la langue, chacun par un petit orifice circulaire qui semble
percé à l'emporte-pièce, orifice entouré d'une aréole foncée. Plus profondément, sur le coté
de la partie fixe do la langue, on remarque une dizaine de longues papilles filiformes alignées.
La langue des chameaux est beaucoup moins forte, mais plus allongée que celle du bœuf; tou-
tefois elle se renfle considérablement dans la partie qui précède l'isthme du gosier. Sa face supé-
rieure, quoique moins douce au toucher que dans le cheval, n'est pas rude et
râpeuse comme chez le boeuf. Elle ne m'a pas semblé plus prétractile que
dans la chèvre et le mouton. Daubenton a donné des figures très exactes
de la face supérieure de cet organe. On remarque, s\n- la moitié antérieure
environ, c'est-à-dire sur la partiealtéiiuée, une infinité de petites papilles,
FiG. .ji. — Muscles de la lan^.le et de l'hyoïde.
i, apophyse jugulaire ; 2. slylo-bval ; 3, cérato-hyal ; 4, apo-hyal ; 5, liasi-lival ; fi. uro-hyal ; 7. corps du maxillaire inférieur;
ai, digastrique ; s/i, stylo-hyoïdien; w/i, mylo-hycidi-'n ; g h^ séaio-liyoidieu ; //y, génio-glosse ; bg, basioglosse; sg^ stylo-
glusse ; rni, couche des muscles intrinsèques ; mw, muqueuse linguale ; oh, occipUo-hyodïeii.
la plupart filiformes a pointe dirigée en arrière, les autres fongiformes semées comme de petites
perles particulièrement visibles sur les bords et vers la pointe; ce champ papillaire s'arrête sur
les bords latéraux, tandis qu'au niveau de la pointe il se réfléchit en dessous et forme un revers
très remarquable. Sur la partie renflée de l'organe, on voit : 1" de grosses papilles aplaties et
inclinées en avant, semblables aux dents d'une râpe à bois, entremêlées de quelques papilles
filiformes et de papilles fungiformes; 2° deux séries latérales, convergentes en arrière, de cinq
ou six papilles caliciformes dont les plus grosses atteignent la dimension d'une pièce de
20 centimes. En arrière de la protubérance de son dos, dans la région comprise entre les
piliers et précédant l'épiglotte, la langue se déprime en une vaste gouttière qui fait plancher
à l'isthme du gosier ; on y voit saillir, sous une muqueuse ridée et en quelque sorte chiffonnée,
le muscle hyo-épiglottique sur la ligne médiane, l'angle des branches de l'hyoïde sur les parties
latérales; en outre, la muqueuse est semée de cryptes amvgdaliens et d'orifices excréteurs de
glandules salivaires, entremêlés de quelques longues papilles en massue.
CHAMEAU A DEUX BOSSES S7
La constitution musculaire de cet organe ne montre rien de bien particulier. On découvre
deux cordons médians fibro-squelettiques : l'un sous la muqueuse de la face supérieure à la
place ordinaire, l'autre sous la muqueuse de la face inférieure, ce dernier formant une crête
rigide à l'extérieur. Le muscle stylo-rjlosse s'étend, sur le côté de la langue, de l'extrémité
inférieure du stylo-liyal et du cartilage qui l'unit au cérato-hyal à la face inférieure de la
partie libre ; il est relativement fort. Le basio-glosse est mince, confiné à la partie postérieure
de la langue; il procède de la pièce basi-hyale et de la corne thyroïdienne, couvre le cérato-
hyal et vient se perdre sous la muqueuse du dos, dans la couche dite intrinsèque. Quant au
gènio-glosse, il est très épais, surtout en arrière, ou ses fibres viennent s'insérer sur l'hypo-
hyal et le basi-hyal; ailleurs ses fibres l'ayonnent en éventail et se terminent sur toute la
longueur du dos de la langue. L'attache fixe se fait comme d'habitude par un court tendon
sur la surface génienne. Entre les deux génio-glosses, s'interpose un énorme noyau adipeux.
Voile du palais. — Le voile du palais est très ample, surtout dans les mâles ; il pourrait
atteindre, d'après Vallon, 33 à 35 centimètres de longueur. Chez les sujets que j'ai disséqués, il ne
dépassaitpas 20 à 25 centimètres. Il est, déplus, trèsoblique déliant enbasot d'avanten arrière
et il forme, en s'opposant à la base de la langue, un isthme du gosier extrêmement spacieux
et dilatable, limité latéralement à son entrée par deux forts piliers muqueux en arrière
desquels existe une profonde excavation oii on logerait le poing. Ces piliers sont dits
piliers antérieurs du voile ou piliers postérieurs de la langue. L'excavation située en arrière
peut être qualifiée d'amygdalienne, car on y voit une multitude de cryptes amygdaliens percés
sur autant de petites saillies hémisphériques : sorte d'amygdale étalée et pour ainsi dire diffuse.
Le voile du palais se termine par une vaste échancrure embrassant l'épigiotte, et par deux plis
muqueux latéraux qui contournent le larynx pour se joindre à quelque distance au-dessus
de l'entrée de l'œsophage (piliers postérieurs). Pour peu qu'il se soulève, son échancrure
laisse passer le larynx en avant et alors la respiration se fait exclusivement par la bouche.
En ce qui concerne la structure, nous avons noté : o) l'état mamelonné de la muqueuse anté-
rieure dû aux glandules sous-jacentes, et sa couleur livide ou brun clair ; h) la faible épais-
seur de la couche glanduleuse, qui est localisée à la partie supérieure du voile et dont les
glandules sont plus ou moins dissociées ; c) l'absence des pharyngo-staphylins et, au con-
traire, le développement considérable des palato-staphylins qui forment un cordon charnu
gros comme le doigt allant de l'arcade palatine au bord libre du voile ; d) le faible volume
du péristaphylin externe, qui toutefois reste charnu au delà de sa réflexion sur l'apophyse
ptérygoïde.
BuflTon a signalé que, à l'époque du rut, les dromadaires mâles montrent, à l'entrée
de la bouche, une sorte de poche, grosse comme une vessie de cochon, qui n'est rien
autre que leur voile du palais tuméfié à ce moment et refoulé par soufflement jusqu'à la
commissure des lèvres, grâce à son extrême développement. Cela ne se produit pas chez les
dromadaires' femelles. G. Cuvier rapporte qu'il n'a jamais constaté cette singularité chez le
chameau à deux bosses qu'il a pu observer vivant. De Blainville ne l'a pas constaté non plus
dans les lamas. Paolo Savi, de Pise (1824), prétendait que c'est la luette qui sort ainsi de la
bouche par le souffle de l'animal en colère. Mayer, de Bonn (1839), affirmait au contraire
que ce n'est pas la luette mais les extrémités lobiformes du bord libre du voile. — Ces
88
UECHERCIIES ANATOMKjUES SUR LES CAMÉLIDÉS
explications no sauraient être admises car il n'existe dans les chameaux ni luette, ni lobes
terminaux au bord libre du voile. J'ai eu la chance de disséquer un dromadaire mâle mort en
état de rut et voici ce que j'ai constaté : il s'était formé sur la face antérieure du voile, entre
les piliers qui l'attachent à la langue, un vaste pli muqueux transversal tombant à l'intérieur
de l'isthme du gosier, que l'on aurait pris de prime abord pour le voile du palais lui-même ;
ce pli flottant n'avait pas moins de vingt centimètres de hauteur et pouvait facilement être
amené à la commissure des lèvres ; c'est évidemment lui qui apparaissait au dehors, du vivant
de l'animal, refoulé par soufflement.
(;LAM)ES SALIVAIHES
La parotide (fig. 55) a la forme et la disposition de celle du boeuf, mais sa couleur est
peut-être encore plus foncée, vu qu'elle est aussi rouge que le masséter avoisinant. Vallon
Fig. 5."
ECORCHÉ DE LA TÈTE ET DE LA PARTIE SUPÉRIEURE DU COU.
1. labial; ?. releveur commun de Taile du nez et de la lèvre supérieure; 3 et 4, canin et releveur propre de la lèvre supé-
rieure réunis; 5. lacrymal; 6, buccinateur; 7. zy^oniatique ; S, niisséter ; S', sa couche profonde; 9. temporal; 10, débris
du temporo-auriculaire externe; 11, orbiculaire des paupières; 12, risorius de Sanlorini ; 12'. carré du menton;
13, glandes molaires inférieures; U, parotide ; li', canal de Sténon ; i.">, sous-maxillaire : H5, liiranieut cervical ; 17. grand
complexus; 18, oblique supérieur de la tête; 19. oblique inférieur; 20, petit complexus de la tète; 21. petit complexus
de l'atlas; 22, trachelo-atloidien ; 2'i, omo-hyoidieii; 24, sterno-raastoidieii; 2j. peaussier du cou iC'est par erreur qu'il a
été représente comme «'engageant sous l'omo-hyoïdien, en réalité il se perd à sa surface) ; 2Q, sterno-thyrofdien ; J. jugulaire
superficielle;/', veine faciale; r, carotide.
dit que chez le dromadaire elle pèse de 180 à 190 grammes. Elle ne descend pas au-dessous
du niveau de l'aile de l'atlas; la veine jugulaire passe sous elle sans la traverser. Quant au
canal excréteur ou canal de Sténon, il est de tout petit calibre et ne passe pas dans la cavité
de l'auge pour gagner sa destination; il croise la surface du masséter comme dans le mouton,
et s'ouvre dans la bouche à travers la joue, en regard de la deuxième prémolaire supérieure,
sur un gros tubercule. Vallon dit que, chez le dromadaire, ce canal suit le même trajet que
chez le bœuf, c'est une erreur.
CHAMEAU A DEUX BOSSES
89
La sous-maxillaire ne s'étend pas sous la gorge comme on le voit dans le bœuf; elle est
localisée sous la parotide, entre l'atlas et le pharynx, au contact des ganglions gutturaux. Sa
forme est celle d'un disque triangulaire. Elle pèse, dans le dromadaire, 6.5 à 70 grammes,
d'après Vallon. Le canal de Wharton, relativement fort, s'échappe de son milieu ; il croise le
stylo-hyal et le digastrique, longe la face externe du stylo-glosse, puis du génio-giosse, cou-
vert par la muqueuse, et débouche enfin, ainsi que nous l'avons dit déjà, par un orifice aréole
percé à fleur de la muqueuse du canal, au-devant du frein de la langue.
La glande sublinguale est très mince et très allongée, décomposée en une dizaine de
giandules dissociées comprises entre la muqueuse et le muscle stylo-glosse. Les canaux excré-
teurs viennent déboucher au fond du canal lingual dans les intervalles de la série de papilles
que l'on trouve à cet endroit, et non pas sur ces papilles mêmes comme on pourrait le
croire.
hes, glandes molaires inférieures sont extrêmement développées, de couleur rougeàtre.
Les supérieures forment, comme chez le chien, un gros lobe postérieur sous l'arcade
zygomatique vers le fond de l'orbite, lobe qui s'ouvre par un canal unique (canal de Niick),
en dedans de la joue : c'est la glande sous-zygomatique de Duvernoy ou glande orbitaire des
anatomistes allemands. Vallon a rencontré dans l'un des canaux de Niick d'un dromadaire
femelle dix calculs ayant le volume et la forme d'un grain de blé ou de millet.
Il faut en outre signaler les nombreuses giandules répandues en divers points sous la
muqueuse buccale, notamment au niveau du voile du palais, des lèvres et de la base de la
langue. S'il fallait en croire Vallon, les chameaux seraient mieux doués au point de vue de
l'appareil salivaire qu'aucun autre animal domestique. Mais cette assertion n'est exacte qu'en
ce qui concerne la couche glandulaire sous-
muqueuse, elle ne l'est pas pour les glandes
conglomérées telles que la parotide et la 'il^ \ ^X"^,
maxillaire.
FlG.
Vue latérale du pharynx et du larynx.
PHARYNX
Le pharynx ou arrière-bouche est ex-
trêmement long et conséquemment le larynx
est très descendu, l'isthme du gosier très pro-
fond. Il forme à sa partie supérieure, entre les
trompes d'Eustache, un vaste cœcura an-ondi,
membraneux, constitué par une sorte de hernie
de sa muqueuse. 11 présente, à l'intérieur, un
gros pli muqueux qui se détache de la paroi
postéro-latérale et se rabat sur un large cul-
de-sac. La muqueuse est noirâtre, elle reçoit
le produit de très nombreuses giandules sous-
jacentes.
Les muscles sont représentés figure 56. On voit un ptéry go-pharyngien étroit et relati-
vement faible, un stylo -pharyngien court mais large, détaché des extrémités adjacentes
Arcii. Mus. — x. VIU. 12
1, stylo-hj'al ; 2, cérato-liyal ; 3, apo-hyal ; 4, basi-hyal ; 5, uro-
hyal ; t), cartilage thyroïde; 7 et S, cncoide ; 9, 1" cerceau
de la trachée; eu. cul-de-sac supérieur du piiarynx ; jït?,
péristaphyliu externe ; p i, peristaphylin interne ; p t, ptérygo-
pharyngien ; sp, slylo-pharyngien ; /tp, hyo-pharyngien ;
tp, ihyro-pharyugieu ; cp, crico-pharyugieu ; s/i, stylo-
hyoïdien; K/i, kerato-hyoïdien suppose vu par tiansparence;
hg^ basio-glosse; sg, stylo-glosse; g h^ insertioa du génio-
hyoîdieu sur la corne thyroïdienne ; v, couche glanduleuse
du voile du palais ; /i(, hyo-thyroidieu; oh, omohyoïdien ;
t/i, glande thyroïde; S, ganglion cervical supérieur du
sympathique et lilet cervical ; X. nerf pneumo-gastrique ;
0, tronc commun au nerf laryngé superleur b et au nerf
œsophagien cervical c; rf, nert laryngé inférieur, Œ, œso-
phage.
90 RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
du stylo-hyal et du cérato-hyal ainsi quo du cartilage qui les réunit, un hyo-iiharyngien
étroit, enfin un tliyro-pharyngien et un crico-pharyngien larges, confondus l'un avec l'au-
tre, ainsi qu'avec le précédent, pour former une vaste tunique charnue qui se continue
insensiblement avec celle de l'œsophage. Nous avons remarqué, en outre, chez un droma-
daire, un muscle qui descendait de l'arc antérieur de l'atlas et s'épanouissait sur la paroi
postéro -latérale en se réunissant au constricteur supérieur. C'était sans doule un organe
anomal ?
ŒSOPHÀ&E
L'œsophage est extrêmement dilaté et dilatable et son ouverture supérieure largement
béante. A l'extérieur il continue le pharynx d'une manière presque insensible, vu qu'il est
évasé à ses deux extrémités. A l'état de dilatation modérée, il l'emporte de beaucoup en calibre
sur la trachée. Sa longueur participe nécessairement de celle du cou : elle atteint environ
2 mètres.
Colin signale, dans son Traité de physiologie comparée, que la muqueuse œsopha-
gienne du dromadaire adhère plus fortement à la tunique charnue que chez les Solipèdes.
Cela se remarque aussi dans le chameau à deux bosses ; et cette adhérence toute particulière
tient à un grand nombre de petits grains glandulaires, facilement perceptibles au toucher, qui
sont répandus entre les deux tuniques. On constate, à l'aide du microscope, que ce sont des
glandes racémeuses à épithélium clair, mucipare, longues chacune de 1/4 à 1/2 millimètre,
épaisses de 1 à 2/10 de millimètre . Il n'est pas une coupe examinée qui n'en renferme au
moins une. Ces glandules reposent sur la tunique charnue, sous un plan de veines relativement
volumineuses. Le chorion de la muqueuse est hérissé de petites papilles coniques ou mame-
lonnées toutes noyées dans le corps muqueux de l'épithélium. L'épaisseur totale de celui-ci
est d'environ 1/5 de millimètre.
Cet extrême développement de glandules, que nous avons remarqué déjà dans le pharynx
et la bouche, explique les jets de salive que les Caméliens lancent si volontiers et si fréquem-
ment par la bouche. En entretenant les premières voies digestives en état d'humectation
constante, il facilite peut-être la résistance à la soif que ces animaux présentent à un si haut
degré.
La couche musculaire de l'œsophage des chameaux est relativement mince, de couleur
rouge dans toute son étendue, formée de fibres circulaires à la superficie, longitudinales ou
plus ou moins spiroïdes dans la profondeur.
ESTOMAC
L'estomac des Caméliens a été l'objet de nombreux travaux; car on s'est évertué, depuis
Phne, à y chercher la cause pour laquelle ces animaux supportent si longtemps la soif. On
lit, en effet, dans V Histoire naturelle de cet auteur célèbre : a Les chameaux mettent en
réserve dans des poches annexées à leur estomac l'eau qu'ils boivent en grande quantité lors-
qu'ils en trouvent, afin de pouvoir s'en servir ensuite lorsqu'ils viennent à en manquer dans
les déserts où ils ont coutume de voyager. »
CHAMEAU A DEUX BOSSES
91
Parmi les anatomistes qui se sont occupés de cet important sujet, il convient de citer
Perrault, Mémoires de V Académie des sciences, 1668 ; Daubenton, Histoire naturelle de
Buffon; Everard Home, Lectures of the comparative anatomy : G. Ciivier, Leçons d'ana-
tomie comparée; Knox, Transactions of the Royal Society, Edimboitry, vol. II; Brandt,
Mémoires de l'Académie des sciences de Saint-Pétershourg, 6° série, t. IV, sciences natu-
relles; Vallon, loc. cit.: Boas, Morphol. Jahrh., 3° Heft; enfin, tout dernièrement, le
D' Cordier, qui a publié dans les Annales des sciences naturelles. Zoologie, t. XVI, 1894,
un long travail sur l'anatomie comparée de l'estomac des Buminants.
Mais ces divers auteurs sont si peu d'accord dans leurs descriptions et surtout dans leurs
homologations de l'estomac des Caméliens à l'estomac des Ruminants ordinaires qu'il est
extrêmement difficile de comparer leurs écrits ; il y a
de quoi rebuter les plus patients.
Je décrirai d'abord les choses telles qu'elles sont
ou du moins telles que je les ai vues ; je ferai connaître
ensuite les diverses interprétations qui en ont été
données.
L'estomac des chameaux n'est guère moins déve-
loppé que celui du bneuf; la capacité moyenne,
d'après G. Colin, serait de 245 litres chez le droma-
daire, de 252 litres chez le bœuf. Débarrassé de son
contenu et convenablement nettoyé, l'estomac du
chameau à deux bosses pèse de 7 à 8 kilogrammes.
L'estomac et l'intestin n'ont pas, dans la cavité
abdominale, la même position relative que dans les
Ruminants ordinaires. Chez ceux-ci, la masse intes-
tinale tenant à un seul et même mésentère est située
au-dessus et à droite de l'estomac ; quand on ouvre le
ventre par dessous, on ne voit partout que la masse
gastrique, du diaphragme au pelvis, d'un hypochondre
à l'autre. Chez ceux-là (fig. 57), l'estomac laisse
l'intestin à découvert dans la région du bas-ventre et
dans celle du flanc droit ; ainsi que le dit Daubenton,
cet estomac « s'étend plus en arrière dans le côté
gauche que dans le côté droit... C'est du côté droit
que se trouvent les petits estomacs. » Si les chameaux étaient sujets à la météorisation de la
panse, c'est donc à travers le flanc gauche qu'il faudrait ponctionner ce réservoir, comme
dans les Ruminants ordinaires.
Nous ne distinguerons, à l'instar d'Owen et de Gegenbauer, que trois compartiments : la
panse, le réseau et la caillette.
Fig.
— Estomac et intestin en place.
P. p.iiise; 1, lobe antériem-: 2, liile; 3 et 4, groupe
de cellules aquiCéresdu lobe postérieur; 5, artère;
R, réseau; C. caillette; R a, rate; I. intestin grêle;
îi, iléon; cœ, ctecum ; co, côlon spiral ;p f, partie
terminale du côlon; caU callosité sternale.
Panse. — La panse est un énorme réservoir réniforme dont l'échancrure ou bile
regarde à droite et un peu en avant, réservoir aplati de dessus en dessous, obliquement placé
dans la cavité abdominale, de telle sorte que sa face inférieure est légèrement touniée à
92
RECIIKllCIIES ANATOMIQUKS SUR LES CAMÉLIDÉS
droite et son bord droit remonté vers les lombes et le diaphragme. Le grand axe est
antéro-postérieur, il mesurait 1 mètre à 1™!") dans les chameaux adultes que nous avons
étudiés; tandis que le diamètre transversal maximum était de 0"'70 à 0"'75. Ces dimen-
sions varient beaucoup suivant le degré de plénitude, car le viscère s'allonge et s'aplatit
lorsqu'il se vide.
Daubenton donne comme mesures de la panse du dromadaire : longueur 0'"702, circonfé-
rence l'"836.
Fie. 58.
F/lck supÉntEURE DE l'estom.\c.
FiG. 50. — Face inférielire ue l'estomac.
FiG. 58. — ffs, embouchure de IVsophage ; R. rate; 1, trône] gastro-splêoique; 2, artère gauche du rumen ; 3 et 4. artères
droites du rumen ; 5, artère pléuique ; 6. tronc commun des deux artères de la caillette ; 7, artère du hile "iu rumen ;
8, artère antérieure du rumen ; 9 et 10, artères de la cadlette ; U et 12, artères du réseau ; 1.3, artère gastro-épiploique
ou récurrente de la caillette; 14, artère pylorique.
FiG. 59. — A, Panse; B, cellules aquifères antérieures; CD, cellules aquifères postérieures divisées en deux gi-oupes par
la scissure épiploique; ep, épiploon; E. reseau; F. partie initiale de la caillette, plus ou monis distincte; G, première
dilatation ; H, partie moyenne ; I, deuxième dilatation ; K, renflement mitial de l'intestin.
Pour une description plus complète, nous distinguerons : une face supérieure, une face
inférieure, une grande courbure, un hile, et deux lobes situés de part et d'autre du hile.
La face supérieure, légèrement tournée à gauche vu l'obliquité du viscère, est plus large
en arrière qu'en avant, convexe, appliquée sur le diaphragme et la région lombaire, où elle
prend de multiples adhérences; elle reçoit, dans le milieu de sa longueur, non loin du hile,
l'embouchure de l'oesophage, embouchure évasée comme dans tous les Ruminants.
La face inférieure est plus convexe que l'opposée; elle est en rapport avec la paroi
abdominale du côté gauche, dans la plus grande partie de son étendue; en arrière et à droite,
elle se laisse chevaucher par un certain nombre de circonvolutions de l'intestin grêle.
CHAMEAU A DEUX BOSSES 93
La grande courbure, opposée au hile, regarde à gauche et en arrière; elle suit l'hypo-
condre gauche, à partir de l'épigastre, s'élève contre le flanc gauche et croise ensuite
la région sous-lombaire du même côté, donnant attache à la rate dans cette dernière
région et y contractant rapport avec la masse intestinale, le gros intestin principalement.
C'est un bord extrêmement épais, arrondi, qui établit transition insensible d'une face
à l'autre.
Le liile est une échancrure profonde, regardant en avant et à droite et donnant à la
panse la forme d'un rein, échancrure au niveau de laquelle se fait la communication avec
le deuxième estomac ou réseau.
Les lobes sont deux énormes culs-de-sac arrondis qui bordent le hile de part et d'autre et
portent les augets ou cellules aquifères. On peut les distinguer en : antérieur ou gauche,
postérieur ou droit. Le lobe antérieur fait une forte proéminence dans la région épigastrique ;
il est surmonté, au contact du diaphragme, d'un relief boursouflé en forme de cimier de casque
qui correspond à un groupe de cellules aquifères; cette partie bosselée offre l'aspect du côlon
du cheval, ainsi que le dit Daubenton, avec cette différence toutefois qu'il n'y a pas de bande
charnue à la surface. Le lobe postérieur est en continuité avec le réseau au niveau d'un étran-
glement prononcé ; il est lisse sur sa face supérieure, gaufré sur sa face inférieure ; on voit
là deux groupes importants de cellules aquifères, séparés par une scissure oîi s'attache le grand
épiploon.
La panse ouverte présente à étudier sa muqueuse, son pilier, ses augets aquifères, la
gouttière œsophagienne, enfin l'orifice de communication avec le 2"* estomac.
La muqueuse est pâle et lisse comme celle de l'œsophage. Elle ne présente pas la
moindre papille visible à sa surface. Quand on est fomiliarisé avec l'aspect touff'u qu'elle
offre dans les ruminants ordinaires, on est très frappé de cette différence, qui, cependant, est
plus apparente que réelle, car, sur des coupes examinées au microscope, il est facile de con-
stater qu'il existe de très nombreuses papilles filiformes noyées dans l'épithélium. Celui-ci
atteint 0™"04 à 0™"'065 d'épaisseur, et présente une couche cornée qui desquame en grands
lambeaux sur le cadavre.
Vallon écrit que les glandes du rumen sont abondantes, relativement volumineuses et
très visibles au microscope. La vérité m'oblige à le contredire : ni à l'œil nu, ni au microscope
il ne m'a été possible de trouver dans la panse une seule glande, autre part que dans les
augots aquifères. Il en est de même, d'ailleurs, dans les autres Ruminants, pour toutes les parties
de la muqueuse gastrique revêtues d'un épithélium malpighien (panse, réseau, feuillet), ainsi
que pour le sac gauche de l'estomac des Solipèdes.
Un pilier charnu fait relief dans la panse sur le côté gauche de la gouttière œsopha-
gienne et de l'orifice du réseau, et se poursuit, en se contournant, le long du groupe droit des
cellules aquifères. Un autre pilier beaucoup moins manifeste longe le groupe aquifère gauche
à partir du cardia. Tous deux lancent des travées entre les rangées de cellules (fig. 60).
Les cellules ou augets aquifères, locules de De Blainville, forment deux amas sur les
lobes de la panse. Ce sont des dilatations de toute la paroi, des espèces de soufflures qui
gaufrent la surface extérieure du viscère, ainsi que nous l'avons déjà dit. Elles sont plus
larges au fond qu'à l'entrée, laquelle est circonscrite par des rubans musculaires jouant
probablement comme des sphincters. Les plus grandes n'ont pas moins de 10 centimètres de
94
RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
profondeur et peuvent contenir, je m'en suis assuré. 200, 250 et jusqu'à 300 centimètres
cubes ; elles sont divisées par des cloisons secondaires en augets plus petits susceptibles
eux-mêmes de subdivision, aspect qui rappelle singulièrement l'intérieur alvéolé du sac
pulmonaire de certains reptiles. Dans le groupe en forme de cimier, groupe gauche
ou antérieur, j'ai compté une cinquantaine d'augets primaires disposés en une quinzaine
Fi(i. 60. — iNTÉniEun de la panse.
1. œsophage ; 2, cardia; 3, gouttière œsophagienne: 4, son unique lèvre; 5, orifice de communication avec le réseau ; 6, pilier
phis ou moins' marqué longeant les cellules aquileres gauches; 7 et 8, pilier longeant la gouttière œsophagienne et les cellules
aquiféres droites; P, division souvent peu distincte de ce pilier; A, groupe de cellules aquifères du cote droit; B, groupe de
cellules aquifères du côté gauche.
de rangées transversales. Dans l'autre groupe, on en trouve dix à douze rangées comprenant
chacune trois à six grandes cellules; les plus antérieui^es confinent à l'orifice du réseau.
La paroi delà panse, au niveau des parties gaufrées, est très mince, comme si vraiment
elle avait été soufflée. M. Gordier se demande si elle ne céderait pas sous l'effort des gaz
si les chameaux se météorisaient comme le bœuf. La muqueuse qui revêt tous ces
alvéoles n'est pas une simple extension de celle de la panse : celle-ci s'arrête net à
quelques millimètres de l'entrée de chacun d'eux, suivant une crête manifeste ; tandis
que celle-là est une fine membrane veloutée, glandulaire, participant des caractères des
CHAMEAU A DEUX BOSSES 95
muqueuses vraiment digestives. Examinée au microscope, elle présente un épithélium
simple et cylindrique et de nombreuses glandules en tube noyées dans un derme
délicat, adénoïde, glandules qui ont été découvertes par Brandt et étudiées récemment
par M. Pilliet'. Il est très curieux de constater l'existence de ces petits champs muqueux
au milieu d'une surface épidermique; ne serait-ce pas un reste de la muqueuse endoder-
mique primitive qui s'étendait jusqu'au pharynx, reste qui a échappé à V èioidermisation
dont les tentes branchiales auraient été les points de départ ?
Les auteurs ne sont pas d'accord sur la tinalité physiologique des locules de la panse. La
plupart les considèrent, avec Pline, comme des espèces de citernes où l'eau est mise en réserve
pour les besoins futurs. Il sont en effet admirablement disposés pour recevoir et emmaga-
siner de grandes quantités de liquides, d'autant mieux que les rubans musculaires qui cir-
conscrivent leur entrée sont susceptibles, comme l'a fait remarquer Everard Home, de les
fermer complètement de manière à empêcher la pénétration des matières alimentaires solides.
J'ajouterai, en faveur de cette thèse, que la délicatesse de leur muqueuse paraît exclure le
contact des matières grossières que l'on trouve dans la panse. Si elles pouvaient s'y intro-
duire, on se demande, vu l'extrême minceur de la paroi, comment elles ne s'y engor-
geraient pas ?
D'autres auteurs, à la suite de G. Cuvier, ont soutenu l'opinion que les augets de la
panse servent non seulement à emmagasiner une partie de l'eau ingérée, mais encore à en
produire eux-mêmes par sécrétion. Rien n'est moins probable que cette sécrétion d'eau; les
glandules microscopiques dont nous avons déjà parlé ne paraissent guère suffisantes pour un
pareil rôle. Je tendrais plutôt à croire qu'elle sécrètent quelque suc digestif qui, mélangé à
l'eau, conserverait sa pureté et agirait sur le contenu de la panse. Ne serait-ce pas à ce
suc inconnu que les chameaux doivent d'être épargnés par lamétéorisation?
Quoi qu'il en soit, il est certain que les boursouflures de la panse ne constituent pas, comme
le dit Vallon, un simple moyen d'accroître sa surface interne; évidemment elles sont le siège
de fonctions qui ne sont point dévolues au restant de l'organe; les caractères particuliers de
leur muqueuse en témoignent suffisamment. Les quelques autopsies faites par Vallon où il
constata l'existence, à l'intérieur des augets, des mêmes matières que dans le reste de la panse,
ni plus ni moins délayées, ne sauraient infirmeries observations d'autres personnes, tout aussi
dignes de foi, qui disent avoir recueilli dans ces cellules 10, 15 et même 20 litres d'une eau
verdàtre qui devenait rapidement, par le repos, limpide et potable. Au surplus il ï\j a rien
d'étonnant de trouver, chez le cadavre, des aliments solides dans les cellules aquifères, car
les sphincters qui les ferment ont dû s'ouvrir au moment de la mort. Il n'est pas étonnant non
plus que ces cellules se soient vidées en grande partie de leur eau. car le décubitus dorsal
que l'on donne aux cadavres dont on ouvi-e le ventre favorise cette évacuation. Quant à
moi, je suis porté à croire à la fonction aquifère et sécréto-digestive de ces parties ; mais
cette fonction, pour être bien établie, demande de nouvelles recherches.
La gouttière œsophagienne est extrêmement longue (O^SO environ). Elle descend d'abord
du cardia à l'orifice du réseau en suivant le pilier de la panse, s'infléchit ensuite sur le contour
' Pilliet, Structure des alvéoles de la partie gaufrée de l'estomac du chameau (Bulletin de la Société
zoologique de France, lO"" année).
96 RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
supérieur de cet orifice, puis se prolonge, en se rétrécissant, sur la petite courbure du réseau
jusqu'à l'entrée de l'estomac suivant. Cette gouttière est unilabiée, et son unique lèvre, située à
di'oite, est un simple pli flottant de la muqueuse qui se poursuit dans le réseau en s'atténuant
progressivement. J'ai constaté sur une section examinée au microcospe que ce pli avait
2 millimètres d'épaisseur environ et présentait dans son axe une couche de fibres lisses longi-
tudinales de 2/3 de millimètre résultant de la réunion des deux musculaires niucosœ. Du côté
opposé, on peut voir, à la partie supérieure de la gouttière, un autre pli muqueux ébauchant
une 2^ lèvre.
Quant à la communication avec le réseau, elle correspond, comme nous l'avons dit, au lobe
postérieur ou droit de la panse. C'est un vaste orifice circulaire de 40 centimètres environ de
pourtour, contourné du côté gauche par le pilier du rumen, bordé en bas par la première
rangée de cellules aquifères du groupe postérieur.
Pour terminer ce qui a trait à la panse, il ne me reste plus qu'à dire deux mots de
sa musculature. Exception faite pour les parties gaufrées, je puis affirmer, contrairement à
Vallon, qu'elle est plus épaisse que dans le bœuf, bien que les piliers n'aient pas la force et le
volume de ceux du boeuf. La figure 59 donnera une idée de la direction de ces faisceaux qui sont
tous formés de fibres lisses, encore qu'un certain nombre soient de couleur assez foncée.
Réseau. — Le compartiment qui fait suite à la panse a été désigné par Daubenton
sous le nom de réservoir. Il nous paraît homologue au réseau de l'estomac des Ruminants ordi-
naires. C'est une poche ovoïde de 30 à 40 centimètres de long, se détachant du lobe droit de
la panse, située dans la concavité du diaphragme, à droite, contournée parla caillette. Sa sur-
face, légèrement gaufrée, indique les alvéoles de l'intérieur. Le grand épiploon se prolonge sur
sa grande courbure. — Il est surtout intéressant d'examiner le réseau intérieurement. On y
voit : i" l'orifice de communication avec la panse dont il a été déjà parlé ; 2° à l'opposé, l'orifice
d'entrée du troisième estomac, qui n'a pas plus de 8 à 10 centimètres de pourtour; 3° une région
lisse et épidermique occupant la petite courbure et s'étendant d'un orifice à l'autre, région
où se poursuit la gouttière œsophagienne; 4" une multitude de cellules aquifères occupant
toute la surface restante, cellules semblables à celles de la panse mais beaucoup plus petites et
plus divisées. Gomme le fait remarquer Daubenton, ces cellules ne sont pas assimilables aux
alvéoles du réseau des Ruminants ordinaires : ceux-ci dépendent exclusivement de la mu-
queuse et ne sont rien autre que des ornements papillaires ; celles-là sont constituées par un
refoulement de toute la paroi; en outre, leur surface intérieure n'est pas une surface épider-
mique. mais bien une véritable surface muqueuse présentant la même structure et les mêmes
glandules que nous avons déjà trouvées dans les augets de la panse. La plupart de ces cellules
aquifères sont ordonnées en séries parallèles, de part et d'autre d'une sorte de pilier qui
descend de l'ouverture de la panse et se ramifie en nombreuses cloisons, ainsi qu'il est repré-
senté figure 61 et 62. Leurs parois et leur fond offrent une surface muqueuse, tandis que le
bord libre des cloisons primaires présente une surface épidermique; la jonction des deux
sortes d'épithélium est marquée par une crête sinueuse très fine.
Le réseau est doué sans doute des mêmes propriétés physiologiques que les parties
gaufrées de la panse, c'est-à-dire qu'il fonctionne comme réservoir aquifère et comme
réservoir chymifiant. Daubenton raconte que, ayant vidé le réseau et l'ayant débari-assé de
ClIAMKAr A DEUX BOSSES
toutes les matières fourragères qu'il contenait, il le croyait absolument vide, lorsque, en le
retournant et en le comprimant en différents sens, il vit sortir de ses alvéoles une grande
quantité d'eau qui coulait comme d'une source. « Je donne à cette poche, dit-il, le nom de
réservoir parce que l'eau y séjourne tandis que les aliments ne font qu'y passer. » Il fit la même
observation sur les plaques gaufrées de la panse.
Après cette assertion émanant d'un savant dont les œuvres sont universellement
connues et estimées pour leur consciencieuse exactitude et concernant une constatation si
facile à faire et à répéter, on est surpris de lire dans l'ostéographie de De Blainvilleque « c'est
im conte fait à plaisir que la prétendue faculté de conserver l'eau dans une partie distincte de
l'estomac servant de réservoir et que les explications qu'en ont données les naturalistes sont
de mauvaise physiologie ». Le rôle aquifère des augets du réseau ne nous paraît pas moins
vraisemblable que celui des augets de la
panse. Mais Daubenton, ayant méconnu
les caractères particuliers de la muqueuse
de ces augets, a eu le tort de nier leur
action sur les aliments : action digestive
certaine quoique encore indéterminée,
et qui n'a pas échappé à la sagacité
FiG. 01. — Intérieur du réseau.
1, orifice de communication avec la|>aDse; 2, orifice de
communication avec la caillette ; S, lèvre de la gouttière
œsophagienne; 4, gouttière œsophagienne; 5, travée prin-
cipale interalvèolaire.
FlG. 1)2. — I.NTÉRIEUn DU RÉSEAU DESSINÉ d'aPRÉS
PHOTOGRAPHIE.
L'orifice de la panse est à gauche, celui de la caillette à droile.
de Vallon. « Les aliments contenus dans le réseau, dit-il, ont subi la rumination ; ils sont
imbibés de liquides produits par la sécrétion de l'organe ou provenant des boissons ingérées,
et ils commencent à éprouver le phénomène de la chymification. »
Caillette. — ■ Le troisième et dernier compartiment de l'estomac est un réservoir
allongé, intestiniforme, rétréci dans son milieu et renflé à ses extrémités, réservoir prenant
naissance contre le diaphragme, se recourbant en arrière et en bas pour longer l'hypocondre
droit jusqu'à la région sous-lombaire, où il se termine par un étranglement pylorique très pro-
noncé, suivi d'une dilatation initiale de l'intestin que quelques auteurs ont rattachée à tort à
l'estomac. Cette caillette est longue d'environ 90 centimètres à 1 mètre; elle se He à la panse
et au réseau par le grand épiploon, à la scissure porte du foie par le ligament hépato-gastrique.
Elle présente, par suite d'une inflexion, un petit jabot initial plus ou moins marqué, au niveau
Arcii. Mus. — t. VllI. 13
98
UECIIKUCIIIIS AXATOMKJUKS SL1{ LKS CAMKLIDHS
duquel la muqueuse présente quelques plis en réseau et où la gouttière œsophagienne vient
se terminer : c'est là le réseau ou bonnet de Daubenton. le feuillet de Everaixl Home. Il est
bien évident que si une partie de l'estomac des caméliens doit être assimilée au réseau des
autres Ruminants, ce ne peut être que la seconde ; les petits plis irrégulièrement anastomosés
en réseau, du jabot initial de notre caillette, ne sauraient témoigner en faveur de l'opinion
de Daubenton, car la muqueuse que l'on trouve ici est une vraie muqueuse du tjpe endoder-
mique; l'épiderme s'arrête net au pourtour de l'orifice de communication avec le deuxième
estomac. La muqueuse de cette partie se montre, à l'œil nu, criblée de petites granulations qui.
au microscope, sont constituées par des amas de follicules clos
assimilables à de petites plaques de Peyer; elle est sillonnée dans
son épaisseur par un grand nombre de courtes glandes en tube et
revêtue d'un épithélium simple comme la muqueuse des cellules
aquifères.
L'opinion de Home n'est pas plus soutenable, car, si le jabot
pris par lui pour le feuillet en tient la place, il n'en a ni la disposition
intérieure ni la structure.
La plupart des auteurs, préoccupés avant tout de trouver les
quatre compartiments de l'estomac des Ruminants ordinaires, ont
attribué aux Caméliens un feuillet qu'ils n'ont évidemment pas.
Daubenton, Cuvier, Vallon, Chauveau et Arloing, etc., décrivent
comme tel la partie antérieure de notre caillette c; la caillette véri-
table, d'après eux, serait réduite à la dilatation prépylorique d; la
muqueuse de toute cette partie antérieure présente en effet quarante
à cinquante petits plis longitudinaux ou obliques, qu'ils ont cru
pouvoir assimiler aux lames du feuillet ; mais cette assimilation n'est
pas soutenable, car les dits plis, que Daubenton a parfaitement
figurés, sont très peu saillants, anastomosés de distance en distance,
tous égaux ou à peu près, et appartiennent à une muqueuse fran-
chement endodermique qui ne présente pas la moindre trace de
papilles, muqueuse de même structure que celle du jabot précédent,
sauf l'absence de follicules clos. Ces plis ne sauraient avoir d'autres
usages que ceux de la caillette des ruminants ordinaires, c'est-à-dire d'augmenter la surface
sécrétante.
La vérité, déjà proclamée par Owen et Gegenbauer, est donc que les camélidés n'ont
pas de feuillet différencié, pas plus que n'en ont les tragules parmi les ruminants ordinaires.
Au surplus, l'estomac des antilopes achemine vers la disparition du feuillet, car elles en ont
un tout à fait rudimentaire. — Qu'on l'envisage au point de vue de l'ontogénie ou à celui de
la phylogénie, le feuillet est une partie secondaire, de différenciation tardive, dans la consti-
tution de l'estomac des ruminants.
Quant au renflement prépylorique que beaucoup d'auteurs prennent pour la caillette
tout entière, il se distingue en effet par l'aspect et la structure de sa muqueuse, qui, bien
qu'encore endodermique, est beaucoup plus épaisse que la précédente ; ses plis sont beaucoup
moins nombreux (15 à 20), larges et épais comme des piliers; ils s'eff"acent à une cer-
FlG. 63. — RÉSEAU, CAIL-
LETTE ET ORIGINE DE L"iN-
TESTIN.
«, réseau; 6, partie initiale de
]a caillette tenant la place
rlu feuillet; c, d, caillelle ;
*', renflement de riutestin
grêle à l'origine.
CHAMKAU A DEIX BOSSES 99
taine distance du pylore. — Boas a montré le premier que les glandes à pepsine sont loca-
lisées à cet endroit ; on voit en effet au microscope que la muqueuse est sillonnée, dans son
épaisseur, de longs tubes glandulaires à cellules bordantes, légèrement contournés à leur
fond, quelquefois divisés, tubes de 1™"' 1/2 à 2""" 1/2 de longueur, ressemblant en tous points
aux glandes à pepsine classiques. Au voisinage du pylore, les glandes sont moins serrées les
unes contre les autres, manifestement divisées et sinueuses à leur fond ; mais leur épithé-
liura, formé de petites cellules claires, uniformément cylindriques, indique évidemment des
glandes à mucus.
Si j'ajoute qu'une muscularis mucosa? s'étend au dessous de la couche de glandes en
lançant quelques irradiations dans leurs intervalles, j'aurai montré que la structure est ici
exactement semblable à celle de l'estomac du chien, du porc, de l'homme, ou du cul-de-sac
droit de l'estomac des solipèdes. Mais de là à conclure que cette partie seulement est la cail-
lette, il y a loin ! car, en somme, il n'y a aucune démarcation avec la partie qui précède, dont
la muqueuse, elle aussi, est endodermique, et contient, elle aussi, des glandes en tube.
Pour nous, la caillette commence à partir du réseau; elle est partout glandulaire et
sécrétante ; mais elle l'est principalement dans sa partie terminale, où se trouvent les glandes
à cellules bordantes. Cette localisation glandulaire n'a rien d'ailleurs qui doive surprendre;
on en trouve de comparables dans l'estomac simple ou composé de beaucoup d'autres ani-
maux.
Quant au pylore, c'est un orifice exactement circulaire de 3 ou 4 centimètres de diamètre,
bordé d'une valvule muqueuse et entouré d'un sphincter puissant. Il est précédé d'une sorte
de bourrelet qui a peut-être quelque rôle dans son occlusion.
En somme, l'estomac des Caméliens est très différent de celui des Ruminants ordinaires.
M. Gordier dit même qu'ils sont totalement différents et se refuse à homologuer leurs parties
respectives. « La parenté de ces deux formations n'existe pas ou est extrêmement lointaine...
Ce n'est pas avec l'estomac des autres Ruminants que l'estomac des Caméliens présente des
affinités étroites et naturelles, c'est avec celui des Pachydermes et pariiculièrement du pécari. »
Cette opinion nous parait excessive ; il n'y a pas, pensons-nous, de types d'estomac totalement
et radicalement différents; on passe de l'un à l'autre par des transitions plus ou moins insen-
sibles, et l'on peut toujours les homologuer; c'est pourquoi il faut, autant que possible, employer
la même terminologie.
Je ne terminerai pas cette étude de l'estomac des Caméliens sans indiquer une différence
remarquable relativement aux autres Ruminants, signalée pour la première fois par G. Cuvier
dans les termes suivants : « Le volume de la panse relativement aux autres estomacs est aussi
grand chez les animaux nouveau-nés que chez les adultes; tandis que, dans les autres Rumi-
nants, la panse ne prend toute sa prépondérance qu'après le sevrage. » Ce fait, que nous avons
nous-même constaté chez un fœtus de dromadaire, est très suggestif; il tend à démontrer que
la panse des Caméliens n'est pas un simple compartiment de rumination comme dans les
Ruminants ordinaires, mais qu'elle est en outre, grâce à ses alvéoles glandulaires, un compar-
timent véritablement digestif. — Que de recherches physiologiques intéressantes seraient
à faire sur ce sujet !
100
HKCIIKliClIKS ANATUMiQUES SL'U LKS CAMÉLIDÉS
INTESTIN
L'intestin grêle est en grande partie logé dans le flanc droit; son calibre moyen est
supérieur à celui du bœuf, mais inférieur à celui du cheval. Sa longueur était de 22 mètres
chez l'un de nos sujets, de 24 mètres chez l'autre. Daubenton donne à l'intestin grêle du
dromadaire la longueur de 75 pieds, c'est-à-dire de 24 ""30; Vallon, colle de 25 mètres;
nous avons trouvé nous-mème 20™ 60 chez un animal de cette espèce.
Cet organe commence par une forte dilatation que certains auteurs ont décrite comme un
compartiment de l'estomac (voy. lig. 63). «.J'aurais pris ce renflement pour un estomac, dit
Daubenton, si je n'avais vu le jour à travers les membranes, qui étaient aussi minces que
celles des intestins grêles. » .T'ajouterai que la structure ne diffère point de celle de ces
derniers. Ledit renflement mesurait chez
un dromadaire 25 centimètres de lon-
gueur et 15 de largeur.
L'intestin grêle décrit une multitude
de replis ou circonvolutions au bord libre
du grand mésentère ; la partie terminale,
à partir du quart ou du cinquième
postérieur, se dilate progressivement;
elle s'accole au caecum avant d'y faire
embouchure en liant du flanc gauche.
On remarque des plaques de Peyer très
étendues en différents points du trajet
de l'intestin grêle.
FiG. 64. — Intestin grêle, c.ecum et leurs artères.
ig. circonvolutions de l'iateslin grèle ; //. iléon; C;eï', c;ecuni ;
Co, origine du côlon; M. grand mésentère; 1. 1, artère grande
mésentérique; 2, tronc commun de la colique •'>, de la c;ecale 4-5,
et de riléo-crecale tj.
Le ciecum ressemble beaucoup à celui
du biHuf. mais il est un peu plus pointu.
Sa longueur paraît très variable, car
nous avons trouvé une fois 45 centimètres
et une autre fois 75 centimètres; d'autre part, Daubenton lui assigne chez le dromadaire
I pied 8 pouces, c'est-à-dire 54 centimètres, et Vallon 1 mètre ; mais cette dernière estima-
tion est certainement exagérée. La circonférence maximum est de .30 centimètres environ.
II ne présente pas de bande charnue à sa surface, non plus que le colon. Disons enfin qu'il
se dirige transversalement de gauche à droite, dans la région de l'hypogastre comme il est
représenté figure 57.
Le côloti fait suite au cEecum sans autre démarcation que l'embouchure de l'intestin
grêle; il commence immédiatement son enroulement spiral sans former d'anse préalable : il
décrit d'abord 4 14 tours concentriques, puis 3 1/2 tours excentriques qui se placent dans
l'intervalle ou en dessous des précédents. Le premier tour est de calibre au moins égal à celui
du cfecum; il se sépare des autres sur une certaine longueur au niveau de laquelle il ne leur
est uni que par un frein mésentérique. Les autres tours ne dépassent pas beaucoup le calibre
de l'intestin grêle ou même l'atteignent à peine; ils sont serrés les uns contre les autres, mais
CHAMKAU A Dl-l X BOSSES
101
non situés sur le même plan, de manière à former un cône surbaissé qui se loge transver-
salement dans le bas-ventre et le grand bassin. Tout ce côlon spiral est dépourvu de bosse-
lures et de bandes charnues. En le déroulant, nous lui avons trouvé une longueur de il mètres
chez un sujet, de 14 mètres chez un autre. Son dernier tour excentrique croise son origine
(voir fig. 65) et se continue à la région sous-lombaire oli se forme un deuxième paquet de
replis irréguliers, n'ayant pas
moins de 4 à 5 mètres quand
on le déroule, paquet logé dans
l'origine du grand mésentère
et plus ou moins noyé dans la
graisse.
Le rectum s'en dégage
enfin, franchit le bassin et dé-
bouche à l'anus. Il est plus
volumineux que celui du bœuf.
A partir de la fin du côlon
spiral, les matières stercorales
deviennent de plus en plus
soHdes en parcourant le côlon
terminal et passent à l'état de
matières fécales ; mais nulle
part on ne trouve de bosselures pour les mouler en crottins, comme on en voit sur le côlon
flottant des solipèdes.
En prenant la longueur totale du côlon et du rectum, j'ai trouvé 1S'"60 chez un sujet
16'"50 chez un autre. Daubenton me paraît être au-dessous de la vérité quand il donne à ces
parties, chez le dromadaire, une longueur de 42 pieds, c'est-à-dire 13^608. Par contre.
Vallon exagère en donnant au seul côlon de cet animal 22 ou 23 mètres de longueur; nous
avons mesuré chez un dromadaire 18"'20 pour le côlon et le rectum réunis.
En somme, si nous nous en tenons à nos mensurations, nous avons :
Intestin grêle 23 mi'tres
Caecum 0,60
Côlon spiral 12,50
Côlon terminal et rectum 5
Fig. 65.
Iléon, c.ecum et colon spiral.
I, iléon; 2. ce eu m ; 3. colon spii'al ; 0, point de continuité entre les tours concen-
triques et les tours excentriques; h. fin du colon spiral.
TOTAI 41.10
Cuvier donne, pour le même animal, des chiffres très voisins :
Intestin grêle 23,055
Cifcum 0.!»74
colon et rectum 18,184
Total 42.213
soit 12 fois 3/10 la longueur du corps, mesurée du bout du museau à l'anus.
Pour le dromadaire le même auteur donne une longueur totale de 38"'456.
102
UECHEHCIIES ANATUMIQUES SIU LES CAMÉLIDÉS
Pour le bœuf, 48™869 ainsi répartis : intestin grêle, ST^OIS ; cœcum, O^Sll, côlon et
rectum 11 '"04.
Les cliameaux diffèrent donc des bœufs par la longueur beaucoup moindre de leur
intestin grêle, différence qui est en partie compensée par la longueur plus grande de leur gros
intestin.
Le rapport entre la longueur du corps et celle de l'intestin serait, toujours tl'après
Guvier, de 1 : 12,3 chez le chameau, 1 : 15,5 dans le dromadaire, 1 : 22 dans le bœuf.
Nous croyons qu'il n'y a rien à déduire de ces chiffres, soit parce que la différence qu'ils indi-
quent entre le chameau et le dromadaire nous paraît erronée, soit parce qu'on ne peut
comparer la longueur du corps du bœuf avec son cou bref à celle du corps des chameaux
avec leur cou extrêmement long. 11 est préférable de prendre pour premier terme de ce rapport
la longueur du tronc, mesurée par exemple de l'angle de l'épaule à la pointe de la fesse,
vu qu'il ne saurait y avoir la moindre corrélation entre les variations de longueur du cou
et celles de l'intestin dans les différentes espèces. En opérant ainsi, nous avons trouvé :
1 : 26 dans le chameau à 2 bosses, 1 : 35 dans le bœuf — chiffres moyens.
ORGANES ANNEXES
Le foie occupe la même position que dans les autres Ruminants, c'est-à-dire qu'il est
tout entier du côté droit ; la scissure de la veine cave postérieure se trouve ainsi reportée vers
^
)\ y
FiG. 06. — Foie : face viscérale.
FiG. 67.
Foie : kace uiaphragmatique.
KiG. IJO. — A, B, G, les 3 grands lobes ; d, d, lobules portes; e, e, lobule de Spiegel ; vc. veiiie cave ; art, artère hépatique ;
/•. rameau de cette artère ; vp, velue porte ; ch, canal cholédoque; f, impression rénale.
FiG. 07. — A, B, C, les 3 grands lobes ; v c, veine cave.
le bord interne. G^t organe est divisé à son bord externe en trois lobes principaux et en un
nombre variable de lobules. Le lobe supérieur, le plus volumineux, présente une exca-
vation correspondant au bord antérieur du rein droit; il montre, au-dessus de l'entrée de
CHAMKAU A DEUX BOSSES 103
la scissure porte, un petit lobule de Spiegel découpé en deux languettes. Cette scissure est
couverte, d'autre part, par un lobule double qui se renverse sur elle de dedans en dehors.
Mais ce qu'il y a de plus particulier dans la forme du foie des chameaux, c'est la multitude
des incisures de sa face postérieure, qui paraît déchiquetée et comme tailladée à coups de
scalpel.
Chez un chameau de petite taille, cet organe mesurait O^ôS de long et 0'"34 de large.
Une autre particularité très remarquable, mais bien connue, consiste dans l'absence de
vésicule biliaire : le canal cholédoque ne présente aucun branchement sur son trajet; il est
relativement très petit ; Guvier estime son calibre à la moitié de celui de la brebis. D'après ce
même auteur, il reçoit le canal de Wirsung avant sa terminaison, qui se fait non loin du
pylore, dans le renflement duodénal.
Le pancréas est en forme de long triangle (O'MO), dont la base appuie sur le foie et le
pilier droit du diaphragme, tandis que la pointe s'étend dans le mésentère le long du duodénum.
Le canal de Wirsung se jette dans le cholédoque à quelques centimètres de l'intestin.
La rate est falci forme et de couleur gris violacé comme celle des Solipèdes, mais elle
est moins pointue et dépourvue de scissure vasculaire. Elle est couchée horizontalement à la
région sous-lombaire gauche, et incurvée en croissant du côté du plan médian. Elle adhère
en avant à la face supérieure de la panse, eu arrière à la masse terminale du côlon..
D'après Vallon, la forme de cet organe chez le dromadaire ne serait pas celle d'une faulx.
mais d'un ruban étroit et aplati ; cependant celle que figure Daubenton est bien telle que nous
l'avons vue dans les deux espèces de chameaux. Vallon dit en outre que le poids de l'organe
n'est que de 300 à 350 grammes et que la rate de certains dromadaires n'est pas plus grosse
que celle d'un mouton. Les rates que nous avons observées chez quatre chameaux ne le
cédaient pas en volume à celle du bœuf.
APPAREIL RESPIRATOIRE
CAVITÉS NASALES
Les naseaiu! sont étroits, allongés, incurvés en dedans, plus ou moins flasques, et réunis
inférieurement sur le sillon médio-labial. En outre, ils sont peu dilatables : « dans les grandes
respirations ils ne sont guère plus ouverts qu'au repos » (Vallon). Les chameaux peuvent en
effet respirer par le nez et par la bouche. Ils respirent même exclusivement par la voie
buccale quand le bord libre de leur long voile du palais s'est porté derrière l'entrée du larynx.
Les inconvénients ordinaires de ce mode de respiration sont sans doute atténués par la
longueur de la trachée permettant à l'air de se mettre rapidement en équilibre de tempéra-
ture avec le corps avant d'arriver au poumon. La cloison médiane du nez s'étend longue-
104
lîECIIl'IîCIlHS AXATOMIOIKS Sll! I.KS CAMKLIDKS
ment en avant des os sus-nasaux et s'épanouit latéralement pour clore les fosses nasales à cet
endroit ; elle porte à son extrémité les c-artilages des naseaux. Ceux-ci ont chacun la forme
d'une virgule renversée; la partie élargie soutient le haut de l'aile interne de la narine; la
queue de la virgule se contourne dans la commissure supérieure et se
met en continuité avec l'appendice du cornet maxillaire. La
peau s'invaglne profondément dans l'intérieur des narines tout
en se garnissant de vibrisses qui forment une sorte de crible
pour retenir les grains de sable ou autres poussières dont l'air
est si souvent chargé. Le canal lacrymal, dit Vallon en parlant
du dromadaire, s'ouvre aux 2/3 inférieurs de l'aile externe, vers
la ligne de transformation de la peau en muqueuse.
Quant aux fosses nasales et aux sinus qui leur sont annexés,
je n'ajouterai rien à ce qui en a été déjà dit en ostéologie.
FiG. tJ8. — Naseaux.
, exlrémilé de l'os nasal ;
2. cloison cartilagineuse,
épanouie latéralement ; 3,
H, cartilages des naseaux ;
4, 4. naseaux converi^eant â
la tissure médio-labiale; 5,
5, lèvre supérieure.
LARTISX
Le larynx est placé très bas, vu l'extrême longueur du
pharynx, et très mobile. Il est remarquable à première vue à sa
grande hauteur qui se trouve encoi'e augmentée par la soudure
du premier cerceau de la trachée avec le ci'icoïde, soudure qui ne se fait toutefois que
du côté dorsal (fig. G!*). Le corps du thyroïde (pomme d'Adam chez l'homme) est très
saillant, comme une crête ; ses ailes sont à peu près dé[tourvues d'appendice à leur angle
d'union avec la grande corne de l'hyoïde, tandis qu'au contraire elles s'articulent avec le
cricoïde par un long prolongement. L'épiglotte est
triangulaire, à pointe obtuse et arrondie. Les aryté-
noides sont très allongés et remarquablement souples.
Les articulations du larynx n'offrent rien de
particulier.
Quant aux muscles, je signalerai : 1° l'extrême
étendue des crico-arytéaoïdiens postérieurs, corréla-
tive à celle du chaton cricoïdien ; 2" l'épaisseur con-
sidérable du crico-thj'roïdien et du crico-aryténoïdien
latéral; 3° la grande largeur du thyro-aryténoïdicn,
qui n'est pas divisé en ileux parties et qui est séparé
nettement de l'aryténoïdien par une sorte de raphé
fibreux; 4" enfin, le grand développement en longueur
et en grosseur de l'hyo-épiglottique, qui n'est pas bifurqué à son origine comme dans le bœuf.
Envisagé intérieurement, le larynx ilu chameau montre une entrée moins allongée que
celui des Solipèdes, au-dessus de laquelle les piliers postérieurs du voile du palais se contour-
nent pour se joindre. Il présente en outre des cordes vocales presque eifacées, très distantes de
l'entrée de l'organe à cause de l'allongement des ai'yténoïdes, et des ventricules glottiques
très petits, cantonnés à la base de celles-ci.
Fig. G9.
Larynx.
Ijasi-byal ; 2. uro-hyal : 3, épiglotle; 4, aryté-
noides; ."j. cartilage thyroïde; tj, cricoide, soudé
dorsalement avec le premier cerceau de la tra-
chée 1 ; S, tubercule de farytenoide; he, hyo-
epiglottique; a, aryteuoiJien ; (. thyro-aryténoi-
dieu;c, crico-aryteuoïdien postérieur; cl, crico-
aryténoïdien latéral.
CHAMEAU A DEUX BOSSES 105
TRACHEE
La trachée est longue de i™30 à 1^50; son calibre est petit mais assez régulièrement
circulaire (3 centimètres à peine). Elle comprend, du cricoïde à la bifurcation bronchique,
65 cerceaux environ; Vallon dit 68 ou 69 pour le dromadaire. Bien que le cou de la girafe
soit plus long que celui des chameaux, je n'ai pas lu sans surprise dans les recherches sur la
girafe de MM. Joly et Lavocat (Mémoires de la Société du Muséum d'histoire naturelle
de Strasbourg, 1845), que ces auteurs « ont compté 200 cerceaux à la trachée de cet animal
jusqu'à la naissance des bronches » .
BRONCHES
Au-dessus de sa bifurcation terminale, du côté droit seulement, la trachée donne une
division au sommet du poumon correspondant, division que l'on trouve dans tous les rumi-
nants et qui figure une troisième bronche.
POUMONS
Les poumons se distinguent nettement de ceux des autres ruminants par leur forme entière,
non découpée; le lobule azj'gos (lohus impar) du poumon droit est la seule division que
l'on observe, encore est-il à remarquer qu'il est petit et que, d'autre part, il est commun à
tous les quadrupèdes. Ainsi que dans les autres ruminants, le sommet de ce poumon est beau-
coup plus long et plus développé que celui du poumon gauche, et recourbé en avant du cœur ;
c'est la bronche de cette partie qui se détache de la trachée avant sa bifurcation terminale.
Le cœur est moins enveloppé par les poumons du côté gauche que du côté droit : c'est la
seule raison qu'il y ait de choisir le côté gauche pour l'ausculter.
La texture lobulaire du poumon est moins manifeste que dans le bceuf.
D'après Vallon, le poumon du dromadaire est plus petit que celui des autres ruminants :
« On se demande, dit-il, en présence de ce peu de développement, quel a été le but de la
nature en donnant à cet animal des organes respiratoires aussi petits, aussi peu en harmonie
avec la nature de ses services. » — Les mensurations que nous avons pratiquées sur le chameau
à deux bosses ne concordent pas avec cette assertion ; elles montrent au contraire que la
poitrine est assez spacieuse, comme en témoignent les chiffres suivants :
Diamètre intérieur vertical au niveau de la dernière sternêbre 0™ 58
Diamètre transversal, entre les deux dernières côtes 0" 52
Diamètre antéro-postérieur mesuré le long des vertèbres dorsales 0"" 95
Diamètre antéro-postérieur mesuré le long du sternum 0™ 50
Mais, lorsque la poitrine est ouverte, il nous a paru que le poumon des chameaux se
rétracte extraordinairement, ce qui ne saurait traduire autre chose qu'une extrême élasticité
et une aptitude fonctionnelle de premier ordre.
Il est cependant deux faits anatomiques dont l'explication physiologique nous échappe :
Arch. Mus. — t. Vni. 14
106 UECIIEUCHES ANATOiNIIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
c'est, d'une .part, le petit calibre de la trachée et la minceur de ses cerceaux ; d'autre part, la
synchondrose des côtes avec le sternum*.
ORGANES ANNEXES
Les glandes thyroïdes sont aplaties et allongées, appliquées sur le côté des cinq ou six
premiers cerceaux de la trachée et dépourvues d'isthme. Elles sont formées d'un tissu brunâtre
et nous ont paru atrophiées chez presque tous nos sujets. On remarque à leur suite de
nombreux ganglions rosés, échelonnés sur le côte de la trachée sur une longueur de 50 centi-
mètres environ, ganglions qui pourraient bien fonctionner comme organes vicariants des
thyroïdes.
Par contre, j'ai observé un véritable goitre chez un dromadaire femelle, lequel
déformait toute la partie supérieure du cou. Cette femelle était pleine et, chose remarquable,
son fœtus, qui avait à peu près sept ou huit mois de gestation, montrait un goitre en tout
semblable à celui de sa mère .
Quant au thymus, nous l'avons observé sur ledit fœtus; il ne présentait rien de par-
ticulier.
APPAREIL DE LA DÉPURATION URINAIRE
REINS
Les reins des chameaux ressemblent extérieurement à ceux des moutons et des
chèvres, c'est-à-dire qu'ils sont simples et de surface unie ; leur forme est assez exactement
celle d'un haricot; leur volume est considérable ; Vallon donne pour le dromadaire les poids
de 800 grammes pour le rein gauche, 780 grammes pour le droit; j'ai trouvé, chez un
dromadaire mâle du Parc de la Tète-d'Or, 1085 grammes pour le rein gauche, 1120 grammes
pour le droit ; mais ces poids sont un peu forts car lesdits organes étaient congestionnés. Le
rein droit est placé beaucoup plus en avant que le gauche; le bord antérieur de celui-ci
est sensiblement au niveau du bord postérieur de celui-là, ainsi que le dit Daubenton. A voir
la direction fortement oblique de l'artère rénale gauche, on dirait que le rein de ce côté a
été refoulé par la panse jusqu'à l'entrée du bassin. La rate semble avoir éprouvé le même
déplacement par sa base, car elle est couchée horizontalement sous les lombes (flg. 40). Le
rein droit s'imprime fortement sur le bord supérieur du foie.
' Sur la face externe d'un poumon de dronaadaire, nous avons trouvé un certain nombre de kystes de la grosseur
d'une gobiUe ou d'une petite noix, qui étaient constitués par des bronches en état d'ectasie.
CIIAMEAr A DEUX BOSSES
107
Les reins de chameaux présentent une conformation intérieure des plus singulières qui
n'a été jusqu'à ce jour, à ma connaissance du moins, ni figurée ni exactement décrite. Au
fond du hile existe une cavité pyélique en
^ "^ forme de croissant, montrant d'une part l'in-
Wii^/!Y ' fundibulum de l'uretère, d'autre part im gros
FiG. 70. — Rein; coupe i ongitudinale passant Fig. 71. — Ramifications latérales de la crête
PAR LA crête du bassinet. DU BASSINET.
Fig. 70. — Co, couche corticale; m, couclie médullaire; G, crête ou papille du bassinet; 0, inlundibulum de l'uretère;
p, muqueuse du bassinet; i, i, 2, irradiations de cette muqueuse dans les diverticules du bassinet; w, uretère ; r, vaisseaux.
FiG. 71. — 1, crêle du bassinet soulevée ; 2, muqueuse pyélique avec l'origine de ses ramifications intradiverticulaires.
bourrelet saillant de substance médullaire formant une crête ininterrompue comme dans les
moutons et les chèvres. A la base de cette crête, de chaque côté, on voit une douzaine île
ramifications ou travées latérales entre lesquelles
le bassinet lance autant de diverticules, qui
rayonnent dans la substance rénale et s'y anas-
tomosent en un réseau cavitaire complexe et pour
ainsi dire labyrinthique. Les figures 70 à 73 feront
Fig. 7J. — Kei> ; coupe longitudinale passant au-dessus Fig. 73. — Hki.n ; cnupi: transversale passant
de la crête du hassinet. par l'origine de l'uretère.
Fiq. 7?. — m. irradiations de la muqueuse pyélique dans le réseau cavitaire de Torgane.
Fig. 73. — Co, couche corticale; C, crête du b.issinet ; M, M, piliers médullaires séparant les diverticules pyéliques; i,i. irra-
diations de la muqueuse occupant ces diverticules; U, uretère; V, artères et veines plongeant dans le hile de l'organe.
connaître ce réseau diverticulaire bien mieux que la plus longue description. Il renferme des
irradiations de la muqueuse pyélique curieusement arborisées comme le montre la figure 72,
lesquelles accompagnent et engaîneiit les gros vaisseaux jusqu'à la substance corticale.
Ainsi, la substance médullaire est une sorte d'é[)onge qui a le bassinet pour déversoir ;
108 RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
elle est donc beaucoup plus divisée que chez aucun autre animal, malgré que ce dernier soit
unipapillaire.
Cette disposition n'est pas aussi singulière qu'elle peut le paraître de prime abord ; on en
trouve la trace dans tous les reins unipapillaires (moutons, chèvres, chiens, chats, soli-
pèdes, etc.); on voit, en effet, la muqueuse pyélique, au lieu de s'arrêter net à la base de la
papille dite crête du bassinet, émettre des tractus rayonnants qui plongent dans la substance
de l'organe en accompagnant les gros vaisseaux jusqu'à leurs arcades sous-corticales. La
différence consiste seulement en ce que ces tractus sont enserrés par la couche médullaire et
beaucoup moins ramifiés, de telle sorte que le système diverticulaire du bassinet est plus ou
moins rudimentaire et parfois presque seul.
La capsule fibreuse des reins des chameaux est remarquablement épaisse et opaque et
en outre peu adhérente.
OR&ANES ANNEXES
Les uretères naissent dans le bassinet par un orifice en infundibulum et ne présentent rien
de particulier dans leur trajet ni dans leur embouchure.
La vessie est mince de paroi, allongée, très dilatable, complètement revêtue de séreuse
comme dans les autres ruminants. Le péritoine pénètre si loin dans la cavité pelvienne qu'il
enveloppe non seulement ce réservoir mais encore une grande partie de l'urètre ainsi que du
vagin et du rectum. Quand on introduit la main dans le bassin par son détroit antérieur, on
est frappé de l'extrême profondeur des culs-de-sac péritonéaux. Ajoutons que les ligaments
latéraux de la vessie sont reportés vers son plan inférieur,
U urètre de la femelle est long d'une dizaine de centimètres environ, adhérent à la paroi
inférieure du vagin dans la plus grande partie de sa longueur ; il renferme, non loin du méat
urinaire, une valvule muqueuse insérée en bas et dirigée en arrière qui surmonte un cul-de-
sac oïl le bout du doigt peut se loger. Quant au méat urinaire, il est petit et plus ou moins
dissimulé sous des franges muqueuses.
U urètre du mâle sera étudié avec l'appareil générateur.
Cavsules surrénales. — Les capsules surrénales sont plus petites que celles du bœuf.
APPAREILS DE LA GÉNÉRATION
A. — MALE
Les testicules des chameaux sont placés comme dans le chien, le chat, le porc, c'est-
à-dire dans la région périnéale, à une petite distance de l'anus ; les gaines vaginales et les cordons
testiculaires sont couchés dans l'entre-deux des cuisses. La grande courbure regarde en
CHAMEAU A DEUX BOSSES
109
arrière, tandis que le bord épididymaire est tourné vers la profondeur ; l'extrémité inférieure
correspond à la tète de l'épididynie, la supérieure à la queue. Le testicule gauche est ordi-
nairement plus saillant que le droit. Ces organes sont relativement petits; ils ne dépassent
guère le volume d'un œuf de poule. Ils montrent, sur une section, une albuginée n'offrant
rien de particulier et un tissu propre de couleur brune, divisé en lobes où l'on distingue
parfaitement les tubes séminifères à l'œil nu.
L'épididynie ressemble beaucoup plus à celui d'un Solipède qu'à celui d'un Ruminant; la
partie moyenne est séparée du testicule, mais lui reste unie par un petit frein séreux.
Le canal déférent est petit, tandis que le corps vasculairedu cordon est très considérable.
Ce cordon testiculaire, constitué es-
sentiellement par les vaisseaux et le canal
excréteur, est extrêmement long à cause
de la position tout à fait postérieure du
testicule et de l'étiroment de la gaine vagi-
nale; il présente, dans le frein séreux qui
réunit les vaisseaux au spermiducte et celui-
ci à la paroi de la gaine vaginale, un fais-
ceau relativement volumineux de fibres
musculaires lisses; c'est ce que H. Bouley
a appelé, dans les Solipèdes, le muscle
blanc du cordon.
Quant aux enveloppes des testicules et
de leurs cordons, nous nous bornerons à
signaler l'extrême allongement du goulot
de la gaine vaginale qui, à sa sortie du
trajet inguinal, se couche horizontalement sous la symphyse du bassin et ne mesure pas moins
de 40 centimètres de longueur, sans compter la partie engagée dans le canal inguinal. La
tunique fibreuse, le crémaster, le dartos, le scrotum n'offrent rien de particulier relativement
aux autres ruminants.
Les canaux déférents se renflent à peine au-dessus de la vessie tout en se réunissant l'un
à l'autre par un frein péritonéal où je n'ai pas trouvé trace d'utérus masculin. Il n'y a
pas de vésicules séminales, quoi qu'en ait dit Daubenton, qui a pris pour telles les prostates.
Le canal de l'urètre se rétrécit beaucoup dans la portion incorporée à la verge ; il se
termine sous le gland à l'extrémité d'un petit appendice taillé en sifflet et entouré de deux
bouquets de papilles. La portion membraneuse ou intrapelvienne est enveloppée d'un
sphincter épais; elle reçoit le produit d'une prostate ressemblant beaucoup à celle des
Solipèdes et de deux glandes de Cooper dissimulées dans l'épaisseur de la musculature. La
portion extra-pelvienne est couverte à son origine d'un volumineux muscle bulbo-caverneux
ou accélérateur qui s'atténue progressivement et finit vers la première inflexion du pénis. Au
delà, l'urètre disparaît à l'intérieur du corps caverneux, complètement entouré par l'enve-
loppe de celui-ci, ainsi que le montre la figure 75 ; ce canal n'a donc pour paroi propre que
sa muqueuse et sa couche érectile, cette dernière parcourue par deux gros sinus veineux qui
lui servent de déversoir.
FiG. 74. — Organes génitaux extra-pelviens du mâle.
1, anneau inguinal sous-cutané; 2. tunique fibreuse à laquelle on
a l'ait une i'enètre pour découvrir les organes intravaginaux ;
3, corps vasculaire du cordon ; 4, canal déférent ; 5, épiilidyme ;
(3, testicule ; 7, testicule de l'autre côté recouvert de sa tunique
fibro-sereuse ; 8, muscles blancs rétracteurs de la verge ; 9, verge
et sou inflexion sigmoïde ; 10, rétracteur du fourreau ; 11, pré-
tracteur du fourreau; 12, orifice en saillie recourbée du fourreau.
no
RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CA^^-:LIDÉS
Le corps caverneux ressemble beaucoup à celui du bœuf; il commence à l'arcade ischiale
par deux racines couvertes chacune d'un épais muscle ischio-caverneux. Il montre sur les
sections une enveloppe épaisse et peu extensible ainsi qu'un cordon fibreux central qui
restreignent singulièrement sa dilatation au moment de l'érection.
La verge est à peine aussi grosse que celle du taureau et
manifestement moins longue ; elle décrit aussi, à l'état de repos,
une double courbure en S qui s'efface pendant l'érection; mais,
tandis qu'on observe cette S pénienne en arrière des testicules
chez les Ruminants ordinaires, on la trouve, chez les chameaux,
en avant de ces organes. Des muscles blancs rétracteurs, émanant
de l'anneau suspenseur du rectum, l'atteignent au niveau de sa
deuxième courbure comme dans les autres Ruminants. Le gland
est allongé transversalement, recourbe en crochet et hérissé
d'odontoides à sa base; l'urètre débouche, comme il a été déjà dit,
sur un appendice qui se détache de la partie inférieure. J'ai ten-
dance à croire que, au moment du coït, le gland peut s'engager
dans le col de la matrice et agir, après érection, comme un
harpon, car l'accouplement est d'assez longue durée chez les
chameaux.
Le fourreau ou prépuce diffère de celui des Ruminants
ordinaires en ce que son entrée est percée sur une forte saillie
cutanée recourbée en arrière et se détachant sous le ventre à la
manière d'une grosse tétine. Ce cône préputial peut se redresser
en avant ou reformer son incurvation postérieure, grâce à deux
muscles sous-cutanés qu'il présente de chaque côté : un prétracteur
et un rétracteur ; ces muscles convergent à sa base oti ils forment
une couche rouge de 2 à 3 centimètres d'épaisseur : de là leurs
fibres rayonnent et s'étalent sur la tunique abdominale, soit du
côté de l'aine pour le rétracteur, soit du côté de l'ombilic pour le
prétracteur. Celui-ci redresse le fourreau, celui-là rétablit son
incurvation.
Le redressement du fourreau s'opère pendant l'érection ; le
coït n'est nullement pratiqué dos à dos ou croupe à croupe ainsi
qu'on le croit généralement et que l'avait écrit Pline : « Coitus
aversus elephantis, camelis, tigridihus, etc., qiiibus aversa
fienitnlia » (livre X, chapitre lxui); il s'accomplit à la manière ordinaire avec cette différence
toutefois que la femelle est accroupie. C'est ce qu'Aristote avait déjà remarqué, puisqu'il dit
quelque part, dans son Histoire des animaux : « Au moment de l'accouplement des chameaux,
la femelle est assise (c'est-à-dire accroupie comme lorsqu'on la charge), et le mâle la joint,
non en tournant dos contre dos, mais en la serrant comme toutes les autres bétes à quatre
pieds. »
Quant aux urines, elles sont toujours évacuées en un jet postérieur, ainsi que dans la
femelle.
FiG
Organes génitaux
ISOLÉS.
1, vessie unnaire ; 2, uretères;
3, canaux déférents ; 4, méso
inlerdéférentiel ; 5. prostate ;
(5, urètre membraneux; 7, glan-
des de Cowper ; 8, ischio-ca-
verneux couvrant les racines
de la vei'ge ; 9, bulbo-caver-
neux ; 10, muscles rètracteurs ;
11, corps caverneux. — A gau-
che de la figure, bout de la
verge; 1, partie terminale de
la verge ; 2, gland ; 3, appen-
dice urètral ; 4, bouquet de pa-
pilles. — A droite de la figui-e,
coupe de la verge par son mi-
lieu; 1, axe ribreux central;
2, enveloppe ; 3, urètre ; 4, si-
nus veineux.
CHAMEAU A DEUX BOSSES
111
En arrière du fourreau on remarque quatre petits mamelons disposés deux de chaque
côté qui représentent des vestiges de mamelles.
La cavité intérieure de cette enveloppe cutanée est revêtue d'une muqueuse pâle, plissée,
plus ou moins pigmentée, qui se réfléchit à son fond sur la verge en formant un bourrelet, et
en tapisse toute la partie libre, soit une longueur d'une
quinzaine de centimètres à l'état de non-érection.
L'entrée de cette cavité est très étroite ; elle permet
juste l'introduction du bout du doigt; Vallon dit qu'elle
est entourée d'une couche de tissu érectile, mais nous
ne trouvons aucune indication à ce sujet dans nos
notes. On n'y voit pas le bouquet de poils que l'on
trouve chez les bovins.
B. — FEMELLE
Les ovaires sont petits, de la grosseur d'un pois
ou d'une noisette, dissimulés dans une sorte de cupule
du bord antérieur du ligament large ; leur surface sou-
levée par les ovisacs leur donne un peu l'apparence d'une
grappe.
Les oviductes sont i^elativement longs, car ils sont
à peu près rectilignes dans la plus grande partie de leur
trajet ; ils sont durs au toucher et ils s'ouvrent au
fond des cornes utérines sur une grosse papille conique
de consistance cartilagineuse dont le microscope révèle
la structure fibreuse condensée.
Toutes choses égales d'ailleurs, l'utérus est beau-
coup plus petit que celui de la vache ou de la jument. Ses cornes sont extrêmement diver-
gentes, de telle sorte qu'elles figurent avec le corps un T plutôt qu'un Y ; en outre, elles
sont inégales, la droite étant plus courte que la gauche. J'ai mesuré chez un sujet :
Longueur du corps 15 centimètres.
— de la corne droite 15 —
— de la corne gauche . . . .' 19 —
FiG. 76. — Vue d'ensemble des organes
GÉNITAUX DE LA FEMELLE.
1, ovaire dans sa cupule; 2, ligamentde l'ovaire;
3, oviducte; 4, papille intra-utérine de l'embou-
cliure de roviducte ; 5, cloison intérieure de
l'utérus; 6, orifice du col; p, Pf p, fleurs
épanouies étagées ; /*, franges muqueuses
terminant les plis du vagin ; w, méat urinaire ;
(T, clitoris dans son capuchon.
Vallon donne pour le dromadaire :
Longueur du corps 13 centimètres.
— de la corne droite 7à8 —
— de la corne gauche 12 à 13 —
Circonférence du corps 12 —
Les ligaments lai^ges sont extrêmement amples ; leur insertion s'étend longuement sur les
flancs, surtout à gauche; ils portent des ligaments ronds très développés qui s'atténuent de
haut en bas et se perdent au voisinage de l'ovaire sans former appendice. Les ligaments
112 RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
larges s'étendent beaucoup dans le bassin et se prolongent sur le vagin; ils s'insèrent sur le
plan inférieur des parties qu'ils fixent, en sorte que ces parties sont plutôt soutenues que
suspendues, comme on l'observe dans le bœuf.
Lorsqu'on ouvre la matrice, on remarque tout d'abord une cloison médiane qui divise le
corps jusqu'à une petite distance du col, comme si les cornes, beaucoup plus longues à l'inté-
rieur qu'au dehors, s'étaient accolées avant de se séparer l'une de l'autre (utérus subseptus).
La muqueuse de cet organe est plus ou moins pigmentée, livide ou grisâtre, et dépourvue
de toute saillie cotylèdonaire.
L'orifice de communication avec le vagin est un anneau, percé au centre d'une cloi-
son transverse qui semble produite par l'accolement des parois des organes qu'elle sépare,
anneau autour duquel rayonnent de nombreux plis muqueux (fleur épanouie). Soit en deçà
c'est-à-dire dans la matrice, soit au delà c'est-à-dire au fond du vagin, on voit d'autres fleurs
épanouies ébauchant autant de cols secondaires progressivement décroissants à partir du col
primaire. Ce cloisonnement cervical multiple est sans doute plus ou moins accentué suivant
les cas, car MM. Ghauveau et Arloing écrivent que, chez le dromadaire, le col de l'utérus
est très long et entouré de six couronnes de replis muqueux superposés, durs et raides à leur
surface.
Le vagin a une longueur de 30 à 35 centimètres; toutefois, dans une de nos femelles qui
était de petite taille, il n'avait que 26 centimètres, vulve non comprise bien entendu. C'est un
canal très ample à parois minces et extensibles, où l'on peut facilement loger les deux poings
réunis. Sa muqueuse est blanche, légèrement rosée, quelquefois grisâtre, très finement plissée;
les plis s'accentuent postérieurement et se terminent à la limite de la vulve par des franges
rougeàtres, ébauchant une sorte d'hymen; la démarcation entre le vagin et la vulve est ainsi
très nette.
Quant à la vulve ou vestibule des voies génitales, elle n'a pas plus de 3 à 5 centimètres de
profondeur; son orifice d'entrée est très petit; c'est une fente de 4 centimètres environ, située
immédiatement au-dessous de l'anus, à lèvres épaisses et saillantes, velues, présentant à
la commissure inférieure une petite saillie conique perforée à l'extrémité, dont on fait sortir
par pression une matière sébacée grisâtre, saillie qui n'est rien autre que le clitoris
enveloppé d'une sorte de prépuce dont l'orifice est si étroit qu'on se demande si le clitoris
peut jamais en sortir. A l'intérieur de la vulve, le méat urinaire, très petit, permettant à
peine l'introduction du bout du petit doigt, se dissimule sous les franges de l'hymen, à
la partie inférieure de l'organe. Vallon signale, chez le dromadaire, l'existence de
deux petits canaux débouchant latéralement, se dirigeant obliquement dans l'épaisseur de la
paroi vaginale, mais qu'il n'a pu suivre au delà de 2 centimètres. Nous avons trouvé nous-
même, dans l'une de nos femelles, aux endroits sus-indiqués, deux petits culs-de-sac : c'est
là sans doute une trace des canaux de Gœrtner (canaux de AVolf) que l'on observe dans la
vache et la truie.
En présence de l'étroitesse extrême de la vulve, nous nous étions demandé si la taiUe des
nouveau-nés n'était pas à l'avenant. Mais nous avons trouvé dans Brehm le passage suivant
qui démontre que la vulve doit singulièrement s'agrandir au* moment de l'accouchement : « Les
petits naissent les j'eux ouverts et le corps couvert d'un poil assez long, mou, épais et laineux,
ils sont plus grands que beaucoup de poulains nouveau-nés, leur hauteur étant d'environ
CHAMEAU A DEUX BOSSES 113
80 centimètres; au bout d'une semaine ils ont déjà plus de i mètre et alors ils ressemblent un
peu à des alpacas. »
MAMELLES
« Par leur forme et leur position, dit Vallon, les mamelles de la chamelle ressemblent
à celles de la jument, et par leur nombre (4) à celles de la vache. Les mamelons antérieurs
sont notablement plus développés que les postérieurs et donnent plus de lait. On trouve sur
les uns et les autres les orifices des trois canaux galactophores * ».
Bien que ces mamelles n'atteignent jamais le développement du pis de beaucoup de
vaches, elles donnent abondamment du lait. « Dans le Sahara où les Bédouins font un très
grand usage du lait de chamelle pour leur nourriture person-
nelle ou pour celle de leurs poulains, on ne laisse que deux
trayons au chamelon ; les deux autres sont réservés aux besoins
domestiques et l'on assure qu'ils peuvent encore donner de 8 à
10 litres de lait par jour. Dans le Tell, où le lait ne sert ni à
la nourriture de l'homme ni à celle du cheval, le jeune droma-
daire le consomme complètement. On le laisse d'ailleurs téter
aussi longtemps qu'il le veut et il se sèvre peu à peu de lui-
même dans le cours de la deuxième année. » (Vallon.)
Quand on dépouille la peau de l'abdomen, on découvre
trois faisceaux musculeux de couleur foncée qui s'étendent à
la surface de la tunique abdominale, de la partie antérieure
des mamelles à la région de l'ombilic; c'est évidemment le
représentant du prétracteur du fourreau du mâle (fig. 77).
Nous ne terminerons pas cette étude des appareils de la
génération sans dire quelques mots du fœtus et surtout de
ses annexes, que nous avons pu étudier grâce à l'état de
gestation dans lequel se trouvait une de nos femelles. On sait que les Caméliens se
distinguent parmi tous les autres Ruminants par leur placenta qui. au lieu d'être cot^lédo-
naire c'est-à-dire dispersé en petites plaques, est diffus et généralisé sur toute la surface du
chorion, comme dans les Solipèdes et les Porcins. Celui-ci a un aspect grenu, comme s'il avait
été saupoudré de grains de semoule, et présente un grand nombre de petites mouchetures
résultant de la raréfaction par points des tubercules placentaires. Vallon raconte que «le
part est facile chez les chamelles et que l'homme a rarement à intervenir. Lorsque le pâtre
est présent à l'accouchement, il déchire les enveloppes fœtales et fait la ligature du cordon ;
en son absence, la femelle se charge de ce soin. » Il est permis de conclure de ce passage que le
petit est expulsé avec ses enveloppes, autrement dit, naît coiffé, ce qui se produit souvent chez
les femelles à placenta diffus, mais ne se produit jamais chez celles qui ont un placenta cotjlé-
donaire, la délivrance de celles-ci so taisant au contraire très souvent attendre.
Fig. 77. — Mameli.es.
) , pis ; 2, muscle ombilical ;
3, vulve; 4, anus.
' Je n'ai trouvé moi-même que deux canaux galactophores chez une femelle de dromadaire examinée spéciale-
ment à ce point de vue.
Arch. Mus. — t. VIU. 15
lli liECllKUCIlKS ANATUMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
Le choriou est lâchement uni aux parties sous-jacentes par un tissu interannexiel
muqueux fort abondant.
L'aranios forme un sac très ample, dans la paroi duquel on observe très peu de plaques
glycogéniques, même au niveau duhile.
La vésicule ombilicale disparaît de très bonne heure sans laisser aucune trace, comme
dans les autres Ruminants.
L'allantoïde est en forme de boudin suspendu au cordon ombilical par le canal de
l'ouraque, mais ses deux cornes ne présentent pas d'appendice mortifié à leur extrémité, qui
est arrondie et volumineuse; elles sont en outre très inégalement longues, l'une restant en
deçà de l'amnios, l'autre le dépassant. De nombreux petits corps gris jaunâtres flottent dans
le liquide allantoïdien. Dans l'œuf que nous avons disséqué, le boyau allantoïdien s'imprimait
profondément sur l'amnios, de telle sorte qu'il en était à moitié enveloppé.
Le cordon ombilical était extrêmement volumineux, noyé dans une abondante gelée de
A\'arthon, et son diamètre augmentait progressivement à partir de l'ombilic. Sa longueur
était d'environ O^SO; il faisait un cii'culaire autour du corps, de droite à gauche.
En résumé, les annexes foetales des chameaux ressemblent beaucoup à celles du porc.
Ajoutons que la durée de la gestation est d'un an .
L'utérus gravide s'avance beaucoup sur la paroi abdominale inférieure; les ligaments
larges sont alors excessivement amples et épais ; on voit dans leur épaisseur d'énormes
vaisseaux ainsi que de nombreux faisceaux de fibres musculaires lisses.
Quant aux particularités du foetus, voici les quelques notes que nous avons prises sur
l'unique sujet que nous avons observé et qui avait environ six à sept mois de gestation.il
possédait déjà la bosse dorsale bien développée. Abstraction faite de quelques poils visibles sur
les lèvres, la peau était glabre, de couleur livide dans la plus grande partie de son étendue,,
blanche sur les membres et les parties médio-ventrales du corps. Les ongles étaient encore
mous; ils étaient constitués chacun par deux parties séparées par un sillon profond : l'une
distale. très molle, jaunâtre et recourbée en haut, l'autre proximale, plus consistante, de teinte
plombée et affectant la forme et la direction de l'ongle futur. Les coussinets plantaires
étaient recouverts d'une peau molle, plissée et très mobile qui ne présentait encore aucune
trace de kératinisation, bien qu'elle se ditférenciât nettement de la peau voisine avec laquelle
elle s'unissait au niveau d'une crête frangée. Les testicules étaient à leur place dans les
bourses, mais on voyait un sillon interscrotal très net témoignant d'une soudure tardive des
replis génitaux à l'endroit occupé par la vulve chez la femelle.
Le foie était comme tailladé d'incisures. L'estomac avait déjà sa forme et ses ^rrojior-f ions-
normales, etc.
CHAMKAr A DKUX liOSSKS
115
APPAREIL DE LA CIRCULATION
CŒUR
Par sa forme générale, le cœur des chameaux ressemble à celui des Solipèdes. Cependant
il nous a semblé que le sillon ventriculaire de la face droite est beaucoup plus rapproché du
bord postérieur de l'organe que chez ces derniers animaux. Vallon donne p<iur le dromadaire
les poids suivants :
Mâle II" 1 = 1400 grammes.
Mâle 11° 2 = l'IIS —
Femelle n°l = 1310 —
Femelle n" 2 = 12!»0 —
Bien que nous ayons omis de les peser, nous croyons pouvoir affirmer que les cœurs do
nos chameaux à deux bosses étaient beaucoup plus pesants,
c'est-à-dire proportionnés à la masse plus grande du corps ;7 ^^.-
de ces animaux. Les chiffres de Vallon nous paraissent ^,^,.-— T^^
faibles, même pour les dromadaires. '^;5^Ç V ^ I
La position et les rapports avec la paroi costale sont j;j,,^^'"V^ -' -^ / . ^;
les mêmes nue dans les autres grands quadrupèdes dômes- =J 7^ >^*Sti-!i__.j'uL
tiques, avec cette différence peut-être que la surface non ^yj] '^''^'^^V/''^ >^V''
couverte parle poumon et en contact immédiat avec la paroi ''^^ j;^Y ./ 1^ ^
thoracique est plus étendue que dans ces derniers, surtout "îf^ r*?™V[
du côté gauche. La partie la plus avancée de cet organe U ; i | ^ /
ne dépasse pas la 3* côte, la plus reculée ne dépasse pas V /
la 6''; la pointe repose obliquement sur le sternum dans fo,,\/
l'angle d'insertion du diaphragme. En conséquence, il faut \^j
ausculter l'organe à gauche, à la partie inférieure de la
~ O ' I f,j,._ 7g_ — LiKUIt, FACE GAUCHE.
poitrine entre la 3» et la (3= côte, région que l'on dégagera , ^^_^^,,.^^,^ ^^^.^. , ^^„,^.^„,^ ^^^^^^.
en faisant porter l'épaule en avant. s'JtTÎ^^re'coi^^ites-T'!:!:^.?::^^:
N; • X' ] i" r I iiaire; s, vestige du canal artériel; ',1, tronc
OUS n avons rien note de particulier sur la COn- aortlque; lO, aorte antérieure; ll, aorte
„ ,. .,,. • »ii'-i •! i- postérieure (crosse); i2, tronc brachial
formation intérieure, si ce n est 1 existence, a la partie Kauciie; is, ironc iirachio-céphaiique ;
. . .,,.., ... Il- 1*' artère cervicale supérieure; 15, artère
inférieure du ventricule droit, dim pilier du deuxième dorsale ; m, rameau sous-coslal de rartère
dorsale; 17, artère vertébrale; x, thora-
^enre presque aussi gros que le petit doigt. Rien non plus <^'"i^« interne; ly, cervicale inférieure ;
^ ^ i- oii t_ 1 20, veine cave antérieure ; 2I, veine pul-
sur la structure. Leuckart, Mavor de Bonn, ont signalé monaire du poumon gauche; 2â, chaîne
' ' ' o sympathique montrant le uanglioii cervical
dans l'épaisseur de la zone aortique une petite ossification jj;!^™^ %!'i:l!";,Z::^.^'^
que nous avons trouvée nous-méme chez l'un de nos sujets, '''' ' ^''' "'"' "iaphrogmaiique gauche.
mais extrêmement faible. Vallon déclare avoir vainement
cherché, chez le dromadaire, les deux petits os du cœur que l'on trouve dans les autres grands
Ruminants domestiques. Jeger avait déjà fait la même négation. Il est prolialile que cette
116 HECIIEUCHKS ANATOMIQUES SUR LES CAMELIDES
particularité est très sujette à varier suivant les individus et surtout suivant leur âge; elle
n'a d'ailleurs ]ias l'importance que lui attribuaient les anciens anatoniistes, à commencer par
Galien.
Rien à dire du péricarde.
ARTÈRES
L'aorte est disposée comme dans les autres grands Quadrupèdes, c'est-à-dire qu'elle
décrit une crosse en quart de cercle et longe ensuite la colonne vertébrale jusqu'à l'entrée du
bassin, oîi elle se termine par l'artère sacrée moyenne et les quatre artères iliaques. A son
origine, sur une longueur de 10 centimètres environ, son calibre l'emporte certainement
sur celui de l'aorte du bœuf ou du cheval. Elle fournit :
Deux artères coronaires ou cardiaques qui n'offrent rien de particulier.
Une aorte antérieure qui se divise presque aussitôt en les deux troncs brachiaux, aorte
extrêmement brève et parfois même nulle; chez l'un de mes sujets, les deux troncs brachiaux
naissaient directement de la crosse aortique par deux orifices contigus ; s'il fallait en croire
Vallon, telle serait la disposition normale dans le dromadaire, qui manquerait ainsi d'aorte
antérieure; « les points d'origine des troncs brachiaux seraient séparés par un petit inter-
valle d'un demi-centimètre ». ]Mais Daubenton écrit que, dans cet animal, la crosse de l'aorte
ne jette qu'une branche divisée intérieurement en deux cavités dès son origine et se divisant
aussi à l'extérieur à une très petite distance. Il y a donc lieu de croire que la disposition
constatée par Vallon était anormale. Sur les trois chameaux à deux bosses que j'ai examinés,
deux possédaient une courte aorte antérieure; le troisième n'en avait pas. Rien n'est d'ailleurs
plus variable que la longueur de l'aorte antérieure dans les Ruminants ordinaires et dans les
Solipèdes. J'ai vu plus d'un cheval avec une aorte antérieure aussi courte que celle des chameaux.
Les troncs brachiaux ont la disposition ordinaire, c'est-à-dire que le droit (tronc brachio-
céphalique) est plus volumineux que le gauche et donne, en plus de toutes les branches fournies
par ce dernier, le tronc commun des deux carotides primitives; le premier est rectiligne et
situé sous la trachée, le second s'élève sur le plan latéral de ce tube en décrivant une convexité
supérieure; l'un et l'autre se contournent sur le bord antérieur delà 1" côte, au-dessous de
l'insertion du scalène, pour se continuer en dedans de l'épaule par l'artère humérale. Ils
représentent donc les artères sous-claviôres et axillaires de l'homme. Ils émettent chacun
les branches collatérales suivantes :
Le tronc commun de la cervicale supérieure et de la dorsale ; celle-ci sort du thorax
par le 2° espace intercostal, après avoir donné un rameau sous-costal (artère intercostale supé-
rieure de l'homme) dont procèdent deux ou trois intercostales successives, et se termine à la
base du cou et dans la région du garrot; celle-là traverse le i'" espace intercostal en émettant
la l'* intercostale et s'épuise dans la région spinale du cou, sans aller toutefois jusqu'à la nuque.
L'artère vertébrale, vaisseau volumineux, d'abord placé en dedans de la première côte,
puis sous l'apophyse transverse de la 7° vertèbre cervicale, s'engage ensuite dans la série
des trous transversaires des vertèbres précédentes, trous qui débouchent d'une part dans le
canal vertébral, d'autre part au fond des échancrures articulaires antérieures ; elle se termine
sur le côté de l'articulation axoïdo-atloïdienne en s'anastomosant par inosculation avec l'artère
CHAMEAU A DEUX BOSSES 117
rétrograde émanant de l'occipitale. Dans son long trajet, elle fournit un grand nombre de bran-
ches aux différents organes du cou, notamment à la région spinale, et à la moelle épinière :
L'artère thoracique interne ou mammaire interne, très volumineuse aussi, descend en
dedans de la 1"° côte, croise la partie inférieure des côtes sternales, sous le muscle triangulaire
du sternum, et se termine par une bifurcation qui donne naissance à l'artère abdominale
antérieure et à l'artère asternale; celle-ci suit l'insertion du diaphragme en dedans du cercle
cartilagineux des fausses-côtes; celle-là plonge dans la paroi abdominale, comme cela s'observe
généralement. Les rameaux perforants de la thoracique interne à destination des muscles
pectoraux sont très volumineux vu la petitesse de la thoracique externe dont il est parlé ci-
dessous ;
La cervicale inférieure naît en dehors de la poitrine, sur l'inflexion du tronc brachial, et
se divise bientôt en une branche ascendante qui s'épuise sous le mastoïdohuméral et une
branche descendante qui descend sur le membre dans la région de l'ars ;
La thoracique externe ou mammaire externe, vaisseau peu volumineux, naitsous l'épaule
à l'opposé de la sus-scapulaire et plonge dans les muscles pectoraux parleur face profonde ;
La sus-scapulaire se rencontre avec le nerf de même nom dans l'interstice du sus-
épineux et du sous-scapulaire et s'y épuise ;
Enfin la sous-scapulaire, dont le point de départ marque conventionnellement la con-
tinuité du tronc lirachial avec l'artère huraérale, s'élève dans l'intervalle des muscles sous-
scapulaire et grand rond, fournit divers rameaux parmi lesquels il convient de signaler l'artère
du grand dorsal et la circonflexe postérieure de l'épaule, cette dernière contournant l'articula-
tion scapulo-humérale en arrière avec le nerf axillaire.
L'artère humérale descend à la face interne du liras en croisant la direction de l'humérus,
longée en avant parle nerf médian, en arrière par la veine homonyme; elle se continue,
sans autre démarcation que l'interligne articulaire du coude, avec l'artère radiale. Elle fournit
la pré-humérale ou circonflexe antérieure de l'épaule, une artère au mastoïdo-huméral, la
collatérale externe du coude ou humérale profonde, l'artère principale du biceps bra-
chial, la collatérale interne du coude ou cubitale donnant un rameau notable aux fléchisseurs
perforant et perforé, enfin la radiale antérieure, que les anatomistes vétérinaires considèrent
sans raison suffisante comme une branche terminale de l'artère humérale. Toutes ces col-
latérales se comportent sensiblement comme dans les autres grands quadrupèdes, ce qui nous
dispense de les décrire. (Voy. fig. 79.)
L'artère radiale (radiale postérieure des anatomistes vétérinaires) est satellite du
muscle grand palmaire dont elle suit la face interne, le long du radius. Elle donne, indépen-
damment de rameaux innominés, l'artère interosseuse de l'avant-bras, qui traverse la face
postérieure du radius, puis l'arcade radio-cubitale supérieure, pour se jeter dans les muscles de
la face externe. Elle se termine par la radio-palmaire et la collatérale du canon ou palmaire
métacarpienne.
La radio-palmaire descend à la surface de l'arcade carpienne, puis se recourbe sous
l'extrémité supérieure du suspenseur du boulet, pour s'anastomoser par inosculation avec la
terminaison de la cubitale et former l'arcade sous-carpienne équivalente de l'arcade palmaire
profonde de l'homme, arcade d'oii s'échappent quelques rameaux pour le suspenseur du boulet
et trois interosseuses palmaires sans grande importance.
118
RECHERCHES AXATOMIQUKS SIR LES CAMEIJDKS
La palmaire métacarpienne ou collatérale du canon des anatomistes vétérinaires est la
suite véritable de la radiale; elle traverse la
gaine carpienne avec le nerf médian, placée
au côté interne du tendon perforant, en dehors
de la synoviale; puis elle se porte sur la face
postérieure des tendons fléchisseurs dans l'axe
du membre, pour venir se terminer, en haut
de l'interstice digité, par une bifurcation qui
donne naissance aux collatérales des doigts.
4"
FiG. 70. — Muscles, artères et nerfs de la face
INTERNE DU MEMBRE THORACIQUE JUSQUVu MÉTACARPE
Fk;. ho. — Artères et nerfs de la mms
FiG. 79. — Se, sus-épineux; Ss, sous-épineux ; Gr, grand rond; Gd, grand dorsal; P. insertion du pectoral ascendaut; Oi,coraco-
brachial ; Bi. biceps; B»", brachial antérieur; CMongue portion du ({nadriceps; V/, vaste interne du même; R2, extenseur
radial du métacarpe; Pa/, grand palmaire ; G/, cubilal interne ; Ce. cubital externe; Pe, perforé; I, terminaison de l'art,
axiliaire ; 2. art. sus-scapulaire ; 3, art. sons scapulaire : 4. arl. du grand dorsal; 5. art. circonflexe antérieure de
l'épaule: 6, art. innommée se distribuant principalement au mastuido-humeral ; 7. collatérale externe du coude; S, art.
principale du biceps: 9. collatérale interne du coude; 10, rameau de cette artère pour les m. fléchisseurs des phalanges;
11, 20. nerf médian; 12, art. des muscles anli-hrachiaux postérieurs; 13, art. radiale; 14. art. radio-palmaire ; 15, art.
palmaire métacarpienne ou collatérale du canon; 10, nerf radial ; 17, anastomose du brachial antérieur et du médian;
18, nerf cubital ; 19, origine du nerf brachial cutané interne : 21. nerf axilbire ; 22. nerf du grand rond ; 23. nerf du grand
dorsal ; 24, nerf sus-scapulaire.
FiG. 80. — Pf, m. perforé; Ce,, m. cubital externe, S. suspenseur du boulet ; arc. arcades sésamoidiennes; Pa. perforant;
f, terminaison du grand palmaire ; 1, art. radiale; 2, art. radii)-palmaire ; 3, art. palmaire métacarpienne ; 4, art. collatérales
des doigts ; 5, tronc de réception des interosseuses ; 6. nerf médian ; 7. sa bifurcation terminale donnant les nerfs palmaires ;
8, anastomose entre ces derniers; 9. bifurcation des nerfs palmaires donnant les nerfs collatéraux des doigts: 10, art.
cubitale avec le nerf de même nom.
Elle donne, en bas du métacarpe, un rameau assez volumineux qui s'engage perpendiculaire-
CHAMEAU A DEUX BOSSES
119
ment dans les angles de bifurcation des tendons fléchisseurs et du suspenseur du boulet et se
ramifie sur la face postérieure de l'os canon, où elle reçoit la terminaison des interosseuses.
Les artères collatérales des doigts ou artères digitales longent le côté concentrique de
chaque doigt, pénètrent dans l'un des trous de la base des phalangettes et se terminent dans
les tissus sous-ongulés. Chemin faisant, elles donnent divers rameaux parmi lesquels il faut
signaler celui du coussinet plantaire et un autre rappelant de tous points l'artère perpendiculaire
de Percivall des Solipèdes.
Les carotides primitives procèdent, par un tronc commun, long d'environ 10 centimètres,
du tronc brachial droit que l'on désigne souvent pour cela sous le nom de tronc brachio-
céphalique; elles montent le long de la trachée, de chaque côté de son plan supérieur, ainsi
.jr
FiG. 81.
Artères profondes de la tète
a, ligament cervical; b, ^rand complexus; c, pelit complexus tle la tète; c' petit complexus de l'atlas; d, traclièlo-utloïdien ;
d\ grand droit antérieur de la tète ; e, ^nand oblique de la tête; f, petit oblique ; g. stylo-glosse , /t, l)asio-glosse ; i, génio-
glosse ; j, génio-liyoïdien ; Â, mylo-hyoïdien ; /, glandules sublinguales; ?».. constricteur supérieur du j)harynx; n, péri-
staphylin externe; o. périslaphylin interne; p, paroi musculaire du [)haryns ; q^ muscle hyo-thyroiiiien ; r, terminaison du
sterno-thyroidien; s, crico thyroïdien ; t. œsophage; u, partie supérieure de la glande thyroïde; r\ bulle tynipanique ;
J'. origine du digastrique ; y. trou grand rond; j, trou optique; 1, carntide primitive; 2. art. thyro-laryngienne ; ^. art.
occipitale ; 4. carotide interne; 5, art. mas'oidieiine sous le muscle petit oblique /", qui a été réséqué; 6. art. linguale ;*. art.
faciale ; 8, art. auriculaire postérieure ; 9. art. maxillaire interne, suite de la carotide externe ; 10. art. dentaire intérieure;
il, art. spheno épineuse ; 13. art. temporale profonde postérieure; 13. art. nasale ou sphéno-palatine ; 14. orbite au fond de
laquelle on voit la maxillaire interne dans la gouttière précédant le canal dentaire ; 1.^, art. sous-orbitaire, suite de la maxil-
laire interne.
que d'habitude, jusqu'à la partie inférieure du pharynx, ou elles se terminent chacune parla
carotide externe, la carotide interne et l'occipitale, la première faisant suite au tronc, les deux
autres figurant plutôt des collatérales.
Les carotides primitives avec les veines jugulaires qui les accompagnent sont abritées
en dedans des apophyses transverses cervicales et des muscles intertransversaires; elles ne
ileviennent accessibles qu'en haut du cou. au-dessus du prolongement costellaire de la troi-
sième cervicale; encore, k cet endroit, la carotide ne tarde-t-elle pas à s'engager sous l'omo-
hyoïdien, en se séparant de la jugulaire externe qui reste à la surface de ce muscle.
Cette artère donne, pendant son long trajet, de nombreux rameaux innominésaux organes
voisins, plus une artère thyro-laryngienne assez ¥olumineuse qui se détache perpendiculaire-
ment, en regard de l'extrémité supérieure de la glande thyroïde.
120 Ul-CIlKltClIES AXATOMKJUES SLU LES CAMÉLIDÉS
L'artère occipitale se comporte comme chez les Solipèdes, c'est-à-dire qu'elle monte au
devant de l'atlas, traverse le trou de conjugaison de cette vertèbre et se termine par l'occipito-
musculaire et la cérébro-spinale, cette dernière se joignant à son homologue de l'autre côté
pour donner le tronc basilaire et la spinale médiane.
L'occipitale fournit une ou deux petites artères pré-vertébrales, l'artère mastoïdienne
qui gagne le conduit temporal par le trou mastoïdien et se distribue aux méninges crâniennes,
enfin, la rétrograde qui traverse le trou transversaire de l'atlas et reçoit par inosculation la
terminaison do la vertébrale. Je fais abstraction de divers rameaux innominés pour la glande
maxillaire et les muscles voisins.
L'artère carotide interne, qui fait défaut dans les Ruminants ordinaires, se trouve dans
les chameaux, mais très faible, à peine plus grosse que la prévertébrale ; elle se jette dans le
réseau admirable àelAh^se an cvkwe, après avoir traversé le trou carotidien et la scissure
carotidienne. (Voir Ostéologie.)
La carotide externe ne se distingue pas de la maxillaire interne; elle s'étend en effet
jusqu'à l'entrée du canal dentaire supérieur. Par son volume et sa direction, elle est la suite
véritable de la carotide primitive ; elle passe entre le muscle stylo-hyoidien et la grande branche
de l'hyoïde et s'élève presque en ligne droite vers la cavité orbitaire, en passant sous une
petite lame osseuse qui l'assujettit contre la base de l'apophyse ptérygoïde et qui est une trace
du conduit sous-sphénoïdal ou conduit ptérygoïdien du cheval et du chien. Avant d'atteindre
le canal dentaire, ce vaisseau se loge dans la profonde gouttière qui en précède l'entrée sur
la paroi inférieure de l'orbite. A l'état d'artère dentaire supérieure, il vient sortir, encore
volumineux, par le trou sous-orbitraire et s'épuiser à l'extrémité de la mâchoire supérieure.
Ainsi comprise, la carotide externe fournit :
a) L'artère linguale, qui se détache dans l'intervalle du stylo-hj'al et du muscle stylo-
hyoïdien et émet la pharyngienne à son origine ;
h) L'artère faciale qui prend naissance à angle obtus, tout près de la linguale, sous
l'extrémité inférieure de la glande parotide, et se divise bientôt à la surface du masséter en
deux artères coronaires : une inférieure suivant le bord inférieur de la branche maxillaire à
2 centimètres de distance environ, accompagnée d'une veine et d'un rameau du facial, et
venant se perdre dans le tissu de la lèvre inférieure; une supérieure montant obliquement sur
le masséter, passant ensuite sous les muscles zygomatique et lacrymal, et se terminant sur le
chanfrein et l'aile du nez. L'artère faciale donne en outre, à titre de collatérales, les deux
artères auriculaires. L'auriculaire postérieure procède de l'origine même de la faciale et je
suppose que souvent elle doit naître isolément. L'auriculaire antérieure se détache sous le
])i:ird antérieur de la parotide et donne sur son trajet une transversale de la face ;
c) L'artère dentaire inférieure ;
d) L'artère sphéno-épineuse, volumineuse branche qui entre aussitôt dans le cràue en
passant par le trou ovale et alimente le réseau admirable ;
c) L'artère temporale profonde postérieure, dont se détache un gros rameau pour le
ptérygoïdien et le masséter ;
f) L'artère temporale profonde antérieure ;
g) Une artère dite génératrice du réseau admirable, qui pénètre dans le crâne par le trou
grand rond et se jette dans ledit réseau.
ClIAMKALi A DKUX BOSSES
121
h) L'artère ophthalmique, qui montre sur son trajet un réseau admirable comme dans le
bœuf;
i) L'artère nasale ou spéno-palatine, pénétrant parle trou de même nom ;
j) Une petite artère palatine, se détachant de la précédente pour s'engager dans le con-
duit palatin.
Le réseau admirable, situé sur le plancher delà cavité crânienne, occupe le repli pitui-
taire de la dure-mère et s'étend du trou occipital au trou grand rond. 11 a pour artères affé-
rentes les carotides internes, les sphéno-épineuses et les artères dites spécialement généra-
FiG. 82. — Muscles, vaisseaux et nerfs superficiels de la tête
a, bifurcation du nerf fa^-ial; 6, artère faciale; c, artère coronaire supérieure; d. artère corotiaire iafe'rieur ; f. veine jugulaire
externe, en dedans de laquelle on voit l'artère carotide primitive; /' glaLidesmolairesitil'erieures; //s, ganj^lions de l'au.iie ; 1, mus-
cle grand zygomatique; 2, muscle lacrymal; 3, releveur conmiun de l'aile du nez et de la lèvre supérieure ; 4, canin ; 5, releveur
propre de la lèvre supérieure contbndu avec le précédent; G, labial ; 7, nsorius de Santorini ; 8, buccinateur ; 'J, masséter;
10, crotaphite; 11. ligament cervical; 12, î,'rand complexus ; 13, petit coraplexus de la tête; 14. [letit complexus de l'atlas;
15, tracliélo-atloïdien ; 16, grand droit antérieur de la tète disparaissant sous la glande maxillaire; 17. omo-hyoïdien; 18, sterno-
mastoïdien ; 18', sa terminaison sous la parotide; lit, sterno-tbyroulieu; 20, hyo-tbyroidien; 21, cricu-tbyroidien ; 22. digas-
trique ; 23. grand oblique de la tète.
trices du réseau admirable ; — pour branche efférente, le tronc commun des artères cérébrales.
Celles-ci se distinguent en cérébrale antérieure, cérébrale moyenne et cérébrale postérieure;
elles ne présentent d'autre part rien de particulier.
Si, pour des raisins d'analogie, on voulait distinguer une artère maxillaire interne, on
pourrait prendre pour démarcation le point d'origine de la faciale et désigner sous ce nom
le tronc qui s'étend entre ce point et l'entrée du canal dentaire supérieur.
Nous avons parcouru tout le domaine d'irrigation des troncs brachiaux. Continuons
l'étude des branches collatérales de l'aorte.
Les artères intercostales sont disposées comme dans lesautres ruminants et les solipédes.
11 n'y a que les sept ou huit dernières qui émanent de l'aorte ; les autres proviennent soit de
la cervicale supérieure, soit de la dorsale et de son rameau sous-costal.
Les artères lombaires et les artères diaphragmatiques ne nous ont rien montré non plus
de particulier.
Je ne trouve rien dans mes notes sur le tronc broncho-œsophagien : existe-t-il comme
Arch. Mus. — t. VllI. lli
122
liKCIIEHCIIKS AXATOMIQLES SUR LES CAMÉLIDÉS
dans les autres ruminants et lessolipèdes?Les artères bronchiques elles œsophagiennes pren-
nent-elles naissance séparément? C'est ce que je ne puis dire et ce qui n'a d'ailleurs pas
grande importance.
Le tronc cœliaque est environ deux fois plus volumieux que l'artère grande mésen-
térique. Ilnaîtà la sortie de l'aorte, entre les deux piliers du diaphragme et se divise, après
un trajet descendant de 2 ou 3 centimètres, en une artère hépatique et un tronc gastro-splé-
nique. L'artère hépatique se porte à droite en longeant la face supérieure du pancréas, auquel
elle abandonne plusieurs rameaux et gagne la scissure porte du foie ; mais, avant de péné-
trer dans cette scissure elle donne l'artère pyloriqueet l'artère gastro-époploique ou récurrente
de la caillette, cette dernière émettant à son tour la duodénale. Le tronc gastro-splénique se
distribue d'une manière assez compliquée, représenté figure 58. Arrivé sur la panse, à
quelque distance en arrière du cardia, il se divise en trois branches : 1° l'artère gauche du
rumen; 2" l'artère splénique dont se détache l'artère droite du rumen, elle-même subdivisée ;
3° letron(- commun des deux artères de la caillette, tronc qui émet en outre l'artère du hile de
la panse et l'artère antérieure du rumen ;
chacune des artères de la caillette donne
elle-même une artère au réseau.
En poursuivant le mode de dis-
tribution des artères de la panse qui
ahmentent les régions gaufrées, ou celui
des artères du réseau, j'ai pu m'assurer
que la vascularisation est là particulière-
ment riche et remarquablement or-
donnée : les vaisseaux suivent les travées
musculaires interalvéolaires et se rami-
fient exactement comme elles.
L'artère grande mésentérique prend
naissance sur l'aorte à 1 ou 2 centi-
mètres en arrière du tronc cœliaque ;
elle décrit un long trajet arci forme dans
l'épaisseur du grand mésentère en émet-
tant: 1° une douzaine de branches à destination de l'intestin grêle; 2° le tronc commun de
l'iléo-cœcale, de la cœcale et de la colique. Celte distribution est exactement la même
que dans les bœufs, les moutons ou les chèvi'es.
L'artère petite mésentérique prend naisssance tout à fait à la terminaison de l'aorte ou
même après l'émission des iliaques externes; elle se jette sur la fin du colon et sur le rectum
qu'elle' suit jusqu'à l'anus, où elle s'épuise en rameaux hémorroidaux.
Les artères rénales naissent à peu près en regard l'une de l'autre, mais tandis que la
droite a une direction perpendiculaire, la gauche effectue un long trajet oblique ; celle-ci
donne deux branches collatérales à la rate, ainsi qu'il est représenté figure 40.
Les artères grandes testiculaires du mâle ou utéro-ovariennes de la femelle se détachent
de l'aorte à 8 ou 10 centimètres de sa terminaison, elles ont la même distribution que dans les
autres animaux.
FiG. 83. — Intestin urkle. c.ecum et leurs artères
ig. circonvolutions de l'intestin grêle; il, iléon; Cvc, crecum ;
Co, origine du côlon; M, grand mésentère; 1. i, artère grande
mésentérique ; 2, tronc commun de la colique 3, de la c:ecale 5 et
de l'ileo-cïccale 6,
CHAMEAU A DEUX BOSSES
123
FiG. 84. — Coupe
SCHÉMATIQUE DE LA QDEUE
1, vertèbre; 2, 2, muscles
releveurs; 3, 3, muscles
ahaisseurs ; 4, arlére
coccygienne médiane ;
5, 5, artères coccygien-
nes supérieures.
L'aorte se termine sous la dernière vertèbre lombaire et sous l'articulation lombo-sacrée
par cinq branches : les iliaques externes, les iliaques internes, et la sacrée moyenne.
La sacrée moyenne est presque aussi volumineuse que les iliaques internes : c'est une
véritable aorte sacro-coccygienne, se prolongeant dans le plan médian jusqu'au bout de la
queue en s'épuisant progressivement par émission de nombreux
rameaux. En l'absence des sacrées latérales, c'est elle qui donne aux
trous sous-sacrés. Remarquons en passant que la queue est longée par
trois vaisseaux : i° la sacrée moyenne, devenue coccygienne médiane,
qui occupe son plan inférieur; 2° deux autres artères plus petites
situées sur les cotés de la face supérieure des vertèbres et couvertes
par les muscles sacro-coccygiens supérieurs et latéraux; ces der-
nières se constituent dans les gouttières sus-sacrées par jonction de
rameaux issus des trous sus-sacrés ; elles sont renforcées de proche en
proche par des divisions de la coccygienne médiane.
L'iliaque interne (fig. 85) se continue bien au-delà du col de l'ilium, tout le long
de la crête sus-cotyloïdienne, et se termine non loin de la petite échancrure sciatique par
l'ischiatique et la honteuse interne; la première traverse le ligament sacro-sciatique pour
se jeter dans les muscles ischio-tibiaux; la seconde se distribue à la manière ordinaire.
Cette iliaque fournit sur son trajet : l'artère ombilicale s'oblitérant après la naissance, l'artère
fessière, le tronc commun de l'utérine et de la vaginale chez la femelle, l'artère iliaco-muscu-
laire, enfin l'artère obturatrice, qui, sans être aussi
rudimentaire que dans les bovidés, est beaucoup
plus faible qu'elle n'est représentée sur la figure 85.
L'artère iliaque externe (voy. fig. 40) descend
comme d'ordinaire sur le côté du détroit antérieur
du bassin, traverse l'anneau formé par les deux
branches d'origine du couturier et entre dans la ré-
gion de la cuisse en prenant le nom d'artère fémo-
rale. Elle émet deux circonflexes iliaques, au lieu
d'une, et, à sa continuité avec la fémorale, donne,
en un tronc commun, la fémorale profonde et la
prépubienne, qui ne présentent rien de particulier.
La fémorale (voy. fig. 18) longe le bord antérieur du pectine, couverte par le couturier,
croise l'extrémité inférieure du pectine et de l'adducteur de la cuisse et s'engage entre
ce dernier muscle et le demi-membraneux, derrière le fémur, ou elle se continue par la
poplitée. Elle donne comme d'habitude la fémorale profonde et la prépubienne dont il a été
parlé ci-dessus à propos de l'iliaque externe, la grande musculaire antérieure, les petites mus-
culaires, la grande anastomotique et la saphène. Cette dernière mérite tout particulièrement
d'attirer l'attention, vu son volume tout a fait insolite qui en fait la principale artère de
l'extrémité du membre • ; elle se continue en effet au niveau du creux du jarret interne par
l'artère collatérale du canon sur laquelle nous allons bientôt revenir.
FlG. 85. — ARTÈRES DE l'iNTÉRIEUR DU BASSIN
1, ombilicale; 2, tronc commun de l'utérine et de la
vaginale; 3, lessiere ; 4, suite de l'iliaque interne;
5, honteuse interne. L'antre brandie de terminaison
de l'iliaque interne traverse le ligament sacro-scia-
tique et n'est autre que l'ischiatique ; 6. iliaco-mus-
culaire; 7, obturatrice.
' La saignée de la veine satellite doit Otre pouf cela absolument proscrite.
124
UECHEUCIIES AXATOMIQUES SUIJ Ll-lS CAMÉLIDÉS
Lapoplitée i voy. ûg. 50), suite de la fémorale, passe entre les deux ventres des jumeaux
de la jambe, puis derrière l'articulation fémoro-tibiale, enfin sous le muscle du même
nom. Elle donne, vers le milieu de sa longueur, l'artère tibiale postérieure qui s'épuise dans
les muscles couvrant la face postérieure du tibia, et elle se continue par la tibiale antérieure
qui descend sur ]a face antéro-externe du tibia et se poursuit au
delà par une pédieuse sans importance dont émane une branche
perforante qui traverse le tarse entre le calcaneum et l'astragale
et vient former une arcade sous-tarsienne en s'inosculant avec
un rameau de la collatérale du canon, arcade d'oii s'échappent deux
ou trois interosseuses plantaires disposées exactement comme au
membre antérieur.
La collatérale du canon, suite de la saphène, reste donc le
seul tronc qui porte le sang jusqu'à l'extrémité digitée. Elle est
d'abord située en dedans du tarse, dans le creux du jarret, puis elle
contourne le bord interne des tendons fléchisseurs et se place sur le
milieu de leur face postérieure, jusqu'au niveau du boulet où elle se
termine par une bifurcation qui donne naissance aux collatérales des
doigts. Elle répète donc très exactement l'artère homonyme du membre
antérieur.
Elle émet dans son trajet les rameaux suivants, dignes demention :
une artère tarsienne, une artère entrant dans la constitution de l'arcade
sous-tarsienne, enfin le tronc de réception des interosseuses.
Quant aux artères collatérales des doigts, elles ne se distinguent
pas de celles du membre antérieur.
Arlcre pulmonaire. — Le tronc de la petite circulation n'offre
rien de particulier. Le ligament qui l'unit à la crosse de l'aorte et
qui représente le canal artériel oblitéré est très grêle, presque
filamenteux.
Telle est la disposition du système artériel que nous avons cons-
tatée sur deux chameaux à deux bosses ; nous l'avons décrite très
succinctement, car il suffisait de faire ressortir les différences relatives
aux ruminants ordinaires. Au reste, les figures intercalées dans le
texte sont suffisamment explicites.
l'iG. 86. — Artères ET
NERFS DE LA RÉGION
TARSO-.MKTATARSIENNE
1, artère plyntaire ou col-
iatérale du canon ; 2. ar-
tère interne du tarse ;
3. tronc commun des
iiiterosseuses; 4, tronc
de réception des interos-
seuses ; 5, nerf grand
scialique ; 6. G, nerfs
plantaires; 7, anasto-
mose entre les nerl's
plantaires; 8, nerfs coi-
latéraux des doigts for-
més par bifurcation de
ciiaciin des nerfs plan-
taires.
VEINES
Après l'étude que nous venons de faire des artères, il serait superflu de nous étendre sur
les veines, d'autant plus qu'elles sont essentiellement disposées comme dans les ruminants
ordinaires. Je me bornerai à signaler le calibre énorme de la jugulaire externe qui, gonflée
de sang, atteint facilement le volume du poignet d'un homme; au dire de Vallon, ce calibre
est plus du double de celui de la jugulaire du breuf ; estinntion un peu exagérée.
Cette veine suit la carotide en dehors, abritée comme elle sous les longues apophyses
CHAMEAU A DEUX BOSSES 125
transverses des vertèbres cervicales ; elle n'est accessible pour la saignée que tout en haut
du cou, au-dessus de la troisième cervicale ; à cet endroit, elle est séparée de l'artère par
le muscle omo-hyoïdien.
La jugulaire interne ou profonde n'est guère plus volumineuse que chez le bœuf; elle
se jette dans l'e.vterne un peu au-dessous du milieu de la longueur du cou.
Les veines superficielles des membres, la veine sous-cutanée thoracique ou veine de
l'éperon, les mammaires, les veines des cavités splanchniques, sont disposées comme dans les
autres ruminants. Les autres suivent les artères.
LYMPHATIQUES
Je ne trouve rien dans mes notes touchant les vaisseaux et les ganglions lymphatiques.
J'en conclus qu'ils n'offrent rien de bien particulier.
SA-\&
Vallon rapporte qu'il a sacrifié par effusion de sang quatre dromadaires, deux mâles et
deux femelles, tous dans un état de maigreur assez prononcé : les mâles lui donnèrent
23 kg. 880 de ce liquide, les femelles 21 kg. 500.11 constata en outre que ce sang commence
à se coaguler au bout de six minutes et qu'il est complètement coagulé deux minutes après.
Au bout de cinq heures, le caillot commence à exprimer le sérum; mais la séparation n'est
complète que trente-six ou quarante heures après la saignée.
La particularité la plus remarquable du sang des chameaux et de tous les caméliens, c'est
la forme des globules rouges : Mandl a montré, dès 1838, qu'au lieu d'être ronds comme
dans les autres mammifères, ils sont elliptiques. En outre, bien qu'ils soient dépourvus de
noyau, ils ne sont pas biconcaves ; leur teinte sous le microscope est égale sur toute
leur surface. Entin ils sont très petits; leur diamètre est de 4 à 5 u. dans les chameaux, c'est-
à-dire bien inférieur à celui des hématies de l'homme, du cheval, du binuf. Leur nombre
par millimètre cube est de S à 10 millions.
Si j'en avais de nouveau l'occasion, je reprendrais volontiers cette étude hématologique,
afin de chercher la raison d'être d'une particularité aussi singulière dans la forme des globules
126 RECHERCHES AXATOAUQrES SUR LES CAMEIJDÉS
APPAREIL NERVEUX
MÉNINGES
Nous n'avons rien noté sur les méninges. D'ailleurs leur disposition ne varie guère.
MOELLE ÉPLMÈRE
La moelle épinière se fait remarquer, comme en devait s'y attendre, par l'extrême
longueur de sa portion cervicale, au niveau de laquelle les racines des nerfs sont extrê-
mement dissociées et comme dispersées.
ENCÉPHALE
A première vue, l'encéphale se montre beaucoup plus volumineux que celui du bœuf.
Daubenton a trouvé chez \m dromadaire un encéphale de 188 grammes, dont 80 grammes
pour le cervelet; il signale avec juste raison le grand développement de ce dernier. .J'ai
moi-même pesé l'encéphale d'un chameau à deux bosses; malheureusement c'était au
sortir d'un Itain azotique prolongé, qui l'avait considérablement réduit : il pesait encore
400 grammes. Un cerveau de vache de taille moyenne pesé dans les mêmes conditions m'a
donné seulement 2G0 grammes. D'autre part j'ai cherché à déduire le poids de l'encéphale
(le la capacité crânienne mesurée sur le squelette. Celte capacité était de 585 centimètres
cubes chez un dromadaire, de 825 centimètres cubes chez un chameau de Bactriane. En
adoptant le coefficient 0,89 donné par Gornevin pour le bœuf, on trouve les poids encépha-
liques suivants :•
Chameau de Bactriane 734 gr. 25
Dromadaire 520 gr. 65
Avec le coefficient 0,87 donné par ^l. Manouvrier pour l'homme on a :
Chameau de Bactriane 717 gr. 75
Dromadaire 508 gr. !»5
La conclusion qui se dégage de ces observations est que le chameau à deux bosses
compte parmi les ruminants qui ont l'encéphale le plus lourd, et que, même en tenant compte
du poids du corps, il a sous ce rapport un avantage marqué sur le dromadaire.
Si l'on considère, d'autre part, le développement des circonvolutions cérébrales, on est
CHAMEAU A DEUX BOSSES
127
porté à récuser le jugement de certains auteurs qui classent les chameaux parmi les plus
stupides des animaux, « Rien ne vient témoigner en faveur de l'intelligence des chameaux,
dit Brehm. Parmi les milliers que j'ai pu observer dans mes voyages en Afrique, je n'en ai
vu qu'un qui montrait quelque attachement à son maître ; ce sont des animaux méchants,
dangereux, lâches et obstinés. »
« Les appréciations de leur caractère, déclare Cari Vogt, sont très différentes ; les Orien-
taux en général exaltent leurs qualités ; les Européens les chargent de toutes les malédictions. »
L'opinion de Vallon mérite aussi d'être citée : « le dromadaire est doué d'une intelligence
et de sens bien plus délicats, bien plus perfectionnés que tous les autres animaux domestiques.
Quelques leçons lui suffisent pour apprendre à se coucher, à se relever, à s'arrêter, à se
mettre en marche, etc., au son de la voix. Combien de temps, de patience et d'habileté ne
faudrait-il pas pour amener le cheval, même de noble race, au même point! Son intelligence
est même susceptible d'un certain degré de perfectibilité, et nous pensons qu'il ne serait
pas difficile d'augmenter son éducation et d'agrandir le cercle des services qu'il rend. »
Quant à moi, sans vouloir exalter l'intelligence des chameaux, je crois que beaucoup
d'auteurs européens s'en sont laissé imposer par leur faciès insolite qu'ils ont pris pour de la
laideur et sans autre raison les ont déclarés stupides.
CERVEAU
Formes générales. — Le cerveau des chameaux est beaucoup moins convexe de profil
supérieur que ne l'est celui des bovins ; il est aussi beaucoup moins large à sa partie posté-
rieure et conséquemment moins
atténué en coin à sa partie anté-
rieure ; en outre, la partie pré-
sylvienne ou frontale l'emporte en
longueur sur la partie post-syl-
vienne, tandis que c'est le contraire
dans le bœuf.
Face inférieure. — Le lobe
piriforme ou mastoïde est peut-être
moins volumineux que chez les
bovins; le sillon longitudinal qui le
divise d'ordinaire, improprement
nommé scissure parallèle par M. Ar-
loing, est à peine marqué.
Face externe (fig. 87). — La scissure de Sylvius qui, dans le bieuf, s'élève très haut
sur la face externe de l'hémisphère, limitée par une longue circonvolution ansiforme, n'est
plus distincte dans le chameau par suite de la disparition de la branche antérieure de cette
circonvolution; c'est la branche postérieure (7) qui reçoit les circonvolutions .5 et (3; delà
sorte, la scissure de Sylvius n'est pas seulement dépourvue de sa bordure antérieure, elle est
encore traversée dans sa largeur et ainsi méconnaissable.
— Vue latérale de l'encéphale.
ol, lobe olfactif; op, chiasma des nerfs optiques; pi, lobe piriforme;
pc, pédoncule cérébral ; jjr. protubérance annulnire (on a omis de figurer
le corps trapézoïde qui la borde en arriére); 6», bulbe rachidien;
Cer, cervelet. Pour les circonvolutions cérébrales, voir le texte.
128
UECllEUCllKS AXATOMUJIKS SIU LES CAMÉLIDÉS
FiG. 88.
Coupe médiane du cerveau.
o/, lobe olfactif; op, nerf optique; hy. hypophyse, ca, coupe du corps
calleux; tr^ trigone; sep, septura lucidum; r, coupe de la couche
optique; «J, coupe des tubercules quudrijumeaiix ; pr, protubérance;
cer, cervelet. — Pour les circonvolutions cérébrales, voir le texie.
La circonvolution de l'insula i participe des différences précédentes : elle est plus
découverte et moins sinueuse chez le chameau que chez le bœuf; elle ne présente pas notam-
ment l'anse que l'on voit dans ce
dernier au fond de la scissure de Syl-
vius.
La circonvolution 2 {[''" frontale
de M. Arloing) est beaucoup plus
large que dans le bœuf et divisée en
deux plis secondaires. Les circonvolu-
tions o, 3', 4, sont confondues dans ce
dernier animal par suite de la dis-
parition de la scissure en T qui les
sépare.
Les circonvolutions 8, 8 et 11
(lobe temporal) sont, chez le chameau,
moins épaisses, moins étendues en
surface que chez le bœuf.
Face interne (flg. 88). — La
circonvolution du corps calleux 12-13
s'atténue en pointe à sa partie postérieure à la manière d'un coin, tandis que dans le bœuf
elle est d'égale épaisseur dans toute sa longueur.
La circonvolution sagittale 14-15-16 présente chez le chameau une inflexion très
prononcée due au sillon crucial (fig. 89) ; elle se décompose, en
ai'rière de ce sillon, en trois circonvolutions secondaires, 14, 15,
16. se subdivisant elles-mêmes en plusieurs plis. Ladite circon-
volution dans le bœuf est beaucoup moins compliquée postérieure-
ment et elle suit très exactement le bord sagittal de l'hémisphère.
Face supérieure (fig. 89). — La circonvolution 17, en avant
du gyrus sigmoïde S, est particulièrement flexueuse dans le cha-
meau ; elle lance sur la circonvolution sagittale 14 un gros pli de
passage qui n'existe pas dans le bieuf ou du moins pas aussi déve-
loppé.
La circonvolution 9-9. en arrière du gvrus sigmoïde, est au
contraire moins développée, moins compliquée dans le chameau que
dans le bœuf; en outre, elle est interrompue par un sillon au niveau
d'un pli de passage qui se jette sur la circonvolution 8, sillon et pli
de passage qui manquent chez ce dernier.
En résumé, par sa forme d'ensemble, le cerveau du chameau
se rapproche de celui du cheval : par les détails de sa surface, il tient
de celui du cheval et de celui du bœuf et présente en outre des
particularités qui lui sont propres, telles que la forme en coin de la circonvolution du corps
calleux et la complication extrême de la circonvolution sagittale en arrière du sillon crucial.
Conformation intérieure et structure. — Les seules particularités que nous ayons
Fig. yy. — Vue .supérieure
d'un hémisphère céré-
bral.
(Voir le te.xte).
CHAMEAU A DEUX 150SSES
129
remarquées sont : l'épaisseur relativement considérable du corps calleux, indice d'un certain
perfectionnement ; le volume des corps striés et des tubercules nates (ceux-ci sont énormes
relativement aux tubercules testes, mais ils sont moins proéminents latéralement) ; enfin la
forme de l'hypophyse, qui est presque globuleuse au lieu d'être discoïde.
Dans l'étude que nous venons de faire de la topographie du cerveau du chameau, nous
avons voulu seulement en signaler les particularités caractéristiques relativement au boeuf.
Nous nous sommes abstenu à dessein d'homologuer la plupart des circonvolutions à celles du
cerveau humain et de les grouper eu lobes, comme c'est l'usage en anthropotomie, car cette
homologation est une des questions les plus difliciles et les plus controversées de l'anatomie
comparée, qui demanderait de longs développements préalables. D'ailleurs les figures 87 à 89,
dessinées par nous-mème avec le plus grand soin, dispensent d'uni' longue description.
CERVELET ET ISTHME
Nous n'avons rien noté de particulier sur le cervelet non plus que sur la moelle allongée.
La protubérance est peu saillante, presque effacée postérieurement, oh elle est bordée d'un
large corps trapézoïde.
NERFS
Voici les particularités relevées. Nous passerons tout le reste sous silence comme res-
semblant à ce qui existe dans les ruminants
ordinaires.
Le pédoncule du noyau gris d'où émanent
les nerfs olfactifs est relativementlong et étroit.
Les nerfs oculo-moteurs, commun et
externe, sont particulièrement volumineux,
surtout l'externe; ils approchent du volume
du facial. Par contre le pathétique a sa ténuité
ordinaire. L'émergence de la VI° paire semble
avoir été reportée latéralement ; on la trouve
en dessous de la racine sensitive du trijumeau.
Le facial se joint à l'acoustique par
un nerf intermédiaire de Wrisberg volumi-
neux ; il se distribue à l'extérieur comme il
est indiqué dans la figure S2.
Le giosso-pliaryngien ne présente rien
de particulier.
Le tronc du pneumogastrique et ses
branches terminales se comportent comme
dans les autres ruminants, mais il existe une. différence fort reuiarquable en ce qui
concerne les branches collatérales, différence représentée (fig. 90) et signalée déjà par
Arcii. Mus, — t. VIII. 17
FiG. 90. — Vue latérale du pharynx et du larynx.
1, stylo-hyal; 2,cérato-hyal; 3, apo-hyal; 4, basi-hyal;5, uro-
hval; 0, cartilage Ihyioide; 1 et 8, cricoïde ; 9, 1^' cerceau
de la trachée; eu, cul-de-syc supérieur du pharynx; pe^ pe-
ristaphylia externe ; pz, peristaphylîa iulerne ; pt, ptérygo-
pharyngien ; sp, stylo-pharyngien ; hp, hyo-pharyngien ;
tp, thyro-pharyngien; cp, crico-phacyiigieu ; sh, stylo-
hyoïdien ; K/t, kérato-hyoidien,suppu&e vu par transparence ;
bg, basio-glosse; s;;, stylo-glosse; r, couche glanduleuse
du voile du palais; nt, hyo-thyroidien; oh, orao-hyoidien ;
th^ glande thyroïde, S, ganglion cervical supérieur du
sympathique et rilet cervical; X, nerf pneurao-gastrique ;
a, tronc commun au nert" laryngé supérieur b et au nert'
œsophagien cervical c ; tZ, nerf laryngé inférieur; Œ, œso-
phage.
130
RECHERCHES ANATOMIQUES SUR L1':S CAMELIDES
^^^
MM. Chauveau et Arloing chez le dromadaire : Dans la région gutturale, à 2 centimètres
environ au-dessous du ganglion cervical supérieur, le pneumogastrique émet une grosse
branche (a), qui résume le nerf œsophagien supérieur et les deux nerfs laryngés ; cette branche
se divise bientôt en un nerf laryngé supérieur (b), dont il n'y a rien autre à dire, et un nerf
oesophagien supérieur (cj, qui descend sur le côté de l'œsophage cervical en émettant de nom-
breux filets pour ce conduit ainsi que pour la trachée. A l'origine de l'œsophage, ce dernier nerf
fournit en outre le laryngé inférieur ft/^
qui après un court trajet récurrent pénè-
tre dans le larynx à l'endroit ordinaire.
Les filets à destination du pha-
rynx sont multiples et très délicats :
il en est qui naissent directement du
tronc laryngo-resophagien, ils ne sont
pas représentés dans la figure 90 ;
d'autres qui naissent du nerf te'sopha-
gien supérieur ou du récurrent.
Quant au nerf œsophagien supé-
rieur, il suit l'œsophage en lui adhé-
rant par un tissu conjonclif très lâche
et s'atténue progressivement par émis-
sion de nombreux filets ; nous n'avons
pu le suivre au delà de l'entrée de
la poitrine; mais ^IM. Chauveau et
Arloing disent que, dans le dromadaire,
ce nerf, arrivé au niveau de la deuxième
vertèbre dorsale, s'unit en dessous de
l'œsophage avec celui du côté opposé
et se poursuit entre la trachée et l'œso-
phage jusqu'au plexus bronchique.
Quoi qu'il en soit, la disposition si
particulière que nous venons de faire
connaître touchant le nerf laryngé
inférieur s'explique, jusqu'à un certain
point, par l'extrême longueur du cou qui eût augmenté outre mesure la durée des conductions
nerveuses, si ce nerf eût effectué son trajet récurrent ordinaire. Il faut dire toutefois que Joly
et Lavocat n'ont signalé rien de pareil chez la girafe dont le cou est encore plus long.
Une autre particularité qui nous a vivement frappé, c'est l'absence du nerf de la 11*'
paire ou spinal. Les muscles ordiiiairement innervés par lui : sterno-mastoïdien, mastoïdo-
huméral, omo-trachélien, trapèze, l'étaient par diverses branches des nerfs cervicaux. La
moelle extraite de ses méninges ne nous a point présenté trace de la longue racine qui se
constitue d'ordinaire sur son flanc, dans la région cervicale. Le nerf spinal était bien absent,
comme si lui aussi s'était rebuté à franchir un aussi long col. — Je n'ai constaté ce fait important
que sur deux sujets ; je ne puis donc affirmer qu'il soit normal ; mais j'ai grande tendance à le
FiG. 91.
Plexus brachial et ses branches.
1. artère axillaire ; 2. artère cervicale intérieure; 3. 3. muscle pectoral
scapulaire ; 4, muscle pectoral descendant : 5, pectoral Iransverse ;
(i, pectoral ascendant; 7. callosilè sternale:8, muscle scaléne:!', bran-
che d'orig'i ne du net-f iliaphraj,^matique : 10, plexus brachial; 11, nerf
du niastoido-humeral; 12, nert sns-scapulaire : 13. attache du pectoral
ascendant; 14, muscle mastoïdo-hiimeral ; 15, J)ice[js brachial ; 16, Tierf
axillaire; 17. nerf hrachial antérieur; 18. nerf radial : 19. nerf médian ;
20, nerf cubital; 21. nerf brachial cutané interne; 2'i, brandie mus-
culo-cutanee du médian ; 23. entrée du radial dans le quadriceps crural ;
24, nerf sous-cutané Ihoracique ; 25, artère thoracique externe; 26.
nerf des pectoraux ; 27. nerf de l'angulaire de l'épaule et du rhomboïde ;
2S^ artère cubitale; 29. artère radiale antérieure ; 30, muscle coraco-
brachial; 31, vaste interne du quadriceps brachial; 32, longue portion
du même; 33, grand dorsal; 34. arlere sus-scapulaire; 35, coupe du
pectoral descendant à sa terminaison ; 36, terminaison du pectoral
transverse.
CHAMEAU A DKUX I50SSKS
131
<>roire, malgré l'assertion de Huxley, que « le nerf
spinal ne fait défaut q ue chez les vertébrés ichtyo-
psides, tandis qu'on le trouve dans tous les sau-
ropsides, excepté les ophidiens, et dans les mam-
mifères ».
En examinant attentivement l'origine du
pneumogastrique sur le côté de la moelle al-
longée, on voit bien une racine descendante de
^^ à 4 centimètres qui collecte toutes les radicules
inférieures ; mais cette racine se perd à la nais-
sance de la moelle au lieu d'en côtoyer le flanc
tout le long du cou.
Le plexus brachial (fig. 01 et 9"^) est
énorme; il sort par une fissure du scalène et
donne les nerfs suivants :
a) une branche au mastoido-liuraéral ;
b) le nerf de l'angulaire et du rhomboïde ;
cj une racine du nerf diaphragmatique ;
dj le nerf du grand dentelé ;
e) les nerfs des pectoraux ;
/) le nerf sous- cutané thoiacique ;
ff) le nerf du grand dorsal ;
h) le nerf du grand rond ;
t'J le nerf sus-scapulaire ;
j) le nerf axillaire ;
k) le nerf du sous-scapulaire, prenant nais-
sance en commun avec le précédent;
IJ le nerf brachial antérieur, anastomosé
avec le médian sous l'artère humérale;
mj le nerf radial, énorme branche croisant
par-dessous l'artère humérale et les deux nerfs
médian et cubital pour plonger comme d'ordi-
naire dans la masse des muscles olécraniens ;
il) le nerf médian, procédant avec le cubital
par un tronc commun qui donne le nerf sous-
<'utané thoraciqne avant sa bifurcation et con-
tourne l'artère humérale comme il est indiqué
dans la figure 91 . Le médian contracte anastomose
avec le brachial antérieur ainsi qu'il a été déjà
dit, se place d'abord contre le bord antérieur de
l'artère humérale, puis croise l'artère radiale et
descend avec elle sous le muscle grand palmaire,
traverse la gaine carpienne, et suit l'artère
FiG. 92. — Muscles, artères et nerfs de la face
INTERNE DU MEMBRE THORACIQUE JUSQu'aU MÉTACARPE
Se sus-éi>inetix ; Ss, sous-épineux; Gr, grand rond; Grf,
grand dorsal, Pa, insertion du pectoral ascendant; Oft,
ooraco-braclual ; Bi, biceps; Br, bracliial antérieur,; Cl
longue portion du quadrice|)s; V i\ vaste interne du même ;
R2, extenseur radial du métacarpe ; P«/, grand palraaire;
Ci, cubital interne ; Ce, cubital externe;Pt?, perfore;!,
terminaison de Parlere axillaire; 2, artère sus-scapulaire ;
3, artère sous-scapulaire ; 4. artère ilu grand dorsal ;
5, artère circonflexe antérieure tle l'épaule; ti, artère
innominée se distribuant principalement au mastoidû-
humeral; 7, collatérale externe du coude; 8, artère princi-
pale du biceps; 9. collatérale inierne du coude; iO, rameau
de cette artère pour les muscles lléchisseurs des phalan-
ges; 11, 20, nerf médian; IZ, artère des muscles antibra-
cbiaux postérieurs; 13, artère radiale; 14. artère radio-
palmaire; 15, artère palmaire métacarpienne ou collatérale
du canon; 16, nerf radial; 1", anastomose du brachial
antérieur et du médian ; 18, nerf cubital ; W, origine du
nerf brachial cutané interne; 21, nerf axillaire; 2?._ nerf
du grand rond; 23, nerf du grand dorsal; 24, nerf sus-
scapulaire.
132 UKCllKKCHKS ANATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
palmaire métacarpienne jusqu'au tiers ou au quart supérieur du canon, oii il se termine
par une bifurcation qui donne naissance aux nerfs palmaires (voy. fig. <S0). Ceux-ci longent
de chaque côté l'artère susnommée, derrière le tendon perforé, se lancent une anastomose
oblique, et se terminent en bas du canon chacun par une bifurcation donnant les nerfs colla-
téraux du doigt correspondant. Le médian donne les mêmes rameaux collatéraux que dans
les autres ruminants: la figure 92 en représente deux : la branche musculocutanée (8) et la
branche des fléchisseurs du métacarpe et des phalanges (12).
o) le nerf cubital, effectuant le trajet ordinaire et se terminant au-dessus du pisiforme par
deux branches, l'une qui s'épuise dans la peau delà flice externe du genou, l'autfe qui tra-
verse la gaine carpienne en dehors, donne au suspenseur du boulet et se termine sous l'ori-
gine de cet organe par plusieurs divisions accompagnant les artères interosseuses. Le cubital
émetlenerf brachial cutané interne (flg. !)1, 21).
\ A plexus ^oJH^o-sao't; présente la même constitution et à peu près la même distribution
que dans le cheval. Toutefois le grand sciatique, au lieu de se bifurquer au-dessus du tarse,
se prolonge au delà en accompagnant l'artère plantaire, et ne donne les nerfs plantaires que
vers le milieu du le tiers supérieur du canon. Ceux-ci se terminent chacun par les deux nerfs
collatéraux du doigt correspondant, ainsi qu'au membre antérieur (voy. la fig. 86).
Quant au système du grand sympathique, nous n'avons relevé rien de particulier à son
sujet.
ORGANES DES SENS
TOUCHER
Les pieds et les lèvres servent spécialement à l'exercice du toucher. Les lèvres, et sur-
tout la supérieure, sont d'une exquise sensibilité. On peut en juger au volume des faisceaux
nerveux sous-orbitaires et mentonniers qu'elles reçoivent. Elles sont garnies de nombreux
poils tactiles.
GUSTATION
« Le sens du goût, dit Vallon, doit être peu développé chez le dromadaire, à en juger par
la nature et la quantité des plantes dont il se nourrit et des eaux qu'il boit. » — Cependant à s'en
tenir à l'examen anatomiquedc la langue, on formulerait plutôt une opinion opposée, car on
trouve à la base de cet organe deux séries de volumineuses papilles caliciformes. (Voir appa-
reil digestif.)
CHAMEAU A DEUX 150SSES 133
OLFACTION
Les opinions sur le degré de perfection de ce sens sont discordantes. Cari Vogt écrit
que les sens du chameau sont obtus, à l'exception du flair. Vallon dit, au contraire, que
l'odorat du dromadaire n'est pas très développé et que cet animal se sert moins de ce sens
que la plupart des autres animaux domestiques pour juger de la qualité et de la nature des
corps. Buff'on et divers auteurs affirment que les chameaux sentent l'eau à plus d'une
demi -lieue de distance; mais l'eau étant inodore, il s'agit là d'un acte tactile provoqué par
l'humidité de l'air et non pas d'un acte olfactif.
Quoi qu'il en soit, il faut remarquer que les lobules olfactifs et le labyrinthe ethmoïdal ne
sont pas moins développés dans les chameaux que dans les autres herbivores, au contraire.
AIDITIOA
Le port des oreilles, le faciès attentif de l'animal au moindre bruit, indiquent une ouïe
fine, toujours aux aguets. « Les dromadaires, dit Vallon, distinguent de très loin un bruit
imperceptible pour leurs conducteurs arabes qui cependant ont l'audition très exercée. Les
caravanes tirent un grand avantage de la perfection des sens de l'ouïe et de la vue chez
ces animaux. On a soin de les placer à la circonférence du campement, la tête en dehors du
cercle. Au moindre bruit, à l'aspect du moindre objet insolite, ils poussent des cris rauques
qui réveillent les sentinelles endormies. »
VISION
L'œil des chameaux n'est pas procident et démesurément convexe de cornée comme celui
du bœuf; aussi le regard ne manque-t-il pas d'un certain rayonnement d'intelligence et de
douceur qui rappelle celui de la gazelle. La vue est excellente, au dire des arabes; le jour, les
chameaux voient à des distances incroyables, la nuit ils aperçoivent et distinguent des objets
qui échappent à la vue de l'homuie et même à celle du cheval : qualités précieuses pour
voyager dans le désert,
A part la moindre convexité delà cornée, le globe de l'œil ressemble à celui du bœuf.
SuivantVallon. le nerf optique est plus volumineux que chez le bœuf et même que chez le
cheval. Les muscles, à l'exception du droit postérieur, nous ont paru plus aponévrotiques que
d'ordinaire, et la glande lacrymale plus développée. Le corps clignotant est très mince, mais ce
qui a surtout frappé notre attention, c'est l'existence de nombreux follicules pilo-sébacés à
l'angle interne de l'œil, sur le corps clignotant et la face interne de la paupière inférieure,
follicules saillant sur la conjonctive comme de petites pustules jaunâtres d'un millimètre en
moyenne de largeur. Vallon a cru qu'il s'agissait là de la glande deHarder; mais le micro-
scope nous a montré de la manière la plus évidente que ce sont de gros follicules sébacés.
134 HKCHEUCIIKS AX ATOMIQUES SLU LKS CAMÉLIDÉS
racémeux, aoréoés chacun autour d'un petit follicule pileux d'où sort un poil très ténu, de
■0-"0i5 à(V'»020 de diamètre. Comme il n'y a pas de caroncule lacrymale distmcte, il nous
parait certain que ces follicules pilo-sébacés dispersés figurent une caron.'ule lacrymale diffuse
et comme étalée. Au surplus, nous avons trouvé au microscope la glande de Harder véritable
à sa place ordinaire.
DEUXIÈME PARTIE
DIFFÉKENCES
ENTUE
LE CHAMEAU A DEUX BOSSES
(CAME LUS HACriilAM S)
ET
LE CHAMEAU A UNE BOSSE
(CAMKLUS AliABlCi'S seu DROMEDAIUI S)
Tous les auteurs que j'ai consultés ne donnent qu'une seule différence essentielle entre le
chameau et le dromadaire : c'est la présence de deux bosses dorsales chez le premier, d'une
seule chez le second. Plusieurs affirment catégoriquement que ce sont des animaux de même
espèce ; d'autres posent la question sans oser la résoudre.
« Les deux noms, chameau et dromadaire, dit BufFon, ne désignent pas deux espèces
distinctes, mais indiquent seulement deux races distinctes et subsistantes de temps immémo-
rial dans l'espèce du chameau : le principal et pour ainsi dire l'unique caractère sensible par
lequel ces deux races diffèrent consiste en ce que le chameau porte deux bosses et que le
dromadaire n'en a qu'une; il est aussi plus petit et moins fort que le chameau, mais tous deux
produisent ensemble et les individus qui proviennent de cette race croisée sont ceux qui ont
le plus de vigueur et qu'on préfère à tous les autres. Ces métis issus du dromadaire et du
chameau forment une race secondaire qui se multiplie parallèlement et qui se mêle aussi avec
les races premières, en sorte que, dans cette espèce comme dans celle des autres animaux
domestiques, il se trouve plusieurs variétés dont les plus générales sont relatives à la différence
des climats. »
« Entre le chameau à une bosse et celui à deux bosses, déclare de Blainville, il m'a été
impossijjle de reconnaître une différence évidente, soit dans le système dentaire, soit dans le
squelette, pas la moindre particularité différentielle autre que celles qui peuvent être consi-
dérées comme individuelles et que l'iconographie la plus rigoureuse pourrait à peine signaler.
Ces deux sortes de chameaux ne forment qu'une seule espèce. »
« Chameaux et dromadaires, lit-on dans les Mammifères de Cari Vogt, ne sont que de
prétendues espèces ne différant que par les bosses dorsales. Sauf cela, on ne peut signaler
aucune différence entre les deux espèces, et si l'on ajoute que les n(jm])reuses races cultivées
136 RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
et produites évidemment ])ar sélection do l'homme offrent bien plas de différences quant aux
proportions des membres, au développement de l'ossature, au pelage, etc., que les deux espèces
admises, on peut douter de la réalité de leur existence. Le chameau à deux bosses, originaire
d'Asie, est évidemment la race primitive. »
Je pourrais multiplier les citations, toutes aboutiraient à cette conclusion que, dans l'état
actuel de la science, on ne connaît entre le chameau de Bactriane et le chameau arabe pas
d'autre différence que celle des bosses. Cela ne suffirait guère évidemment à caractériser deux
espèces, d'autant moins que les bosses sont purement adipeuses et sujettes à disparaître en cas
d'extrême amaigrissement. Mais, sans compter les différences de faciès, d'habitude exté-
rieure, nous allons voir qu'il en existe bien d'autres, lesquelles ont échappé jusqu'à ce jour
aux observateurs. Les différences entre l'âne et le cheval ne sont pas plus grandes, et cepen-
dant personne ne conteste leur spécificité.
Quant à l'affirmation de Buffon, répétée par la plupart des zoologistes, que « chameaux
et dromadaires produisent ensemble et donnent des métis féconds, formant une race secon-
daire qui se multiplie pareillement et se mêle avec les races premières », nous avons lieu de
croire que cet illustre naturaliste a été induit en erreur par l'usage, conservé chez les peuples
de l'Afrique et de l'Orient, de réserver le nom de dromadaires aux dromadaires coursiers à
l'exclusion des autres qu'ils appellent chameaux. Le terme (h-omedariiis ne remonte d'ail-
leurs pas au delà des Romains de la décadence et il ne s'appliquait dans le principe qu'aux
animaux de course (camelits dromaj, tels que les méhara. Les auteurs anciens, Aristote,
Strabon, Diodore de Sicile, etc., ne se servaient que du mot chameau (Kap./)/.o;, Cameliis)
et distinguaient le chameau de Bactriane (à deux bosses), et le chameau d'Arabie (à une
bosse). C'est par un véritable abus de langage que les Occidentaux ont généralisé l'appella-
tion de dromadaire à tous les individus de l'espèce à une bosse.
^^oici ce que nous écrit à ce sujet notre distingué collègue et ami Piot-Bej, vétérinaire
en chef des domaines de l'Etat égyptien :
« Le chameau de Bactriane est totalement inconnu sur les bords du Nil, depuis sa source
jusqu'à son delta. D'autre part, j'ai visité et parcouru toutes les échelles du Levant, la Syrie,
Beyrouth, Alexandrette, Chypre, Smyrne, Gonstantinople, la Tunisie, l'Algérie, sans ren-
contrer un seul chameau à deux bosses ; je ne sais donc absolument rien sur le croisement des
deux espèces. Mais il faut vous dire que, dans l'espèce chameau à une bosse, les Ai*abes
distinguent des chameaux ou Jjétes de somme à allure lente (el (IjentelJ, et des dromadaires ou
bêtes de selle à allures vives (el aghin) ; les uns et les autres sont de même espèce, s'accouplent
et donnent des métis; mais leurs conformatîons sont presque aussi différentes que celles d'un
cheval boulonnais et d'un pur sang anglais. Aux premiers les transports de toutes sortes (jus-
qu'à 400 ou 500 kilogrammes) dans la vallée nilotique; aux seconds l'empire du désert. »
Il se pourrait donc que l'assertion de Buffon se rapportât, non pas aux deux espèces
Camelus haclrianus et Camehis arahiciis, mais tout simplement aux deux races lourde et
légère du chameau à une bosse.
M. le D"" Lortet, doyen de la Faculté de médecine de Lyon, et ^L Ernest Chantre, anthro-
pologiste bien connu, qui ont beaucoup voyagé en Asie Mineure, m'ont dit avoir vu les deux
espèces en divers endroits, mais n'avoir pas remarqué de race intermédiaire. L'affirmation
de Buffon leur paraît, comme à moi, des plus sujettes à caution. Pour en avoir lecœurnet,
DIFFÉRENCES ENTRE LES DEUX ESPÈCES DE CIIA^Fl- AUX 137
je me suis adressé, sur les conseils de M. Lortet, à M. H. Pognon, consul de France à Alep,
FiG. 93. — Dromadaire monté par un Arabe du Sinal
(D'après une photographie communiquée par M. E. Chantre).
pays où confinent les aires géographiques des deux espèces de chameau.K, et j'en ai reçu
très obligeamment la lettre suivante que je reproduis textuellement.
Arch. Mus. — t. VUI.
CONSULAT Alep, le 8. janvier 1890,
DE FRANGE
A ALEP
Monsieur,
Le chameau à une bosse et le chameau à deux bosses ne sont pas désignés par des mots
spéciaux dans l'arabe de Syrie ; on appelle le premier *»\lt^ ^^r (chameau à une bosse)
et le second i • «\» vw>*^ fJt' (chameau à deux bosses).
Le chameau a deux bosses existe dans la région de Césarée et en Asie Mineure ; parfois
les caravanes en amènent à Alep.
Les deux espèces peuvent se croiser. Le chameau à une bosse et la chamelle à deux
bosses donnent naissance à un hybride qui n'a aucune qualité particulière ; aussi ne cherche-
t-on pas à en obtenir; mais on m'assure que, lorsque les animaux ne sont pas surveillés, ce
croisement a lieu quelquefois.
Au contraire, le chameau à deux bosses et la chamelle à une I^osse donnent naissance à
un autre hybride nommé en Syrie oj \_^^ \^ (chameau de Mayeh) qui, en raison de ses
qualités, est très recherché et fait l'objet d'un très grand commerce. Mayeh est le nom d'un
canton dans la région de Césarée, où l'on produit une grande quantité de ces hybrides : de
là leur nom.
Le chameau de Mayeh n'a qu'une seule bosse, mais il est plus grand, plus fort que le
chameau à une bosse et a les poils longs ; il suffit d'en avoir vu une fois pour le reconnaître
facilement.
Il supporte très bien le froid, l'humidité, marche beaucoup mieux dans la boue que le
chameau à une bosse qui glisse facilement. On l'emploie beaucoup dans la région d'Alep
pendant l'hiver, mais on est obligé de l'envoyer dans le nord pendant l'été, car il ne supporte
pas la chaleur.
Le chameau de Mayeh est ahsolament infécond comme h mulet. Il ne donne de produit
ni avec le chameau à deux bosses, ni avec le chameau à une bosse et il ne se reproduit pas.
A^euillez agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération très distinguée.
H. POQNON.
DIFFERENCES EXTHE LES DEUX ESPECES DE CIIAMEAFX 139
Ainsi donc, les deux sortes de chameaux se croiseraient (ce qui n'a rien de surprenant
étant donné leur affinité); mais le produit de ce croisement serait un hybride au même titre
que le produit de l'àneet du cheval, et non pas un simple métis comme le déclare Buffon. Par
conséquent, à quelque point de vue que l'on se place, ces animaux appartiennent bien à deux
espèces différentes.
L'assertion de Buffon est également contredite par Oléarius, qui affirme de la manière
la plus positive que le chameau à deux bosses et le dromadaire produisent ensemble des indi-
vidus inféconds comme les mulets, lesquels sont plus estimés que les races originelles (voir
Mè7iagerie duMi<sàicm,'ÇiSiV Cr, Cuvier et Lacépède).
En 1752, on montrait à Paris un chameau à deux bosses mâle et un dromadaire femelle
qui, parfaitement habitués à vivre ensemble, s'accouplèrent fructueusement : malheureuse-
ment le petit était fort chétif et ne vécut que trois jours.
M. A. Sanson, dans son ouvrage intitulé V Hérédité norniaïe et pathologique , écrit que
les deux espèces du genre Camelns ont été souvent accouplées : le mâle de l'espèce à deux
bosses avec la femelle de l'espèce à une bosse ou inversement, et que, dans l'un comme
dans l'autre cas, on a vu le produit naître soit avec deux bosses, soit avec une seule. Il y
aurait autant d'exemples de double bosse chez les sujets issus d'un père à bosse unique
que chez ceux dont le père en avait deux. L'auteur ne dit rien de leur fécondité ou de leur
infécondité, et n'indique pas les sources où il a puisé ces renseignements, qui ne sont pas
concordants avec ceux qu'a bien voulu m'écrire M. le consul de France à Alep.
En résumé, la question demanderait de nouvelles observations pour être complètement
élucidée. En attendant, je vais maintenant faire connaître les différences squelettiques qu'il
m'a été donné de constater en comparant quatre ou cinq sujets adultes de chaque espèce,
plus un certain nombre de tètes isolées. Je dois remercier ici M. le D"" Anthony, médecin
militaire, d'avoir bien voulu en vérifier l'exactitude sur les squelettes que possède le
Muséum d'histoire naturelle de Paris.
A. TETE
1° La protubérance occipitale externe, les lignes courbes supérieures, la crête sagit-
tale sont, à égalité d'âge, plus saillantes dans le dromadaire que dans le chameau à deux
bosses. La crête sagittale, en particulier, peut atteindre et même dépasser 1 centimètre de
hauteur dans la première espèce.
2° L'apophyse sus-orbitaire du frontal n'a pas plus de 15 à 20 millimètres de largeur vers
son extrémité, dans le dromadaire, tandis qu'elle a de 25 à 30 millimètres dans le chameau.
3° L'apophyse zygoraa tique du squamosal est particulièrement mince, tranchante à son
bord supérieur dans le dromadaire; sa plus petite épaisseur est de 5 à 7 millimètres, alors
qu'elle atteint jusqu'à 12 millimètres dans l'autre espèce :
4° La cavité glénoïde de cette apophyse est plus étroite transversalement, plus profonde
dans la première espèce que dans la seconde ; en outre, elle est hordée en dehors par une
apophyse gui est à feine indiquée dans le chameau à deux bosses, tandis qu'elle proéraine
d'environ 2 centimètres sur son fond dans le dromadaire.
140
hp:chkuches anatomiques sur les camélidés
Dimension transversale moyenne de cette cavité : 42 millimètres chez le dromadaire ;
52 millimètres chez le chameau.
5° L'entrée de l'orbite a ses deux diamètres, vertical et antéro-postérieur, sensible-
ment égaux dans le chameau d'Arabie, tandis que le vertical l'emporte sur l'autre, dans le
chameau d'Asie, d'un demi-centimètre environ' . Le bord qui circonscrit cette entrée est
moins âpre et moins irrégulier chez celui-ci que chez celui-là. En outre, l'orbite est plus
distante de la ligne d'implantation des molaires dans le chameau bactrien que dans l'arabe;
nous avons trouvé, entre son bord inférieur et le bord alvéolaire. 4 à 5 centimètres dans le
premier, 3 centimètres seulement dans le second. Il faut dire toutefois que, dans l'une et
Fiii. 94.
1, 2
, 2, 3. 4, 5, prémolaires sériées et arrièi-e-molaires ; I, incisives inférieures; i. crocliet incisif de la mâchoire supérieure;
G, canines; pm, crociiets prémolaires: m, ti-ou mentonnier ; m', autre orifice du conduit dentaire inférieur; c. condyle
occipit. ; J, apopliyse jugulaire; f, bulle tyn^paiiique ; ap. apophyse sous-condyiienne du maxillaire inl'erieur.
l'autre espèce, cette distance varie avec l'âge, par le fait de la résorption progressive des pro-
cessus alvéolaires.
Chez ledromadaire, la partie antérieure du jugal est fortement aplatie de dessus en des-
sous, de manière à former à l'orbite un bord saillant qui se confond, à quelques millimètres
près, avec la crête massétérique. Chez l'autre espèce, elle présente quelque largeur et fait à
l'orbite une marge au lieu d'un simple bord. Ony voit distinctement la crête massétérique, qui
se tient à 7 ou 8 millimètres au moins du sourcil orbitaire.
6" Les os sus-nasaux sont plus larges à l'extrémité qu'a la base dans le dromadaire,,
tandis que c'est plutôt le contraire dans le chameau à deux bosses. On remarque chez le-
premier animal, de chaque côté de la base de ces os, une forte dépression comme si la racine
du nez avait été pincée, dépression nulle ou peu marquée chez le second.
7° La fontanelle fronto-maxillo-nasale, située au fond de la dépression précitée, est
' La tête est supposée horizontale.
DIFFÉUEXCKS KXTU1< LES DEUX ESPÈCES DE CHAMIvVUX 141
beaucoup plus étendue dans celui-ci que dans celui-là ; souvent même elle fait défaut chez
le dromadaire, tandis qu'elle atteint 2 1/2 à 3 centimètres chez le chameau d'Asie.
La suture fronto-maxillaire approche à 10 à 12 millimètres de l'échancrure sus-orhi-
taire chez le dromadaire; le même intervalle est à peu double chez le chameau à deux
bosses (25 millimètres environ).
8" L'entrée des fosses nasales mesure en largeur 4 à 5 centimètres dans le dromadaire ;
elle est en moyenne de 3 cm. 1/2 dans l'autre espèce. Ladite largeur est donnée par l'écarte-
ment maximum des apophyses montantes des intermaxillaires;
'> L'ouverture gutturale des fosses nasales participe de la différence offerte par l'ouver-
ture extérieure. L'écartement des ailes internes des apophyses ptérygoïdes est de 4 à 5 centi-
mètres dans les dromadaires, rarement supérieure à 4 centimètres dans les chameaux. En
outre, ces apophyses sont plus épaisses dans le premier animal que dans le second, et l'em-
preinte du muscle ptérygoidien est bien plus accentuée. Au niveau de leur jjifurcation, elles
avaient 1) millimètres d'épaisseur chez un chameau à deux bosses, 14 millimètres chez un
dromadaire.
Le palatin ne dépasse pas, en avant, dans le dromadaire, le niveau de l'intervalle de la
deuxième et de la première arrière-molaire, tandis qu'il s'étend jusqu'en regard du lobe
postérieur de la première arrière-molaire, dans le chameau à deux bosses.
10" L'éminence conique du fond de la cavité orbitaire ainsi que la crête y aboutissant,
qui limite cette cavité avec la fosse temporale, sont beaucoup plus accentuées dans le cha-
meau à deux bosses que dans l'autre. Le trou sphéno-palatin est aussi beaucoup plus grand;
nous lui avons trouvé en moyenne 23 millimètres de long sur 14 de large dans le chameau à
deux bosses, 17 millimètres sur S daus le dromadaire. Le trou grand rond est aussi plus
large (17 millimètres contre 12). La gouttière intra-orbitaire qui précède l'entrée du canal
dentaire présente la même différence, car elle n'a pas moins de 2 centimètres de largeur dans
l'un, tandis qu'elle atteinte peine 1 cm. 1/2 dans l'autre. Cette gouttière se termine dans
le chameau à deux bosses par un rebord saillant qui limite en arrière une dépression oh
s'ouvre le deuxième trou lacrymal ; rebord et dépression qui font défaut, ou à peu près, dans
les dromadaires.
11" L'orifice d'entrée du conduit palatin est contigu au trou sphéno-palatin dans les dro-
madaires ; il en est distant de 1 cm. 1/2 environ dans les chameaux. Ledit conduit s'ouvre
dans son trajet sur l'os palatin, par un trou relativement grand dans ceux-ci, plus ou moins
oblitéré dans ceux-là. Son orifice terminal est variable de situation, il se trouve, en général,
au niveau de l'intervalle de la dernière et de l'avant-dernière prémolaire.
12" La mandibule du chameau à deux bosses se fait remarquer par un cei'tain allonge-
ment de ses branches, de telle sorte que le rapport de la longueur de celles-ci avec la longueur
de la symphyse est notablement différent dans les deux espèces . 0, iO à 0,45 dans le dro-
madaire, 0,35 à 0,38 dans le chameau.
En moyenne, on trouve :
Chameau. DrumiJaire.
Longueur des branches, d'une apophyse sous-coiidjlienne à
l'angle de la symphyse 325 millimètres. 275 millimètres.
Longueur de la symphyse, dents non comprise! HT — 117 —
142 UECHKllCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMÉLIOÉS
L'apophyse coronoïde varie beaucoup dans les deux espèces au point de vue de sa direc-
tion et de sa forme ; mais elle est plus longue dans l'espèce à deux bosses : à partir du fond de
l'échancrure corono-condylienne, nous avons trouvé 7 à 8 centimètres dans l'une, 5 à 6 centi-
mètres seulement dans l'autre ;
13" Les proportions générales de la tète sont peu différentes dans les deux espèces.
Cependant la largeur maximum prise entre les arcades zygomatiques, ainsi que la largeur de
la boîte crânienne prise d'une fosse temporale à l'autre, rapportées à la longueur totale, sont
sensiblement plus grandes dans le chameau de Bactriane que dans le dromadaire, et les
arcades zygomatiques sont un peu plus écartées de la boîte crânienne.
Voici quelques dimensions moyennes :
Clianieau. Dromadaire.
Du sommet de la protubérance occipitale à l'extrémité de l'inter-
maxillaire 530 millimètres. -470 millimètres.
Largeur maximum au niveau des arcades zygomatiques . . . 255 — 215 —
Largeur de la boîte crânienne 118 — 100 —
Distance de la protubérance occipitale à une ligne qui réunirait
le fond des échancrures sus-orbitaires (longueur du crâne) . . 2o!( — 240 —
Distance horizontale de l'arcade zygomatique, face externe, au
bord antérieur de l'apophyse ptérygoïde du sphénoïde. . . 100 — 84 —
14" La direction du centrum basilo-sphénoïdal relativement à celle de la voûte palatine
est assez différente dans les deux espèces. Chez le chameau de Bactriane, les deux parties
sont sensiblement parallèles et le crâne e.st ainsi sur le prolongement de la face. Chez l'autre
chameau, le crâne semble s'être relevé de la partie postérieure, de telle sorte que la ligne
basilo-sphénoïdale n'est plus parallèle à l'axe de la voûte palatine. Cette différence se traduit
sur le profil antérieur de la tête, qui forme un angle beaucoup plus rentrant dans le droma-
madaire que dans le chameau à deux bosses.
15" La capacité crânienne est notablement plus forte dans celui-ci que dans celui-là.
Nous avons trouvé S20 centimètres cubes pour un mâle de l'espèce à deux bosses, 585 centi-
mètres cubes pour un mâle de l'espèce à une bosse, 560 centimètres cubes pour une femelle
de l'espèce à une bosse. N'ayant point noté le poids total du corps, il nous est impossible de
dire si la différence constatée lui était subordonnée.
16" Quant à l'hyoïde, celui du chameau de Bactriane différerait de celui du dromadaire, au
dire de Daubenton, « en ce que les os de la fourchette sont plus courts et moins larges à leur
partie antérieure, ce qui ne vient peut-être que d'une différence d'âge ». Contrairement à
cette assertion, nous avons trouvé, chez un dromadaire, des cornes thyroïdiennes de 70 mil-
limètres, de 65 millimètres seulement chez un chameau à deux bosses; en outre, ces mêmes
cornes étaient plus grêles que chez ce dernier (6 millimètres d'épaisseur dans l'un, 9 milli-
mètres dans l'autre). Il m'a semblé aussi que le basi-hyal s'ossifie et se soude plus rapi-
dement dans le dromadaire que dans l'autre espèce. Mais tout cela n'a pas grande valeur.
DIFl'KREXGKS K\TI{K Li:S DKUX ESPECES DI'] CHAMEAUX
143
B. DENTS
Les dents sont de même nombre, de mêmes formes, de même volume relatif, de même
disposition, et susceptibles des mêmes anomalies dans les deux espèces; je ne crois pas que
l'on puisse baser sur elles une diagnose différentielle. Je transcris, néanmoius, les quelques
mesures suivantes :
Chameau.
Dromadaire.
58 millimètres.
138 millimètres
37 —
30 —
44 —
37 —
45 —
38 —
Longueur de l'arcade molaire supérieure
Longueur de la table de la première A m supérieure . .
— — de la deuxième Am supérieure . . .
— — de la troisième Am supérieure . . .
De Blainville écrit, dans son Ostèogrcqohie, que « peut-être le lobe postérieur de la der-
nière molaire supérieure est moins rétréci dans le chameau que dans le dromadaire ». Nos
mensurations ne confirment pas cette différence.
Chameau.
Dromadaire.
Diamètre transversal du lobe antérieur de la dernière
molaire supérieure 22"'"' 5 24 millimètres.
Diamètre transversal du lobe postérieur de la dernière
molaire supérieure 18 millimètres. 18,5.
Il faut diix', d'ailleurs, que ces mesures n'ont de valeur qu'à la condition d'être pratiquées
sur des dents arrivées au même degré d'usure; les dimensions de la table d'une dent quel-
conque changent considérablement avec l'âge. 11 ne pourrait exister de différences vraiment
spécifiques que dans les délails de la forme, et nous déclarons n'en avoir pas trouvé.
C. COLONNE VERTÉBRALE
La formule vertébrale est la même dans les deux espèces : 7 c, 12^/, 7 /., 5 s., 17 Coc.
Vertèbres cervicales. — V atlas du chameau est plus large que haut, tandis que
celui du dromadaire est à peu de chose près inscriptible dans un carré. La fosse de la face
ventrale, oii débouchent le ti'DU de conjugaison, le trou transversaire et le trou des sinus
veineux, s'est, dans le dromadaire, rétrécie à son entrée et convertie en une sorte de puits
dont l'orifice mesure, en moyenne, 17 millimètres de haut sur 12 de large.
Le trou transversaire s'ouvi-e en arrière en un point moins rapproclié de la partie infé-
rieure de l'aile dans le dromadaire que dans le chameau (25 à 30 millimètres, dromadaire,
18 à 20, chameau).
Le trou de conjugaison s'ouvre, du coté dorsal, plus largement chez le chameau que chez le
dromadaire (18 à 1 1 milimètres de largeur dans l'un, G à 8 dans l'autre), et le sillon vascu-
laire qui le prolonge vers l'angle antérieur de la vertèbre est plus accusé. Dans l'une et l'autre
espèce, mais plus souvent chez le dromadaire, ledit orifice peut être divisé par une travée
144 RECHEUCIIES AXATOMIULES SUU LES CAMÉLIDÉS
osseuse verticale. En outre, la scissure qui lui lait suit" est susceptible de se convertir en
canal sur une plus ou moins grande longueur.
L'anneau de l'atlas, c'est-à-dire son trou vertébral, est plus grand dans le chameau que
dans le dromadaire, et son diamètre transverse est sensiblement égala son diamètre dorso-
ventral. tandis que chez celui-ci le premier diamètre est inférieur au second. Signalons enfin
FiG. 95. — Squelette de dromadaibe (échelle 1 : 15).
(Collections d'anatoraie de l'Ecole vélériiiaire de Lyon).
chez le dromadaire, une crête transverse, mince et tranchante à l'attache du ligament odon-
toïdien, laquelle est remplacée par de simples rugosités dans le chameau, et, en outre, deux
saillies en crochet occupant les jtoints extrêmes latéraux de la surface articulaire inférieure,
saillies à peine marquées dans l'autre espèce.
Dimensions de l'atlas dans deux chameaux et deux dromadaires :
Chameau 1. Chameau 2. Dromadaire 1.
Largeur en haut 104°"" 107°"" 97""°
Largeur en bas. . 144 131 116
Hauteur d'un angle à l'autre, de chaque côte. 12'3 107 117
Dromadaiie 2.
ggmm
111
109
DIFFÉRENCES ENTRE LES DEUX ESPÈCES DE CllAMEAlX 145
L'aj;^^ présente un trou de conjugaison supérieur qui est simple dans le chameau, divisa;
en deux orifices par une forte travée osseuse verticale, dans le dromadaire. La crête épi-
neuse est notablement plus élevée dans le premier animal que dans le second, elle atteint
2 1/2 à 3 centimètres dans l'un, tandis qu'elle ne dépasse guère 12 à 1") millimètres dans
l'autre. L'épaisseur maximum de la vertèbre, mesurée du tubercule du corps au tubercule
de la crête épineuse, l'emporte sur la largeur prise au niveau des apophyses transverses chez
le chameau; ces deux dimensions sont sensiblement égales dans le dromadaire.
Dimensions de l'axis dans deux cliameaux et deux dromadaires :
Cbameau 1. Chameau 2. Uromadaire 1. Dromadaire 2.
Longueur du corps, non compris l'odontoïde . 182"'" 180""" 167"'™ 166°'"'
Largeur maximum au niveau des apophyses
transverses 109 92 9i 87
Epaisseur maximum, du tubercule du corps au
tubercule épineux 129 118 91 90
Largeur de l'apophyse odontoïde .... 42 » 35 »
Longueur de la crête épineuse 125 li9 95 112
Les autres vertèbres cervicales ont, d'une manière générale, leurs diverses apophyses
plus développées dans le chameau que dans le dromadaire; elles sont, en outre, plus larges,
moins dégagées de forme, moins graciles.
La troisième a son apophyse épineuse réduite à l'état de rugosité chez celui-ci,
tandis que cette apophyse est haute de 15 à 20 millimètres chez celui-là. En outre, le tuber-
cule qui termine la crête inférieure du corps est plus nettement bilobé dans le chameau que
dans le dromadaire. Voici la longueur et la largeur de cette vertèbi'e.
Cliameau. Dromadaire.
Longueur mesurée au niveau du corps 105 millimètres. 150 millimètres.
Largeur mesurée au niveau du cuspide dorsal des apophyses
Iransverses 128 — 100 —
La quatrième participe des différences de la troisième ; son apophyse épineuse fait une
saillie de 2 centimètres environ dans le chameau, de moins de 1 centimètre dans le droma-
daire. Le tubercule du corps est ordinairement moins nettement bilobé dans celui-ci que dans
celui-là.
Chameau. Dromadaire.
Longueur du corps 154 millimètres. 156 millimètres.
Largeur au niveau des apophyses costellaires . . 129 — 113 —
La cinquième a une apophyse épineuse de 2 1,2 à 3 centimètres de hauteur dans le
chameau, de 2 centimètres à peine dans le dromadaire. Le prolongement ventral de l'apo-
physe ti^ansverse, dit prolongement costellaire, atteint environ 8 centimètres chez le premier
animal, 5 à 6 centimètres chez le second. L'apophyse articulaire antérieure est également
sensiblement plus longue (.5 centimètres chameau, 4 à 4 i/2 centimètres dromadaire).
Cliameau. Dromadaire.
Longueur du corps ....".. ..... 148 millimètres. 147 millimètres.
Largeur au niveau des apophyses costellaires . . . 135 — 121 —
Abcb. Mus. — ï. VUI. 19
14U ItKClll-liCllIvS ANATOMIQIKS Slli Li;S CAMKI.IDKS
La sixième a une apophyse épiiiouse d'au moins 4 centimètres dans le chameau, de
3 centimètres environ dans le dromadaire. La lame costellaire est plus mince et plus étendue
dans le premier animal que dans le secontl ; l'échancrure de son bord libre est un arc sur -
baissé au lieu d'un demi-cercle comme dans le dromadaire. En outre, le cuspide dorsal de
l'apophyse transverse est beaucoup plus saillant dans le chameau à deux bosses et à l'état
tuberculeux, tandis qu'il figure une simple crête dans le dromadaire.
Chameau. Dromadaire.
Longueur du corps 132 milliiiK'tres. 130 millimètres.
Largeur au niveau des lames eostellaires .... 130 — l55 —
Largeur des lames eostellaires, de la pointe craniale à
la pointe caudale 148 — 110 —
La sept\i'))ie présente une apophyse épineuse de (i à 8 centimètres, mais dont la hauteur
est assez variable dans les deux espèces. Ses apophyses articulaires postérieures sont plus
larges dans le dromadaire que dans le chameau (34 millimètres ; 20 millimètres). Les
apophyses transverses sont unies aux apophyses articulaires antérieures par une crête oblique
dont il existe à peine la trace chez ce dernier; en outre, elles sont ordinairement percées, à
la base, d'un trou qui manque au chameau, trou qui ne s'ouvre pas dans le canal vertébral
ainsi que le fait le trou similaire des vertèbres précédentes. Sur cinq dromadaires examinés à
ce point de vue. trois possédaient le trou transversaire des deux cotés de leur septième cer-vi-
cale. un ne l'avait que d'un côté, enfin un en était complètement dépourvu.
Chameau Dromadaire.
Lonjiueur du corps 103 millimètres. 112 millimètres.
Largeur au niveau des apophyses transverses . . . 145 — 124 —
Que si, maintenant, nous jetons un coup d'reil d'ensemble sur les cinq dernières vertèbres
cervicales dans les deux espèces en parallèle, on voit que la gouttière qui loge le muscle long-^
du cou est manifestement plus large et plus profonde dans celle à deux bosses que dans
l'autre. Grâce aux chiffres que nous avons donnés pour chaque vertèbre, on pourra
étabhi- un indice de largeur qui sera l'une des meilleures bases de la diagnose différentielle.
Nous signalerons enfin que la partie annulaire de ces mêmes vertèbres est notablement plus
allongée dans le dromadaire que dans le chameau, de telle sorte que les espaces interverté-
braux limités latéralement par les apophyses articulaires sont beaucoup moins étendus dans le
premier animal que dans le second; ces espaces s'agrandissent d'avant en airière. ils n'ont
guère moins de 4 centimètres de largeur dans le chameau et vont jusqu'à 4 cm. 1/2, tandis
que dans le dromadaire ils atteignent tout au plus 3 centimètres à 3 cm, 1 , i de lai-geui'.
Vertèbres dorsales. — Leurs échanci-ures postérieui-es sont beaucoup plus éti'oites
dans le dromadaire que dans le chameau ; certaines tendent à fermer leui- enti'ée et à se
convertir en trou ; elles n'ont pas plus de 3 à 4 millimètres dans les vertèbres de la première
moitié, de 7 à 8 raillimèti'es dans les dernières; tandis que dans le chameau ces échancrures
peuvent, pour la plupart, recevoii" le bout du doigt. Les apophyses épineuses, à l'exception
DIFFERENCES EXTHI': LES DEFX ESPÈCES DE CHAME.U'X 147
lies dernières, sont plus longues dans le chameau à deux bosses que dans l'autre espèce ; les
plus élevées (3'^ et 4'), mesurées au compas d'épaisseur, des apophyses articulaires postérieures
à leur sommet, avaient 21 à 22 centimètres chez des dromadaires, 25 à 2(3 centimètres chez
des chameaux. Par contre, les dernières apophyses épineus(;s dorsales étaient moins élevées
chez ceux-ci que chez ceux-là : la onzième et la douzième avaient respectivement 1 12 milli-
mètres et 100 millimètres dans un chameau. 14(1 millimètres et 134 millimètres dans un
dromadaire.
Les apophyses épineuses de la région du garrot sont, dans le chameau, plus larges à la
base qu'à l'extrémité; elles sont au contraire plus larges vers l'extrémité qu'à la base
dans le dromadaire. Par exemple, la sixième mesurait 6 centimètres en bas, 4 1/2 centi-
mètres à l'extrémité dans un chameau, 5 centimètres à la base, 6 centimètres à l'exti'é-
mité dans un dromadaire. Cette atténuation de la largeur desdites apophyses, de la base
au sommet, est un des traits les plus caractéristiques de l'espèce à deux bosses. Par
contre, elles sont plus épaisses que dans le dromadaire, surtout par leur bord postérieur qui
est creusé d'une rainure qui ne fait défaut que dans les trois ou quatre dernières, tandis que
dans le dromadaire, ce bord est plus ou moins mince et tranchant dans la plus grande partie
de son étendue. J'ai trouvé, comme épaisseur de la troisième apophyse épineuse dorsale prise
à la base, 28 millimètres chez un chameau, 18 millimètres chez un dromadaire.
Les apophyses transverses ainsi que la surface articulaire qu'elles portent pour l'articula-
tion des côtes sont en général plus développées dans l'espèce à deux bosses. La largeur des
vertèbres prise à ce niveau est notablement plus grande, ainsi qu'on peut s'en rendre compte
par les quelques mensurations suivantes. Ordinairement la dernière vertèbre dorsale n'a point
d'articulation transverso-costale, tandis qu'elle en présente une dans le dromadaire.
Chameau. Dromadaire.
Longueur du corps de la 3° dorsale 73 millimètres. 74 millimètres.
Largeur maximum de la 3" dorsale au niveau des
apophyses Iransverses 116 — 106 —
Longueur du corps de la 6* dorsale 67 — 69 —
Largeur maximum de la 6'' dorsale 111 — 97 —
Longueur du corps de la 9"= dorsale 73 — 70 —
Largeur maximum de la 9'' dorsale 1()5 — 92 —
Longueur du corps de la 12" dorsale 76 — 62 —
Largeur maximum de la 12= dorsale 83 — 90 —
Vertèbres lombaires. — Ces vertèbres sont notablement plus fortes dans le
chameau que dans le dromadaire, sans doute pour servir d'appui à la deuxième bosse.
Longueur et largeur des corps vertébraux lombaires ' :
!■•' 2= 3' 4- 5= l\- -■■
Millimètres. .MilliiinLi-es.
Chameau. . 75 — 60 77 — 56
Dromadaire . 63 — 50 65 — 40
Les apophyses épineuses sont généralement plus élevées et plus épaisses, terminées par
' La largeur a été mesurée à la partie antérieure du corps vertébral.
Millim.'tres.
Millii
iiétres.
Millimètres.
.Millimètres.
.Millimi.'ti-es
77 — 55
74-
- 55
68 — 55
69 — 61
56 — (!8
64 —47
67 -
-48
04 — 50
64 —54
54 — 61
148 UKCIIKltCIIKS AXATOMIOUES SUR LKS CAMÉLIDÉS
une lèvre rui;ueuse plus forte, qui atteint 2 1/2 à 3 centimètres d'épaisseur sur les deux
premières, tandis que chez lo dromadaire cette lèvre arrive à peine à 2 centimètres sur les
vertèbres oîi elle est le plus épaisse. Lesdites apophyses sont à peu près égales en hauteur
dans les cinq premières lombaires, et celte hauteur est approximativement de 10 centimètres
dans le chameau; elles décroissent à partir de la première dans l'autre espèce (!'' 12 centi-
mètres; 2» 10""5; ::5" 9'"'5 ; 4'' 7'"'5; 5" 6'"'5; 6'' 6'™5 , 7" (i""5). Si ces apophyses sont, en
général, plus longues dans le chameau, elles sont plus larges dans le dromadaire et les
espaces interépineux sont plus étroits.
Largeur des apophyses épineuses lombaires ju-ises vers leur sommet :
i" S' 3e 4= 5- 6<î ','
Dromadaire. . . ^O"»'" 50°"" TO""" 70"°"' 70"" 60""" 32"»"'
Chameau ... 48 CO 60 58 60 55 31
Les espaces interépineux sont, en moyenne, de 1 1/2 à 2 centimètres dans lo dromadaire,
de 3 centimètres dans le chameau.
Les apophyses transverses sont plus longues et plus larges dans l'espèce à deux bosses :
la deuxième et la troisième sont élargies et échancrées à l'extrémité, plus qu'on ne l'observe
dans le dromadaire. La direction est la même ou à peu près dans les deux espèces.
Longueur et largeur des apophyses transverses lombaires * :
Ire 2' 3» 4» 5« 6« ?•
MiUimèlres.
Millimi-lres.
Millimètres.
Millimètres.
Millimètres.
Millimètres.
Millimètres.
Dromadaire.
68 — 30
110 - 25
135 — 29
150 — 30
163 — 30
157 — 30
140 — 17
Chameau. .
80 — 30
123 — 27
157 — 34
180 — 34
177 — 40
168 — 30
144 — 19
Ajoutons enfin que les échancrures postérieures des lames vertébrales et partant les trous
de conjugaison sont plus grands dans le chameau de Bactrianeque dans l'antre ; lesdites échan-
crui'es peuvent recevoir le bout du doigt dans le premier, ce qui est impossible dans le second.
Sacrum. — La courbure antéro-postérieure du sacrum est plus grande dans le droma-
daire que dans le chameau. Si on le fait reposer sur une table par ses deux angles antérieurs
et ses deux angles postérieurs, on constate que sa lèvre latérale s'élève à 56 millimètres du
plan de support dans le premier, à 4S millimétrés seulement dans le second, ce qui représente
la flèche de l'ai-c de courbure. Les corps vertébraux, distincts sur la face inférieure de l'os,
sont presque plans dans le dromadaire, tandis qu'ils sont convexes d'un coté à l'autre et
même relevés d'une légère côte médiane chez le chameau ; de plus, ils sont en général plus
courts et plus larges dans celui-là que dans celui-ci.
, Longueur et largeur des corps vertébraux sacrés - ; •
IT 2' 3* ■!» 5"
Millimètres.
Chameau 48 — 50
Dromadaire 46 — 48
' La largeur de ces apophyses a été mesurée au milieu.
- La largeur des corps vertébraux sacrés est esurée par l'écartement des trous sous-sacrés.
Millimètres.
Millimètres.
Millimètres.
Millimélres.
50 — 39
46 — 40
44 — 35
30 — 34
40 — 41
35 — 33
34 -30
32 — 36
DI1'FI<:RRNCRS entre les deux espèces de chameaux 140
Le canal sacré est ouvert supérieurement dans les deux premiers intervalles vertébraux
chez le chameau; il est complètement fermé dans le dromadaire. Les trous sus-sacrés et les
sous-sacrés sont plus spacieux dans le premier animal; par exemple, le premier trou sous-
sacré mesurait 19 millimètres sur 24 chez un chameau, 19 millimètres sur 17 chez un droma-
daire. La lèvre latérale est plus épaisse; elle avait, en arrière de la base de l'os, 23 millimètres
dans un chameau, 15 millimètres dans un dromadaire.
La cinquième vertèbre sacrée, dans le chameau, n'est en général soudée que par le corps
avec la précédente, de telle sorte que ses apophyses transverses sont libres, et qu'elle a pu
être considérée comme la première coccygienne; tandis que, dans le dromadaire, elle se soude
même par les apophyses transverses et, par cela même, a un caractère sacré incontestable.
Les apophyses épineuses augmentent en hauteur de la première à la troisième et dimi-
nuent ensuite jusqu'à la cinquième, chez le chameau; elles décroissent à partir de la deuxième
dans le dromadaire.
La surface articulaire qui répond à l'ilium est, dans le dromadaire, surmontée d'un rebord
qui est beaucoup moins saillant dans le chameau. Voici maintenant quelques mesures :
Chameau. Dromadaire,
Longueur mesurée eu ligne droite sur la face inférieure . . 220 millimètres. 185 millimètres.
Largeur maximum d'un angle à l'autre 218 — 214 —
Dimension transverse de la tête de la première vertèbre
sacrée 69 — 69 —
Dimension verticale de la tête de la première vertèbre
sacrée 40 — 36 —
Diamètre transversal de l'entrée du canal sacré 47 — 43 —
. Diamètre vertical de l'entrée du canal sacré 27 — 18 —
Vertèbres caudales. — Ces vertèbres m'ont paru se dégrader moins rapidement
chez le chameau que chez le dromadaire; c'est ainsi que les premières ont des apophyses
transverses plus développées, que les lames vertébrales se rejoignent et ferment le trou
vertébral jusqu'à la sixième, tandis que dans celui-ci lesdiles lames ne se rejoignent déjà plus
sur la cinquième.
La sixième mesurait 33 millimètres de longueur sur 13, .5 de largeur minimum, chez un
chameau, 32 milHmètres sur 15 chez un dromadaire. Les mêmes dimensions, dans la huitième,
étaient de 32 millimètres sur 10 pour le chameau, 30 miUimètres sur 12 pour le dromadaire.
La décroissance du diamètre transversal se fait donc moins vite chez celui-ci que chez
celui-là.
D. OS DU THORAX
Sternum. — Le sternum du dromadaire est plus courbé dans sa longueur que celui
du chameau; si on le fait porter sur un plan horizontal, on constate que son profil inférieur
s'élève à près de 5 centimètres au-dessus de ce plan dans le premier animal, à 3 centimètres
ou 3 cm. 1/2 dans le second; en outre, l'os porte par la première et la quatrième sternèbre
dans le chameau, par la première et la cinquième dans le dromadaire; cette dernière diffé-
150 1{ECIIKI{CHKS ANATOMUJL'KS SIR LES CAMÉLIDÉS
ronce tient à ce que la quatrième sternèbre est beaucoup moins épaisse chez celui-ci que chez
celui-là: au maximum nous avons mesuré 68 millimètres chez un chameau, 57 chez un dro-
madaire ; tandis que c'est le contraire pour la cinquième sternèbre. dont l'épaisseur était de
61 millimètres dans un chameau, de 72 millimètres dans un dromadaire.
Le profil supérieur du sternum du dromadaire est convexe dans toute sa longueur, sauf
au niveau de la première sternèbre. C'e profil est, dans l'autre espèce, très légèrement concave
en arrière, convexe en avant.
La cinquième sternèbre est remarquablement courte dans le dromadaire, hémisphérique
par-dessous, tandis que dans le chameau elle est bilobée sur sa face inférieure par une
profonde gouttière médiane.
La sixième sternèbre nous a paru moins rétrécie en arrière dans l'espèce à une bosse que
dans l'autre.
Chameau. L)i'oniadaire.
Longueur totale du sternum en ligne droite, cartilage non
compris 45 centimètres. 39 centimètres.
Largeur maximum, au niveau de la cinquième sternèbre . 11 — 10,5.
Longueur des sleruebres mesurée sur la face liiierieure et largeur prise dans leur milieu :
1'^ 2» 3- 4- 5- 0-
Millimètres. Millinièlrfcs. Millimètres. Millimètres. Millimètres. Millimètres.
Chameau 70 — 33 78-47 82 — 50 82 — 59 88 - 103 :<3 — 69
Dromadaire .... 66 — 37 68 — 49 67 — 58 57 — 64 79 — 95 52 — 79
Côtes. — Les côtes du chameau sont plus longues et plus larges que celles du droma-
daire, mais c'est là toute leur différence. La plus longue (septième ou huitième) mesurait en
ligne droite, de la tête au point de jonction avec le cartilage de prolongement, 53 à 57 centi-
mètres chez des chameaux, 46 à 49 centimètres chez des dromadaires. La plus large (cin-
quième ou sixième) avait 6 1/2 à 7 centimètres chez des chameaux, 5 à 0 cm. chez des
dromadaires.
E. MEMBRE TH()UA(JOl K
Scapulum, — L'épine acromienne est notablement plus rapprochée du bord antérieur
dans le chameau que dans le dromadaire, de sorte que la fosse sus-épineuse est relativement
plus spacieuse dans celui-ci que dans celui-là; le rapport des deux fosses sus-épineuse et
sous-éi>ineuse est presque aussi différent que dans le cheval et le bœuf, ainsi qu'en témoignent
les mesures suivantes :
Chameau 1. (Chameau 2. l>rumadaire 1. Dromadaire 2.
Largeur de la fosse sus-épineuse, prise à la partie
supérieure 105""" 102"»' 108"""' 106"""
Largeur de la fosse sous-épineuse, prise à la
partie supérieure ......... 142 188 121 126
Le scapulum du chameau est relativement plus large que celui du dromadaire; on en
DIFFEHEXCI-S HXTliK l.KS DEUX ESPECES DE CIIAMI'.AI'X 151
jugera par le rapport delà largeur à la longueur, calculé d'après les dunensi(jns moyennes
suivantes :
Chameau. Dromadaire.
Longueur du scapulum, cartilage de prolongement non compris . 43 cent, 'j 41 centimètres.
Largeur maximum, de l'anfile cervical à l'angle dorsal .... 27 — 22 —
Le bord supérieur de l'os est presque droit dans le chameau; il décrit un ([uart de cercle
en avant dans le dromadaire.
Le bord postérieur est légèrement concave dans toute son étendue dans le premier aniinal.
tandis qu'il est convexe en haut et concave en bas dans le second.
L'épine acromienne est plus saillante dans le chameau, plus épaisse dans le dromadaire ;
elle est sensiblement moins inclinée sur la fosse sous-épineuse chez celui-ci que chez celui-là,
et son acromion ou pointe terminale est moins long et moins divergent. Voici quelques
mesures exprimant ces difféi^ences.
Saillie de l'épine acromienne ....
Epaisseur maximum de l'épine acromienne
Longueur de l'acromion
Ecartement de la pointe acromiale . .
Chameau.
Dromadairp.
40;
'i 45 millimètres.
30 à 35 millimètre;
10 —
15 —
50
32 —
45 —
30 —
Les lignes d'insertion des fosses externes et de la face interne sont plus accentuées dans
le dromadaire que dans le chameau.
Humérus. — L'humérus du chameau est plus massif que celui du dromadaire, ainsi
qu'on peut s'en rendre compte en faisant le rapport de ses dimensions. Le rapport de sa largeur
prise transversalement au milieu de la diaphyse. à sa longueur mesurée d'une surface articu-
laire à l'autre, est de 15/100 au moins dans le chameau, de 13/100 en^'iron dans le
dromadaire. Le rapport de la largeur maximum prise au niveau de l'apophyse deltoïdienne
à la longueur est d'environ 25/100 pour le chameau, 20/100 pour le dromadaire.
L'attache de l'extenseur antérieur du métacarpe sur la crête postérieure de la gouttière
de torsion est marquée chez le dromadaire par une rugosité qui est presque effacée tlans le
chameau.
Le contour de la fosse olécranienne est moins régulièrement ogival dans le dromadaire
que dans le chameau.
Chez celui-ci, la paiiio culminante de l'extrémité supérieure est le sommet du
trochin ou lèvi^e interne de la coulisse bicipitnle ; chez celui-là, c'est le tenon de cette coulisse.
Cliaineau. iJromadjiire.
Longueur, d'une surface articulaire à l'autre 3!)3 millimètres. 355 millimètres.
Largeur transverse au milieu de la diaphyse 62 — W —
Epaisseur antéro-postérieure au milieu de la diaphyse. .52 — 48 —
Largeur maximum au niveau de l'apophyse deltoïdienne. 103 — 73 —
Radius. — Le radius du dromadaire est particulièrement long et grêle, c'est en effet
152 HECHKUCHES AXATOMIQUES SUR LES CAMIXIDÉS
l'allongement de l'avanl-bras et du canon qui donne aux membres de cet animal comparés à
ceux du chameau leur aspect élancé et svelte. Le rapport de longueur de l'humérus et du
radius (indice huméro-radial) est de 70 à 75 '100 dans le dromadaire, de 80 100 environ
dans le chameau. Le rapport de la largeur prise au milieu de l'os à la longueur est
d'environ 10, 100 pour le dromadaire, 110 à 115/1000 pour le chameau.
Le condyle intérieur qui répond au scaphoïde est creusé d'une gorge qui tend à le
convertir en trochlée dans le chameau, gorge moins accentuée dans le dromadaire.
La surface articulaire supérieure présente dans le chameau une vaste fossette synoviale
quadrilatère qui interrompt son tenon médian, fossette beaucoup plus étroite dans le droma-
daire et située en dehors du relief médian.
Remarquons eiifin que, chez ce dernier, les coulisses des tendons extenseurs sont plus
accentuées, ainsi que les tubérosités de l'extrémité supérieure.
Chameau. Dromadaire.
Longueur prise d'une surface articulaire à l'antre . . . 495 millimètres. -IQO millimètres.
Largeur au milieu de la diaphyse 56 — 49 —
Epaisseur au milieu de la diaphyse 38 — ÎJ-'^ —
Diamètre transverse de la surface articulaire supérieure . So — 75 —
Nota. — Le chameau qui a été ici mesuré était d'une taille très supérieure à celle du dromadaire mis en parallèle,
et néanmoins le radius avait sensiblement la même longueur dans les deux animaux.
Cubitus. — Le cubitus est sensiblement plus développé dans le chameau que dans le
dromadaire, comme en témoignent les mensurations suivantes :
Cliameau. Dromadaire.
Longueur de la partie olécranienne. c'est-à-dire dépassant le
radius 95 millimètres. 87 millimètres.
Largeur prise en dessous de la tubérosité olécranienne . . 78 — 62 —
Epaisseur de la tubérosité olécranienne 44 — 38 —
Diamètre transverse du condyle inférieur ... . . 30,5 — 25.8 —
Diamètre antéro-postérieur de ce même condyle .... 23 — 28 —
Le corps du cubitus est plus atrophié encore dans l'espèce à une bosse que dans celle à
deux; l'arête qu'il forme sur le côté externe du radius m'a paru moins saillante. Enfin, les
orifices de l'arcade radio-cubitale supérieure sont à peu près ronds dans le chameau, tandis
qu'ils sont allongés dans le dromadaire.
Os du carpe. — De tous les os du carpe, c'est le /)î5//brme qui présente les caractères
différentiels les plus nets. Dans le dromadaire, sa dimension antéro- postérieure est à peu près
égale à sa dimension supéro-inférieure; dans le chameau, elle lui est notablement inférieure,
attendu que l'os forme en haut une pointe très accentuée.
Chameau 1.
Chameau 2.
Chameau 3.
Dromadaire I
Dromadaire L'.
Dr.
omadair
Largeur . .
. . . 46"""
^gmm
4501111
44111111
5U"'"
45"'°'
Hauteur . .
. . . r.4
56
55
43
51
42
DIFFERENCES ENTRE LES DEUX ESPECES DE CHAMEAUX 153
On observe, en outre, sur le pourtour de la surface articulaire, une pointe qui est plus
accusée dans le dromadaire que dans le chameau.
Les autres os n'offrent aucune différence saillante ; je me bornerai à transcrire ici leurs
principales dimensions prises sur un individu de chaque espèce.
Chameau. Dromadaire.
I Dimension anléro-postérieure maximum . •ill millimètres. 45 millimètres.
Pyramidal. . ( Dimension transversale maximum . . . 'il — 31 —
( Dimension verticale maximum .... 42 — 39 —
; Dimension verticale (hauteur! .... 40 — 38 —
Semi-lunaire. > , ,, „_ ,,,
( Dimension transversale (largeur) . . . Jo — ^4 —
1 Dimension verticale .39 — 3i —
ScAPHoÏDE . . j Dimension transverte 34 — 2!* —
f Dimension antéro-postérieure .... 48 — 44 —
[ Dimension verticale 28 — 24 —
OscROCiR'.. . ( Dimension transverse 45 — 43 —
( Dimension antéro postérieure .... 44 — 37 —
( Dimension verticale 25 — 22 —
Capitatl'm . . < Dimension transverse 40 — 37 —
( Dimension antéro-postérieure 41 — 37 —
1 Dimension verticale 27 — 24 —
Trapézoide. . Dimension transverse 23.5 — 22 —
( Dimension antéro-postérieure 24 — 21 —
Os du métacarpe. — L'os du canon de devant est plus long et [dus grêle dans le
dromadaire que dans le chameau. Sa longuem- comparée à celle de l'humérus est de 0,80 à
0,85 dans celui-ci, 0,90 à 0,05 dans celui-là. La largeur transverse, prise au milieu de la
diaphyse, est environ 1 1/100 de la longueur dans le dromadaire, 12/100 dans le chameau. La
largeur maximum, au niveau de l'exlrémité inférieure, approche du 1/3 de la longueur dans
ce dernier, tandis qu'elle n'en est que le 1/4 dans l'espèce à une bosse. Voici quelques
mesures :
Cbameau. Dromadaire.
Longueur mesurée du côté interne 325 millimètres. 341 millimètres.
Largeur mesurée transversalement au milieu 39,5 — 38 —
Epaisseur antéro-postérieure .tu milieu 34 — 30 —
Largeur maximum, au niveau de l'extrémité inférieure . 104 — 88 —
Diamètre transverse du condyle externe 49 — 41 —
(Le condyle interne est un peu plus petit.)
Nota. — Des deux animaux qui ont été ici mesurés, c'est le chameau a deux hosses qui était le plus grand;
néanmoins c'est le dromadaire qui avait le canon le plus long.
Ajoutons enfin que les bords qui limitent la face postérieure ont plus de relief dans le
dromadaire et qu'ils arrivent ordinairement au contact du plan horizontal sur lequel on fait
reposer l'os, tandis que dans l'espèce à deux bosses ces bords n'arrivent pas à Tappui.
Phalanges de la main. — La premicre phalange est notabl(.Mnent plus large et
plus épaisse dans l'espèce à deux bosses que dans l'autre. Sa largeur transverse prise au milieu
est 0,2(') a 0,28 de la longueiu" prise d'une surface articulaire à l'autre du côté concentriijue
chez le chameau, de 0,21 à 0,23 chez le dromadaire.
Aucii. Mus. — T. Vni. SO
154 l'.KCIlKUClII'.S ANAl'OMlUlKS Sl'lî LKS CAMKLIDHS
Ciiameau. Drumadaire.
Longueur du côté concentrique 93 millimètres. 91"""5
Largeur au milieu prise transversalement 25,7 20 millimètres.
Largeur de rextrémitû inférieure 38 — 34 —
Epaisseur antéro-postérieure maximum, prise à l'extrémité
supérieure 35,5 — 33 —
La deuxil' me phaiaiuje du chameau est manifestement plus longue que celle du droma-
daire et aussi plus large et plus épaisse. Sa longueur atteinte peu près les 7/10 de la longueur
de la première phalange correspondante, tandis que dans le dromadaire, elle en est à peim-
les 6/ 10.
Chameau. Dromadaire.
Longueur d'une suTface articulaire à l'autre 65 millimètres. 52""°5
Largeur transverse prise au milieu 36 — 27,7
Epaisseur antéro-postérieure de l'extrémité supérieure . . 28 — 24
l.a troisième phalaïKje ou phalange unguéale serait, d'après Meckel, plus longue que
large dans le dromadaire, aussi large que longue dans le chameau. Je n'ai pas constaté cette
différence mais plutôt une différence contraire, comme l'indiquent les chiffres suivants :
Chameau 1. Chameau 2. Dromadaire 1. Dromadaire 2.
Dimension antéro-postérieure 26' 25">"'5 22">'"5 24">'"
Dimension transverse 25.5 23 25 27
F. MKMBKE ABDOMINAL
Coxal. — La cavité colvluide est beaucoup plus vaste dans le chameau que dans le
dromadaire; son diamètre antéro-postérieur était de 65 millimètres chez un chameau, de
67 millimètres chez un autre, de 52 millimètres chez un dromadaire, 56 millimètres chez un
autre. Son arrière-fond participe de la même différence; il avait 30 millimètres de largeur
chez un chameau. 22 millimètres chez un dromadaire.
La crête sus-eotyloïdienne est, dans le premier animal, épaisse et mousse, terminée en
arrière par une véritable épine sciatique qui surmonte la poulie du muscle oI)turateur interne;
tandis que, dans le second, elle est plus élevée, plus tranchante, plus âpre sur son revers
externe, mais terminée par une épine sciatique à peine accusée.
Les trous ovalaires sont beaucoup plus spacieux chez le chameau que chez le dromadaire
(Si millimètres sur 73 chameau, 62 millimètres sur 58 dromadaire).
La tubérosité ischiale a une direction presque transversale dans le chameau, tandis que
chez le dromadaire, le cuspide externe est beaucoup plus antérieur (pie l'interne. Une règle
tangente aux deux tubérosités ischiales ne touche que les cuspides internes dans le droma-
daire; elle rase aussi les cuspides externes ou ne s'en tient ([u'à une toute petite distance
dans le chameau.
A remarquer, en outre, que le cuspide interne de ladite tubéi'osité est allongé transver-
salement, ellipsoïde dans le chameau, globuleux dans le dromadaire; la tubérosité tout entière
DIFl-'KHKXCKS KNTHK LKS DKIX KSPHCKS DK CllAMKAl X 155
est plus étendue dans le sens transverse chez celui-là ; nous avons mesuré 93 millimètres chez
un chameau, 78 millimètres seulement chez un dromadaire.
Les mensurations suivantes montrent que les proportions d'ensemble sont sensiljlement
les mêmes dans les deux espèces.
Chameau i.
Chameau 2.
Chameau 3.
Druuiadaire 1.
Dromadaire 2.
llromadaire '■<.
M.ile
Femelle
M aie
Kenielle
Longueur maximum
du coxal, de la
crête iliaque à la
tuli. ischiale. .
4|„,n„„
/j.jQmin
»
343°""
»
360°"°
Longueur maximum
de l'jlium, du centre
de l'acétabulum à
l'angle interne . .
288
309
287
240
265
200
Longueur de l'ischium
du centre de l'acé -
tabulum au cuspide
interne de la tnb.
ischiale ....
149
163
»
129
»
140
Largeur maximum de
l'ilium ....
277
305
290
251
200
243
Largeur du bassin, au
niveau des tubéro-
sités ischiales . .
292
335
»
282
»
286
Largeur du bassin, au
niveau deshanches.
460
460
»
305
»
4C0
Diam. sacro pubien .
207
205
»
181
»
183
Diam. bis-iliaque
166
195
»
142
»
188
Fémur. — Le fémur du dromadaire est proportionnellement moins large et moins
épais que celui du chameau ; sa dimension transverse minimum prise au milieu de la diaphyse
est chez celui-ci environ les 95 iOUO de sa longueur mesurée de la tète articulaire au
condyle interne, chez celui-là les 8.5 1000. La largeur mesurée à l'extrémité inférieure équi-
vaut à environ 20 lOO de la longueur dans le dromadaire, à 22 ou 23 100 dans le
chameau.
Le diamètre antéro-postérieur de la tête articulaire participe de la diflerence présentée
parle même diamètre de la cavité cotyloide (voy. ci-dessus).
Le trochantin forme, dans le dromadaire, une grosse tubérosité qui proémine en dedans
et surtout en arrière ; chez le chameau c'est une petite apophyse aplatie d'avant en arrière qui
fait saillie sur le bord interne mais non sur le profil postérieur. Le pilastre de la face posté-
rieure est plus rugueux, plus âpre, et ses branches de bifurcation supérieures et inférieures
sont plus accentuées dans le dromadaire que dans l'autre espèce; il en est de même pour la
tubérosité d'attache du perforé. Le trou nourricier est ordinairement situé contre cette tubé-
rosité, tandis que dans le chameau il en est distant de 1 1 2 à 2 centimètres.
Dimensions du fémur dans quelques sujets :
Chameau 1. Chameau ?. Chameau .'i. Drouiadaire 1. Llromadaire 2. L)rornadaire 3.
Longueur, de la tète
au condvle interne. 522""" 510""° 511"'"' 486°"" 465°'"' 524'""'
i:ii
.ainean 1.
Chameau 2.
Largeur transverse.
au milieu . . .
50
49,5
Epaisseurantéro-pos-
térieure, au milieu.
43
^^nim
Largeur de l'extré-
mité supérieure, de
tète à trochanter
inclusivement .
»
135
Largeur de l'extré-
mité inférieure. .
«
117
Diamètre antéro-pos-
térieur de la tête .
58™"'
59
150 15ECHEHGI1ES ANATOMIQUES SUR LES CAMELIDES
Chaiiieuu 3. Dromadaire 1. Dromadaire 2. Dromadaire 3.
49 42 40 40
» 37,5 37.5 x
» » HT"" »
» » 97 »
» 46""' 50 »
Rotule. — La rotule du chameau est plus large en haut qu'en bas; celle du droma-
dah'e est, au contrau*e, sensiblement plus large en bas qu'en haut et relativement plus
épaisse.
Chameau. Dromadaire,
Longueur maximum 91 millimètres. 81 millimètres.
Largeur maximum 52 — 40 —
Epaisseur maximum 43 — 43 —
Ces mesures montrent que, dans l'espèce à une bosse, la largeur égale sensiblement la
moitié de la longueur, tandis que dans l'autre espèce elle dépasse ce rapport.
Tibia. — Le tibia est proportionnellement plus long dans le dromadaire que dans le
chameau; il est aussi manifestement plus grêle. Sa longueur, mesurée du coté interne, d'une
surface articulaire à l'autre mais sans comprendre l'épine, dépasse les 9 10 de la longueur du
fémur; tandis que dans le chameau elle en est environ les 6 7. La largeur transverse prise
au milieu est inférieure à 1 10 de la longueur dans le premier animal; elle dépasse ce
rapport dans le second 1 12 100).
Dimensions moyennes du tibia dans les deux espèces :
Chameau. Dromadaire.
Longueur, du plateau articulaire supérieur à la malléole
interne inclusivement 440 millimètres. 434 millimètres.
Largeur, au milieu 53 — 42 —
Largeur de l'extrémité supérieure 121 — 105 —
Largeur de l'extrémité inférieure 83 — 70 —
Epaisseur antéro-postérieure au milieu 37 — 34 —
Nota. — Il faut remarquer, comme pour le radius, que, malgré la prédomirianca de taille du chameau, le tibia
du dromadaire est presque aussi long que l'autre. A égalité de taille, il l'emporte de beaucoup.
Péroné. — Dans les deu.\ espèces, le péroné est réduit à l'os malléolaire. Toutefois,
Meckel dit avoir rencontré en outre, chez un dromadaire, un st^'let osseux au côté externe
du tibia. J'ai ti^ouvé moi-même à l'extrémité supérieure du tibia d'un dromadaire, sur le
tianc de la tubérositê externe, une petite apophyse descendante pointui?, qui représentait
DU'lÉliEXCKS ENTRE LES DEUX ESPÈCES DE CHAMEAUX 157
évidemment un rudiment proximal de péroné. Cette anomalie peut d'ailleurs se présenter à
divers degrés chez d'autres Ruminants*.
Quant à l'os malléolaire, il est très semblable dans les deux espèces, mais il est plus
volumineux dans celle à deux bosses.
Chameau. Dromaiiaire.
Longueur antéro-postérieure 43 millimètres. Sô^^ô
Hauteur, pointe supérieure non comprise 21 — 18
Epaisseur maximum 22 — 17.50
La surface articulaire répondant au calcanéum, surface composée d'une cavité glénoïde
et d'un petit condyle qui lui fait revers antérieurement, se distingue chez le chameau par
l'égalité des deux diamètres, transverse et antéro-postérieur, de la cavité glénoide ; le pre-
mier de ces diamètres est notablement inférieur à l'autre dans le dromadaire.
Os du tarse. — Ils ne présentent que des différences bien faibles, à part leur volume
plus considérable dans le chameau que dans le dromadaire.
Le calranèwn peut cependant être distingué assez facilement grâce à son condyle mal-
léolaire, plus haut que lai-ge dans le dromadaire, aussi large ou mémo plus large que haut dans
le chameau.
Chameau t. Chameau ?. Dromadaire I. Dromadaire 2.
Longueur maximum 140°"" 146°"" 129"" ISô""
Largeur minimum prise sous la tubérosité du
sommet 42 41 37 38
Epaisseur minimum au même endroit. ... 25 26 20 21
Diamètre sup. inférieur du condyle maliéol. . » 22 20 »
Diamètre transverse du condyle maliéol ...» 22 17 »
Chameau, Dromadaire.
( Hauteur prise du fond d'une gorge à l'autre. 62 millimètres. 55 millimètres.
Astragale. , ■ , i ^ . • i- rn i-
j Largeur au niveau de la surface art. int. .50 — ko —
Le relief qui, sur la surface articulaire inférieure, sépare le condyle de la trochlée m'a
paru plus accentué dans le dromadaire que dans le chameau.
CUBOÏDE . . .
scaphoïde . .
Grand
Cunéiforme.
Petit
Cunéiforme.
Dimension supéro-inférieure maximum .
Dimension antéro-postérieure maximum.
Dimension supéro-inférieure minimum .
Dimension transverse 30
Dimension antéro-postérieure maximum.
Dimension supéro-inférieure minimum .
Dimension transverse maximum .
Dimension antéro -postérieure maximum.
l)imension supéro-inférieure prise en avant. 10,5
Dimension transverse maximum .
Dimension antéro-postérieure maximum.
Chameau.
Dromadaire.
37 millimètres.
29 mi
iUimètres,
02 —
55
—
18 —
13
—
30 —
28
—
45 —
41
—
15 —
12
—
36,5 —
33
—
34,5 —
27
—
10,5 -
15,5
—
14 —
11,5
—
20 —
10,5
—
' Voir dans le Bulletin 1 de l'association des anatomistes ma communication sur le cubitus et le i)éroné dans
les Solipèdes et les Ruminants.
158
lîHCIIKHCIIKS AXATOMIOUKS SUli LES CAMÉLIDÉS
Os du métatarse. — J/os du canon (leclerriùre participe des différences déjà signalées
pour son homologue du membre antérieur, c'est-à-dire qu'il est plus grêle et proportionnel-
lement plus long dans le dromadaire que dans le chameau. Dans le premier, sa longueur est à
peu de chose près les 3/4 de celle du fémur; dans le second, elle n'en est que les 2 3 environ.
En règle très générale, la largeur transverse, prise au milieu de l'os, est inférieure à 1 10
de la longueur chez le dromadaire, supérieure à ce rapport chez le chameau.
Les conditions d'équilibre de l'os posé sur un plan horizontal par sa face postérieure
sont nettement différentes dans les deux espèces : celui du dromadaire appuie par le condyle
interne de l'extrémité inférieure et par les lèvres latérales de la face postérieure ; l'extrémité
supérieure reste à quelques millimètres du plan de support. Celui du chameau appuie par les
deux extrémités exclusivement, il n'y a aucun contact par le corps de l'os.
Cl
lameau 1 .
Chameau 2.
Chameau 3.
Dromadaire 1.
Dromadaire 2.
Dromadai
Longueur mesurée du
côté interne. . .
3251.1m
337mm
342"'°'
347mm
347"""
354°>'
Largeur transverse
au milieu . .
36
36,5
40
31
32
35
Epaisseur antéro-pos -
térieure au milieu.
39
38
39
38
33
34
Largeur de l'extré-
mité inférieure.
»
88
»
»
74
»
Diamètre transverse
du condyle externe.
)i
42
V
»
33
»
Nota. — Les dromadaires ici mesurés étaient inférieurs par la taille aux chameaux; néanmoins, ils l'emportaient
par la longueur de leur canon postérieur.
Phalanges du pied. — Les mesures ci-dessous témoignent qu'elles participent des
différences offertes par les phalanges de la main.
chameau. Dromadaire.
[ Longueur du coté concentrique 87 millimètres. 80 millimètres.
„ \ Largeur transverse au milieu 24 — 19 —
Première. ' ?
i Lpaisseur antero-posterieure maximum prise
i à l'extrémité supérieure 31 — 27 —
„ • ( Longueur, d'une surface articulaire à l'autre . dO — .50 —
Deuxième. { "
( Largeur transverse au milieu 26 — 26 —
„, . ( Dimension antéro -postérieure 27 — 22 —
IROISIEME. I '^
Dimension transverse 25 — 23 —
Telles sont les différences ostéologiques que m'a révélées une étude minutieuse et
réitérée des deu.x espèces. La plupart échapperaient à un examen sommaire, et, en l'absence
de figures, ne p(iuv<aient être définies que par nue description minutieuse appuyée sur des
chiffres ; aussi avons-nous du accumuler jusqu'à l'aridité les détails, les mesures et les rap-
ports de dimensions. C'était, d'ailleurs, le seul moyen de rendre notre travail utile aux
paléontologistes, qui souvent n'ont à leur disposition qu'un seul os ou quelques fragments
plus ou moins bien conservés.
Bien que ces différences aient été déduites de l'examen d'un nombre de pièces déjà grand,
nous concédons que certaines d'entre elles puissent être noyées dans les variations indivi-
COMl'AKASKiX l)i;S ClIAMIvVlX l'OSSII.l-lS WV.C l,l-:S CIIAMI'IAIX ACTl'l'lLS 15!>
duelles, relativement considérables, de l'une et de l'autre espèce; mais, dans cette hypothèse
même, nous croyons qu'il en resterait suffisamment pour établir une diagnose certaine, et de
largement équivalentes à celles qui distinguent l'âne et le cheval, ou même le mouton et la
chèvre. Il est peu de pai'ties du squelette qui ne permettent d'arriver à ce résultat.
Quant aux différences des parties molles, nous les avons signalées déjà dans la partie de
ce travail consacrée à l'anatomie du chameau à deux bosses. A part celles des bosses dorsales,
et du voile du palais en temps de rut, il n'en est guère d'importantes; mais il convient de dire
que nous avons disséqué les dromadaires longtemps après les chameaux à deux bosses, tandis
qu'il eût fallu les disséquer simultanément et parallèlement, de manière à com})arer les organes
un à un et côte à côte. Cependant, je ne crois pas téméraire d'affirmer qu'une différence
importante ne m'aurait pas échappé.
COMPARAISON
DES CHAMEAUX FOSSILES AVEC LES CHAMEAUX ACTUELS
Il n'a été découvert jusqu'à ce jour, dans l'ancien continent, qu'un très petit nombre dt
gisements fossiles de Caméliens.
o
A. — Falconer et Cautley ont décrit, en 1830, Camelus siraloisls du pliocène de l'Inde,
monts Siwahk (Paleontological memoirs and notes). C'était un chameau de très grande
taille, que la plupart des auteurs considèrent comme la souche du chameau de Bactriane.
Cependant, autant que nous avons pu en juger par les planches de l'ouvrage Fanna sica-
lensîs, il nous a paru être plus rapproché du dromadaire que du chameau à deux bosses. 11
a du dromadaire le zygomatique, le rebord orbitaire, le grand développement de la crête
sagittale, le palatin avec sa suture antérieure ne dépassant pas le niveau de l'intervalle des
deux premières arrière-molaires, l'atlas avec sa fosse ventrale profonde et resserrée, l'axis
avec le trou de conjugaison supérieur double, l'étroitesse du scapulnni, qui est même poussée
à la dernière limite, et le rapport 1 à 2 des fosses sus-épineuse et sous-épineuse, le pisiforme
au moins aussi large que haut, la longueur et la gracilité des canons avec la forte convexité de
leur profil postérieur, l'étroitesse des phalanges, etc.
Mais il présente aussi des caractères qid confinent au chameau à deux bosses, et d'autres
caractères, enfin, qui n'appartiennent ni à l'une ni à l'autre des espèces actuelles et qui en
font une forme spéciale dont elles sont probablement issues toutes deux.
La dentition de ce chameau précurseur comprenait deux prémolaires en série à chaque
mâchoire, indépendamment de la prémolaire caniniforme, qui déjà était susceptible de man-
quer. J'ai romarqui'. en outre, sur le dessin d'un fragment do mandibule d'un jeune animal.
100 liHCllKRCIIKS AXATOMIOI 1-:S SL 1! l.KS CAMKl.IDÉS
la présence de trois molaires de lait au lieu des deux que l'on trouve chez les chameaux de
notre époque : la première était à l'état de rudiment.
B. — Je ne ferai que mentionner Camelus aiitkiuus^ que Lydekker a cru devoir dis-
tinguer de Camelus sivalensis, d'après quelques ossements trouvés mélangés à ceux de ce
dernier.
C. — Quant à Camelus sibiria/s, il n'est décrit que d'après trois molaires trouvées on
1836, parBojanus, dans le quaternaire de Sibérie. Encore G. Guvier émit-il des doutes sur
l'authenticité de ces dents en tant que dents fossiles. 11 les identifia avec celles du dromadaire
actuel. Plusieurs paléontologistes modernes et notamment M. Stefanescu, de Bucharest, ayant
étudié de nouveau ces dents au musée de Dannstadt oii elles sont déposées, relevèrent des
différences assez ti'anchées avec celles des chameaux actuels poui- qu'on admette leur prove-
nance fossile. L'espèce en question, primitivement appelée Merycotlieritan sibiricum par
Bojanus, est aujourd'hui consacrée sous le nom de Camelus sihiricns.
D. — Il y aussi Camelus KnoUoclii, Irouvé par Brandt dans le quaternaire de la Russie
méridionale; mais je manque de documents pour discerner ses affinités avec les chameaux
actuels.
E. — Restent les chameaux quaternaires de l'Algérie, signalés pour la première fois par
.MM. Flower et Lydekker (Mammals llruuj and exlincl.), et étudiés par P. Thomas
et 0. Porael. Deux formes doivent être distinguées : l'une, trouvée par Thomas, vétéri-
naire principal de l'armée, dans les aUuvions quaternaires de l'oued Seguen. se rattache à
l'espèce du dromadaire, c'est Camelus dromedarius fossilis ( Hiomas, Société gèolocjupic
de France, 1884, III, p. 38); l'autre, découverte par Pomel à Palikao, dans une station
de la pierre éclatée, et dont l'auteur a fait une espèce nouvelle sous le nom de Camelus
Thomasii, espèce qui serait plus voisine du chameau de Bactriane que du chameau arabe
(Pomel, Monographies paléontolorjiques de la carte fjéolor/ique de l'Algérie).
N'ayant pas eu les pièces en main, je m'abstiendrai d'émettre une opinion personnelle
sur ces diagnoses. Il s'agit, d'ailleurs, de questions fort difficiles, où l'on n'a souvent, pour
motiver son jugement, que quelques débris osseux plus ou moins bien conservés.
Quoi qu'il en soit, l'existence de chameaux en Algérie pendant l'ère quaternaire mérite
de retenir l'attention, car ils en disparurent ensuite d'une manière complète, tout comme les
chevaux en Amérique, et durent y être réimportés. Ni Hérodote, ni l*line, ni aucun des
historiens qui ont parlé de l'ancienne Berbérie n'ont mentionné le cliameau comme un de ses
habitants. 11 n'y en avait pas encore lors de la conquête du pays par les Romains, lesquels
durent se servir de boeufs pour leurs transports. Ce n'est guère que vers la fin du m" siècle ou
le commencement du iv*-' qu'ils furent introduits dans ce pays, ou [dutôt réintroduits, puisque
nous venons de dire qu'ils y avaient existé à l'époque préhistorique. « Les chameaux, dit
Garl Vogt, sont originaires de l'Asie. Les Sémites, dans la vie desquels ils tiennent aujourd'hui
une si grande place, ne l'ont pas connu dans l'antiquité la plus reculée. La Bible les mentionne
dès le commencement; mais ils ne furent introduits en Egypte qu'environ 1400 ans avant
COMl'AHAISON DES CHAMEAUX FOSSILES AVEC LES CUAMI-IAIX ACTLELS 161
notre ère, et leur nom égyptien est le même que le nom hébraïque dont dérive le mot
chameau. Les Sémites les ont ensuite amenés avec eux dans le nord de l'Afrique et dans
le Sahara. Mais, dans le Soudan, ils existaient déjà à l'époque reculée où l'on trouve en Egypte
leurs premières figurations. »
Le général Faidherbe avait déjà signalé ce fait, qu'il n'y a aucune correspondance entre
les nombreux termes par lesquels on désigne les chameaux chez les Arabes et chez les
Touaregs, et il avait conclu que ces animaux remontent à une antiquité plus reculée chez
ceux-ci que chez ceux-là. Peut-être ont-ils pénétré dans le Soudnn par la haute vallée du
Nil, tandis qu'ils sont arrivés en Algérie on suivant le littoral méditerranéen.
F. — Jusqu'à ces dernières années, aucun chameau fossile n'avait été trouvé en Europe,
exception faite pour CameUis Knohlochi. dont il a été parlé ci-dessus. M. Stefanescu, profes-
seur à Bucharest, vient de combler cette lacune. {Yoiy Annuau-c dit Musée de géologie et de
pcdèontologle, Bucharest, 1894.)
Il a eu, en effet, la bonne fortune de recueillir lui-même, dans une tranchée du chemin
de fer de Bucarest à Virciorova, sur la rive gauche de l'Oit (Aluta), deux mâchoires infé-
rieures situées à 6 mètres de profondeur dans une couche de gravier quaternaire, et mêlées à
d'autres ossements fossiles parmi lesquels il faut signaler des dents iVElep/ias primigenius et
un crâne d'Antilope. Grâce à l'extrême obligeance de M. le professeur Depéret, doyen de la
Faculté des sciences de Lyon, j'ai pu étudier à loisir des moulages de ces mâchoires et les
comparer à des mandibules de l'une et de l'autre des espèces actuelles de chameaux. La
première chose qui a frappé mon attention, c'est l'existence de deux j)rémolaires en série,
tandis que chez les chameaux actuels il n'en existe qu'une, ou, quand par exception on en
trouve deux, la première est très fruste, peu solide, et n'est le plus souvent que la première
molaire de lait qui, n'étant pas remplacée, a persisté anormalement. Les deux prémolaires
sériées du chameau fossile de Boumanie sont bien développées et manifestement, l'une
et l'autre, de deuxième dentition. Falconer avait déjà signalé la même particularité dans
Cameliis sivalensis, et il est juste de dire qu'elle n'a pas échappé à l'observation de M. Stefa-
nescu. ( lela nous fait assister, poiu' ainsi dire, à une des phases de l'évolution qui a progressi-
vement simplifié le système dentaire des Gaméliens en réduisant d'avant en arrièi'e le nombre
de leurs prémolaires en série.
Mais, à part cette particularité de la dentition, les mâchoires en question étaient très
semblables à celles des dromadaires actuels; par exemple, le rapport de la longueur de la sym-
physe à Li longueur de la branche libre était de 0,48, tandis que dans le chameau à deux
bosses ce rapport est inférieiu- à 0,40. Cependant, 'SI. Stefanescu a cru devoir créer une
espèce nouvelle sous le nom de Caniclirs alutensis. Il fait d'ailleurs remarquer que les deux
seules mandibules qu'il a étudiées témoignent par leurs dimensions qu'elles appartenaient à
deux individus de taille différente, dont un devait se rapprocher des chameaux actuels tandis
que l'autre était notablement plus petit; mais il tend à croire qu'ils appartenaient néanmoins
à la même espèce et que leur différence est imputable au sexe. M. Stefanescu conclut
ainsi :
« La présence du chameau fossile en Roumanie nous éclaire sur la distribution de ces
animaux aux différentes époques géologiques. Elle nous montre que le chameau, originaire
Arch. Mus. — t. VUI. 21
Ifi2 IlKCIIKKCllKS AXATOMKJI i;S Sllt LKS CA.MKLIDKS
de l'Inde et qui a vécu dans le 'centre de l'Asie à l'époque tertiaire, noniiuément dans le
pliocénique, a émigré ensuite vers l'Occident. Nous ne le trouvons en Roumanie, aux portes
de l'Orient, qu'à l'époque quaternaire. Son émigration a donc dû être fort lente jusqu'à ce qu'il
arrive cliez nous, qu'il devait quitter définitivement a la fin de cette même époque. De nou-
velles découvertes indiqueront, j'en suis sûr, dans l'avenir, jusqu'où s'est avancé le chameau
dans l'occident de l'Europe et quelles contrées y présentaient des conditions favorables à sa
vie et à son développement. »
TROISIEME PARTIE
DIFFÉRENCES
LES CHAMEAUX ET LES LAMAS
I^es animaux du genre lama ou auchenia. aujourd'hui cantonnés sur les hauts plateaux
de l'Amërique du Sud, dans les montagnes de la Cordillère, ont été qualifiés, à juste titre,
de chameaux du Nouveau-Monde; ils en sont, en effet, des formes vicariantes et ont eu vrai-
semblablement la même lignée d'ancêtres, lignée qui a eu l'Amérique pour berceau et que l'on
peut remonter jusqu'à l'époque éocène grâce aux découvertes de Marsh, Leidy. Cope, etc.
Ces deux rameaux d'une même souche se sont séparés vers l'époque miocène, et tandis
que l'un passait en Asie, en profitant de la continuité des deux continents que n'avait pas
encore rompue le détroit de Behring, l'autre restait sur sa terre d'origine.
Aux temps quaternaires, il existait des lamas dans toute l'Amérique, déjà différenciés
en plusieurs espèces ; leurs gisements fossiles sont particulièrement nombreux aux Etats-
Unis. Pourquoi ont-ils disparu de l'Amérique du Nord;' et quelles sont les conditions qui leur
ont valu de survivre dans l'Amérique du Sud? — On l'ignore absolument et je m'abstiendrai
de toute hypothèse à ce sujet.
Quoi qu'il en soit, il existe actuellement quatre formes différentes de lamas, dont deux
vivent à l'état sauvage : le guanaco et le paco ou vigogne, et deux à l'état domestique: le
lama proprement dit et l'alpaca. Depuis Buffon, \-a plupart des zoologistes répètent, en se
copiant, que le guanaco et le lama appartiennent à une seule et même espèce et qu'il en est de
même pour la vigogne et l'alpaca; plusieurs affirment catégoriquement, sans toutefois donner
de preuves, que les animaux de chacun de ces deux groupes se reproduisent et donnent des
métis. L'espèce du paco et de l'alpaca serait à l'autre espèce, au point de vue de la taille, ce
que l'àne est au cheval; l'une atteint la taille du cerf, l'autre ne dépasse guère celle du
mouton.
Depuis quelques années, on tend à réagir contre l'opinion de Butfon et à distinguer les
quatre formes connue autant d'espèces. D'ailleurs les indigènes ne les ont jamais confon-
dues. Tschudi, en particulier, s'est appliqué à faire valoir les différences qui les caractérisent
164 RECHERCHES AXATOMIQUES SUR LES CAMiaJDÉS
et à démontrer que la pi-étendue fécondité de leur croisement n'est qu'une légende. Sur vingt
et un accouplements de guanaco et de lama, il dit n'avoir pas obtenu une seule fécondation.
Comme il ne m'a été donné d'étudier jusqu'à ce jour, d'une manière complète, que le lama
domestique (aucheiria lama ou lama [/lama), je ne puis me pi'ononcer sur la question discutée
ni sur le degré d'affinité des animaux en cause; il faudrait au préalable en faire une étude
anatomique comparative minutieuse. Toutefois, je ne crois pas téméraire d'avancer, d'une
part, que les différences que cette étude pourra révéler ne dépasseront pas en importance celles
qui séparent les deux espèces de chameaux ; d'autre part, que la plupart des faits que j'ai
relevés en comparant les chameaux avec le lama domestique se retrouveront dans les autres
animaux du genre lama : conjectures que je me réserve de vérifier quand l'occasion s'en pré-
sentera. D'ailleurs, je dois dire que, en ce qui concerne la .tète osseuse, partie essentielle du
squelette, j'ai eu en main des spécimens de toutes les sortes de lamas.
]\Ies observations ont porté, en effet, sur trois squelettes de lamas, sur une douzaine de
têtes osseuses isolées de lamas, guanacos, vigognes, alpacas, et enfin sur le cadavre complet
d'un lama domestique mâle provenant du Parc de laTéte-d'Or. Voici quelques particularités
extérieures de celui-ci, sur lesquelles il me paraît utile d'attirer l'attention.
Taille au garrot 1"' 12
Longueur de la tête 35 centimètres.
Largeur maximum de la tête au niveau (les arcades zygomatiques lô™ 5
Longueur de roreille 15 centimètres.
Longueur du cou en suivant la courbure vertébrale 62 —
Longueur du corps depuis le bout do la tête jusqu'à la naissance de la queue . . 1"' 77
Longueur de la queue 29 centimètres.
Robe Isabelle, virant au roux en certains points, fortement lavée aux extrémités, ainsi
que sous le ventre et à la face interne des cuisses.
Toison rude, couvrant le cou, les parties supérieures et latérales du corps, et descendant
sur la face externe des membres jusqu'à l'avant-liras d'une part, jusqu'à la jambe d'autre part.
Cette toison était très courte sur le cou, sauf à son bord supérieur où elle ébauchait nne sorte
de crinière ; elle s'étendait sur le crâne. Les régions qui n'en étaient pas revêtues, telles que le
dessous du corps, la face interne et l'extrémité des membres, étaient couvertes de poils courts,
droits et régulièrement imbriqués. Au niveau du flanc ainsi qu'en arrière du coude, la toison
était profondément échancrée et comme pénétrée par la surface pileuse ordinaire.
Ot'eilles plus longues relativement que dans les chameaux et ressemblant beaucoup à
celles de la chèvre, à part qu'elles sont dressées. Avant-bras moins long au contraire que dans ^
les chameaux.
Callosité unique, siégeant au sternum, mesurant S centimètres de long et 2 à 3 centi-
mètres de large, purement cutanée et très probablement accidentelle; tandis que la callosité
sternale des chameaux est beaucoup plus épaisse et étendue, correspond à un renforcement du
sternum et est héréditaire. On lit généralement dans les auteurs que les lamas domestiques
ont des callosités à la poitrine et aux carpes, et qu'en cela ils se distinguent des guanacos. qui
n'en ont pas du tout. Celui que nous avons observé n'en portait pas trace sur les genoux, non
jdusqu'àla rotule, au coude et an jarret: différence qui tient peut-être à ce qu'il n'était pas
astreint, au Parc de la Téte-d'Or, aux mêmes servitudes que ses congénères du pays d'origine.
DIFFKHEXCKS KXYWK LlvS CHAMEAUX KT LKS LAMAS 165
Châtaignes aux membres postérieurs, de chaque côté du canon. Ces plaques de corne
étaient situées à la partie supérieure du canon et avaient la forme d'une ellipse à grand axe
vertical ; l'externe mesurait (3 à 7 centimètres de long, l'interne 4 à 5 centimètres seulement.
Ni l'une ni l'autre ne faisaient relief sur la peau, ressemblant en cela aux châtaignes de l'âne.
Mais, dans ce dernier animal, les châtaignes n'existent qu'aux membres de devant, tandis
qu'on les observe aux membres de derrière dans les lamas. Chez les chameaux, il n'y a de
châtaignes à aucun membre, et c'est là une différence importante que je n'ai trouvée mentionnée
nulle part. Les châtaignes des lamas représentent, sans doute, des vestiges ongulés des doigts
II et V et équivalent aux ergots des ruminants ordinaires : ce sont,iiour ainsi dire, des ergots
remontés, arrivés au dernier terme de l'atrophie qui a conduit à leur disparition complète chez
les chameaux.
Pied plus fendu et à plante calleuse moins développée que dans les chameaux. Cette
différence, signalée avec plus ou moins d'exactitude par les zoologistes, mérite d'être décrite
avec soin. Examiné par sa face d'appui, le pied des lamas se montre
profondément fendu en avant, de telle sorte qu'il y a deux semelles
plantaires au lieu d'une; toutefois ces semelles restent unies en arrière
et il n'est pas exact do dire, comme Buffon, que le pied est fourchu
comme celui du bœuf. En arrière, les deux doigts sont empêtrés dans la
peau et réunis parleurs coussinets plantaires; c'est seulement du côté anté-
rieur qu'ils sont séparés par un intervalle où s'enfonce la peau, intervalle
beaucoup moins marqué chez les chameaux. Les semelles plantaires ont I'"ig- 96.
,.,.,,. . . . Face plantaire
la souplesse et la consistance du cuu^ ; elles n étaient point crevassées dans pu ^ied i/un lama
l'animal que j'ai examiné, comme elles le sont d'ordinaire chezleschameaux.
Quant aux oiujies, ils étaient beaucoup plus comprimés et recourbés que dans les animaux
du genre Caraelus. Leur aplatissement latéral s'accusait notamment par une arête dorsale
saillante oîi se joignaient leurs deux faces presque planes. Par défaut d'usure, ces ongles
s'étaient démesurément allongés et contournés en tire-houchon.
Arrivons maintenant à l'exposé des résultats de notre élude anatomique et signalons
dans chaque appareil d'organes les différences constatées relativement aux chameaux.
APPAREIL LOCOMOTEUR
SQUELETTE
TÊTE
Uoccipital se fait remarquer par sa protubérance occipitale externe beaucoup moins
saillante que dans les chameaux et (irdinairement échanerée dans son milieu. Par contre, la
crête occipitale est très accentuée dans les lamas, plus ou moins effacée dans les chameaux.
1C6
RECHEHCHES AXATOMK »ri:S Slli I.KS CAMÉLIDÉS
Les fosses latérales où s'ouvrent les trous mastoïdiens sont moins profondes que dans les
chameaux et les crêtes que forment les lignes courbes supérieures ne sont pas renversées en
arrière comme dans ces derniers; elles sont, au contraire, concaves antérieurement. Les
condyles sont moins prolongés sur l'apophyse basilaire et sont nettement séparés l'un de
l'autre par une scissure qui peut atteindre 3 à i millimètres. Les apophyses paramastoïdes
sont plus pointues.
Le pariétal ne m'a montré qu'une seule différence relative aux crêtes de même nom,
lesquelles sont moins accentuées que dans les chameaux et se réunissent plus haut, à 5 ou
KiG. 97.
TÈTE I)"lJN LAMA.
I, incisives inférieures; t, i-i'ocliet incisif de la màclioire supérieure; GC, canines; 1,2, .'3, 4, 5, les deux prémolaires
et les trois arriére-molaires delà mâchoire suiierieure ; 1, 2, 3, 4, la prémolaire et les trois arriére-molaii-es delà mâchoire
inférieure. .
6 centimètres seulement de la protubérance occipitale, ou même ne se réunissent pas du tout.
L'angle qu'elles forment est donc lieaucoup plus profond que dans les chameaux et la crête
sagittale plus courte, parfois nulle.
Sur deux têtes de très jeunes guanacos déposées dans les collections de zootechnie de
l'Ecole vétérinaire, je remarque un interpariètal triangulaire qui s'avance comme un coin
jusqu'à mi-longueur des pariétaux. Cet os se sonde hâtivement et se confond avec ceux-ci,
mais sa base reste longtemps distincte de l'occipital.
Le frontal semble prendre une part plus grande à la constitution de la voûte du crâne
que dans le genre Catnelas. Le rapport de sa longueur, mesurée de la suture nasale à
la suture pariétale, à sa largeur maximum, prise au niveau des arcades orbitaires. est très
différent dans les deux groupes; il est de 0,60 à 0.70 dans le groupe lama, de 0.40 à 0,50
dans le groupe chameau, c'est-à-dire que le frontal est proportionnellement lieaucoup plus
long dans le premier que dans le second.
La suture mêdio-frontale se soude plus tardivement que dans le genre CameUis, et les
trous sus-orbitaires en sont moins rapprochés; l'intervalle de ceux-ci est de 4 à 5 centi-
mètres au maximum dans les chameaux, de 5 à 6 centimètres dans les lamas. Chez ces
DIFFKHKXCKS KXTHK LKS CIIAMEAIX HT Ll'S LAMAS 167
derniers ils sont à peu près à égale distance de la ligne médiane et du tond de l'échan-
crure sus-orbitaire. Signalons en outre que les sillons vasculaires qui font suite auxdits
trous sont en général très accentués dans les lamas, plus ou moins cffticés dans les
chameaux.
Les os ch' nez des lamas sont reuiarquables par la largeur de leur base, parleur brièveté
et par le contact qu'ils prennent avec l'apophyse montante des intermaxillaires. Leur largeur
commune, prise d'un maxillaire à l'autre, l'emporte toujours de beaucoup sur la longueur de
leur suture ; elle peut être plus du double chez les vigognes et les alpacas, qui se distinguent,
en effet, par une extrême brièveté de ces os. Chez les chameaux, les os du nez sont beaucoup
plus longs et à peine atténués de leur base à l'extrémité libre, parfois même ils sont élargis par
le bout ; en outre, ils sont séparés de l'apophyse montante interraaxillaire par un intervalle
de 1 cm. 1 2 environ, occupé par une enclave du maxillaire supérieur ; leur largeur maximum
prise d'un maxillaire à l'autre, est de beaucoup inférieure à la longueur de leur suture (1 : 2 en
moyenne).
Los fontanelles situées sur le c(")té de la base des os nasaux offrent de très grandes varia-
tions d'étendue; parfois elles sont fermées par un os wormien.
Les os intermaxillaires ne présentent pas d'autres différences dignes de mention que
leur jonction avec les os du nez chez les lamas, leur disjonction avec ces os chez les chameaux.
UécaiUe du temporal des lamas off"re pour la mandibule une cavité glénoïde qui est
considérablement rétrécie par un trou à jour qui perfore l'apophyse zygomatique, trou propor-
tionnellement moins grand chez les chameaux et ne montrant pas le jour à travers. En outre,
l'apophyse post-glénoïdale est beaucoup moins développée que dans ces derniers ; mais par
contre, le condyle qui borde en avant la surface articulaire est nettement distinct, tandis que
dans les chameaux il s'est déprimé en tous sens et confondu avec la cavité glénoïde. Il
semble que l'eniboitement articulaire soit moins profond dans les lamas que dans les
chameaux, ce qui peut donner plus de mobilité à la mandibule.
L'apophyse zygomatique est beaucoup moins écartée de la fosse temporale que dans les
chameaux, et celle-ci est moins enfoncée, moins profonde.
Ajoutons enfin, que ladite apophyse est traversée, dans la généralité des lamas, par un
petit trou situé au côté interne du bord antérieur de la surface articulaire, trou représenté par
une simple échancrure chez les chameaux.
La porlion auriculaire du temporal des lamas se distingue : 1" par la direction relevée
du tube auditif, direction qui est plutôt descendante chez les chameaux: 2' par l'épaisseur
plus grande et la proéminence moindre de la bulle tympanique. Celle-ci dépasse en saillie
l'apophyse paramastoïde dans les chameaux, tandis que c'est le contraire pour les lamas.
Le zygomjxtiipte n'off're rien de bien important : il ressemble à celui du chameau à deux
bosses. Il se soude à l'apophyse orbitaire du frontal beaucoup plus tardivement que chez
les animaux du genre Camelus, de sorte que la distinction de ses deux branches est facile.
Signalons aussi la plus grande étendue de la portion extra-orbitaire de l'os, en avant de
l'orbite .
Le lacrymal ^e fait aussi remarquer par le développement de sa portion extra-orbitaire
qui sépare le frontal du maxillaire supérieur, tandis que ces deux os prennent contact sur
une étendue de plusieurs centimètres chez les chameaux.
168 HECIIKRCIIKS AXATOMIOLKS SUR LKS CA.MKLIDKS
Le maxillaire supérieur est beaucoup moins excavé latéralement que dans ceux-ci, le
chanfrein s'atténuant progressivement à partir des orbites comme dans les moutons et les
chèvres. Les apophyses palatines ont moins d'extension entre les arcades molaires que chez
les chameaux; elles ne dépassent guère le niveau des prémolaires, sur la ligne médiane.
Il faut ajouter, d'ailleurs, que la voûte du palais est beaucoup moins longue que chez ces
derniers.
Le sphénoïde est percé d'un trou ovale qui souvent n'est séparé du trou déchiré anté-
rieur que par une mince et fragile travée osseuse de quelques millimètres, tandis que, dans les
chameaux, il en est à plus de 1 centimètre. Le trou optique ne s'ouvre pas en fente comme
dans le genre Camclus. La crête qui délimite l'orbite et la fosse temporale est moins accentuée.
Les ailes de l'apophyse ptérygoïde sont plus développées et plus recourbées en crochet, surtout
l'interne; elles sont aussi plus minces et moins tubéreuses.
L'ouverture gutturale échancre profondément le palais, de telle sorte que Vos palatin,
tout en s'avançant jusqu'au niveau de la partie antérieure de la première arrière-molaire, forme
au-devant de cet orifice une bordure inférieure en étendue à celle des chameaux. Le trou
sphéno-palatin est relativement petit (o à 4 millimètres) ; le trou palatin postérieur en est
bien séparé. Le trou palatin antérieur est relativement grand ; il s'ouvre en regard de la
première prémolaire sériée, quelquefois de la deuxième.
L'ouverture gutturale est proportionnellement plus allongée dans les lamas que dans les
chameaux ; on trouve, en moyenne, du fond de l'arcade palatine au bord de l'apophyse
ptérygoïde, 0 centimètres chez les premiers, 7 J 2 à S centimètres chez les seconds. La
argeur de cette ouverture est extrêmement variable, elle est plus grande dans les lamas
sauvages tels que le guanaco et la vigogne que dans les lamas domestiques.
Le maxillaire inférieur se fait remarquer par la brièveté de la symphj'se et au contraire
par la grande longueur des apophyses coronoïdes. La symphyse n'atteint pas le 1 3 de la
longueur de la partie libre des branches, tandis que dans les chameaux elle varie de 0,35
à 0,45. Les apophyses coronoïdes, mesurées à pai'tir du fond de l'échancrure sigmoide,
varient dans les animaux du genre Auc/œnia, de 4 à 6 centimètres.
Tête considérée en général. — Jetons maintenant un coup d'ieil d'ensemble
sur la tête dans les deux groupes comparés.
La tête des lamas présente une certaine flexion du crâne sur la face, qui n'existe pas
chez les chameaux ; on en juge en comparant la direction du centrum basilo-sphénoïdal à
celle de la voûte palatine ; ces deux directions sont parallèles ou presque parallèles chez
ceux-ci, tandis qu'elles sont convergentes chez ceux-là; on en juge aussi par le mode d'appui
sur un plan horizontal : cet appui se fait par les arcades molaires et les apophyses paramas-
toïdes chez les lamas, par les arcades molaires et les apophyses ptérygoïdes chez les chameaux.
La voûte du crâne chez les lamas est plus convexe, plus bombée que chez les chameaux.
La capacité crânienne est proportionnellement plus grande; elle est, en moyenne, de
250 à 300 centimètres cubes, c'est-à-dire approximativement équivalente à la moitié de celle
des chameaux.
L'orbite est moins proéminente, moins profonde, non déjetée en bas. La largeur de la
tête à ce niveau est moindre que chez les chameaux, et toujours inférieure à la moitié de la
DIFFKHKXCES KNTRK LHS ClIAMFArX I<:T LHS LAMAS
169
longueur. Tous ces caractères vont de pair avec le moindre écartement des arcades zygoma-
tiques et la moindre étendue des fosses temporales.
En somme, les différences sont tranchées entre la tète des lamas et celle des chameaux.
La première se rapproche plus que l'autre de celle des ruminants ordinaires.
FiG. 'J8. — Squelette de lama, a l'échelle de 1: 11,5.
(Collections d'auatomie de l'Ecole Vétérinaire de Lyon)
C ( ) L () N N E V E R T E B R A L E
L'atlas des lamas comparé à celui des chameaux se distingue par une apophyse épineuse
manifeste dont la saillie peut dépasser 1 2 centimètre; par ses angles inférieurs très saillants;
parla crête médiane de son arc ventral, très nette et terminée par un tubercule simple (tandis
que dans les chameaux cette crête est effacée et le tul.)ercule d'insertion du long du cou est
double) ; par In jictitesse du trou transversaire et son extrême rapprochement de la surface
articulaire inférieure.— J'ai mesuré chez un lama domestique 63 millimètres de hauteur maxi-
Arch. Mus. — t. Vlll ~~
170 HECllKRCIIES ANATOMKjlKS SUR LKS CAMÉLIDÉS
muin (diamètre céphalo-caudal) et 70"""5 de lai-geur; la lai-geui- maximum n'est pas en bas de
la vertèbre mais à peu près dans son milieu.
ïj'a.vis se fait remai-quer par sa crête épineuse, eu quelque sorte tronquée en arrière,
n'atteignant pas, comme dans les chameaux, le niveau de l'échancrure postérieure, et par son
apophyse odontoïde entourée à la base d'une sorte de rainure articulaire. Chez un lama
domestique, j'ai mesuré :
Longueur du corps, odontoïde compris 11'.* millimètres.
Largeur maximum au niveau des apophyses transverses ... 51 —
Longueur de la crête épineuse 68 —
En comparant ces chiffres avec ceux donnés plus haut pour les chameaux, on verra que l'axis des lamas est
relativement étroit.
Les aictres vertèbres cerricales, comparées à celles des chameaux, présentent comme
traits différentiels : 1" la crête médiane du corps généralement plus accentuée ; 2° le prolon-
gement ventral de l'apophyse transverse recom-bé en arrière en crochet, surtout dans la troi-
sième et la quatrième; 3" le cuspide dorsal delà même apophyse, plus développé. Dans la
sixième vertèbre notamment, ce cuspide atteint 2 à 3 centimètres de saillie, tandis que ce
n'est qu'un tubercule dans les chameaux. Cette même vertèbre se distingue, en outre, par la
profonde échancrure de son apophyse costellaire. La septième vertèbre a les apophyses trans-
verses perforées à la base à la manière ordinaire. Nous avons dit déjà que cette particularité
manque au chameau à deux bosses et est inconstante chez le dromadaire. La même vertèbre
présente une apophyse épineuse relativement basse (2 centimètres en moyenne).
Pour compléter ces renseignements, nous donnerons les quelques mesures suivantes, prises
sur un lama domestique.
Longueur totale de la tige cervicale, 64 centimètres.
Longueurdu corps de la 3'', 105 millimètres; de la 4", 104 millimètres; de la 5°, 95 millimètres ; de la
6'', 78 millimètres ; de la 7'', 57 millimètres.
Saillie de l'apophyse costellaire dans la 3''. 15 millimètres; dans la 6", 35 millimètres.
Les rertcbres dorsales sont au nombre de douze ainsi que dans les chameaux. Brehm
donne le chiffre dix, mais c'est certainement une erreur. Leur lon"'ueur totale est assez exac-
tement les 2 3 de celle des vertèbres cervicales. Sauf leur volume, elles ressemblent beaucoup
aux vertèbres homologues des chameaux et plus particulièrement à celles du chameau de
Bactriane.
Remarquons toutefois que les apophyses épineuses sont proportionnellement moins longues
et, vu l'absence de bosses, moins épaisses à l'extrémité : que les apophyses transverses à partir
delà sixième ou septième s'allongent obliquement, s'étranglent dans le milieu et deviennent
bicuspides. le cuspide supéro-antérieur se détachant progressivement pour former apophyse
articulaire aux deux dernières vertèbres. Ces apophyses transverses bicuspides atteignent
2 1 2 à 3 centimètres de longueur. Chez les chameaux la bicus[)idité ne s'observe guère que
sur la dernière vertèbre. Signalons enfin que, chez les lamas, les facettes articulaires pour les
tubérosités des côtes sont moins irrégulières, plus planiforrnes que dans le genre Camelus et
que la crête inférieure des corps vertébraux est plus mai\juée.
DIFFERENCES ENTRE LES CHAMEAUX ET I,ES EA^MAS 171
1er 2« 3e 4« 5" O- 10" lie )2e
mm. iniii. mm. mm. mm. mm. mm. miii. mm.
Longueur du corps
vertébral. ... 38 37 38 36 35 35 35 39 40
Larj^eur maxim. d'une
apophyse transverse
à l'autre .... 68 61 59 57 59 59 59 49 47
Les plus longues apophyses épineuses, ti'oisième et quatrième, atteignent 9 à 10 centi-
mètres; les dernières sont environ deux fois moins longues. La plus large de ces apophyses est
la cinquième, elle mesure environ 2 cm. 1 2 entre ses deux bords.
Les rerlèbres lombaires, au nombre de sept comme dans les chameaux, ont une lon-
gueur totale approximativement égaleaux2 '3de celle des vertèbres dorsales. Leurs apophyses
épineuses sont eu antéversion plus urononcée que dans ces derniers. Leurs apophyses trans-
verses sont proportionnellement moins longues et moins larges et sont surtout ].)eaueoup
plus inclinées, soit en avant, soit en bas. Quant on fait porter sur un plan horizontal les
vertèbres lombaires d'un lama, elles n'appuient que par l'extrémité de leurs apophyses
transverses, tandis que leur corps est à une distance plus ou moins grande du plan de support;
s'il s'agit d'un chameau, c'est le corps vertébral qui arrive en premier lieu au contact du plan,
du moins, ce n'est qu'à partir de la cinquième vertèbre que les apophyses transverses com-
mencent à porter.
Ajoutons que, dans les lamas, la crête inférieure des corps vertébraux est plus accentuée,
et manifeste môme sur les derniers.
Longueur et largeur des corps vertébraux lombaires chez un lama
1er 2e 3» 4e Je 6« ''
MiUimèlres.
Milliiiiètros.
MiUinielres.
MillimcHres.
iMilliraètres.
Milliiiiètros.
Millimètres.
49 — 29
40 — 30
42— 32
40 — 33
38 — 33
37 - 34,5
31 — 37
Les apophyses transverses les plus longues avaient S centimètres à S cm. 1, 2, les plus
courtes 5 à 6 centimètres. Les plus lai^ges mesuraient Lj à IS millimètres, la plus étroite
(la septième) environ 1 centimètre.
Le snrrHiii des lamas compreml cinq vertèbres dont la dernière tarde plus ou moins
longtemps à se souder ; il est remarquable par l'extrême abaissement de son épine, qui ne
dépasse guère le niveau des lèvres latérales. Les deux premières apophyses épineuses, notam-
ment, sont à peine marquées. Néanmoins, les gouttières sus-sacrées sont bien prononcées
par suite de la dépression des lames vertébrales. Les lèvres de l'os sont épaisses, et le
glacis qui jiorte la surface auriculaire est beaucoup moins oblique que chez les chameaux. La
lace inférieure montre des corps vertébraux très nettement distincts des masses latérales
et formant une sorte de colonne hémicylindrique : c'est l'exagération de ce que nous avons
déjà signalé dans le chameau à deux bosses. Les trous sous-sacrés, à l'exception du dernier,
sont très spacieux; ils mesurent S à 15 iniUimètres de largeur. Ajoutons enfin que la
courbure antéro-postérieure de l'os est faible et que la longueur l'emporte notablement sur
la largeur (124 millimètres : 11'3 millimètres).
Le coccyx des lamas comprend un moindre nombre de vertèbres que celui des cha-
meaux. Brehm ne leur attribue que douze coccygiennes. J'en ai trouvé quatorze chez un
172
UECHEUCHKS ANATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
lama domestique dont j'ai pris le soin de disséquer la queue pour cette numération. Les lames
vertébrales ne se rejoii^nent que sur les trois premières de ces vertèbres ; dès la quatrième
le canal vertébral se convertit en gouttière. La cinquième ne porte plus que des vestiges
infimes de lames vertébrales. Les suivantes sont réduites au centrum et s'atténuent rapide-
ment, de telle sorte que la dernière n'a pas plus de 2 millimètres de diamètre.
En somme, cette région difiere de celle des chameaux par un nombre moindre et une
dégradation plus rapide des vertèbres.
THORAX
Le sternuiii des lamas est fort ditierent de celui des chameaux tout en comprenant le
même nombre de sternèbres (0).
Et d'abord la cinquième sternèbre. correspondant à la callosité
pectorale (quand celle-ci existe), n'est pas plus développée que les pré-
cédentes ; il est manifeste que l'os n'a subi aucune adaptation pour
l'appui sur la poitrine. En outre, il est régulièrement convexe dans
toute sa longueur comme la quille d'un bateau, tandis que dans les
chameaux son profil inférieur décrit une S allongée. Enfin il est dé-
pourvu sur sa û\ce exothoracique de la crête médiane qu'on observe
chez ces derniers, ce qui lui donne une forme plus aplatie ; son
épaisseur maximum, au niveau de la quatrième sternèbre, ne dépasse
guère 2 centimètres. La figure 100, représentant la section du sternum
au niveau de la troisième ou quatrième sternèbre. traduit très bien
la différence.
A'oici maintenant quelques mesures prises sur un lama domestique r
FiG. O'.l
Sternum de lama
^ŒD
Longueur totale, uon compris les extrémités cartilagineuses. . 30 centimètres.
Largeur maximum (au niveau de la 5" sternèbre) 4 —
Epaisseur maximum (au niveau de la 4'' sternèbre) 2,2
FiG. lOil. — Coupe trans-
versale IlU STEl'.NU.M
Longueur de chaque sternèbre osseuse mesurée sur le plan inférieur :
PASSANT PAR LA QUA-
1- 2- 3- 4-
TRIÈME STERNÈBRE.
C, dans le chameau :
L, dans le lama.
55 millimètres. 51 millimètres. 46 millimètres. 45 millimètres
44 millimètres. 4!* millimètres.
Les cotes des lamas se font remarquer par la plus grande longueur relative des premières.
La première atteint la moitié de la longueur des plus grandes, sixième ou septième,
tandis que dans les chameaux, elle reste bien en deçà de la demi-longueur des côtes du mi-
lieu. Nous avons trouvé chez un lama domestique, en suivant la courbure de ces arcs osseux :
!'''■ côte 137 millimètres; VP' côte 270 millimètres; XIL côte 171 millimètres.
La largeur maximum s'observait sur les IIP, IV'' et V''; elle était de 3 centimètres.
La côte la plus étroite n'était pas la première, comme on l'observe dans le genre
Camelus, c'était au contraire la douzième. Aucune ne m'a présenté la grosse tubérosité que
l'on voit au milieu du bord postérieur d'un certain nombre de côtes chez les chameaux.
DIFFERENCES ENTRE LES CHAMEAUX HT Ll'S LAMAS
173
L'union avec le stei'num se fait par sjnchondrose, excepté pour la première, qui s'unit par
diarthrose.
MEMTUIE THORÀCIQUE
Le scapulum des lamas se distingue par la forte dépression de sa face interne, due au
relief de ses bords antérieur et postérieur ; le bord postérieur, en particulier, forme en dedans
une sorte de bourrelet dont il n'existe pas trace dans les chameaux.
La pointe acromiale arrive à moins de 1 centimètre du niveau de la cavité glénoïde. La
fosse sus-épineuse est encore plus étroite que dans le chameau à deux bosses, puisque la
partie supérieure de l'épine n'est distante de l'angle cervical que de 4 à 5 centimètres, tandis
qu'elle est à il à 12 centimètres de l'angle dorsal.
J'ajoute que la longueur de l'os, cartilage non compris, était, chez un lama domestique,
de 226 millimètres, et sa largeur maximum de 161 millimètres.
Vlmmèras de ce même lama mesurait 231 millimètres de la t(He articulaire à la surface
articulaire inférieure, 24 millimètres de largeur transverse au milieu de la diaphyse. et
27 millimètres d'épaisseur antéro-postérieure au même endroit.
Cet os est beaucoup moins massif que dans le genre Camelus et toujours inférieur en
poids au fémur, tandis que dans les chameaux, surtout ceux à deux bosses, il dépasse ce
dernier. J'ai trouvé :
Lama domestique. Chameau bacirien. Chameau arabe.
Humérus 260 grammes. 1360 grammes. 980 grammes
Fémur 205 — 1190 — !»40 —
L'humérus des lamas est presque aussi infléchi en S que celui des moutons et des chèvres.
La tète articulaire est nettement renversée en arrière au lieu d'être presque dans la direction
de l'os ainsi que chez les chameaux. La diaphj-se est comprimée d'un côté à l'autre, et non
pas cylindroïde ou même aplatie d'avant en arrière comme
dans ces derniers. Le trochiter est la partie culminante de
l'extrémité supérieure, ce qui n'est pas dans le genre Came-
lus. La tête articulaire est divisée en deux parties à peu près
égales par le plan médian de l'os, tandis qu'elle est comme
décentrée et reportée du côté interne chez les chameaux
(flg. 101"). La surface articulaire inférieure, au lieu d'être
taillée obliquement à Taxe de l'os comme dans les chameaux
et le plus grand nombre des ruminants, est sensiblement
perpendiculaire à cet axe; en outre, la lèvre externe de la trochlée est plus saillante que dans
les chameaux.
Le radius présente le même degi-é de soudure avec le cubitus que chez ces derniers. 11
mesurait chez le même animal dont il a été question pour les os précédents : 270 millimètres
de longueur maximum, 29 millimètres de largeur au milieu de la diaphyse, 17 millimètres
d'épaisseur au même endroit. L'indice huméro-radial est d'environ 0,85, tandis que dans le
Fi.;, nu
Extrémité supérieure
DE i.'hlmérus.
C. du chameau; L. du lama.
174 HECllEUClIKS AXATOMKJUKS SUR LES CAMÉLIDÉS
genre Cameliis il varie de 0,70 à 0,80. Le radius des lamas est très courbé en dehors et
comme coudé à son quart supérieur.
La tubérosité bicipitale ne s'étend pas S(jus la base de l'apophyse coronoide ainsi qu'on
l'observe dans les chameaux. La tubérosité latérale externe est peu saillante, incomparable-
ment moins forte que chez ces derniers, ce qui diminue lieaucoup la larg-eui' do l'extrémité
supérieure, laquelle était de 42 millimètres seulement. Le condvle interne de la surface articu-
laire inférieure affecte la forme d'un tronc de cône, tandis qu'il est à peu près cylindrique chez
les chameaux.
Le cuhitus n'a rien montré de particulier; il avait chez l'individu que nous avons mesuré :
32 centimètres de longueur totale, 56 millimètres de longueur d'olécràne, 35 millimètres de
largeur à cette même apophyse '.
hej)isi forme est nettement triangulaire, car sa pointe supérieure est encore plus sail-
lante que chez le chameau à deux bosses; néanmoins sa dimension supéro-inférieure ne
dépasse pas sa dimension transverse ; nous avons trouvé 20 millimètres de hauteur, 29 milli-
mètres de largeur et 11 millimètres d'épaisseur au bord libre. La crête de la surface articu-
laire, au lieu d'être directement transverse comme dans les chameaux, est fortement oblique
de dehors en dedans et de haut en bas.
Jjepi/i-amidal est relativement étroit, mais allongé; il mesurait 27 millimètres dans le
sens antéro-postérieur, 15 millimètres dans le sens transversal.
Le semi-lunaire est au contraire proportionnellement plus large que dans les chameaux,
connue en compensation du pyramidal. Largeur maximum 16 millimètres, dimension antéro-
postérieure 22 millimètres.
Je n'ai rien relevé de différentiel sur le scaphoïde, l'unciforme. le capitatum et le trapé-
zoïde. Voici quelles étaient leurs principales dimensions.
Scaphoïde. Uncit'orme. Capitatum. Trapézoïde.
Dimension antéro-postérieure. 26 millimètres. 29 millimètres. 22 millimètres. 13 millimètres.
Dimension transversale . . 15 — 24 — lU — 10 —
Dimension supéro-inférieure. 19 — » ^ 11.5 — 13.5 —
Le mèlacarpe est remarquable par sa grande longueur, qui dépasse les 8 10 de celle
du radius, et approche de celle de l'humérus (0.95 à 0,98). tandis que chez les chameaux
l'indice métacarpo-radial varie de 0,05 à 0,75 et l'indice inétacarpo-huméral de 0,80 à 0,95.
Nous avons mesuré chez notre lama domestique : longueur maximum 221 millimètres;
largeur transverse au milieu de la diapbyse, 23 millimètres; épaisseur au même endroit,
22 millimètres ; largeur maxinuim prise à l'extrémité inférieure, 45 millimètres, soit le 1/5
environ de la longueur.
\a première phahuuje de la main se distingue par son épaisseur dans le sens antéro-
postérieur, qui remporte généralement sur la largeur transverse ; l'extrémité supérieure elle-
même est presque aussi épaisse que large, tandis que dans les chameaux elle est beaucoup plus
large qu'épaisse. On remarque, en outre, que les condyles de l'extrémité inférieure tendent à
l'égalité, au lieu que l'excentrique soit beaucoup plus fort comme dans les chameaux.
' Sous le nom d'olécràne, nous comprenons toute la partie du cubitus qui dépasse la surface articulaire supé-
rieure duradius.
DIFFKUENCKS l-XTllH LKS CHAMEAUX ET LES LAMAS 175
Longueur 72 millimètres.
Largeur au milieu 11""5.
Epaisseur au milieu 13"""5.
Dimension transverse de rextrémité supérieure 21 millimètres.
Dimension antéro-postc'rieure 19""°5.
La (leuxlè lue phalan gc , comparée à la première, est courte dans les lamas ; elle n'en atteint
pas la demi-longueur, alors qu'elle dépasse les deux tiers dans les chameaux. D'autre part,
les bords latéraux ne forment pas crête d'expansion comme dans ces derniers, et les condyles
de l'extrémité inférieure sont moins déjetés latéralement.
Longueur 32 millimètres.
Largeur au milieu .... 13 — ■
Epaisseur au milieu 11 —
Largeur de l'extrémité supérieure 18 —
Epaisseur de cette même extrémité 15 —
La troisième phalange est comprimée latéralement et plus longue que large; son bord
supérieur est en arête vive et terminé par une a|jopl\yse pyramidale qui snrplomlie la surface
articulaire.
Chez les chameaux, la dimensi(jn transverse de cet os est approximativement égale à sa
longueur, car il est beaucoup moins a[dati dans le sens latéral; le bord supérieur est obtus, et
il n'y a qu'un simple tubercule pour l'attache du tendon extenseur.
ME.MBRE AIJDOMINAL
Le coxal des lamas se distingue de celui des chameaux : 1" par son ischium proportion-
nellement plus long, atteignant les trois quarts environ de la longueur iliale, tandis que dans
ces derniers il n'en dépasse guère la moitié ; 2° par l'angle externe de rilium, qui est fortement
étiré en bas et forme échancrure avec le bord externe; 3° par la surface auriculaire, qui est
légèrement incurvée en croissant et moins oblique relativement à l'horizontale que chez les
chameaux; 4" parles pubis, dont le bord antérieur est peu proéminent et dont la face supé-
rieure est i)eu inclinée, tandis que chez les chameaux ils forment en avant un angle très
saillant et une sorte de glacis assez rapide ; 5° par le cuspide externe de la tubérosité ischiale.
qui est ])eaucoup moins volumineux que l'interne, et dirigé en bas au lieu de l'eti^e directe-
ment en dehors; G" par l'arcade ischiale, qui est à la fois plus profonde et plus anguleuse à son
fond que chez l(;s chameaux ; 7" par les crêtes sus-cotylnïdiennes, qui sont renversées en
dedans et surplombent les parois latérales du bassin ; S" par la direction presque rectiligne de
la s_\ mphy.se ischio-pubienne, qui est au contraire concave dans les chameaux : dilférence
telle que dans ceux-ci la symphyse ne porte sur un plan horizontal que par ses deux extré-
mités, landis qu'elle repose sur presque toute sa longueur dans ceux-là.
Voici maintenant quelques mesures :
Longueur maximum du coxal 262 millimètres.
Longueur de l'ilium, de la crête iliaque au tond de l'acétabulum 102 —
Longueur de l'iscliium, du fond de l'acétabulura à la tubérosité ischiale 122 —
Distance de la surface auriculaire au fond de l'acétabulum 81 —
176 RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
Largeur masimum de l'ilium 153 millimètres.
Diamètre antéro-postérieur de la cavité eotyloïde 34 —
Diamètre vertical de la cavité eotyloïde 34 —
Longueur et largeur du trou ovalaire 58 et 44 —
Diamètre bis-iliaque du détroit antérieur 105 —
Diamètre oblique, d'une surface auriculaire à la crête iléo-pectinée opposée ... 111 • —
Ecartement minimum des crêtes sus-cotyloïdiennes 90 —
Ecai tement des angles externes de l'ilium 230 —
Largeur du bassin au niveau des tubérosités ischiales 1~9 —
Le fémur des lamas, comparé à celui des chameaux, présente des traits différentiels assez
nets. Il est sensiblement plus courbé dans sa longueur et moins large à ses extrémités. Son
trochanter est beaucoup plus saillant, de sorte qu'il proé-
mine sur la tète articulaire au lieu de rester en contre-
bas; de plus, l'extrémité supérievu'e de l'os étant moins
large, la mai^ge qui le sépare de la tète articulaire ne
dépasse pas i cm. l/'2, alors qu'elle atteint 3 1/2 à
4 centimètres chez les chameaux. Le trochantin forme
une tubérosité bien détachée, reliée au trochanter par
FlG. 102. — ExTRÉMnÉ SUPÉRIEURE
DU FÉMUR, FACE posTLBiELRE. uuc lèvrc obllquc qul manque aux chameaux. La ligne
G, du chameau; L., du lama. âpre cst en Crète vivc et ne présente pas de bifurcation
à sa partie supérieure comme on le voit chez ces derniers .
La tubérosité d'attache du perforé est située vers le quart inférieur de l'os, c'est-à-dire moins
haut que chez Camelus. La tubérosité du condyle interne est presque nulle.
Longueur, d'une surface articulaire à l'autre 30S millimètres.
Largeur au milieu de la diaphyse 27 —
Epaisseur antéro-postérieure au milieu de la diaphyse 28 —
Largeur de l'extrémité supérieure 72 —
Largeur de l'extrémité inférieure 60 — •
La rotule n'a rien montré de différentiel. Sa longueur était de 55'"'"6 ; sa largeur en haut
26'""'5 ; sa largeur en bas, 27 millimètres ; son épaisseur maximum, 2.5 millimètres.
Le tibia, mesuré en dedans, d'une surface articulaire à l'autre sans comprendre l'épine,
atteint à quelques millimètres près la longueur du fémur, tandis que dans les chameaux il n'en
dépasse guère les neuf dixièmes et souvent reste en dessous. Il avait, chez notre lama :
o03 millimètres de longueur, 2G millimètres de largeur au milieu de la diaphyse, '22 milli-
mètres d'épaisseur au même endroit, 63'"'".5 de largeur à l'épiphyse supérieure (dimension
transverse).
Son plateau articulaire supérieur est moins accidenté, plus plan et proportionnellement
moins large ; l'épine est moins saillante, la tubérosité antérieure plus comprimée. Enfin, quand
on tient l'os verticalement sur une table, on constate qu'il porte par l'extrémité antérieure
du ten(m qui sépare les deux gorges astragaliennes, tandis que chez les chameaux c'est la
malléole interne qui est la partie la plus saillante.
L'os mallèolaire ne p;ésente rien de particulier, et l'on peut trouver, ainsi que chez
Camelus, un rudiment de péroné styloïde.
Le calcanèiim est pi"oportionnellement plus long que dans les chameaux ; le rapport de
DIFFÉRENCES ENTRE LES CHAMEAUX ET LES LAMAS 177
sa largeur minimum prise sous la tubérosité de son sommet, à sa longueur maximum
est d'environ 0,2S chez ceux-ci, 0,25 chez ceux-là. Nous avons mesuré : longueur
maximum, 91 millimètres; largeur minimum, 23'""'5 ; saillie au-dessus de l'astragale,
60 millimètres.
Ij' astragale présente inférieurement, pour s'articuler avec le cuboïde et le scaphoïde, une
double trochlée qui est beaucoup moins nette chez les chameaux.
On remarque aussi l'effacement du tubercule de sa face interne :
Hauteur verticale du fond d'une gorge à l'autre 32'°'"5.
Largeur de l'extrémité inférieure 26"'°7.
Je n'ai rien noté pour les autres os du tarse, si ce n'est leurs dimensions :
Cuboide. Scaphoïde. Grand cunéiforme. Petit ciméiforme.
Dimension antéro-postérieure maximum . 31°"° ST""'" le"" non mesuré.
Dimension transverse maximum. ... 20 17,5 21 —
L'os du canon postérieur est plus grêle que son homologue du membre de devant, et,
contrairement à une règle très générale chez les mammifères, il est sensiblement moins long.
Les reliefs latéraux de sa face postérieure simt moins âpres, et la gouttière qu'ils bordent est
très étroite. Malgré l'existence de châtaignes, il n'y avait pas le moindre rudiment de méta-
tarsien isolé.
Dimensions comparatives du métacarpe et du métatarse chez un lama :
Largeur ti'ansverse Epaisseur antéro-postérieure
Longueur maximum. au milieu. au milieu.
Métacarpe 224 millimètres. 23 millimètres. 22°"" 5
Métatarse 221 — 20 — 18,5
Les phalanges du i^ied, comparées à celles des chameaux, participent des différences
offertes par celles de la main, c'est-à-dire que la première est proportionnellement longue, la
deuxième brève et la troisième allongée et comprimée.
La première mesurait 65 millimètres de longueur, 12 millimètres de largeur au milieu,
H"""6 d'épaisseur au même endroit ; le diamètre transverse de son extrémité supérieure était
de 20 millimètres, le diamètre antéro-postérieur de i8'"'"5.
La deuxième avait 30 millimètres de longueur. 13 de largeur et 11 d'épaisseur; son
extrémité supérieure mesurait 17 millimètres dans le sens transversal, 15 millimètres dans le
sens antéro-postérieur.
Quant à la troisième, elle avait environ 2 centimètres de long, 1 1/2 de haut, et 12 mil-
limètres de largeur transverse à la base.
Rien à dire des sésamoïdes.
hyoïde
L'hyoïde des lamas, comme celui des chameaux, présente une certaine gi^acilité et manque
complètement d'entoglosse ; mais il se distingue de ce dernier, abstraction faite de son volume,
Arch. Mus. — t. VUI. 23
178
RECHERCHES AXATOMIQUES SIU LES CAMELIDES
par la proportion de longueur de ses pièces. La branche intermédiaire (cèrato-Iiyal) est
moins allongée ; elle ne dépasse pas la demi-longueur de
la grande branche, Il en est à peu près de même pour la
corne thyroïdienne. Au contraire la branche inférieure
{apo-hyai) est plus longue que dans le genre Camelus ;
elle dépasse les 3 4 de la longueur de la branche inter-
médiaire. Ajoutons enfin que le basi-hyal se soude d'assez
bonne heure aux cornes thyroïdiennes, et présente une
excavation en gouttière sur sa face supérieure.
FiG. 103. — Hyoïde du lama.
1, stylo-byal; 2. cérato-hyal; 3, apo-hyal ;
^. basi-hyal ; 5. uro-hyal — B, fourche
de rhyoide vue par-dessous.
Longueur des diftërentes parties :
Stylo-hval, 59 millimètres; ciTato-hyal, 29 millimètres; apo-hyal,
22""" 5; basi-hyal, 11 millimètres; corne thyroïdienne (uro-hyal),
31 millimètres ; écartement des cornes thyroïdiennes à l'extrémité,
4 centimètres.
DENTS
La formule dentaire des lamas diffère de celle des chameaux par l'absence de la pré-
molaire caniniforme, toutes les prémolaires étant sériées avec les arrière-molaires (voy. fîg.
97).
, . 1 1 2
Incis. -7;- ; can.-T-; pm.
am.
3 1 ' ' 1 ô
Mais ce n'est pas là une ditierence radicale, car d'une part ladite dent peut manquer
chez les chameaux, d'autre part elle peut se montrer chez les lamas, principalement chez
les mâles et à la mâchoire supérieure, à l'état de stylet éburné. Et lors même qu'elle n'est
pas apparente, souvent on la découvre dans l'os, arrêtée dans son développement. Il n'y a
donc entre les deux groupes d'animaux comparés qu'une simple différence de degré dans
l'évolution régressive de ladite dent. Garl Vogt, Brehm et beaucoup d'autres zoologistes
commettent une erreur quand ils écrivent qu'elle existe chez tous les jeunes lamas à l'état
fruste et caduc, comme une dent de lait non renouvelable. En réalité, quand elle se développe
c'est au contraire tardivement et à peu près synchroniquement avec les canines rempla-
çantes. Elle appartient a la deuxième dentition et non pas à la première.
Voyons maintenant en détail les diverses sortes de dents des lamas.
hNCISIVES
Les deux crochets incisifs de la mâchoire supérieure sont considérablement influencés
dans leur développement par le sexe, ainsi que les canines : petits et grêles chez les femelles,
ils sont, au contraire, volumineux et forts chez les raàles et, de plus, très recourbés en arrière.
Ils l'emportent, en général, sur les canines, ousont au moins équivalents; tandis que dans les
chameaux ils sont toujours plus petits et de beaucoup. Remarquons, en outre, leur foimie
plus comprimée, plus pointue, et la crête tranchante de leur bord postérieur.
DIFFERENCES ENTRE LES CHAMEAUX ET LES LAMAS 179
Les incisives inférieures sont plus étroites, moins chevauchantes, moins relevées contre
la mâchoire opposée que dans les chameaux, et les coins sont plus petits, plus étroits notam-
ment, que les pinces et les mitoyennes. Cette inégalité du coin est plus accusée encore dans la
première dentition que dans la seconde; elle a pour corollaire l'atrophie des coins supérieurs
de lait et la disparition à peu près complète des incisives centrales de la même dentition.
CANINES
Les canines sont rudimentaires ou nulles dans la première dentition, tandis qu'elles y
offrent un certain développement chez les chameaux. Dans la deuxième dentition, elles
restent grêles ou même styloides chez les femelles ; elles se développent davantage chez les
mâles, sans atteindre toutefois l'énorme volume qu'elles présentent dans le genre Camehis.
Ces dents participent de la forme comprimée, recourbée et tranchante que nous avons
constatée sur les crochets incisifs de la mâchoire supérieure.
l'KEMOLAIUES
Nous n'avons rien à ajouter à ce qui a été dit plus haut touchant la prémolaire canini-
forme. Quant aux prémolaires sériées, il en existe, en général, comme dans les chameaux,
deux en haut, une en bas. de chaque côté. La première de la mâchoire supérieure est en état
d'atrophie manifeste; son cornet est effondré du côté interne et souvent il n'en reste pas trace;
il s'ensuit que la place tenue par les deux prémolaires dans l'arcade molaire est inférieure au
1/3 de celle occupée par les arrière-molaires, tandis que chez les chameaux elle dépasse ce
rapport. La dernière prémolaire supérieure ressemble exactement, sauf le volume, à celle des
chameaux, et il en est de même pour l'unique prémolaire de la mâchoire inférieure. Il n'est
pas extrêmement rare de trouver, dos deux entés ou d'un seul, deux prémolaires en série à la
mâchoire inférieure ; la première est alors une dent extrêmement fruste et caduque, quoique
de deuxième dentition ; je n'en ai jamais vu la pareille chez les chameaux; les auteurs la
signalent bien chez ceux-ci, mais je me suis assuré qu'il s'agit, au moins dans la majorité
des cas, d'une molaire de lait non tombée, comme il peut en exister aussi à la mâchoire
supérieure.
AHHIÈUE-MOLAIRES
Les arrière-molaires se font remarquer, d'une manière générale, par leurs tables acci-
dentées et hérissées de pointes, présentant une succession de collines et de vallées transver-
sales qui témoignent d'une grande mobilité de la mâchoire inférieure dans le sens latéral. Les
tables molaires sont beaucou[) muins accidentées chez les chameaux. Les arrière-molaires
supérieures, comparées à celles de ces derniers, se font remarquer par leurs c(")tes externes
plus saillantes : côtes marginales, côte interlobaire et côtes denticulaires (voirfîg. 104);
ces dernières, notamment, sont à peine indiquées chez les chameaux et complètement dissi-
mulées sous une couche exfoliante de cément.
Ani*. Am"'^. Xm^.
Longueur mesurée sur la table . . 20 millimètres. 22 millimètres. 22,5
Largeur maximum sur la table . . 17,5 16 — 13 millimètres.
180
UECHEUCllKS AXATOMIQLES SUll LES CAMÉLIDÉS
Les arrière- molaires inférieures sont les plus caractéristiques : indépendaininent de la
saillie plus forte des côtes de leur face interne, différence correspondant à celle que nous
venons d'indiquer pour les arrière-molaires supérieures, elles présentent un pli qui manque
aux chameaux et que nous appellerons pour cela lej^li aiichênien. Ce pli est situé à l'angle
antéro-externe delà dent et forme un rebord très prononcé à la boucle antérieure de sa table.
Nous l'avons trouvé dans toutes les espèces de lamas et sur toutes les arrière-molaires infé-
rieures; mais il peut disparaître par suite des progrès de l'usure, d'abord sur la première,
ensuite sur la deuxième et enfin sur la troisième.
Nous considérons ce signe comme d'une grande
valeur pour la caractérisation anatomique des
deux groupes de Camélidés. Ajoutons que l'on
peut rencontrer exceptionnellement, sur la table,
un petit îlot d'émail, correspondante une colon-
nette interlobai re comme il en existe chez les
bovidés ; nous avons constaté une fois cette ano-
malie sur la deuxième arrière-molaire inférieure
d'un lama domestique.
Les molaires de lait, au nombre de trois en
haut, deux en bas, comme chez les chameaux,
ne présentent rien de bien particulier, si ce n'est que la première supérieure est très petite,
atrophiée et souvent même absente. Les deux autres de la même mâchoire sont à double paire
de croissants et ressemblent à des arrière-molaires. La première inférieure est tranchante
comme une prémolaire, la seconde est trilobée et à triple paire de croissants comme l'est
toujours la dernière molaire inférieure de lait chez les Ruminants.
En résumé, si l'on considère que, chez les lamas, la prémolaire caniniforme est d'ordinaire
absente, que les canines de lait et les coins supérieurs de même dentition sont rudimen-
taires, que ces même dents, dans la deuxième dentition, ne prennent tout leur développement
que chez les mâles, que les coins inférieurs des deux générations ont une tendance marquée
à l'atrophie, tendance qui est plus prononcée encore pour la première prémolaire en série
de la mâchoire supérieure et pour la première molaire supérieure de lait, la conclusion s'im-
pose à l'esprit, que l'évolution du système dentaire est plus avancée dans ces animaux que dans
les chameaux. Il y a là une évolution régressive qui se poursuit depuis les âges géologiques ;
nous en avons fait connaître déjà les différents stades.
FiG. 104.
A. dernière fini, supérieure d'un lama ; 1, côte marginale
antérieure ; 2, côte denticiilaire antérieure ; 3, cute in-
teriobaire: 4, côte denticulaire postérieure; 5, côte mar-
ginale postérieure;
B, dernière am. supérieure d'un chameau ;
C, dernière am. intérieure d'un lama; p, pli aucheuien;
D. dernière am. intérieure d'un chameau.
ARTICULÂTIOrsS
Parmi les quelques notes que nous avons relevées sur les articulations des lamas com-
parées à celles des chameaux, il convient de mentionner : i" une trace de division de chacune
des deux branches terminales du suspenseur du boulet tendant à convertir sa bifurcation
en quadrifurcation; 2° l'absence complète des brides de renforcement que ce ligament
fournit d'ordinaire aux tendons extenseurs; 3° l'existence d'une bandelette ligamenteuse
qui descend sur le côté excentrique de chaque première phalange, depuis la partie antérieure
DIFFÉRENCES ENTRE LES CHAMEAUX ET LES LANL\S 181
de l'articulation métacarpo-phalangienne jusqu'au nodule terminal du perforé, en croisant en
X le tendon extenseur propre ; 4° l'existence de trois ligaments tibio-rotuliens, au lieu d'un seul
qui existe dans les chameaux (les deux latéraux étaient, il est vrai, très minces et peu distincts
du fascia lata); 5° enfin, ce fait remarquable: que les articulations, en général, sont plus^
serrées, les ligaments moins lâches et les mouvements plus fermes que chez ceux-ci. Pour le
reste, les choses sont disposées comme dans les chameaux.
MUSCLES
Ainsi que dans les chameaux, il n'y a pas de peaussier du ti'onc, et le platysma est
extrêmement réduit. Les peaussiers de la tète, muscles des oreilles, des paupières, des lèvres,
du nez, des joues, etc., ne nous ont pas montré non plus de difFéi'cnces ; mais il faut dire que
le temps nous a manqué pour les disséquer avec soin. J'en dirai autant pour les muscles des
mâchoires et de l'hyoïde ; toutefois je lis dans mes notes que le digastrique est très épais, non
digastrique, et libre par rapport au stylo-hyoïdien.
Parmi les muscles du cou, j'ai remarqué : 1" le sterno-thyroïdien, intercepté dans son
milieu par un long tendon et proportionnellement moins développé que dans le genre Camelus ;
2° le sterno-mastoïdien, qui se terminait, par un tendon épanoui, sur l'apophyse angulaii^e de
la mandibule, le bord externe de la bulle tympanique et l'apophyse mastoïde; -3" un vestige
de splénius, muscle qui fait complètement défaut aux chameaux; ce vestige était localisé au
1/4 ou au 1 5 supérieur de l'encolure ; ailleurs on ne trouvait plus qu'une aponévrose super-
posée aux complexus et se continuant en bas avec celle du grand dorsal ; 4" un mastoïdo-
huméral cantonné en bas du cou ainsi que dans les chameaux, mais relativement épais, et
prolongeant son insertion inférieure jusqu'au radius en suivant le biceps brachial ; 5" un omo-
trachélien, très adhérent au mastoïdo-huméral et que l'on confondrait facilement avec lui si
l'on n'était prévenu ; 6" un angulaire de l'épaule beaucoup plus large que dans les chameaux,
et s'insérant sur le cou par trois digitations au lieu de deux ; 7'^ un grand complexus prenant
insertion sur la colonne vertébrale par trois portions successives bien séparées, qui montent
obliquement en avant et en haut pour se réunir ; 8° un scalène traversé par le plexus brachial
ets'arrétant tout entier à la première côte; ce muscle, avec ses faisceaux dorsaux, ventraux et
obliques, rappelle exactement un intertransversaire du cou. Tous les antres musles du cou non
mentionnés étaient semblables à ceux des chameaux.
Dans la région spinale du dos et des lombes, j'ai noté que : le grand dorsal, au lieu de se
terminer exclusivement sur Thumérus avec le grand rond, lance, en outre, une aponévrose
qui se continue avec l'aponévrose anti-brachiale, trace remarquable de son muscle annexe.
Ainsi que dans les chameaux, il n'y a pas de petit dentelé antérieur, et le petit dentelé posté-
rieur comprend seulement quatre dentelures. Le long épineux et le long dorsal sont isolables
dès le commencement des lombes tandis qu'ils ne se séparent que vers le milieu du dos dans
les chameaux. Le premier se prolonge eu pointe jusqu'à la cinquième apophyse épineuse
cervicale.
Contrairement à ce que l'on observe dans les chameaux, l'intercostal commun ou sacro-
lombaire sort de la masse commune, par deux ou trois faisceaux, auxquels s'ajoute une
182
UECHERCHES ANATOMIOLKS SIR LES CAMÉLIDÉS
fig. 105. — région pectorale
d'un lama.
1, pectoral transveres, confondu avec le
pectoral descendant ; 2, pectoral ascen-
dant ; o, pectoral scapulaire ; 4, inser-
tion sternale des sterno-mastoïdiens ;
5. mastoïdo-huméral ; 6, biceps bra-
chial.
série d'autres faisceaux successifs et chevauchants f[ai conduisent le muscle jusqu'à la septième
apophj^se transverse cervicale, mais pas au delà, car il n'y a pas de cervical ascendant.
Dans la région costale, le grand dentelé est confondu avec l'angulaire de l'épaule
comme dans les chameaux, mais il est beaucoup moins tendineux, et, d'autre part, il s'enche-
vêtre avec le grand oblique par ses trois dernières dentelures, au lieu de le faire seulement
par les deux dentelures qui précèdent la dernière ou les
deux dernières. Le transversal des côtes couvre le bord
inférieur du grand dentelé et s'étend jusqu'à la cinquième
côte par un long tendon aplati, sans rejoindre toutefois le droit
de l'abdomen.
Le diaphragme des lamas est, sous tous les rapports,
semblable à celui des chameaux; nous avons trouvé dans son
épaisseur, entre l'orifice cave et l'orifice œsophagien, un
petit osselet comme il en a été signalé déjà dans la vigogne
et dans les doux espèces de chameaux : il semble donc que
ce soit un caractère commun à tous les Camélidés.
Dans la région sous-lombaire, l'iliaque présente un
faisceau interne qui se détache de la face inférieure du sacrum
mais n'avance pas sous les vertèbres lombaires, comme on
le voit dans les chameaux. Le petit psoas est faible, très
étroit, et en partie recouvert par le grand psoas à son extré-
mité antérieure. Le grand psoas est, au contraire, très épais ;
il se prolonge en pointe sous les deux dernières côtes. Le carré des lombes en est com-
plètement recouvert, sauf son extrémité antérieure qui s'étend sous les quatre dernières côtes.
Dans les chameaux, le grand psoas laisse le carré des lombes en grande partie à découvert.
Les muscles abdominaux ressemblent à ceux des chameaux.
La région pectorale présente des particularités singulières, qui
n'ont pas été, que je sache, signalées dans aucune espèce ; par-
ticularités consistant en un entre-croisement, ou mieux un enche-
vêtrement, faisceau à faisceau, des deux pectoraux transverses sur
le plan médian (voir fig. 105 et 106;. Lesdits umscles, connus des
vétérinaires français sous le nom de sterno-aponévrotiques, sont très
épais, confondus antérieurement avec le pectoral descendant (sterno-
huméral) et divisés chacun du côté interne en une huitaine de digi-
tations qui s'entre-croisent librenient sous le sternum avec celles
du muscle opposé, à la manière des doigts de deux mains qui se pénétreraient réciproquement ;
digitations qui viennent ensuite s'insérer, en s'épanouissant, sur la partie inférieure des
côtes du côté opposé. De la sorte, le sternum ne donne aucune attache à ces muscles :
il repose seulement sur leur ligne d'entre-croisement.
Le pectoral descendant, portion claviculaire du grand pectoral de rhoiume, paraît n'être
que le faisceau le plus antérieur du muscle précédent; il s'en distingue toutefois en ce qu'il
s'insère sur la jiremière sternèbre et ne s'entre-croise pas avec son opposé.
Le pectoral ascendant, portion sterno-costale du grand pectoral de l'homme, est extré-
FiG. 106. — Schéma de
l'entre-croisement des
muscles pectorauxtran-
sverses du lama.
I, Sternum; 2, partie inté-
rieure des côtes; 3, 3, mus-
cles pectoraux transverses.
DIFFKP.ENCKS KNTR1<: L1<S CHAMEAUX ET LES LAMAS
183
niement étendu, très large sous l'épaule, non prolongé sur l'abdomen, et montre à peu près les
mêmes insertions que dans les chameaux.
Le pectoral scapulaire ou sous-clavier est relativement fort, coniiuedanslegenreCamelus, et
présente la même disposition. Toutefois, il est séparé dupectoral ascendant par un muscle dont il
n'existe pas trace chez les chameaux, muscle procédant de la partie postérieure du sternum et
des côtes adjacentes, et se terminant en se fusionnant avec le suus-clavier et le pectoral ascen-
dant. C'est l'accessoire du pectoral ascendant, organe très inconstant en anatomie comparée ^
Arrivons maintenant aux muscles intrinsèques du membre thoracique.
11 n'y a rien de différentiel dans la l'égion de l'épaule : on y trouve un capsulaire bien
développé, adhérent au coraco-brachial.
Dans la région du bras, on remarque que le corps charnu du
biceps se clive en deux portions : l'antérieure entrecoupée de lames
fibreuses, la postérieure toute charnue ; celle-ci est la plus petite, tandis
que c'est le contraire dans le genre Caraelus. Le brachial antérieur
est épais ; il se termine au cubitus, après avoir contourné le bord in-
terne du radius en passant sous le ligament collatéral interne du coude.
Le quadriceps brachial se fait remarquer par le grand développement
de son vaste interne, qui monte jusqu'à la base de la tête articulaire
de l'humérus en passant entre le coraco-brachial et la terminaison du
grand rond ; le brachial postérieur, ou vaste intermédiaire, couvre toute
la fosse olécranienne et s'élève en pointe jusqu'à mi-longueur de
l'humérus.
A l'avant-bras et au canon, nous n'avons point remarqué l'expan-
sion élastique que l'on observe chez les chameaux. L'extenseur anté-
rieur du métacarpe est extrêmement fort, comme dans ceux-ci. L'ex-
tenseur oblique du métacarpe est au contraire très faible; il se divise à
son extrémité supérieure en deux faisceaux charnus figurant respecti-
vement le long abducteur et le court extenseur du pouce. L'extenseur
principal des doigts est divisé, comme dans les autres ruminants, en un
extenseur commun des deux doigts et un extenseur propre du doigt
interne. Le tendon de celui-ci s'unit au-devant du boulet à celui de
l'extenseur propre du doigt externe, par une vaste expansion qui recouvre et assujettit le
tendon de l'extenseur commun. Ce dernier se bifurque en haut de l'interstice digité, mais
ses branches s'arrêtent à l'extrémité proximale des deuxièmes phalanges avec les tendons
extenseurs propres et en s'unissant a eux. Les troisièmes phalanges ne reçoivent donc pas
de tendon extenseur ; leur ligament élastique suffît à les redresser. L'extenseur propre
du doigt externe est très développé comme dans tous les camélidés. Le cubital externe
est également très fort; il se termine exclusivement sur l'os pisiforme. Le cubital interne
est plus réduit encore que dans les chameaux ; sa partie charnue, détachée du bord postérieur
du cubitus, est un simple vestige; le chef humerai m'a paru faire défaut. Le grand palmaire
est plus fort proportionnellement que dans le^ chameaux. Le corps charnu du perforé ne
FiG. 107. — ExTBÉMITÉ
DIGITÉE DU MEMBRE
ANTÉRIEUR d'un lama.
i, Intentions de Textenseur
commun des doigts; 2,
2', tendon de l'extenseur
propre du doigt interne ;
3, 3', tendon de Texten-
seur propre du doigt
externe ; 4, expansion
réunissant les 2 tendons
extenseurs propres ; 5^
5, ligament, croisant en
dessous les tendons ex-
ten-^eurs propres; 6,
6, ligament rétractile de
l'ongle.
F.-X. Lesbre, Essai de myologie comparée de l'homme et des mammifères domestiques, Lyon, 1897.
184
RECHERCHES AXATOMIQUES SUR LES CAMÉLIDÉS
lance pas de branche au perforant, mais c'est la seule différence de l'organe comparativement
aux chameaux. Des trois chefs du perforant, c'est l'huniéral qui est de
beaucoup le plus fort, tandis que dans les chameaux c'est le radial. Le
premier lance à sa partie inférieure une languette tendineuse au tendon
perforé. Le second, tout en étant bien moins développé que chez les
chameaux, l'est beaucoup plus que dans les ruminants ordinaires et
s'élève jusqu'au ligament collatéral interne du coude. Quant au chef
cubital, il ne monte pas au-dessus du quart supérieur de l'avant-
bras. Le tendon, commun à ces trois chefs, se bifurque au-dessus
de l'articulation métacarpo-phalangienne, et là donne insertion à un
muscle lombrical qui sort entre les branches du perforé et vient se
perdre au moyen d'un tendon derrière l'articulation précitée. Il n'existe
pas trace de ce muscle lombrical chez les chameaux, non plus que
chez les ruminants ordinaires. En poursuivant le trajet des branches
terminales du tendon perforant, on constate que leur renflement nodu-
laire en arrière des grands sésamoïdes est peu sensible, le nodule se
manifestant plutôt au toucher qu'à la vue ; par contre, le renflement
nodulaire préterminal offre tout son développement.
Voyons enfin les muscles du membre abdominal :
Le muscle du fascia lata, le fessier superficiel, le fessier moyen,
le fessier profond, le quatrième fessier, le paraméral, les obturateurs
du bassin, les jumeaux du bassin, le carré crural sont exactement
disposés comme dans le genre Gamelus. Le capsulaire de la hanche
est peut-être plus développé encore que dans ce dernier. Le quadriceps
crural affecte le même développement relatif de ses parties,
c'est-à-dire que le vaste externe est énorme, trois fois plus volu-
mineux environ que le vaste interne; le droit antérieur de la
cuisse s'attache s\u" l'ilium par deux tendons latéraux juxta-
posés ; le crural antérieur se sépare très bien des autres muscles
et reçoit, dans l'angle de sa bifurcation supérieure, l'extrémité
inférieure du capsulaire de la hanche. Le biceps fémoral pré-
sente la même disposition et contracte les mêmes rapports
avec le paraméral que dans les chameaux. Le demi-tendineux
est continué supérieurement par un petit muscle conoïde qui
vient s'insérer sur le côté de la base de la queue et fonctionne
spécialement comme agitator camlae, muscle dont il n'existe
pas trace chez les chameaux. Le demi-membraneux est épais
et digastrique comme chez ces derniers, et présente essentiel-
lement les mêmes insertions. Le couturier, le droit interne, le
pectine, l'unique adducteur de la cuisse, ne présentent rien de
particulier.
Dans la région jambière, nous avons noté le faible déve-
loppement du tibial antérieur, dont la portion charnue est reléguée à la partie supérieure du
FlG. 108. — iluSCLEPEf.-
FORANT DU MEMBRE AN-
TÉRIEUR DU LAMA.
1, chef radial ; 2, chef cu-
bital ; 3, partie inférieure
du chet humerai; 4, lan-
guette tendineuse en-
voyée au perforé ; 5,
tendon perforé ; 6, ten-
don perforant.
FlG. 109. — Muscles DE la région
CRURO-FESSIÊRE DU LAMA.
FL. muscle du fascia lata; F S, les-
siei* superficiel ; FM. fessier moyen ;
P, paraméral ; BT, biceps lemorai ;
DT, demi-teudiiieux ; DM, derai-
membraneux; a, chef coccygien
du demi-tendmeux.
DIFFKHENCES ENTRE EES CIIAMlvVTX ET LES LAMAS
185
■tibia. Le tendon commun qui glisse dans la coulisse supérieure de cet os y présente un
renflement nodulaire ; des trois muscles qui lui font suite, le fléchisseur du pied n'off're rien
de particulier, à part qu'il est moins tendineux que dans les chameaux, l'extenseur commun
des deux doigts se prolonge jusqu'aux troisièmes phalanges après avoir pris une insertion
sur les secondes, tandis qu'aux membres antérieurs il se termine tout entier sur celles-ci,
quant à l'extenseur propre du doigt interne, il se termine sur la deuxième phalange de ce
doigt par une branche antérieure et une branche excentrique, mais auparavant il se réunit à
son congénère de l'autre côté par une expansion qui couvre la face antérieure du boulet.
Le long péronier n'offre rien de particulier, non plus que le court
péronier; ce dernier est extenseur propre du doigt externe.
Pas trace du long extenseur du gros orteil ni du soléaire. Ce dernier
muscle existe chez les chameaux ainsi que dans la généralité des Ruminants.
Le planto-perforé, au lieu d'être complètement fibreux comme dans les
chameaux, présente un corps charnu fusiforme, aussi développé que dans les
ruminants ordinaires; son extrémitésupérieure sort de l'intervalle des jumeaux
de la jambe et s'élève à environ 2 centimètres plus haut sur le fémur.
Les jumeaux sont très inégaux; l'externe, le plus fort, se ploie sur le perforé
et se joint à l'interne par-dessous et par-dessus, de telle manière que le corps
charnu du perforé se trouve complètement enveloppé (fig.liO). Remar-
quons, en outre, que l'attache de ces muscles s'élève moins haut sur le fémur.
Le poplité est très épais et son tendon est à découvert sur le côté de
l'articulation fémoro-tibiale, vu l'absence du ligament latéral externe. Le
long fléchisseur externe des phalanges, au lieu d'être
inférieur en développement à son congénère le long-
fléchisseur interne, comme cela se voit dans le genre
CameJus, lui est, au contraire, notablement supérieur ;
le tibial postérieur est confondu avec lui ; il se dislingue
toutefois à la partie inférieure. Le tendon perforant,
sur lequel se réunissent les deux muscles longs flé-
chisseurs comme deux chefs d'un même organe, reçoit
à son origine un petit muscle accessoire sous forme d'un
fuseau charnu détaché de la base du calcanéum, muscle
dont la présence chez le lama était bien inattendue,
car, parmi les mammifères domestiques, on ne le ren-
contre guère que chez les Carnivores. Dans la bifurca-
tion des tendons fléchisseurs, on trouve, comme au membre de devant, un muscle lombrical.
liemarquons enfin que le fuseau nodulaire des branches du perforant dans les gaines
sésamoïdiennes est Ijeaucoup plus prononcé qu'au membre antérieur.
Quant aux muscles interossoux, ils ont subi dans les deux membres la transformation en
un ligament suspenseur du boulet extrêmement fort, disposé essentiellement comme dans les
chameaux.
Jetons maintenant uu coup d'oeil d'ensemlile sur les différences myologiques des lamas et
des chameaux; nous voyons qu'elles sont nombreuses et considérables : 1° Il y a chez les
Arch. Mus. — t. VIII. 24
FiG. 1 10. — Coupe
SCHÉMATIQUE DU
PERFORÉ ET DES
JUMEAUX DE l.A
JAMBE, DANS LE
I.AMA.
p, perforé ou mieux
planto-perforé ; i, ju-
meau interne ; e, ju-
meau externe.
FiG. IIL — Muscles
PROFONDS DE LA
RÉGION JAMBIÈRE
POSTÉRIEURE d'un
LAMA.
1, poplité ; 2, long flé-
chisseur extfriie des
phalanges; 3, tibial
postérieur; ^, long
fléchisseur interne
des phalanges ; 5.
muscle a ccessoire du
peiforant.
18G RECIIEHCHES AXATOMIQUKS SUR LES CAMELIDES
premiers des muscles qui manquent aux secomls : accessoire du pectoral ascendant, splénius,
lombricanx, accessoire du perforant, prolongement coccjgien du demi-tendineux. 2" 11 y a
dans nombre d'autres muscles des dispositions particulières, telles que l'enchevêtrement des
pectoraux transverses, la division du grand complexus, la continuité du grand dorsal avec
l'aponévrose antibrachiale, de l'intercostal commun avec la masse commune, le grand déve-
loppement du grand psoas couvrant complètement le carré des lombes, le développement relatif
des trois chefs du perforant du membre antérieur, des deux chefs de ce même organe au
membre postérieur, l'état charnu du perforé du membre postérieur, etc. , 3° Il n'y a pas le
même développement du tissu élastique que dans les chameaux; les membranes élastiques
de la superficie de l'avant-bras et de la cuisse manquent ; la tunique abdominale est rudi-
raentaire ; le ligament cervical est moins fort, etc.
APPAREIL DIGESTIF
Boiirlic . — Les lèvres ressemblent à celles des chameaux. Les odontoïdes des joues sont
moins drues que chez ces derniers et non divisées à l'extrémilé; elles s'abaissent vers le fond do
la bouche et passent à l'état de mamelons plus ou moins saillants. Le palais présente des crêtes
transversales qui ne sont pas découpées en crénelures, et un large bourrelet antérieur derrière
lequel s'ouvrent deux fentes de Jacobson très nettes. Le voile du palais est très étendu mais
n'offre rien de particuher : ni luette, ni appendice d'aucune sorte. La langue ressemble
exactement à celle des chameaux comme forme, piliers, papilles, structure ; elle est assez
douce au toucher; Bi'ehm est dans l'erreur quand il dit que les papilles en sont dures et
cornées. Les glandes salivaires ne présentent non plus rien de particulier ; les canaux de
M'arton n'ont pas de barl)illon à leur extrémité; ils s'ouvrent à fleur de muqueuse, comme
dans le genre Camelus. Les amygdales sont diffuses, autrement dit leurs cryptes sont disper-
sées sur la base de la langue.
IjQ. pJiaryii.r est dépourvu du pli muqueux qui le cloisonne chez les chameaux.
U a'sophage est peut-être moins dilaté que chez ces derniers, mais il présente la même
structure riche en glandes.
Uestomac m'a paru n'être qu'une réduction de celui des chameaux. Il pi'ésente les
mêmes particularités extérieures et intérieures. Voici cependant quelques différences que
nous avons notées :
Les augets des réservoirs aquifères de la panse sont beaucoup moins développés mais
au moins aussi nombreux; les plus grands reçoivent juste le bout du petit doigt, les plus
])etitsne permettent pas l'introduction du manche d'un porte-plume. Dans le réservoir posté-
rieur, nous avons compté douze à quatorze travées charnues branchées comme les dents d'un
peigne sur le pilier de la panse et venant mourir insensiblement de l'autre coté du chamii
alvéolé; dans chaque intervalle existaient deux rangées d'alvéoles dont beaucoup étaient
DIFFKRKXCKS l^XTltM l.I':S CHAMEAUX ET LES LAMAS 187
subdivisés à leur fond. L'autre réservoir est relativement petit et à cellules très exiguës,
groupées en petites séries transversales. Les alvéoles du réseau sont plus spacieux que ceux
de la panse, contrairement à ce qui existe dans les chameaux.
On lit dans Brehm que les lamas n'ont pas de caillette; c'est là une grosse erreur; ils
en ont une pareille à celle des chameaux, avec une muqueuse qui tranche sur celle des
parties lisses du réseau et dont la transition est marquée par une crête manifeste. Cette
muqueuse est partout glandulaire et digestive; mais on y voit les mêmes localisations que
dans le genre Camelus, c'est-à-dire qu'elle est mince et finement plissée dans sa partie
antérieure, tandis qu'elle s'épaissit beaucoup dans la postérieure, où elle forme de gros
plis en bourrelets ne laissant entre eux que de petites aufractuosités irrégulières. Ici seule-
ment elle renferme les glandes à cellules bordantes, dites glandes à pepsine. Au voisi-
nage du pylore, dans la région des glandes à mucus, elle est lisse et relativement pâle,
on y voit une grosse saillie mobile branchée perpendiculairement sur la valvule pylorique
et qui est sans doute susceptible de faire bouchon sur l'orifice d'entrée de l'intestin.
La caillette est donc eu tout semblable à celle des chameaux. Remarquons enfin que,
comme chez ces derniers, le volume relatif des trois compartiments gastriques no change
pas sensiblement au cours de la vie.
h' intestin est proportionnellement plus long que dans le genre Camelus ; sa longueur
totale comprend quinze à seize fois la longueur du corps mesurée du bout de la tête à la
naissance de la queue, et trente fois environ la distance qui s'étend de la pointe de l'épaule à
la pointe de la fesse. G'est l'intestin grêle et le côlon terminal qui sont particulièrement longs ;
le côlon spiral et le Cfecum sont plutôt courts, ainsi que l'indiquent les chiffres suivants :
Intestin grêle lô^^SO
C;ecum 0 16
Cûlon spiral 6 70
Côlon terminal et rectum 5 "
Total 27-66
L'intestin grêle affecte exactement la même disposition que dans les chameaux; il com
menée par une dilatation: son quart ou son cin-
quième postérieur augmente progressivement de
diamètre et s'accole au crecuin avnnt d'y faire
embouchure.
Le caecum est court mais dilaté, nrrondi à
l'extrémité.
Le côlon spiral décrit six tours concentriques
et quatre excentriques; le premier tour est très
écarté des autres et remarquable, en outre, par son
fort calibre ; les autres tours sont de diamètre plus
petit que l'intestin grêle, et serrés en une masse
compacte qu'il faut déi'ouler pour suivre le vis-
cère.
Le côlon sous-lombaire ou côlon terminal n'olfre rien de particulier, si ce n'est sa Ion
FlG 112. — C.ECUM ET COLON SPIRAL DU LAMA.
\(j, terminaison de TinteEtin grêle; C, c;ecum; Go, côlon
spiral, 1" lour; M, niasse des autres tours ; }nès, mé-
sentère unissant le premier tour aux autres.
188
HECHERGHES ANATOMIQUES SUR LES CAMELIDES
gueur quand on l'a déroulé ; il se dilate progressivement avant de se continuer avec le
rectum. On trouve à son intérieur de petites crottes semblables à celles du mouton et de la
chèvre.
En résumé, la particularité la plus caractéristique de l'intestin du lama comparé à celui
du chameau : c'est la disposition du premier tour de son côlon spiral qui est complètement
isolé des autres tout en leur restant uni par un frein mésentérique.
Le foie présente exactement la même disposition que dans les chameaux ; il est Ljbé de la
même manière et déchiqueté d'incisures ; le cholédoque est très petit, dépourvu de vésicule
biliaire. La seule différence que j'ai notée est sa grande largeur, qui approche de sa longueur,
tandis que dans Camelus le viscère est beaucoup plus long que large. L'embouchure com-
mune du canal de Wirsung et du canal biliaire se fait très près du pylore, beaucoup plus près
que dans les chameaux.
La rate est falciforme et en même position que chez ces derniers; l'artère splénique
l'atteint par le milieu de son bord concave.
Le pancréas n'offre rien de particulier.
APPAREIL RESPIRATOIRE
N'ayant pas ouvert de tête, je ne puis rien dire des fosses nasales, si ce n'est que leurs
orifices extérieures (naseaux) ressemblent à ceux des chameaux et se joignent l'un à l'autre
en haut de la fissure de la lèvre supé-
rieure.
Le larynx m'a montré quelques
différences dans ses cartilages. Le cri-
coïde est simple, sans trace de soudure
avec le premier cerceau de la trachée.
Le thyroïde ne soude pas ses branches
sur la ligne médiane; elles sont seule-
ment unies par un ligament; elles présentent une petite corne pour correspondre à l'hyoïde.
L'épiglotte est courte et obtuse, aussi large que longue ; elle ne présente pas d'appendice à
la base. Les aryténoïdes sont moins allongés que dans les chameaux.
La trachée comprend peut-être un nombre de cerceaux un peu moins élevé que dans les
ciiameaux; mais j'ai omis de les compter. Elle se divise, comme dans la généralité des Rumi-
nants, en trois branches dont deux pour le poumon droit.
Les poumons ressemblent exactement à ceux des chameaux.
Il en est de même des glandes thyroïdes.
FiG. 113.
Cricoide(l ; Ihjroide (2) et épiglotte (3) d'un lama.
IMl FKREXCES I-^XTHE LES CHAMEAUX ET LES LAMAS
189
APPAREIL URO-GENITAL
Les reins ont la forme extérieure, la position et les rapports de ceux des chameaux; mais
ils n'en ont pas la conformation intérieure, et c'est là une différence importante entre les deux
genres de Camélidés: leur bassinet est tout simplement disposé comme celui des moutons ou
des chèvres, voire des chiens, il n'a pas le système diverticulaire complexe
qui pénètre le rein des chameaux et le rend en quelque sorte spongieux.
Les testicules ont la même position que dans Camelus et la même
disposition de leurs enveloppes; ils sont presque globuleux ; une section
longitudinale et médiane montre très distinctement la traînée blanche
centrale formée par les tubes droits. Le corps del'épididyme est étroite-
ment fixé au testicule, sans le moindre intervalle ; la tète s'en détache
et se ploie sur elle-même ; la queue est peu volumineuse, recourbée en
dedans à sa continuité avec le canal déférent. Celui-ci est d'abord sinueux,
il ne devient rectiligne qu'après un trajet de 8 à 10 centimètres ; il est petit,
tandis que, au contraire, le corps vasculaire du cordon est très volumi-
neux. Les canaux déférents se renflent légèrement sur la face supérieure
de la vessie en s'accolant l'un à l'autre; ils font embouchure comme
d'ordinaire. Ainsi que chez les chameaux, il n'y a pas de vésicules
séminales. La prostate est très forte, de couleur jaune pâle, de forme
globuleuse, à peine bilobée.
L'urètre membraneux est entouré d'un sphincter rouge qui n'a pas
moins de 6 à 8 millimètres d'épaisseur. Les glandes
de Cowper sont volumineuses et très distinctes,
enveloppées d'un muscle compresseur épais, re-
couvert superficiellement d'une l)elle aponévrose.
Le muscle bulbo-caverneux est partagé en deux
moitiés latérales par un profond sillon médian qui
tient lieu de raphé. La verge, après avoir décrit
sa double inflexion en S. se termine comme dans
Cawie/iw dans une cavité préputiale étirée et recour-
bée en arrière mais susceptible de se redresser au
moyen de muscles ad hoc. Le gland, ou pour parler
plus exactement, l'extrémité libre de la verge, se
recourbe inférieurement et se divise en deux pointes
inégales, superposées, qui ont la consistance du cartilage; la pointe supérieure appartient
au corps caverneux, l'inférieure au canal de l'urètre qui vient déboucher à son extrémité.
A ce niveau le tissu érectile a cédé la place au tissu cartilagineux, de telle sorte que l'extré-
mité du pénis est toujours favorablement disposée pour la pénétration.
Je n'ai rien à dire des organes génitaux femelles attendu que, jusqu'à ce jour, je n'ai
FiG. 114. — Testicule
ET ÉPIDIOYME DU LAMA
FiG. 115. — Vessie
UnÈTRE ET PÉNIS DU LAMA
Fio. 114. — t, testicule : e, épididyme ; d, ciiial défé-
rent: p, corps vasculaire du cordon ; m, meaorcluum.
Fio. 115. — V, vessie ; d. canal déférent- p, prostate;
m, urelre membraneus ; G, glandes de Cowper ; v.
verge ; ic, muscles ischio-caverneuï couvrant les
racines du corps caverneux; 6 6, muscles bulbo-caver-
neux; 1, pointe caverneuse du glajid ; 2, poijile uré-
traie du glauil ; S, coupe transversale du gland ; 1,
corps caverneux ; 2, urètre.
l'JO
UECHEUCHIiS ANATOMIQUES SUR LES CAMELIDES
eu l'occasion de disséquer qu'un mule. Cependant, en ce qui concerne les mamelles, je dois
combattre une erreur de Buffun qui attribue deux mamelles seulement aux femelles de lamas
alors que réellement elles en ont quatre comme les chamelles.
APPAREIL CIRCULATOIRE
Nous n'en avons relevé que les grands traits.
Le cœur est remarquablement pointu, mais ne présente, d'autre part, rien de particulier.
Nous n'avons pas trouvé trace d'ossification dans ses zones flbro-squelettiques.
Il n'y a pas d'aorte antérieure ; les deux troncs brachiaux naissent séparément et à
distance sur la crosse de l'aorte; tandis qu'ils se joignent dans les
chameaux et conslituent une aorte antérieure plus ou moins distincte.
Les branches collatérales de l'aorte, pariétales ou viscérales, m'ont
paru disposées sensiblement comme dans Camehcs. Quant aux bran-
ches terminales, les artères iliaques résultent de deux bifurcations
successives plutôt que d'une quadrifurcation ; la sacrée moyenne, qui
est si développée dans les chameaux, manquait chez le lama que nous
avons disséqué: par contre, il y avait des sacrées latérales. Ces diffé-
rences sont-elles constantes, ou du moins s'observent-elles dans le
plus grand nombre des lamas? C]'est ce que de nouvelles études pour-
raient permettre de dii'e.
L'artère saphène est proportionnellement moins développée que
dans les chameaux ; mais elle l'est encore beaucoup et représente le
tronc principal qui alimente l'extrémité du membre.
Je n'ai pas eu la possibilité de disséquer les artères périphériques ;
luais il est très probable que leur distribution est calquée sur celle que nous avons fait connaitre
chez les chameaux.
Je n'ai rien noté, non plus, touchant le système veineux et le système lymphatique.
FiG. lie. — Cœlk nu
LAMA,KACE ARTÉniEl.LE.
.s', sillon itilerventr.culaire;
5' sillon vasculaire du
ventricule gauche ; ;>,
trotic pulmonaire; an,
crosse de l'aorte ; b b.
tr.mcs brachiyux.
APPAREIL NERVEUX
Pour ne pas abîmer le squelette, je me suis abstenu d'extraire l'encéphale et la
moelle épinière ; je ne puis donc rien en dire. Quant à l'appareil nerveux périphérique,
mes investigations ont porté principalement sur le nerf pneumogastrique et son accessoire;
DIFFKHKXCKS l'XTHK \.KS GlIAMKAl'X ET I.KS LAMAS 191
j'ai hâte de dire que j'ai constaté les mêmes dispositions que dans les cliameaux, à savoirque :
1° l'accessoire de Willis ou nerf spinal fait complètement défaut; les muscles sterne -
mastoïdien, mastoïdo-huméral, omo-trachélien, trapèze reçoivent leur double innervation
sensitive et motrice des paires cervicales ; 2" le pneumogastrique fournit, par un tronc
commun né dans la région gutturale, les nerfs pharyngien, laryngés et œsophagien supé-
rieur. Ce tronc se divise bientôt en deux branches, le laryngé supérieur et l'œsophagien supé-
rieur, le premier gagnant le larynx comme d'habitude et émettant sur son trajet le laryngé
externe et quelques minces filets pharyngiens, le second descendant le long de l'œsophage
sur le côté du plan supérieur de la trachée jusqu'à l'intérieur de la poitrine, et fournissant
le laryngé inférieur en regard de la partie inférieure du larynx.
L'absence du spinal chez les Camélidés est un fait anatomique de haute importance qui
était inconnu jusqu'à ce jour, du moins à ma connaissance. Cuvier déclare formellement
que ce nerf existe dans tous les mammifères. Huxley dit que, parmi les vertébrés, il ne
manque que chez les Ichthyopsidés ; on le trouverait chez tous les Mammifères ainsi que
chez les Sauropsidés à l'exception des Ophidiens. Quant à la disposition si particulière des
nerfs laryngés, notamnietit du laryngé inférieur, elle n'avait été signalée que chez le
dromadaire par MM. Chauveau et Arloing ; il n'était pas sans intérêt de la constater dans
les autres espèces de la même famille ; et, si vraiment elle est corrélative à l'extrême
allongement du cou, il serait curieux desavoir ce qu'il en est chez la girafe. Les auteurs qui
se sont occupés de l'anatomie de ce dernier animal sont muets sur ce point, qui sans doute
à échappé à leurs investigations.
ORGANES DES SENS
•Je n'ai rien à ajouter à ce que j'ai déjà dit sur les pieds, les lèvres, la langue, les oreilles,
et je ne trouve rien dans mes notes concernant l'appareil de la visii:)n, qui, selon toute proba-
bilité, ne doit guère différer de celui des chameaux.
Il était impossible, avec un seul cadavre, de passer en revue tous les organes ; j'ai dû
néglige!" bon nombre de détails relatifs à l'angiologie et à la névrologic pour concentrer toute
mon attention sur les os, les muscles et les viscères; j'ai dii aussi passer sous silence l'appa-
reil génital de la femelle et les membranes annexes du fœtus. Malgré ces lacunes, que je
m'empresserai de combler à la première occasion, je crois avoir donné dans ce travail tous
les caractères différentiels importants qui séparent les lamas des chameaux et par conséquent
avoir atteint le but que je poursuivais, à savoir : compléter la monographie anatomique des
chameaux par un parallèle avec les lamas.
J'aurais désiré terminer ce long mémoire, qui m'a coûté plusieurs années de labeur,
par quelques considérations générales ou conclusions qui en résument l'esprit et la substance ;
j'ai dû y renoncer, car cela m'aurait coaduit à des répétitions ou à des dissertations inutiles,
192 RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES CAMELIDES
attendu que j'ai eu le soin de commenter les faits et d'en faire valoir l'importance au fur et
à mesure de leur exposé.
Mais il me reste un devoir à remplir, c'est de remercier publiquement MM. Lortet et
Chantre, qui ont mis à ma disposition avec une obligeance parfaite toutes les ressources du
Muséum d'histoire naturelle de Lyon dont ils ont la direction, et qui m'ont valu la généreuse
hospitalité des Archives de cet établissement, sans laquelle mon travail n'eût peut-être jamais
vu le jour, vu les frais considérables de son illustration. Je les prie de v(juloir bien agréer l'ex-
pression de ma vive gratitude.
TABLE DES MATIÈRES
AVANT-PROl^OS 1
PREMIÈRE PARTIE. — Chameau à deux bosses 5
I. EXTÉRIEUR 5
Proportions, 6. — Bosses et système adipeux, 8. — Callosités, 10. — Peau et poils, 10. —
Pieds, 11.
II. ANAÏOMIE 14
Appareil locomoteur 14
Os 14
Tète 14
Occipital, 14. — Interpariétal, 10. — Pariétal, 10. — • Frontal, 16. — Temporal, 17. —
Sphénoïde, 18. — Ptérjgoïdien. 20. — Vomer, 20. — Ethmoïde,20. — Cornets, 20. —
Palatin, 21. — Maxillaire supérieur, 21. — Intermaxillaire. 21. — Os du nez, 22. —
Zjgomatique, 22. — Lacrymal, 22. — Maxillaire inférieur, 23.
Tête en général, moins la mandibule 23
Dents et dentition 24
Incisives, 25. — Canines, 2(3. — Molaires, 26. — Dates d"éruj>tion, 28. — Anomalies, 28. —
Considérations pliylogénétiques sur la dentition des Camélidés, 29.
Hyoïde 30
Colonne vertébrale 32
1° Vertèbres cervicales, 32. — 2" Vertèbres dorsales, 34. — 3' Vertèbres lombaires, 35. —
4° Sacrum, 36. — 5° Vertèbres coccygiennes, 36.
Du rachis en général 36
Côtes. . . .• 37
Sternum 3S
Membre tlioracique .39
Os de l'épaule, 3!». — Os du bras, 3'.». — Os de Tavant-bras, 40. — Os de la main, 41.
Membre abdominal 43
Os de la hanche, 43. — Os de la cuisse, 44. — Os de la jambe, 45. — Os du pied, 46.
Articulations 47
Articulations du rachis 47
Articulations de la tête 49
_ . Articulations du membre thoracique 49
Articulations du membre abdominal 52
Muscles 54
Muscles peaussiers 54
Peaussier du tronc ou pannicule charnu, 54. — Peaussier du cou ou platysma, 54. —
Peaussiers de la tête, 54.
Muscles des mâchoires , 56
Muscles de la région hyoïdienne 57
Muscles du cou 58
Muscles de la région trachélienne, 58. — iMuscles de la région spinale du cou, 00. — Muscles
juxtavertébraux du cou. 61.
194 TAlîl.l' DKS MATIERES
Muscles de la rt'gion spinale du dos et des lombes 63
Muscles de la queue 65
Muscles de la région costale 65
Muscles de la région diaphragmatique 66
Muscles de la région sous-lombaire 67
Muscles de la région abdominale 68
Muscles de la région pectorale 69
Muscles du membre thoracique 70
Région scapulaire, 70. — Région brachiale, 7i. — Région antibrachiale, 72. — Région delamain,75
Muscles du membre abdominal 75
Région du bassin, 75. — Région de la cuisse, 76. — Région de la jambe, 78. — Région du
pied, 81.
Considérations générales sur les muscles des chameaux 82
Anatomie du pied 82
Appareil digestif 84
Bouche 84
Glandes salivaires 88
Pharynx 89
Œsophage 00
Estomac 00
Panse, 01. — Réseau, 96. — Caillette, 07.
Intestin 100
Organes annexes 102
App.\reil respiratoire 103
Cavités nasales 10':i
Larynx 104
Trachée 105
Bronches 105
Poumons 105
Organes annexes 106
Appareil de la déix'ration urinaire 106
Reins 108
Organes annexes 108
Appareils de la génér.^tion 108
A. Mâle 108
B. Femelle 111
Mamelles 113
Appareil de la circulation 115
Cœur 115
Artères 110
Veines 124
Lymphatiques , 125
Sang 125
Appareil nerveux 126
Méninges 126
Moelle épinière 126
Encéphale 126
Cerveau 126
Cervelet et isthme 129
Nerfs 129
Organes des sens 132
Toucher 132
Gustation 132
Olfaction 133
Audition 133
Vision 133
TAliLK DKS MATIÏ-:i!KS 195
DEUXIÈME PARTIE. — Différences entre le Chameau à deux bosses (Canielus Bactriamis) et le
Chameau à une bosse (Camelus Arabicus seu Dromedarius) ly5
A. Tête 139
B. Dents 143
G. Colonne vertébrale 143
Vertèbres cervicales, 143. — Vertèbres dorsales, 146. — Vertèbres lombaires, 147. — Sacrum,
148. — Vertèbres caudales, 149.
D. Os duthoraï . . . 149
Sternum, 149. — Côtes, 150.
E. Membre thoracique 150
Scapulum, 150. — Humérus, 151. — Radius, 151. — Cubitus, 152. — Os du carpe, 152.
Os du métacarpe, 153. — Phalanges de la niaiu, 153.
F. ^fendJre abdominal I54
Coxal, 154. — Fémur, 155. — Rotule, 156. — Tibia, 156. — Péroné, 156. — Os du tarse,
157. — Os du métatarse, 158. — .Phalanges du pied, 158
Comparaison des cltameaux fossiles avec les c/iameaux actuels I59
TROISIÈME PARTIE. — Différences entre les chameaux et les lamas 1(33
Appareil locomoteur IQ5
Squelette IQ.-,
Tête ,65
Colonne vertébrale 1(59
Thorax 172
Membre tlioi'acique I73
Membre abdominal I75
Hyoïde I77
Dents 178
Incisives 17g
Canines I79
Prémolaires I79
Arrière-molaires _ ^■jg
Articulations Igg
Muscles ■ 181
ArPABEIL DIGESTIF Igg
Appareil respiratoire , j^gg
Appareil uro-génital jgg
Appareil circulatoire j9q
Appareil nerveux jqq
Organes des sens ^gj
LA FALNI- MOMIFIER
DE LANCIENNE EGYPTE
le Docteur LORTET
Uojea (le la Faculté de médecine de Lyon, Correspondant de 1 laatitut
ET
G. GAILLARD
Chef des travaux, au Muséum de Lvon.
LA FAUNE MOMIFIÉE
DE
L'ANCIENNE EGYPTE
INTRODUCTION
De toutes les contrées formant le bassin de la Méditerranée, et qui constituent le centre
pi"ivili\L;i('' où sont nées les civilisations antiques les plus importantes, l'Egypte seule se présente
comnK^ un monde à \yàvi, captivant, attachant, forçant le ^•oyag■eu^ à itn-enir, confirmant cet
ancien dicton que, lorsqu'une fois il a bu l'eau du Nil, l'étrangei' ne saurait en oublier la
séduisante douceur. A peine est-il revenu dans les contrées brumeuses du Noi'd, il ne peut
s'empêcher de rêver constamment à ce merveilleux pays. Il revoit jiar la pensée le spectacle
magique qui se renouvelle tous les soirs. loi-s(juc le soleil, le grand dieu lia des Égyptiens,
disparait à l'Occident, dans les déserts de la Libye, au milieu d'inie splcndeni' pleine de gloire,
que nulle plume ne saurait décrire, et dont les ti'ainées lumineuses éclairent riioi-izon jusqu'au
milieu de la nuit.
Dans cette région hkw, le soleil est étincelant. le ciid toujours d'un bleu pâle, diaphane
même pendant l'obscurité: grâce à sa transparence, il se constelle alors de myriades d'étoiles
ipd brillent d'un éclat extraordinaire, spectacle admirable représenté sur tous les plafonds des
anciens temples de la Haute-LIgypte.
Le sol. d'ime fertilité prodigieuse, est ai-rosé sans relâche par la plus laborieuse des races
humaines qui semble même ignorer le repos de la nuit. Chaque année, ilestrecouv(^i"t d'im engrais
apporté des régions équatoriales du continent africain, par le plus grand Ûouyr du monde, long
de six à huit mille kilomètres, d(d)()i-dant chaque année, à l'époqui^ voidue, aviK^ ime précision
mathémati(pie.C(>tte terre fortunée estenlourée d'une large ceinture de dései'ts d'un jaune d'or,
quelquefois violets ; cependant très ])ien ii-i-igutV, (die est verte comme la Hollande, et les récoltes
abondantes : cannes à sucre, doura. coton. Idi', orge, maïs, trètles, etc.. s'v succèdent sans
interruption.
C'est dans cette vallée unique au monde, qu'à une é'poque très i-ecuh'e naijuit la race
égyptienne, agricole avant tout, si bien douée, si intelligente: (die sut trouver par sentaient
d'observation et son gV'uie la solution des problèmes scientifiques de premier ordre qui pi'é-
occupaient alors le monde antique. Elle a édifié ces majestueux monuments, temples ou
tombeaux, qui, après tant de siècl(\s. s'élèvent fièi-ement à la surface du sol. ou ceux plus
Arcs. Mus. — t. VlII. * n
II INTRODUCTION
iirandioses encore qui ont été creusés dans les rochers avec une patience sans nom, et qu'on ne
peut admirer qu'en pénétrant profondément dans le flanc des montagnes.
Ce sont ces hommes, doués d'une conscience vraiment moderne, qui. les pi-emiers sur
cette terre, au milieu d'un monde bar])are. ont enseigné les admirables pn''eeptes de la morale
élevée qui régit encore de nos jours la vie des peuples civilisés.
Ils ont été des savants et des artistes de premier ordre, des agriculteurs et des ingénieurs
des plus habiles dans l'art des irrigations,, des penseurs profonds. Tout ce qu'ils ont écrit ou
enseigné, tout ce qu'ils ont fait, a donc pour nous le plus grand intérêt, puisqu'ils sont directement
les pères créateurs des idées noldes et généreuses ([ui ont servi à développer nos intelligences, et
([ui nous ont façonnés tels (pie nous sommes.
11 était donc important de rechercher pourquoi, après avoir momifié les membres décédés
de leur famille, dans un but de conservation indéfinie, en attendant une résurrection ou une
transformation future, ils momifiaient, avec autant de soins, et par des pi'océdés presque aussi
parfaits, tous les animaux (pu vivaient autour d'eux, et non pas seulement certaines espèces
considérées comme sacrées. Ces sages, auprès desquels les (jrrecs et les Romains instruits
venaient terminer leui- éducation, ne devaient point se livrer à mw pratique aussi extraordi-
naire sans de sérieuses raisons religieuses ou philosophiques.
Voilà pourquoi, l'étude des momies animales entassées par milliards dans les puits ou les
hypogées, ou cachées dans les sables des nécropoles, peut contribuer à la solution d'un mysté-
l'ieux problème d'ordre psychique auquel jusqu'à aujourd'luii on n'a su trouver aucune réponse
entièrement satisfaisante.
Mais au point de vue de la doctrine du transfoi'misme de certaines espèces animales, ces
recherches peuvent aussi pr(''senter un très grand intérêt. L'illustre .Jomard, pendant l'expédition
de Bonaparte, probablement sous l'influence de Geoffroy de vSaint-Hilaire, avait déjà entre^'u
ce ccité de la question. Dans la description de Thèbes% il dit en eff"(}t avec une clairvoyance l)ien
digne d'être rappelée ici : <( Ces diverses momies et ces d(d)ris d'animaux serviront aux natura-
listes à reconnaitre les espèces (pu liabitaient en Égyjite à une ('qioque reculée. Il n'existe
aucun autre moyen pour constater sûrement la différence ou l'identité des individus actuels
avec les anciens, et pour prononcer sur une grave question, savoir : l'invariabilité que conser-
vent les formes spécifiques et essentielles des animaux à travers la durée des siècles. »
En eflfet, nous savons aujourd'hui, depuis les magnifiques recherches de Darwin, ([ue les
êtres vivants doivent tous se transformer dans leur moi'phologie et leur structure intime. lors(pie
les conditions climat(''riques, au milieu desquelles ils vivent, se modifient dans la sidte des
siècles; ou bien, si la lutte pour l'existence leur impose certaines conditions anatomiques ou
physiologiques favorables pour lalutte ou la défense. Les éléphants de la Sibérie se sont couverts
d'une laine protectrice contre le froid, longue de près de cin(juante centimètres, tandis que leurs
congénères qid vivent dans les régions tropicaies ont revêtu une peau à peu pr(''s nue. parsemée
de poils très espacés, ne pouvant être d'aucune utilité pour résister à l'abaissement de la
teuqx'rature. Les Insectes, les Arachnides, les Crustacés habitant les grottes privées de lumière
ainsi (jue les catacombes de Pai'is ont perdu leurs organes de la vision, devenus absolument
inutiles, dans un milieu obsciu". Les animaux qui vivent dans les régions déserti(pies ont tous
' Jomard, Description de l'Egyple, t. III, p. 95.
INTRODUCTION m
une coloration jaunâtre qui 1(mu- pcn-nict d'échapper aux regards de leurs ennemis, et aussi de
surprendre plus facilement, et sans être vus, des espèces dont ils font leur nourriture. L'adap-
tation des êtres vivants aux milieux est une règle générale qui no souffre point d'exception.
L'animal, ainsi que la plante, dans certaines conditions, doit se transformer ou mourir.
Mais il n'en est pas moins intéressant de constater que la morphologie des vertébrés est
restée la même depuis des milliers d'années, dans une région dont la climatologie parait n'avoir
sulii aucun changement. L'Egypte, à ce point de vue. nous fournira les documents les plus
positifs, puisque beaucoup d'entre eux peuvent être datés avec une très grande approxi-
mation, grâce aux inscriptions lapidaires si nombreuses sur tous les monuments.
A une époque très reculée, entre les périodes Jurassique et Crétacée, les eaux d'une grandi'
partie de l'Afrique centrale, au lieu de s'écouler dans le vaste estuaire qui foi-mait jadis h
bassin inférieur du Congo, se sont dirigées vers la Méditerranée, drainées par Ffinoi-me cassure
de la couche terrestre, qui donna naissance aux vallées du Jourdain, du lac de 'rihi''riade, de la
mer )iroi-te et du Nil.
Depuis cette grande convulsion du globe jusqu'à nos joui's, les conditions climatériques
du ])ays ne paraissent pas avoir changé, la vie intime du peuple égyptien, inscrite en images
si précises sur les monuments et les tombes, depuis l'ancien Empire jusqu'à l'époque romaine,
en est une preuve irréfutable.
Il était donc intéressant de rechercher si, pendant les sept mille ans que date avec plus ou
moins de probabilité, pour ne pas dire certitude, l'histoire égyptienne, les animaux vertébrés,
jadis momifiés par les anciens lialjitants présentaient des différences morphologiques avec
leurs congénères qui se trouvent encore actuellement dans la contrée.
Depuis plus de vingt ans, à la suite de nombreux voyages ou scjours en Egypte, j'avais
fait toutes les démarches possibles, officieuses ou officielles, auprès de tous les ministres compé-
tents d'Egypte, de France et d'Angleterre, afin d'obtenir ces précieux éléments d'études dont
j'avais compr-is la grande valeur. Mais toutes ces demandes ont été vaines ; je n'obtenais que de
bonnes paroles, et rien de plus. Un préférait laisser détruire ces momies, les laisser transformer
en engrais par cei'tains industriels, plutôt que de prendre la peine de les faire rechercher afin
d'en permettre une étude sérieuse. Ce n'est que grâce à "SI. Maspero, depuis sa nomination si
niérit(''e au poste important de directeur général du service des antiipiités en Egypte, que j'ai
pu enfin obtenir ce que je désirais depuis tant d'années. Dans difierentes localités, les galeries
et les puits ont pu être rouverts aux frais du Muséum de Lyon ; le sable en a été retiré, et un
nombre considérable de momies d'animaux nous ont été expédiées. Beaucoup des squelettes
(jni ont étii extraits ont pu être aussi bien montés que s'ils provenaient d'espèces vivant actuel-
lement. Ces belles pièces, uniques jusqu'à ce joui-, seront prochainement renvoyées au Caire où
]\[. JNIaspero di''sire leur donnei' asile dans ime salle du nouveau Musée Egyptien. Là, elles
sei'ont mises sous les yeux du puljlic et pourront être étudiées par les naturalistes et les égyp-
tologues que ces recherches intéressent. C'est donc à notre éminent et savant compatriote que
la science sera redevable de la conservation de ces documents si intéressants et si précieux à
différents points de vue.
Les niammifères sont en petit nombre, la contrée n'en ayant jamais nourri beaucoup, ni
ilans ranti([uiti'' ni dans les temps modernes.
IV INTUODT'CTION
Les chiens, comme ceux de l'l\i;'vpte actuelle et de la plui)ai-t d(^s pays d'Europe, nous
présentent des types absolument diti'éreiits les uns des autr(>s, depuis le ehi(>n fauve des bazars
d'Orient, qu'on renconti-e partout, jusipi'au singulier lévrier dont la (pieue en trompette décrit
une circonférence et d(^mie sur elle-même, cet animal est fréqu(>mment représ(mté en peinturt;
et en sculpture: je l'ai l'ctrouvi' encore vivant dans les ruelles de Louxor. mais je n'ai malheu-
reusement pas pu m'en emiiarer.
Les squelettes de bœufs, qui ont été exhumés en très grand nombi'e des nécropoles
de Sakkara et d'Ahousir, et dont j'ai pu aussi retrouver quelques restes dans certains hypogées
de Goumah, appartiennent tous à une même espèce que nous réunissons au Bosafricanvs qui se
trouve encore aujourd'hui pai' milliards dans l'Afrique centrale. C'est évidemment cette race qui
fournissait aux prêtres les animaux vénérés dans les temples sous les noms d'.l^;« et A-^Mneris.
La gazelle, le bubale, ainsi que le mouflon à manchettes présentent la similitude de
foi'mes la plus complète avec les mêmes espèces contemporaines. Des milliers de ces animaux,
enduits de Intume ou trempés dans des solutions saturées de natron, ont été entourés de ban-
delettes pour être entassés dans certaines galeries annexées aux temples. L'examen de la
dentition prouve, avec la dernière évidence, (pie la plupart de ces animaux. ])rimitivement sau-
vages, vivaient apprivoisés dans les enclos sacrés. Quelques auteurs pensent que la gazelle
était le symbole de l'impureté. î^i cela était vrai, je ne vois pas pour quelle raison les
Egyptiens en ont élevé une si gi-ande quantité pour en remplir- après leur mort les galeries
souterraines de certains temples.
Les anciens Egyptiens élevaient deux chats, le chat domesti([ue. tout à fait sembla])le au
nôtre, mais surtout la grande espèce appelée F^'liy. inauicvhitu par les zoologistes, et ([ui vit
encore à l'état sauvage dans les forêts de Fayoum. sur les rivages de la mer Rouge, ainsi
qu'en Tunisie et en Tripolitaine. Cet animal, de forte taille, très haut sur jambes, présente un
front bombé tout à fait caractéristique. Il était évidemment nouri'i par milliards dans les villes
et les campagnes, non seulement pour faire la chasse aux rats, mais surtout en l'honneur
lie la déesse Bast dont il était la riqirésentatiim vivante. Les momies, toujours soigneusement
entourées de bandelettes élégamment entre-croisées, remplissent en ({uantités prodigieuses
d'énormes galeries. Beaucoup de ces souterrains en contiennent des masses si considérables,
à Sakkara, par (\xemple, que pendant plusieurs années elles l'urent exploitées pour en faire de
l'engrais. Ces momies renferment des individus de tous les âges: des myriades de fœtus sont
aussi attachés en paquets, emmaillotés de l)andi'lettes et placi's les uns à côté des autres. De
petits nouveau-nés remplissent (piehpiefois la cavité al ulominale de grandes chattes admirable-
ment sculpté(>s dans un morceau de bois, ou bien reposent dans de minuscules sarcophages, à
couvercles cintrés, très grossièrement travaillés et qui semblent avoir ét('' consti'uits par des
mains d'enfants. Cebeaui^t'fe manicidata n'est actuellement domesticpié nulle part en Afrique.
Des musaraignes de différentes espèces et qu'on i-etrouve vivantes dans le pays sont quel-
ipiefois mouiitiées isolément, surtout à Thèbes. Pelles sont alors, après avoir été tremjtées dans
le bitume, entourées de tines bandelettes et dorées avec soin, enfermées dans de petits sarco-
phages creusés dans une pièce de bois de sycomore. La fermeture latérale est obtenue jiar ime
planchette qui gliss(> dans des rainures. La face supérieure de cette boite porte toujours ime
musaraigne de grandeur naturelle, admirablement sculptée, non rapportée, mais enlevée en
plein bois et dorée avec soin. Quelquefois, ces sarcophages sont en bronze ainsi (pie la
s
INTRODUCTION V
musai'aij^nc dorôo que siippoi'h^ le petit monument de métal toiijoiii's coiisli-iiit avec beaucoup
de i;oùt. Dans certaines circonstances, ces insectivores ne sont pas momifiés isol(''ment, mai
conservés au milieu des masses liitumineuses qui renferment les oiseaux de ])roie.
Les oiseaux rapaces se trouvent momiiiés en quantités innombrables, tantôt séparément,
tantôt par masse de vingt à quarante individus de toutes espèces. Ils sont alors entassés les uns
contre les autres, solidement eolh'spai- une sauce bitumineuse appliquée à chaud, et disposés en
énormes fuseaux longs d'un mètre et demi environ. Les plumes, (pioiipic tach(''es par le bitume,
sont ordinairement très bien conservées. La jjlupart des squelettes de ces animaux, montés avec
le plus grand soin, ont pu être comparés à ceux des espèces congénères de l'époque actuelle. Le
résultat de cette confrontation a ét('' absolument négatif au point de vue d'un chan^'ement moi'pho-
logique dans le système osseux. Ces espèces ressemblent entièi-ement à celles (pii sont encore
vivantes et (pii à certaines épo(pies apparaissent en iirand n(»inl)re dans les plaiu<'s et les rochers.
On peut se demander itai" ([uels procédés les Egyptiens pouvaient s(^ })rocurer tant
d'oiseaux rapaces diurnes et nocturnes, dont les différentes espèces, toujours extrêmement
sauvages, se laissent si difficilement approcher. Quelques-uns devaient êti-e tués avec de courts
bâtons courbes, lancés avec force, sorte de boomerang presque semblable à celui des Aus-
traliens ; des blessures profondes ainsi que des fractures en ibnt foi. D'au très étaient pris proba-
blement avec des filets ou des pièges très ingénieux ipii ont été souvent li,L;ui-(''s dans les tombes.
Les Ibis, momifiés en nombre immense dans presque toute l'Egypte, sont entourés de
fines bandelettes formant des losanges plus ou moins foncés, disposés avec une grande élégance.
Dans d'autres localités, le corps de ces oiseaux, simplement ti'cmpé dans une solution concentrée
de natron, entouré de toiles, a été enfermé dans de gi'andes jarres en terre rougeàtre, grossiè-
rement tournées et fermées j)ar une couclie de plâtre très habilement appliquée sur l'ouverture.
Dans certaines galeries, à Sakkara, pai- exemple, ces pots plac('>s les uns sur les autres, et
forniant de nomljreuses couches superposées, remplissent par milliers de h)ngu(>s galeries.
Quelques-uns de ces vases renfei-ment des œufs d'Ibis bien conserv(''s.
L'examen attentif d'un très grand nombre de pic'ces nous a claii'ement fait voir que Tlbis
actuel, (pii ne se trouve plus que sur le Nil Bleu du côté del'Abyssinie, et sur le Nil Blanc dans
la région de Fachoda, a les tai-si^s bien moins longs que l'Ibis de l'anticpiifi'. ( )n peut croii-e que
cette modification anatomique importante est due à des conditions d'existence difiéi'entes. Ancien-
nement cet oiseau devait pêcher sa nourriture dans des marécages noml)reux, étendus et pro-
fonds, au milieu des lotus et des papyrus. Depuis que la plupart de ces marais ont disparu,
l'oiseau sacré doit se contenter de chercher, presque à sec, sa pâture dans les vases di''posées
sur les rivages du Nil. De cette circonstance provient peut-être le raccourcissement des tarses,
d(.! très longues jambes étant devenues absolument inutiles.
Les anciens Egyptiens semblent avoii- eu la plus gi'ande vénération pour un superbe
poisson delà famille des Percoïdes, le Ddcs inlollrus qui habite encore en quantités innom-
brables les eaux du Nil dans la Haute-Egypte. Certaines villes, enti'e autre Esné, vouaient un
culte sp(''cial à cette espèce; non seulement les liabitants honoraient le poisson vivant, mais
encore j)ar d'ingénieux procédés de momification, ils s'efforçaient de le pr(''sèrver de (oufe
destruction. Et cependant, pai' une contradiction singulière, cet aniin;d passai! dans cei'taines
localités poiu' un aliment impur dont Tusai^c était interdit aux prêtres, probalilement parce
que ces animaux étaient accusés d'avoii- di''Vor('' cei'taines parties du corps d'( )sii-is.
VI INTRODUCTION
Ainsi ivdiiits à l'otat de momie, entourés scii^neusement de bandelettes de lin, trem])ées
dans une solution concentrée de nati'on, ils présentent toutes les grandeurs, depuis (piel([ues
centimèti'os jusqu'à l'"50 de longueur. On trouve aussi, enterrées dans le sable, à côté
des poissons adultes, des splières de la grosseur de deux poings, formées de tiges de
pap.vrns entrelacées avec des bandelettes. Elles renferment cbacune plusieurs centaines d'ale-
vins de Laies, dont ])eaucoup, longs d(^ qu(dques millimètres, viennent à jicinc de sortir de
l'œuf.
CÀ'S poissons, qui sont ainsi admiraldement conservés et dont la chair renferme encore
une certaine quantiti'' de matièi'e nuti'itivc. ne présentent aucune différence avec les Laies
actuellement pècli(''s dans le >sil. en très grandes quantités, surtout au milieu des rochers de la
première et de la seconde cataracte.
Le Crocodile, d'après les égyptologues. était consacré au dieu Sebek. Les anciens Egyp-
tiens lei-etloutaient beaucoup et le conjuraient à l'aide de foi'mules magiques. Ce Saurien toujours
aflamé et qui devait dévorer un grand nombre de femmes et d'enfants, habitait par milliai^ds
les eaux du Nil jusqu'à l'extrémité nord du Delta. Sa térocité n'empochait pas les Egyptiens de
le momifier on très grande (piantité, mais on ne sait encore dans quel but. Ses dépouilles rem-
plissent d'immenses galeries, quelquefois des grottes naturelles comme à Màabdé, près de
Monfalout, où une caverne qui s'enfonce profondément dans la montagne en r(>nfermo proba-
blement des centaines de mille mêlées à des momies humaines. A côté de ces grands et gros
animaux, on trouve des quantités de paquets, maintenus par des roseaux, renfermant vingt-cinq
petits crocodiles collés ensemble par le ])itume. souvent placés sur de petites corbtMlles d'écorces
avec des oeufs du saurien dans l'intérieur desquels on trouve encore (pielquefois les embryons
bien conservés. Ces animaux, malgré leur haute antiquité, ne nous présentent aucune différence
avec ceux qui vivent encore au milieu des rapides de la seconde cataracte ainsi que dans toutes
les régions du haut Nil. Le régime et la température des eaux du fleuve n'ayant proliablement
jamais varii', le type du saurien est resté absolument le même.
Je ne voudrais pas tirer de ces recherches qui sont à peine (''liaucliées une conclusion trop
hâtive, cependant je crois qu'il est permis d'affirmer qu'une période de soixante à soixante-
dix siècles est tout à fait insuffisante pour modifier la morphologie des animaux vertébrés,
surtout si, comme en Egypte, les conditions biologiques n'ont pas subi des changements assez
considérables poui- amener une perturbation dans la loi si puissante (pii n'git riu'rédité des
formes et des caractères.
Les anciens Egyptiens momifiaient non seulement certaines espèces animales directement
consacrées aux divinités, mais encore tous les animaux qui vivaient autour d'eux. .J'ai la
conviction que, lorsque les archéologues dirigeront leurs recherches dans ce sens, on retrouvera
à l'état de momies toutes les espèces vivant encoi-e actuellement en Egypte.
(Je qu'on a di'ipensc'' di' linge di^ lin pour entourer les momies humaines ainsi (pie celles des
animaux (pii pendant tant de milliers d'années ont été cachées sous les sables du désort ou dans
les galeries dos nécropoles est quelque chose de vraiment prodigieux ! Pour lialMller une seuL^
momie humaine, il faut au moins, d'après mes mesm'es, 70 mètres d'une toile large de
40 centimètres. Pour les momies des bœufs, par exemiile. dont nous parlerons plus loin, on
employait au moins 200 mètres d'une toile de la même largeur ! Les tisserands devaient êti-e
INTRODUCTION vu
«n'idemment très nombreux dans l'ancienne Egypte, et leni's métiers si simples et si ingénieu-
sement construits ne devaient pas chômer souvent.
On doit se demandei" dans (picl but ce peuple très intelligent s'est livré' à une jiratique
si extraordinaire ; quelles sont les idées pliilosophiques ou religieuses (jid lui ont l'ait trouver les
moyens les plus ingénieux et les plus scientifiques poui- empêcher la disparition des cadavres
des hommes et des animaux due au travail des microbes de la putréfaction. Les inscriptions
murales, comme les papyrus, sont muets sur ce point et ne peuvent en rien éclairer ce problème
(lif'tieile à r(''soudre. Il nous est malheureusement très difficile, pour ne pas dire impossible, au
xx' siècle, de pénétrer dans les idées ou la foi religieuse des hommes qui vivaient il y a sept ou
huit milli' ans, qui se trou^■aient dans des conditions biologiques absolument ditiérentes de
celles qui nous impressionnent actuellement, et chez lesquels la vitalités des croyances premières
devaient se transmettre avec une énergie toute spéciale. « Nous no pouvons admettre, comme
le fait remarquer ]\I. PierretS que ce peuple, dont les anciens sont unanimes à vanter la
sagesse, ait adoré les animaux. » Aucun texte, aucune inscription ne i)('ut nous faire croire
à une pratique absurde poui' des hommes si ])i('n doués.
Quelques savants pensent que les Egyptiens, n'étant pas capables de différencier pai'
l'expression du visage humain les membres de leur panthéon, ont placé sur les statues de leurs
dieux des têtes d'animaux ahn de mieux les distinguer les uns des autres. Ces animaux seraient
ainsi devenus sacrés et auraient été l'objet d'un culte superstitieux, exploité plus tard par la
classe des prêtres. Il n'est vraiment pas possible d'accepter cette explication. Les Egyptiens,
de tout temps, ont été d'habiles sculpteurs, des artistes de premier ordre, la statuette du
Scribe du Louvre, celle de Clieik el iîeled du Caire, ainsi que les admirables bas-reliefs de la
tombe de Ti et ceux du temple de jN'efertari à Abou-Simbel ne permettent pas de croire que
c'est par impuissance à ditiérencier les traits des visages des dieux que les Egyptiens ont
afi'ublé ces derniei's de tètes d'animaux. Je crois que c'est bien pluti.U, le privilège attribué aux
dieux de pouvoir l'evêtir telle ou telle forme animale, qui les a fait représenter avec ces
masques bizarres, à peu près toujours les mêmes, mais pouvant cependant changer suivant les
localités ou les époques de la vie du peujih».
Les dieux comme les homnies pouvaient s'incarner dans certains êtres ; cela résulte
al)s()lument du dogme de la métempsycose auquel on a paru attacher trop peu d'importance.
Les Egyptiens, en effet, croyaient à la transmigration de l'àme humaini' dans le corps des
animaux. Certains chapitres du Litrr des Morts sont consacrés à la transformation de l'homme
en l']pervier, A'anneau. Hirondelle. Sei'pent, Crocodile. Lotus, etc. Les {'\ni< avaient la faculté
de prendre toutes les formes ipi'ils dé'siraient et de revenir sur la tei-r-e. Ce que rajiporte
Hérodote est très explicite à cet égard : a Les Egyptiens, dit-il. sont les premiers {[ui aient
parlé de cette doctrine selon laquelle l'àme humaine est immortelle et. après la destruction du
corps, entre toujours en un autre être naissant. Lorsque, elle a parcouru tous les aniniaux
delatei-re. de la mer et tous les oiseaux, elle rentre dans un corps luunain; le circuit comi)let
dure triiis uiille ans'", w
' Pierrel, Diclionnaire d'archéologie égyptienne, p. 43.
- Hérodote, IF, § 123.
vin INTRODUCTION
J/aflirmaLiou roi-inclle d'ilorodote no poiit laisser aucun iUjuIu ii l'ùyai'd de la croyance
li'énérale des Egyptiens à la métempsycose. Cet historien est trop exact pour ne pas rapporter
lidèlcuient ce que les prêtres lui ont ensei,i;né à JMemphis ou a Tlièbes.
Le corps du riche, après avoir été niouufié suivant les indications du chacal Auuliis,
l'inventeui" des pratiques de l'em])auniement, était placé très profondément sous terre, dans une
c]iam])ro func^'aire admiral)lement cachée, à l'abri des atteintes de l'air et des tentatives sacri-
lèges des violateurs de sépultures. L'àme du mort n'était pas tourmentée pai' la crainte de voir
le corps tomber en poussions sous l'influence des agents de destruction. Elle restait dans la
tombe, tout près de la momie, (pie ne pouvait plus faire disparaitre la putréfaction. Comme
le dit M. Maspero : (( L'àme vivait à côté d'elle comme dans une maison ('■tei-nellc qu'elle possé-
dait sur les contins du mond(} invisil)le et du monde réel. »
Mais, par contre?, que devenaient les âmes des pauvres hères, dont les momies grossiè-
rement protégées par des enveloppes Intumineuses étaient entassées les unes sur les autres,
avec celles des crocodiles ou des l^eufs. dans des grottes ou des galeries profondes? Il est bien
probable que ces âmes, ainsi que celles des noyés, par exempli'. privées de sépulture, passaient,
comme le dit Hérodote, dans un animal quelconque, et successivement, pendant un cycle de
ti'ois mille ans, habitaient les corps de certaines espèces vivant sur la terre, dans les eaux ou
dans les airs. Cette croyance explique aussi parfaitement l'embaumement des sphères creuses
remplies déjeunes alevins du poisson Laies. Hérodote, en effet, dit : « L'àme entre dans un
être naissant. » Ces petits poissons, dont beaucoup viennent à i>eiuc de sortir de l'u'ul'. devaient
donc être banté-s par des âmes humaines. De là cette momification tout à fait extraordinaire de
ces êtres à peine nés. Les Egyptiens ne devaient donc pas laisser disparaiti'e pai' la putréfaction
les corps de ces animaux lialiités par les âmes de leurs ]iarents. de leurs amis, de leurs
concitoyens.
C'est la i-aison. croyons-nous, pour hupielle ils embaumaient, par différents procédés,
tous les animaux (pii vivaient autour d'eux, excepté ceux destinés à l'alimentation, les oies,
les canai'ds. la plupart des poissons du Nil, par exemple, ou ceux (jui leur servaient de bêtes
de somme comme les ânes, les chevaux et les chameaux.
Les découvertes futures pourront peut-être mieux nous fah-e comprendre les idées qui
poussaient les Egyptiens à se livrer à cette singulière pratique de l'emliaumementdes animaux.
Le ti'avail (pie nous V(mons de faire n'est ni (pudipie sorte (pie le di'hut de recherches de
longue haleine (pii de\-ront s(^ poursuivre en Haute-Egypte, à Al)y(los, à Behnesa, l'antique
Oxyrrhynchos, et à ïhèl)es surtout, où les catacomlies doivent renfermer des richesses
absolument inconnues etpai'mi lesquelles se trouveront certainement plusieurs espèces animales
momifiées (pie nous n'avons pas rencontré dans les nécropoles de la lîasse-Egypte, de
Sakkara, d'Abousir et d'Esné.
Nous espérons pouvoir entreprendre prochainement de nouvelL^s fouilles, grâce à l'amicale
])ienveillance d(^ M. Maspero qui a liien voulu depuis deux ans seconder nos efforts, nous aider
de sa grande expérience, et aplanir, pour nous, tous les obstacles qui pouvaient entraver nos
travaux.
1,0 R TET.
MAMMIFÈRES
CHIENS ET CHACALS
Les momies de cliiens sont en grand(i partie de Rùda (Haute-Egypte), deux seulement
viennent de Thèlies et ([uclrpies-unes d'Abvdos. Celles de cette dernière
localité ne se composent que de restes mal conservés : crânes et os de k;^
membres, parmi lesquels il n'a pas été possi])le de trouver un seul
squelette entier. Par contre, les animaux de Rôda et de Thèbes ont
permis de reconstituer et de monter les squelettes de treize individus.
Les chacals ne sont l'cprésentés à Lyon que par- deux nuimies :
l'une, reçue d'Egypte il y a plus de trente ans. ne porte aucune
indication d'oi-igine précise ni d'ancienneté. L'autre est do Rôda;
elle avait le même aspect que les momies de chiens do cette région,
et appartient sans doute à la même époque.
Les chiens de Tlièbes ont été achetés à Louqsor. Cleux d'Abydos
proviennent des fouilles de ^l. E. Chantre. On ne sait à quel âge ils
se rapportent. Les momies de R(")da sont d'une époque incertaine;
quelques-unes (hitent de hi période romaine, d'autres sont plus
anciennes, mais nulle ne pai-ait, selon 'SI. Maspero, ant(''rieui'e à
l'époque saïte.
A Rôda ainsi qu'à A])y(los ces animaux ont ('té momiliés d'une
façon très sommaire. Ils ont simplement subi une macéi-ation plus
ou moins prolongée dans un l)ain de natron, après (pioi les corps se
sont desséchés lentement, entouré's d'une toile grossière.
On ne trouve sur ces animaux aucune trace de ])itume. Lorsqu'ils
sont dél)arrassés de leur enveloppe, ils apparaissent les membres
antérieiu's étendus le long de la poitrine, les pattes de derrière
repliées, la queue ramenée entre celles-ci (fig. 1). Le plus snuvent,
la tête est plac(''e dans une direction perpendiculaire h la longiieui- (bi
thorax.
Fig. 1.
Chien momifié
DE Rôda. (1/4 Gr. nat.)
A Thèbes. quelques chi(^ns. sinon tous.
Arch. Mes. — T. VUl.
ont été momifi(''s avec de 1res grands soins, comme
• I
FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
le monlivul les deux spécimens examinés à Lyon. Le coi'ps. disposé de l;i même façon (prà
Rôda, était d'abord entoun'' de plusieurs épaisseui's de toile, puis, par-dessus, on entre-
croisait à auLile droit d'étroites et nombreuses bandelettes
faites d'étoffes de trois tons différents, brun, jaune clair et
jaune foncé, formant sur toute la surface de la momi". jus-
(pi'à la base du cou, des rectangles réguliers (fig. 2). Un recou-
vrait la tête d'un stuc noirâtre sur lequel les yeux ('taient
dessinés. Enfin, les oreilles dressi'es. couvertes aussi de toile
et de stuc, ('taient figurées par deux pièces de bois appliquées
à droite et à gauche de la tête.
Les chiens momifiés avec ce luxe d'ornementation étaient
probablement ceux qui vivaient dans les familles ou servaient
à la chasse, tandis que les chiens errants, nombreux autrefois
en Egypte, devaient être préparés suivant le procédé très
expéditit indiqué plus haut pour les spécimens de Rôda et
d'Aliydos.
Devant les étonnantes accumulations de chiens de cer-
tains hypogées, on se demande où et comment les haljitants
pouvaient se procurer tous ces animaux. .Selon quelques égyp-
tologues, d'après lesipiels la momification était pratiquée
surtout pour des raisons de salultrité, les momies de chiens
auraient été laites d'individus trouvés morts dans les villes
ou les environs. Cette explication ne parait pas admissible,
car les squelettes examinés ne sont pas ceux d'individus
malades on âgés, mais l)ien d'animaux robustes et adultes
pour la plupart. Ces chiens ont donc probablement été tués,
I-U?^|i4uii1^fflkâllF^&'' l^ffll cependant ils ne partent aucune trace de blessures. Cn est
■ • 'l'f^ ■*' " ^' oldigé d'admettre, semble-t-il. que ces animaux ont été
étranglés ou empoisonnés; à moins qu'on "ne les eût introduits
dans des sacs chargés de pierres et simplement noyés dans les.
i-r'sei'voirs à natron.
Le chien jouissait d'une grande vénération en maint
endroit de l'Egyq^te. Pendant \o nouvel Empire, les honneurs
divins lui étaient rendus dans certaines villes, en particulier
à Cynopolis*, actuellement El-Kaïs, près de Samaloud. Cet
animal était consacré, avec le chacal et le loup, à Anubis, qui
avait des temples dans diverses localités, entre auti-es à
Lycopolis". Anu])is servait de guide aux âmes des morts.
Il veillait sur les dieux, dit Plutarque, comme les chiens vedlent sur les hommes. Anubis le
chacal était aussi le maître de l'ensevelissement. « Il passait, d'après M. jNIaspero^. pour avoir
S^
%»
Fig. 2.
— Momie de chien de Thèses.
(l/4GiMiat.)
' AVilkinson, Tlie ancicnt Egypiians, vol. IIF, p. 273.
- ^Vilkinson, loc. cil., vol III, p. 258.
^ Maspero, Histoire ancienne des peuples de l'Orient. Egypte et Chaldêe. p. 112, 1895.
CIIIKXS KT CHACALS 3
di'îconvcn't les pi'octkb'^s artificiels qui assiii'cnt à volont/' l'incorruptibilili'' tic la lai'vc humaine,
sans la([ucllc la persistance de l'àme n'est qu'une ai^onie pi'oloni;'(''e inutilement. Cette divinité
avait purgé le cadavre des viscères tiont la corruption est la plus rapide, l'avait saturé de sels
et d'aromates, protégé d'alwrd dans une peau de ])êt(^% puis pai' unt^ couche épaisse d'étofïes,
et son ai't transmis aux embaumeurs, changea en momies tout ce qui avait eu vie et qu'on
désirait conserver. »
Le chacal commt^ le chien ('tait l'emldème de la vigilance. Elzéar Blaze a expliqué la
raison de la prédilection des Egyptitms pour le chien. Les habitants de la vall(''e du Nil voyant
api)araitre une étoile à l'horizon, à l'époque précise où commençait le (lél)ordement du fleuve,
lui donnèrent le nom de Siriits. qui signilie Yaboi/eur, parce qu'elle paraissait se montrer avec
l'intention d'avertir le cultivateur de l'inondation.
Les deux chacals moinili(''s se i'ai)p(irtent à Can/'s aitreiis, l'espèce comniune du nord de
l'Afrique. ¥a\ ce qui concerne les chiens, nous avons reconnu trois formes assez distinctes
entre elles ; elles appartiennent toutes trois cependant à la race des chiens parias de
de M. Studer ^ qui comprend tous les chiens des régions méridionales : l'Afrique, l'Australie,
les iles de la Sonde, le sud de l'Asie et la Turquie, c'est-à-dire le Dingo, le chien de Tengger,
les chiens errants, les lévriers et les dogues du Thiljet.
Les chiens parias typiques sont des animaux de grosseur moyenne, à poil court, d'une
conformation assez dégagée, bien (jue tivs robuste. La tète est allongée, volumineuse relative-
ment à la grandeur du corps. Les oreilles sont droites et pointues ou à demi tombantes.
Parmi les chiens de l'Egypte ancienne nous avons distingué, d'après les caractères du squelette
et du crâne, les trois formes suivantes.
1'' L'une de taille moyenne, à grosse tète, est voisine du chien paria typitpie. C'est le
vhien en'ant proprement dit de l'Egypte. Son crâne est caract('i"isé par un angle oi'bitah'e
très faible qui rapproche cette terme des chacals et des loups.
2" La seconde difïère de la précédente par une taille un peu plus élevée et surtout pai" un
angle orbitairo plus grand. L'enseml)le de son sipielette rappelle le chien errant de Constan-
tinople. Nous la désignerons par le nom de chien cçiyptien.
•3° La troisième forme est un lévrier de forte taille, haut sur pattes, à crâne allongé. Le
squelette est remarquable par le grand développement des fémurs. Ca' chien correspond au
lècrici- (Je l'ancienne Ef/i/pte dont l'image est reproduite sur plusieurs monuments. Il a encore
des représentants dans l'Egypte actuelle. L'un de nous en a vu, pendant un de ses récents
voyages, quelques spécimens traversant les rues de Louqsor.
Ces trois variétés ne sont pas jiures. De nombreux mélanges ont dû se produire entre
elles. (Jn l'emarque en eflet dans 1er; deux premières, (pu sont représentées chacune par plu-
sieui's individus, quelques spécimens dont les caractères morphologiques send)lent pai'ticiper
à ceux de l'une ou des deux autres.
Nous examinerons successivement ces trois formes. L'étude portera presque tout
entière sur le crâne et le squelette que nous comparerons à divers crânes de Canid('>s et notam-
' Lefebure, Sur l'ensevelissement dans une peau de bête et les rites cjui en dérivent (Eludes sur Ahydos, Pro -
ceedings, p. 433-435, t. XV, 1S92-1893).
- Studer, Die pr;ehistorischen Hunde in ilirer Beziehung zu den gegenwiirti;;' lebenden Rassen (Abliandl. der
Schxoeiz. paUionl. Ges., p. 25, 1901).
4 FAIXE DE L'ANCIENNE EGYPTE
ment à deux squelettes complets de la race actuelle de chiens parias de Constantinople. Pour
ces recherches anatomiques, nous suivrons la méthode employée par M. Studor dans son étude
sur « les chiens préhistoriques et leurs rapports avec les races de chiens actuelles », afin de
pouvoir rapprocher les nombreux documents de ce naturaliste de ceux qui ont été rassemblés
à Lvon par M. Lortet.
Les diverses mensurations indiquées dans l'étude ostéopraphiquc des chiens, dos chacals
et des chats, ont été relevées de la manière suivante :
Longueur basilaire de la tète osseuse. — Du bord inf(''rieur du trou occipital au ])ord
alvéolaire des incisives médianes.
Longueur basilaire du crâne. — Du trou occipital à la suture sphénoïde. (Suture entre
le basi et le présphénoïde.)
Longueur basilaire de la face. — De la suture du sphi'noïdc au bord alvéolaire des
incisives.
Longueur des os du nez. — Plus tirande longueur.
Largeur des os du ne:. — Plus grande hu'geur.
Longueur de la voûte palatine. — De l'échancrure postérieuiv au l)or-d alvéolaire dos
incisives.
Largeur de la voûte palatine. — Entre la cai'nassière et la première tuberculeuse (entre
P*etM').
Diain'etrc bi-ternporal. — Diamètre maximum.
Bia^nètre bi-auricidaire. — Sur les orifices auriculaires.
Diamètre bi-orbUaire. — Sur les apophyses post-orbitaires.
Diamètre bi-:-ggomatique maximum.
Diamètre interorbifaire minimwn.
Longueur du crâne. — Du bord supinneur du trou occipital à la suture fronto-
nasale.
Longeur de la face. — De la suture ti'onto-nasale aux alv('oles des incisives.
Hauteur du o-àne. — Du basispliéuoïde à la partie supérieur!' du crâne, sui' la crête
sagittale.
Longueur totale des molaires supérieures. — De la première [irémolaire au l)oi'd posté-
lieur de la deuxième tuberculeuse.
Longueur des deux tuberculeuses. — Mesurée sui- la muraille externe.
Longueur de la carnassière. — Longueur antéro-postéi-iciu-c extei'ne.
Largeur de la carnassière. — Lai'geur transverse.
Angle orbitaire. — C'est le supplément de l'angle formé pai" deux lignes situées dans
un plan perpendiculaire à l'axe du crâne et tangentes, l'une à l'arcade zygomatique et à
l'apophyse postorbitaire, l'autre aux deux bosses frontales.
Les longueurs des os des membres ont été prises d'une articulation à l'autre, du côté
externe. Celle du fémur n'a pas été relevée oliliipiemenl. mais jjrojetée suivant une ligne
parallèle à l'axe de l'os.
La longueur du corps est mesurée de la première apophyse épineuse dorsale à r(-xtn'raité
postérieure des ischions. Toutes ces dimensions sont exprimées en millimètres.
CHIENS ET CHACALS
CANIS FAMILIARIS, L. (Chien errant d'Egypte)
(Fig. 3 à 6)
Cette variété de chiens parias est la plus communément momifiée à Rôda. Sur douze
squelettes qui ont pu être montés, sept se l'apportent à cette forme ainsi que plusieurs crânes
et os séparés provenant de la même localité.
Le chien errant d'Egypte est un type de taille plus fai])le que celui de Gonstantinople.
Sa tête est longue, forte par rapport au corps qui est assez robuste. Les oreilles sont droites et
pointues, plutôt courtes. Queue longue et touffue, pendante. Cinq doigts devant, quatre derrière.
Son poil est le plus souvent coiu't et roide, hérissé, roux plus ou moins foncé, tirant parfois sur
le jaune clair. Quelques rares individus sont noirs.
Ces animaux qui devaient être très communs pendant les temps pharaoniques, si l'on en
juge d'après les amoncellements qu'on trouve dans les hypogées, étaient encore assez répandus
dans la vallée du Nil il y a quel([ues ann(''es. Actuellement, on ne les aperçoit plus qu'en petit
nombre vivant comme toujours à demi sauvages aux environs des villages et des villes. La
nuit venue, ils parcourent les rues, se nourrissant de petits animaux et des corps morts alian-
donnés sur le sol.
La plupart des villes de la I5asse et de la Haute-Egypte sont entourées de ruines ou de
grandes accumulations de décombres anciens et récents. C'est au milieu de ces amas de
débris que les chiens errants se retirent. lîrehm. qui les a longtemps observés en Egypte
même, retrace ainsi leurs caractères et leurs moeurs'. « Ils vivent complètement indépen-
dants dans les ruines, y dorm(Mit la plus grande partie du jour, et rôdent pendant la nuit.
Chacun a ses trous, creusés avec beuucoiq) de soins, et chaque chien a deux de ces trous, l'un
à l'est, l'autre à l'ouest. La montagne est-elle orientéç de telle sorte que les deux trous soient
exposés au vent du nord, le chien s'en creuse un troisième sur le versant oppos(''. mais il ne
l'habite que lorsque le vent trop li-oid lui rend incommode le séjour dans l'un des deux autres.
Le matin, jusqu'à dix heures, on le trouve dans le trou placi^- sur le versant oriental : il attend
là que les premiers rayons du soleil viennent le réchautiér ; mais bientôt la chaleur devenant
trop grande, il se retire à l'ombre. On voit alors les chiens se lever l'un après l'autre, se traîner
sur la colline chacun vers son trou situé sur h versant occidental, et y continuer son somme.
Après niiiH. le soleil venant l'y visitei-. il i-etour-ne dans son premier trou oii il reste jusqu'au
coucher du soleil.
<c Ace moment la colline s'anime. On voit se former des groupes plus ou moins considéra-
bles et même do véritables meutes. On entend des aboiements, des cris, des hurlements. Les
chiens se réunissent en masse autour d'une bête morte; dans une nuit, ils dévorent complète-
ment le cadavre d'un àne ou d'un mulet. Sont-ils très affamés, ils se repaissent de charognes,
même le jour et quelque trou])lés ipi'ils puissent être par les vautours. Ils sont très jaloux
et ne peuvent souffrir que d'autres animaux viennent partager leur repas, mais les vautours
leur résistent et ne se laissent pas chasser facilement.
(( On peut voir encore les chiens guetter, comme des chats, les rats du désert à l'entrée de
' Bielim, la Vie des animaux, pi-ge 334.
6 FAI XK DE LAXCIEXXK EGYPTE
leurs retraites, ou. comme les chacals et les renards, chercher à attraper les oiseaux. Ne trou-
vent-ils pas de nourriture, ils se mettent en route, pénètrent dans l'intérieur dos villes et on
parcourent les rues. Ils y sont supportés, car ils mangent tous les immondices. »
Dans l'intérieur de leurs quartiers les chiens errants se montrent défiants sni-tout à l'égard
des étrangers. En maltraiter un, c'est exciter une viTitalilo émouto. Do chaque trou sort une
tète, et. on (inol([iios minutes, la colline est couverte d(> chiens qui font ontondro sans intoi'i'up-
tion des aJjoiements furieux.
« Jeteur ai plusieurs fois fait une véritable chasse, écrit Brehm, soit afin de les oltserver,
soit afin de me procurer leur chair, qui me servait d'appât pour les vautours ou de nourriture
pour l(^s hyènes et les vautours que j'avais on captivité. J'ai ou l'occasion de me convaincre
que ces chiens mènont une vie commune. Au ])out do quol(pios jours, ils avaient appris à me
connaitro et à me craindre. A Khartoum. par exemple, il m'était devenu impossible d'on tirer
un seul, ils ne me laissaient pas approcher à moins do quatre cents pas. »
Ces animaux se sont multipliés parfois en Egypte au point de devenir une véritable plaie
pour le pays. On raconte que, pour diminuer leur nomlire, Méhémet-Ali en fit une fois charger
un navire, les fit ti'ansporter on pleine mer et jeter à l'eau. A notre époque, ils sont bien
moins nombreux qu'on Turquie, c'est à peine si le voyageur en apervoit, à de longs
intervalles, quelques rai'es individus.
Le squelette du chien errant de l'ancienne Egypte est, dans son ensemble, l^ien moins
robuste que celui du cliien paria de Gonstantinople. Il mesure de 42 à 4.5 centimètres de hau-
teur sur les apophyses épineuses dorsales les plus élevées. Sa longueur, de l'extrémité posté-
rieure dos ischions à la première apophyse dorsale, est on moyenne do 4.5 centimètres; elle
vai'ie dans la série étudiée de 44 à 48 centimètres. La forme la plus fréquente est reproduite
pai" la figure 3 dessinée d'après la photographie du squelette n" 38.
Le caractère le plus constant chez ces animaux de l'ancienne Egypte consiste dans la
longueur du fémur qui se trouve toujours, ainsi que chez le loup et les chiens quaternaires', plus
élevée que celle du tibia, alors que, dans la plupart des chiens domestiques actuels, c'est le
contraire qu'on observe.
Aux membres antérieurs le radius est, on général, un pou plus long (pie l'iunnérus.
Les vertèbres thoraciques sont le plus souvent au nombre do 23 : 13 dorsales, 7 lom-
baires et 3 sacrées. Le squelette n° 38 fait seul exception, il en possède 24 : 13 dorsales,
7 lombaires et 4 sacrées. Dans le squelette n° 40, la partie dorsale parait avoir cédé une ver-
tèbre à la région lombaire; on compte, en effet, 12 dorsales, 8 lombaires et 3 sacrées. Une
particulainté à noter à propos des vertèbres, c'est la Ijrièveté remarquable des apophyses épi-
neuses lombaires; elles atteignent 20 millimètres de longueur chez les chiens errants de
Gonstantinople et 10 millimètres à peine chez ceux de l'Egypte ancienne.
Le tal)leau suivant indique les dimensions principales des sept squelettes de cette
série :
' Studer, Lie prxhislorischen Hunden, p. 28, lËOl.
a
I
FAUXE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Cliieus errants d'Egypte (inomiflés).
KSda
34
Mâle
Longueur du corps 450
— de l'omoplate 107
— de l'humérus 137
— du radius 141
— du 3" métacarpien ... 54
— du fémur 157
— du tibia 155
— du 3' métatarsien ... 62
RSda
ROda
rtôda RSda
Rôda
R8da
3S
40
'il n
53
bi
Mâle
Mâlo
î Mâle
Mâle
Maie
470
440
460 480
440
440
116
110
109 110
104
106
145
137
144 156
144
132
147
139
147 153
140
135
58
51
56 60
58
54
168
159
167 177
162
155
162
153
159 164
154
149
64
58
62 66
64
62
La tète osseuse du chien errant di' la ^-alliM' du Xil offre des variations de lonii'ueur assez
importantes. Les limites en sont indiquées par le crâne allongé du stpielette iv 40 (flg. 4)
et par le crâne court du spécimen n° 41 (fig. 5). Le type le plus fréipicnt parmi les animaux
de cette race est représenté par le crâne n° 34 (fig. G).
Fig. 4. — Crâne de chien errant he Rôda. (3 i Gi'. nat.l
Chez les chiens nK)miti(''s, la tète est, en graiéral, moins volumineuse que chez le clnen
paria de Turquie. Le front n'est pas aussi hombé, les arcades zygomatiques sont plus élevées.
Ces différences entrainent un abaissement sensihh' de l'angle orbitaire qui varie de 45 à 48
degrés, alors qu(\ dans la forme de Constantinople. nous trouvons un angle de r}2 et
55 degrés.
La tète du chien errant d'Egypte se distingue surtout par sa face courte et son crâne assez
développé. Par ce caractère la race (''gyptienne se i-apiiroche des chacals Canis aurens ou
Canis nnfJws. tandis que h.' chien de Constanlinople, dont la face est au contraire jdus grande
que le crâne, est plutôt voisin des loups.
La dentition n'offre rien de particulier, elle accuse un régime à peu près semblable à celui
des chiens domestiques. Les tuberculeuses supérieures faildement développées, à ]»eine plus
grandes que la carnassière, indiquent une race un peu plus cai"nivore que les chacals.
Le crâne du squelette n" 40, remarquable par son allongement, présente une silliouette
CHIENS ET CHACALS 9
quirappelUe beaucoup colle du crâne do slughi figuré par Studer'. Mais, chez le lévrier d'Ara-
bie, lo rapport de la face et du crâne est, ainsi que chez le chien de Constantinople, tout à (ait
différent. La longueur de la face l'emporte le plus souvent sur celle du crâne, alors que dans la
tête osseuse du numéro 40, c'est le crâne qui se trouve sensiblement plus allongé que la face,
comme nous l'avons dit plus haut jxiiir les autres individus de cette même série.
Fig. 5. — Ghane de chien errant de Rôda, (j/'i yr. nat.)
Fig. 6. — Crâne de chien errant de Roda. (3 4 gr. uat.)
Les diverses mensurations relatives au crâne du chien errant d'Egypte sont indiquées dans
le tableau ci-après :
Longueur basilaire de la tête osseuse
— basilaire du crâne
— basilaire de la face
— max. des os du nez
Largeur max. des os du nez
Longueur de la voûte palatine
Chiens errants d'Egypte (niomiliés).
Roda
Roda
Rôda
Rôda
Rôda
Rôda
Rôda
.ii
38
40
41
47
53
54
Mâl3
Mâle
Mâle
r
Mâle
Mâle
Mâle
140
155
167
139
160
148
146
41
40
48
39
46
40
42
105
115
119
100
114
108
104
67
75
70
60
66
60
61
16
16
17
15
15
15
14
81
85
85
76
86
80
79
' Studer, Die prœhistorischen Hunden, pi. VIII, fig- ~. 1901.
Arch. Mus. — t. VIII.
10
FxVUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Ciiiens errants d'Kgypl-e (momiliés).
Rô(ia
34
Mâle
Largeur de la voûte palatine ... 42
Diamètre bi-temporal 57
— bi-auriculaire 55
— bi-orbitaire 50
— bi-zigomatique luax. . . 94
— interorbitraireminim. . . 36
Longueur du crâne !)2
— de la face 84
Hauteur du crâne 52
Longueur totale des molaires super. 60
— des deux tuberculeuses . . 18
— de la carnassière .... 17
Largeur de la carnassière .... 9
Anale orbitaire 48"
R6da
R6da
RSda
Roda
Roda
Rôda
3S
40
41
47
53
->i
Mâle
Mâle
Mâle
Mâle
Mâle
Mâle
46
46
44
U
43
44
58
58
54
58
55
55
54
58
52
58
51
53
45
49
51
51
43
53
101
107
92
98
90
96
35
38
34
.■^s
32
36
!)4
101
85
96
90
90
!»3
90
79
89
82
79
53
58
51
55
.")2
50
63
67
57
60
61
57
19
20
17
18
18
18
18
19
16
18
17
17
10
8
8
8
9
_8
47"
46"
47"
47"
45"
47"
CANIS FAMILIARIS, L. (Chien égyptien)
(Fis
et 8)
Ce chien de l'ancienne Egypte est connu d'api'ès quelques crânes, divers os de memlires
et cinq squelettes complets provenant, l'un de Tlièbes, les quatre autres de Rôda.
Cette race, un peu plus grande (jue la précédente, a environ la taille du chien paria de
Gonstantinople.
Les spécimens n" 61, de Thèbes, et n° 39 (flg. 7), de Rôda entre autres, ont les mêmes
dimensions que deux chiens errants de Turquie, conservés au Muséum de Lvon, dont nous
donnons plus loin les mensurations.
La tète de ce chien est pourtant moins volumineuse ivlativciiicnl que dans la petite race
errante de l'Egypte ou dans celle d(_^ l'Europe méridionale. Le chien égyptien diffère de la
vai'iété décrite précédemment surtout par la tête osseuse dont l'angle orbitaire ainsi qui> le
développement de la face et du ei'àne offrent jdus de ressemblance avec les chiens domestiques
actu(ds.
Il vivait prob;iblemenl domestiqué, servant, selon les aptitudes des individus et leur
éducation, à la garde, soit des maisons, soit des troupeaux.
Le squelette du chien égyptien mesure de 15 à 49 centimètres sur les apophyses épineuses
dorsales. La longueur du thorax, de l'extr(''mit('' des ischions à la première apophyse, est
en moyenne de 17 centimètres. En ce qui concerne les proportions des rayons osseux des
membres, nous les trouvons les mêmes que chez le chien errant. Les fémurs sont égah'-
ment plus allongés que les tibias, alors que l'humérus est au contraire un peu plus court que le
radius.
Pai'mi les spécimens étudiés on ne trouve aucune variation numériipie des vertèbres thora—
ciques, il y a toujours 13 dorsales, 7 lombaires et 3 sacrées. Les apophyses épineuses lombaires
sont très courtes, comme dans le chien errant d'Elgypte.
Le tableau qui suit donne les longueurs principales des membres pour les cinq squelettes
de c(^tte race :
12
FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Chiens égyptiens (momifiés)
RSdit
35
M&le
Longueur du corps 490
— de l'omoplate 116
— de l'humérus 145
— du radius 152
— du 3" métacarpien 60
— du fémur 173
— du tibia 168
— du 3' métatarsien . ... 68
Rùda
RCida
Ruda
. Thèlie
3G
3!)
51
64
Mâle
Femelle
Femelle
"
445
490
450
480
122
112
106
120
144
155
140
161
148
162
140
104
53
59
58
61
171
178
165
185
167
177
153
i80
62
68
63
69
Fig. 8. — Grane de chien égyptien. (3/4 gr. nat.)
Chez les individus de cette série la tête
présente une structure assez constante, plus
rapprochée du chien paria d'Europe que ne le
sont les spécimens de la race errante égyp-
tienne. Dans le spécimen n° 51, la longueur
de la face un peu plus grande que celle du
crâne, rappelle surtout le loup et les chiens
à demi sauvages, tandis que les autres
crânes ofîi'ent des proportions de longueur
intermr'diaires entre celles qui caractérisent
les chiens parias de Turquie et les propor-
tions indiquées pour la petite i;ace errante
de l'Egypte.
L'écartement des arcades zygomati-
ques est plus ou moins grand, mais le front
est toujours large et bombé (fig. S). L'an-
gle orbitaire varie de .51 à 59 degrés,
environ comme dans les races domesti-
quées.
Par le volume légèrement plus grand
des tuberculeuses, la dentition accuse un
régime un peu plus omnivore que dans la
petite race errante et r-approche aussi la
grande forme du chien égyptien des variétés
domestiques actuelles.
Les dimensions du crâne chez les cinq
individus momifiés de cette race, sont les
suivantes :
CHIENS ET CHACALS
13
Chiens égyptiens (momifiés)
Longueur basilaire de la tête osseuse.
— basilaire du crâne ....
— basilaire de la face ....
— max. des os du nez ....
Largeur max. des os du nez
Longueur de la voûte palatine ....
Largeur de la voûte palatine ....
Diamètre bj-temporal
— bi-auriculaire
— bi-orbitaire
— bi-zvgomatique maxira.
— interorbitaire minimum.
Longueur du crâne
— de la face
Hauteur du crâne
Longueur totale des molaires supérieures
— des deux tuberculeuses .
— de la carnassière
Largeur de la carnassière
Angle orbitaire
R8da
Rôda
B6da
R6da
The b es
35
3S
39
51
6i
Mâle
Mâle
P"emel]e
Femelle
»
156
154
152
146
161
48
43
41
41
46
108
111
111
105
115
G5
69
65
68
71
17
17
13
15
19
87
84
87
81
90
44
43
46
43
45
58
57
58
54
56
58
57
57
55
56
57
57
50
49
56
102
106
91
92
92
39
40
33
34
37
98
92
94
87
95
87
91
89
90
93
57
55
50
51
53
65
61
62
62
62
19
20
18
18
1!)
17
18
17
17
17
8
8
8
8
8
57"
53°
52"
51"
W
CANIS FAMILIARIS, L. (Lévrier de l'ancienne Egypte)
(Fig. 9 et 10)
Cette race est signalée, au nombre des animaux momifiés, d'après un spécimen provenant
des liypogées de Rôda (Haute-Egypte). Les diverses proportions du corps, de la tète et des
membres se rapportent parfaitement à celles du lévrier à queue enroulée, qui était commun autre-
fois dans la vallée du Nil. si l'on en juge d'après plusieurs monuments de l'ancien Empire sur
lesquels il est flgun'-'. Aussi, le désignerons-nous, pour cette raison, par le nom de lévrier de
rancietine Egupte, bien que la race y ait encoi\^ de nos jours (pielques rares représentants.
Deux ou trois individus de cette forme ont été, en eiiet, remarqués l'année dernière dans les
rues de Louqsor, par l'un de nous, dont les notes prises au passage permettent de compléter
ainsi qu'il suit les observations faites sur l'individu momifié.
Lévrier haut sur jambes. Corps allongé, pas de ventre, poitrine étroite, colonne vertébrale
assez recourbée. Tête longue frontlarge et bombé. Oreilles de longueur moyenne, droites et poin-
tues. Queue longue, enrouL'c un tour et demi. Membres secs, quoique assez robustes. Pouce court
aux membres antérieurs, manquant aux pattes de derrière. Le poil est court, gris jaunâtre clair.
Ce lévrier habite l'Egypte depuis une haute antiquité ; il a probalilement été utilisé
de tout temps avec les autres lévriers du Kordofan et de l'vVrabie notamment, à la chasse de
la gazelle et des antilopes.
Son squelette, un peu moins grêle que celui des lévriers actuels (fig. 9), mesure 57 centi-
mètres de longueur, de la première apophyse dorsale à l'extrémité postérieure des ischions, et
' Rosellini, / Monumenti deU'Egitto e délia Nuhia, t. II, pi. XVI, fig. 3, 4 et 5. — Lenormant, Histoire
de VOrieni, t. II, p. 49 et 165.
■s
CHIENS ET CHACALS 15
56 centiméti'os do hauteur sur les apophyses épineuses les plus élevées. Comparé à un lévrier-
moderne, à peu près de même taille, le
chien de l'ancienne Egypte présente des
proportions bien différentes. Chez celui-ci, L^p' j^K|^
les n^embres antérieurs sont notablement w \ ^m
plus courts, alors que, dans les deux formes
ancienne et moderne, les membres de der- W ^M )\\ ''^"'
rière ont à peu près les mômes longueurs. /;■; |S i^'„ ;,;
Ainsi, tandis que le fémur mesure 207 .^j^
millimètres chez le lévrier égyptien et 212 ■'0{'
dans l'animal tlout le squelette est pris poui- ^ * ^f.^i«.>.wu5
terme de comparaison, on trouve pour l'hu- il St ' Â ^^^Ê-^^f
mérus de ce dernier 190 millimètres et
176 seulement pour celui de l'individu Y\ / \^P
d'Egypte. En outre, le rappoi't du tibia au *s^!^^h
fémur est tout à fait opposé dans les deux \^m '^^^S ^ ] »
formes. Chez le l(''vi'ier ancien, le tiltia \l». ' »'
(198 millim.)est plus court que le fémur
(207 millim.), alors que chez le lévrier
moderne, siu" lequel nous regrettons de (^ j^^-
n'avoir aucune indication de race, le tibia
(220 millim.) est au contraire plus long ipie ^-
le fémur (212 millim.). Ip l '% \
Dans ces deux vai'iétés on compte
24 vertèbres thoi'aciques, 13 dorsales et
11 sacro-lombaires. Mais chez le lévrier
de l'ancienne Egypte, nous trouvons 8 ver-
tèbres lombaires et 3 sacrées, tandis ipie
dans celui de notre ('■po(|U(' il y a 7 lombai-
res et 4 sacrées. fis- lO- — Crane de lévrier de l'ancienne Egypte. (3/4gr. nat.)
Les dimensions principales du lévrier
momitié sont indiquées dans le tableau suivant, comparativement avec celles relevées sur les
squelettes de deux chiens errants de Constantinople. un lévrier moderneet un loup.
Lévrier' Chiens errants actuels Loup
d'Egypte de Constantinople de Lévrier
momifié ■ -^— — ^^ — — — France moderne
4S 07 -.i 69 6S
Mâle '. Mâle ? Mâle
Longueur du corps 570 560 » 620 610
— de l'omoplate 136 134 137 147 156
-^ de l'humérus 176 160 KiS 184 11)0
— du radius 179 168 169 185 199
— du 3« métacarpien 69 66 66 75 78
— du fémur 207 180 186 209 212
— du tibia 198 184 183 203 220
— du 3' métatarsien 79 72 74 86 89
16
FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
La tête osseuse du lévrier de l'ancienne Egypte est allongée, étroite au niveau des
ai'cades zygomatiques : le front, large et convexe (fig. 10), indique un angle orhitaire de
55 degrés.
Si nous comparons la tête du chien ei-rant de Gonstantinople à celle du lévrier égyptien,
on constate» que dans celle-ci le crâne proprement dit est Lien plus développé par rapport à la
face. Dans ces deux races, la tête a environ le même volume, alors que les rayons osseux des
membres sont beaucoup plus courts chez le chien paria de Turquie.
En ce qui concerne la dentition, elle est aussi sensiblement plus faible que chez les
autres chiens ; à égalité de longueur du crâne, les tuberculeuses et les carnassières mesurent,
en effet, 2 à 3 millimètres de moins. Les prémolaii'es sont également plus réduites et plus
espacées.
Le tableau qui suit donne les dimensions de la tête du lévrier d'Egypte ainsi que celles de
trois autres crânes : un de loup et deux de chiens parias de Gonstantinople. Nous avons ajouté,
à titre de documents, celles d'un crâne de chien, probal)lement (piaternaire, trouvé dans une
argile brune de la rive gauche de la Saône, en creusant les fondations du pont de
Collon^es. .
Lévrier
d'Egypte
momifié
48
Mnlc
Longueur basilaire de la tête osseuse . . . 1~2
— basilaire du crâne ^8
— basilaire de la face i~i
— max. des os du nez ~'~
Largeur max. des os du nez 18
Longueur de la voûte palatine 92
Largeur de la voûte palatine 52
Diamètre bi-temporal 65
— bi-auriculaire 65
— bi-orbitaire -58
— bi-zygomatique maximum . . . 106
— interorbitaii-e minimum. ... 39
Longueur du crâne 105
— de la face 100
Hauteur du crâne 65
Longueur totale des molaires supérieures . 66
— des deux tuberculeuses .... 17
— de la carnassière 17
Largeur de la carnassière 10
Angle orbitaire 35°
Chiens errauts
actuels
Loup
Chien
de Gonstantinople
de
quaternaire
~
France
France
67
71
69
66
?
Mâle
?
?
172
175
210
168
47
48
5S
44
125
127
155
124
82
80
89
65
18
18
23
16
06
95
109
91
53
53
63
52
61
66
68
61
60
66
68
58
53
70
71
42
107
115
139
101
36
48
52
35
103
103
121
100
i05
110
127
92
61
63
72
57
68
71
83
66
20
22
23
19
20
21
24
18
11
11
11
10
52"
55"
45»
46»
CHIENS ET CHACALS 17
CANIS AUREUS, Linné
Canis aureus, L., Si/st. nul., I, p. 59 (ITOô). — F. Cuvier, Mammif., pi. CLXXII. — Trouessart, Cat. niamm.
tani vivenlium, p. 305 (1899).
L'un des doux chacals éj.iTptiens provient de Roda, ainsi (|ue nous l'a\'ons dit plus haut.
L'autre, an Muséum de Lyon depuis de longues années, est ari'ivi' d'Egypte sans renseignement
précis.
Ils étaient tous deux momifiés très simplement, comme les chiens de Rôda, c'est-à-du'e
entourés d'une toile, sans liitume. Ce sont de jeunes individus dont le squelette, incomplète-
ment ossifié, n'a pu être monté. Le chacal de Rôda portait, sur diverses j)arties du corps, des
touffes du poil jaune doré qui domine souvent dans cette espèce. Ces caractères, ajoutés à ceux
fournis par le ci'àne.ont permis de le distinguer d'un autre chacal, Ctuiis anthus. qu'on rencontre
aussi dans le sud de l'Egypte.
Canis aureus est un animal de la taille du renard commun, mais un peu moins allongé,
haut sur jambes. Museau pointu; queue touftue pendant jusque sur les pieds: oreilles courtes ;
pupilles rondes. Poil fauve ou gris jaunâtre. ~\'entre roux fauve ou jaune clair, gorge
lilanche, tête d'un roux mêlé de gris. Les jambes sont comme le ventre, roux jaunâtre ou
fau^"(^ .
Cette espèce habite toute l'Afriipie septentrionale : l'Algérie, la Tunisie. l'Egypte, ainsi
que l'Inde et l'Asie Mineure. Elle se rencontre aussi dans quelques pai'ties de l'Europe méri-
dionale, en Crimée, en Grèce et en Dalmatie.
Comparé au chacal moderne de l'Algérie, le chacal de Tancienne Egypte ne présente
aucune diftérence notable. La tête osseuse est la même chez les individus de ces deux pays.
Nous n'avons remai'qué dans le chacal (''gyptie^n (|ue le faible l'cartement des arcades zygoma-
tiques, mais il est dû. en partie sans doute, au jeune âge de nos spécimens. La longueur
relative de la capsule crânienne est, chez les chacals et les renai'ds, bien plus forte que chez
les chiens. Ceux-ci se trouv(mt par les proportions de la face et de crâne intermikliaires entre
les chacals et les loups.
Les chacals se distinguent des renai'ds. non seulement par une convexité un peu plus
forte de leurs bosses frontales, mais aussi pai- une plus grande largeur de la voûte palatine. A
égalité de longueur du palais, nous trouvons une largeur de .3'.) millimètres chez un chacal de
l'ancienne Egypte, et de 33 millimètres chez un renard commun de nos pays.
L'angle orbitaire fournit aussi d'excellentes données pour la distinction d(^ ces animaux. Il
varie de 43 à 45 degrés chez les chacals, tandis qu'il va de 34 à 38 degrés chez Vulpes vulqaris,
par suite de la diminution des sinus frontaux, du faible développenn'ut des apophyses post-oi'bi-
taires et de la surélévation des arcades zygomatiques. Par l'angle orbitaire le chacal est
voisin, à la fois, du loup et du chien errant d'Egypte.
En ce qui concenie la ilentition, ('mus dio-cus accuse un régime sensiblement plus omni-
vore que le renard. Ses tuberculeuses sont, en effet, un peu plus dih'eloppiM's que chez Ytilpes
vulgaris dont la carnassière est plus forte, plus tranchante, avec un tubercule interne plus
rejeté en avant.
Par l'ensemble des caractères crâniens, le chacal parait intermédiaire entre les chiens et
les renards.
AncH. Mus. — T. VlII. *3
18
FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Les proportions principales du crâne des deux chacals momifiés sont indiquées dans le
tableau suivant avec colles relevées sur un crâne de Canis aureiis actuel de l'Algérie, et sur"un
crâne de renard commun des environs de Lyon.
Longueur basilaire de la tête osseuse ....
— basilaire du crâne .
— basilaire de la face
— max. des os du nez
Largeur max. des os du nez
Longueur de la voûte palatine
Largeur de la voûte palatine
Diamètre bi-temporal
— bi- auriculaire
— bi-oi'bitaire (sur les apophyses post-oib.)
— bi-zygomatique maximum
— interorbitaire minimum
Longueur du crâne
— de la face ...
Hauteur du crâne
Longueur totale des molaires supérieures .
— des deux tuberculeuses
— de la carnassière
Largeur de la carnassière
Angle orbitaire
Canis aureus
Canis
Vulpes
Momifiés
aureus
vulgaris
Epvple
Rô(i.T
Algérie
France
63
72
73
75
Jeune
Jeune
Femelle
Mâle
133
123
134
130
38
36
41
38
95
88
93
93
52
52
47
53
14
18
11
10
71
69
71
69
38
39
38
33
52
52
53
48
50
49
50
50
36
34
44
33
73
73
84
77
25
25
30
24
85
79
•S7
83
69
69
67
67
46
48
46
43
59
56
53
52
20
19
17
15
17
17
15
14
9
9
8
6
43"
44»
45°
34°
Les dimensions précédentes, relatives au.x squelettes des chiens et chacals de l'Egypte
ancienne, ont été relevées avec un soin scrupuleux; elles fourniront, ainsi que les figures et les
descriptions sommaires qui les accompagnent, une hase positive pour la comparaison de ces
animaux avec ceux de l'Egypte actuelle et aideront, croyons-nous, à noter les modifications
anatomiques, même légères, qui ont pu se produire chez ces animaux depuis les temps phai'ao-
niques jusqu'à nos jom's.
CHATS
Los chats momifiés de l'ancienne Egypte se trouvent en nombre excessivement grand, soit
dans certains liypogées, soit dans des fosses creusées à même le sable, sur une grande étendue.
Plusieurs centaines de ces momies, en\'o_vées de diverses localités par M. Maspero, ont été
étudiées au Muséum de Lyon. Quelques-unes sont de Saklcara, Rôda et Thôbes ; la plus grande
pai'tie pi'ovient de Stabl-Antai", près de Béni-Hassan, sur la rive droite du Nil. à la limite de
la Moyenne et de la Haute-Egypte. Celles-ci sont de l'époque persane et ptoli^maïque ; elles ont
été trouvées dans la plaine, au sud-ouest du ravin. La nécropole semble avoir ^^rès cVun
kilomètre de longueur et renferme probablement des momies plus anciennes. On ne possède
pas de renseignements sur l'ancienneté des chats de Thèbes, Rôda et Sakkara.
Ces animaux étaient consacrés par les anciens Égyptiens à la déesse Sekhet ou Best, qui
avait plusieurs temples dans la vallée, un notamment dans la Basse-Egypte à Tell ol-Iîastah,
Pa-Best des Égyptiens, Bu])astisdes Grecs.
La déesse »Sekhet était figurée avec une tête de chatte surmontée du serpent et du disque
du soleil. On l'appelait la fille de Rà ; sur la couronne de son père, elle représentait, avec les
traits du serpent urseus, l'ardeur dévorante de l'astre du jour. Dans la vie humaine, elle symbo-
lisait les voluptés, l'amour indomptable.
Peu de temps avant l'ère chrétienne, le chat était encore sacré chez les Egyptiens.
Diodore de Sicile rapporte que celui qui tue un eliat en Egypte est voué à la mort, qu'il l'ait tué
volontairement ou non. « Un malheureux Romain, qui avait involontaii'ement tué un chat,
ne put être sauvé ni pai' le roi d'Egypte, ni par la crainte qu'aurait pu inspirer Rome, alors
toute-puissante. »
Le chat est représenté sur di\'('rs monuments anciens, notamment dans un bas-relief
situé, près de la porte d'un hypogée voisin de Gournah'.
Les momies de chats examinées à Lyon renferment des individus de tous les âges, depuis
les adultes jusqu'aux animaux qui viennent de naître. Pour ceux-ci. la momification a été, en
général, des plus sommaires. On les a simplement plongés dans un bain de natron. puis enve-
loppés de toile. Leurs momies, longues environ d(> 15 à 20 centimètres, ont une forme aplatie,
plus ou moins quacbangulaire. \ l'intérieur, on ne trouve plus (ju'un tailde amas de poussière,
au milieu duquel on a de la peine à distinguer quelques menus fi'agments d'os.
' Description de VÉgyple, vol. If, Antiquités, pi. XLV, fig. 14.
20
FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Parfois, ces très jeunes chats ont été conservés dans de petits sarcophages rectangulaires
à dessus convexe, faits de planchettes assemblées avec des chevilles de bois ; ou bien encore ils
ont été placés a l'intérieur d'une statuette, également en liois et ornée de lignes décoratives,
([u'on a protégée ensuite de bandelettes, comme on l'eiit lait pour une chatte véi'itable (rtg. 11).
Les animaux un peu plus grands, ainsi que les adultes, ont été
prépai'és d'une manière différente. Ils sont momitiés comme les gazelles
de Kom-Méréh. c'est-à-dii'c enveloppés de nombreuses et larges
bandes de toile complètement jaunies par la substance résineuse et le
'"^
.l\;i^
■.■a^-",
r.?>^
Fig. 11. — Statuette EN bois creux.
DE Sakkara. (1/3 gr. nat.)
Fig. 1-. — Momie de chat
DE Stabl-Antar. (1/3 gr. nat.)
Fig. 13. — Momie de chat
DE Stabl-Antar. (1/3 gr. nat.)
natron dont elles ont été imbibées. Par-dessus ces premièn^s épaisseurs, des bandelettes
étroites d'étofies à plusieurs tons, brun, jaune clair et foncé, ont été enroulées, tantôt dans
un sens transversal (fig. 12), tantôt obliquement. Ces bandelettes dessinent des losanges ou
d'autres hgures géométriques sur toute la surface (tig. 13). La tête des momies est décorée
de lignes représentant les yeux du chat ou les zélirures de son pelage : ses oreilles sont figurées
artificiellement par des cornets de toile enduits d'une peiuturi' gommée (pii les maintient
rigides.
Loi'sque les momies sont débarrassées de leurs nombreuses enveloppes de toile, tous
ces animaux apparaissent les pattes de derrière repliées, les membres antérieurs étendus
CHATS
21
le long des flancs, la queue ramenée contre le ventre. En ce qui concerne la tète, elle a été
redressée comme on le remarque pour les chiens, perpendiculairement à la long'ueur du corps
(Ûg. 14).
Les chats contenus dans les petites momies (dg. 12
et 13) ne se rapportent pas à une forme différente de celle
à laquelle appai'tient l'indiviilu représenté parla figure 14.
Ils sont tous de la même espèce, mais les petits sont de
jeunes animaux très éloignés de la taille des adultes.
Nous avons reconnu qu'ils sont encore pourvus de la
dentition de lait.
Toutes les momies présentaient, avec de légères
variantes dans la décoration extérieur(\ l'aspect indiqué
par les figures qui précèdent. Une seule faisait excep-
tion. C'est celle qui est dessinée figure 15. Dans cette
dernière, l'animal a été enveloppé, non plus les mem-
hres ramenés contre le corps, mais réunis deux par deux,
de manière à présenter la silhouette d'un chat dressé sur
ses pattes. Il était entièrement entoui'c'' de liandes de toile
d'une failde largeur, imprégnées aussi de uati'on et de
substance goudronnée.
Si l'on en juge d'après les amoncellements extra-
ordinaires de momies qui se rencontrent encore de nos
jours dans les nécropoles égyptiennes, ces chats étaient
sans dout(> domestiqués. Mais, d'après les relations des
anciens, ils vivaient dans une domestication moins
étroite que nos chats d'Europe ; ils pourvoyaient eux-
mêmes à leur nourriture et se multipliaient dans les
villages, autour- des maisons, grâce au respect dont la
population les entourait. Nous avons cependant remai-
qué sur quelques crânes des traces de coups, notamment
des fractures des os du nez; mais, sauf les animaux
morts de maladie ou de vieillesse, la plupai't ont été,
ainsi que les chiens probal)lement, étranglés ou noyés,
peut-être à des mon^ents où leui' nomlire di'vcnait un
danger pour les habitants.
Plusieurs spécimens de chats momifiés ont r'té déjà
étudiés. Les zoologistes ont constaté que ces animaux
se rapportent en général à Felis inanict/lalfi, Cretsz.
Quelques-uns appartiennent pourtant, d'api'ès P. (Jervais' à Fcli.s c/il/f/utd. Temm.
(le Buhastcs d'Hasselquist).
Blain^'ille ■-. de son côté, a reconnu FcUs chaus dans une tête momifiée. Enfin.
Fio-, 14.
MOMIK DE CH.\Ï DE StABL-AnTAR.
(1/3 SI-, liât,)
' P. Gervais, Histoire des mammifères, 1885, p. 89.
- Blainville, Osléographie, pi. XIX.
9>
FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
A. Noliring' a signalé en 1889 à la Société d'anthropologie de Berlin, miti-e Fclls manicu-
lata, deux espèces, Felis serval et F. chaiis, d'après des crânes de momies de Béni-
Hassan. Nous citons ces félins S(Milement pour mémoire, car nous n'avons pas examiné
les pièces d'après lesquelles ils ont été reconnus.
Notre étude a porté sui' plus de cinquante crânes et squelettes de chats momifiés de diifé-
f-^'"fl*
ï - l
Fig. 15. — McMiE DE CHAT DE Stabi.- Antar. (1/3. gi'. nat.)
rents âges, provenant en grande partie de Stal)!- Antar. A part un fragment de mâchoire supé-
rieure pourvue de la dentition de lait paraissant appartenir à i'^eZ/j? serval, mais que la mauvaise
conservation et l'insuftisance du document ne pei'mettent pas de déterminer avec certitude, nous
n'avons rencontré parmi ces nonil)renx niati-i'iaux que d(^s animaux de l'espèce Felis manicu-
lata, Cretz. Dans cette espèce, toutefois, les vai-iations individu(.41es sont assez étendues. Les
plus petits exemplaires se rapportent, avec une taille un peu plus élevée pourtant, au type de
Felis maniculata de Cretzschmar, les grands sont tout à fait semblables à un Felis maniculata
mâle et sauvage de Tunisie, dont les dimensions sont les mômes que celles indiquées par
' Nehring, Verhandlungen der Derl. anthrop. Gesellschaft, p. 558, 20 juillet 1869.
CHATS 23
Temminck pour Felis caligata, « le chat botté » de Bruce. Avec une taille variable, les pro-
portions dos membres, du corps et de la queue correspondent très bien, chez tous ces
animaux, à celles de Felis maniculata. Des recherches ultérieures établiront très probable-
ment que le « chat botté » (Felis caligata, Temminck, 1827) appartient à la même espèce
que le « cliat ganté » de Gretzschmai' (Felis launiciilata, Gretz., 1826). (k)nt le type a été
décrit d'après une femelle adulte exceptionnellement petite.
Nous avons divisé ces nombreux chats momifiés en deux séries, comprenant : 1° Les
grands individus tout à fait semblables au Felis maniculata sauvage de Tunisie ; 2" les indi-
vidus plus petits, voisins par leur taille des chats domestiques de l'Egypte actuelle ou de
l'Europe et qui se distinguent en outre des premiers, par de L'gères diflérences dans les pro-
portions de la face et du crâne. Bien que tous ces animaux, grands et petits, aient dû vivre
autrefois de la même manière à demi sauvage, autour- des haljitations. nous considérons les
individus de la seconde série comme les chats domestiques proprement dits des anciens Egyp-
tiens. Ils seront décrits sous le nom de Felis 'maniculata, vai\ domestica, Fitz.
Ces deux variétés, qui dérivent sans doute l'une de l'autre, n'étaient pas aussi distinctes
dans l'antiquité qu'elles le sont de nos jours. On trouve, enefïet, des individus momifiés ofïi'ant
des caractères nettement intermédiaires à l'une et à l'autre. Les diflérences se sont accentuées
peu à peu entre la forme sauvage et la variété domestique, vraisemblablement par suite de
l'adaptation de celle-ci à de nouvelles conditions d'existence et, aussi d'aliord, grâce à la
préférence que les anciens devaient donner aux plus petits individus, lorsqu'ils les destinaient
à l'intérieur de leurs maisons.
Dans nos oliservations craniométriques sur les chats, nous avons suivi la même méthode
que pour les chiens et les chacals.
FELIS MANICULATA. Cretzschmar.
(PI. letfig. 16 à 18)
Felis maniculata, Rûppell, Atlas zu der lieise ini nordlichen Afrika, p. 1, pi. I, 1826. — Temminck, Monogr.
de mammalogie, p. 129, 1827.
Parmi les chats momifiés, les animaux de cette forme sont le plus nomlu-eux. Nous avons
examiné les restes osseux de plus de trente individus adultes de divers hypogées : Sakkara,
Rôda et surtout Sta])l-Antar. Ils sont absolument identiques au crâne et au squelette d'un
Felis 'maniculata sauvage, capturé il y a quelques années en Tunisie et ofiéi't au parc de la
Tête-d'Or par M. Ferrouillat. La morphologie générale de cette espèce est la suivante :
Environ la taille de notre chat sauvage, ini peu plus forte même chez quelques indi-
vidus inàles; queue grêle et longue de 28 à 31 centimètres. Oreilli-s l)lanclies en dedans, gris
jaunâtre à l'extérieur, sans pinceau. Faces postérieures des métacarjies et métatarses com-
plètement noires ainsi que la plante des pieds.
Dans l'ensemble, la couleur du pelage est gris cendré jaunâtre, mêlé de iau\-e et de noir
sur le dos, le cou et la tête. Les poils delà région dorsale de tout le corps, y compris la queue,
sont annelés de jaune et de noir. La (pieue se termine par une tache noire, précédée de deux
anneaux également noirs. Longs poils des lèvres et des sourcils blancs, queLpies-uns noirs à
la base, blancs à la pointe. Sur les yeux deux taches blanches séparées }iar une l)ande médiane
24 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
brune. Face externe des membres avec trois ou quatre l)andes transversales pins on moins
brunes ou noires selon l'âge et le sexe. Partie inférieure du corps et de la queue, face interne
des membres postérieurs de teinte très claire, blanc nuancé de fauve.
Chez les spécimens des régions désertiques, la teinte dominante de tout le corjis est gris
fauve ainsi que chez la plupart des êtres de ces régions.
Dans l'antiquité, Felis maniculata habitait probablement l'Égvpte entière, puisqu'il est
comnum dans les hypogées quiavoisinent le delta aussi bien que dans ceux delà Haute-Ég\i)te.
Actuellement, on l'a signalé n\ Tunisie et d'abord en Nubie, sur la rive gauche du Nil, oxx
Rûppell l'a observé dans une conti"ée alternativement rocheuse et couverte de buissons.
Suivant Hamilton', ce chat vit aussi en Abyssinie. à l'état sauvage et domestique à la
fois. Il a été décrit jtresque en même temps par Gretzschmar et Temminck. ([iii l'ont tous deux
désigné comme la souche de notre chat domestique. Cette opinion a été partagée depuis par
Is. Geoffroy Saint-Hilaire et le plus grand nombre des naturalistes.
Cependant Blainville^ a cru pouvoir contester la justesse de cette sup}»osition. en se
basant sur une mâchoire de jeune chat momihé dont la dentition de lait était différente en
môme temps de celle de notre chat sauvage et d(> la dentitiou de lait Aq. noti-e chat domestique.
« Je dois faire observer, dit-il. que dans Felis tnaniculata, la première molaire inférieiu'e de
lait est pourvue, sans doute à cause de son épaisseur, d'une troisième racine intermédiaire qui
n'existe pas dans la dent correspondante du chat d'Europe, sauvage et domestique, ce qui
confirme la distinction de ces deux espèces et, par conséquent, démontre que notre chat doraes-
ticjue n'a pas pour souche sauvage le chat d'Egypte, comme l'a pensé Temminck. »
Nous avons fait des recherches sur plusieurs indi\'iihis momitiés jeunes, sans rencontrer
le cas signalé pai* de Blainville. Toutes les molaires inférieures de lait examinées possédaient
seulement deux racines. L'observation de Blainville a sans doute porté sur une anomalie
comme on en rencontre souvent aussi soit dans la forme, soit dans le nombre des molaires.
On peut donc, croyons-nous, continuer à penser que le chat sauvage d'Egypte a participé,
avec une autre espèce sauvage peut-être, à la formation de la race di' nos chats domestiques,
qui compte plusieurs variétés, mais dont la plus commune, à poil coui't et à longue ([ueiie. i-es-
semlde lieaucoup plus à Felis maniculahi ({u'au chat sauvage d'Europe.
Brehm^ suppose que le chat égyptien a dû pénétrer dans nos pays par l'Arabie, la Syrie et
l'Asie Mineur(\ On doit admettre plutôt qu'il nous est arrivé par l'Espagne, puisque tous les
voyageurs ont remarqué dans la péninsule un chat doniesti<pie de failli' l'cdativement grande,
haut sur pattes, à lonLiiie queue, plus voisin pai" consiMpient de Felis inaniciddid (pie ne l'est
notre chat domestique commun. Le chat actu(d du sud de l'Espagne serait donc un descendant
direct de Felis manieulala : il représenterait la faune africaine presqu'au même titre que les
singes de Gibraltar.
Le squelette de Felis luanicidaia momifié est représenté ])ar la figure 10 qui a été dessinée
d'après une photographie du spécimen n° 7, de Stabl-Antar. La liauteur du corps, la gracilité
des mem])res, sont, naturellement, encore plus accusées sur le squelette que sur l'animal ^■ivant ;
le thorax surtout est très faillie compai'ativemimt à l'ensemble du eorjts. La longueur de celui-ci.
' Hamilton, thf wild Cal of Europe, p. 70, London, 1896.
- De Blainville, Ostéographie, p. 65, vol. IV.
^ Brehm, la Vie des animaux, p. 283.
Arch. Mus. — t. VIII.
26
FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
mesm'ée de l'extrémité postérieure des ischions à la première apophyse dorsale, vai'ie de 34 à
38 centimètres. Les memlires antérieurs et postérieurs ont environ les mômes proportions de
longuem\ chez les divei's individus examinés, seul le diamèti'e varie im peu.
La longueur de l'omoplate, prise de la cavité glénoïde à l'extrémité siipér-ieui-e, sur l'axe
de l'épine acromienne, est plus forte chez les spécimens anciens. On doit signaler encore poui-
ceux-ci l'existence fréquente de deux clavicules de 20 millimètres de longueur envh'on et de
2 ou 3 millimètres de diamètre, qu'on ne rencontre
que rarement chez les chats de notre époque.
Tous ces animaux, modernes ou momifiés, ont
23 vertèbres thoraciques: 13 dorsales, 7 lombaires
Fig. 17. — Felis maniculata de Stael-Antar.
(Gr. liât.)
Fig. 18. — Felis maniculata de Stabl-.^ntar.
(Gr. nat.)
et 3 sacrées. L'ensemble des vertèbres caudales ofïre toujours les mêmes proportions rela-
tives.
Le tableau suivant donne les dimensions relevées sur les squelettes de trois individus
anciens et d'un spécimen actuel de Felis nianiciilata .
Longueur du corps
— de l'omoplate . . . .
— de rimmérus
— du radius
— du troisième métacarpien ,
— du fémur
— du tibia
— du troisième métatarsien .
Felis maniculata
F. maniculata
(momifiés)
(moderne)
Stabl-Antar.
Tunisie.
n"?
n" 49
w 56
u° 7fi cf
360
380
380
370
7!)
77
79
75
110
115
112
114
105
109
105
113
38
38
39
38
127
129
126
128
130
128
126
131
57
61
59
60
CHATS
27
Le cràno. est assez vai'ial)le, soit coiniiK^ forme, soit coinmo dimension. La plus grande
longueur (|u'il puisse atteindre est indiquée par la planche I, sur laquelle sont représentés le
crâne et quelques os de membres d'un chat de Rôda (n° 49), exceptionnellement grand et
très âgé, ainsi qu'on en peut juger par sa crête sagittale. Ce crâne est plus grand, de quelques
millimètres, que la plupart des autres spécimens, mais sa dentition, la structure des os du
nez et du front correspondent tout à fait à F. maniculata; il ne peut être confondu avec le
crâne de Felis sen-al qui ofire des proportions et des caractères biens différents.
L(is diverses régions du crâne : voûte palatine, sphénoïdes, ];)ulle tympanique, occipital et
pai'iétal (flg. 17 et IS) ont la même structure que dans notre chat d'P^urope, sauvage ou
domestique^. Toutefois le diamètre bizygomatique parait plus fort chez Felis ■maniculata (pi. I et
fig. 17). L'aspect externe du frontal varie un peu. convexe le plus souvent dans sa partie supé-
l'ii'ure, il est par-fois plat et même légèi'ement dépriuKJ suivant la ligne médiane antéro-postérieure.
En ce qui concerne la dentition, nous la ti'ouvons la même chez tous ces animaux, seule
la carnassière est en moyenne un peu plus faible chez les individus momitiés.
Les principales dimensions du crâne de F. maniculata sont indi([uées ci-après :
Longueur basilaire de la tête osseuse
— basilaire du crâne
— l)asilaire de la face
— max. des os du nez
Largeur max. des os du nez
Longueur de la voûte palatine
Largeur de la voûte palatine
Diamètre bi-ttmporal
— bi-aurioiilaire
— bi-zygomatique maximum
— interorbitaire minimum
Longueur du crâne
— de la face
Hauteur du crâne
Longueur de la canine et des molaires supérieures .
— de la carnassière
Largeur de la carnassière
Fel
is maniculat'
a.
F.
nianicula
(momitiés)
moderne
Stabl-Anlar
n" 4'i
Rôda
n" 49
Tunisie
a." 7
u" 43
n"76 d"
87
84
86
90
87
31
30
30
35
33
56
52
56
57
54 ■
31
30
27
32
30
13
13
14
14
12
39
36
39
39
36
35
33
34
36
34
46
43
46
45
46
38
37
39
40
40
70
68
69
74
73
19
18
19
20
19
77
74
78
82
79
42
39
40
42
41
37
35
36
39
36
32
28
34
32
32
11
11
12
11
12
5
5
7
6
6
FELIS MANICULATA, Cretz, var DOMESTICA. Fitz.
(Fig. 19 à 20)
Les individus de cette variété sont moins nombreux que ceux de la forme précédente.
Néanmoins nous en avons rencontr/' plus de ilix spécimens parmi les momies provenant de Ri'ida,
Thèbes et Staljl-Antar.
Les caractères généraux sont les mêmes que dans l'espèce sam'age, mais la taille de la
plupart des individus est sensiblement plus lailile; (m outre, les proportions de la face et du
crâne sont un peu différentes.
La longueur du corps, mesurée comme précédemment, atteint de 32 à 3-1 centimètres;
CHATS 29
celle de la queue varie de 25 à 28 centimètres. La figure 10 reproduit le s({uelette de la momie
n" S. de Stald-Antar, c'est un des plus grands spécimens de la variété douiestique. Ainsi qu'on
le voit, la gracilité des membres, le volume relatif delà tête osseuse et du thorax ne diffèrent
pas du tout de ce qu'ils sont dans la forme sauvage. Nous sommes en présence de doux variétés,
encore très voisines, d'une même et unique espèce. La plus petite se différenciera peu à peu, au
cours des siècles, par suite de l'adaptation à ses nouvelles conditions d'existence, pour aboutir à
la forme qu'on trouve domestiquée actuellement dans la vallée du Nil, et dont mi exemplaire a
été, très o])ligeamment offert au Muséum de Lyon, par M. le professeur Walter Innés du Caire
Dans le chat domestique de l'Egypte actuelle (n° 79), les dimensions sont bien plus faibles que
chez les plus petits individus de la vari(Hé domestique ancienne, mais elles sont toutes réduites
enviniu suivant le même rapport. La taille diminue bien que la forme du corps restiA la même.
Un peut juger de la siuulitude très a}>proximative des rayons osseux di.'s meml)res. chez
les chats domestiques modernes et anciens, par le tableau ci-après dans lequel sont données les
dimensions de trois squelettes momifiés de Stabl-Antar et Thèbes, et de deux sf[uelettes actuels
d'Egypte et de France.
F. maniculata, var.
domestica
F. domestica
(mumiûésl
(modernes)
Stabl-
■ADtar
Tlièbes
France
Egypte
n" 8
11" 16
n" 77
n" 80
■l''79
340
330
320
330
300
69
OS
68
64
62
108
104
101
84
91
105
96
94
90
88
36
38
34
35
29
121
118
113
109
103
122
116
114
110
106
57
56
52
53
46
Longueur du corps
— de l'omoplate
— de l'humérus
— du radius
— du troisième métacarpien
— du fémur
— du tibia
— du troisiènae métatarsien
A propos de la tête osseuse de i^e& m/rniculafa var. domestica (fig. 20 et 21), nousavons
dit qu'elle se distingue de celle du chat ganté sauvage par une légère différence dans les
proportions relatives du crâne et de la face. On remarque, en effet, que chez les individus
sauvages de F. manio'/t/ftt, la longueur de la face (n° 7 = 12 millimètres), est toujours
sui^érieui'e à la moitié de la longueui- du eraue (n" 7 = 77 millimètres), alors (jue dans
les spécimens anciens de la variété domestique, cette longueur de la face (n" 1(5 = 3.5 milli-
mètres) est, au contraire, constamment infV'rieure ou égale à la moitii'' (!<■ la longueur du crâne
(n" 46 = 74 millimètres).
C^ette même réductie)n de la face s'o].)ser\-e chez les chats domestiques actuels d(.' nos pays
et de l'Egypte.
Sur- la tête osseuse des félins de grande taille, la différence entre le crâne et la face est
beaucoup moins accentuée. Une panthère de Clochinchine, de la collection du Mus('um de Lyon.
mesure pour la face 7S millimètres, et pour le crâne 123 millimètres seulement.
Ces caractères différentiels sont de la même nature que ceux indiqués précédemment poui-
la distinction des races de chiens domestiques et sauvages. Ceux que nous signalons entre les
crânes des chats sauvages et domestiques ne portent (jue sur- quelques millimètres, en raison
de la faible taille de ces animaux, mais ils sont néanmoins très importants à noter-, parce qu'ils
30
FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
démontrent que la domestication produit le même phénomène de réduction de la face au profit
du crâne proprement dit, aussi bien chez les Félidés que chez les Canidés. Il n'en est pas de
même chez les animaux domestiqués pour leur chair ou leui- toison.
Fig. 20. — Felis maniculatavAR. domestica Fig. 21. — Felis maniculala var. domestica
DE Rôda (Gr. iiat.) de Stabl-Antar (Gr. nat.)
Ces oI)servations permettent ainsi de distinguer deux variétés de la même espèce, à un
stade où la différenciation, bien ([uepeu sensible, est évidente cependant.
Les dimensions i'(dativ('s aux crânes des chats domestiques anciens et modernes sont
réunies dans le tableau qui suit.
F. nianiculata^ var. domestica F. domestica
(momifiés) (modernes)
Rôda Thèbes Slabl-Aiilar France Egypte
n» 46 no 77 n" 8 n° 45 n" 78 n" 80 n" 79
Longueur basilaire de la tête osseuse ... 78 79 84 79 77 74 73
— basilaire du crâne 28 28 31 29 27 27 26
— basilaire de la face 50 51 54 50 50 47 47
— maximum des os du nez .... 23 26 27 26 26 24 25
Largeur maximum des os du nez .... 12 12 13 12 11 10 11
Longueur de la voûte palatine 34 34 34 37 33 33 32
Largeur de la voûte palatine 31 31 33 31 32 31 32
Diamètre bi-temporal 43 47 44 45 42 40 41
— bi-auriculaire .37 37 38 39 37 35 35
— bi-zygomatique maximum .... 62 68 68 63 66 63 64
— interorbilaire minimum .... 17 17 20 17 18 15 17
Longueur du crâne 74 75 80 73 70 68 69
— de la face. 35 36 40 36 35 33 34
Hauteur du crâne 35 36 35 36 35 33 33
Longueur de la canine et des molaires super. 30 30 30 31 27 20 27
— de la carnassière 11 10 10 11 10 9 9
Largeur de la carnassière ...... 5 5 5 5 5 5 5
CHATS 31
Lorsqu'on étudie une nombreuse série de chats momiflés, on remai-que très bien (juo la
forme sauvage n'est pas nettement séparée de la vaiiété domestique. Elles paraissent, en eliét,
rattachées l'une à l'autre par certains types dont les proportions de la tête osseuse et des
membres sont intermédiaires à celles qui les cai^actérisent toutes deux. Dans les tableaux
précédents le squelette n" 8 représente l'un de ces types : les particulai'ités de ce spécimen sont
environ intermédiaires aux deux formes domestiques et sauvages de^Felia uiayurulatu anciens.
De même, le crâne moderne n° 78 semble faire transition entre la forme commune du chat
domestique de l'Europe actuelle et le chat domestique de l'Egypte ancienne.
INSECTIVORES
MUSARAIGNES
Les musaraignes appai'tenant aux genres Sorex et Croridura sont tous Je très petits
mammifères ayant l'appai^ence de rats ou de souris. Cependant. e(> qui les distingue imni(klia-
tement de ces Rongeurs, c'est leur queue plus courte, et surtout leur- tète plus effilée,
à museau très allongé et pointu. Les oreilles sont plus courtes et plus ai'i-ondies: leur système
dentaire est absolument différent de celui des rats.
Les musai'aignes sont répandues dans presque toutes les régions du monde. Quelques espè-
ces ont des dimensions relativement assez considérables; d'autres, au contraire, représentent les
plus petits des mammifères connus.
Ces animaux vivent surtout d'insectes, nourriture a])solument en rapport avec la structure
de leur système dentaire qui consiste, en avant, en une paire de fortes incisives supérieures
et inférieures : les supérieures sont ai'quées et renforcées à leur base postt'rieure pai- un talon
comprimé, simulant une forte dentelure. Les inféi'ieures ont leur couronne plus longue que la
racine et disposée en lame de couteau, quelquefois dentelée sur son tranchant. En ai'rière de
la paire d'incisives supérieures, se trouvent de trois à cinq jietites dents gemmiformes qui,
étant placées entre l'incisive et la véritalde molaire, sont désignées sous le nom de dents
intermédiaires. Derrière elles, à la mâchoire supéi'ieure, se placent quatre paires de molaires
vraies, dont la dernière est étroite transversalement. L'incisive inférieure est suivie de deux
petites dents intermédiaires et, après celles-ci, se voient trois molaires de grandeur décrois-
sante, dont la première est la plus développée. D'après le nombre vai'iable des dents intermé-
diaires supérieures, les musaraignes ont donc 28. 30 ou 32 dents. Le crâne de ces mammifères
est dépourvu d'ai'cade zygomatique.
Depuis longtemps on sait par Hérodote et Diodore de Sicile, que les musaraignes é'taient
considér(''es comuK^ des animaux sacrés par les anciens Egyptiens, qui les momifiaient en gi-and
nombre, et ipii. au dh'e d'Hérodote, les inhumaient à Buto '.
' Hérodote, Livre II, n"LXVII et GLV. Buto, ville sainte, placée sur l'embouchure Sébennitique du Nil.
INSECTIVORES
33
lo CROGIDURA GI GANTE A, Geoffroy.
Annales du Muséum de Paris, 1827, p. 117, fig. 3.
(Fig. 2â)
Pelage d'un gris cendré légèrement roussàtre en dessus. iTi m eciidré pur en dessous.
Oreilles grandes non cachées au uiilicu des [loils; queue arrondie formant plus du tiers de la
longueur totale. Longueur de la tête et du corps de 10 à li centimètres. Incisives inférieures
blanclies, non dentelées. Laloni;ueur de la mâchoire inférieure, du condvh^ au bord d(^ l'incisive
est lie 1'.) mUlimètres. La formule dentaire est
idculiipie à celle de la musette d'iùiropi^.
1
1
1 — 0 — 2 — 3
il'
12
= 28. elle est
Fig. 22. — Sarcophage de musaraigne. (Or. nat.)
D'après Gervais*, la musaraigne géante, a le pelage d'un brun gris argenté et porte une
queue épaisse à son origine. Elle d(''passe notablement en grandeur celles de nos pays et se ren-
contre dans plusieurs localités de l'Egypte. Olivier^ s'était déjà procuré des momies de Musa-
raignes provenant des puits de Sakkai'a. C^ette espèce, relativement très Lirande. nous a été
aussi envoyée momifiée de la même localité : elle est toujours (■ut(iiii-i''e avec soin de ])ande-
lettes enduites de bitume.
Geoffroy-Saint-Hilaire en a observé un certain nomliri? dans les collections rap-
portées par Passalacqua; nous transcrivons ici la description qu'il on donne dans son mémoire
sur les musaraii>nes^.
' Gervais, Mammifères, I, p. 242.
- Olivier, Voyage dans l'Empire Ottoman, vol. II, p. 94, et atlas.
' Geoffroy-Saint-Hilaire, Mémoire .sur quelques espèces du genre MusaraiLcno (Annales du Muséum de
Paris, 1827, p. 117, et fig. 3).
Arch. Mus. — t. VIII * 5
34 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
« La musai'aigne géante, dit le savant profcsspui'. n'a oncore été trouvée que dans l'Inde,
ou plutôt l'Inde est la seule contrée où ou l'ait trouvée vivante, car il est probable que l'on doit
rapporter à cette espèce une grande musaraigne découverte à l'état de momie en divers lieux
de l'Égvpte, par Olivier et Passalacqua.
« Ce dernier a rappoi-ti' deux ^'iijcts provenant d'nu tduibcaii de la nécropole de Thèbes,
où on les avait placés avec des Oiseaux, des Reptiles et même des Insectes, et pai'ticulière-
ment av(>c plus de vingt individus de cette petite espèce de Sorex. que j'ai fait connaître
sous le nom de S. j-r/ii/ios/'s. Tous ces animaux se trouvaient mêlés ensemble, sans qu'au-
cun d'eux eût un l)andage à part.
« Olivier nous apprend (pie les musaraignes (pril a trouvcM's dans un des puits d'oiseaux
sacrés d'Aquisia, près de ]\Iempliis, étaient mêlées à de:-'. ecKjuillcs d'œufs brisés, appartenant
probaJ)lement à des Ibis.
« C'est par un examen attentif des tigures d'Olivier et des individus rappoi'tés pai'
Passalacqua, que nous avons reconnu que la grande musaraigne des anciens Égyptiens n'est
autre chose que notre Sorex giganteus . Or, si l'on se rappelle que les naturalistes de l'expé-
dition d'Egypte n'ont trouvé dans cette contrée aucune musai'aigne. et si l'on songe cpu' la
taille considérable du Soj'ex giganieus ne lui permettait guère de se dérober à des recher-
ches continuées pendant plusieurs années, il seml)le difficile de se refuser à admettre cette
conclusion, que l'espèce n'existe plus de nos jours à l'état vivant '. »
Nous ne pouvons admettre qu'avec réserve les conclusions de Geoffroy Saint-Hilaire.
Il n'est guère pr-obable. par raison géographique, que le Soirx giga/ifens, espèce asiatique,
se trouve en Egypte dans une région a])solument africaine .-
Nous ne pouvons croii'e non plus qu'elle ait pu disparaitrt- comme l'ibis qui a dû être
chassé sans merci pendant des milliers d'années. Les hal)itants. au l'ontraire. n'avaient aucune
raison de détruire les musaraignes.
Pendant nos longs voyages en Egypte, nous n'avons pu nous procurer ni dans le Delta, ni
en Haute-Egypte, ni en Nubie vers M'ady Halla, le Sorcx giganteus. Il est probable que
ce petit mammifèi-e n'est pas très commun, et que. comme les musaraignes d'Europe, il ne sort
que la nuit, ce qui rend sa capture très difficile.
D'après certains auteurs, cette espèce se rencontrerait aussi en Palestine, en Arabie et sur
le littoral de la mer Rouge.
Mais nous croyons (pie ces affirmations sont loin d'être sérieusement d(''montrées par des
échantillons de provenance certaine: à Tlu''b('s. nous avons trouv(' cette espèce admirablement
momifiée, et renfermée dans de jolis petits sarcophages en ])ois doré, tels ([ue celui qui est
représent('' à la figure 22. Sur la face supérieure, se trouve, sculpté en plein bois et dorée
également, le Crocidura glgantea très correctement caractérisé par sa queue épaisse et
relativement courte.
' Nous sommes persuadé que ceUe affirmation n'est pas exacte et qu'on retrouvera en Egypte le Crocidura
yigantea dès qu'on se donnera la peine de le chercher. Il n'y a aucune raison pour que ce petit mammifère ait été
détruit ou ait disparu pour une cause quelconque.
- Dans ce cas, il faudrait donner à l'espèce égyptienne un autre nom pour la distinguer de celle des Indes.
INSECTIVORES
35
2o CROCIDURA RELIGIOSA, Geoffroy.
Annales du Muséum de Paris, 1827, p. l'27, fig. 1.
■ (Fig. 23 et 23)
Cette espèce est très bien l'epro'simtée à l'état de momie dans lem(''m()inMl(' (icciffroy-Saint-
Hilaire sur les Musaraignes. Les oreilles sont
très développées : la queue de la longueur du
corps est à section carrée ; les faces sont si''pa-
rées par des angles très saillants. VA\i' se
distingue de ses congénères par sa très petite
. -n • , . , -, . 11 Fi". '^3'. — Momie DE musaraigne. (Gr. nat.)
taille, qui est a pou près la même que celle = '
au PacJujiij-a ctriisca, mais dont la turmulc dentaire (.'st différente. Elle est aussi caractérisée
par sa queue, qui est longue et dont l'e.xtrémiti^ pourrait dépasser l'occiput : par ses
grandes oreilles et par son pouce courL Lorsqu'on t'ait dissoudre dans l'alcool le bitume (pii
entoure la momie de ce petit animal, on peut constater que les poils ont une coloration gris
souris".
Fig. 21. — Sarcophage de Musaraigne. (Gr. nat.)
Les spécimens de la petite musaraigne momiffée ressemblent surtout à la Crocidura
aranea dont l'aire de dispersion parait très (''tendue en Afrique, Palestine. Arabie, Asie et
Europe. La formule dentaire est la même poui- ces deux espèces. La disposition et la structure
des prémolaires supérieures chez le (' rociduru l'rlliiinsn le rapproclieut de la vari(''[é algérienne
figurée par Dobson' ainsi que de la foi'ine de Svrie. trouvée par l'un de nous. ;i 'i'ilx'i'iade, dans
l'estomac d'une "i-ande couleuvre noii'e. Zamcius carhonarius.
' Momie de Crocidura religiosa, extraite d'un fuseau d'oiseaux momifiés dans le bitume et provenant de
Sakkara,
- Geoffroy-Saint Hilaire, Annales du Muséum de Paris, 1827.
' Dobson, Monograph of the Inseclivora, London, 1882 (pi. XXVI, fîg. 5).
36 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
INIais la tailh; de la petite musaraigno éij'vpticnnc est bien plus faible que celle de ces
dernièrcîs. Elle n'est que léi^èrement supérieure comme dimensions, à Puchyura etrusca,
de laquelle elle diffère surtout par le nombre de ses dents. La musaraigne égyptienne à
vingt-huit dents, celle d'Etrni-ie trente.
L'exemplaire le mieux conservé, qui a ('-ti'' ti'ouv('' momifié avec les oiseaux de proie de
Gizé, mesure 85 millimètres seulement de longueur totale, y compris la queue, ou 50 milli-
mèti'es pour la tête et le corps, et 35 millimètres pour la (jueue. La longueur- totale Aq. la
mâchoire supérieure est de G millimètres, alors que nous trouvons 8 millimètres dans l'exem-
j)laire de Syrie, c'est-à-dire une dimension supérieure d'un quart à celle de la musaraigne
d'Egypte. Chez le Crocidum religiosa, la quatrième prémolaire siqjérieure est ti"ès triangulaii-e,
tandis qu'elle est qiiadrangulaire chez le Crocùhira itruncu d'Eui'ope. Le Crocidara aranea
de Syrie a la même taille que la même espèce d'Europe, mais sa dentition se rapproche beaucoup
de celle d'Egypte, c'est-à-dire du Crnridura rcliriiosa. La formule dentaire d(^ cette dernière
i — 0 — 1 — 3 10 .-^
espèce est : ^ _q_2_3 = î2 = ''' "
On a trouvé fréquemment, à Thèbes, de grandes quantités île cette musai'aigne momifiée
avec des hirondelles, des grenouilles, des oiseaux de proie, et môme des insectes. Nous l'avons
l'oncontrée plusieurs fois dans les gros fuseaux renfei-mant des oiseaux rapaces englués dans le
bitume, provenant de la nécropole de Sakkara.
Dans cette même localité, on a trouvé des crânes de Civcidura n'Hniasn enfei'mi''s dans
une momie conique, élégamment ('nvelopp(''e de Imndelettes, et imitant une momie d'ibis, mais
ne contenant, avec les ossements brisés de ce petit mammifère, que des plumes Idanches de
l'oiseau sacré.
Enfin, à Thèlies, les momies du Crocidum rclir/losu ont été aussi fréquemment al)ritées dans
de minuscules sarcophages, creusés dans un morceau de bois de sycomore (tig. 24). Cette boite,
d'une seule pièce est fermée sur le côté par une planchette qui glisse dans des rainures. La
momie, parfaitement entourée de liandelettes enduites de bitume, fortement dorée, repose
dans le fond du sai'cophage qui porte sur la face supérieure, sculptée en plein bois, une musa-
raigne d(^ grandeur naturelle, représentant très fidèlement le Crocidura religiosa. et dorée elle-
même comme la momie. Souvent ces mammifèn^s momifiés sont protégés par des sarco-
phages de bronzcî imitant parfaitement ceux lU' liois, (H portant aussi une musai'aigne dorée sur
la face supérieure.
En terminant cette courte notice sur les musai'aignes momifiées de l'ancienne Egypte,
nous tenons à faire observ(n' que l'étude sérieuse et complète de ces petits mammifères ne pourra
être faite que lorsque nous aurons pu nous pi'ocurer les différentes espèces qui vivent actuel-
lement dans cette région de l'Afrique.
Il est vraiment bien difficile d'expliquer la raison pour la({uelle les Egyptiens ont momifié
une si grande quantité de cet Lisectivore, absolument insignifiant par lui-même. Il n'est
pas possible de dire (pie cette espèce ait été l'attribut d'une divinitV' ([uelcon([ue. du moins rien
ne peut le faire croire.
Ce petit animal, probablement à cause de son odeur pénétrante et de sa vie essentiellement
nocturne, n'est que très rarement capturé et tué par les chats. Peut-être est-ce la raison qui
l'a fait considérer- comme animal sacré, tandis, au contrah-e, que les vrais rats chassés et
INSEGTIVOHKS 37
dévorés pai- les chats domestiques doraient être regardés comme des animaux immondes
et laissés sans sépultui'e.
Poui" notre part, nous pensons que les musaraignes épargnées par les chats étaient
respectées, parce qu'on les croyait hantées par des âmes hiunaines. iJe cette croyance vient
probablement le soin avec lequel on protégeait contre la destruction le corps de ce minuscuki
mammifère.
RONGEURS
Les Rongeurs occupent une place des plus modestes parmi l(^s mammifères anciens momi-
fiés. Sauf un jeune Acouiys cahirimis agiilutiné, avec deux ou trois musaraignes et une
dent de crocodile, dans le bitume d'une masse d'oiseaux de proie de Toiuk'', nous n'avons à
signalei' (pie queLpies i-ats recueillis à demi digérés à l'inti'Tieui' du jabot de certains l'apaces
momiflés de K(")m Ombo et de (Tizé.
Aucun rongeur n'a été rencontré isolément, soit entouré de bandelettes de toile, soit placé
dans un petit sarcophage, ainsi que les musaraignes décrites plus haut. On peut admettre, sem-
ble-t-il, que le rat momifié à Toum'' dans un groupe de rapaces. a pi'obablement été confondu
avec une musaraigne, pai- suiti' de sa faible taille. Quoi qu'il en soit, il appartient aux égvpto-
logues d'expliquei' ce que signifiait, dans l'esprit des anciens Égyptiens, l'association de ces
divers animaux et des dents de crocodile.
G. ^^'ilkinson * cite le rat embaumé à Thcbes, mais il ajout(^ que ce n'était pas un animal
sacré. T'n rat figure, d'après cet auteur, dans les peintures anciennes de Béni-Hassan, en
regard de son ennemi naturel, le chat.
Nous nous Itor-nerons pourlr moment à résumer les caractères zoologiques des deux espèces
reconnues : Acomys caJuruius. E. Geoff.. c\ Mus rathis var. A/cxand/'inus, Is. Geofï.
ACOMYS CAHIRINUS. E Geoffroy
Acomys oahirinus, Riippell, Allas zii, der Reise im nordlich. Afrika, p. 38, pi. XIII, fifc. h.
Ce rongeur est signalé ici d'après trois spécimens trouvés, l'un momifié avec des oiseaux
de proie de Tonné, les autres à l'inté-rieur du tube digestif de deux rapaces de Gîzé.
Acomys cahirimis a. la taille à peine plus forti' ipic celle d'une souris, mais la (jueue est
moins longue. Sur le dos et les ilancs le poil est ('pineux. couleur gris cendré légèrement jau-
nâtre. La face inférieui-e du corps et les parties internes des membres sont blanchâtres.
Il est poui'vn de six molaires aux mâchoires supérieure et inférieur!» . trois de chacp.ie
côté, (pii diminuent rapidement de volume de l'avant à l'arrière. Le crâne ressemble à celui
des Mus ainsi que la dentition. Les molaires supérieures sont composées de trois séries longi-
tudinales de tubercules : celles de la mâchoire intéri(MU'e sont laites seulement de deux séries de
tuliercules disposés par paires ti'ansversales. La dentition des Acomys se distingue de celles
» G. Wilkinson, Ihe ancieni Egyptians, vol III, p. 259 et 294, 1878.
RONGEURS 39
des Mus surtout pai' la troisiriiic molaire supérieure. ClieZil/^^s ralltts par exemple, cette dont est
formée, après effacement des tubercules par l'usure, de deux lobes transversaux avec, en plus,
un tubercule liien isolé à l'angle antéro-interne. Chez les Acomys, ce tubercule antéro-interne
fait complètement défaut, la troisième molaire supérieure n'est constituée que des deux lobes
transverses très réduits et rapprochés l'un de l'autre du côté interne.
Les rongeurs du geni-e Acomi/s sont tout à lait particuliers à la taun(^ africaine. Toutes
les espèces qu'on en connaît ont ('■[('■ rencontrées, en etiet, dans diverses pai'ties de ce continent,
depuis le nord jusqu'à l'extrême sud, comme Acomys subs2nnos/ /s, Waterhouse, et Acomys
Selousi, de ^\'inton '. On ne signale qu'une forme fossile, Acouiys Gainh-yi, Dames, ti'ouvée
en Europe dans les formations du miocène supérieur, de Pikermi et de Samos. Acomys Guu-
dryi témoigne sans doute, avec les nombreuses antilopes et V HeUadotherium de Pikermi, des
relations (pu ont ilù exister vers la fin de l'époqui; miocène, enti-e L.'s deux continents.
Acomys (■(tIlirinus\1a^Àie actuellement l'Egypte, le nord-est de l'Afrique et la Palestine.
Dans le sud. on l'a rencontr('' jusqu'au Sennaar, à Khartoum.
MUS RATTUS, L , var ALEXANDRINUS, Is. Geoffroy.
Mus Ale.randrinus, Is. Geoffroy, Descriplion de V Egypte, t. XXIII, p. 183, atlas, pl.V, fig. 1. — De Seljs Long-
champ?. Eludes de micrornammalogie, p. 54 — P. Gervais, Histoire naturelle des maynmifêres,
p. 408, 18.J4.
Ce rongeur a été trouvé exclusivement dans les viscères des oiseaux de proie momifiés :
des restes de membres et deux crânes à l'intérieur des oiseaux provenant de Gizé ; diverses
pai'ties de la tète, du corps et de la queue dans les rapaces de Kôra Onibo.
Mus ah'xaiulfinus mesure l(j centimètres environ de longueur, de l'extrémité du nuiseau
à la base de la (pieue : celle-ci, très longue (22 cm. environ), est couverte de poils courts et
formée de jilus de deux cents anneaux écailleux qui diminuent de longueur de la base à
l'extrémité.
Son pelage est gris ai'doisé légèrement roussàtre sur le dos et les flancs, un peu plus clair
sous le ventre et du coté interne des membres. Le museau, plus coiu't que chez le l'at ordinaire
(Mus rattus). est gai^ni de moustaches noires longues et raides. Les oreilles sont grandes, cou-
vertes de poils liruns très courts.
Mus alexaiidfiiiKs est voisin du rat noir par les proportions du corps, des tarses, de la
queue, ainsi que pai' ses caractèr-es dentaires et crâniens : d'autre part, la couleur de son pelage
le fait ressembler au surmulot Mus decumanus.
Ce rat vit de nos jours non seulement en Egypte, mais encore dans la plus grande partie
de l'Europe méridionale ou quelques naturalistes l'ont signalé depuis le commencement du
siècle dernier. I:^n 1824. Paolo ."-îavi le trouva en Italie et le décrivit sous le nom Aq Mus tecto-
ruiii. Depuis, Mus tectorum a été identifié à Mus alcxandrlnus \)iiv son auteur (.'t plusieurs
zoologistes qui l'ont rencontré' dans divers autres i)ays, Provence, Espagne, Algérie et
Ai'abie.
Si cette espèce de rat n'est pas originaire de l'Ah-ique, la présence fréquente de ses restes
' W. L. Sclater, the Mammals of t>ouih Africa, p. 58 et 51», London, 1901.
40 FALINK DK L'ANCIENNE EGYPTE
osseux parmi les oiseaux anciens de l'Egypte, indiiinc en tout cas ipi'elle était (ii''jà très com-
mune dans la vallée du Nil à l'époque ptolémaïque.
De nombreuses légendes sont citi'cs par les anciens concernant les méfaits des rats et les
idées superstitieuses qui étaient répandues sui- ces animaux. Brelim' relate, d'après Hé'ro-
dote. qu'il faut attrilnier à l'action des rats la victoire remportée par un Pharaon sur Senna-
chérib, roi des Assyriens. Celui-ci, s'(H-ant avancé jusqu'à Péluse. était sur le point d'en venir
aux mains avec l'armée égyptienne, trop faible pour s'opposer à ses progrès, lor.squ'une multi-
tude effroyable de rats se répandit dans son camp et y rongea les cordes des arcs et toutes les
courroies deslioucliers. Ainsi désarmés et hors d'état de se défendre, les Assyriens furent obligés
de se retirei' avec de grandes pertes d'iiommes.
Ces récits, dans lesquels il n'est pas toujours facile de distinguer le légendaire et le vrai,
prouvent, du moins, qu'on ne peut appliquer à l'Asie et à l'Afi-ique antérieures ce qui a été dit
de l'Eni'ope. concernant l'importation des rats. On sait que les naturalistes s'accordent pour
indiquer (pie le surmulot, indigène de l'Inde et de la Perse, a fait son apparition en AngleteiTe
et en France vers 1730, aloi's ipril se montrait dans la Russie méridionale en 17"Î7^. Le rat
noir, probabli'ment oi'iginaire de Syi'ie. serait eonnu en Europe depuis le moyen âge.
Nous attendrons de posséder plusieurs squelettes modernes de Mus alexandriiius et
à\-icomys caJnrinus pour les compai'er aux restes anciens de ces deux espèces et chercher à
connaître les rapports ou les différences que ces animaux peuvent présenter.
' Brehm, la Tïe des animaux, p. 106.
- De Selys-Longchamps, Etudes de micromammalogie, p. 52.
HOVrDÊS
Oiiati'c momies complôU'S de l!u\-i(l(''s nmi-; (lut rlr cnvoyiV-; de Snkkara et. (l'Ahuiisir par
M. Afaspcro. ainsi que pliisiciii's ei'àncs sé^iaivs, olirant les cai'ac'tèi'i'.-; les plus importants. Los
sqiiolottos ont pu ùtr'o admirahlomont ronioutiV: par notre très habile chef île Laboratoire;
tous appartiennent i''vi(l<'niment à iler' mâles. Os tanr-eaux. ainsi i[ue le i-aeonte lb''i"odote. ont
(lu ôtro enterrés: puis les ossements ont étt' exhumés lorsque les chairs ('■talent tombées en
putréfaction : alors seulement, ainsi que l'indiqucmt les animaux (pie nou^' avons sous les yeux,
les ditl(''rentes pièces du corps ot des membri^s ont été barbouilh-es. de bitume par des coups de
])inceaux irr(''iiulièremenl distribu(''S.
•le i-e[»roduis ici. textuellement, la ti'ès int(''i'essante obsei-vation de l'historien Ljree' toujours
si exact : « Ils tbnt aux b(eut's morts des rim(''i"ailler' de la mani('re suivante; ils jetbait dans le
fleuve les t'emidles. et ils inhument les mâles dans leurs {aubour,n\s.laissantpasser de terre une
corne ou deux comme monument. Ouaml la putréfaction est c(>mpl(''te. et (|ue le temps prescrit
est (''Coul(''. un bateau ai'ri\'e pour prendre les sipielette.; (pie l'on enterre tous au ménK^
endroit. »
Les lieux de s(''pultuiv où Ton ensevelissait les restes des bn'ufs mâles (''taient nom-
breux, car on rencontre, un peu partout, des cimeti(''res de ces animaux renfermant une
immense ([uantité de d(''bris. Les principales de ces ni'cropoles sont très certainement celli^s
de Sakkai'a et d'Abousir. où les jirenùers voyaijcurs qui ont exploit'' ces régions ont vu
d'innombrables momies qui. malheureusement, ont (Hé souvent recueillies pour le service
des raffineries de sucre dans la haute et la basse Kgvpto^.
A c('if('' de C(\s cimetières de bieufs vul,L;aires. se ti-ouvaient les scj-iijichih de Sakkai'a et
d'Abousir. on (''talent ensevelis les restes des Ajjis sacrés, honorés ^■.urtout à Memphis. Les
b(pufs Af)is. comme on le sait, (''taient de couleur noire avec di^s taches lilanches disposées
r(''g'ulièrement. Us avaient sui- le fi-ouf un triangle blanc et. du c('iti'' di'oit. une autre tache en
forme décroissant de lune. Les momies des vi'ais Apis portent toujours, sui- le front, cousu sur
les bandelettes (pu enveloppent la tête, un ti-ian,L;ie (''ipulati'ral en toile blanche (ùg. 3.5).
Les taureaux sacrées, de couleui- tdaire. ;q>[)(d(''s i)/;;(^r/.y. (''talent cons.acrés à YAtonni. le
soleil couchant, dieu d'tléliopolis, près du Caire. Los nécropoles humaines et liovines de cette
ancienne vill(> n'ont pas encoi-e pu (H re d(''cou vertes. On ignore donc, jusipr;! ce jour, à ipielle
' Hérodote, Eu/ei-pe, paragr. XLI.
- Gailliaud, Voyage à Meroc et au Xil blanc, Paris. 1826.
Ancii. Mls. — T. VIII. "0
42 FAUNE 1)K LANCIKXNK KGVPTK
race ijouvait appai'tenir le tauivau Mncris adurc'' clans celle localité coiuine étant l'incai'nation
du dieu Rà.
La vénération des Égyptiens pour certains animaux est \-i-aiui('nt idiosc extraordinaire.
Diodore, de Sicile, i-appoi-fc' ([uc lorsiju'ils voyaij'ent en [lavs (Hi'ani^ers. u ils ont pitié des chats,
des éperviers, et les ramènent avec eux en Egypte, même en se i)ri\-ant des choses les plus
nécessaires. Pour ce qui concerne l'Apis dans la ville de Memphis. le ]\Inévis dans Héliopolis,
le Bouc de Mendès. le Crocodile du lac Moeris, le Lion nourri à Léontopolis. tout cela est facile
à raconter, mais difficile à faire croire à ceux cpii ne l'ont pas vu. -Ces animaux sont nourris
dans des enceintes sacrées et confiés aux soins des personnages les plus rcmarijuahlcs. qui
leur donnent des aliments choisis. Ils leur font cuire de la flcui- de iai-ine ou du gruau dans
du lait, et leur fournissent constamment des gâteaux de miel et delà chair d'oie bouillie ou
rôtie. Quant aux animaux carnassiers, on leur jette beaucoup d'oiseaux pris à la chasse. En un
mot. ils font la plus grande dépense pour l'entretien de ces animaux auxquels ils préparent, en
outre, des bains tièdes; ils les oignent des huiles les plus précieuses et brûlent sans cesse,
devant eux. li's parfums les jilus suaves. De plus, ils les couvrent de tapis et d'ornements les
plus riches. A la mort il'un de ces animaux, ils le pleurent comme un de leurs enfants chéris
et l'ensevelissent avec une magnificence qui dépasse souvent leurs moyens. Après les funérailles
magnifiques du taureau sacré, les prêtres vont à la recherche d'un veau qui ait sur le corps les
mêmes signes que son prédécesseur. Dès que cet animal a été trouvé, le peuple quitte le deuil, et
les prêtres préposés à sa garde le conduisent à Nicopolis^. où ils le nouri'issent pendant qua-
rante jours; ensuite, ils le font monter sur le vaisseau Thalamcyc qui i-enferme pour lui une
chambre dorée. Ils le conduisent ainsi à Memphis et le font entrer comme une divinité dans le
temple. Pendant les qum'ante jours indiqués, le taureau n'est visible qu'aux femmes. Quelques-
uns expliquent le culte d'Apis par la tradition que l'àme d'Osiris ]iassa dans un taureau et que,
depuis ce moment jusqu'à ce jour, elle n'apparait aux hommes (pie sous cette forme. »
Quoi {[u"il en soit de ce culte d'Apis. L's quati'e squelettes de bœufs, très complets, que
nous avons pu (''tudiei" et monter au Muséum de Lyon, grâce à la bienveillanc<' de M. Mas-
pero, doivent appai'tenir à des animaux mâles, si l'on en cr-oit Hérodote. Il iHait important
de s'assurer si l'affirmation de l'historien grec était exacte, en ce qui concerne les animaux
trouvés à Sakkara ou dans les hypogées d'Abousir.
Pour- vérifiei' ce fait inté'ressant. M. Arloing, directeur de l'iù'ole vétérinaire de Lyon, a
bien voulu les (''tudier uunutieusement. Pour lui. il n'y a aucun doute possible, les quatre sque-
lettes de Sakkai'a et d'Abousir appartiennent bien à des mâles. Chez les femelles, en effet,
vaches d'Afrique ou vaches zébus, le diamètre bi-ischiatiqui^ du bassin, pris à partir des tubé-
rosités supérieures, est plus grand ([ue le diamètre bisiliaque du bassin, pris en pai'tant de la
crête ])ectinéale du col de l'iléon ; la différence est généralement égale à l'épaisseur du col de
l'iléon. Il n'y a point d'exceptions à cette règle. (]hez les mâles, au contraire, le diamètre
biischiatiqui.' est inférieur de i>lusieurs centimètres au diamètre liisilia([ue.
^fos quatre squelettes appartiennent donc bien à des taureaux trait(''s au moyen des
procédés indiqués par Hérodote.
' Diodore de Sicile, traduction Hœfer, t. I, liv. I, p. 98.
° Nicopolis, faubourg d'Alexandrie.
BOVIDÉS 43
BŒUFS DE SÀKKÀRA
BOS AFRICANUS, Brehm. N' 1.
(Non figuré.)
La hauteur au i^an-ul est de 1 12 centimètres ; la longiioui- depuis l'extrémité de
l'ischion jus([u'au liord antéri(>ui- de la première apophyse épineuse dorsale est de 140 centi-
mètres. Dans son ensem])le. ranimai svelte. liant sur jambes, pri'sente un aspect cervoïde
très caractéristique et devait être, avant tout, un excellent coureur'.
Les os des membres, notamment le iémur et l'humérus, montrent une .gracilité qui
les différencie très nettement de ceux des liœufs domestiques de nos pays.
Le thorax est aplati, par suite d'une flexion particulière des côtes.
La courlie, formée par le (h'troit intV'i-ii'ui" du l)assin, est très manifestement an-
e-ulaire au lieu d'être arrondie et largement évasée comme chez les femelles. Le sacrum
est composée de 5 vertèbres. Les dernières apophyses épineuses des vertèbres dorsales
sont légèrement ])itides à leur sommet, ce qui tendrait à rapprocher ce bovidé vrai de la
forme zélm. Je crois cependant qu'on ne doit attacher qu'une très petite importance à ce
caractère qui sem])le être peu constant.
La tête est peu volumineuse». Sa longueur totale est de Ki centimètres, et ce qui
frappe tout d'abord en la regardant en face, c'est l'aplatissement du front, ainsi que la
ligne parfaitement horizontale ipie di''crit l'os frontal, entre les deux axes des cornes, pour
former ce que les vétérinaires appellent le rhignojt. Cette crête a une longueur de 11 centi-
mètres entre les premières perles des axes cornés.
Voici les dimensions de la tête :
Du chignon à l'extréaiité supétieure des os nasaux 215"""
De l'extrémité supérieure des os nasaux à l'extrémité des prémaxillaires 245 »
Rapport 0 87
Du chignon à la ligne transversale sus-orbitaire 190"""
De la ligne sus-orbilaire à l'extrémité antérieure des prémaxilaires 270 »
liapport 0 70
BOS AFRICANUS, Brehm, N» 2.
(Fig. -^5, -G, -7.)
Le squelette n" 2 a une haut<'ur de 117 centimètres au garrot, et sa longueur est de
L59 centimètres, depuis l'extn'-mité' de l'ischion jusipi'au bord antérieur de la ju-emière ajio-
physe (''pineuse doi'sale.
' Cet aspect cervoïde nous a été aussi indiqué par M. le professeur Schweint'urth comme caractérisant le bétail
de la région du Bahr-el-Gazal et d'autres contrées de l'Afrique centrale.
- Brehm, la Vie des animnur, trad., française, vol. II, p. 691.
46 FAUNE DK LAXCIKXXK KCYl'TK
De inèiiie quL' le 11" 1, cet imiiual. haut sui' jaiubcs. ('lait tivs svcltc et élancé. Los os des
mcinlirés sont longs et minces. Il ilevaii être coiii-ciu- et u'iUait cci-tainement point attelé à un
char ou à une charrue.
La coui'be anguleuse, formée pai" le (li''troit iulérienr du bassin, montre (|ue ce s(juelette
appartenait sans aucun doute à un uiàle. Le sacrum est composé de .-) vei-lèbi-es comme chez
l(^s vrais bœufs.
La tète est petite. a})latie antérieurement et présente les dimensions suivantes :
Du chignon à l'oxtrémité antérieure des os nasaux 285"""
De l'extrémité antérieure des os nasaux aux prémaxillaires 256 »
Rapport 0 91
Du chignon à la ligne transverse sus-orbitaire ' 205"""
De la lisne sus-orbitaire à l'extrémité antérieure des prémaxillaires 282 »
Rapport 0 72
Sur les quatre squelettes que nous avons sous les yeux, la sutiu-e pubienne est très épaisse,
ce qui indique encore avec certitude que nous avons affaire à des restes de taureaux.
BOS AFRICANUS, Brehm. N" 3.
iFiij. iS.)
Le squidette de ce bœuf ressemble beaucoup aux deux autres précédemment décrits. La
hauteur au garrot est de 1.57 centimètres; la longui?ur. depuis l'extrémité di> l'ischion jusqu'au
bord antérieur de la prentière apophyse épineuse dorsale, est de 11!) centimètres. C'est encore
\in animal svelte. haut sur jambes, présentant un aspect ccrcou/r tout à fait caractéi'istique. Il
devjiit vivre probablement, à moitié sauvage, dans les pâturages et les marais des bords du Nil.
Les os des membres sont grêles. Le thorax est aplati lati''raleinent. Le détroit inférieur du
bassin est manifestement angulaire, caractère qui, joint à la grande épaisseur de la symphyse
pubienne, pi'ouve que nous avons encore affaire ici à un squelette de mâle.
Le sacrum est Ibrim'' de 4 vertèbres seulement, anomalie ipu se présente, du reste,
fréquemment chez le Ixeuf domesti({ue. Va' caractère nous avait d'aboi'd fait croii-e (pie cet
exemplaire devait être rangé dans le genre Zèbi'. Mais un examen attentif des squelettes de
bœufs domestiques conservés dans le ^lusée de l'Iv-ole V('t(''rinaire tle Lyon nous a prouvé que,
malgré l'opinion de (jivier, on ne devait chez les Lovidés, attacher que peu d'importance an
nombre souvent variable des pièces du sacrum. Ceci est amplement démontré par les observa-
tions suivantes :
1" Squelette de vache bretonne de 5 ans. — 4 vertèbres sacrées. Le sacrum est long d'avant en
arrière, très j3eu incurvé dans le sens longitudinal. Apoi^liyses épineuses, sacrées, courtes, presque toutes
de même liauteur. Trous sous-sacrés, grands et allongés dans le sens antéro-postérieur. Angle interne de
l'iléon jieu recourbé.
' Nous appelons ligne sus-orbitaire, la ligne horizontale qui rejoint les deux échancrures sus-orbitaires des
orbites.
BOVIDES
47
2° Bassin de vache (race indéterminée). — 5 vertèbres sacrées. Sacrum allongé portant de faibles
ajiophyses épineuses. Angle interne de l'iléon peu relevé.
FiG. 28. — Sacrum de Zébu de Ceylan.
FiG. 'À9. — Sacrum de Bos Africanus de Sakkar
3° Squelette de vache de 3 ans (raceiniléterminée). — 4 vertèbres sacrées. Face inférieure du sacrum
peu incurvée d'avant en arrière. Apophyses épineuses courtes et presque égales.
4° Squelette de vieille vache (race indéterminée). — 5 vertèbres sacrées. Courbure longitudinale
du sacrum presque nulle. Trous sous-sacrés allongés d'avant en arrière.
48 FArXl-: DK LAXCIKXXK KGYPTE
5° 2 Bassins DE VACHES (race indéterminée). — 5 vertèbres à chaque sacrum. Ces os sont allongés
aiitéro- postérieurement. Ils ont une faible courbure d'avant en arrière.
6° Sqcelette de vache (race indéterminée). — 5 vertèbres sacrées. Sacrum allongé, peu recourbé.
Apophyses épineuses, courtes.
7° Squelette de zébu femelle, de Ceylan. — 4 vertèbres sacrées (lig. ^8). Le sacrum est court, très
recourbé dans le sens antéro-postérieur. Les apophjses épineuses, très élevées en avant, diminuent brus-
quement de hauteur vers les troisième et quatrième vertèbres. Les trous sous-sacrés ont une forme à peu
j)rès circulaire.
8° Squelette de zébu, de Madagascar. — 4 vertèbres sacrées. Sacrum court d'avant en arrières
très recourbé supérieurement. Les première et seconde apophyses épineuses sont très hautes, la quatrième
est très petite.
9° Squelette de bœuf Sanga (jeune) d'Abj'ssinie. — 4 vertèbres sacrées. Sacrum très court,
d'avant en arrière. Courbure du sacrum bien moins prononcée que chez les zébus.
11 i-i'siiltc (les oliscrvations précédentes ({iic le iiùiubi'e des vertèbres sacrées est varia])le
chez le Jxeuf domestique. Il est de cinq le ]iliis r-ouvciit. i|iielqu(^fois de quatre et. dans cer-
. tains cas exceptionnels, de six.
Chez les zé])us (|ue nous avons pu e.vaminer. h' sacrum comprend normalement i vcr-
tèbres.
La ditierenc(^ la plus importante et la plus normale ([ui peut être constatée entre le bœuf
et le zébu consiste dans la longueur relative des vertèjires sacrées. Celles du zéltu sont coui'tes
d'avant en arrière, cidles du boeuf domestique sont bien plus allongées (fig. 29).
Les apophyses épineuses du sacrum sont hautes du côté antérieur et diminuent ])rusque-
mcnt en arrière chez h' zid)u. (Ihi'Z le lin-uf domestique, cesapophyses sont i>eu (''levées, elles
ont presque toutes la même hauteur.
La eourbui'e du sacrum est très prononcée chez le zi'dtu : elle est insensible chez le bœuf.
Les si[uelettes de Sakkara et d'Abousir ajqiai'tiennent bien à de véi-italdes bœufs et non
à des zébus.
L'étude détaillée des os di's meniltres nous donne encore des cai'actères qui ne manquent
pas d'im]Hirtance au point de vu(^ de la race.
BOS AFRICANUS, Brehm, de Sakkara. N° i.
N" 25 Diamètre antéro-postérieur minimum de la diapliyse du fémur 45""
Diamètre transverse 39
Rapport 0 86
Longueur totale du fémur 430
N" 28 Diamètre antéro -postérieur minimum de la diaphyse du fémur 42
Diamètre transverse 36
Rapport 0 85
Longueur totale du fémur . . 420
N° 26 Diamètre antéro-postérieur minimum de la diaphyse du fémur 46
Diamètre transverse 39
Rapport 0 84
Longueur totale du fémur 430
Arch. Mus. — t. VIII.
mm
mm
50 FAUNK DE L'ANCIENNE EGYPTE
N" £9 Fémur isolé reçu avec un bassin de femelle.
Diamètre antéro-postérieur minimum de la diaphyse du fémur 38°"°'
Diamètre transverse 33
Rapport 0 86
Longueur totale du fémur 400
Bos BRACHYCERos DE Syrie, femelle.
Du chignon à la ligne transverse sus-orbitaire 170'
De la ligne transversale sus-orbitaire à l'extrémité antérieure des prémaxillaires .... 240
Rapport 0 69
Longueur totale du chignon à l'extrémité antérieure des prémaxillaires 410
Diamètre antéro-postérieur minimum de la diaphyse du fémur 35
Diamètre transverse 32
Rapport 0 91
Longueur totale du fémur 315
Bos BRACHYCEROS, Rutimeyer (mâle) de Syrie.
Du chignon à la ligne transverse sus-orbitaire 185'
De la ligne transversale sus-orbitaire à l'extrémité antérieure des prémaxillaires .... 298
Rapport G 02
Longueur du chignon à l'extrémité antérieure des prémaxillaires 480
Diamètre antéro-postérieur, minimum de la diaphyse du fémur 36
Diamètre transversal 33
Rapport 0 91
Longueur totale du fémur 365
ZÉBUS
ZÉBU DE Madagascar.
Diamètre antéro-postérieur minimum de la diaphyse du fémur 44mm
Diamètre transverse • 42
Rapport 0 !>5
Longueur totale du fémur ... 400
ZÉBU DE Ceylan, femelle.
Diamètre antéro-postérieur minimum de la diaphyse du fémur S?"""
Diamètre transverse 32
Rapport 0 86
Longueur totale du fémur ' 320
CERFS
Rusa hippelaphus de Cochinchine.
Diamètre antéro-postérieur minimum de la diaphyse du fémur 39°""
Diamètre transverse 33
Rapport 0 84
Longueur totale du fémur 360
L'étude des fémurs de ces espèces montre que les zébus de Ceylan, ain^i que le Bos
afficanvs do Brehra, sont des formes presque aussi coureuses que les cerfs.
Au contraire, le zébu de Madagascar serait, toujours d'après la section de son fémur, une
race voisine de nos bœufs domestiques, mais alourdie, ou plutôt améliorée suivant l'expression
des éleveurs, afin de donner des animaux bons pour la boucherie, le labour, le portage et mémo
la traction, lors(pi'il est attelé à une charrette, comme cela se pratique fréquemment dans les
Indes où même les zébus trotteui-s sont attelés à des voitures.
150 VIDÉS 51
Nous donnons ici ces mesures et ces chiffres pour ce qu'ils valent, c'est-à-dire pour fort peu
do chose ; nous les considérons comme étant d'une importance très minime au point de vue de ]|i
détermination des races. Si les anthropoloii;istes et certains zoologistes ne se bornaient pas
exclusivement à l'étude de certains ty'pes, mais s'ils appliquaient leurs procédés de mensuration
ou leurs statistiques numéi'iqiios à d'autres formes, à des plantes par exemple, ils reconnaî-
traient facilement le peu do valoiir ([uo peuvent avoir les méthodes d<^s chiffi'os et dos mesures,
lorsqu'on veut les faire servir à la morphologie des êtres vivants qui sont éminemment vai'ia-
bles, et qui se trouvent toujours dans un état de transformation constante; due aux influences
du milieu et à celles de la lutte pour la vie.
Les procédés de mensurations, les statistiques basées sur des résultats numériques, quel
que soit l'arrangement sous lequel on les pi'(''sente, sont la m'-gation d(> la grande loi du
ti'ansformismo qui. aujourd'hui, est cependant accepté par tous les naturalistes. On peut se
demander aloi's, dans quel liut on mesure des êtres dont les organes cliangeat sans cesse de
formes, do rapports et de dimensions.
Ce que nous nous permettons d'affirmer ainsi, nous semble parfaitement prouvé par ce qui
se passe en anthropologie, où les ol)servateurs se sont donné libi-e carrière pour aligner, dans de
superbes ta]_)leaux, mesures sur mesures, cliiftres sur chiffres, rapports sur rapports, et tout cela
pour ar-rivor à un résultat à peu jtrès nul. Aucune découverte, tant soit peu intéressante, n'a
(Hé faite en anthropologie par de pai-oils procédés. Tout ce que certains o])sorvateurs ont pu
affirmera la suite de mesures, accomplies avec une patience de ])énédictins, avait été dit avant
eux par les historiens, les linguistes et les naturalistes de la vieille écolo. Appliqués à cer-
tains types humains offi'ant un grand intérêt, les Egyptiens par exemple, ces procédés n'ont
donui'' a])solnment aucun résultat sur la parenti'' ou l'origine de ces vieux pères de notre
civilisation actuelle.
Les méthodes de mensurations, lorsqu'on veut s'en servir pour l'étude des races animales
domestiques, n'ont donné aussi que des résultats d'une très minime importance. Et comment,
du reste, pourrait-il en être autrement, puisque ces animaux sul)issent tant do modiffcations
profondes, pai* suite des croisements de toute nature et dos inffiionces savantes mises en œuvre
par les (''lovours do tous les àgos et de tous les pays?
Les ])oeufs dessinés sur les monuments de l'ancienne Egypte, temples ou tombeaux,
montnmt deux races bien difforont(>s l'une do l'autre. La première, la plus commune, est
figur(''o par do grands animaux à cornes tivs (l(''\-elopp(''os, dirigées suivant le plan du front, en
demi-circonférence ou aussi on forme do lyre comme les appellent certains archi'ologues.
C'est seulement celle-ci qui peuple les m'rropoles de Sakkara et d'Abtiusir.
La seconde race parait ronrormoi' des animaux (''gaiement grands, mais pourvus sur les
C(Jtés de la tête d(^ cornes plus courtes, dirigées on dehors et en haut. Ces animaux sont pres-
que toujours représentés porteurs d'une bosse plus ou moins prononcée au niveau du garrot.
Ces deux espèces ont été très fiien dessinées par Wilkinson^ d'après un(^ sculpture figurant
la première un attelage, et la seconde une (■(.■urio. Nous n'avons point reini de squelettes
des animaux do cette forme.
' Wilkinson, tlte ancieni Egyptians, vol. I, [i. £49 et 370.
52
FAUNK DH L'ANCIENNE EGYPTE
BOS AFRIGANUS, Brehm. N' r,.
(Fig. 31, 32.)
Ce crâne, très volumineux, est pi'obaljlement celui d'un Apis pi'ovenant des souterrains
de Sakkara. Il a été examiné et mesuré avec le plus grand soin pai" notre savant collègue
M. le D'' Durst'. (lui en dit ceci : a Le crâne n'oflVc iiuc très iteu de différences avec celui d'un
Fig. 31. — Crâne de Bos africaiius de Sakkara.
Bo!^ hrachyceros. 11 possède comme celui-ci un frontal onduk-ux. la pointe triangulaire tle
l'os pariétal s'intercalant entre les deux frontaux, la sutiu-c saggittalc formant souvent une
crête.
« L'occipital seul dilière de celui du Boa brncJiijcerus. il se l'approche un peu de celui du
Bos lirimigeaiwi k cause de l'intiuence du poids des cornes sur la forme des os du crâne.
l)urst, V Anthropologie A- II, année 1900, p. 671 et suivantes.
BOVIDES 53
La bosse du chignon n'est presque jamais développée, la lii^-ne qui joint la base des cornes
est toujours droite ou peu courbée. Mais la base occipitale, c'est-à-dire la partie supérieure
de l'occiput, s'élève fortement au-dessus de la s/j/>faj)ia. (l'est une
difiérence importante avec le lias jn-iuu'f/c/iiifs eouiun' riudiipiait
déjà Riitime_V(M-. Les cornes de c(^tte es[)èce sont absolument ditlc- /
rentes, dans leur forme, de celles du Ilus pi-iniigeiiius. Au lieu ^ -''",/
d'ètrt' dirieV'CS en avant, elles sont au contraire diriii'ées eu haiiL /i'
et ont la forme d'une lyre ou d'un demi-cercle. » '' ' .
Ce crâne de bœuf Apis se ti'oiive depuis longtemps / ,. , ^
danr; le laboratoire du Abuu'inu de Lvon. Sa photogra- __. /mljif\ v^h
phie est l'eproduite aux figures ."il et 32 ; cette pièce ^&%M' *: '' 'SêK' 'Cl
très intéressante sera l)i(nitôt renvoyée au musée du ^, ^\', .^ «f^ ^ f^3
Claire où les savants i)ourront TiHudier dans la salle ^'""«.'c/i' » ,''
consacr(V' aux momies animales. f^'* tt \^
Le chignon forme une crête horizentale entiv les -, A
bases des cornes. Le front est plat. Les orbiti^s. très / i
saillantes, sont entourées de végétations osseuses ([ui , ,!&''*'j??P|'i
dissimulent presque entièrement les échancrures sus- et V - ■ ■^r
sous-or])itaires. La base des cornes est entourée d'un /^ ^r
épais anneau de végétations osseuses. T^es os du ne/. si)nt % , ' . . ,J^^ \
solidement soudés entre eux, ce ([in iudii[ue que nous ?.^|â~4
avons sous les yeux le crâne d'un mâle et d'un très vieil f ■,'.
individu. ' i. "* - ■,
Les dimensions principales sont les suivantes : '-^^ ,>
Du cliignon à la ligne sus-orbitaire . . . 240""" ^^^SV''«
De la ligne sus-orbitaire à l'extrémité anté- ^r".i|
rieure des prémaxillaires 328 ^sJ
Rapport .... 0 73
Longueur, du chignon ;i l'extrémité anté-
rieure des prémaxillaires .570"™
Largeur maxima entre les bords extérieurs Fig. 32. - Grane de Bos africanus
des orbites 270 de Sakkaih.
(liiez le Ixeuf dome.-;ti(pie, les os duuez se Sdudeut très rai'elUi'Ut. 1 )uns le must''e d(.' l'Ecole
vétérinair-e de Lyon, j'ai cependant tr()UV('' im crâne d'un taureau de 7 ans. d(i l'ace Durham,
dont les os nasaux sont aussi fortement soudés que ceux du bieuf de Sakkara. Sur ce crâne,
les mesui'es sont les suivantes :
Du cliignon, à la ligne sus-orbitaire 2.36"'"'
De la ligne sus-orbitaire à l'extrémité antérieure des préraaxillaires 308
Rapport 0 70
BOS AFRICANUS. Brehm. N» C.
(Fig. 3:i, 3i.)
Un autre crâne de Eus dfricanvs, tout à fait semldable au précédent, nous a été
envoyé en ISOl. par le regretté M. Kleinmann. directeur du ('.l'iMlit Lyonnais en Egypte.
54
FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
BQ
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s!
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en
J
BOVIDES 55
Il provient très prohablement, non du .urand Serapeum, mais d'un des nombreux puits remplis
d'ossements de bœufs, creusés dans le sol de Sakkara ou d'Abousii*.
Les cornes montrent la même direction que celles de l'animal représenté aux figures 31 et 32.
Elles sont très fortes, entourées à leur base d'une épaisse zone de tubercidos osseux. A la
racine de la corne droite, se voit encore un fragment de peau qui parait avoii- (Hé brune ou
noire. Le chignon est tout à fait horizontal, sans élévation médiane. Une crête longitudinale
prononcée s'étend entre le chignon et les os du nez. Ceux-ci sont entièrement et solide-
ment soudés jusqu'à leurs extrémités inférieures, ce qui indique que nous avons aflaii'e à un
animal adulte ou âgé. Les orbites sont entourées de productions osseuses très développées qui
transforment ces orifices en véritables tubes coniques.
La longueur de la tête, prise du chignon à l'extrémité antérieure des prémaxillaires, est
de 55 centimètres. La largeur maxima prise aux or])ites est de 2(") centimètres.
Longueur, du chii^oon à la lij:ne sus-orbilaire "... 240"""
Longueur, de la ligne sus-orbitaire aux prc'maxillaires . . . . 308
Rapport 0 70
La région postérieure du crâne i^résente aussi de nombreuses végétations osseuses qui
indiquent un âge avancé et une alimentation surabondante. II est probable que les crânes
des n"'' 5 et 0 proviennent de bœufs Apis élevés dans des écuries annexées aux temples
et très bien nourris, conditions favorables à la production des exostoses qui caractérisent ces
deux pièces.
Le Muséum de Lyon possède enc()r(> neuf crânes phis ou moins conaplets déjeunes indi-
vidus, provenant des mêmes localités et présentant des cai'acfères identi({ues à ceux des indi-
vidus décrits précédemment.
Lorsqu'on les compare aux crânes des zébus, on peut constater que. comme le Bos
africanus, le zébu de Madagascaj" a le chignon très horizontal.
Le Z(''l)u de Cevlan, au contraire, a une saillie au milieu du chignon. Il présente un h-ont
fortement liombé, tandis que le Bos africanus 'îs.Xc front alisolument plat ou même légèrement
concave. Chez le zébu de Ceylan, le chignon surplombe foi'tement l'occipital, i)lus ou moins
suivant l'âge ou le sexe. Chez le Bos afrircums très jeune, le chignon foi'ine avec l'occipital un
angle presque droit.
Dans les fouilles exécutées en 1855. au Serapeum de Sakkara, Mariette parait avoir
trouv('' deux si[iielettes de vrais Apis dans des chambres huK'rain's inviolées'. On ne sait
malheureusement ce que ces restes pi'écieiix sont devenus. Dans le musée égvptien du
Louvre, on trouve seulement une tête d'un jeune Apis dont M. Bénèdite a l)ien voulu
m'envoyer la photographie. En 1902, j'ai })u examiner cette tête (fig. 35) grâce à la bien-
veillance de MM. Pierret et Bénèdite. mais je n'ai jias été autorisé à la débarrasser de ses
l)andelettes .
J'ai pu cependant m'assurer ([ue les cai'actères de cette tête sont les mêmes que ceux
que présentent les autres individus décrits plus haut. Les deux petites cornes n'ont (jue ({uel-
' Mariette, Alheneuin français, juin 1855, p. 54.
ii?
nj
/
56 FAI" NE DK LANGIENNK KGYPTH
ques centimcMn's d(> hautoui' ot indiquent un animal de '.) ;i 12 mois. Le ehiiiuon, parfai-
tement reetiligne. sous les bandelettes, a une lonu'ueur de ['2 centimètres. De la Jiase des
coi'nes à l'extrémité du museau, la lonLî'ueui' est de 2'A (■(■ntimi"tr(>p. Les yeux sont ftii'urés
par des bandes d'étoffes cousues eiirulaii'ement, et, sur le fi-ont, est solidement fix('' un ti'ianiile
isocèle d'étoffe blanche (|ui montre sûrement (pi'on a ici la tète d'un Apis sacré mort jeune,
à l'état de veau. C'est la seule pièce alisolument autheuti([ue que nous ayons pu examiner. La
peau et le poil de l'animal ne sont pas con-
servés. La tête pai'ait avoir été enveloppée de
liandelettes lorsqu'elle était d(''jà dépouillée de
ses chairs.
L'étude, cependant incomplète, de cette
pièce nous permet d'affirmer que cet Apis
appartenait à la race du Bof> a/'z-ica/tui;.
D'après les scidptures trouvées par ^la-
riette au Seraiieum de 8akkai-a'. les Apis
étaient des animaux s\-eltes, hauts sur jambes,
pourvus d'une bosse très petite, et en tout
seml)lables à ceux que nous avons étudiés
sous le nom de Bas africanus, qui, quoiqu'ils
ne puissent pas i>résenter de bosses sur le
squelette, ont cependant toujours un garrot
fortement prononcé' et incurve''.
Si l'on en croit Plutarque. Apis ne pou-
vait vivi-i' au delà d'un certain nombre d'an-
•^ n(''(>s dont l'historien grec fixe le chiffre à 2.5;
une mort violente tranchait ses jours quand il
Fig. 35. - TÈTE DE LA ..O.M.E DU jELNE Apis DU MUSÉE ^valt atteint la limite (pi'U lui .'tait défendu
^^ Louvre j,. franchir'. Cette affirmation de Plutarque
par-ait ne pas être tout à fait exacte. Mai'iette
cr-oit que les Apis vivaient ce qu'ils pouvaient, de 20 à 2S ans. Le plus glorieux d'entre eux,
disait notre savant compatriote, doit être sans doute celui ipn. Usiris complet, prolonge sa
vie jusqu'à 28 ans. après lesquels, à l'exemple de la victime des embûches de Typhon, il
termine son existence dans les eaux du Nil.
Ce seraient ces Apis, très vieux pour des bœufs, qui. bien nourris, bien soignés dans des
écuries, privés de tout travail et de tout exercice, nous pr(''sentent les ci'ànes volumineux repré-
sentés aux figui'es 31 et 35, nous montrant ces végétations osseuses extraordinaires, développées
autour des orbites, sur les apophyses post-craiiiennés, ainsi que la soudure si remai'quable
des os du nez.
Les Apis étaient enterrés, soit dans le grand Sei'apeum souterrain de Sakkara. soit dans
des tombes profondes et isolées, creusées dans le plateau voisin de cette n(''cropole. Souvent aussi.
' Mariette, Atheneum français, juin 1855, p. 54.
^ Mariette, Alheneum français, octobre 1855, p. 85 et suivantes
1!0\1])ES 57
on onsov(4issait leurs dépouilles dans des i^alcrios creusées dans la roche calcaii'(^ qui forme le
sous-sol d'Abousir au sud de Sakkara.
D'après M. Maspero, les bœufs de Sakkai'a ne sont, pas tous des Apis, du moins ceux qui
n'ont pas été trouvés dans le Sei'apeum ou dans des tomlies spéciales. Ils doivent avoir été des
animaux secondaires*, peut-être les frères et les enfants de l'Apis réel. Il semble aussi que,
dans certains cas, soit de mort subite ou de mort par accident, ou lorsque les animaux portaient
certaines marques, on les considérait comme sacrés, sans pourtant les introniser comme Apis.
L'Apis étant unique de sa nature, il est probable qu'api'ès l'avoir gardé dans les temples
ou dans les dépendances des temples pendant sa vie, on l'enterrait dans le cimetière spécial de
Sakkara après sa mort. Toutes les momies des Apis réels ont l'ti'' détruites par les chrétiens ou
par les gens qui ont ])illé' le grand Serapeum. Mai-iette n'avait trouvé que les restes authentiques
d'un seul Apis qui ne sont pas à Gizé : ])(Mit-ètre sont-ils au Louvre- ?
L'Apis authentique dont parle AL Maspero est très certainement la tète du veau emmail-
lotée (le Iiandelettes, portant le ti'iangle caraetéi-istique sur le front et placé actuellement
dans la galerie égyptienne des Musées du Louvre.
BŒUFS D'ABOUSIR
En juin et juillet 1902, M. Maspero a eu l'obligeance de faire fouiller à nouveau, aux trais
du Muséum de Lyon, certains pidts de la n(''cropole d'Abousir qu'on savait, d'après la description
de Gailliaud, devoir contenir dos momies de ])œufs. Les travaux ont été difficiles et coûteux à
cause de l'envahissement des sables coulant comme de l'eau, (*t du danger, provenant des ébou-
lements toujours possil_)les des parois de la plupart des galeries actucdlement en mauvais état.
Ces puits, très profonds, sont aujourd'hui absolument ensablés. Je n'ai pu malheureu-
sement assister à leur- d(''))laiement, aussi suis-je forcé, jiour en d(mner une idée exacte, de
relater ici l'exploration qui en a été laite en IS2().par notre savant compatriote Gailliaud^:
« Nous nous rendîmes aux hypogées qui se trouvent à un petit quart de lieue d'Al)ousir. Cq.
sont des puits creusés perpendiculairement dans la roche, de 6 à 10 mètres de profondeur, sur
I mètre en carré. De ces puits, on communique par des ouvertures à une multitude de chambres
où se trouvent lieaucoup d'animaux embaimiés et d'autres momies. Cidui ([ue nous visitons avait
30 pieds de profondeur : nous y descmidinies en posant les \nods dans des trous pratitpiés sui"
les deux faces opposées. Au fond, j'e fus obligV' de me couclK^r à plat ventre sur le sable pour
m'introduii'c dans le premier passage où se trouve une salle cai'i'ée de 10 pieds; elle commu-
' Revue arcliéologiqiie, Paris, ISiCi, 3'' année, p. 116. Lettre da Caire, (1 mars l.St<!. — " On a trouve' der-
nièrement à Sakkara un puits contenant un ^rand nombre de bœufs momifiés. Ils étaient embaumés de manière à
représenter un bœuf couché comme un spliinx, mais les oreilles étaient figurées en bois et les yeux étaient remplacés
par un rond émaillé sur pierre. La plupart de ces momies ont été brisées par les Arabes. A notre arrivée sur les
lieux, il ne restait plus qu'un amas de bitume, d'os emmaillotés et de bandelettes déchirées.
« P. S. — Le D' Abbott vient de faire l'acquisilion d'une momie de bœuf dont la poitrine est couverte de décou-
pures en or représentant différentes images de divinités. Sur chacune des épaules de l'animal est attaché un disque
doré, dans le genre des hypocéphales. »
' Maspero, in titl., 18 décembre 1901.
■' Gailliaud, Voilage à Meroë et au fleuve Blanc, 1S20, vol. I, p. 13.
Arch. Mus. — T. VIII. «8
58 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
nique aux divers clieinias, à droite et k i;auelie de.si|iiids «eut des cliiuabn'.s remplies de nioaiies
de bœufs. Je fis ouvrir plusieurs de celles-ci, où je ne trouvai que des os placés sans ordre. Le
médiocre volume de ces momies me fit connaiti'e que les anciens avaient d'abord enlevé la plus
grande partie des chairs, et qu'ils avaient seulement embaumé les ossements des animaux
sacrés. Ces os ont été enA'oloppés avec précautions ; ceux des cuisses et des jambes sont repliés
et ne forment qu'une masse avec ceux du corps. La tête, enveloppée avec plus de soins, conserve
sa forme naturelle. Les yeux sont indiqués en couleur sur la toile ; sur le haut de la tête, est la
tache qui caractérise le dieu Apis. Les cuisses sont entourées de liandelettes ; des branches de
dattier sont placées quelquefois en dedans des momies pour maintenir les os. (Jn x trouve une
poussière jaunâtre ([ui devient fétide quand elle est humectée. Elle semble être le résidu des
chairs conservées, joint au natron ou à d'autres su]:)stances salines. Après les avoii' enveloppées
d'une grande quantité de toiles, on les entourait avec des cordes de branches de palmiers et de
chanvre. Ces momies étaient entassées les unes sur les autres : pour mieux les assujettir, on
avait placé entre elles divers morceaux de jilanches et de madriers. .Je vis ainsi huit chambres
remplies de ces animaux embaumés. »
« A Thèbes, dit plus loin Cailliaud, parmi les animaux embaumés, je trouvai des momies
de boeufs, de chats, de chiens, de serpents, d'iliis. de poissons, de singes, de crocodiles, de
souris et de crapauds. »
BOS AFRICANUS, Brehm. N» 7.
Une magnifique momie d'un bœuf accroupi a (''té le premier résultat de cette fouille.
L'animal parait long de 2™.50, large de 1 mètre au moins. Il semble avoir les jambes
antérieures et postérieures replovées sous lui. et poi'te la tète fièrement dressée'. Le corps
de l'animal est enveloppé de grands morceaux en toile, assez fine, soutenue pai* des cordelettes
de palmier et pai'des lisières lai'ges de 4 centimètres, tissées d'une façon très remai'quable et
ayant encore conservé une grande ténacité. La toile et les lisières sont imbibées d'une substance
brunâtre qui n'est autre chose qu'une dissolution saturée, mais desséchée, de natron.
Mais quels n'ont pas été notre surprise et notre profond désappointement, en démolissant
cette momie, de A'oir qu'elle était entièrement factice, construite très habilement d'un
grand nombre d'ossements dépareillés de bœufs et de veaux, ficcdés les uns aux autres par des
cordelettes, des chiflbns, des lisières solides enduites de natron et de Intume. En avant de cette
fausse momie, une tête de bœuf adulte, placée sur un cou formé de chiffons fortement enroulés
et l'attachée au restant du corps, figurait très bien la partie antérieure de l'animal accroupi. La
tête de bteuf était elle-même entourée de Ijandelettes en toile. d(^ lisières remontant jusqu'à
l'extr(''miti'' supérieure des cornes, dont les axes osseux étaient dépourvus de leur étui eorm''.
Aucun dessin, aucune inscription ne permet de dater cette momie.
•l'ai pu constater, par l'examen des ossements et des mâchoires, dont plusieurs, absolu-
ment édentées et atrophiées, avaient dû appartenir à des animaux très vieux, que les restes
osseux de sept individus au moins entraient dans la construction de cette préparation.
Cette disposition confirme entièrement les laits rapjiortés par Hérodote et (pie j'ai rappelés
'Ces momies figurent avec la plus grande exactitude un bœuf au repos, couché dans une prairie, les genoux
en avant, les jambes repliées sous le thorax et la léte haute.
BOVIDES
59
plus haut. Les cadavres des vaches étaient tout simplement jetés dans le Nil, tandis que ceux
des taureaux étaient enterrés peu profondément, de façon à laisser hors de terre les extrémités
des cornes. Lorsque les chairs avaient dispai'u par suite de la putréfaction, les ossements
retirés de la fosse étaient emballés soigneusement et transportés dans des nécropoles spéciales
établies pour les bœufs. Et c'est là, dans ces galeries souterraines, dans les chambres funé-
raires annexes, que les ossements de ces animaux, forcément incomplets et mélangés les uns
aux autres, étaient emmaillotés de façon à simuler l'image d'un bœuf accroupi.
Quelles étaient les idées, les croyances religieuses qui pouvaient pousser les Egyptiens à
cette singulière manière de faire ? Rien dans les monuments ou dans les papyrus ne peut nous
donner la clef de cette bizarre coutume.
Les quatre crânes, plus ou moins incomplets, qui se trouvaient dans l'intérieur ou à
l'extrémité de cette pseudo-moiuic. pr(''scnt('nt tous les caractères (pic nous avons signalés
plus haut sur les magnifiques bœufs trouvés intacts à Salvkara. C'est toujours la même espèce,
le Bos africanus à cornes semi-lunaires.
L'autopsie de cette pièce intéressante montre donc que la pratique signalée par Hérodote
devait se faire sur une largx' échelle, et qu'à Aliousir aussi itien qu'à Sakkara on momifiait
avec soin les restes des bœufs décédés dans un(^ grande pai'tie de la vallée du Nil.
BOS AFRICANUS, Brehm. N» 8.
(Fig. :JG, 37, 38.
Pendant les mômes fouilles pratiquées à Abousir, en
uillct 1902, les ouvriers de M. Maspero amenaient au
"^ jour une autre superbe momie de Bos africanus,
longue de 2'".50, large de 1 mètre à peu près.
Fig. .'Si'i. — TiiTE d'un Bos africanus momifié, d'Abousih
Elle représente, comme O'ili' dont je viens di.i parler plus haut, la l'orme d'im énorme
bœuf accroupi, les jambes r(qtli(''es sous lui. et poi-tant fièrement dressée une tète entourée de
linges moulés sur les os du crAno et de la lace, solidement collés entre eux par une substance
(jui devait être gommeuse et salini».
60
FAUNE DE LAXCIENNE EGYPTE
Comme la promiôro fois, nous espérions avoir affaii'o ici à une véritîible momie renli'rmant
les restes d'im seul animal. Mais grand est notre désappointement lorsque nous démolissons
la pièce. Nous constatons alors que, comme la précédente elle est formée pai" les ossements,
tous incomplets, de cinq individus, dont un doit être très vieux, tandis que le cinquième est un
;V^^r.
Fig. 37. — TÈTE d'l'n Bos africanus momifié, d'Abousir
A'eau dt' deux ans à peu près. Au milieu de ces ossements, se trouvaient un énorme bassin
et quelques pièces de la colonne vertébrale ayant dû appai'tenir à im vieil individu, cai* ces
os présentent tous des végétations nombreuses. La symphyse pubienne de ce bassin, très
épaisse, indique cpi'il provient d'un mâle ayant atteint une taille colossale. Les débris de ce
gigantesque taureau sont tous teintés en noir intense, et plusieurs d'entre eux présentent des
traces évidentes d'une calcination prolongée. Ce bassin monstrueux porte encore à l'intérieur
de grosses masses de bitume qui doivent avoir été coulées à chaud.
IJOVIDKS
61
La tête est très Lion modelée par de l'étoupc; et des linges (fig. 'SI) roWr^ pai- une substance
gomnieuse et saline. Les naseaux et les lèvres sont Inen indiqués. Les orbites sont Ibruiés par des
couronnes de chittbns solidement entourés d'une ficelle et recouvertes d'une ellipscule toile collée.
Sous les bandelettes et les étoupes, nous trouvons la tête osseuse d'un ])neuf dont la mâchoire
inférieure! est solidement rattachée au ci'àne pai- des cordelettes de li'uillcs de palmier. Les
Fig. û8. — Tkte i)"iN Bas afn'canus momifié. d'Abousik.
cornes sont aussi entourées de liandi'lelles. mais les étuis cornés mamiuent. L'examen de l;i
tète montre clairement qu'elle apparlieiil eomme celles de Sakkara et d'Abousir à la race
du Bus (ifi-iroiins typique (fig. 38).
Au milieu des débris de linge qui scM'vent à recouvrir l'animal, on rencontre les restes
d'une grande aile d'épervier. peinte sur toile sfuquée. et iir(''sentanl encore de très l»elles
couleui's. l'n autre morceau d'('"totre jiorte des dessins bleuâtres indi'lei-minés ainsi que des
a|»|)lieations d'or ayant conservi'' un su|iei-lie brillant miHalli(pie.
62 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Les dimensions do eotto Ixdlo trte sont los suivantes :
mm
Longueur, du chignon à l'extromité antérieure des prémaxillaires 500'
Larg-eur, à la ligne sus-orbitaire 230
Rapport 46
Longueur, du chignon à la ligne transverse sus-orbitaire 200"""
De la ligne transverse sus-orbitaire à l'extréoiité antérieure des prémaxillaires 300
Rapport 66
A propos de ces mesures, je me permets de faii'e remarquer eoml)ien elles ont peu d'im-
portance. Chez les vii^ix individus, en effet, les exostoses, les végétations nombreuses qui se
forment sur le pourtour d(\s orbites augmentent considérablement la largeur de la tète propor-
tionnellement à sa longueur. Chez les jeunes sujets, au contraire, les dimensions transverses
sont, relativement à la longueur de la tète, toujours et forcément moindres.
A la fin du mois d'août 1902. nous avons reçu d'Abousir de nouvelles momies du Bos
africanus présentant toutes le même intérêt :
BOS AFRICANUS d'Abousir. N" 9.
Momie énorme, longue de 2 mètres, large de 7.5 centimètres environ, représentant un
bœuf accroupi, poi'tant la tète haute. Cette pièce, renfermant des ossements complets d'un
seul individu adulte, est soutenue et modelée par un grand nombre de rachis de feuilles de
dattier, par des tiges de papyrus et par des bandelettes très longues, élégamment enchevêtrées
en losanges. Les os des mi'mbres. ainsi que ceux delà tète, sont bien nettoyés et barbouillés
de bitume é\ideinnient aiqtliqué chaud sur les régions qui ont d'abord été privées de la matière
musculaire et aponévroli([ue.
Les dimensions de la tête sont les suivantes :
Longueur, du chignon à l'extrémité antérieure des prémaxillaires 475'"'"
Largeur à la ligne sus-orbitaire 200
Rapport 42
Longueur, du chignon ù la ligne sus-orbitaire 185"""
Longueur, de la ligne sus-orbitaire à l'extrémité antérieure des prémaxillaires .... 290
Rapport 63
Les axes osseux des cornes sont bris(''s à nu-liautinir. mais mdiqiieni une encornure sem-
blable à celle des autres sujets de la race du Bos afi-kmma que nous avons étudiés plus haut.
Le sacrtnn est formi' de .") vertèlires. Le bassin est élargi au d(''troit inlV-rieur, mais l'épais-
seur du pubis indi(|ue ([ue l'on a bien affaire aux restes d'un individu mâle.
BOS AFRICANUS, Brehm. N ■ lu.
La momie longue de 3 mètres, large de .50 centimi'tres, représente comme les autres
un bœuf accroupi, la tète haute. Les ossements appartiennent à un seul individu et sontplon-
gc'is dans mie matière pulvérulente très noire formi^e par des débris de matières organiques et
par des bandelettes très nombreuses trempées évidemment dans des solutions plus ou moins
BOVIDES 63
8 (le
concçntrées de natron. Les débris de l'animal (''taient soutenus par des raehis de [cuillo!'
palmier ainsi que par des tiges de papyrus d'un diamètre consid(''ral)lc.
Les os des membres et les côtes sont presque tous brisés.
Les dimensions de la tête, (jui est lieureusement restée intacte, sont les suivantes :
Longueur de la tête 500"""
Largeur de la tète :^05
Rapport 41
Longueur, du chignon à la ligne transverse 195"'"'
Longueur, de la ligne sus-orbitaire transverse à l'extrémité antérieure des prémaxillaires . 305
Rapport 63
Les cornes sont malheureusement brisées. Le sacrum man([U('. Le bassin présente un
pubis très épais et qui iudifpir ijuc la momie renferme le squelette d'un mâle.
BOS AFRICANUS, Brehm. N" 11.
Une autre momie, tigurant toujours un liœuf accroupi, la tête haute, renfci-me un crâne
appartenant sîu'ement à un autre individu (pu' les os qui simulent le corps d(^ l'animal.
La tête est celle d'un jeune individu dont les cornes sont encoi'e très petites. Tous les
ossements de cette momie sont teints en noir par des applications de bitume et par des badi-
geonnâmes de natron. Ils sont plongés dans une poussière noire, fine et odorante, formée pro-
])ablement pai" la décomposition lente des matières organiques et des bandelettes nombreuses
qui entouraient les restes de l'animal.
Les os du squelette appartenant à un individu adulte et mâle sont brisés. Le détroit inférieur
du bassin est angulaire. Le pubis, très épais, indiipie un taureau. Le sacrum pré'sente cinq
vertèbres. Les os du liassin sont d(''form('"S par des végétations et des exostoses nombreuses.
BOS AFRICANUS, Brehm. N" 12.
La momie, comme les précédentes, représente un bœuf accroupi portant la tête dressée.
Sous les linges et les os se ti'ouve une masse énorme dépoussière noire formée par la
décomposition des chairs et des toiles de momification qui étaient cependant trempées dans des
solutions de natron, les os, sont, en partie seulement, barbouillés de bitume. La tête de la
momie appartient à un très jeune individu. Elle est brisée, incomplote et entourée de bande-
lettes élégamment entre-croisées en losanges.
Dans l'intérieurde cette monde, on trouve une seconde tête en très mauvais état, placée
au milieu d'ossements de bœufs éi^alemenl brisés et enduits de bitume.
64 F A U \ ]-; 1 ) !•: I . ' A X C I E X X K K ( '. ^ \> T E
BŒUFS D'HELIOPOLIS
BŒUF MNEVIS. N" i3.
Le 20 juin 11)02, M. Maspero i'iit assez houroiix pour dôcouvi-ii" à Arali-abou-'l'awil,
localité située au nord d'Héliopolis. la toni]»' inviolée d'un bicuf Mnevis de l'époque de Ram-
sès III, renfermant encore un certain nonilin; d'ossements en trt's mauvais état et lirisés. Il
eût été intéressant de pouvoir di'tcrminer à ipiclle espèce ce lioeuf Mnevis jtouvait bien
appai'tenir. Malheureusement, ce tombeau devait être très luiiuiilc de telle soi'te que les os
avaient en grande pai'tie disparu. La tète n'existait plus qu'à l'état de petits fragments. La race
de l'animal ne pouvait donc être déterminée. Cependant, d'après l'examen très minutieux de
quelques os longs bien conservés, nous croyons pouvoir affirmer ({ue ce Mnevis était tout sim-
plement un bœuf appartenant égalenKnit à la i-ace des Apis de Sakkara, mais possédant pro-
bal)lement une rolx' taclieté'e d'une faeon 8p(''ciale exigée par les rites.
Dans les fragments (pii nous ont (''t('' euvové^i, nous avons pu reeonnaiti'e des os appar-
tenant à trois individus difiérents : un très gros animal dont la taille devait être énorme, et
deux autres de dimensions moyennes et beaucoup plus jeunes. Tous trois proviennent d'ani-
maux bas sur jambes et de formes trapues.
On l'etrouve donc à Héliopolis, ce qu(^ nous avons constaté à Abousir, des momies
de bœufs renfermant des restes non d'un seul animal, mais de plusieurs bœufs réunis dans les
mêmes enveloppes ou le même sai'copliage. Ce fait est des plus intéressants à constater et nous
ne trouvons aucune raison plausible pour expli(pier cette bizarre et singulière coutume.
Les débris de ces Mnevis étaient encore très humides lorsqu'ils nous sont parvenus; on
voyait qu'ils avaient dû séjourner pendant une longue suite de siècles dans de la teire mouillée.
Beaucoup de ces os portaient encore de nombreuses applications de minces feuilles d'or
ayant conservé tout leur éclat. Ces lamelles métalliciues ne laissent aucun doute sur la grande
valeur de l'animal sur les os (lu([uel on les avait appliquées; mais alors on se demande pourquoi
se trouvent aussi, dans la même tombe, les squelettes de deux autres individus plus jeunes ? 11
serait peut-être permis de penser (|ue ce sont les restes des tils du Mnevis âgé dont les osse-
ments seuls ont été dorés.
En juin et juillet 11102. M. Daninos pacha, l'archéologue très distingué du Caire, a fait
ime série do fouilles dans les envii'ons d'Héliopolis. dans le désert situé à l'orient de cette loca-
lité, là où doit probablement se trouver l'ancienne nécropole de la ville du Soleil. M. Daninos
a exploré un certain nombre de puits, profonds de .30 à 30 mètres, dans lesquels on n'a trouvé
que quelques ossements brisés de Ijœufs, d'ibis et de mangouste. Les nécropoles humaines et
celles des Mnevis d'Héliopolis restent donc à découvrir.
BOVIDES 65
RACE ET ORI&INE DES BŒUFS DE L'ANCIENNE É&YPTE
Los ])œuts dessinés sur les inonuiUL'iits de l'ancienne Eyyptt', tenn)lcs uu tombeaux,
montrent deux races bien différentes l'une de l'autre comme nous l'avons dtjk dit. La première,
la plus commune, est figurée par de grands animaux, toujours hauts sur jambes, à cornes très
développées, dirigées suivant le plan du front, en demi-circonférence ou bien en forme de
lyre, comme disent les égyptologues. La seconde race est représentée par des animaux
également grands, mais pourvus sur les côt(\s de la tète de cornes très courtes, dirigées en
dehors et en haut. Presque toujours ces animaux sont porteurs d'une liosse plus ou moins
d(''veloppé(' au niveau du garrot. Ces deux races ont été très bien dessiniM's dans une sculpture
reproduite par AMlkinson * représentant, la première un attelage, et la seconde une écurie à
bœufs dans une ferme de la haute Egypte probablement.
On peut constater que. sur certains bas-reliefs, les races à courtes cornes ou môme sans
cornes ne montrent que des veaux. Cependant, dans quelques cas, les Egyptiens ont figuré
une forme sans cornes portant un chignon très élevé ^. Tous les bœufs qui nous ont été envovés
par M. Maspero, et (pii j)rovienncnt de diffi'rcntes localités, spécialement fouillées en vue de
ce travail, appartiennent tous sans exception à la race à grandes cornes disposées en croissant.
Le véritable bœuf à courtes cornes, et sans bosse au garrot, tel i[ue nous le r-etrou.vons
aujoiu'd'hui en S\Tie, ne parait pas avoir existé en Egypte pendant ranti(piité ou, du moins,
nous n'en avons retrouvé aucune trace dans les nombreux d(''l»ris (pi(> nous avons pu exa-
miner en Egypte, ou dans les envois du Service des Antiquités. On ne saui'ait donc affirmer,
d'après les dessins et les lias-relicl'-;. que le Ixeuf égvptien à courtes cornes, d'une taille toujours
considérable, fort et trapu, soit le Jîo.s hnicliiirrros de Rutimeyer.
Ce fait semble donc en désaccord avec les suppositions de l'éminent monographe des
bœufs, M. le D'' Diirst, qui pense que diu-ant Iimu-s nora])reuses expéditions en Syrie, notam-
ment pendant celles dirigées contre les Khetas, les Egyptiens ont dû ram(>ner dans leur pays des
bœufs à courtes cornes provenant eux-mêmes des Indes. Cela parait peu proliable, pour deux
raisons : la première et la plus décisive est (jue nous n'avons trouvé nulle part des restes du Bos
hi'dclij/refos, ni dans les déliris provenant de l'ancienne Egypte, ni dans ceux de l'épocpie ptolé-
maïque. La seconde raison est (pi'il n'est guère admissible que les anciens Egyptiens, excel-
lents agriculteurs et éleveurs, largement poiu'vus d'une très Jtelle race à longues cornes, pro-
bablement productive en lait, aient ramem'' dans leur pays le misérable type à courtes cornes
(pii meure de faim dans la plus grandi' pari ie de la Syrie ou de la Mésopotamie, et qui atteint à
peine les dimensions d'un eros veau de nos ri'.^ions.
L'importation du Bos hracJnjccrus de Syrie n'a dû se faire que lùen pins tai'd. à la suit<' de
certaines épidémies qui, dans l'étroite vallée du X il. ont pu faire disparaître rapidement et
entièrement la belle espèce à longues cornes qui faisait la gloire des éleveurs Egyptiens.
C'est évidemment cette infcn-iorité notoire, à tous les points de vue, qui a dû empêcher les
' Wilkinson, Ihe ancient Egyptians, vol. 1. p. 241» et 370.
- Adolph Erman, Egypten. p. 5S1.
Arch. Mus. — t. VUI. "9
66 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
prêtres (h consacrer ces véntables avortons aux divinités sous les noms do Mnécis et
à'A2ns.
Le Bos hrachyci'i-Ds de Svrie. coninie celui qui habite actuellement la Haute-Egypte, est
toujours un animal de petite taille, ne donnant ([u'une (piantitT' très minime de lait et dont
la viande filandreuse est d'une qualité tout à fait inférieure.
Il est cependant intéressant à noter que, de nos jours, depuis ^^'ady-Halfa jusqu'au («aire,
c'est le Bos hi-nchyccros de petite taille, à cornes très peu développées, de couleiu- onli-
nairement rouge foncé, rarement noir, jaune ou jilanc. qui domine dans toutes les campagnes.
Dans la Haute-Egypte, je n'ai pu voir un seul animal à grandes cormes, tel i[u'il est si souvent
représenté dans les monuments antiques et semblable à ceux d'Abousir ou de Sakkara.
Partout, on ne rencontre que le Bos hracJiyccros, presque sem])lal)li' à celui ipù se trouve
communément dans les vallées du Liban, dans la plaine de la Bekàa, ainsi que dans une partie
de la Mésopotamie. Seulement, en Svrie, le pelage du bracliyceros est toujours entièrement
noir, ou noir avec des taches blanches: à cause du manque de bons pâturages, il est aussi
d'une taille ti'ès intV'rieui'e à c(dui de l'Egypte.
D'après tous les squelettes envoyés d'Egypte, nous pouvons donc affirmer que le Bos
hrachi/cerns n'était point élevé par les anciens Egyptiens ou. dans tous les cas. (jue ces éleveurs
distingués ne l'ont point trouvé digne d'être consacré à la diviniti'- et d'être momitié. Ainsi que
je l'ai déjà dit, le l)ceuf à comptes cornes, représenté sur certaines sculptures, appai^tient à une
autre race que celle du Bos hi-dchi/ccros. puisqu'il jtorte toujours une bosse trvs marquiV dans
la région du i;arrot. De cette dernière race, nous n'avons ti-ouvé aucun d(''bris dans b^s
galeries à momies ou ailleurs.
Dans le delta Egyptien, depuis le Caire jusqu'à Alexandrie, j'ai renconti"é quelquefois des
animaux qui m'ont r-appelé de loin les lioeufs à cornes en lyre des anciennes sculptures.
Seulement, il est certain que ces animaux ont (Hé importés récemment, car. dans toutes les
exploitations agricoles de la Basse-p]gypte. aujourd'hui admirablement dirigée par des agro-
nomes de premier ordi-e. les races inférieures du Bas hracJiijcerôs ont été partout remplacées par
des animaux de grande taille dont le rendement est hitiniment supérieur.
Pour expliquer ce changement de faune, je me suis souvent demandé, comme je Tai déjà
dit plus haut, si. lorsque l'ancienne Egypte était peuplée de bœufs à longues cornes, une de ces
épizooties meurtrières, telles qu'on en voit souvent dans l'Afri([ue du Sud. n'avait pas fait dis-
pai^aître tout ce bétail de choix qui aurait été remi^lacé plus tard, aux époques de bai'bai'ie,
lorsque les communications avec l'Afrique centrale étaient difficiles ou impossibles, par les
races inférieures importées de Syrie. Il est certain, quoique nous soyons ici sur le terrain des
hypothèses que, dans une vallée aussi étroite que celle qui forme l'Egypte, une épidémie
pourrait en quelques mois faire dispai'aître toutes les bêtes à cornes.
Dans son très intéressant et savant tra\'ail sur les bieufs des Babyloniens, Assyriens et
Egyptiens, M. le D'" T'irieb Diirst^ croit que le ])étail égyptien à longues coi'nes. le Bos
macroceros, comme il l'appelle, a été importé à une époque très reculée par une race humaine
primitive (pii, venant du nord de l'Inde, aurait traversé la nu'r Rouge pour se répandre sur
toute l'Ah'ique orientale. Plus tai'd, une partie de cette population, faisant une migi-ation nou-
' Diirst, die Rinder von Babylonien, Assyrien und Egyptien, Berlin, 181(9.
BOVIDES 67
velle vers le Nord, serait venue se précipiter sur la population primitive de l'Egypte (|ui ne
possédait pas encore de bœufs à longues cornes.
J'avoue que. jusqu'à nouvel ordre, je ne no puis être partisan de cette hypothèse qui ne
repose sur aucune donnée très positive. Sans aucunes preuves bien Sérieuses aussi, certains
naturalistes pensent que les races humaines, les races animales domestiques, les plantes ali-
mentaires sont venues de l'Inde pour se ri''pandre dans le niondi' rnlier. C'est une hypothèse qui
n'est basée que sur des traditions d'une pauvre valeur seientitique, et qui est en contradiction
foi'melle avec la doctrine de l'évolution, montrant que la nature peut faire naitre dans deux
points du globe très ('doignés l'un de l'autre, par des forces mystérieuses et inconnues, les mômes
typi^s, éléphants, chevaux, bœufs, etc. Il n'y pas eu besoin d'une migration poui-exiili([ucr la pré-
sence d(^ l'éléphant d'Asie aux Indes et de l'idéphant à larges oreilles dans le continent africain.
Jusqu'à aujourd'hui, rien ne nous prouve que les proto-Egyptiens ou les Egyptiens pro-
prement dits soient venus d'Asie. Tous les crânes attribués aux proto -Egyptiens, trouvés dans
les anciennes nécropoles de Negadah, de Beit-AUam. de Kawamil. de Silsileh que j'ai pu exa-
miner avec un très grand soin, sont tout simplement, (pioi qu'on l'u ait pu dire, et malgré les
mensurations, des crânes de vrais Egyptiens. 11 ne jteut y avoir l'oml)re d'un doute àcet égard;
les cadavres de ces anciennes races, doni la haute antiquitc'i n'est jtas contestable, sont enterrés
sans être embaumés, et dans une attitude spéciale. Il ne découle cependant point forcément de
ce tait f[ue ces restes humains appartiennent à une i'aci> diflV'rente de celle des vrais Egyptiens.
Il en est de même pour l'assertion si problématique ipie ces proto-Egyptiens appai'te-
naient aux peuples blonds. Ces prétendus cheveux blonds ne sont auti'e chose que des cheveux
décolorés par le temps, et ces proto-Egyptiens sont tous de vrais h^gyptiens ressemblant
à ceux de l'épo(pie de Rhamsès ainsi (pi'à beaucoiq» de ceux ijui vivent à l'époque actuelle.
Cette invasion d'une population asiatique amenant des bœufs à longues cornes est donc
une supposition absolument gratuite, que rien jusqu'ici ne semble sérieusement justifier.
LaA'alléedu Nil. ainsi (|ue le centre de l'Afrique, jusqu'au lac de Tanganika, a joui, très
probablement, depuis l'c^poipie Crétacée, des mêmes condition>' climatériques qu'elle présente
aujourd'hui et (pi'ou ue rencontre nulle part ailleurs à la surface du gl(il)e. Dans un tid milieu,
d'une stabilité si constante, races humaines et l'aces animales ont dû acquéu-ir des caractères
tout à fait spéciaux, en harmonie avec les influences climatériques si remarquables.
Selon moi, les prédécesseurs des Egyptiens deRamsès, comme ceux d'aujourd'hui, se sont
formés de toutes pièces dans la vallée du Nil, de même que leurs l)œufs. leurs moutons et leurs
ânes. Aux époques reculées où se sont déposés le <liliiviuui ainsi ipie les couches les plus superfi-
cielles (le r(''poqiie lertiuire. les forces à nous encore inconnues ont fait naitre des Egyptiens
dans la valli'e du Nil, des Nègres dans une partie de rAfri([ue centi'ale. des Berbères dans
l'Afi-ique antérieure, des bœufs à longues cornes et des ânes, (pii ont }iu. à cette époque, se
former sur place aussi tacileuKnit que dans les montagnes de l'Inde, les plaines de la Perse ou
celles de la ^('■sopotamie.
Toute la ])aléoulologie der. (''(pndi's et des l)(ivi(l(''s. ainsi ipie les ([(''couvertes récentes faites
cnEgviitesur les ancêti'es des Prol)osci(liens africains, semldenl prouver cette dernière hypo-
thèse, qui est d'autant plus admissil)le que les dernières r(;cherclies philologiques paraissent
(Hablir une parent('' des plus impoi'tantes entre l'ancienne l'ace (''gyptienne et les l 'xn-lxM'es, dont
les Kal)vles S(_n-aient les derniers r-enrésentants.
68 FAINE DE LAXCIENNE EGYPTE
p]n d'autres termes, je ne crois pas qu'il se soit formé pai' transformisme ou de tout autre
façon, en Asie seulement, contrée parti'op privilégiée, un seul couple d'hommes, un seul couple
de boeufs à longues cornes, couples dont seraient ensuite issues les innomliral)les races humaines
ou bovines qui peuplent l'Europe et l'Afrique.
Les mêmes forc(\s cr('>atrices. dont nous ignorons entièrement l'essence, ont dû agir partout,
à la surface terrestre, pour faire appai'aitre à peu près à la même époque, par un procédé que
nous ne pouvons pas même soupçonner, les i^aces humaines, les races bovines, les races équi-
nes, etc. La paléontologie comparée de l'Amérique et de l'Ancien Continent confirme absolu-
ment cette manière d(^ voir.
Il me semble que les Egyptiens, dont les cai'actères si reconnaissables sont si distincts de
ceux fournis par les races voisines, se sont formés dans la vallée du Nil, et avec eux ont
appai'u aussi les ancêtres de leurs Ik^uIs à longues cornes ainsi que ceux de leurs baudets.
Mais je me hâte de le reconnaître ici, ces affirmations ne sont que le résultat de pures
hypothèses que des découvertes futures peuvent réduire à néant.
Le seul fait certain que nous pouvons retenir ici, est que les anciens Egyptiens élevaient
presque exclusivement des boeufs à longues cornes, et qu'aujourd'hui cette race a été
remplacée, dans toute la Haute-Egypte, par celle du Bos hrachyceros cependant très inférieure
à la pi'emière au point de vue économique.
A quelle époque et comment cette sul)stitution a-t-elle pu se taire? C'est ce que nous
ignorons encore. Il est pro])able. toutefois, (pie ce sont les.\j'a])es qui. au moment de la conquête
de l'Egypte, ont amené ces animaux très communs dans toute la région de Damas, à Alep,
dans le Liban. l'Anti-Liban. la Bekaà, la vallée du Jourdain, etc.
Le !)'' Diii'st pense que des raisons anatomiques de premier ordre éloignent le Bos primi-
geniiis du bœuf à longues cornes de l'Egypte et de l'Afrique orientale. De là, une descendance
impossible à admettre. C'est une raison importante, mais pas une jireuve indiscutalile si on
admet le transformisme et la varialtilité des espèces. Pour nous, cette constatation n'a pas
grande valeur : car. nous le répétons encore une fois, le I)œuf à longues cornes d'Egypte et
d'Afrifpie centrale a pu se former sur place aussi bien dans ces ri'gions que dans la presqu'île
indienne ; aljsolument comme en Europe, en Asie et en Amérique, l'Hipparion à trois doigts
a été l'ancêtre des vrais équidés à un doigt, sans qu'il soit nécessaire pour cela d'admettre de
lointaines migrations, et de croire que l'Hipparion d'Amérique soit venu se promener en Europe
à travers les steppes de l'Atlantide, ou que celui d'Asie ait émigré en Amériijue par les terres
polaires. Il est bien plus logique d'admettre que la même cause cpii a transformé tel type
animal en Hipparion. a agi aussi bien en Amérique (pi'en Europe, à la fois, sur des milliers
d'individus. Le même fait a pu se produire poui" les bœufs à longues cornes, aussi bien dans les
Indes que dans l'Afrique orientale. La natur-e n'a pas dû éprouver plus d(^ difficultés à agir dans
une région que dans l'autre. La migration des l)œufs à longues cornes, pas plus que celle de
leurs maîtres, les Egyptiens, ne me paraît jusqu'à nouvel ordre chose? démontrée.
Les bœufs à longues cornes des anciens Egyptiens sont tout simplement ceux qui habitent
par milliards depuis Khartoum jusque dans la région des grands lacs, et peut-être plus loin
encore, dans l'Afrique centrale'. C'est certainement celle qui est très bien représentée par
' A propos (lu Bos africanus, M. le D"" \\'alter Inné?, excellent observateur et naturaliste très distingué.
H()vir)i-:s 69
Scliweinfni'tli dans son ouvra.qe intitulé : Au cœur de l' Afrique^. Go sont de grands bœufs,
hauts sur jambes, portant une bosse plus ou moins prononcée au gairot, à cornes en forme
de lyre ou en croissant. Chez les Dinkas, sur le Bahr-el-Gazal, les enclos à bestiaux s'appel-
lent des Moui-ahs. Le professeur Schweinfurtli dit iprun Mourah ne contient jamais moins de
deux mille bêtes ; il en a vu (pii en renfermaient jusqu'à dix mille.
Je ne puis résister au plaisir de transcrire ici une lettre ({ue M. le professeur vSchwein-
furth m'adressait en 1902 :
<( Le sujet que vous traitez, dit le célèbre et consciencieux voyageur, la question Iiovine, a
été toujours l'enfant terrible de mes idées et des réflexions qui accompagnèrent mes pas à
ti-avers la vallée du Nil pendant près d'un demi-siècle.
« Nulle pai't en Egypte on ne trouve de nos jours des bœufs à longues cornes. Il va sans
dire que les bœufs et vaches de la Basse-Egypte offrent beaucoup de rapports avec les races
européennes à cause du renouvellement de la race bovine après les nombreuses épizooties qui
dépeuplèrent le pays. Ainsi, en ISGi, la moitié ou les deux tiers de la race bovine furent
détruits en Egypte, et remplacés, dans le Nord par des animaux provenant de la Syrie, dans
le Sud }iar ceux amenés par Kassala et le .Soudan. »
Ces bœufs à bosse, du Bahr-el-Gazal sont en tout semblables à ceux provenant de
Sakkara et dont j'ai figuré les squelettes. Ils se rencontrent encore aujourd'hui en nomjire
immense dans les régions du haut Nil. Ainsi, on lit dans Brehm-: (( Quand un alireuvoir
s'est un peu vidé du menu bétail, les bœufs s'y précipitent, et l'on ne voit plus alors qu'une
masse brune, agitée comme les flots de la mer et de laquelle s'élève toute une forêt de cornes;
les homnies disparaissent au milieu. 11 est impossible d'estimer, même pai' à peu près, le nom-
bre de ces animaux. Je ne crois cependant pas me rendre coupable d'exagération, en l'évaluant
à 00.000 têtes par jour, parmi lesquelles les bœufs flgurent pour 40.000 environ d.
C'est ce bœuf à longues cornes, à membres grêles, élevé sur jambes, portant une bosse
au garrot, que Brehm appelle Bas africanus. Cette espèce, représentée par des milliards
(l'inilividus. dispersés dans d'immenses régions, est certainement celle qui. amenée en Egyjrte
dans l'antiquité, a donné naissance à la race de Sakkara et d'Al)ousii'.
Le Bos sanga qui peuple les vallées et les plateaux de l'Abyssinie ressemble, jusqu'à un
certain point, au Bos africanux, mais en diffère entièrement par ses jambes courtes, trapues et
surtout i)ar l'énorme développement de la base des cornes, ce qui donne à ces animaux un
aspect tout à fait particulier et qui ne permet point de les confondre avec les autres formes
africaines.
Je donne ici les mensurations d'un très bid exemplair!^ de Bos Sanga. quoique jeune
encore, qui se trouve dans les colleetions du Mus(''uni de Lyon :
Du chignon à la lijA'ne transverse sus-orbitaire 186"""
De la ligne sus-orbitaire à l'extrémilé des prémaxillaires 265
Rapport 6 70
m'écrit : <i J'ai vu effectivement à Khartoum des bieufs à très longues cornes et je pense qu'ils provenaient du
Gordofan. Sur le Nil Blanc, jusqu'à Faschoda, je n'ai remarqué que des taureaux et des vaches à cornes fort petites,
mais je ne sais pas si les Schiliouks châtrent leurs taureaux. Dans cette région, je n'ai pas remarqué de bœufs à
longues cornes comme ceux que j'ai observés à Khartoum. » {Caire. 10 avril 100'3.)
' Schweinfurth, Au cœur de l'Afrique, traduction française, vol. I, [i. 164.
- Brehm, la T7e des animaux, trad. française, vol. II, p. 090.
70 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Cliez le Sani>'a, les vi^rtèbres sacrées sont au nombre (1(^ quati'e seulement, le sacrum est
aussi très court d'avant en arrière comme chez les vérital)les zébus de l'Inde ou de Mada-
S'ascai". Mais la courbure du sacrum est cependant moins prononcée (pie cliez ces animaux.
Le bœuf Sanga parait liieu être une forme spéciale ti'ès modifiée par le climat de
l'Abyssinie dont les liants plateaux présentent des conditions de température, d'humidité et de
pression atmosphérique qui ne ressemblent en rien à celles de la vallée du Xil Rlanc du
Bahr-el-Gazal ou de régions marécageuses de l'Afriqu(> centrale.
Pour me résumiM'. il est je crois aujourd'hui tout à fait impossible de douter que le bœuf
à longues cornes des nécropoles de Sakkara et d'Abousir ne soit le Bos «/>'?c«/i«i' qui vit encore
aujourd'hui en troupeaux immenses dans les plaines du Haut-Xil.
Il n'y a aucune raison de eroii'e que ce Bos africanus ne soit pas originain^ d'Afrique où
il se rencontrer par milliards. Des régions centrales africaines, il a dû descendre la vallée du
Nil absolument comme le Crocodile, l'Hippopotame, les poissons du genre Chromis, comme les
Papyrus qui se trouvent encore en Syrie, mais qui ne font pas partie, cependant, de la
faune ou de la llore asiatique ; ces plantes et ces animaux ont dû émigrer dans les
régions du Nord en siûvant tout simplement la vallée du grand lleuve. Je ne puis admettre
que le Bos a friatiu/s n'ait pas également suivi le môme chemin pour peupler les campagnes
d'abord et ensuite les nécropoles de l'ancienne Egypte.
Je sais bien (pi'un certain nombre d'égyptologues, et des plus éminents. ne croient pas
que les Egyptiens aient le di'oit de se considérer comme des autochtones de la vallée du
Nil, engendrés par le dieu Rà. sur le sol même ([u'ils habitaient ' ; moi je pense que ces anciens
Egyptiens avaient raison, et qu'ils se sont formés pai' évolution avec leurs Itœufs, leurs ânes
et toute la faune contemporain!^ qui les entourait dans cette partie du continent africain.
On pourrait répondre que la tradition recueillie dans la Bible attribue une toute autre
origine à la i)opulation égyptienne'. Elle la tait venir de l'Asie, et dans le tableau ethno-
graphique du ehapitri' X de la Genèse le nom do Mi:raii/i qui personnifie cette population est
donn('' au fils de Nam. frère de Kouscli ft de Kanaan. les ancêtres des Ethiopiens d'Asie,
comnie ceux d"Afi'ique et des Phéniciens.
(( Anthropologiquement, dit Lenornïant. les anciens haliitants de l'Egypte, dont les
fellahs actuels sont les descendants dii'ects et incontestables, se rattachent au type blanc de
l'humaniti'' et à la sous-race Ethiopico-Berbèr(^ (pu con-espond à la descendance de Ham dans
l'ethnographie bibliepic ^>
Et plus loin, Lenormant ajoute : (( Les Egyptiens sont donc un peuple asiatique de la race
])lanche qui. dans les temps préhistoi'iques vint s'étalilir sur les bords du Nil inférieur en
passant par risthme de Suez. Ils trouvèrent sur le sol de la vallée des tribus clairsemées d'une
population noire africaine, (mcore à l'état complètement sauvage, celle ([ifi a laissé sur plusieurs
point.-, de rb]gypte des vestiges de son existence, avec les mo?ui"s de l'agi» de la pierre, ;ui temps
(piat(^rnaire et au début de la période géologiipie aetuelli'. Les arrivants de l'Asie refoulèrent
devant eux les premiers occupants, mais le sang de c(Mix-ci se m(''la dans une cei'taine propor-
tion à cidui des nouveau venus ».
' Lenormant, Hist. ancienne de l'Orient, 9'' édition, t. il. p. 43.
-' Bible, Genèse, chapitre X.
BOVIDES 71
J'avoiio que jo ne comprends pas ces tribus asiatiques franchissant l'isthme de Suez avec
leurs troupeaux de bœufs et de moutons ; de chèvres, oui, mais de jjœufs jamais, à moins
que ces tribus n'aient habitué Lhu's bœufs à manger du sable et des cailloux.
L'histoire d'une population pi-imitive occupant l'Egypte avant les vrais Egyptiens est
aussi une simple hypothèse. On a regai'dé comme preuve de l'existence de ces proto-Egyptiens,
les milliards d'instruments de silex i[ui sont répandus partout sur les collines qui ])ordent la
vallée du Nil, et qui sont évidemment de toutes les époques. Mais lùen, absolument rien, ne
nous dit que ces instruments de silex, dont beaucoup présentent des formes très primitives
— Aeheuléennes — n'aient pas servi tout simplement aux plus anciens des Egyptiens. Quelle
raison y a-t-il de croire qu'ils ai(Mit été les armes de tribus sauvages, noires, négroïdes,
répandues eàet là dans la vallée du Xil? Dans tous les cas, ainsi que je l'ai déjà dit i)lus haut,
on n'a ti'ouvi'^ aucun crâne, aucune tombe de ces populations préhistoriques. Celles qu'on a cru
renfermer des débris d'hommes pi'oto-Egyptiens renfermaient tout simplement des squelettes
de vrais Egyptiens, appartenant certainement à une époque très ancienne. Tous leurs cai'ac-
tères anthropologiques tendent à le prou\'er.
Cette antique légende de la Genèse, qui fait partir Mi:-raim de l'Asie pour le faire arriver,
avec ses troupeaux proba])lem(nit. dans la \'alir'(_' du Nil. n'a pas une grande valeur scientifique,
car ainsi que le fait remarquer le très savant et illustre traducteur de la Bible, Reuss, l'éminent
professeur à l'Université de Strasbourg, le catalogue ethnographique, tout en étant destiné à
donner la liste complète de tous les peuples existants (les auteurs bibliques n'admettant pas
qu'il y ait des hommes non issus de Noah),n'énumère pourtant qu'une partie de ce qu'on appelle,
aujourd'hui la race blanche. Il n'y a pas là \\\\ seul nom qu'on sei'ait obligé de rapporter à
d'autres races, par exemple à la famille ÎMongole ou Nègre. La raison en est simpb' : l'horizon
géographique des contemporains des auteurs bibliques, et par conséquent le leur i)ropre,
n'embrassait pas même encore tout le domaine de la race blanche au caucasique. A l'est, c'est
à peine s'ils savent les noms des habitants des rives du Tigre ; au sud, l'Océan qui ])aigne
les rives de l'Arabie et le cours du Nil, bien en deçà de ses sources, forment la limite du monde
connu : au nord et à l'ouest, il n'y a ([ue des notions vagues sur ce qui est au delà de la Grèce,
de l'Aj'chipel, et du Taurus.
Et ce sont ces vieilles légendes, dont on a tant de peine à secouer l'influence sur nos idées,
qui poussent sans cesse linguistes, anthropologistes et naturalistes à faire venir d'Asie en
Afrique orientale, races humaines et races animales domestiques au lieu d'admettre qu'elles
se sont développées sur place, tout comme dans les autres régions de notre planète.
ANTILOPES
BUBALIS BUSELAPHUS, Pallas.
(Fig. ;!'.), 4u.)
Nous avons ivrii de Salckara deux 8upei'l)('s squelettes, à peu près complets, de Bubales
mâles provenant d'animaux sauvages ou hicn élevés en demi-li])ei'té. comme le Mouflon à
manchettes, dans les enceintes sacrées annexées aux temples.
Le premier squelette (fig. 39) a ime longueur de 97 centimètres depuis le ])ord antérieur de
la première apophyse épineuse dorsale jusqu'à l'extrémité postérieure de l'ischion. La hauteur
maxima, prise au niveau de la quatrième apophyse épineuse dorsale, est de 115 centimètres.
La tête (^st aussi allongi''e (pie celle de l'animal actuel : du chignon à l'extrémit('' anti'rieure
des prémaxillaires, elle a 41 centimètres de longueur, sui- une largeur- maxima de 13;") milli-
mètres.
Le second squelette, dont nous n'avons lait dessiner que le crâne (fig. 41), a une longueur
de 98 centimètres, prise du liord antérieur de la première apophyse épineuse dorsale à l'extrémité
postérieure de l'ischion. La hauteur maxima de l'animal, au niveau de la quatrième apophyse
épineuse dorsale, est de 115 centimètres.
La longueur de la face, du chignon à l'extrémité» antérieure des pr(''maxillaires. est de
-12 centimètres, et la largeur maxima de 135 millimètres.
Un squelette de femelle, étudié comme terme de comparaison et provenant de la ménagerie
du Muséum de Paris, présente une longueur faciale de 44 centimèti'es, sur une largeur maxima
de 125 millimètres.
Le Muséum d<' Lyon possède un autre squelette complet d'une femelle ayant vi'cu au jardin
zoologique du Pai'c de la Tète-d'Or. La longueur lU' l'animal, prise du bord antérieur de la
première vertèbre dorsale à l'extrémité postérieure de l'ischion, est de 96 centimètres. La
hauteur, au niveau de la quatrième apophyse épineuse dorsale, est de 113 centimètres. La
longueur de la tête, du chignon à l'extrémité des prémaxillaires, est de 44 centimètres, tandis
(pie la largeur maxima de la face est de 125 millimètres.
Les deux squeh^ttes provenant de Sakkara appartenaient (''videmment à des animaux
mâles. La forme de leur liassin, la grande épaisseur de la symphyse pubienne ne peuvent laisser
aucun doute à cet égard. Dans le genre Bt(halis, comme chez les Bœufs ou les Zèhus, la sym-
physe du pubis est toujours très épaisse chez les mâles, tandis qu'elle est mince chez les femelles.
Le bassin du Bubale riiàle présente, au niveau de la cavité cotyloïde de l'articulation coxo-
60
Arch. Mus. — t. VIIl.
■ 10
74
FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
fémorale, une crête supérieure, tranchante, très saillante et fortement convexe. C^hez la femelle.
au contraire, cette crête, bien moins développée, forme une ligne presque droite ou seulement
légèrement ondulée.
Chez le Bubale femelle, l'os frontal est infiniment moins pi'oéminent que chez le mâle. Une
règle rigide, placée en a^-ant de la face de la femelle, et s'appiivant sur la bosse frontale, porte
Fig. 40. — Bubalis Buselaphiis de Sakkara.
en bas sur la convexité nasale formét> pai' la réunion des frontaux et des os nasaux. Chez les
Bubales mâles de Sakkara, au contraire, la même règle, appliquée sur la Ijosse frontale,
vient s'appuyer seulement sur- l'exti'émité antérievu^e des os nasaux, laissant, au nivt'au des
sutures fronto-nasales, une très longue concavité, d'une profondeur maxima de 2 1/2 à 3 centi-
mètres. Cette concavité est due surtout à une forte proéminence des os frontaux, bien plus
prononcée sur le mâle que chez la femelle. '
Les mâles de Salvkai'a ont le front bomljé en avant ; les cornes sont solides, très
développées à la base, dirigées d'abord en arrière, en dehors et en haut ; puis, ensuite, en
ANTILOPES 75
atrière encore, mais en dedans, pour se terminer pai' une pointe solide et aiguë. Les étuis cornés
sont formés de seize anneaux, do plus on plus ('doignés les uns dos autres do la base à l'extré-
mité supérieure.
Les cornes des femelles sont ].)eaucoup moins épaisses que celles des mâles; idles sont
dirigées fortement en dehors, très divergentes avant do se replier on arrière. Certains natura-
listes ont séparé ces formes croyant avoir affaire, non à dixs caractères sexuels, mais à des
espèces différentes.
Le Buhalis Bi'sdcq:)Jws a été représenté très rarement sur les monuments do l'ancienne
Egypte. Nous ne l'avons trouvé que doux fois figuré dans le grand ouvrage de Rosellini, et
encore d'une façon très incomplète'. A la planche LXVI du volume III, on voit trois têtes de
Bubales parfaitement reconnaissables à leur museau allongé et à la ibrnio de leur encornure.
Les poils de la face sont entièrement roux et no présentent aucune tache noirâtre. C'est donc
bien le Buhalis Buselaphus que les artistes égyptiens ont voulu représenter et non le BiibaUs
Caama qui porte une bande de poils noirs sur le chanfrein.
Nous pouvons être aussi atRrmatifs à propos des doux squelettes de Sakkara. Les
têtes osseuses de ces animaux poi-taiont encore sui- h^ chanfroin une certaine quantité de poils
entièrement roussàtres. Ce no sont donc pas des B. Caama . mais bien positivement des sque-
lettes do Buhalis BusekqjJtus. Do plus, on sait que le Caama se rencontre surtout dans
l'Afrique du Sud. Sa limite nord no doit probablement point dépasser la région des grands lacs.
M. le professeur Schweinfurth - a très bien représenté une tète de Bubale dans son bel
ouvrage intitulé : Axi cœur de V Afrique. Il avait tué cet animal dans la région du Bahr-el-
Ghazal inférieur. Il a commis une légère ei'rour en appelant sa victime : Buhalis Caama.
C'est au contraire, et certainement un lluhalls BusclapJtus. Le très savant et éminent natu-
ralisti! dit à propos de cet animal : « Le ])ubale, V Harteheest des colons du Cap, est commun
dans la plus grande partie de l'Africpio, où il varie quant à la forme, à la taille, à la couleur et
aux cornes, suivant l'âge, le sexe, les lieux et les saisons. Il est rare que les collections zoo-
logiques on aient deux échantillons al)solument pareils. Cette grande antilope que les Bongos
appellent Karia, et les Niams-Niams Soinjoro est, pai'mi le gros giliior, l'espèce que l'on voit
ici le plus fréquemment. Elle se rencontre, on général, pai' petits groupes de cinq à dix bêtes, et
principalement en lieux déserts. Dans les endroits cultivés, le Bubale recherche les forêts et la
lirousso qui avoisinent les cours d'eau, bien qu'il ne paraisse jamais dans les vallées que ceux-
ci traversent. Il fait la méridienne en restant debout, appuyé contre un tronc d'arbre ou la
muraille d'une fourmilière, et la similitude que présente la couleur do sa robe avec celle du
paysage qu'il a choisi pour se reposer lui permet souvent d'échapper aux regards. Pendant
toute la saison pluvieuse, son pelage est d'un ton vif. le manteau d'un linm jaune, et le ventre
presque l)lanc; mais, en hiver, il devient i l'un gris tei-no. Après VAiifilnpe leacotis. le Caama est
le meilleur gibier du pays. »
Le Bu])ale a été signalé en Libye par Iloi-odoto, Aristote, Eschyle et Pline. Dans
l'Ancien Testament, il est nommé Yachmur; c'est lui qui était fréquemment prépai'é pour être
' Rosellini, 1 monumenti delVEgitlo et délia Nubia, vol. II, pi. XVIII et vol. III, pi. LXVI. Ces dernières
ligures ne laissent aucun doute sur l'espèce : face très allongée, recouverte de poils roux ; pas de taches noirâtres sur
le chanfrein; ce n'est donc pas le Bubalis caama.
' Schweinfurtli, Au cœur de l'Afrique, vol. I, p. 192.
76
FAUNE DE L" ANCIENNE EGYPTE
servi .sur la table du roi Salomon'. Crotte espèce habite l'Afrique antérieure-, depuis le Maroc
jusqu'en Tripolitaine. Elle ne se rencontre plus en Egypte, si ce n'est sur certains points du
désert Arabique. I^^lle se retrouve de l'autre C(Jté de la mer Rouge, en .\j'abie, en Palestine.-
dans le pays de Gilead, de Moal). ainsi que sur les bords de la m(>r Morte ^ où les B(-douins de
Fig. 4l. — Bubalis Buselaphvs de Sakkaha.
cette l'égion l'appellent Bekh'r el Wacli. Le Bul)ale doit cependant y être rare, car dans nos
nomltreuses périgrinations à travers cette contrée je n'ai jamais eu la bonne fortune d'en ren-
contrer de vivants ou d'en voir les dépouilles.
* Oldfield Thomas, Ihi Bookof Antilopes, vol. I, p. 7.
- Je me sers ici du terme Afrique antérieure, similaire à' Asie antérieure, et si justement croé par mon ami,
le professeur Schweinfurth.
■ Canon Tristram, Ihe Faunaand Flora of Palestine, Londres, 1884.
ANTILOPES 77
Jo crois que les anciens Eg-yj^tiens devaient élever cet animal en captivité, cai* il parait
s'apprivoiser facilement. On le nourrissait probablement en compagnie de gazelles et de
mouflons à mancliett(^s dans les enceintes sacrées des temples. Ce devaient être probablement
toujours des mâles comme cela se pratiquait pour les autres espèces vénérées dans différents
sanctuaii'es. La gazelle fait cependant exception à cette règle, car nous avons reçu un très grand
nombre de momies de cette espèce qui renfermaient des ferandlcs élevées certainement ])ar les
prêtres dans les pai"cs annexés aux lieux Saints.
Le Buhalis major de Blvth ressem])le par la taille et par l'encornure au Buljale de
vSakkara. Mais cette espèce, comme le Gaama, porte aussi sur le chanfrein une large bande
noire. Ce ne peut donc être l'animal de Sakkara qui ne présente à cet endroit de la face (jue
des poils absolument fauves. L'espèce décrite par Blyth ne se rencontre, du reste, que dans la
Gambie, le bas Niger et les Camerons.
Le Bubalis Buselaphus est un animal mince, élanci''. Les poils de laface, depuis quelques
centimètres au-dessus du nez, se dirigent en haut pour ensuite oldiquer en bas, sur les joues.
Vers les cornes, ils sont tournés dans toutes les directions. La couleur de l'animal est unifor-
mément brunâtre ou fauve, sans aucune tache noire sui' la face, le menton ou les membres.
Cependant on peut, à certaines (''poqucs, vaguenimit apei'C(>voir. de chaque côté du museau,
au-dessus des narines, comme une marljrure grisâtre mal définie. Les parties inférieures de la
croupe ne sont pas blancliàtres comme chez h' Caama. La queue porte à son extrémit('' ultime
une touffe terminale noirâtre formée de poils allong(''s.
Les cadavres de ces antilopes mâles, comme ceux des liteufs de Sakkai-a et d'Abousir,
devaient d'abord être enterrer-, afin d'amen(>r la d(^struetion d<'S parties chaniues. Les ossements
étaient ensuite retiri''s de la fosse et badigeonnés irrégulièrement et pi^esque toujours en ti'a-
vers, par des coups de pinceaux chargés de l)itume chaud.
GAZELLES
Les gazelles, étudiées an nomlire do vingt, proviennent en majeure partie de Kom-Méreh,
trois seulement sont de Kôm-Ombo et deux de Touné. Les momies renferment en général un
seul individu. Une momie de Touné faisait exception, elle contenait une femelle adulte
avec des ossements d'une seconde gazelle très jeune. A l'intérieur de chacune on no
trouve pas toujours un animal entier, tantôt elle ne contient que la moitié du corps, tantôt
Fig. •12. — Momie de gazelle de Kôm-Méreh. (1 \ gv. cat.)
seulement la tète avec les extrémit(''S ou les canons des quatros membres. L'une de ces dernières
renfermait, outre le crâne et les extrémités osseuses des memlires, une portion de 20 centi-
mètres de longueur envii'on de la colonne vertébrale d'un poisson de grande taille, probalile-
ment d'un Dites.
Ces animaux sont momifiés suivant plusieurs procédés, mais partout ils ont les memlires
repliés sous le corps, la tête redressée dans sa position naturelle. A Kom-Méreh, la gazelle a été
entourée d'abord de lai'ges bandes de toile imbibées pro])ablement d'une substance résineuse et
GAZELLES
79
de natron. Sur cette première enveloppe sont disposées, dans le sens de la longueui' du
corps, des tiges de papyrus et de divers roseaux fixées pai" des lianes ou des cordes transver-
sales ; puis le tout est enveloppé de plusieurs épaisseurs d'une toile grossière. Les oreilles sont
aussi protégées de ])an(l('lcttes, chacune sépai'ément. Ce mode de momification est représenté
dans les figures 42 et 43. La gazelle reproduite figure 43 porte en outre un anneau en corne,
de 4 centimètres de diamètre environ, fixé à la toile goudronnée qui enveloppait l'animal. Ici.
le corps n'est pas entier; le côté gauche de la poitrine a été enlevé avant la momification; on
Fig. 43. — Gazelle momifiée de Kôm-Méreh. (i/'-i gr. nat.'
aperçoit la cavité thoracique privée de ses viscères. Dans toutes les momies de Kôm-Méreh nous
n'avons pas vu de trace de bitume.
Le procédé de momification en usage à Kôm-Ombo est plus simph'. Les membres réunis
ont été liés ensemble au moyen d'une corde entourant également le corps un peu en arrière des
épaules (fig. 44 et 45). La gazelle a été arrosée d'une faible quantité de bitume, puis enve-
loppée dans une toile dont on ne trouve plus que des fragments adhérant çàet là contre la peau
ou le bitume.
Dans les deux momies de Tonné les corps sont incomplets. Les parties momifiées du tronc
et des membres ont été plongées ensemble dans le liitume et serrées ensuite entre de nombreuses
épaisseurs de toiles diverses. Le tout formait une masse compacte autour de laquelle les enve-
loppes d'étoffe étaient retenues par d'étroites bandelettes entrecroisées, nouées les unes aux
autres.
Le Muséum de Lyon possède en outre une gazelle momifiée reçue d'Egypte en 1872. sans
indication d'origine. Comme les gazelles de Kôm-Méreh, elle était entour(''e d'étoffe goudronnée.
de tiges de pap_\Tus et de toile grossière.
Kôm-Ombo est une localité de la Haute-Egypte, sur la ri\'e ih'oite du Ml, à ['> kilo-
80
FAUNE DK L'ANCIENNE EGYPTE
■i^
Fig. 14. — Gazelle mo.mikiée de Kôm-Ombo. (1 i gr. nat.)
Fia
Jeune gazelle de Kôm-Ombo. (l .1 gr. nat.!
GAZELLES 81
mètres (niviron au sud de Ge])el Silsileh. Ses grands temples en niini^s sont de l'époque ptolé-
maïque. C'est à Kôm-Ombo que se trouvait, à cette même époque, le sanctuaii'c^ du dieu
Haroêris. Les restes de ce sanctuaire se voient un peu au sud des ruines ensablées de l'an-
cienne ville.
Le village actuel di' Touné se trouve sui' la v'wo gauche du Nil, dans le voisinage et un
peu à l'ouest de Rôda, à une faibl(> distance au nord des grandes ruines et des hypogées de
Tell-el-Amarna qui constituent les derniers vi.'stiges de l'ancienne r(''sidence égypti(>nne de
Khovt-eten, c'est-à-dire l'horizon du soleil. « Lorsque Aménophis IV (XVIIP dynastie) eut
proclamé le culte exclusif du soleil et a]}oli les autres dieux, il abandonna Thèbes, l'ancienne
résidence de l'Empire, et s(^ retira avec sa cour dans un territoire sacré. Ce dernier était situé
<lans le nome d'Hermopolis do la moyenne Egypte sur les deux rives du Nil et comprenait ;
sur la l'ive droite, la plaine (m hémicycle encadrée de montagnes diM'rière et-Tell; sur la rive
gauche, le district situé entre les villages de Touné (nord) et d(^ Gildé (sud) et borné à l'ouest
par la chaîne libyque. De grandes inscriptions gz'avées dans le rocher, qui se trouvent près
d'el-Haouàtah et d'et-Tell (rive droite), ainsi que près de Touné- et de Gildé (rive gauche),
permettent de reconnaître encore aujourd'hui les limites de ce territoire sacré'. »
Voici les notes intéressantes que M^L Schweinfurth et Maspéro ont bien voulu nous
donner sur la localité de Kôm-M(''reh et les conditions dans lesquelles les momies de gazelles
y ont été rencontrées mi 1882. ^ Les tombeaux d(^ gazelles, écrit M. Schweinfurth, le
29 novembre 1900, sont situés à une distance de o kilomètres, au sud du village de Kôm-
Mer (Komir). à 13 kilomètres au sud-est d'p]sné-. Ils turent ouverts en 1882. M. Maspero,
qui avait alors la direction des fouilles, en connaît les circonstances, .l'ai passé à cet endroit,
en 1882, et j'ai noté' dans mon journal ce qui suit : — Ici se trouvent les tombeaux des gazelles
récemment ouverts. Les corps enveloppés dans une toile grossière ont été serrés au moyen de
cordes entre des tiges de papyrus et des Bjcrids (tiges des feuilles du dattier). La prépar-ation
pai'ait très négiigeanament faite. Cependant, il y a\'ait un tombeau où les corps des gazelles
étaient enveloppés d'étoffes goudronnées (commi' les exemplaires ([ue j'ai vus au Mus(''um
de Lyon) ou trempées dans des substances bitiunincuses. Parmi les gazelles, j'ai remarqué
quelques corps du mouflon sauvage (mouflon à manchettes) reconnaissables à leurs cornes.
« Ces tombeaux sont situés dans la plaine, ce ne sont pas des hypogées creusés dans le
roc, ni des puits de momies ayant au fond des chambres latérales, ce sont simplement des
caveaux quadrangulaires creusés dans la plaine, verticalement, dans le terrain marneux qui
surmonte le grès nubien. Leur iirofondeui- [muvait èti'e de 3 à 4 mètres et leur sin-faee entre
10 et 20 mètres carrés. Les momies s'y trouvaient entassées les unes siu' les autres, sans
aucune séparation, en désordre, comme dans une fosse commune. Il est évident que toutes y
avaient été placées à la fois lors d'une épizootie qui devait ravager les troupeaux des templ(\s.
« Les égyptologues seront p(Mit-ètre à même d'indiquer la raison pour laquelle cette localité
a été choisie, et les rappoi'ts que ce dépôt peut avoir avec une divinité quelconque dont le
sanctuaire se trouvait sans doute aux envii'ons, ou même à Ki'un-Mer. »
De son c('»té, M. Maspero a eu l'obligeance de nous adr-essi^r. le 9 août 1901, les rensei-
' Bcfdekep, Egypte, p. 104, 1898.
- Voir la carte dans les Miltheilungen de Petermann, 1900.
Arch. Mus. — t. VlII. * li
82 FAUNE DK LANGIKXNE EGYPTE
gnements suivants : (c Ivom-Méreh. — Lorsque le pclit tempk' de Kùni-Méreli me fut si.ij-nalé
pour la première fois en 1882, une des chambres en était remplie de momies de gazelles,
entassées là à l'époque romaine, vi^rs la fin du i"' siècle après Jésus-Christ au plus tôt. De
nombreuses momies étaient enterrées à même le sidile ou dans des puits peu profonds dans la
plaine qui borde la montagne libyqueà l'ouest du village. C'est de laque viennent les momies
que je vous ai (>nvo_vées. Elles sont peut-être plus anciennes que celles qu'on trouvait dans le
temple, probablement du i'^'" siècle avant Jésus-Christ. »
Les égyptologues pourront sans doute faire connaître également l'époque à laquelle
remontent les gazelles de Kôm-Ombo et de Touné ainsi que la diviniti' qu'elles symbolisaient
Des temples ou sanctuah^es de cette divinité étai(Mit peut-être édifiés autrefois à Kôm-Ombo
et Touné ou dans les environs de ces localités.
Toutes ces gazelles appartiennent, d'après leurs crânes et les caractères physiques qu'on
a pu reconnaître dans l'examen des momies, aux deux espèces Gazella dorcas et Gazella
Isahella, mais on doit noter- que quelques exemplau'es, présentant des pai'ticularités intermé-
diaires à ces deux formes, ne pi'uvent pas toujours ètr-e attri])ui''es sans h(''sitation à l'une ou à
l'autre.
Des gazelles semblaldes à celles que nous trouvons momifiées sont représentées sur plu-
sieurs monuments égyptiens, entre autres sur des peintures décorant les murs du tombeau de
KJiJioum-hoijjou à Béni-hassan, dans une scène de chasse du tombeau de Phtah-hotpou de la
nécropole de Sakkara* et notamment à l'intérieur d'un tombeau théliain du nouvel Empire-.
Pai'mi les gazelles anciennes, le nombre des individus femelles est au moins aussi élevé
que celui des mâles, tandis que pai'mi les liteufs et les mouflons momifiés nous n'avons ren-
contré que des individus mâles.
GAZELLA DORCAS, Linné.
(Fig. '■(•..)
Capra dorcas. Linné, Syst. nat., I, p. 96 (1766).
Antilope dorcas, Guvier, Règne animal, I, p. 259 (1817). — Lesson, Manuel de mammalogie, p. 372 (1827).
Gazella dorcas, Graj, Cal. Rum Brit. Mus., p. 38 (1872). — Tristram, Ihe Fauna and Flora of Palestine,
p. 5 (1884). — P.-L. Sclater and Thomas, the Book of Antelopes. vol. III, pi. lvii, p. 99 (1898).
Gazella dorcas est connue des Ai'abes sous le nom de Ghazal (Tristram). Cette espèce est
représentée par quatre spécimens entiers : un mâle et trois femelles. Deux proviennent de
lvôm-Uml)0 et deux de Kôm-Méreh.
Hauteur au garrot, 560 à 020 millimètres. Cornes dans les deux sexes, annelées,
convexes en avant sur les trois quarts environ de leur longueur. Fosses préorbitaires lai'ges et
profondes; longueur du crâne, 165 à 180 millimètres: largeur maxiina. 75 à 83 milhmi'tres.
Oreilles longues. Queue courte terminée par une touffe de poils noirs. Couleur générale
jaune plus ou moins fonct'' ou grisâtre: dos et meml)res roux; face interne des meml)res et
A'entre blancs; bande latérale brune peu marquée à la sépai-ationdu vinitre et des flancs. Toufife
de poils vers l'articulation supérieure des métacarpiens.
' Lenormant, Histoire ancienne de l' Orient, vol. II, p. 79 et 121, 1882.
'■' Wilkinson, llie ancient Eyi/ptians, vol. II, p. 92. — A. Erman, .-Egypien und ivgyptisches Leben in
Alterlhum, p. 330.
(;AZ ELLES
83
Femollo comme le mâle, mais ses cornes sont moins recourbées et annelées, pins minces,
longues la moitié seulement ou les trois quarts comme celles du màlc.
Gazella dorcas habite le nord do l'Afrique, du Maroc à l'Egypte; et à l'.k'abie. Un la
rencontre depuis la Méditerranée jusque dans l'Afrique centrale. Elle est très commune en
Syi'ie ainsi qu'en Nubie, entre le Xil e| la mer Rouge.
De tout temps la gazelle a été chassée avec passion, comme elle l'est encore de nos jours,
dans les pays qu'elle habite, en Perse, en Egypte, en Algérie et au Soudan. Les chasseurs du
désert mettent à sa poursuite le faucon ou hî lévrier. « J'ai vu
souvent en Egypte, dit Brehm', les grands personnages partir
[101 11- la chasse le faucon sur le poing, mais jamais je n'ai eu l'oc-
casion d'assister à leur chasse. Hasselquish qui la pratiqua en
Palestine avec quelques Arabes la décrit ainsi : Tn chasseur le
faucon au poing alla à la recherche des gazelles et lâcha l'oiseau
dès qu'il en vit une. Le faucon s'éleva dans les airs et, aussitôt
qu'il aperçut sa proie, fondit sur elle comme une flèche, décrivit
(piehpies cercles autour de sa tête, puis lui enfonça ses serres,
l'une dans la joue, l'aiidv dans la gorge. La gazelle fit un bond
de plus de .5 mètres et se débarrassa de son ennemi. Mais celui-
ci continua à la poursuivre et lui enfonça enfin ses serres dans
h; cou, la maintint, l'étourdit jusqu'à ce que le chasseur eiît le
temps d'aniver et de couper la gorge au gibier. Le faucon en
reçut le sang comme droit do prise. Cette chasse fait que les
Bédouins ont le faucon en aussi haute estime ([ue le lévrier. Les
chefs donnent ])()Ui' un beau faucon deux ou trois chameaux. »
La gazelle de Kom-Om])o représentée figure -14 a prolja-
bleuu'ut été tuée à la chasse de la manière indiqu(!'e par Hassel-
(jiiist, car elle portait sur la tête et au cou phisieurs trous d'un
[tetit diamètre. On remanpiait de }>lus du c('it('' droit de la tête,
au-dessous de la màchoh'e inférieure, une lai'ge coupure visilde
même sur le dessin.
D'après P. Sclater et Thomas-, la gazelle dorcas est figurée
surtout dans les monuments anciens de la Basse Egypte, alors que
dans la Haute Egypte les monuments représentent Guz.ImheUa.
(jazdla dorcas ditière de (îa:-. Isahclla^^v une taille un pi'U pluslail)le et principalement
par la forme de ses cornes. Chez la fA>/YY/,s" elles sont divergent es jus([u"au milieu de leur longueiu',
puis elles s'infléchissent légèrement et se rapprochent de plus en plus l'une de l'autre jusqu'à
leurs extrémités qui sont un peu relevées en avant (lig. 46). Dans Gaz. ImhcUa, les cornes
sont moins divergentes à la l^ase, levu's extrémitc's se recour])ent en dedans presque à angle
droit comme l'indiijue une ligure donnée pai' M>L Sclater et Tliomas d'après un crâne de
gazelle moderne du Muséum de Londi'es ^.
Fig. 46. — Gazella dorcas. mâle.
Grane de momie de Kôm-Méreh.
(I 3 gr. liât.)
' Brelitn, la J'ie des anhnau-r, p. 535.
- Sclater and Tliomas, Ihe Book of Antelopes. vol. III, p. 105, 1898.
' IbiJ., vol III, p. 15-i, fig. 09, 1898.
84 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Le squelette des gazelles momiliées ne ditiei'e pas de eelui des i^azelles actuelles de la
même espèce. Nous avons relevé sur les squelettes complets des individus anciens les mesures
principales du corps et du ei-àne. à titre de documents, poui- permettre aux naturalistes de les
comparer à celles des animaux modernes de la même foi'uie. Yo'wi ces dimensit)ns :
SqucleUe ii° 1 de Kùui-Ombo (femelle). — Longueur du corps, de la première apopli. épineuse
dorsale à l'extrémité postérieure des ischions 540 ""^
Hauteur au garrot 615
Longueur totale du crime, de l'extrémité antérieure des prémax, à la crête sus-occipitale . 170
Largeur maxima du crime (diamètre sus-orbitaire) 75
Squelette n° 2 de Kùm-Ombo (femelle). Longueur du corps, de la première apophyse épineuse
dorsale à l'extrémité poslérieure des ischions 495
Hauteur au garrot 602
Longueur totale du crâne, de l'extrémité antérieure des prémax. à la crête sus-occipitale . . 166
Largeur maxiraa du crâne (diamètre sus-orbitaire) 77
Squelette n° 6 de Kùm-Méreh (mâle). — Longueur du corps, de la première apophyse épineuse
dorsale à l'extrémité postérieure des ischions 515
Hauteur au garrot 625
Longueur totale du crâne, de l'extrémité antérieure des prémax. à la crête sus -occipitale. . 180
Larij;eur maximum du crâne (diamètre sus-orbitraire) 83
Squelette n° 21 de Kûm-Méreli (femelle jeune) — Longueur du corps de la première apophyse
épineuse dorsale à l'extrémité postérieure des ischions 440
Hauteur au garrot 560
Longueur totale du crâne, de l'extrémité antérieure dos prémax. â la crête sus-occipitale . . 154
Largeur maxima du crâne (diamètre sus-orbitaire) 66
Le squelette d'une femelle de Gazelle dorcas moderne de rAl!4érie, conservé au Muséum de
Lyon, présente les dimensions suivantes. — Longueur du corps, de la première apophyse
épineuse dorsale à l'extrémité postérieure des ischions 530
Hauteur au garrot 605
Longueur totale du crâne, de re\trémité des prémax. à la crête sus-occipitale 178
Largeur maxima du crâne (diamètre sus-orbitaire) 73
Comme on le voit, la .uazidle actuelle a la même taille que les j^uzelles momidées : elle est
identique notamment à l'exemplaire du même sexe (n" 1) de Kôm-Oinbo. Seuls les rayons
osseux des memlires varient un peu, le tableau ci-dessous en iudi([ue les lon,iiueurs relevées
sur les quatre spécimens anciens de Gaz. dorais et sur l'individu moderne de la même-
espèce.
Gaz. dorcas
Gazella dorcas momifiées. moderne.
1 2 5 -H
Femelle Femelle Mâle Femelle jeune Fomelle
K. Ombo. K. Omliu. K. Mèreli. K. Mèrcli. Algérie
Longueur des cornes en suivant la ligne
externe de la courbe >. « 275 » 195
Longueur de l'omoplate 112 111 108 97 125
— l'humérus 108 UU 107 104 105
— du radius 14!» 145 13.'^ 138 139
— du métacarpien 107 165 10<) 156 156
— du fémur 147 145 151 13!» 151
— du tibia 200 200 191 190 195
— du métatarsien 172 170 166 160 iC7
GAZELLES
85
GAZELLA ISABELLA Gray.
(Kig. 47.)
Antilope dorcas. Liclitenstein, Darstellung der Thiere, pi. V (l827) (?).
Gazella isabella, Gray, Ann.Mag. nat. hist., XVIII, p. 214 et 231 (1846).— Gray, Cat. Rum. Brit. Mus., p. 38-
(1872). —P. L. Selater and Old Thomas, Ihe Bookof Anielopes, p. 151, pi. LXIV, vol. III (1898).
Antilopes Isidis.^unàevdiW, Pecora, K. Vet. ah. Handl.,]>. 267(1847).
La collection compte plusieurs crânes et trois spécimens entiers (1(^ (}az-ella isabella. Ln
mâle et une femelle sont de Kùm-AIéreli ainsi que les crânes: le troisième, un individu mâle,
a été reçu d'Egypte en 1872, sans indication d'origine.
Hauteur au garrot. 595 à ()50 milliniètrcs. (brnes dans les deux sexes; épaisses chez le
mâle, annelées, convexes en avant sur les (piatre cinquièmes de Icui- longueur, extivmités
recourbées en dedans presque à angle droit comme le montre le
crâne d'une gazelle momitiée de K('>m-Méreh (tlg. ±7). Fosses
préorliitaii'es larges et profondes ainsi que chez (îaz. doi'cas :
longueur du crâne. i()8 à ISI millimètre;;: larj^cur maxima.
75 à 81 millimètres.
Couleur générale fauve, varialde de ton. passant pai'fois au
brun ; face interne des mem])res et ventre blancs ; bande lati-r-alc
très peu distincte. Touffe de poils en haut des métacarpiens.
Femelle comme le mâle, mais ses cornes ont un diamètre
plus tailtlc. elles sont moins reeourliées, leur longueur est à
peu })rès la même que chez le mâle. La section des chevilles
osseuses des cornes au lieu d'être ovale ou circulaire à la base
comme chez la Dorcas est sulitinangulairc avec un aplatisse-
ment postérieur assez marqué.
(iazdla isahclla habite actuellcuu'ut. d'aitrès Trouessart .
l'Egypte, la Nul)ic, le Sennaar et le Kdi'dofan, jus([u*à la mer
Rouge et à l'Arabie Pétrée. Un la trouve à Massaouali et dans
les montagnes de l'Abyssinie jusqu'à lOlX) et ISOÛ mètres
d'altitude. Mais MM. Selater et Thoma;'. disent qu'on rencontre
cette espèce seulement sur la cote de la mer Rougv de Souakim
à Massaouah et dans l'intéi'ieur du Logos, du Itarea et du Taka.
Ouoi qu'il en soit nous trouvons (ia:-. isubcUn représentée
en plus gi-aud nom])re parmi les animaux ancii'us de la Haute-
Egypte que (iaz-. /loi-cds; il est doue ('vident qu'elle vivait
alors, sinon comme cette dernière <'U ]\L!y[)te même, du moins dans les régions euviinm-
nantes et peu éloignées.
En Qo qui concerne la gazelle, rapportée par Hemprich (.'t l'^lu-eiiliei'g du Sennaar et
décrite iiar Lielitimstein sous le nom de (luzclla dorcas, Selater et Thomas croient ([u'elle
appartient proltablement à Gazella isahclla. Sundevall l'a considérées mime une tonne distincte
Fig. 47. — Gazella liahtlla, mâle.
Cbane de momie de KÔM-MÉnEH.
(1/.'? gr. cat.)
' Calalogus mammalium tam vivenlium quam fossilium, t- II. p. 94o. Berlin, 18'.)9.
86 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
(le la (/orras et a propose; de l'appeler Gazella isidis du nom d'Antilopi' d'Isis, par l(>(pi(']
Lichtenstein la désignait. Mais, comme le remarquent les naturalistes anglais, cette identifi-
cation est incertaine et le nom de (iray, de IS IG. est ant(''ri('ur à cidui de Sundevall.
Il faut remarquer à ce propos, s'il est bien établi ([ue les anciens Egyptiens consacraient
la gazelle à Isis, ce qui n'est point certain', qu'on ne peut en tous cas chercher à identifiei*
(( l'Antilope d'Isis «aune espèce unique de ga/.elle. puisque nous trouvons réunis à Kôm-M(''reh,
momifiées à la môme époque, les deux formes plus on moins communes de la région : Gaz.
dorcas et Ga:;. isahcHa. Il est évident (pie les Egyptiens n'avaient pas les mêmes idées que
nous sur l'espèce zoologique; ils n'en avaient probablement même aucune notion. Poui- eux
ces deux gazelles, si tant est qu'ils eussent remarqué leurs faibles difféi-ences, n'étaient pas des
animaux différents ; elles ne représentaient à leurs yeux que des variations individuelles, des
variétés ou des races locales du même aninial. Ces variations de la gazelle étaiimt de la même
nature que celles qu'ils remarquaient chez l'iionime, dans leurs expéditions soit en Nubie, soit
en Syrie.
Le squelette de Ga:-. isabeUa est, au point de vue anatomique, semblable à celui de
Gaz. dorcas, mais les dimensions principales du corps et du crâne sont chez la première un
peu plus fortes en moyenne, comme l'indiquent les mesures suivantes relevées sur trois sque-
lettes complets de gazelles momifiées.
Sqiieleitt! n°4 (mâle), Egypte. Longueur du corps, de la première apophyse épineuse dorsale à
l'extrémité postérieure des ischions 505""'
Hauteur au garrot 605
Longueur totale du crâne, de l'extrémité antérieure des prémax. à la crête sus-occipitale. . 181
Largeur maxima du crâne (diamètre susorbitaire) 81
Squelette n° 23 (mâle), Kôm-Méreh. Longueur du corps, de la première apophyse épineuse
dorsale à l'extrémité postérieure des ischions 560
Hauteur au garrot 650
Le crâne est brisé dans sa partie antérieure, sa longueur n'a pu être prise »
Largeur maxima du crâne (diamètre sus-orbitaire) 81
Squelette n" 5".? (femelle), Kôm-Méreh. Longueur du corps. Je la première apophyse épineuse
dorsale à l'extrémité postérieure des ischions 520
Hauteur au garrot .590
Longueur totale du crâne, de l'extrémité antérieure des prémax. à la crête sus-occipitale. . 168
Largeur maxima du crâne (diamètre sus-orbitaire) 75
Chez les individus momitiés de Ga:. isabrlla, les longueurs des diverses parties des
membres présentent des variations notables qu'il serait intéressant de pouvoir comparer aux
dimensions relevées sur des squelettes modernes delà même espèce.
(tuz. isahella momifiées
4 z:i 62
mâle mâle t'eniolle
E^'vpte Koln-Méreli Koiu-Méroh
Longueur des cornes en suivant la ligne externe de la courbe . . 230 250 »
Longueur de l'omoplate 118 121 108
— de l'humérus 112 119 107
— du radius 149 159 135
— du métacarpien 175 177 160
— du fémur 152 166 148
— du tibia 210 224 198
— du métatarsien 178 185 108
\^'ilkinson, Tlie ancient Egyptians, vol. IIL p. 260, 1878.
MOUTONS
Parmi les figurations animales des monuments de l'ancienne Egypte, on distingue deux
formes l)icn différentes de moutons. Dans l'une, les cornes sont spiralées transversalement;
chez l'autre, elles sont recourbées en demi-cercle, les pointes tourn(''i>s en avant.
La première est figurée sur les plus anciens monuments égyptiens, entre autres sur la
plaque de schiste du INIusée de Gizé, de l'(''po(|uo de Négadah, et sur le papyrus de Neb-Qued,
du Musée du Louvre'. A cette race, Oris ijalœoo'fpjpticiis. appartenait le « bélier de Mondes »,
le bélier primitivement adoré à Mondes.
La seconde race appai'aît sur les monuments égyptiens de la XII'' dynastie; elle est
communément figurée sur ceux do la période saïte. Dans une scène reproduite par ^^'ilkinson-,
on voitSéti I, la tête ornée des cornes de ce bélier, des « cornes d'Ammon ». Les figures conven-
tionnelles du « bélier d'Ammon » ont été probablement inspirées pai' le mouton à grosse queue
des bas-reliefs babyloniens et assyriens, voisin du mouton Ocisplatijuj-a œgi/jjtiaca Fitz.
Les divinités, soit à corps de bélier, soit à corps humain et à tête de bélier, sont nom-
breuses sur les monuments égj^)tiens. Elles sont représentées tantôt avec les cornes horizon-
tales et transversales du « l)élier de Mondes », tantôt avec les cornes en demi-cercle du
« bélier d'Ammon ». Quelquefois, la divinité porte réunies les cornes de ces deux moutons,
comme on le remarque sur les bas-reliefs du grand temple d'Edfou où le dieu Har-Hat, la
science et la lumière personnifiées, est représenté avec quatre cornes, au centre du disque
solaire^. La figure de Séti I que nous citons plus haut représente aussi ce Pharaon avec les
cornes d'Ammon et celles du bélier de Mondes.
Les égyptologues et les historiens, les Grecs notamment, ont ti'ès souvent confondu les
moutons et les chèvres, le bouc et le bélier. Les Eg^-ptiens ont fait parfois la même confusion,
ainsi que M. le professeur E. Lefébure* a eu l'obligeance de nous l'indiquer. « Il y a, en effet,
écrit ce savant, dans le Panthéon de Champollion, un petit monument de basse époque oîi le
dieu est un bélier dans le texte et semble unbouc,dans le taLleau''. Un autre animal semblable,
' Dlirst und Gaillard, Studien iiber die geschiclite Hausschafes (Recueil de Iracaux relatifs à l'Egypte et à
l'Assyrie, p. 6, fig. 2, vol. XXIY, 190-?, Paris.
- Wilkinson, Ihe Ancient Egyi.lians. p. 371, pi. LXIV, vol, III, 1878.
^ Champollion, Monuments de l'Egypte et de la Nubie, t. II, pi. CXXIV, flg. 2.
■* Lettre manuscrite, mars 1902.
'■ Champollion, Manuscrits, Panthéon égyptien, t. I, p. 2-37.
88 FAUNE DE L\\NCIENNE EGYPTE
(le inrmi^ nom d de mriiic date mais sans l»ai'l)i', se ti'ouvc dans les monuments (''gyptiens de
la Bibliothèque nationale, publiés par Ledt-ain'. Est-ce par assimilation avec leur dieu Pan
ipie les anciens se sont obstinés à l'aire m\ hmw du li(dier de Mendès? Il serait peut-être
difficile d(^ r(''SOudre cepro])lème. mais, en tous cas. l'ojiinion classique, qu'elle» ait agi ou non
comme cause. s'(»st parfois traduite en Egypte pai- la llgurati(»n de l'animal de Mendès sous une
forme (pii rappelle bien celle du bouc. »
Quelques momies de béliers à « cornes d'Ammon », On'.s jj^'it'/'f» ^i^'[Ji/pti(i<'a^ Fitz, sont
conservées dans les collections égyptologiques des Musées de Bei'lin et de Londres. De cette
l'ace, le Muséum de Lyon ne possède que des cornes et un certain nomlire de leurs axes osseux
provenant des puits à momies d'Atousir.
Ork pnlceoœrjiipiiriis n'a pas été trouvé momiti(''. ()n le connaît par les figurations des
monuments égyptiens et aussi par les fragments de la tète osseuse de Toukh dont la descrip-
tion est donnée ci-après.
OVIS LONGIPES, Fitzinger.
Race 'palxoD'gypIicus - .
(Fig. 51.)
Ovis longipes, Fitz. Ueber die Racen des Zahmen Schafes (Sitzungb. des K. K. Akad. der Wissensch.
Wien, 1860, vol. XLI, p. 203).
Ce mouton est connu d'aju-ès (juelques fragments de crânes recueillis par M. de
Morgan, avec une série d'ossements d'animaux divei's. dans les amas de débris laissés pai' les
populations préphai-aoniques sur le sol de leurs habitations. La liste des espèces de mammifères,
r-eptiles et poissons, représentées parmi ces débris osseux, a été donnée par l'un de nous dans
l'ouvrage de M. de ÎNIorgan sur les origines de l'Egypte''.
Les fragments de crânes appai'tenant à cette i"ace de mouton se composent de trois pièces:
deux moitiés de la région front o-pariétale d'un crâne de jeuni' individu et un fragment d'axe
osseux de corne de la même race, mais d"un individu adulte. Ces ossements ont été trouvés
lans le Kjoekkenmœdding de Toukh. village dépendant de Négadah, situé un peu au sud-est
"Aliydos, sur la rive gauche du Xil. Ils proviennent de la partie inférieure du dépôt, de celle
ui est regardée avec raison comme néolithique. A ce niveau « les silex taillés sont extrême-
ment al)ondants et se trouvent là mélangés avec des os ljris(''S d'animaux, des fragments de
vases semblables à ceux (ju'on voit dans les nécropoles archaïques, de petits poinçons d'os, des
coquilles marines et nilotiques, des nucléi, des percuteurs et une foule d'éclats.
« Ces buttes de Toukh sont de véritables Kjoekkenmœddings, elles en renferment tous
les éléments et sont les derniers restes du village oii vivaient les gens qui reposent dans la
nécropole située non loin de là, au sud-ouest des montagnes \ »
La partie sup(''rieure des Kjo'kkenmœddings de Toukh contient des briques crues avec
' Itibliolhèque de l'Ecole des Hautes Etudes, 38" fasc, pi. II, fragments de calcaire.
° Diir.st iind Gaillard, Studien iiber die Geschichte des ^gyptischen Hausschafes (Recueil des travaux rela-
tifs à la jjhilologie et à V archéologie égyptiennes et assyriennes, de M. Maspero, 1902.
■' De Morgan, Recherches sur les origines de l'Egypte, Paris, 1897, p. 99.
■' Ibid., p. 66.
MOUTONS 89
quelques menus et très rares instruments en bronze. Elle date du commencement de la période
pharaonique, environ de la même époque à laquelle remonte la nécropole de Khozan, étudiée
en 1899 par M. E. Chantre '.
L'examen rapide des amas d(^ Toukli avait d'aliord l'ait pensera M. de Morgan que les
restes mêlés de briques crues du niveau sup(''rieur du tell appartenaient à la période indigène;
mais l'étude approfondie de buttes analogues cà Kawamil, à Silsileh et à Toukh, l'a condidt à
rectifier sa première appréciation.
« Chaque fois, dit-il, qu'on rencontre des briques crues, soit dans les kjœkkenmceddings,
sait dans les sépultures, on trouve en même temps des objets métalli(pies, tels que harpons,
aiguilles,- petits ciseaux, etc., mélangés aux silex taillés et aux tessons de vases. La brique
crue permet donc de ranger les vestiges dans la période égyptienne des débuts, et l'art de la
travailler est l'une des caractéristiques de cette éjioque.
<( A Toukh, la base du Kom est formée de vestiges préhistoriques, et c'est dans les couches
supérieures seulement qu'on rencontre les ruines des habitations égyptiennes caractérisées par
la poterie et les objets métalliques.
<( Le site de Toukh fut a])andonné peu a}>rès la conquête égyptienne, et remplacé par la
ville de Noubt, située à 1 kilomètre plus au nord : la vie se continua là pendant toute la période
pharaonique^. «
Les ossements que nous allons étudier, ayant été trouvés associés à de nombreux histru-
ments en silex, dans les couches inférieures du kjœkkenmœdding, où ne se rencontre aucune
trace de métal, datent de \a jjèriodc néo/H/n'/j/'c.
La pièce fossile la plus importante est un(_'m(iitié gauche de la partie postérieur-e d'un crâne.
Cette pièce se compose du frontal avec l'axe osseux de la corne, d'une moiti(' du pariiHal et
d'une faible partie de l'os temporal.
L'extrémité antérieure du frontal n'est pas connue ; l'os est brisi' suivant une ligne trans-
versale passant par l'orbit(\ un peu au-dessus du trou sourciller. A la base de la cheville
osseuse de la corni^ est une cavité' (pii occupe toute la largeurdu fronlal, de l'orbite à la suture
médiane: ce sinus se prolonge dans l'axe osseux jusqu'à 2 centimètres environ de profondeur.
Le diamètre transverse du frontal, mesun'' de la suture médiane à la face externe de l'axe osseux
est de .5.5 millimètres. Ce chiffre doubli'' donne l'(''cartement total des chevilles osseuses qui est
ainsi, à l'ext('rieur de leurjtase, de 110 millimètres. L'écartement interne des chevilles osseuses
est de 41 millimètres environ, ce diamètre ne peut pas être relevé avec précision, par suite de
l'usure et de la direction horizontale des chevilles osseuses. Le diamètre minimum du frontal,
pris en avant di' l'axe des cornes, un peu au-dessus des orbites, est de SO millimètres.
La cheville osseuse de la corne est placée directement sur l'orbite avec une direction
presque horizontale et transversale ; elle est très légèrement dirigée en haut et en arrière, à
peu près également dans les deux sens. La cheville frontale est fortement tordue sur elle-
niême, sa spire fait environ un (piart de tour sur une longueur de 5 centimètres. Une petite
carèn(> part de sa base, du coté' postéro-externe ; elle se dirige en dehors suivant la torsion de
l'axe osseux.
La clii'ville di's coi'nes présente à sa base une section très convexe et ai'rondie du coté
' Ernest Chantre, Bulletin de la Société d'antliropologie de Lyon, 1899, t. XVIII, p. 67.
- J. de Morgan, Recherches sur les origines de l'Egypte, Paris, 1897, p. 6ii.
Arch. Mus. — t. VIII. ♦ jo
90
FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
antérieur; on arrière, cllo est aplatie et un pou anyulouso. Le grand dianioti'o do .sa section
Lasalo est de 42 millimètres : le petit diamètre, ou diamètre antéro-postéiioui', mesure
30 millimètres souli'mcnt : la circonférence 115 millimètres.
Le pariétal est brisé par son milieu. La suture pariéto-frontale n'est pas synostosée ; elle
va de l'angle postéro-externe de l'axo osseux de la corne et se dirige en ligne droite, mais
obliquement d'ai'rière en avant, vers la sutui'e médio-l'rontale ; en ce point la suture pai'iéto-
frontale forme un angle ouvert en aiTière de 130 degrés environ. La longueur antéro-posté
rieure du pariétal prise sur son axe médian est do 39 millimètres ; sa plus grande demi-
largeur, mesurée de la ligne médiane à la face
latérale de l'os, est de 43 millimètres. La plus
grande largeur du pariétal est donc en totalité
do 80 millimètres ; la plus petite est de 60 milli-
mètres.
La seconde pièce du môme fossile consiste
en une moitié postérieure droite du cràno: oll(^ est
identique à la précédente et semble se rapportei*
au mémo individu. Cependant cette partie n'est
pas aussi bien conservée que l'autre moitié ; la
carène do la oiievillo frontale y est presque en-
tièrement efïacée.
La troisième est un fragment d'axe osseux
du coté droit montrant le tissu interne de l'os
où ne s'aperçoit aucune cavité aérifère. Ce frag-
ment, dont la section est la même que dans les
pièces décrites plus haut, appai'tient sans doute
à un animal adulte, cm' la nerviu'o qui se voit
sur toute sa longueur est beaucoup plus marquée
que sur les écliantillons précédents.
En comparant aux ruminants cavicornes
actuels les ossements du kjœkkenmœdding de
Toukh. on remarque tout d'aboi-d que la structure do l'os frontal et du ])ariétal, la section, la
direction et l'insertion transverse des clu villes osseuses des cornes, correspondent tout à fait
aux particularités morphologiques des moutons; mais la nervure ou carène qui forme une
sorte de pas de vis pour la corne, et dont on trouve des traces chez quelques races de moutons,
est pi"opre surtout à certains genres d'Antilopidés, aux Tragdophus, Taurotrmjus, Limno-
trafius et Strejpsiceros, par exemple.
Après des recherches étendues à la famille entière des Antilopidés. nous avons fait la
constatation suivante; chez toutes les Antilopes actuelles pourvues de cornes contournées (m
spirale, la corne du côté droit est tordue à droite comme l'indique la ligure 48. Au contraire,
dans le ruminant cavicorne de Toukh, ainsi que chez tous les moutons, les chevilles frontales
sont courbées ou tordues en sens inverse : la cheville osseuse du côté droit est tordue à gauche,
ainsi que l'a remarqué Rlasius ' pour les moutons domestiques de l'Allemagne. Cette différence
' Blasius, Naturgescliichte der SaUgelhier Deutschland, p. 467.
Fig. 48. — Taurotragus Derbyanus, Gray-
Cheville frontale et corne
(Vues par leur face antérieure.)
MOUTONS
91
constitue un caractère distinctif géni-ral entre les nombreuses formes d'Antilopes et toutes les
races de moutons ; elle sépare nettement le ruminant de Toulvh des Antilopc^s actuelles et le
range du côté des moutons, desquels il présente, comme nous allons essayer de le montrer,
tous les principaux caractères.
L'étude des ossements du nidutnudc Toukli est facilitée par les indications que fournissent
les dessins et Ims-reliofs des plus anciens monuments de l'Egypte piiaraoni([ue.
11 n'est pas douteux que le mouton du kjœkkenmoedding de Toidch est le même animal
dont les Égyptiens de la période naemphite ont reproduit l'image sur les murs de leurs temples
et de leurs tombeaux.
On voit, en effet, sur les nomlir-eux dessins ou peintures ({ui retraccnit la vie des
Pharaons, diverses figures des premiei-s i-ois. entre autres celles de S(Hi I ' et Ramsès II ^, repré-
sentant ces personnages la tète entouré'e de
plusieui's ornements symboliques. Parmi ces
ornements, des cornes tordues en spirale res-
semblent d'une manière parfaite à celles trou-
vées dans le kjœkkenmœdding de Toukli. En
outi'i'. une jdaque de schiste très ancienne,
portant d'un côté des représentations animales
en ])as-relief^ de l'autre, des cartouches hiéro-
glyphiques qui prouvent son origine ('"gyptienne,
nous donne sur ce mouton des indications ])eau-
cou[i plus précises. Cette plaque de schiste est
conserv(''e au musée de Giz<'': vWc est figurée
dans les lleclierchea sur fcs nrifiiaes de
rEfll/pte^, et attribuée par M. de Morgan à la
même époque que les monuments de Négadah
et d'Aliydos, c'est-à-dire aux (( premiers
temps qui suivirent la conquête de l'Kgypte
par les Égyptiens ». La plaque de schiste du Musée de Gizi' reproduit sur trois rangées
horizontales superposées les images de différents animaux. Dans les deux rangées du haut,
on reconnaît le ])œuf et l'àne. Les animaux de la rangée inférieure sont des moutons (fig. -19),
pourvus de cornes en spirale abs(dument semblables aussi à celles du fossile de Toukh.
Le mouton figuré en bas-r(dief sur la ^ilaque de Gizé est représente'' sur plusieurs
monuments de l'ancienne Egypte, notamment sur une scène pris(^ au tomlieau de Ti
(IV dynastie) et reproduite par M. Maspero* d'après une photographie de M. Emile Brugsch-
Bev; puis sur le mur d'un hypogi''e au sud de Saouadeh''. Les bas-reliefs d'une toml)e très
ancienne de Gizé représentent aussi un troupeau de ces mêmes moutons employés au tassement
Fig_ 49, — Plaque de schiste du Musée de Gîzé.
(D'api'ès M. de Morgan.)
' G. Maspero, Histoire ancienne de l'Orient classique, Paris, 1895, p. 181.
■ G. Wilkinson, Ihe Manners and customs of Ihe ancient Egyptians, Loiidon, 1878, vol. III, pi. XLIII
et LXIV.
^ De Morgan, Recherches sur les origines de l'Egypte, Paris, 1897. pi. III, p. 264.
■' Maspéro, Histoire ancienne des peuples de l'Urient. Les origines : Egypte et Chaldée, p. 343. — Etudes
égyptiennes, t. II, p. 81-84.
'' Description de l'Egypte, 1SI7, vol. IV, pi. 08, fig. 13.
92 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
de la semence dans les champs que dos paysans éfiypticns viennent de labourer et d'ense-
mencer. Rosellini, en désii;nant la scène par ces mots pcstdttn-a tlrl .seinuinto pi'i- inrz:.o délie
capra, prend ces moutons ou plut("(t C(^s l)i'ebis pour des chèvres'. Sur une autre planche du
même auteur ou voit encore le mouton à cornes transversales^.
L'animal fig'uré sur ces divers monuments de l'ancien empire^ et au bas de la plaque de
schiste de Gizi''. par les Egyptiens du début de l'époque pharaonique, est évidemment le même
que celui dont ÎNI. Morgan a retrouvé des restes dans les amas de débris de l'époque qui
a immédiatement précéd('' la conquête de l'Egypte par les Pharaons. C'est également ce
même animal, le hèlier de Mendcs des égyptologues. (lu(piel 1rs anci<'ns Egyptiens ont
reproduit l'image des cornes, pour la placer, comme syml)olc di' la force, sur la tête de
leurs rois.
Les historiens g'recs et la plupart des égyptologues ont dit cpie le bélier d(.' ]\Iendès, le
nuniton des Phai'aons, était une chèvre.
Tout n'-cemment. (juclqucs naturalistes se basant sur les figures de la plaque de schiste du
musée de Vjm\ et aussi pai'ait-il sur l'étude ostéologii[ue du crâne du moutkm à manchettes,
ont conclu que le bélier de Mendès ressemblait au mouflon africain et devait être regardé
comme une race parente de ce moudon (Aiiimotrnfuis trafjeùqjJms. Desm.).
D'après M. Conrad Keller. professeur de Zoologie à Zurich, le plus ancien mouton
d'Egyjîte appai'tiendrait à la« Traçielnplms Baase^)). Cette race, (pr il nomme aussi «mouton
égyptien à cornes pointues » pour la rapprocher du <i mouton à cornes pointues d'h^urope »
(Oris sfrejjsiceros, Linné), serait, d'après M. C. Keller. issue du mouton à manchettes
domestiqué pendant la période de Négadah. Elle est considérée, par le même auteur, comme
ayant des rapports étroits avec les diverses variétés de moutons à longues jambes (Ooisloiif/ijjes,
Fitzinger'') du Fezzan, de laGuinc'e, du Mai'oc et du Sénégal.
Pour M. Paul Matschi(\ le savant mammalogiste du JNIuséum de Berlin, ces moutons à
longues jamb(>s de l'Afrifjuo sont également, avec le ])(dier de Mendès, des descendants du
mouflon à manchettes^.
^L G. Thilenius. professeui" à l'T'niversité de Breslau pense que les figures de b(diers ou
de moutons des anciens monuments de TÉgypte représentent un animal autochtone, qui serait
un descendant d^Amnioffagus tragelajjhus (HuusscJiaf, màhneiurisse), proche parent des
moutons de Togo et de Say".
L'idée suivant laipKdle le mouflon à manchettes serait l'ancêtre dii-ect de certains moutons
a été, comme on sait, soutenue autrefois pai" F. Cuvier.
M. T'. Diirst. de qui nous tenons la plupai't des renseignements précédents relatifs aux
appréciations de quelques naturalistes suisses et allemands sur le mouton préhistorique de
' Rosellini, Monumenli dell'Egitto e délia yubia, Pise, 1834, t. 11, pi. XXXII. lig. 1 et 3, p. 289.
• Rosellini. loc. cit., t. II, pi. XXIX, flg. 4.
' Conrad Keller, die Abstanamuug der Rassen uiiseres Ilausschafe (Œstr. Mûlkerezeitung, 1899, n"* 4 et 5J.
' Fitzinger, Ueber die Racen zahmenSchales('.iV<zMra^6. der K. K. Akad. derWisstnschaften, Wien, 38 vol.,
1860, p. 143).
'■" Paul Matschie, Saiigethier aus den Sammlungen der Grafen ZacU in Kratvi. Togo (Sitzungh. der Ges.
Nalurf. Freunde, 1899, n° 1).
^ G. Thilenius, das «egyptisohe Hausschaf (Recueil des travaux relatifs à la pliilologie et à l'archéologie
égyptiennes et assyriennes, de M. Maspero, vol. XXII, Paris, lOGOi, fasc. -4, p. 201.
MOUTONS
93
l'Egypte, désigne ce mouton par le nom de « mouton à cornes de clièvre' », rappelant ainsi
la race de moutons à coi'nos de chèvre des tourbières et palatittcs de l'l<]uro})e.
S'appuvant sur les caractères anatomiques des ossements trouvés à Toukli, il est facile
de montrer que ces ossemtmts n'ont rien dans leur structure resscmlilaul soit à la chèvre, soit au
mouflon à manchettes, ([u'ils appar-
tiennent sans le moindre dt)ute à un
mouton proprement dit.
(]omparons d'abord le crâne de
Toukli à celui du mouflon à manchettes.
Le crâne du nK)ull(in ({ui est pris
ici pour comparaison provient d'une
momie de l'ancienne Egypte. A en juger
pai' les sutures crâniennes complète-
ment soudées, pai' la dentition très
mauvaise et fortement usi'c, comme
on l'observe souvent chez les animaux
ayant vécu en ménagerie ou dans les
jardins zoologiques, c'est le crâne d'un
vieux mouflon qui a dû vivre entouré
de soins dans un parc avoisinant quel-
que sanctuaire.
Les chevilles osseuses de ce crâne
sont lu'isées à une faible distance de
leur base (flg. .50). Ces chevilles ont une section plutôt quadrangulaire que triangulaire et sont
percées de grandes cellules ; elles ont un diamètre très élevé compai'ativement au diamètre
transverse de l'os frontal ; leur circonférence à la Itase est de 2.50 millimètres, elles se dirigent
sous un angle de 4.5 degrés
environ, en arrière et en
haut, suivant une courbe à
peu près régulière. De telle
façon que les cornes, dont la
direction est divergente à
l'origine, ont cependant leurs
pointes rapprochées de plus
en plus à mesure qu'elles
s'allongent.
Le sinus frontal du mouflon d'Afiique est très grand. sur(''lev('' au-dessus de la \'oùte
crânienne. L'os pari(''fal est assez rt'duit jiar suite du développement de l'occipital et de l'os
frontal. Les sutures pariiHo-frontale et occipito-pai-i(''tale sont à peu près parallèles.
Dans le crâne de Toukh le paiié'tal est grand ; les sutures pariéto-frontale et occipito-
parii'tale, au lieu d'être parallèles, se rencontrent, comme chez tous les moutons, à queLpies
centimètres des faces latérales du crâne (flg. 51).
' U. Diirst, die Rinder von Babylonien, Assyrien imd Egyplen, Berlin, 1S9'.*, p. 21.
Kig. 5Û. — Ammotraiius tragelaphus. Desm
Crâne de momie (vu [lai- sa face postérieure.)
'^■'^^-
Fig. 51. — Ovis palivoœffypticus (vu par sa face postérieure; l/-gr. n.
Kjœklcenmœdding de Toukh (Haute-Egypte).
94 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Le mouflon à manclicttos est pourvu de clicvilles frontales simplement recourliées, très
grosses, celluleuses, à section presque quadrangulaire, tandis (pie celles du ruminant de Tonkh
sont pleines, tordues en spirale, avec un faible diamètre et une section plan-convexe. Dans le
mouflon d'Afrique les axes osseux des cornes sont très rapprochés l'un de l'autre, ainsi que
chez la jdupart des chèvres, alors qu'ils sont séparés pai' un lari^e intervalle sur le crâne de
Tonkh. En résumé, les caractères ostéologiques du mouflon à manchettes le rapprochent plus
des chèvres que des montons ; au contraii'e, le ruminant cavicorne de Toukh présente tous les
caractères typiques des O vidés.
Il nous parait inutile d'insister davantage sur les nomlireuses différences qui sépai'ent le
ruminant de Toukh du mouflon à manchettes. Si nous en avons indiqué quelques-unes des
principales, c'est afin de montrei* comliien sont éloignés de la vérité les naturalistes qui croient
voii' dans le bélier de Mendès un descendant du mouflon à manchettes. Amiaotingus tnigela-
2jhn.s est une forme très particulière de ruminant ; quoique moins éloignée de la chèvre que du
mouton, elle ne peut jias plus donner naissance à une chèvre qu'elle n'a pu donner naissance à
un mouton.
Puisque le crâne de Toukh n'offre aucune ressemblance avec le crâne du monde africain,
il ne peut pas être attribué à un animal descendant de ce mouflon (^t (meore moins à ce mouflon
lui-même. A'oyons s'il appartient à une chèvre.
Une étude diHaillée a été faite par MM. Lesbre et Gornevin'. professeurs à l'Ecole
vétérinaire de Lyon, sur les cai'actères ostéologiques différentiels de la chèvre et du mouton.
Ces anatomistes ont tait porter leurs observations sur de très nombreux spécimens squelet-
tiques appartenant aux diverses formes sauvages et domestiques des genres ocis et ctqjra.
Selon leurs intentions, ils ont pu « dégage* de la multitude des caractères individuels ou
des caractères de i^ace les cai^actères vé'ritablement sitéciflques >>, c'(^st-à-dire ceux qui se
rapportent à la généralité des espèces de moutons et des espèces de chèvres.
MM. Cornevin et Lesbre n'ont compare'' que des individus de même sexe et adultes, afin
d'écarter toute différence pouvant être rapportée à l'âge ou au sexe.
^\iici, en ce qui concerne seulement les parties du crâne correspondant à celles trouvées
dans la Haute-Egypte, comment s'expriment ces auteurs au sujet des diflérences relevées entre
les moutons et les chèvres :
<( La suture occipito-pariétale du mouton est à peu près directement transversale (ttg. 52),
tandis ([ui' celle de la chèvre s'avance angulairement en avant et circonscrit une }i('tite enclave
interpariétale (flg. .53).
<< Chez la chèvre, la suture pari(''to-frontale est directement transversale (flg. 53), tandis
que chez le mouton elle forme un angle médian à sommet antérieur (flg. 52).
(( Lorsque les cornes existent, leurs chevilles osseuses n'ont ni la même insertion, ni la
même forme, ni la même dii'ection, ni la même structure dans les deux espèces. Elles s'insèrent
plus prc's l'une de l'autre chez la chèvre que chez le mouton. Dans la première, elles sont
beaucoup plus déprim(''es dans le sens latéral qï présentent un bord antérieur tranchunt .-dans
le second, elles sont plus épaisses et leurs deux faces (plane et convexe) sont réunies par des
' Gornevin et Lesbre, Caractères ostéoloi,'iques diflërenticls de la chèvre et du mouton ; Bulletin de la Soc.
<l anthropologie de Lyon), 1S91, p. 47.
MOUTONS
95
bords éjjais et ui-roiidis. Les cornes de la chèvre sont, en général, dirigé(>s en haut et en
ai-rière en divergeant : d'ordinaire, celles du mouton se contournent en si)irale. Lus chcivilles
osseuses des cornes de la chèvre sont creusées à leur base, sur une longueur de 5 à 6 centi-
mètres, d'une petite cavité faisant divei'ticule au sinus frontal. Celles du mouton n'ont point de
semblable diverticule ; parfois, cependant, le sinus fi'ontal lance dans leur int(M'i(Mii- nueul-de-
sac de 1 ou 2 centimètres seulement. »
En comparant aux observations précédentes les figures 52 et 53, on remarque (pi'elles s'y
rapportent tout à fait, bien (pie les crânes représentés
par chacun de ces dessins n'appai'tiennent pas aux races
de mouton et de chèvres sui' lesiniclles l'étude de
US V^.\^^y^
Fig. 52. — Ovis platyura (Syrie)
Fig. 53. — Rircus mambricus, du Djebel messefbis
(Syrie)
MAL Gornevin et Les])re a plus particulièrement porti'. Les diflV'rences signalées constituent
donc bien d(>s caractères distinctifs constants.
Ce point établi, il est facile de déterminei' à (piel animal, mouton ou chèvre, (loi\'ent être
attribuées les parties de er;lnes tr'ouv('es dans la Hautt^-Egypte. Sur ces restes osseux, on ne
relève aucune }>ai'tieularit('' pouvant êtr(! rapportée à la chèvre, tout, au contraire, y est
semblable à ce cpii existe chez le mouton : les sutui'es pai'iéto-frontale et occipito-pariétale, la
structure interne des chevilles osseuses des cornes, leur insertion transversale, la forme de leur
section, tout correspond exactement aux caractères ostéologiques du mouton (tig. 51).
Les bas-reliefs de la pUujue de schiste du Musée de (M/a' présentent aussi certaines
parficulariti's ipii corroborent cette dé'termination. On sait (jue dans les nombreuses espèces ou
races de moutons la longueiu' de la ipieue est variabl<', mais en ce (pii concerne les chèvres,
toutes sans exception ont la (pieue très coui-te. Oi'. l'animal tigun'' sur la plaque avec des
cornes en spirah^ a la queue très longue, idle descend jusipi'an niveau des phalanges. Ce n'est
donc pas une chèvre.
La i[ueue du moullon à manchettes est im [)cu plus longue ([uc celle des chèvres, mais,
n(''anmoins, elle est encore beaucoup plus courte ([ue la queue de l'animal représenté sur la
pla(pie du Musée de (lizé. Les cornes du moudon d'Afriijne. dont les exti'émités se recour-
bent en dedans, ne peuvent pas non plus être confondues avec les cornes, entièrement diver-
gentes, figurées sur la plaque de schiste. Par consc'vpient. cette hgure n'est pas davantage
l'image du mouflon à manchettes.
96 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Dureste, ôtablir comme on vient de le laire. (jiie des fra.o'ments d(> cnineappailiennentùim
animal du genre Ocis. c'est démontrer implicitement iju'ils n'ont pas de rapport avec le mou-
lion à manchettes; car, si le mouflon d'Europe est un mouton, il u"en est pas de même du
mouflon africain. Celui-ci, en effet, se distingiK» de tous les moutons par les chevilles osseuses
de ses cornes creusées de grandes cellules dans toute leurlongueiu", aussi bien chez les individus
adultes que chez les jeunes, tandis que celles des moutons sont pleines. Les moutons ont des
fossettes lacrymales, le mouflon à manchettes n'en a pas. Par le manque de fossettes
lacrvmales, Ammotrafiiis fragelap/ncs se rapproche des chèvres. Les autres parties du s(pie-
lette du mouflon d'Afrique rapprochent également cet animal plutôt des chèvres que du mou-
ton ; les anatomistes s'accordent pour le séparer des moutons et le classer dans un genre spécial,
entre les Ovidés et les Capridés. Nous croyons qu'il est voisin particulièrement de Capra-
cylindricornis, Rlyth. du Caucase, dont le Muséum de Lyon possède un beau spécimen, et de
Pseudois nahoor, Hodgson, de l'Asie centrale'.
Un peut donc tii'er de cet exposé la déduction suivante :
Le eràne néolithique de Toukh. dont les cornes sont identiques aux cornes en spirale de
l'animal représenté sur la plaque de schiste du Mus(h^ de Gizé et sur plusieurs momnnents
anciens de l'Egypte, ce crâne, ou plutôt ces fragments de crâne, n'ont aucun trait commun,
ni avec les chèvres, ni avec le mouflon à manchettes. Par tous leurs caractères principaux, ils
appartiennent à un nmuton.
Quant à la i-essemblance du mouton ancien de l'Egypte avec les chèvres, on peut dire que
la tête de certaines chèvres, comme celles d'Angora ou la Mambrine, rappelle un jieu la physio-
nomie qui? devait avoir le mouton de Toukh. Leurs cornes sont en effet également contournées
en spirale, et, vues de face, elles paraissent dirigées transversalement comme celles du mouton
de Toukh. En réalité, les cornes de ces chèvres se dirigent d'abord en arrrière. Elles ne pren-
nent une direction transversah? qu'au delà de 10 à 15 centimètres, tandis que. dans le mouton
de la Haute-Egypte, les cornes se dirigent en dehors dès leur base. C'est peut-être l'appm-ente
ressemblance de ces chèvres avec le bélier de Mendès qui a trompé les historiens grecs et leur
a fait dire que ce bélier était une chèvre. Cette assertion parait juste lorsqu'on l'applique aux
périodes thébaine et saïte, elle ne l'est pas pour l'époque memphite pendant laquelle l'objet du
culte de Mendès était bien un mouton .
Le niouton préhistoriipie de la Haute-Egypte se distingue de la plupart des formes de
moutons domestiques et sauvages, par la dir-ection horizontale et transversale des ax(^s osseux
de ses cornes. L'insertion transverse de ses chevilles frontales est également plus accentuée
que dans les autres moutons. Par ce côté, le mouton à cornes transversales de l'Égvpte
préhistorique est encore plus différent des chèvres. La jilupai't des chèvres ont les cornes déve-
loppées suivant deux plans parallèles au i»lan médian du corps. Le nom de mouton à cornes
de chèrre (pii lui a été donm'' parfois est donc impropre, puisque de tous les moutons il est,
par la direction de ses cornes et l'insertion de leurs axes osseux, très éloigné des chèvres.
Parmi les moutons domestiques européens avec lesquels le mouton néolithique de l'Egypte
présente quelques resseml)lances, on doit citer Ovisstrepsiceros, Lin., le mouton à cornes poin-
tues, qui est domestiqué en Crète, en Turquie d'Europe, Yalachie, Transylvanie et en Hongrie.
' Lydekker, Wild Oxen, Sheep el Goals of oll Lands, p. 231, pi. XIX, London, 1898.
MOUTONS 97
Fitzinger a réparti les diverses variétés à'Ovis strepsiceros entr(! quatre races ' : Ovis
strepsiceros cretensis; Ovis str. dnciciis ; Ovis str. turcicus et Ovis str. arietinus. Les
deux premières seraient les races autochtones de la Crète et de la Valachie; les deux autres
proviendraient du croisement des doux premières avec des races étrangères. Suivant Fitzinger,
l'espèce Ov. strejjsiceros oui originaire du sud-est de l'Europe: de la Crète ou de l'Archipel
grec. Ce mouton aurait pénétré jusqu'en Hongrie, pai' la Turquie, la Valachie et la Moldavie.
Ocis sf/'. cretensis et Or. sir. turcicus se distinguent Lien du mouton de Toukh. Ces
races ont, comme celui-ci. leurs cornes tordues en spirale, mais, au lieu d'être dirigées
liorizontaloment, elles sont fortement relevées. Outre cette différence, nous avons remai^qué
sui' deux crânes à^Ovis strepsiceros de l'ile de Crète, qui font partie de la collection de l'École
vétérinaire de Lyon, une torsion beaucoup plus forte des chevilles frontales; elles l'ont un tour
de spire sur une longueur bien moindre que chez le mouton égyptien.
Los races qui se rapprochent le plus du mouton ancien de la Haute-Egypte sont Ovis
sir. dacicus et Ovis str. arietinus, dont les cornes sont aussi tordues en spirale, mais dirigées
horizontalement et transversalement comme dans le mouton de Toukh. D'après Fitzinger,
Ovis str. arieti>ius, le mouton hongrois, est le produit du croisement d'^>'"/\ st/-. dacicus avec
le mouton commun d'Allemagne : Ocis (/ennanicus rusticus-, La race la moins mélangée, que
Fitzinger considère même comme pure et autochtone, est Ovis str. dficicus ; elle habite les
deux versants des Balkans : la Hongrie, la Transylvanie et surtout la A'alachie et la
Moldavie.
Les chevilles osseuses dos cornes tl(U'o mouton sont tordues en spirale, avec une direction
très divergente et presque liorizontalo; elles sont pourvues d'une légère carène vers l'angle
postéro-externe. Comme dans le mouton de l'ancienne Egypte, la courbe hélicoïdale des
cornes est peu éloignée de la ligne droite, cependant la torsion des cornes paraît, ainsi que
chez Or. str. cretensis, plus rapide que chez le mouton néolithique de la Haute-Egypte.
Un ne pouri'a se prononcer avec certitude sur les rapports de ces deux moutons qu'entouré de
nombreux documents de comparaison et après avoir fait une étude d(''taill(''o ^^^ tous leurs
caractères craniologiques. Toutefois, les l'essemblances que nous venons de signaler autorisent
à regarder Ocis str. dacicus c(nnme une race parente du mouton de l'P^gypte ancienne.
Ce mouton a probablement été introduit en Europe par la Crète et l'Archipel grec ; ses
formes primitives se sont modifiées peu à peu, sous l'influence des croisements, du milieu et de
l'élevage, pour former les races de moutons à cornes pointues que nous voyons aujourd'hui.
La race Ocis st/\ dacicus, cantonnée dans les régions peu accessibles des Balkans, se serait
ainsi maintenue pondant do longs siècles avec des caractères à peu près semblables à ses carac-
tères d'origine.
Une autre espèce do moutons domestiques, Ocis lon;/ipes, Fitz. ^ dont plusieurs races
habitent de nos jours les parties montagneuses du Maroc, du .Sénégal, de la Guinée et du
Fezzan, rappelle également beaucoup le mouton ancien de la Haute-Egypte. Plusieurs crânes
' Fitzinger, Vcber aie Racen dés zahmen Sahakts (Sitzungsberichte der K. K. Akad. der Wissenschaflcn,
Wieii, 1860, vol. XXXIX, p. 343).
- Fitzinger, Ueber die Racen des zahmen Scliafes('.s'i7j. d. K. K. Akad. der Tf'/s., \\'ien, 1860, vol. XXXIX,
p. 352).
^ Fitzinger, loc. cit. (SU:, der K. K. Akad. d. Wiss., Wion, 1860, vol. XLI, p. 203.
Anr.H. Mus. — t. VIII. * 13
98
FAUNE DH LAXCIENNK EGYPTE
do cette espèce ont été étudiés par "SI. le D' Ddrst à ([ui sont dus les renseiyncmunts ostéolo-
giques que nous en donnons et la photographie d'un crâne de bélier de Mogador d'après
laquelle a été dessinée la figure 54.
Ainsi tpi'on peut le l'eniarquer. les cornes de ce mouton ne sui\-cut pas une spire à grand
rayon comme celles d'Ocis aries, Lin., cependant elles sont encore moins rapprochées de l'ax&
de rotation que les cornes du mouton de Toukh; chez celui-ci, le diamètre de la courlîe hélicoï-
dale des cornes est bien plus taible. L'angle formé à la partie antérieure de l'os pai'iétal parles
sutures pariéto-frontales est, chez le mouton du Maroc, do 125 degrés. La section des chevilles
frontales a été relevée très exactement: au lieu d'être planconvexe, comme dans le mouton de
la Haute-Egypte et la plus grande partie des autres moutons domestiques, elle est presque
Fig. .ji. — Ovis lotiffipes. Fitz. Cbane de Béliek de Mogador (Mahog).
(D'après une photographie de M. l'I. Diirst.)
ti'iangulaire chez le ])elierdt' ^logador. 11 est bon de renuuupier que la lorme de cette section
vai'ie suivant la place où on la considère et suivant l'âge des indi\'idus.
A l'angle postéro-externe des chevilles osseuses on aperçoit, dans 0/;/.v lo/if/ijjri; do Mo^î'à-
dor. une légère ne l' vu re rappelant la eai'èue (pie nous avons signal(''edans le mouton de Toukh.
mais elle est bien moins marqu(''i> que chez celui-ci.
Parleur aspect extérieur, les diverses racesd'Or/.v lo/it/ijje.sse distinguent aussi du mouton
domestique de l'ancienne Egypte si. pour les formes de ce dernier, on se rapporte aux bas-
reliefs des monuments (''gyp tiens.
0):is loiic/ipc.s (jKi)ic('iisis. Fitz. Me type de l'espèce, est ainsi déciit par Buffon, Desmarest,
Fitzinger, Gervais et les nombreux naturalistes qui se sont occupés des animaux domesti([uos :
« Le mouton de Guinée, disent-ils, est haut sur jambes, il n'a point de laine, mais un poil
assez doux et fin ; les béliers ont de longs crins qui pendent parfois jusqu'à terre, et leur couvrent
le cou depuis les épaules jusqu'aux oreilles: ils ont les oreilles pendantes; les cornes, noueuses,
sont assez courtes, pointues et tournées en avant. »
' Fitzinger, Ueber die Raoen des zalimen Schafes fSitz. der A". A'. Aka'l. der Wi.ss., Wien, 1860, vcl. XLI,
p. 205).
MOUTONS 99
Chez les béliers représentés sur la plaque d(; Gîzé (tig. 10) on no voit pas la longue cri-
nière qui couvre le cou des mâles d'Orw hmgipes Guineensis. Ils portent une courte gai-niture
de poils à la place du fanon, à la partie inférieure du cou. C'est même probablement ce carac-
tère unique, cette courte crinière rappelant le mouflon africain, ipii a (lnnn('' lieu à la confusion
de quelques naturalistes et leur a fait prendre le mouton d(^ la plaque de Gizé pour le mouflon
à manchettes ou l'un de ses descendants. Les moutons figurés en bas-relief pai' les anciens
Egyptiens ont les oreilles tant(3t horizontales ou un jdcu relevées, suivant les représentations de
la plaque de schiste, tantôt pendantes comme on le voit sur la scène relev(''e au tombeau de Ti*
et sur l(^s bas-reliefs, reproduits par Rosellini^. d'une tombe très ancienne des environs de
Gizé.
Le mouton domestique de l'ancienne Lgypte ressemble principalement au mouton de Say
flguré par M. Thilenius^ dans son étude sur le mouton domestique égyptien. Ils ont tous les
deux de longues jambes, une allure élancée rappelant les antilopes, et des cornes transversales.
En résumé le bélier de Mendès de la période memphite, le mouton domestique de l'Egypte
néolithique, bien qu'il soit très voisin des races de moutons à longues jambes delà Guinée, du
Maroc et du Fezzan, diffère de chacune d'elles par quelques-uns de ses caractères physiques.
Par contre, l'étude compai'ative des ossements trouvés à Toukh et des crânes d'Ot^J»'
loiujipcs actuels ne révèle entre ces moutons aucune différence spécifiqu(\ Aussi MM. Diu'st
et Gaillard ont-ils été conduits aux observations suivantes :
« Les restes crâniens de Toukh correspondent par leurs formes générales au crâne du
mouton moderne à longues jambes. Les différences légères qu'on oliserve entre eux ne dépassent
pas les limites des variations individuelles et sexuelles. Le mouton égyptien appartient à l'espèce
Ovis longipes, Fitz. » Ils ont proposé de désigner le mouton à cornes transversales par le nom
(^Ovis Jonr/ipcs palœoœçijiptiriis, avec les caractères de race suivants : « Cornes dirigées
horizontalement et transversalement, avec une faible courbure en spirale ; cornes dans les deux
sexes; bélier souvent avec crinière. »
Voici les conclusions de cette étude sur le mouton domestique égyptii'U. telles qu'elles ont
été formulées dans le ((Recueil de travaux relatifs à l'archéologie et à la philologie égvptiennes
et assyriennes » de M. Maspero* :
(( i. — r^éjà, dans l'Egypte préhistorique, nous trouvons un moutim qui se distingue
des autres races par la conformation singulièi^e de son corps.
(( 2. — Ostéologiquement il est tout à fait identiipie aux types actuels d'Or/.v longipes,
Fitzinger. Nous le désignons par le nom(l'()r/\ loDfi'ipes pialseosegiiptlcvs.
(( 3. — Sa parenté avec Och sti'epjsiccj'os. Lin., n'est pas encore prouvée, mais elle ne
parait pas douteuse. Ovis sti-epsiccros provient probablement du croisement d'Orw pmlœo-
œfinpjticuf; avec le bélier à large queue (Oris ptlah/iuri, xf/i/jJtiaca, Fitz.).
(( L — Les recherches ostéologiques, morphologiques et physiologi({ues prouvent (|ue la
descendance (ï'Oois paleeosegi/pticus du A/iimoh'agits f/nr/elap/ius est impossible.
' Maspero. Histoire ancienne des -peuples de l'Orient, les origines : Ejyple el Chaldèe, p. 343.
^ Rosellini, I iiionumenti, t. II, pi. XXXII, ûg. i.
^ Thilenius, Recueil des travaux relatifs à la philologie, 191)0, vol. XXII, fase. 4, p. 199, fig-. 4.
■' Diirst uiul (Jaillard, Stiidien liber die Gjschiolite des cBgyptischen Hausschafes (Recueil de travaux', etc.,
1902, Paris).
100 FAUNE DM I/AXCIENNE EGYPTE
« Animo(/'a//ii.s tnujrld joints, Desni., ne peut pas avoii" fourni des races de moutons
domestiques.
« 5. — Le mouton préhistorique de l'Egypte n'est pas un mouton indigène comme on l'a
prétendu. Il a été importé probablement de l'Asie, aussi bien que Bas hrcicJu/ceros dont on
trouve des ossements dans les kjœkkenmœddings de Toukh.
« (3. — Le bélier de Mendès a été en premier lieu ce mouton }tré]tliaraoniquo, mais, après
la disparition de Ovis -palœoxgypticus, il a été remplacé par un individu de Htrcns mambricus.
« 7. — Les quatre cornes de quelques moutons ont inspiré la citation du diadème à
quatre cornes des divinités du second empire. Ce diadème n'est donc pas, ainsi qu'on l'a dit,
du domaine de la fantaisie ai'tistique. » (Des crânes de moutons à quatre cornes sont conservés
dans plusieurs collections. Le Muséum de Lyon en possède un exemplaire.)
Ces conclusions paraissent très acceptables, nous ferons une réserve seulement à propos
de l'origine asiatique à^Ovis longi^ws palseocegypticKS qui n'est pas suffisamment démontrée.
Il semble (pie la grande répai'tition, dans tout le nord de l'Afriipu^ des races d'Or/.s- longipes,
autorise à considérer ces moutons comme appai'tenant à la faune indigène de l'Afrique, de
même que certains moutons de l'Europe méridionale, tels qu'(9r/.s' strepsiceros. On doit attendre
toutefois des études et découvertes paléontologiques futures la solution positive de ceprol)lème.
Relativement aux rapports des moutons et, en particulier, du mouton prépharaonique
avec les Antilopidés, nous avons remarqu('' au commencement de ce travail que eliez toutes les
antilopes vivantes à cornes en spirale, les Aih:J(tj\ Limiiotnigiis, St)-epsice)'os. Tragcluplnis.
Taurotragus\ la corne droite est tordue à droite comme l'indique la figure 48.
Pour la plupart des Antilopes fossiles à chevilles osseuses tordues, telles que les Palœo-
reas^, Pjvati-episiceros^, Protragelajj/uLs''. Hellcophorus'", etc., la torsion se fait dans le même
sens que chez les antilopes actuelles. Mais chez tous les moutons, que les cornes soient tordues
à grande spirale, comme dans Ovin aries. Lin., ou (pTclles soient tordues suivant une spii'etrès
rapprochée de l'axe de rotation, comme dans L' mouton à cornes pniiitucs de Turquii' et dans
Ovis palsaoœgyptici'.s, les cornes tournent d'une maniè're inverse : la corne droite est tordue à
gauche.
Deux espèces d'antilopes tertiaires ont seules les chevilles osseuses des cornes tordues
dans le même sens que celles des moutons. Ce sont Antidorcas? Rothii. AVagner, du miocène
supérieur de Pikermi. et Antidorcas? Afropaienes, Rodlei" et AMieitliofer ''. du miocène supé-
rieiu" de Maragha (Perse). Chez ces antilopes les axes des cornes sont en outre plac(''s comme
chez les moutons, directement au-dessus des orbites.
La pièce dessinée figure .55 a été trouvée à Pikermi et décrite par M. le professeur
A. Gaudry dans son ouvrage sur les animaux fossiles et la géologie de l'Attique".
' Sclater and 0. Thomas, Ûie Book of arJelopes, Loiidon, 1900, vol. IV, p. 77 et suiv.
* Gaudry, Animaux fossiles de l'Attique, 1862, p. 290, pi. LU k LV.
^ Rodler und Weithofer, die Wiederkaiier der Fauna von Maragha (Denksch. Ah. Wissen., Wieii, 1890,
r. 768, pi. VI).
■' Weithofer, Fauna von Pikermi, (Beilrdye zur Palieontologie von Œsierreicli -Ungarn), vol. IV, p. 285,
pi. XVII, fig. 4, 6.
'•• Weithofer, Fauna von Pikermi vol. VII, p. 288, pi. XVIII, fig. 1 à 4.
^ Rodler und Weitlwfer, Denksch. Ak. Wiss., Wien, 189J, p. 702, pi. IV, fig. 8, et pi. VI, fig. 3 à 5.
• Gaudry, Animaux fossiles de l'Attique, Paris, 1862, p. 297, pi. LU, fîg. 2 et 3.
MOUTONS
101
Ces antilopes ne peuvent ètrc^ rattachées directement aux moutons de notre époque,
puisqu'elles appartiennent à des dépôts du miocène supérieur, et sont, par conséquent, séparées
des formes actuelles par des espèces pliocènes et quaternaires que nous ne connaissons pas.
Néanmoins, les cornes de ces antilopes miocènes rappellent déjà beaucoup celles du mouton de
l'ancienne Egypte et tVOris lo^gipes du Maroc (tig-. 54). Chez celui-ci, les axes des cornes ont
pourtant une section différente et sont dirigés dans le sens horizontal au lieu de se relever
verticalement, mais chez le mouton de l'ile de Crête, Oc'a strc^Jsicejvs cfctoisis, Fitz., les
cornes ont une direction verticah; et se rapprochent encore davantage d'.-ln<îic/or(7a5.?i2o//«//,
^Vagner.
11 est donc possible que ces antilopes de Pikei'mi
et de Mai'agha représentent des formes africaines
miocènes d'où dérivent, par l'intermédiaire d'espèces
pliocènes et quaternaires les moutons tels qu'Or/s
sfrejjsicejvs, Lin., et Oois lonfjlpes, Fitz. Ces localités
de Pikermi, Samos, Maragha, seraient ainsi pour nous
les limites septentrionales de rexpansion des mam-
mifères africains pendant la p(''riodc miocène supé-
rieure.
Des découvertes ultérieures montreront peut-être
ipie les Anfidoi-cas? Rothii et airojMtenes étaient
pourvus de fossettes lacrymales et que leur eràne
présente un pariétal augideux en avant, de la forme
qui caractérise les moutons. Pour le moment, nous
nous bornerons à constater avec M. le professeur
Gaudry que ces fossiles de Pikermi et de Mai'agha
sont des antilopes bien spécialisées, mais, parmi les
très nombi'euses formes de cette famille, ce sont les
seules qui aient des cornes spiralées comme celles des moutons: à ce titre, elles méritent,
croyons-nous, d'être classées dans un genre spécial. Le genre Oioceros' a été proposé pour
rappeler la torsion de leurs cornes, c'est-à-dire leur caractère commun avec les moutons.
On doit i-emarquer, en ce qui concerne la position systématique du mouton néolithique
de la Haute-Egypte, que la présence d'une carène très développée sur les axes osseux de ses
cornes lui assigne une place moins éloignée des Oioceros atroiMiteites et Oioceros BotJtii que
ne le sont les moutons actuels, chez lesquels cette carène est tantôt très atténuée, tantôt
absente.
Les conclusions de cette étude sur l'un des moutons anciens de l'Egypte peuvent être ainsi
résumées :
Les fi'agments decrànes recueillis dans la station néolithique de Toukh (Négadah) prouvent
l'existence, à cette époijiusd'un mouton à cornes spiralées ti'ansversahuneut. Les cornes de ce
mouton étant identi({ues à celles du hi'lier de Mendès, dguré en lias-i-elief sur la plaque de
schiste de l'(''p()ipie de Négadah et sur divers monuments de l'E,i;ypfe ancienne, il est permis
Fig. 55. — Antiriorciis ? Rniliii Wagner.
Gbane d'antilope du miocène supérieur de Pikermi
(Vu par sa face antérieure, 1/2 gr. nat.)
(D'après M. Albert Gaudry.)
' Le bélier de Mendi>s ou le mouton domestique de l'ancienne Egypte, ses rapports avec les antilopes vivantes
et fossiles Ci? ({^/. Soc. d'anth. de Lijon, p. 69, 1001.)
102 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
de ci'oire que ces bas-r(>liefs ont t'\f'' in()(l('l(''S par les artistes éijypticns. d'après Ocispaheoœgijp-
ticus. Ce mouton aurait ainsi vt'-cu à l'époque préhistorique d pendant les premiers temps de
l'époque des Pharaons.
Contraii'ement aux assertions des historiens grecs, des égyptologues et de quelques
naturalistes modern(>s qui voyaient en lui soit une chèvre, soit un descendant du mouflon à
manchettes, il (>st établi que le bélier de Mendès de la période memphite était Jjien un
mouton.
Quant à la domestication de ce mouton, qui aurait eu lieu pendant la péi'iode de Négadah,
c'est une atfirmation tout aussi aventuriM'. tout aussi malheureuse ipie les précédentes, puisque
les ossements trouvés à Toukh, mélangés à des instruments en silex à un niveau où ne se
rencontre aucune trace de métal ni de bi'ique crue. di''montrent que le mouton était déjà
domestiqué à l'époque néolithique.
Les ossements de kjœkkenmœdding de Toukh permettent ainsi de r(''soudre une question
de zoologie, et d'éclaircù' en même temps un point controversé de l'histou-e des Pharaons.
OVIS PLATYURA, W^agner.
Race xgi/ptiaca, Fitz.
Oois platyura, race seffyptiaca, F'dz. Ueber die Racen des Zahraen Schnies (Sitzungb. K. K. Akad. Wissens-
chaft, Uien, vol. XXXVIll).
Le mouton à cornes d'Ammon est représenté dans la collection seulement par des fragments
de crânes et des chevilles osseuses de cornes d'individus de divers âges, provenant des fouilles
récentes effectuées dans les puits de momies d'Abousir. Plusieurs de ces débris osseux pai'ais-
sent avoir été coupés anciennement à la scie ; ils datent peid-ètre de l'époque grecque ou de
l'époque romaine.
La morphologie générale A^Ociti plati/ura œgi/ptiaca est la sui\'ante : taille du mouton
ordinah'e, chanfrein con\-exe, oreilles pendantes de longueur moyenne. Cornes épaisses à la
base, dirigées en arrière puis i-ecourbées en dessous et en avant. Queue longue et très lai'ge
dans sa partie supérieure.
Cette race haldte l'Egypte depuis une époque très reculée. Elle y a été amenée sans doute
vers la XII" dynastie depuis laqiudle on la xo'û. figurer sur les monuments égyptiens.
Les axes osseux des cornes de cette race ont, vers la base, une forte épaisseur (pu diminue
rapidement jusqu'à la pointe: leur longueur, en suivant la ligne externe de la courlie, est de
420 millimètres; la circonférence basale mesure 175 millimèti'es sur les axes osseux les plus
forts. Ces chevilles ont la section plan-convexe cai'actéristique de la pliq^ai't des moutons
domestiques ; elles ne présentent aucune trace de la carène que nous trouvons très développée
chez Oris palœoœijy pticus , comme chez diverses antilopes à cornes spiralées. Cette carène est
plus ou uudns marquée dans plusieurs espèces de moutons, entre autres Ocis strepsiceros et
Ovis longipes, mais, ainsi que nous l'avons d('>jà remarqué, on ne la ti'ouve pas dans toutes les
races.
MOUFLON A MANCHETTES
AMMOTRAGUS TRAGELAPHUS, Cuvier.
(Fig. 56.)
Ocis tragelaphus , Cuvier, Règne animal, vol. I, p. 268 (18i7). — Desmarest. Mainmalogie, vol. II, p. 48G
(1822).
Ovis ornaia, J. Geoffroy, Description de l'Egypte, vol. XXIII, p. 201. pi. VII (1828).
Amrnoiragus tragelaphus, Blyth, Proceed. zool. Soc, p. !3 et 76 (I8l0).
Musimon tragelaphus, Gervais, Hist. nat. des mammifères, p. i!l2 (18.55).
Ovis (ammotragus) lervia, Lydekker {ex Pallas}, ]J'ild Oxen, Sheep, Ooats of ail Lands, living and
extinct, pi. XVIIl, p. 226 (1898).
Le mourion à manchettes a été étudié d'après des restes de trois individus : qiieLiues
vertèbres cervicales et le crâne d'un très vieux sujet, une uiiunic ]ii"is(''e de jeune individu et la
momie intacte d'un beau mouflon mâle adultr.
Le crâne isolé est décint et tiii-uré (p. 93, tiy. 50) comparati-
vement avec les fragments du crâne i}i Ocis palseoœg y ptic us ivowyî'^
à Toukli (Abydos) par ^L de Morgan.
Le mouflon adulte est représ(>nté figure 56 tel (ju'ilest arrivé
au Musi'um di L'son. Le toi)) i nh( r (tait (U iiutait état de
Fig. .56. — Mouflon a manchettes momikié de GizÉ. (1 7 gr. nat.)
conservation. Comme L^ dessin Tindlipie. il man(piait seulement l'étui des cornes et les extré-
mités de leurs chevilles osseuses. La peau, presque complètement recouverte de son iiuil. ne
104 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
portait aiicuno Iraeo il(> bandclottes ni de l)ilnmi'. Les viscères étaient durcis et réduits à l'in-
térieur de la cavité tlioi'aciquc à li'iir place nalurellc Pour la momification, ce mouflon à
manchettes avait été placé la tète un peu relevée, les membres complètement repliés sous
le corps, les deux membres postérieurs liés ensemble par une corde de 7 à S millimètres de
diamètre attachée à la base des métatarsiens, un peu au-dessus d(>s phalanges.
Les deux momies de mouflon à manchettes proviennent, ainsi que le crâne isolé de même
espèce, des hypogées des environs de Gizé; on n'a pas d'autre indication sur leur origine ou
leur ancienneté.
Ammotraiins it'iujehtphns se reconnaît aux caractères zoologiques suivants : chanfrein
droit ou légèrement concave; pas de fossettes lacrymales. Cornes dans les deux sexes, dirigées
d'abord en haut en divergeant, elles s'infléchissent ensuite et se rapproclumt l'une de l'autre
vers leurs extrémités, leur section basale est presque quadrangulaire.
Poil rude et court, sauf à la crinière et à l'extrémité de la ijueue. La crinière garnit la
partie inférieure du cou et les membres antérieurs Jusqu'aux canons. Le dos et les flancs sont
roux fauve: le -ventre et la face interne des membres ont la même couleur, mais plus claire. Le
pelage du mouflon à manchettes est semblable à celui de Bvhalis hoselaphus qui hal)ite les
déserts de l'Afrique du Nord et dont l'espèce est représentée dans la collection d'animaux de
l'ancienne Egypte par le squelette de deux individus mâles provenant des puits de momies de
Sakkai'a.
Aniiiioti-afnis triir/chqjhus se l'encontre dans les n'-gions rocheuses et montagneuses du
nord de l'Afrique, depuis le ?»Iaroc ius(ju"au delà de l'Egypte. On l'a observé sur les bords du
Nil. des environs du Caire en Abyssinie. 11 vit (''gaiement dans l'extrême sud delà Tripolitaine
et du Fezzan. Son habitat s'étend au sud environ jusqu'au 24'' degré de latitude septentrionale.
Il est commun principalement dans l'Atlas, sur le versant m(''ridional des monts Aurès.
Les Arabes connaissent ce mouflon sous les noms iVA/-oi/i et de FescJifJial .
Le squelette du mouflon momifii'' comparé aux s(juelettes de deux mouflons à manchettes
actuels qui ont vécu plusieurs années à Lyon, au pai'c de la Tête-d'Or, ne présente pas de
difïéreiices anatomiques notaljles ; nous n'avons remarqué que des écarts de proportions
assez sensibles entre divers os des memlires de ces animaux, notamment entre les métacarpiens
(>t les métatarsiens qui, chez le mouflon momifié, sont bien plus allongés relativement que chez
les individus modernes. Nous avons aussi comparé les proportions des membres du mouflon à
manchettes à celles indiquées par MM. Cornevin et Lesbro' pour les membres de la chèvre et
du mouton. Toutes nos observations indiquent que ci' mouflon est plus éloigné des moutons
que des chèvres.
Par ses os du nez di-oit et l'absence de fossettes lacrymales, le crâne du mouflon à man-
chettes se ra.pproche plus des chèvres que des moutons; il s'écarte au contraire des Ovins et
des Caprins par les chevilles osseuses de ses cornes qui sont pi.'i'cées de grandes cellules comme
celles des bœufs. MM. Cornevin et Les])re ont l'emarqué que la tête à'Ainin. tragelaphus
présente des caractères particuliers : « c'est la forte inflexion du crâne presque à angle droit sur
la face, d'où r(''sulte que le point culminant de la tête est formé par un l)Ourrelet du frontal
' Caractères osléologiques diflerenliels de la chèvre et du muuton (Bull, de la Soc. d'anlhrop. de Lyon, p. 61,
ISIU).
MOri-LON A MAXCIIiniES 105
([ui ivimit los (1(m.ix cornes ot constitue nn léger chignon: le jn-otil su]»''rieiii' du pariétal et de
l'occipital est à peu près perpendiculaire au fi-ontal. Cette disposition l'ait passage au t_vp(^
bovin. »
L'indice huinéro-radial ou i-apport de longueur entre l'humérus et le radius (mesuré d(î
l'axe d'une articulation à l'autre) est de 93 chez le mouHon à manchettes momifié; il varie de
95 à 98 chez les mouflons à manchettes actuels. Cet indice varie suivant MM. Lesbre et
(-ornevin de 8(i à 91) chez le mouton: de 90 à K H) chez la chèvre.
Le rap})ort du niiHacarpien au radius ^•arie pour le mouton de T.") à 8.5, de 65 à 75 pour
la chèvre. Chez le mouflon momifié ce rapport est de 75 ; il est ih 70 et 73 chez les deux
mouflons modernes.
L'humérus est relativement court chez le mouflon à manchettes momihé. le rapport de
cet os au métacarpien est de 80; il n'est que de 71 chez les mouflons actuels. Pour les moutons
il oscille entre 85 et 95, entre 70 et 78 pour les chèvres.
Le bassin iVA)ni)i. fjrif/elajo/ius ne présente dans son ensemble aucune particularité.
Le sexe mâle se reconnait, comme chez les Ixeufs. à la forte épaisseur de l'épine pubienne et au
faible écartement des ischions. On sait (jiie le col de l'ilium, très allongé chez les chèvres, est
coui't chez les moutons. Dans le mouflon à manchettes, ce col est allongi'', uutis il l'est un peu
moins que chez les chèvres.
En ce qui concerne les membres abdominaux du mouflon afi'icain, on remai'que également
leurs proportions intermédiaires à celles des moutons et des chèvres, mais elles sont toujours
beaucoup plus rapprochées des proportions de ces dernières.
Pour l'indice fémoro-tibial d'un bélier iVOcis oi-ies doniesticus de Fi'ance, nous avons
trouvé S2 : un bmic de ( 'npnt cjiiiijrns de Svrie donne S.'!. ( liiez le mouflon momifié cet indice est
de 87 ; il est de 8 1 et 90 chez les deux moulions modernes. Comme on le voit, les proportions
des rayons osseux sont Iieaucoup moins variables à la iiase des memlires que vers les extré-
mités.
Le rapport du uK^atarsien au fémui' vai'ie de 08 à 77 chez les moutons, de 00 à 00 chez
les chèvres. Il est de 05 dans le mouflon ancien, de (iO et 02 dans les montions à manchettes
actuels.
l'^ntin le métatarsien comparé au tibia donne un rapport de 50 à 57 pour les chèvres, de
58 à 7(i pour les moutons. Chez h' uKiuflon nu)mifi('' ce i-apport est de 57, il est de 52 et 57
chez les mouflons de notre époque.
D'après cette rapide étude comparative des membres du mouflon à manchettes, ce cavi-
corne est bien }ilus voisin des chèvres i{ue des moutons. Ses nueiu's accusent aussi des affinités
plutôt avec les chèvres. Ce serait donc luie eri-eui' de croire avec ([iiehpies zoologistes que le
mouflon à manchettes fût Tancètre de certains meutons domestiques. \'()ris hnKjipes. I''itz.. en
particulier. Aiituiolrdiii's ii-Ltijehiphns n'est pas un mouton : il n'a pas pu. par le croisement,
donner naissance à un mouton.
Los rapports d(> membre à memlu'e du mouflon momili('' et des deux mouflons à man-
chettes actuels de la collection du Mus(''um dc^ I^yoïi ont iHé' calcuL's d'après les tlimensions
iiidi{pi(''es dans le tableau (pii suit. Nous a[ipellerons t'ncore l'attention sur les im}»ortantes
diflérences de longueur des métacarpiens et métatarsiens du mouflon niàle ancien et du
mouflon mâle actuel dont les hunKM'us. i-adius. f<''mui's et tiliias sont, chez ces deux indi-
Arch. Mus. — t. VUl. * li
106 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
vidus, sensiblement égaux. Dans le niouHon màlo actuel, le plus petit diamètre trans-
V(>rsal de la diaphvse du métacai'pion (22 mill.) et du métatarsien (20 mill.) est au
contraire plus Ibrt ([ue dans le imiullon momitié chez Idjucl les canons plus allongés ne
mesurent (jue 20 millimt'ti'es de diamèti'e aux membres antérieurs et 10 seulement aux
membres postérieurs. Les rayons osseux des extrémités ont donc chez celui-ci une structure
])eaucoup plus grêle. On doit souhaitei' que des oltservations nombreuses soient laites
sur des individus tués à l'état sauvage alln de savoii" si ces diminutions des extrémités
des membres sont dues à la vie en captivité ou s'il s'agit plutôt de modifications de l'espèce
produites peu à peu par son adaptation à de nouvelles conditions d'existence. Les différences
signalées sont ti'op élevées, semlile-t-il. pour (pi'il sciit [)ossil)le de les considérer comme
de simples variations individuelles.
DIMENSIONS PRINCIPALES DU SQUELETTE
D'AMMOTRAGUS TRAGELAPHVs.
Momiiie Individus modernes
iii:ile mâle femelle
Longueur totale du crâne, du sommet frontal entre les cornes jusqu'à
l'extrémité antérieure des frontaux 330
Largeur maximum du crâne (sus-orbitairei 151
Longueur de l'omoplate L'20
Longueur de l'humérus 200
— du radius 220
— du métacarpien 165
— du fémur 255
— du tibia 200
— du métatarsien 168
— des cornes en suivant la ligne externe de la courbe ... »
Ainsi, l'examen des principaux cai'actères des membres confirme Tétudi' du crâne. Bien
{[w'Aïuiiwtfagus tragelaplms rappelle beaucoup plus, par l'ensemlde de son sipielette, les
chèvres que les moutons, il diffère; des espèces de ces deux groupes par d'importantes particu-
larités crâniennes. La prétendue parenté directe du mouflon à manchettes avec certains moutons
ddinestiques reste dune une jiure hypothèse. Quoiqu'elle n'ait été justifiée par personne, cette
hypothèse, émise par F. Cuvier, garde encore de nos jours quelques défenseurs rares mais
obstinés. La comparaison ostéologique précédente nous fait croire impossible sa justification :
on admet que Fclis nutaiculata, par exemple, est la souche de notre chat domestique, parce
ipie ces animaux sont à peu près semblables: est-il possible d'accepter la parenté du mouflon à
manchettes avec Oisis jMlœoœrn/pticus parce que ces derniers sont totalement différents ?
En matière de flliation. il vaut mieux attendre ipie vouloir tout expliquer sans l'aisons
suffisantes. Nous ne connaissons presque rien des mammifères africains tertiaires et quater-
naires. Certaines découvertes récentes autorisent cependant à penser qu'on trouvera peut-être
parmi les fossiles de l'Afrique les ancêtres de plusieurs animaux actuels, ceux notamment des
moutons à longues jambes et du b(euf ;i bosse du Soudan (pii sont répandus sur une très
grande partie de ce continent. Nous ne voyons pas de motif pour pi^rsister à i-echercher en Asie
la souche des animaux qui vivent de nos jour-s surtout en Ali-i([ue.
325
275
150
145
230
200
202
178
212
180
lEO
132
245
215
290
238
1.53
137
040
310
CHÈVRES
Dans tous les ouvrages sur l'Egypte ancienne les auteurs citent en première ligne, au
noml)re des animaux sacrés, le taui'eau. le bouc et le bélier. D'après ces indications on poui'i'ait
croire que ces iiuninants se trouvent ti'ès communément momifiés. Il n'en est pourtant rien,
surtout en ce qui concerne le bélier et le bouc. Parmi les nombreux mammifères anciens
reçus de diverses localités de l'Egypte, nous n'avons à signaler qu'une seule momie de bouc,
aucune de bélier. Les moutons de l'ancienne Egypte ne sont représentés dans notre collection
que par d(^s fragments de crânes trouvés à Toukh (Haute-Egypte) et par des chevilles osseuses
de cornes recueillies à A])Ousir.
La momie de Jiouc décrite plus loin est de Sakkara: elle se rapporte à la « chèvre de
Syrie », Hircus mainhiicus, Lin. Quelques ossements trouvés dans les fouilles réc(mtes des puits
d'Abousir, près Sakkara, appartiennent aussi à cette race. C'est, suivant M. Dûrst. un bouc
de Hircus mamhricKs qui, vers le commencement du nouvel Empire, remplaça, dans les
cérémonies du culte de Mendès, le bélier à cornes transversales des plus anciennes dynasties,
le i< bé'lier de Mendès » proprement dit Oi'is lonfjipes palanosegypticKs.
Les chèvres nous sont connues en outre par un crâne recueilli dans l'un des tombeaux de
l'ancien Empin^ fouillés par M. E. Chantre à Khozan. Ce crâne appartient à la « chèvre de
la Haute-Egypte », Hircus fJiehaicus, Dosni., ainsi qu'un autre crâne incomplet trouvé dans le
kjœkkenmœdding de Loidch par M. de Morgan. Nous examinerons successivement les pièces
d'après lesquelles ont été reconnues les deux races, Hircus maiiihricus et Hircus tJieliaicus.
HIRCUS MAMBRICUS, Linné.
(Fig. 58.)
Capi-a mambrica, Liiin., Si/st. nat., p. 19i (1788). — Gray, Cat. of mamm. Brit. Mus., p. 158 (1852).
Hircus mambricus, Brehm, la Vie des animaux, p. 599. fig. 2S4.
Cette race est représent(''0 par des clievillcs osseuses de cornes récoltées dans li's jiuits
d'Abousir et i)ar nue momie de liouc. Le liouc provient, comme nous l'avons dit })lus haut,
d'un hypogée de Sakkara. sur la rive gauche du Xil à 20 kilomètres environ au sud de Gizé.
Cotte momie n'était pas en très bon état, la tête en avait été détachée, sans doute pendant h
trajet de l'Egypte en France. Nous l'avons trouvée à côté du tronc enveloppée des mêmes
étoffes que les autres parties de la momie. Les cornes étaient entourées séparément d'une forte
108
FAUNE DK L'ANCIENNE EC.YPTE
(''paisscui' (le liaiulclcttcs. Un duit rciiiarquci' i[\U' ce n'csl pas la iviv pi-opreiunil dite, avec k'S
luiiscles ot la peau, qui a (Hé trouvée entourée de bandes de toile, mais seulement la tête osseuse,
c'est-à-dire le crâne et la niàelu)in> inférieure.
Par son ensemble la momie présentait la silhouette d'un animal aLjvnouilb'' dans la mèuu'
altitude que le mouflon à manchtHtes (fig. .56), mais elle avait été pr(''parr'e d'une maniér-e toute
ditlérente : le corps du mouflon était entièrement embaumé, tandis que dans la momification
du bouc on n'avait protégé que le squelette et même, ainsi qu'on le verra plus loin, seulement
une i'aible partie du squelette. Cette momie se composait d'abord, à la surface, d'une étoffe flne
recouvrant tout le corps et portant la trace de lignes ornementales peintes, d'un bleu très
tendre presque etl'acV' (Hg. ."')7). Au-dessous se trouvaient des bandelettes de 50 à (iO millimètres
Flg. 57. — MOMIK DE BOIIC ET DE CROCODILE. SaKRARA. (1 5 gr. Dat.)
de largeur enroulées autoiu' du corps dans le sens transversal. Puis venaient ensuite d'inter-
minables enveloppes de toile et d etoflés diverses, disposées dans tous les sens et atteignant
parfois jusqu'à 70 millimètres d'épaisseur. Toutes ces étoffes tombaient en poussière: elles ne
paraissaient l'nduites d'aucune su])stance goudronnée.
Après avoir remarqué que les parties de la momie représentant les meml)i"es antérieurs
ne renfermaient aucun ossement. ([u'elles avaient été modelées de toutes pièces, nous
nous attendions à trouver ri'unis au milieu tous les os du l)ouc. Une surprise nous était nn''-
nagée : au lieu du si[uelette d'un individu d'Hircits maDibrio's il n'y avait sous la forte
épaisseur de toiles (pie quelques ossements de cet animal mêlés à une plus grande quantité
d'os de membres, de vertèbres et de plaques osseuses dermiques d'un crocodile de forte
taille.
Ces os de crocodile (H de l)ouc avaient été ensemble airosés al)ondamment de goudron;
ils adhéraient presque tous les uns aux autres.
Il appartient aux égyptologues de dire ce que signifie l'association de deux animaux si
difléi'ents dans une momie ayant la forme d'un bouc. P(Hit-ètre ce groupement a-t-il quoique
rapport avec Se])ek ou Sebek-Rà, divinité à tète de crocodile et cornes de b(''lier (pie nous
voyons sur plusieurs monuments du nouvel Empire. Cette divinité, (pii flgure sur le grand
CIIKVlîKS 10!)
temple d'Ombos' et dans une scène d'offrande de Ramsès IV à Phré et Ammon-Rà^. est
représentée avec les cornes du bélier de Mendès, des plus anciens monuments i''L;yptiens.
c'est-à-dire des cornes semblables à celles (VOvis palxoœf/yptlcufi^ dont on a trouve- des restes
dans les dépôts néolithiques de Toukli (Haute-Egvpte).
Le culte de Mendès date, comme on le sait, de la plus ancienne époipie (\L^Tptienn('. L'objet
de ce culte était représenté à l'orig'ine par unbi'lici' de la race Oris pnlxoœgyptirus à cornes
horizontales et transversales. Après l'extinction de cette race de mouton, vers le commence-
ment de la période saïte, le bélier est remplacé dans le culte de Mendès, par im individu mâle
(le la chèvre de Syrie : Hircus mambricus. dont les cornes sont presque semblables à celles
(VOiv's palseocegypticus. Ce sont pr(''eisément des restes d'un l)(»uc A' Hùyiis inauibricus que
nous trouvons associés à des ossements de crocodile dans la momie de Sakkara (pi'on vient
de décrir(\
Cette momie confirmerait donc, en quelque sorte, les assertions des histoi'iens lirecs rela-
tives aux animaux sacrés des anciens Eiiyptiens. Nous croyons avoir démontré, dans l'étude des
moutons de l'ancienne Eijypte, que le bélier de Mendès de l'époque néolithique (3t de la période
mi'mphite était bi(m un mouton, mais l'animal consacré à ce culte à l'époque ptolémaïque
était, au'moins à Sakkaï'a, un bouc de la race Hifcus nuDubricus.
Voici- la liste des ossements de crocodile et de bouc trouvés à l'intérieur de la momie.
Hircus mambricus. Linné. Le crâne entouré de bandelettes figurait la tète de la momie.
Au centre, mêlés aux os de crocodile, on voyait les ossements suivants ;■ omoplate i;-auche,
humérus droit, radius et cul)itus droits et gauches, métacarpien gauche et deux phalanges.
L'atlas, l'axis et trois autres vertèbres cervicales.
Crocodilus vulgaris, Cuv. TJn humérus (de 250 millimètres de long), deux tilùas et
plusieurs phalanges, treize vertèbres procéliennes diverses, quatre os en ^ delà [nu-lie infé-
rieure de la queue et vingt plae^ues osseuses dermiques.
La morphologie générale de la chèvre mamJM'ine qui vit de nos Jours en Syrie et
Mésopotamie peut être ainsi résumée : chèvi'e gi'ande et haute sur jambes, corps ra-
massé, tète allongée, chanfrein dr(ut. li'ont jteu boml»'". Cornes dans les deux sexes, celles
du mâle jilus fortes, jilus contoura(''es que celles de la femelle; corne du ci'>t('' droit tordue
à gauche comme chez les moutons. (_)reilles pendantes, longues deux fois en\-ii'on comme
la tèt(>.
Tout 11' corps est couvert d'un poil long', épais, crt'qtu. La face, les oreille^: et les
pieds portent seuls des poils coui'ts. Une petite touffe de poils au menton ilans les deux
sexes.
On croit Hircus ma iiibricus ovigma.ire de l'Asie Mineure. Son nom serait tiri'' du mont
Mamber ou Marner en Palestine; c'est là que les voyageurs anciens en auraient \u des trou-
peaux. Actuellement on la trouve en assez grand nombre aux environs d'Alep et d<^ Damas oii
elle est connue sous les noms de Sc/unna^ et Mêrèse. Le Muséum de Lyon possède dans ses
collections les S([uelettes de deux spécimens (mâle et femelle) de cette race pro\'enant ilu
Djeliel Messeiris (Syrie).
' Champollion, Monumenli de l'Egypte et de la .\'ubie, voi. II, pi. GI'"=^ fig. 2.
- Rosellini, vol. III, m. d. c, pi. XXXIII. ûg. 1 et 2.
■' Diir.stund Gaillard, Studien uber die Gescliichte des xgyplischen Hausschafes, p. 10, i!»0'J.
110
FAUNE DK L'ANCIENNE EGYPTE
Comparés aux squelettes modernes de Hircus manibriciis les queltjues ossements d('
la momie de Sakkara n'offrent aucune différence. L(^ crâne brisé (tig. 58) présente dans la
région occipitale toutes les particularités des caprins : suture fronto-pariétale à peu près direc-
tement ti'ansverse, suture occipito-pari('tale anguleuse en avant. (]onime dans le crâne de
bouc du DJéliel Messeiris (fig. 53), les
crêtes pariétales qui limitent en arrière les
fosses temporales sont très rapprochées, les
apophyses par-occipitales sont épaisses et
courtes; de plus on remarque dans les deux
crânes une lég'ère gouttière le long du bord
antéro-interne des chevilles osseuses des
cornes.
En ce qui concerne les meml)res, nous
n'avons pu comparer que le radius, le méta-
cai'pien et un humérus incomplet. Ces os
ont la même structure, mais ils sont sensi-
blement plus grands que ceux des deux
individus de Syrie. On doit noter toutefois
que ces derniers n'ont pas atteint toute
leur croissance, ils sont bien pourvus des trois
arrière-molaires de la seconde dentition,
mais les épipbyses de leurs membres ne
sont pas toutes soudées.
Le rai)])ort du métacarpien au ratlius qui varie, d'après MM. Cornevin et Lesbre, de 05 à
75 chez les chèvres, de 75 à 85 eliez les moutons, va de 71 à 72 dans les squelettes modernes
(le Hircus niaïuhricus. Poui' le bnut' de Sakkara, il est de ()7 seulement, ce ([ui inili([ue eliez
cet individu un écart de longueur un peu plus grand entre le radius et le métacarpien.
Le tableau ci-dessous met en regard les dimensions des deux squelettes actuel à^ Hircus
mamhricus ei celles qu'on a pu relever- sur les quelques osseuKmts de l'animal de même race
trouvés dans la momie de Saklvara.
-■^
^.
Fig. 58. — Hircus mambricus, Linné.
Crâne de momie de Sakkara, (l/:i gv. nat.l
Hircus mambricus
Longueur du cràue du sommet du frontal à l'extromitr anté-
rieure des frontaux
Largeur maxima du crâne (diamètre sus-orbitaire)
Longueur des cornes en suivant la ligne externe de la courbe .
— de l'omoplate
— de l'humérus
— du radius
— du métacarpien
— du fémur
— du tibia
— du métatarsien
Momitié
Mod
erne
à Sakkara
du Bjùbel
Messeiris
mâle
jeune mâle
fei
nelle jeune
»
185
190
118
112
117
»
420
193
163
159
155
»
162
155
205
164
159
139
117
116
)>
192
185
H
218
210
))
125
122
CHEVRES m
HIRCUS THEBAICUS, Desni.
Capra thebaica, Desmarest, Mammalogie, 2" partie, p. 484 ^1S82). — Gray, Cat. ofmamm. Dril. Mus., p. 155
(1852).
Hircus Ihehaicus, Brehm, la Vie des animauœ, p. 601, fig. 285.
La « chèvre de la riaut('-l\HTpte » n'a pas (Hé trouvée momifiée ; elle est signalée ici
d'après un ci'àni> i-ecueilli à Kliozan. dans un tombeau des premières dynasties pharaoniques
et un autre crâne ineompl(H provenant du kjiekkcnmceddinL;- de Toukh (Haute-Egypte).
Ces ossements de Toukh ont et/' récoltés, comme nous l'indiquons à propos des fragments
de crâne A'Oi-is jMJceoœin/piicus. à la partie inférieure du d(''pôt où ne se remarque aucune
trace de métal ni de; brique crue. Tous ces restes osseux, qui se trouvent mêlés à de noml)reux
instruments en silex, sont attril)ués à l'époque préhistorique ; ils appai'tiennent, d'après M. de
Morgan, à la période (jui a iuiuK-diatement précédé la conquête de l'Egypte pai' les Pharaons.
Los tombeaux de Khozan. fouillés ^sï M. E. Chantre, sont probablement du même âge ([ue
la zone supérieure du dépôt de Toukh. c'est-à-dire de l'époque de Négadah.
Hircus tJiebaicîts se reconnaît aux particularités suivantes : taille moyenne ; chanfrein
b(im])é, sépai'é du front par une dépression forte chez le mâle. Les cornes manquent (pielquefois ;
quand elles existent elles sont petites. l(''gèrement recourbées en arri{>re et en I)as. Pas do
bai'bielie au menton. La lèvre supi'rirurc laisse découvertes les incisives inf(''i-ieiu'es. Oi'eilles
pendantes, longues comme la tête. Poils brun iauve. lisses et peu allongés; courte criiuèrt; sur
le cou. La femelle est comme le mâle, mais son chanh'ein est un peu moins convexe.
Cette chèvre habite encore actuellement la Haute-Egypte, elle y est connue depuis la plus
haute antiquité.
OISEAUX
Plus do mille momies d'oiseaux, envoyées de diverses localités de l'Egypte par
M. Maspero, Directeur général du Service des Antiquités égyptiennes, ont été ouvertes au
Muséum de Lyon. Un nombre considéralile de ces momies ne contenaient cpie les restes de
très jeunes animaux, des d(''hris de plumes et d'ossements indéterminables. Cependant il a été
possible de recueillir et d'étudier le squelette de près de cinq cents oiseaux bien conservés.
Quelques-uns, notamment des crécerelles, un ibis falcinelle, et surtout un rollier, au gracieux
plumage vert et bleu, étaient dans un état de conservation tellement parfait, qu'on put les
reconnaître au simple examen des plumes; mais la plupart furent déterminés d'après le
squelette.
Dans ce grand nombre d'oiseaux momitiés. nous avons reconnu les espèces suivantes ;
Milvus segyiitius, Gm.
Milvus regalis, Brisson.
Pernis apivorus, L.
Elaïuis csendens, Desf.
Buteo desertorum, Daudin.
Buteo ferooc. Gm.
Biiteo vulgaris, Linné.
Cii'caetus gallicus, Gm.
Aquila imperialis, Bechst.
Aqnila macidata, Gm.
Aquila peiinata, Gm.
Haliaetus albicillus, L.
Falco baùt/lom'cns, Gurnev
Falco harharus, L.
Falco Feldcggii, Schl.
Falco suhbiUeo, L.
Hiero falco saker, Gm.
Cerchneis cenchris, Frisch.
Cerchneis tinnuncidus, L.
Accipiter nisus, L.
Cirais Kfiiginosus, L.
Circus cyaneus, L.
Circtis mao'iwus, L.
Circus pggargus, L.
Meliera.r gabar, Daudin.
Pandion haliaetus L.
Slrix ffammea, L.
Bxibo ascalaphus, Savi^'.
Scops Aldrovandi, Willougby.
Asie otus, L.
Asio brachyotus, Gm.
Cuculus canorus, L.
Coracias garrulus, L.
Hirundo rustica, L.
Pteroclurus senegallus, L.
Œdtcnemns crejyitans, Temm.
Ibis xlhiopica, Lath.
Plegadis falcinelUis, L.
La plupar-t de ces espèces n'avaient pas encore été signalées parmi les momies d'animaux.
Les plus communes sont, par ordi'e d'im|K)rtance : la crécerelle, les buses {Buteo desertorum
et Uiiteo ferox), l'épervier, un aigle de petite taille (Aqi/ila inaculatajct le milan d'Egypte.
Les momies d'oiseaux forment deux catégories d'aspect distinct : celle des ibis et celle des
rapaces. Nous ferons très sommairement : L' la description des momies de rapaces; 2° celle
dos momies d'ibis ; 3° l'étude systématique des espèces reconnues.
' Lortet et Gaillard, les Oiseaux momifiés de l'ancienne Ei;'ypte (Comptes rendus de l'Académie des sciences,
Paris, p 854, lltOl).
Arch. Mus. — t. Vlll * 15
114
FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
MOMIKS DE RAPÀCES
Los oiseaux de proie proviennent de Gizé, Koni-Ombo et RcJda. Quelques ossements
d'un rapaco de la taille d'Aquila mandata ont été recueillis, en outre, par Daninos Pacha
dans un puits de la nécropole d'Héliopolis. Les oiseaux de Gizé ont été trouvés dans la plaine
au pied du plateau des pyramides, au sud du sphinx: ils sont de l'époque ptolémaïque, peut-
être de la XX VP dynastie.
Les rapaces do Kôm-Ombo pro-
viennent des fosses et puits situés dans
la pai'tie sablonneuse qui s'étend à l'est
du temple actuel: ils sont de l'époque
romaine. Ceux de Rôda (Haute-Egypte),
près des ruines de Khmounou, VHer-
mopolh des Grecs, oîi se célébrait le culte
de Thot, datent de la XX'' dynastie à
l'époque romaine.
Ces oiseaux de proie se trou^^ent
momifiés tantr>t un par un, tantôt par
masses de vingt à trente et même qua-
rante individus de toute espèce. Les
milans, éperviers, aigles et faucons mo-
mifiés séparément ont été, en général,
plongés dans le ])itume liquide, puis
enveloppés de liandes do toile; le corps
est quelquefois entouré, en outre, d'une
étroite bandelette vers le haut des ailes,
les yeux sont figurés à l'extérieur par
deux petits disques d'étofié de ton différent
(fig. 59). Leurs momies rappellent un
peu la silhouette d'une momie humaine.
Lorsque l'oiseau est débarrassé de
son enveloppe, il apparaît les ailes serrées
contre le corps, les pattes allongées {ïv^. (iO). D'autres fois, les tai^ses étant repliés sur les
jambes, les doigts se trouvent ramenés au niveau du sternum mitre le corps et les ailes.
Les oiseaux de proie momifiés par groupes agglomérés ont la forme de grands fuseaux,
plus étroits aux doux bouts qu'au milieu, longs de 1"'50 environ et lai-ges au plus de 0'"40
(fig. Gl). Les oiseaux qu'ils contiennent n'ont pas tous été momifiés à l'état frais, quelques-uns
portent les traces de décomposition avancée. Sans doute ces grandes quantités d'oiseaux de
proie ne pouvaient être réunies en une seule journée, ni par une seule personne. Ils étaient
probablement apportés un à un, et à plusieurs jours d'intervalle, par les habitants du même
Fig. 50.
Fig. 60.
Oiseaux de proie momifiés de Rôda. (,o:r. iiat. 1/3)
UISEAUX
115
village. Lorsque chacun avait participé à cette sorte
(les rapaces un autre oiseau : ptéroclès, coucou,
même on ajoutait soit une musaraigne, soit un
cahirimis, avec une ou plusieurs dents de crocodile,
enveloppé et serré fortement dans de larges Landes
épaisses d'un doigt, étaient disposées dans le sens de
loppe. sur le pourtour do la momie, pour en aiigme
d'offrande collective, on plaçait au milieu
roUior ou quelques hirondelles. Parfois
rongeur de petite taille tel ([\x\icomys
. Le tout était alors arrosé de bitume, puis
d'étoffe. Quelques baguettes de palmier,
la longueur par-dessus la première enve-
nti'r la rigidité; enfin, on entourait l'(m-
Fig. Gl. — Oiseaux de proie momifiés de GizÉ. (1/8 gi-. nat.)
semlile d'une seconde et der-nière envelopi)e de bandelettes. L'ofti'ande ainsi apprêtée était
portée dans le voisinage du temple de la divinité dont on sollicitait les faveurs.
Les rapaces nocturnes, pas plus que les oiseaux divers indiqués dans la liste précédente,
n'étaient pas momifiés isolément. Tous ont été trouvés à l'intérieur des groupes d'oiseaux de
proie diurnes. Les hiboux et les chouettes étaient toujours, sauf une exception, déchirés ou
décapités. Il se peut ([ue ces animaux aient été momifiés par erreur, par suite de la similitude
de leurs serres et de leurs pattes avec celles des rapaces diurnes. En ce qui concerne les autres
oiseaux, coucou, rollier, ptéroclès, hii-ondelles, etc.. la confusion n'était pas possible; leur
présence est probablement due, comme celle de la musaraigne et des dents de crocodile, à une
cause différente que les égyptologues sauront sans doute indiquer.
Fig. 6"2. — Oiseaux de proie momifiés de GizÉ. (1/S yr. nat.)
Lorsqu'on a enlevé les diverses enveloppes des groupes de rapaces, les oiseaux se pré-
sentent placés sans ordre apparent (fig. 62) : la tète et les pieds alternent seulement de manière
à former une masse régulièrement arrondie. Les oiseaux entiers se trouvent, en général, vers
l'extéi'ieur. les spécimens déchirés et ceux qui portent des traces de décomposition ancienne
sont au milieu.
ComuK'Rt les Egv])tiens pouvaient-ils ça}iturei" de pareilles (pi;uitil(''s d(^ rapaces? Où les
trouvaient-ils ;' 11 est diffieile de rexpli(jner maintenant. Ia's voyageurs i[ai vont chaque année
passer l'hivei' en Egypte ne remai'quent partout, à part le milan, que de très rares oiseaux de
proie. Il faut admettre qu'autrefois ces animaux étaient ])eaucoup plus communs que de nos
U6 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
jours. A en juger pai' les Iractures des ailes et des pattes qu'on a uLservées fréquemment, ces
rapaces étaient peut-être pris dans les pièges tendus aux autres oiseaux, puis achevés à coups
de bâton. Quelques-unes des grandes momies renfermaient aussi de très jeunes milans à peine
couverts de quel({ue duvet ; il est possi])le ijue le père et la mère aient été surpris la nuit et
enlevés avec la couvée tout entière. Quoiqu'il en soit, la présence de ces jeunes oiseaux indique
en tout cas que certaines momies, sinon toutes, étaient préparées vers le mois de mai's ou d'avril.
Il serait intéressant de savoir si ces oiseaux étaient momifiés à l'occasion de fêtes ou de
cérémonies céléljrées autrefois vers cette époque de l'année.
Ces oiseaux de proie symbolisaient. sui\'ant les époques et les provinces, Rà. le soleil. Honis
ou Aroêns. le ciid. Pendant une longue période de l'histoire égyptienne, ils représentaient
également les âmes des morts.
Quelques savants, ayant pensé que les anciens Egyptiens adoraient une seule espèce de
faucon ou d'épervier, ont recherclié, d'après les figurations et les textes anciens, quelle pouvait
être cette espèce.
Pour Wilkinson'. le faucon sacré de Rà. adon'- à Héliopolis et dans divers antrvs lieux,
serait le hobereau, Falco subhuteo. qu'il nomme Falco aroèris.
Heugiin^ donne le nom de Falco horus au Falco concolor de Temminck.
Hierofalco saker. qui est connu des Arabes sous le nom de Sah]< r-cl-hoj-^ et utilisé à la
chasse de la gazelle depuis une haute antiquité, a été aussi considéi'é. à cause de son nom,
comme 1(> faucon sacré' d'Horus. Le nom de sahcj-, et non pas sacei-, vient du mol .snhki- par
lequel les Arabes désignent les faucons en général.
Pour M. le professeiu' \ . Loret, le faucon sacré d'Horus serait le faucon pèlerin, Falco
pereçirimis, que les ^Vi^alies nomment, suivant Tristram. Tîr-el-hor''. Ce faucon est facile à
reconnaître, mais nous ne l'avons pas rencontré pai'mi les momies égyptiennes. (( Si mes
recherches dans les textes et dans les bas-reliefs ne m'abusent pas, écrit INI. Loret, le faucon
pèlerin était l'oiseau sacré d'Horus. que l'on a toujours pris pour un épervier. Cet oiseau d'Horus
a le dos ou les ailes verts ou ])leus. ce ({uiest la manière des Egyptiens de rendre le gris ardoisé
cendré; la tête, le cou. la poitrine, le ventre, les pattes sont blancs. Le ventre ordinaii^ement
moucheté de courtes i-ayun's i-ougeàtres. Le dessus de la tête est gris et l'oeil est entouré dt^
taches noires^. )>
Cette description se rapporte mieux à Falco babj/lonici's ou F. Feldeggi, ou encor-e
à un jeune Heriofalco saher qu'à Falco p'^rrrii-inas. Si l'on devait désigner le làucon
d'Horus d'après les textes, il conviendrait donc de le choisir parmi les trois pi-emières espèces,
mais il est inutile d'augmenter d'un nom la série des faucons supposés sacrés. Du reste, ces
espèces sont distinguées les unes des autres, non pas d'après la couleur de leur plumage qui
varie entre les adultes (»t sui'tout du jeune à l'adulte, mais plutôt d'après les proportions rela-
tives des tai'ses et des doigts.
La liste des oiseaux momiiiés. dans laquelle on trouve presque tous les rapaces de l'Egypte
' Wilkinson, Ihe ancieni Egyplians, vol. III, p. 261, Loiidon, 1878.
= Heugliu, in Ibis, 1860, p. 40!>.
' Tristram, llie Fauna and Flora of Palestine, p. 105.
■* Tristram, loc. cit., p. 104.
^ Lettre manuscrite adressée à M. le professeur Lortet, décembre 1901.
OISEAUX
117
actuelle, démontre jusqu'à l'évidence que les Égyptiens étaient Jjeaucoup moins exclusifs qu'on
ne le suppose. Peut-être pendant la ])asse époque, dans une localité donnée, une seule espèce
de faucon a-t-elle été vénérée ? Nous ne le savons pas. Mais, quand même ce fait serait étaldi,
quand même un faucon serait désigné clairement par un texte, on aurait grand tort néanmoins
de regai'der ce rapace, adoré seul dans la Basse-Egypte et à l'époque ptolémaïque par
exemple, comme l'oiseau sacré d'Horus ou de R;ulc l'ancienne Egypte entière.
MOMIES D'IBIS
Les momies d'ibis étudiées à Lyon, ont été recueillies en' majeure partie dans les
hypogées de Salckara; quelques spécimens seulement sont di' la Haute-Egypte, de Kôm-
(_)mbo, Rôda et Touné, une
seule pi'o vient de Thèhes.
Les unes et les autres datent
de la XX® dynastie à l'époque
grecque.
Ces momies ne con-
tiennent toujours qu'un seul
indi\'idu. Elles sont entou-
rées de ])andes d'étoffe, ou
conservées dans des vases
grossiers en terre cuite rouge.
Lorsqu'elles sont protégées de l)andelettes, elles ont, le plus souvent, la forme d'un cône
arrondi aux extrémités, recouvert d'un réseau de fils entrelacés de manière à produii*e
diverses ornementations. D'autres fois, les iliis sont enveloppés de simples bandes, sans
Fig. G.J. — Momie d"ibis de Kom-Ombo. (1/1! gr. nat.)
Fig. 64. — Ibis momifié de Kôm-Ombo. {i "J gr. nat.)
aucun ornement, mais la tète, au lien d'èti-e maintenue dans sa position naturelle comun'
eelle des oiseaux de proie, est ramenée sui' le sternum, dans l'axe du eorps (tig. 03). On
voit alors le long bec recourbé se prolonger sous les bandelettes jus([ue près des pattes.
Dans ce mode de momification, l'oiseau a été d'altord arrosé de bitume, puis, le cou étant
replié en avant, la tète sur le sternum (fig. 04), ou a enveloppt' le eoi-ps de plusieurs
118
FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
band<!s de toile, tantôt simples comme pour la momie i'eprés(mt(''e tiguro (33, tantiM,
ornées (fig. 65). Les momies de cette forme sont de Rôda, Thèbes et Kôm-Omljo.
A Sakkara, les ibis et les animaux de petites dimensions étaient conservés séparément
dans un pot ou vase particulier. A Thèbes également. Les pots de Sakkara sont en terre
cuite rouge d'une forme allongée, pouvant l'ecevoir exactement une momie d'ibis. Ils sont
4;
Fig. 05. — Momie d'ibis de Kôda (1'3 gr. nat.)
fermés par un cou\'(n'cle de la môme terre cuite scellé assez grossièrement avec du plâtre
(fig. 66).
Nous n'avons pas ree,u des pots d'ibis de Thèbes. Ils y sont, parait-il, de diftérentes
matières : en pierre commune, en faïence lileue, ou en jjierre dure et polie. Leur iôrme est
conique mais peu allongée. Ils tiennent debout sur leui- ibnd, tandis que ceux de Sakkara ne
peuvent tenir ([ue couchés à terre ^ .
Dans les hypogées de Sakkara, les pots d'ibis sont placés par rangées horizontales
superposées sur toute la hauteur- des paieries. h]t. (lieoffroy Saint-IIilaire - fait la description
Fig. 66. — Pot penfersunt une momie d'ibis, Sakkara. (1 'i gr. nat.)
suivante de ces entassements : « Nous sommes descendus dans les puits des oiseaux où, pour la
première fois, j'ai trouvé des momies en place. Ces puits conduisent à des caves souterraines
assez spacieuses auxquelles répondent à angles droits, à droite et à gauche, un très grand
nombre de caveaux sans issue. Ce sont ces caveaux d'une assez grande profondeur (juc l'on a
remplis de pots d'ibis, en les entassant sans autre attention (jue de les coucher horizonta-
lement comme les bouteilles di^ vin dans nos caves de France, le j)remier lit présentant anté-
' Description de VEgyple, vol. 3, p. 92, 5' vol., pi. XGII, pi. LXXVI, Paris, 18-28.
'-' Lettres (ri'f/y/)/*? (recueillies et publiées par le D'' Haug), p. 149. Paris, 1001.
OISEAUX 119
rieuromont son oiivcrlui-o, le doiixièmo son lond, ot ainsi de suite, jusqu'à ce (|ue les pots
aient gagné le faîte du caveau. »
Les momies de Sakkara pi'ésentent un conicnu des plus variés. On trouve, à l'intérieur,
soit un amas de poussièi'e et d'étoffe déchirée, soit des débi'is de bois et de lianes, ou bien des
plumes blanches avec deux ou trois morceaux de brique, destinés à donner à la fausse momie
le poids d'une momie véritable. D'autres fois on a conservé seulement le bec et les pattes d'un
ibis, ou bien encore on a construit de toutes pièces un mannequin ayant la forme d'un oiseau
dont la tête, modelée grossièrement avec des chiffons et des bandelettes, ressemble à une tête
de faucon. Dans ces momies, qui renferment le plus souvent des ossements d'ibis, nous avons
rencontré aussi, comme Ollivier', tantôt le corps d'un(> musaraigne, tantôt le crâne seulement
d'un de ces petits mammifères.
L'ornementation des momies de Sakkara est des plus diverses et des plus ingénieuses.
Elle consiste soit en étroites bandelettes croisées en diagonale et recouvertes par d'autres
bandes enroulées en spirale (fig. 67), soit en réseaux de fils maintenus par de petites bandes de
toile (fig. 68 et 69); quelques-unes sont ornées de filsentre-croisés obliquement sur des étoffes à
deux tons brun clair et foncé (fig. 70 et 71).
Tous les égyptologues ont constaté que ces ibis, bien qu'on les eût protégés séparément
dans des vases en terre, se trouvent toujours en très mauvais état de conservation. On ne peut
recueillir un seul squelette entier. Le contenu de la momie tomlie en poussière sous la plus
légère pression. Mariette fait la même remarcjue dans la lettre suivante adressée du Caire,
le 22 juin iS70, à l'un de nous. qui. à cette époque, tentait déjà de réunir les matériaux
de la présente étude. » .Te me sens un peu gêné, écrit Mainette, d'être obligé do faire une
réponse négative à la lettre que vous avez bien voulu m'adresser en date du 25 mars.
Effectivement, il y a aux environs du Caire, c'est-à-dire à Sakkara, des hypogées d'ibis.
Mais, en premier lieu, ces hypogées sont, pour le moment, ensablés, et il serait difficile de les
déblayer sans travaux considérables. En second lieu, en supposant même que les hypogées
soient accessibles, on n'y trouve que des momies brûlées, calcinées, qui tomlx'ut en poussière
au plus petit contact de la main. J'ai certainement vu des voyageurs briser plusieurs milliers
des vases qui les contiennent sans en trouver une seule qui valût la peine d'être transportée.
Consultez à ce sujet les ouvrages spéciaux et vous verrez que l'hypogée des ibis de Sakkara n'a
jamais, depuis qu'il est connu, fourni un document digne de figurer dans une collection. Le
Musée de Boulaq en possède deux à la vérité. Mais ils sont exposés pour la toile ijui les recouvre,
laquelle est exceptionnellement curieuse, et non pour l'oiseau momifi('' qui. à l'inti-rieui'. n'est
certainement qu'un amas de cendre. »
Les momies de Sakkara ouvertes à Lyon contenaient dans la plupart des cas, abstraction
faite des fausses momies bourrées de débris de plumes ou de briques, des ossements d'Ibis
œthiopica; quelques spécimens seulement, tout à fait semblables aux autres, renfermaient soit
des restes de musaraignes, soit des os d'une seconde espèce d'iltis. Vibis noir des anciens,
Plegadis falcineUiis.
A Touné, les ibis ont été embaumés sépar-ément et conservés dans des vases en terre
cuite rouge, ainsi qu'à Sakkai'a ; mais les momies, au lieu d'être protégées chacune dans un
' Ollivier, Voyage dans l'Empire Olloman, t. II, p. 94, 180i.
120
FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Fig. 07.
^
^ pOs fe
^m \^^ f^'ul^Ê'-r^^
Fia;. 68.
Fig. 69.
Fig. 70.
Fig. 71.
Mo.MiES d'ibis de Sakkara. (1 3 gr. nat.)
OISEAUX
121
vase particulier, ont été réunies pai- quatre ou cmq exemplaires dans des vases de plus grandes
dimensions.
Ces vases, fermés non par un couvercle, mais par une simple gai'niture de plâtre coulée
sur l'orifice, sont de deux foi-mes diflérentes : les uns coniques, à fond arrondi, sont évasés du
côté de l'ouverture (flg. 72) ; les autres, arrondis également vers le fond, sont cvlindri(pies et
légèrement resserrés à l'orifice (fig. 73).
Des vases plus grands que les précédents, de forme i)lus allongée, étaient aussi en
usage à Touné. Ceux-ci sont pleins d'ossements d'ilns de nombreux individus, sans aucune
trace ni de ])itume, ni de la matière noii-àtre et cendi'ée qui entoure les petits animaux
conservés dans les pots de Sakkara et les autres
vases de Touné décrits plus haut. Ces ossements
ne sont pas les restes d'oiseaux introduits entiers
dans ces pots, puis détériorés peu à peu au cours
des siècles; ils proviennent proltahleinent de momies
Fig. 72.(1/6 gr. nat.) Fig. 73.(1 5 gr. nat.)
Vase en terre cuite renfermant des ibis de Touné.
brisées à une époque ancienne et dont on a recueilli alors, par grandes (piantiti's, les débris
osseux dans de nouveaux vases. Voici quel était le contenu de l'un d'eux : il justifie bien,
semble-t-il, notre supposition. Au uulieu de plusieurs centaines d'os d'iliis plus ou moins
1)risés, il y avait 52 humérus et seulement 11 crânes àUbis sethiopica. On a trouvé, déplus,
mêlés à ces restes, les ossements suivants : humérus di'oit à'Hetyesfes ichneiiinon L. ; fémur
gauche d'un faucon de la taille de Falco hnhyhnicus ; deux humérus d'oiseaux de proie
diurnes; extrémité distale d'un métatarsien gauche d'échassier plus grand que Ciconia alba
(la trochlée du doigt interne est très courte, les dimensions et la structure de ce métatarsien
paraissent se rapporter à Taiifalus ////.v) ,• enlin une eoipiille de jeum^ gastropode. Mckidomus
Boltenianus, Chemnitz.
Ainsi, un seul vase de Touné renfermait, outre ces divers débris, des restes d'au moins
vingt-six ibis. Lorsqu'on se rappelle que, dans plusieurs hypogées, les pots de momies sont
entassés jusqu'au faite des galeries, on peut se faire une idée de la prodigieuse quantité d'ani-
maux qui a été amoncelée dans ce pays pendant la longue durée de la civilisation égyptienne.
Arch. Mus. t. VIU " 16
122 FAIXK DE L'ANCIENNE EGYPTE
Poun[uoi l'ibis était-il aJoi'é dos Égyptiens ? Quelle (li\-inité symbolisait-il à leurs
yeux ?
L'ibis était, dès la plus haute antiquité, consacré à Isis. Cette divinité personnifiait la
vallée du Nil, la Terre féconde de l'Egypte. L'ibis était donc l'tunldème de l'Egypte.
Hérodote a rapport(^ qu'il y avait en Eg^'pte deux sortes d'ibis, le blanc ci le noir ; « le noir
était proprement l'ennemi des serpents et faisait sa demeure à l'entrée des déserts, tandis que
le blanc était un oiseau domestique ». Il raconte ensuite, d'après la légende égyptienne, les com-
bats livrés aux serpents par les ibis, aux environs de la ville de Bouto. La plupart des histo-
riens grecs et latins ont reproduit cette version. «. Les ibis noirs combattant pour la terre dont
ils sont les alliés, écrit EUien, ne permettent pas aux légions pestiférées des serpents volants de
passer de l'Arabie sur les confins de l'Egypte. Los autres ibis tuent les serpents que les allu-
vions du Nil y attirent de l'Ethiopie, allant d'abord au-devant de leurs tentatives ; voilà ce qui
empêche les Egyptiens de péril' par Tarrivée des serpents. »
On peut admettre, croyons-nous, que ce combat des ibis avec les serpents, pris à la
lettre pai' les historiens, n'est sans doute autre chose qu'une métaphore égyptienne mal inter-
prétée. Chaque année au printemps, les vents du sud soufflent des jours entiers sur l'Egypte,
ils entrainent avec eux. et i-épandent sur tout le pays une poussière épaisse et brûlante ; peu
à peu les plantes se dessèchent, les animaux languissent; des épidémies se développent comme
en ce moment, (jui déciment la population. Si cet état de choses durait, la plupart des êtres
seraient vite anéantis, le désert gagnerait la vallée. Mais bientôt, les pluies abondantes de la
région des grands lacs rafraîchissent l'air ; le Nil. grossi de nouveau, rend à l'Egypte sa
fécondité, c'est-à-dire la vie.
Les prêtres égyptiens s'exprimaient dans un langage imagé mais très concis et familier à
tout le monde, écrit Savigny ', « au lieu de dire, par exemple : les sables où vivent les cérastes
sont emportés dans les airs; ils nous arrivent avec de fâcheuses maladies, peut-être couvriront-
ils nos champs cultivés ; peut-être qu'il nous faudra pérh' et que bientôt les serpents venimeux
posséderont cette terre qui est notre patrie, comme ils possèdent aujourd'hui les déserts. Ils
disaient simplement : les serpents volants envahiront l'Egypte. De même, quand, par l'effet
du vent du nord, le pays s'était assaini et que leurs ibis sacrés avaient repai'u avec des eaux
fécondantes, on disait : les ibis ont conihattii les serpents volants. »
En réalité, la première cause de la vénération de l'ibis vient de la croyance d'après
laquelle la fécondité et la salubrité des terres étaient dues à l'ibis. Les Egyptiens ayant remar-
qué la coïncidence de la crue du Nil et de l'arrivée des i])is, s'étant aperçus qu'une terre rendue
féconde et salubre par les eaux douces était aussitôt habitée pai" eux, crurent que la présence de ces
oiseaux était liée à la fécondité, à la salubrité de leurs terres et à l'inondation du Nil. « Cette
idée se rattachant au phénomène duquel dépendait leur conservation, je veux dire aux i''pan-
chements pi''riodiques du fleuve, fut le premier motif de leur vénération pour l'ibis et devint le
fondement de tous les hommages qui constituèrent ensuite le culte de cet oiseau- ».
Les historiens, voyageurs et naturalistes, ont tous, jusqu'au commencement du siècle
dt-rnier, donné pour véridique la légende du combat des serpents avec les ibis. C'est la raison
' Savigny, Histoire naturelle et mythologique de l'ibis, p. 9i, Paris, 1805.
- Savigny, ihid, p. 70.
OISEAUX 123
poui" laquelle on fut si longtemps incertain sur l'idcntit»'' de l'il)is égyptien (pii était toujours
recherché parmi les oiseaux se nourrissant de reptiles.
A cette époque, Bruce, Guvier, Savigny purent identifier ril)is sacré, l'ibis ])lanc des
anciens à Ibis cBthiopica . Dans son nK'uioin! sur cet oiseau, Guvier ' prétendit bien avoir trouvé
à l'inti'riiMU' d'une momie (( des d(''])ris non encore digérés de peau et d'écaillés de serpents »,
mais, depuis, les naturalistes et les voyageurs ont reconnu que l'ibis ne s'attaque pas aux ser-
pents, qu'il se nourrit exclusivement de mollusques d'eau douce, ce qui explique pourquoi l'ibis
sacré n'a jamais été vu auprès des grands lacs saumàtres, comme le lac Menzaleh, qui bordent
la Méditerranée.
En ce qui concerne l'i])is noir, on a démontré qu'il ne pouvait s'agii' ({uc du falcinelle
dont OUivier avait déjà reman;[ué quelques débris parmi les momies de Sakkara. Le nom ara]3e
actuel de cet ibis est du reste presque identique à celui que les anciens ont donné de l'ibis noir.
jVyant recueilli de notre côté, des l'cstes momifiés de plusieurs individus de Plegadis falcuiollus,
l'identité du falcinelle et de l'ibis noir ne paraît plus douteuse.
A l'origine, l'ibis fut adoré comme le symbole de la Terre et de l'Eau, ce mélange d'où
naissaient, sous l'influence de la chaleur du sdlcil. tous les êtres organisés, les animaux et les
plantes. Cette terre féconde, Isis, était la principale divinité des Egyptiens à laquelle ils
vouaient les prémices de ses productions et surtout les brillantes fleurs de lotus. Isis avait pour
époux Osiris. « Celui-ci était la force active et vivifiante, la pai'tie mâle de l'univers. Isis était
la force passive, partie femelle, féconde de tout temps. Dans l'ancienne tradition c'était Osh'is
({ui avait donné l'ibis à l'Egypte. Osiris fit venii' de grandes troupes d'i])is pour la délivrer des
multitudes de serpents engendrés par la corruption du limon, qui (''tait devenue dangereuse, à
tel point que beaucoup de personnes y périrent, entre autres Canope, nautonier d'Osiris^. »
Plus tard, l'ibis devint le sym])olo du Nil en même temps que de Toth, dieu de la science
et de la médecine, l'esprit personnifié. Les Egyptiens nommaient ce dieu Toth ou Téchouth, le
deux fois grand ; les Grecs l'appelaient Hermès Trismégitos ou le trois fois grand. Toth-ibis
(_'t le Nil défendaient l'Egypte et les Egyptiens contre leurs ennemis. A cette époque, le soleil,
(pi'on l'appelât Rà ou Horus, constituait donc avec le Sol fécond de l'Egypte et Toth-i])is ou le
Nil (père, fils, esprit), une sorte de trinité objective, matérielle, que le fellah, sinon le prêtre,
interrogeait, invoquait l'année durant. Le jieuple de la vallée du Nil adorait cett(? trinité
charmante sous la protection et dans l'intimité de laquelle il vivait ; en retour, elle lui prodiguait
« les choses douces et pures » que l'Egyptien avait coutume de demander aux divinités jusque
sur les sarcophages de ses morts.
* Guvier, Annales du Muséum, p. 132.
- Savigny, Hist. nul. e( myih. de l'ibis, p. 144, 1805.
RAPACES DIURNES
FAMILLE DES FALCONIDÉS
SOUS-FAMILLE DES MILYINES
Gkxrk JMILYrS. Brissox
MIL vus ^GYPTIUS, Gmelin.
(PI. II.)
Le Prtrasiie, Levaillant, Histoire naturelle des oiseaux d'Afrique, ■p. 88, pi. XXII (Paris, 1790).
Milvus xtolius, Savigny, Système des oiseaux de l'Egypte et de la Syrie (Description de l'Egypte, 1828, vol.
XXllI, p, 260, pi III, fig. 1).
Milvus xgyptius, Gray, Cat. accipitres, p. 44 (1848) — Shelley, Birds of Egypt, p. 196 (1872). —
B. Sharpe, Cal. of the lards in the Brilish Muséum, vol. I, p. 320 (1874).
Nom égyptien : Iladdâyeh, d'après Savigny', Hedaich, suivant Shelley-.
Milri's (l'tijiplius. Gm., est dos plus communs parmi les oiseaux momitiés de l'ancienne
Egypte. Siii' 500 oiseaux de proie examinés, nous avons l'oconnu 42 milans de cette
espèce : 21 proviennent des hypogées de Kôm-Um])o, 18 des environs de Gizé et 3 de Rôda
(Haute-Egypte).
Ghez Milciis iefiiipi'n'-s les narines sont obliques et ovales.
Le tarse est emplum<'' en avant sur le tiers de sa longueur em'iron : la [larfie nue du tarse
est moindre tpie la longueiu- du doigt médian sans ongle. Le tarse, écailleux devant, est réticulé-
en arritTe. Les doigts sont courts; l'externe est légèrement plus long que le doigt interne.
La cire, le bec et les tarses sont jaunes.
Longueur du tarse : 54 à 56 mill. Longueur du iloigt luiVlian sans ongle : 35 à 38 ludl.
Trois espèces de milans vivent actuellement en Afrique. Ce sont Milous nufer. Brisson.
Mllrns n'ijalis. rîrisson, et Milvus ;vfij/pli)is. (]elle-ci e.st la jibis al)ondante des trois; elh^ se
' Système des oiseaux de l'E.nypte (Descript. de l'Egyple, vol. XXIII, p. 260, 182S).
- Birds of Egypt, p. 196, 1872.
RAPACES DIURNES 125
distingue des deux autres pai' les pi'oportions de ses tarses et dc^ ses doigts, ainsi (|ue par la
couleur di' son bec.
Milvus nigcv et Milvus regalis ont le bec noii' ou brun. Milrys xyyptms adulte a le bec
jaune.
La longueur moyenne du tarso est. d'après M. Fatio', de 49 à 50 pour le milan royal, de
49 à 53 pour le milan noir. Chez le milan égyptien, le tai'se est un peu plus grand, il atteint
toujours, d'après nos mensurations, de 54 à 56 millimètres comme l'a indiqué Shelley dans
son étude sur les oiseaux de l'Egypte. Mais la longueur de ses doigts est au contraire relati-
vement plus faible que chez Milvus regalis et Milvus niger.
Ses doigts courts et son tarse grêle font de Milvîfs xgg2)tius un oiseau moins fort et
rapace que les autres espèces du même genre. En Egypte, le Parasite pue le même rôle que le
milan noir dans l'Europe méridionale. Il rend service aux habitants en se nourrissant des
débris organiques abandonnés sur le sol.
De nos jours, Milvus œgyptius se rencontre dans tous les villages de l'Egypte et de la
Nubie où on l'aperçoit en grand nombre perché sur le sommet des maisons. Il fait son nid en
mars, habituellement sur un arbre à peu de distance des habitations.
Wilkinson- cite le milan dans la liste des animaux momifiés parles Egyptiens, mais sans
indication d'espèce.
Le s(pielette de Mi/rus cvggjjfius rappelle, dans son ensemble, celui de la bondrée,
Pernis a^rirorus. Ces espèces se rappi'ochent l'une de l'autre pai" divers caractères qui les
séparent de la plupart des autres rapaces diurnes : leur tête osseuse est allongée, comprimée
latéralement en arrière ; l'aile est très grande comparativ(Mîient à la patte dont le fémiu' et le
tibia ont. dans ces deux rapaces, à peu près les mêmes propoi'tions ; le tarse est également large
et coui't clicz le milan comme chez la Iiondrée, mais sa conlbrniation est très différente, elle
permet de distinguer les deux formes à première vue. Dans la ])nnili'ée, la ci-ête interne du talon,
en haut, à la face postérieure, est longue et oblique, elle s'avance en dehors pour se réunir
presque à la crête externe et former en arrière, comme chez le balbuzard, la gouttière où cou-
lisse le tendon. Chez les milans, la gouttière tendineuse est toujours ouverte par suite du
développement parallèle des deux crêtes supérieui-es du talon.
Le ])assin d»^ Milvus ivgg^^fius est assez d(''veloi)pé en avant des cavités cotyloïdes. il est
remarqualile par ses trous sacrés toujours largement ouverts. Le iëmur pr(''sente un grand
orifice pneumatique situé à la base de la crête trochantérienne. à quelque distance de l'articu-
lation, comme dans la plui)art des oiseaux de proie diurnes, en exceptant les faucons chez
lesquels il est placé tout à fait à l'extrémité supérieure du fémur.
Le squelette de Milrus œgi/ptius se distingue de celui de Milrns rcijulis par de légères
différences dans les proportions des l'ayons osstHix de ses membres, notamment par le très
faible développement de ses doigts. Le doigt interne des espèces de milans offre une pai'ticularité
que nous n'avons remarquée dans aucune autre, sauf chez le pygai'gue, Haliuetus albicillus.
La phalange basale très réduite a été trouvée soudée à la seconde phalange chez tous les indi-
vidus examinés.
' Fatio, les Oiseaux de la Suisse, Genève, 18'.:)9, vol. II, p. 46 et -iO.
^ G. Williinson, the Manners of the ancienl Egyptien, London, 1878, vol. III, p. 261.
126 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
DIMENSIONS PRINCIPALES DU SQUELETTE
DE MILVUS .EGYPTICS. Gni.
Longueur de la colonne vertébrale, de la première vert, cervicale à l'extrémité de la queue . . 245"'"
— delà tête osseuse 75
— — du frontal à l'occiput 45
Largeur maximum du crâne 40
Largeur interorbitaire 14
Longueur de la mandibule supérieure (en suivant la courbure du bec) 45
— du sternum (de l'apophyse épisternale au bord postérieur) 64
Largeur du sternum en avant 38
— — en arrière 42
Hauteur du bréchet 18
Longueur du coracoïdien 40
— • de l'omoplate 57
— de l'humérus 115
— du cubitus 133
— du métacarpien . 64
— du doigt principal 47
— du bassin 53
Largeur antérieure du bassin 28
— du bassin en arrière des cavités cotyloïdes 36
Longueur des vertèbres caudales 48
— du fémur 63
— du tibia 82
— du tarso-métatarsien 54
— totale du doigt médian ■ • 46
— — externe 35
— — interne 33
— — pouce 32
MILVUS REGALIS, Brisson.
M/lvus 7-egalis, Briss. Ornith., p. 414 (1760). — Shelley, Birds ofEffypl, p. 195(1872).
Milvus iclinus, Savigny, Si/stème des oiseaux de V Egypte et de la Syrie (Descript. de l'Egypte, 1828, t. XXIII,
p. 250). — B. Sliarpe, Cat. of the Accipitres in the Brit Mus., p. 319 (1874). — Tristram, the Fauna
and Flora of Palestine, p. 102 (1884).
Milvus vulgaris, Gould, B. Europ., I. pi. XVVllI (1837).
Le milan cominnn n'est l'epi'ésenté dans la collection ([ue par un seul spécimen provenant
de la Basse-Eyypte, des environs de Gizé.
Bien que tous les caractcTcs anatomiques de cet oiseau coi-respondent à ceux de Milcus
regalis, on ne doit si.iinaler cette espèce qu'avec réserve et provisoirement, en attendant que
d'autres exemplaires en aient été trouvés.
Le tarse est emplumé en avant sur la moitié de sa longueur : il est. ainsi que chez Milvus
cegyptiusi écaillenx devant et réticidé en arrière, mais ses dimensions sont un peu plus
faibles. La cire et les pieds sont jaunes. Le bec est brun.
Longueur du tarse : .50 centimètres. Longueur du doigt niiVlian sans ongle ; 11 millim.
Ces proportions s'écartent sensiblement de la limite des variations iiidi\-iduelles signalées
l)Our Milcus ii'fJi/j't/'/is, (im. : elles se rapportent tout à fait à colles indiquées par M. Fatio '
' Fatio, Histoire naturelle des oiseaux de la Suisse, Genève, 1899, vol. II, p. 40.
RAPACES DIURNES 127
pour Milcus regalis, Bi". Celui-ci a le tarse plus court, plus épais, les doigts un peu plus
longs que le milan égyptien, et c'est précisément par tous ces caractères que le milan des
environs de Gizé se différencie des autres milans momifiés.
Les auteui's ne sont pas d'accord sur l'habitat de Mil vus regalis. D'après Brehm, il vit
dans toute l'Europe, de la Suède en Espagne et jusqu'en Sibérie. On le rencontre aussi, mais
plus i-arement, dans le nord-est de l'Afrique et en Egypte. Riippell a prétendu qu'il était
abondant dans la Basse-Egypte, mais Shelley', sans contester que cette espèce se rencontre
en Egypte, croit que Riippell est dans l'erreur : « Milous xgyplius est, dit-il. le seul milan
commun dans la contrée. » L'étude des oiseaux momifiés confirme l'opinion de Shelley.
Tristram signale Milvus regalis dans la faune actuelle de la Palestine, où il est connu
des Ai-abes sous le nom à'Essaf. Il est probable que l'Asie Mineure et la Palestine sont les
limites sud-orientales de l'aire de ce milan, de même que le nord de l'Afrique est sa limite
méridionale.
Genre PERNIS. Cuvier
PERNIS APIVORUS, Linné.
La Bondrée, Sriss., Ornith., p. 410 (1760).
Falco apivorus, Linné, Syst. nai., p. 130 (1766).
Le Tachard, Levaillant, Hist. nal. des oiseaux d'Afrique, p. 82, pi. XVI (1799).
Pernis apivorus, Gould, B.Europ.. I. pi. XVI (1837).— Gray, Gen. Birds,p\AX. fig. 3 (1845)— Shelley, Birds
of Egypt, p. 149 (1872). — B. Sharpe, Cai. Accipitres in the Brit. Mus., p. H44, vol. I (1874). —
Tristam, Fauna of Palestine, p. 103(1884)
Trois rapaces de cette espèce ont été reconnus pai'mi les oiseaux momifiés de l'ancienne
Egypte. Deux viennent des hypogées de Gizé, le troisième est de Kùm-Ombo.
Les bondi'ées se distinguent facilement des autres oiseaux de proie. Elles ont la tête
allongée, très comprimée latéralement. Les narines sont elliptiques et grandes. Le bec est
long, peu recourbé, avec une ai'ête bien mai^quée et des bords faiblement ondulés. La cire est
nue et longue. La longueur du bec et de la cire réunis est presque égale à la longueur du
crâne.
Le tarse est épais, un peu plus court que le doigt médian av("C l'ongle ; il est emplumé
sur la moitié de sa longueur, mais en avant seulement ; sur les autres parties de sa surface, il
est réticulé.
Les doigts ont une longueur moyenne, les ongles sont acérés et longs, surtout ceux du
])oucc, du médian et du doigt interne. Lt^s doigts latéraux ont environ la mêuKî longueur :
mesuré sans l'ongle, le doigt externe est un peu plus grand que l'interne : avec l'ongle, c'est au
contraire le doigt interne qui est le plus grand, pai' suite des dimensions plus faibles de l'ongle
externe ;
Longueur du tai'se : 53 mill. Longueur du doigt médian sans ongle : 4 1 uull.
Par l'ensemble de ses caractères, principalement pai' ses tai'ses courts, et sa tête étroite, la
' Shelley, Birds of Egypt, p. 196.
128 FAUNE DE I/ANCIENXE EGYPTE
l)ondi'ée apivore est voisine des milans. Mais,cliez ceux-ci, l'aspect du tai'se et la loni^ueui' des
doigts sont bien différents. Le tai'sedes milans estécailleux en avant, aloi-s qu'il est entièrement
réticulé chez les bondrées ; en outre, les doigts de Prr/u's apiKunis sont proportionnellement
bien plus longs que ceux des milans.
On ne connaît que trois espèces du genre Periiis : Po-nis 2)ti-lonor]ujncJius,T(ixm\\.,
do la Malaisie et de l'Inde, Peniis celehensis, Walden, des Gélèbes, et Pernis apivorus, L.,
([ui se rencontre dans toute l'Europe, i^auf l'extrême Nord, ainsi qu'en Afrique et à Madagascai*
pendant l'hiver. Ces formes ont toutes la même taille et des membres de mêmes proportions;
elles ne se distinguent que pai' des différences peu importantes du plumage. On observe même en
Syrie des spécimens présentant des particularités intermédiaires entre la forme eui'opéenne,
Pernis apii:o>-i(s, L., et la bondi'ée huppée de Java', Pernis pl'donorlujnchus , Temm. Ces trois
formes de bondrées ne sont peut-être que des vaiùétés locales d'une seule espèce.
Quoi qu'il en soit. l(>s bondrées de l'ancienne Egypte appai'tiennent bien à la vai'iété ou à
l'espèce d'Europe, Pernis apirorns.cai' il n'a pas été possible de trouver trace, chez ces oiseaux
de proie, des quelques plumes raides et longues qui constituent la ci'ète de Pernis j)filono-
rhyncJius et caractérisent la bondrée de l'Inde.
Heugiin et Brehm reconnaissent que Pernis apncorus \'\\, en Afrique, mais ils disent
qu'elle ne se montre que dans l'ouest et qu'on ne la rencontre pas dans le nord-est du continent.
Suivant Rûppell. la bondrée apivore serait, au contraire, commune en Egypte et en Arabie.
Nos observations établissent que Pernis apivorus vivait autrefois dans le nord-est de
rAfi'ique,maisle petit nombre qu'on en a trouvé ne permet pas de dh'e qu'elle y était commune.
Il est probable que la bondrée apivore, très sensil)le au froid, se renconti'e encore en hiver,
dans la vallée du Nil, mais elle n'y est sans doute pas plus fréquente qu'à l'époque ptolémaique.
Shelley la cite d'ailleurs au nombre des oiseaux de l'Egypte moderne.
DIMENSIONS PRINCIPALES DU SQUELETTE
DE PERXIS APIVORUS, L.
Longueur de la colonne vertébrale, de la 1"' vertèbre cervicale à l'extrémité de la queue . 260°""
— de la tête osseuse 81
— du frontal à Tocciput 49
Largeur maximum du crâne 39
— interorbitaire 12
Longueur de la mandibule supérieure en suivant la courbure du bec 42
— du sternum (de l'apophyse épisternale au bord postérieur) 72
Largeur du sternum en avant 36
— — en arrière 43
Hauteur du bréchet 16
Longueur du coracoïdien 42
— de l'omoplate 62
— de l'humérus 112
— du cubitus 125
du métacarpien 62
— du doigt principal 51
— du bassin 60
' B. Sharpe, Catal. ofthe Occipit. oftheBril. Mus., vol. I, 1874, p. 349.
RAPACES DIURNES 129
Largeur antérieure du bassin 29°""
— du bassin en arrière des cavités cotjloïdes 38
— des vertèbres caudales 52
— du fémur 60
— du tibia 90
— du tarso-métatarsien 53
— totale du doigt médian 60
— — externe ... 45
— — interne 47
— — du pouce ... 37
Gp:nre ELAN us, S.wigny
ELANUS CSIRULEUS, Desfontaines.
Falco cœruleus, Désf., Mém. Acad. roy. des sciences, 1787, p. 503, pi. XV.
Le 5i!ae, Levaillant, Hisl. nai. des Oiseaux d'Afrique, p. 147, pi. XXXVI, XXXVII (1799).
Elanus cxsius, Savigny, Syst. des Oiseaux de l'Egypte et de la &\v\& (Descripl. de l'Egypte, vol. XXIII,
p. 276 (18-i8).
Elanus melanopterus, Gould, Ihe Birds of Europe, I. pi. XXXI (1837).
Elanus cxruleus, .Shelley, Birds of Egypt, p. 198 (1872).
Sharpe, Cal. of Brit. Mus. vol. I,"p. 386 (1874).
Suivant Savigny, les Egyptiens actuels connaissent cet oiseau sous le nom de honliyeh.
Pai'mi les animaux momifiés, nous avons reconnu en totalité quatre individus de cette
espèce : 3 de Kôm-Ombo et un seul de R(')da (Haute-Egypte).
Elanus ceeruleus a le bec cotu't et très crochu.
Les narines, de moyenne grandeur, sont sub-circulaires et horizontales.
Les tarses courts, épais, couverts de plumes en avant sur les deux tiers de leur longueur,
sont réticulés sur les autres parties.
Dans l'Élane, le doigt médian avec ongle est plus grand que le tarse. Les ongles sont
recourbés et forts, seuls l'ongle et le doigt ext(>rnes sont faibles.
La queue est fourchue. Les ailes sont aiguës, un peu plus longues que la queue.
Elanus ccendeits a le front et les cils noh-s, le dos bleu cendré, la cire et les pattes jaunes,
le bec noir. Le plumage est mou comme celui des rapaces nocturnes.
Longueur du tarse, 33 millim. Longueur du doigt médian sans ongle. 20 niillim.
AVrt;;.'<,s' r;Byv^/('^^s■ habite l'Ati'i(iue entière, la péninsule indienne et Ceylan. On le ren-
contre aussi en Syrie et dans le sud-est de Tl^juropc
Suivant Shelley, ce petit rapace est peu commun dans la Basse-Egypte, mais il est très
abondant au sud de Thèbes où il vit par paires ne s'associant jamais à ses semblaldes. Il niche
vers la fin de février.
Brehm a remarqué que l'I^lane ressemble par ses mœurs, d'un e(">t('', à la buse, de l'autre
au milan et au hibou. «C'est le matin et le soir surtout qu'il chasse: on le voit chassant encore
au crépuscule, alors que les autres rapaces diurnes se sont d('j"à livrés au repos. On ne peut le
méconnaître soit qu'il vole, soit qu'il perche. En volant il tient ses ailes relevées, dételle façon
Arch. Mus. — t. VIII. '17
130 FAUNE DE L'/VNCIENNE EGYPTE
que la pointe est bien au-dessus du corps. Perché, on le reconnaît à son plumage éclatant,
brillant aux rayons du soleil. En Egypte, il se repose sur les poutres des puits d'irrigation, de
là le nom de faucon des jiuits qu'on lui a donné dans ce pays. Dans la Nubie, il se tient sui-
un arbre élevé, d'où il peut embrasser un vaste horizon. Il se nourrit de rongeurs et de saute-
relles. Souvent il mange les sauterelles tout en volant : cpiant aux rongeurs, il les porte tou-
jours sur les ai'bres. Un champ un peu étendu lui fournit de la nourriture en abondance. Les
petits rongeurs forment le fond de tous ses repas, il ne mange de sauterelles qu'accessoirement. »
La tête osseuse à'Elaniis cœrideus est triangulau'e, très élargie dans la région post-orbi-
taire. Par ce caractère, l'Élane se différencie à première vue des milans, dont le crâne est au
contraire comprimé sur les côtés vers l'occipital.
Les ailes sont bien plus faibles relativement que dans le genre Milcua. La fourchette est
plus resserrée. Le sternum ne porte que six ai'ticulations costales. En outre, le bord supérieur
du bréchet est oblique, de telle façon que son sommet est, comme chez les hiboux, à une plus
grande distance de la fourchette que chez les oiseaux de proie diurnes.
Le bassin, le fémur et le tibia rappellent les particulai'ités morphologiques des milans,
mais le tarse est plus lai"ge et court que dans ces derniers, les doigts sont différents. La pha-
lange basilaire du doigt interne est bien développée, elle n'est pas soudée à la seconde phalange
comme chez Milvus œgypiius et M. re(jaUs.
En résumé, la grande longueur du doigt interne, le faible développement des ailes,
l'obliquité du bord supérieur du liréchet rapprochent nettement Elamis cœndeus des rapaces
nocturnes, notamment des hulottes (genre Si/rnium). L'Elane bleu est voisin des milans par
les proportions de ses membres postérieurs, l'aspect extérieur de ses tarses et sa queue four-
chue.
DIMENSIONS PRINCIPALES DU SQUELETTE
D'ELAXUS C.EIWLEVS, Desf
Longueur de la colonne vertébrale, de la première vertèbre cervicale à l'extrémité de la queue . 17-4'""'
Longueur de la tête osseuse 57
— du frontal à l'occiput 38
Largeur maximum du crâne 34
— interorbitaire 9
Longueur de la mandidule supérieure (en suivant la courbure du bec) 27
— du sternum (de l'apophyse épisternalc au bord postérieur) 41
— du sternum en avant 25
— — en arriére 29
Hauteur du bréchet 13
Longueur du eoracoïdien 31
— de l'omoplate 44
— de l'humérus 76
— du cubitus 90
— du métacarpien 43
— du doigt principal 35
— du bassin 38
Largeur intérieure du bassin 18
— du bassin en arrière des cavités cotyloïdes 27
Longueur des vertèbres caudales 32
— du fémur 49
RAPACES DIURNES 131
Longueur du tibia 66"""
— du tarso-métalarsien 33
Longueur totale du doigt médian 40
— externe 26
— interne ' 32
Longueur totale du pouce 28
Genrk HALIAETUS, Savigny
HALIAETUS ALBICILLUS, Linné.
Haliaëtus nisus, Savigny, Système des oiseaux de l'Esypte (Description de l'Egypte, XXIII, 1828, 255).
Haliaëtus albicilla, Gould, Bircls of Europe, pi. X (1837) — Shelley, Birds of Egijpt, p. 204 (1872). —
B. Sharpe, Cat. of Birds Brit. Mus., p. 302 (1874),
HaliaiHus nlb/cillus est roprésontépar un seul individu provenant de la Haute-Egypte, de
Kùm-Ombo.
Le bec del'aigie pygai'gue est long, haut, très recourbé au l)oiit. presque droit en arrière.
Ses narines, de moyenne grandeur, obliques, s'ouvrent près du bord antérieur de la cire.
Tai'se épais, long à peu près comme le doigt médian avec ongle, emplumé sur la moitié
de sa longueur en avant seulement : couvert d'écaillés plus ou moins grandes, et hexagonales
sur la face postérieiu'e ; six grandes écailles transversales du côté antérieur. Doigts et ongles,
longs et forts.
Longueiu' du doigt médian sans ongle : .59mill. Longueur du tarse :SUmill.
L'aigle pygargue ha])ito actuellement l'Europe entière, le nord de l'Afrique et la plus grande
pai'tie de l'Asie.
D'après Shelley, Halial/lits albiciilt/s i^Vik[iieaii' sui'tout la région des lacs, dans la Basse-
Egypte, 11 semble, suivant Brehm et Shelley, qu'il y ait. sinon deux espèces européennes de
pygai'gue, du moins deux variétés. Le pygargue du nord atteint des dimensions bien plus
considérables, en effet, que celui des régions UK-ridionales de l'Europe ou du nord de l'Afrique,
La tarse di' Haliaëtus alhiriUus mesure de 85 à 100 millimètres, d'après M. Fatio'. Suivant
B. Sharpe' la longueur de cet os varie de 4 pouces 1 chez le mâle à 4 pouces 6 chez la femelle,
c'est-à-dire de J04 à ilG millimètres.
L'aigle pygargue reconnue parmi les oiseaux momifiés de la Haute-Egypte a une taille
beaucoup plus faible ; ses tarses n'atteignent que 80 millimètres de longueur. Ils ont donc des
dimensions sensiblement inférieures à celle des plus petits individus observés par M. Fatio.
Shelley considère la forme égyptienne comraiî une variété locale des ])ygargues d'Europe.
Le crâne de l'aigle pêcheur est remar([ual)le par son allongcnirut antéro-postérieur et sa
faible largeur post-orbitaire ; par ce caractère il se rapproche des milans.
L'aile est bien développée ; l'hunn'rus, li' t'ubitus et le radius sont longs et forts.
' Fatio, Faune des vertébrés de la Suisse : Oiseaux, p. 105, Genève, 1899.
* B. Sharpe, Calai, of the accip. Brit. Mus., p. 302, London, 1874.
132 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Le stenunn jirésente des proportions assez part iculirres : il est très alluniiV', avec une lai^geur
aussi grande en avant qii'(>n ari'ière contraircuicnl à ce qu'on i-cuiarquc dans la plupai't des
rapaces diurnes chez lesquels le sici-num est hiujours élar,ui plus ou moins dans sa partie pos-
térieure.
Le squelette du pyyargue que nous avons sous les yeux offre, un outre, un cas assez
l'are de dyssymétrie. La face latérale gauche du sternum porte huit articulations costales, tan-
dis que la face droite n'en a (jue sept ; il y a du côté gauche luie C(">te supidénientaire placée en
arrière des sept premières homologues de celles de la lace droite.
Les rayons des membres postérieurs, le tarse et le tibia surtout, rappellent également beau-
coup les formes et les proportions du geni-e Mih'i's. Les doigts sont plus puissants, mais le
doigt interne offre les mêmes pai'ticularités que nous avons signalées chez Milnis segyptivs
et Mllvits regaiis. La phalange basilaire très réduite est fusionnée en une seule avec la
seconde phalange.
En résumé l'ensemble du s(pielette tVHnh'ai'ti't; (ilbici/h's présente de grands rapports
avec celui des milans. Les nomlireux cai'actères anatomiques communs aux genres Haliaelus
et Miln's autorisent, croyons-nous, à les rapprocher et à réunii' le pygargue à la sous-famille
des jNIilvinés.
DIMENSIONS PRINCIPALES DU SQUELETTE
DE HALIAETVS ALUICILLVS. Linné
Longueur de la colonne vertébrale, de la première vertèbre cervicale à rextrcmité de la queue. 352"'"
Longueur de la tête osseuse 97
— du frontal à l'occiput 58
Largeur maximum du crâne . 49
— interorbitaire 21
Longueur de la mandibule supérieure (en suivant la courbure du bec) 55
— du sternum (de l'apophyse épisternale au bord postérieur) 107
Largeur du sternum en avant 51
— en arrière 51
Hauteur du bréchet 23
Longueur du coracoïdien 60
Longueur de l'omoplate 78
— de l'humérus 167
— du cubitus 201
— du métacarpien 84
— du doigt principal 58
— du bassin 75
Largeur antérieure du bassin 38
— • du bassin arrière des cavités cotyloïdes 47
Longueur des vertèbres caudales 58
— du fémur 97
— du tibia 142
— du tarso-métatarsien 80
— totale du doigt médian . . . . 81
— externe 60
— — interne 60
Longueur totale du pouce 58
UAPACES DIURNES 133
SOUS-FAMILLE DES BUTÉOININES
(^KXRK BUTEO. Bkghst
BUTEO DESERTORUM, Daudin.
(PI. 111, 1 à '., 6 à S. 10 et 12.)
Le Rougri, Levaillant, Hist. nat. des Oiseaux d'Afrique, p. 77, pi. XVII (1739).
Falco deserlorum, Daudin, Ornith., II, p. 162 (1800).
Buteo desertorum, Shelley, Birds of Egypt. p. 1^01 (1872). — B. Sharpe, Cat. of the Accip. Brit. Mus., vol. I,
p. 17'.» (1874). — Tristam, Fiuma of Palestine, p. 98 (1884).
La buse du désert se trouve momifiée aussi communément que Mikus œgyptius. Elle
est surtout fréquente parmi les oiseaux de proie des hypogées de la Haute-Egypte. On en a
compté 40 spécimens dans la collection du Muséum de Lyon : li sont des environs de Gîzé,
11 de Kôm-Ombo et 21 de R(')da (Haute-Egypte), près de Klimoundu. VHerDWpoUs des
Grecs, oîi se pratiquait le cidtedeThot.
La tête des buses est forte, assez élargie vers l'occipital. Le bec est comprimé de côté,
très crochu, avec arête arrondie et des bords inférieurs ondulés.
Les narines ovales et obliques s'ouvrent vers le bord antérieur de la cire Les lorums
sont couverts de poils.
Le tarse, bien plus court que le tibia, est emplumésur la moitié ou le tiers seulement de sa
longueur. La partie nue du tarse est couverte de larges écailles devant et derrière ; les faces
latérales sont réticulées.
Chez les buses, les doigts ont une longueur moyenne. Les ongles sont recourbés, assez
forts, surtout ceux du pouce et du doigt interne.
Buteo desertoniiu se distingue des autres formes du même genre par sa petite taille, des
tarses peu épais et des doigts courts. p]lle a, en outre, un plumage plus mêlé de roux que celui
de Buteo cnlgaris. mais ce cai-actère ne peut être utilisé que pour la dét(>rmination du très
petit nombre de spécimens momifiés chez lesquels lesplumes ne sont pas décolorés ou couvertes
de bitume.
Longueur du tarse de 68 à 73 mill. Longueui' du doigt miklian sans ongle de 32 à 34 mill.
Trois espèces de buses vivent actuelk'ment en Egypte : Bi'teo ferox. Buteo vulgaris
o[, Buteo desei-toriun. Celle-ci est la [dus petite des trois : elle li;i])ile rAli-ii[ue entière, la
pi''ninsule indienne et le sud-est de l'Europe.
La buse vulgaire est voisine de Buteo desei-tofuia. Cette forme se diiiéi'encie par des
ilimensions sensiblement plus faibles, des tarses un peu plus grêles et surtout pai' des doigts bien
plus courts.
Toutefois, les auteui-s ont noté d'assez gi'andes variations chez la bus(^ du désert. La
forme typi(iue se trouve dans le sud de l'Afrique. A'ers le noi'd, dans les régions avoisinant
la Méditeri'anée, on observe souvent des spécimens présentant des caractères intermédiaires à
Buteo desertoruiu et à BuAeo rulgaiis.
134 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Buteo descrtorum so montre peu actuellement dans le voisinage des villes, elle habite de
préférence les régions stériles et abandonnées. Tristram' dit iiii'cllc est ti'ès i-ai'i" en Palestine.
De son côté, Shelley° ne la cite qu'avec réserve parmi les oiseaux d'Egypte; il ajoute qu'elle est
plus commune en Lybie.
Les nombreux exemplaires de Ihtteo deserloruin qui ont été reconnus pai'mi les oiseaux
de proie de l'ancienne p]gypte prouvent que cette petite forme était beaucoup plus commune
autrefois que de nos jours. Déjà, pourtant, die était ])ien plus fréquente dans la Haute-Egypte
que dans le Delta, puisque, sui- une centaine environ d'oiseaux recueillis à Rôda, vingt-quatre
appai'tiennent à cette espèce.
Ihiteo deserlonimsi été en partie remplac/' dans la faune actuelle de l'Egypte par Buteo
ferox, espèce plus forte et plus rapace.
Les buses n'avaient pas encore été signalées au nombre des animaux embaumés par les
anciens Egyptiens.
Le squelette de Buteo desertorum est dans toutes ses parties bien moins robuste que celui
de la liuse commune. Les ailes, les pattes et les doigts sont relativement moins forts.
Dans sa région postérieure, le crâne a les mêmes proportions que chez Buteo culffaris,
mais le maxillaire, les os du nez et les lacrymaux sont moins développés.
Le sternum est pourvu d'une apophyse épisternale assez saillante et d'une carène médiane
qui se termine un peu en avant du l)ord postérieur ondulé. Les deux ouvertures latérales voi-
sines du bord postérieur man(pient souvent. Le sternum porte sept articulations costales. Les
apophyses hyosternale et hyposternale sont anguleuses. La face interne est percée sur la
ligne médiane de plusieurs trous pneumatiques.
Les diverses pièces de l'aile sont semblables à ce qu'on voit chez Buteo ru/j/uris, mais
toutes leurs proportions accusent une plus faible résistance. L'humérus et le cubitus en parti-
culier ont un diamètre plus réduit.
Il en est de même pour le bassin et les membres postérieurs dont le tibia et le tarse sont
moins épais que cliez la buse de nos pays. Le fémur porte vers son extrémité proximale deux
gi-ands orifices pneumatiques; la ligne intermusculaire antérieure s'étend sur les deux tiers de
la longueur du fémur, elle est bien plus courte chez les autres buses.
Sur le tarso-métatarsien. l'insertion du til)ia antérieur se fait à une plus failde distance
de l'articulation til)io-tai'sienne, cette disposition indique une puissance de flexion un peu moin-
dre. Les doigts sont courts et minces. Le doigt interne et le pouce, très forts chez la buse
vulgaire, sont peu développés chez Buteo desertorum. Le trou de l'adducteur du doigt externe
est petit.
En un mot, le sipielette de la l)use du désert ressemble beaucoup au squelette de la buse
de nos pays, mais les ditiérentes parties des membres sont moins fortes, moins spécialisées.
Le tableau suivant donne les dimensions du squelette de Buteo desertoruoi, momifié,
de Gizé, et de Buteo ruic/uris moderne, des environs de Lyon.
' Tristrani, Fauna and Flora of Palestine, Londoii, 1884, p. 98.
' Shelley, Dirds of Egypt, London, p. 201.
UAPACES DIURNES i35
DIMENSIONS PRINCIPALES DU SQUELETTE
DE nVTEO DESERTORVM ET BVTEO VILGARIS
Buteo Butco
desertorurn vulgaris
momifié moderne
Longueur de la colonne vtilébrale, de la première yeitèbre cervicale à l'extrémité
de la queue 226'°"' 248"""
Longueur de la tête osseuse 71 79
— du frontal à l'occiput 48 50
Largeur maximum du crâne 43 45
— interoibitaire 13 14
Longueur de la rnandidule supérieure (en suivant la courbure du bec) 34 39
— du sternum (de l'apophyse épisternale au bord postérieur) 62 67
Largeur du sternum en avant 32 37
— — en arrière 40 45
Hauteur du bréchet 16 16
Longueur du coracoïdien 36 33
— de l'omoplate 49 59
— de l'humérus 100 108
— du cubitus 113 120
— du métacarpien 58 60
— du doigt principal 35 3g
— du bassin 48 57
Largeur antérieure du bassin 25 27
— du bassin en arrière des cavités cotyloïdes 34 37
Longueur des vertèbres caudales ^0 43
— du fémur 73 76
— du tibia 100 103
— du tarso-métatarsien 73 75
— totale du doigt médian 45 4y
— — externe 33 37
— — interne 33 38
— totale du pouce 31 36
BUTEO FEROX, Gmelin
(FI. IV,)
Falco i-ufinus, Creiziichmai-, Atlas zu (!e7- li'eise im Nordlichen Africa von E. Riippel, p. 40, pi. XXVII
(1826).
Buteo 1-ufînus, Gray, l/ie Gênera of Birds, vol. I, p. 2 (1849).
Buteo ferox,GTay, Handlist B.,\o\l,^. 6 (1869) — Shellt-y, S(Vrf« o/' i'f/y/j/, p. 201, pi. IX (1872) — B.
Sharpe, Cai. of the Accipit.,\). 176(1874) — Tristram, Fauna and Flora of Palestine, it. {)8
(1884).
Suivant Tri.stram. Buieo ferox est connu des Ai'abe.i sous le nom de s/iahin.
Bufco f'erox (.'fit rcpvésL'nié iràv i.[umze individus provenant tous delà Haute-Kgypt(S
9 de Rôda et G de Kôm-ûmbo.
Chez cette lni.se, les tonnes de la tète, du tibia, du tarse et des doigts sont voisines de
celles indiquées pour Buteo desertoruni. mais sa taille est beaucoup plus élevi'^e. Elle di'passe
même notablement celle de Buteo cuh/aris.
Le bec, tfès comprimé sur les côtés, est fortement crochu.
Les tai'ses sont emplumés sur le tiers de leur longueur et en avant seulement. Ils portent
o
130 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
devant et derrière douze à treize lai'g-es plaques écailleuses transversales. Les doigts sont épais
et relativement courts. Les ongles du jiouee et du doigt intci-ne sont liion plus développés que
ceux des autres doigts.
Les plumes de la tête et des côtés sont do couloui- jaune clair ; celles des parties inf(M'ieures
du corps sont de couleur crème.
Longueur du tarse : 89 à 92 mill. Longueur du doigt médian sans ongle, 38 à 40 mill.
Les grandes dimensions de Bi'teo ferox la ditïérencient bien des espèces de buses
qui vivent en Afrique, notamment àe Buteo deactiorum et de Biifeo culgaris. Pourtant Bide
ferox présente, ainsi que la buse du désert, d'assez grandes variations, et il est pai'lbis difficile
d'après B. Shai'pe, d'identifier certains individus dont la taille et le plumage offrent des parti-
cularités intermédiaires entre Buteo ferox et Buteo viflr/aris.
Bufeo aitgiir. Riippell. (jui habite l'Abyssinie et les régions environnantes, est voisine
de Buteo ferox. Elle se distingue de celle-ci par les plumes de la tête et des oreilles qui sont
noires, tandis qu'elles sont jaunes ou roux clair chez Buteo ferox, comme nous avons pu
l'observer sur plusieurs momies.
L'habitat de Buteo ferox est de nos jours assez étendu. Cette buse vit dans le nord de
l'Afrique, le sud-est de l'p]urope. en Perse, dans Tludc et jusque dans les monts Himalaya'.
On la trouve dans toute la vallée du Nil.
Suivant ShelleyS Buteo ferox Gsihïen plus commune sur le Haut-Nil et en Nubie que
dans la Basse-Egypte. On ne l'observe que rarement dans le delta et en hiver seulement. Elle
niche au mois d'avril.
L'étude des oiseaux anciens de l'Egypte montre à l'époque ptolémaïque une répartition
toute différente des deux formes de buses : Buteo ferox et Buteo desertoruiu.
Autrefois, Buteo desertoruméiàiiV espèce la ]»lus répandue, on la trouve en effet en grand
nombre parmi les oiseaux momifiés provenant de la Haut("-Egypti\ et même parmi ceux de
Gizé. Maintenant, la petite buse du désert est très rare dans la partie inférieure de la vallée du
Nil, elle ne se voit que dans les régions reculées et désertes des bords du Haut-Nil.
Aueonti'aire. la grande buse féroce qui, à l'époque ancienne, habitait la Haute-Egy]ite en
petite quantité, devient peu à peu jdus nombreuse et se montre de nos jours non seulement dans
ta. mais jusque dans le sud-est de l'Europe.
le ne
La tète osseuse de Buteo ferox est grande, ses dimensions relatives sont à peu près les
mêmes que dans Buteo desertorum. La face inférieiu-e du crâne présente aussi la même struc-
ture; l'extrémité antérieure des ptérygoïdiens s'articule à la fois avec le basisphénoïde et le
palatin .
Le sternum est un pcui plus élargi en arrière que chez la buse du désert, les apophyses
hyposternales sont plus développées, elles s'étendent davantage en arrière et forment ime
légère concavité sur le prolongement de la carène médiane du sternum.
L'aile est très puissante : le coracoïdien. l'humr'rus et le cul)itus sont fortement déve-
loppés.
' Catal. ofBirds of Brit. Mus., London, 1874, vol. I, p. 178.
- Shelley, Ihe Birds of Egypt, p. 201, London, 1872.
RAPACES DIURNES 131
Dans lo bassin la moitié antérieure est i^rande: la partie postérieiii-e purte une profonde
gouttière médiane sur sa faee dorsale.
Les os delà patte ont les mêmes proportions relatives (pie eiMix de Taile, notamment le
fémur et le tibia chez lesquels le diamètre est fort. Les doiiitssont relativement plus coui'ts (pie
ceux de la buse vulgaire. Le doigt (^xt^rne est le plus réduit.
DIMENSIONS PRINCIPALES DU SQUELETTE
DE BVTEO FEROX, Gmiîlin.
Longueur de la colonne vertébrale, de la première vertèbre cervicale à l'extrémité de la queue. 302™
— de la tète osseuse 88
— du fcontal à l'occiput 57
Largeur maximum du crâne 51
— interorbitaire 18
Longueur de la mandibule supérieure (en suivant la courbure du bec) 53
— du sternum (de l'apophyse épisternale au bord postérieur) 80
Largeur du sternum en avant 40
— — en arrière 51
Hauteur du bréchet 19
Longueur du coracoïdien 48
— de l'omoplate "0
— de l'humérus 131
— du cubitus 148
— du métacarpien ~4
— du doit principal , 50
— du bassin 65
Largeur antérieure du bassin 31
— du bassin e'i arrière des cavités cotyloïdes 43
Longueur des vertèbres caudales 60
— du fémur 89
— du tibia 125
— du tarso-métatarsien ■ • 92
— totale du doigt médian 54
— — — externe 38
— — — interne 42
— totale du pouce 40
BUTEO VULGARIS, Linné.
(PI. III, 5, 9 et 11.)
Buteo vu'garis, Gould, Bircls of Europe.^!. XIY (iSSl) — She\[ey,Birch of Ec/ypl, p. 200(1872). — B. Sharpe,
Cat. of the Accipitresofthe Brit. Mus.. , vol I, p. 186(1874). — Tristram, Fauna and Flora of
Palestine, p. 98 (1884).
La buse vulgaire se trouve momifiée en plus petit nombre ({U(^ les deux luises précédentes.
11 en a ébj reconnu 10 spécimens seulement : 4 des environs de Gizé, ,5 de K('im-(.)mbo et
1 de Rôda.
Le tarse est emplumé sur près de la moitié de sa longueur du côté antérieur. 11 porte en
avant et en arrière 9 à 10 plaques trans\'ersales.
Arch. Mus. — T. VIII. * 18
138 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Les doigts sont épais et dt; longueur moyenne, le médian et l'externe plus grands relati-
vement que dans Ihdeo ferox et Buteo descrlornia. Les ongles sont recourbés et forts,
surtout ceux du pouce et du doigt interne.
La face supérieure du corps est brune, la face inférieure est variée de roux et de brun.
En ce qui concerne les autres caractères ayant trait à la forme de la tête, du bec, au
rapport de longueur du tibia et du tarse, ils sont conununs à toutes les espèces du même
genre.
Longueur du tarse : 71 k 80 mill. Longueur du doigt médian sans ongle: 31 à 39 mill.
Buteo fulgaris habite actuellement la plus gi-ande partie de l'Europe ainsi que l'Asie
Mineure et l'Asie centrale. On la trouve aussi, suivant Shelley et Brehm, dans le nord de
l'Afrique, mais rarement et seulement en hiver.
A l'époque ptolémaïque ou gréco-romaine, cette buse n'était pas beaucoup plus fréquente
en Egypte que de nos jours : elle s'y montrait sans doute au moment des migrations, comme le
font encore la plupai"t des oiseaux de proii^ de l'Europe.
Genre CIRCAETUS. Yieillot
CIRCAETUS GALLICUS, Gmelin.
Le Jean-le-Blanc, Brisson, Orniilt., I, p. 443 (1770).
Falco Gallicus, Gmelin, Syst. nat., I, p. 295(1788).
Circactus Gallicus, Gould, Birds of Europe,!. p\. XIII (1837) — Shelley , Birds of Effypt, p. 202(1872).—
B. Sharpe, Cat. of Accipitres Bril. Mus., p. 280 (1874) — Tristram. Fauna and Flora of Pales-
tine, p. 101 (1884).
Le Jean-le-Blanc est représenté dans la collection par trois spécimens provenant de Kùm-
Ombo : un individu adulte complet, un jeune en mauvais état de conservation, et une patte d'un
troisième individu.
La tète de Cifcaëtus Galliciis est large et grosse, les orbites sont très grandes.
Le bec est crochu, comprimé sur les côtés, à arête arrondie, et bords inférieurs presque
droits. Les nai'ines ovales, piMi oliliques, ossifiées chez l'adulte, s'ouvrent sur le bord antérieur
de la cire. Les lorums sont couverts de poils, la cire est courte.
Le tarse peu épais, d'un tiers plus long que le doigt médian avec l'ongle, est emplumé
en avant sur un quart à peine de sa longueur, sa surface nue est entièrement réticulée. Les
doigts sont courts, les latéraux environ de même longueur.
Circaëtus G^ai^fe^w a des ongles peu reeourliés. relativement faibles. La face externe de
l'dULile du doigt médian est un peu concave.
La cire et les jambes sont bleuâtres, le bec est brun.
Longueur du tai'se : 89 mill. Longueur du doigt médian sans ongle : 52 mill.
Le .Jean-le-Blanc est un rapace particulier aux contrées méridionales de l'Europe et du
nord de l'Afrique. Il vit dans toutes les régions avoisinant la ■NléditerraniH', dans la p(''ninsule
indienue et plus rarement dans l'Europe centrale.
RAPACES DIURNES 139
D'après Sholley *, Circaiitus Gallicm est assez commun de nos jours en Egypte et en
Nubie, où il fréquente les régions montagneuses.
B. Sharpe " mentionne quelques autres formes du genre Circa'étus dans la faune africaine
actuelle, mais elles ne sont connues que dans les parties plus méridionales et centrales du
continent.
Le crâne de Circaetus GalUcus se reconnaît à ses cavités orbitaires très grandes, à ses
narines complètement ossifiées chez l'adulte. La convexité sus-nasale très accusée chez les
buses est bien plus faible chez le Jean-le-Blanc.
Les ailes sont fortes, les humérus en particulier sont beaucoup plus grands que dans le
le genre Buteo. Le sternum est moins élargi en aiTière, la carène médiane ne le traverse pas
dans toute sa longueur, elle se termine à une distance un peu plus grande que chez les buses
(.lu bord postérieur.
En ce qui concerne les os de la jaui])i', leurs proportions sont environ les mômes que chez
les buses. La face dorsale du bassin présente des fosses iliaques profondes. Le fémur, le tilna
et le tarse ont la même forme que chez Butco ferox. Toutefois l'empreinte tibiah' est, chez le
Jean-le-Blanc, plus rapprochée de l'ai'ticulation tibio-tarsienne; le doigt interne et le pouce
sont plus faibles.
Comparé à un squelette actuel de la même espèce, le squelette du Circa'étus GaUicus
momifié parait présenter en plusieurs points des formes plus lourdes, moins spécialisées.
Le bassin et le sternum par exemple sont plus volumineux chez l'individu ancien, alors
que l'humérus au contraire est plus grand chez l'indi\'idu moderne. Ces difiérences et quelques
autres moins appréciables font apparaître le squelette du Circaetus Gallicusde l'ancienne Egypte
comme représentant un type moins évolué, semble-t-il, que le Jean-le-Blanc actuel. Il ne s'agit
peut-être là que de variations individuelles et sexuelles, mais il est néanmoins intéressant de
les noter en attendant qu'on puisse rechercher leur signification par des oliservations répétées
sur un grand noml)re d'individus.
Le tableau suivant met en regard les dimensions du squelette de deux individus de cette
même espèce, l'un momifié, l'autre moderne.
DIMENSIONS PRINCIPALES DU SQUELETTE
DE CIRCAETUS GALUCUS, Gmelin.
Cii'caëttts GalUcus
Momilié MoJerne
Longueur de la colonne vertébrale, de la première vertèbre cervicale à l'extrémité
de la queue 325""" 314"""
— de la tête osseuse 102 99
— du frontal à l'occiput 63 62
Largeur maximum du crâne 65 64
— interorbitaire • . . . 28 25
Longueur de la mandibule su|iérieure cil suivant la courbure du beo 62 57
— du sternum (de l'apophyse épisteniale au bord postérieur) 85 84
Largeur du sternum en avant 51 48
— — en arriére 58 49
' Shelley, Birds of Egypt, p. 202 (1872).
2 Sharpe, Calai, of Birds of ihe Bril . Mus , vol. I (1874).
•140 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Circaétus Gallicus
Momifié Moderne
Hauteur du bréchet 19""" 20"'
Longueur du coracoïdien 53 53
— de l'omoplate 73 70
— de rhumérus 160 163
— du cubitus 189 190
— du métacarpien 79 79
— du doigt principal 57 55
— du bassin 77 77
Largeur antérieure du bassin 34 35
— du bassin en arrière des cavités cotyloïdes 45 40
Longueur des vertèbres caudales 60 55
— du fémur 80 7'.t
— du tibia 123 124
— du tarso-métatarsien 86 85
— totale du doigt médian ... 68 64
— — externe 50 46
— — interne 52 50
— totale du pouce 45 40
SOUS-FÂMlLLE DES ÂQUILINÉS
Genre AOriLA. Brissox
AQUILA IMPERIALIS, Bechstein.
Falco ùnperialis, Bechst., Taschenh. Vôg. Leulscldand, lU, p. 553 (1801).
Aquila heliaca ,Q3.\\g\\y , Description de l'Egypte,\.. XXIH, p. 319 (1828). — Gould. Birdi< of Europe, pi. V (1837).
— Sharpe. Cat. of. the Accip. Brit. Mus., p. 238 (1874).
Aquila imperialis, Shelley, Birds of Egypt, p. 205 (1872). — Tristram, Fauna of Palestine, p. 99 (1884).
L'aii;ie de Tlièbes n'est repi-ésonté clans la collection que par doux individus provenant l'un
de Roda, l'autre de Kôm-Ombo.
Chez Aquila imperialis le ])ec lony . peu crochu, est ti'ès comprimé sur les côtés. La cire
est un peu moins lonijue que dans l'aigle fauve.
Les narines sont ovales, presque verticales, avec un repli à leur liord antérieur: elles
s'ouvrent à une faible distance, de l'étui corné du bec. Les lorums sont couverts de poils.
Le tarse, entièrement emplumé jusqu'aux doigts, est robuste et un peu plus long que le
doigt médian avec l'ongle.
Les doigts sont épais, peu allongés, réticul(''S plus ou moins finement sauf vers leur (extré-
mité oii ils portent, en arrière de l'ongle, le doigt médian : quatre à cinq larges écussons : les
latéi'aux: deux ou trois seulement.
Longueiu- du tarse: 92 mill. Longueur du doigt médian sans ongle : i")S à (iO mill.
Extérieurement Aquila imperialis. Bechst., diffère i}^ A<iaila fiiJi-a par la foi'me des na-
rines, la couleur des plumes de la nuque et surtout par les proportions des tarses et des doigts.
D'après M. Fatio' A<jtnlit fidca à des narines su])arrondies ou ovales et légèrement
' Fatio, Oiseaux de la Suisse, vol. II, p. 75 et SI, ûg. 11, Genève, 1899.
liAl'ACKS DintXKS 141
obliijues. k's pluiiirs effilées de la nuque il'un brun roussàtre ou d'un roux jaunâtre chez l'adulte;
la longueur du tarse varie de 90 à 105 millimètres, la longueur du doigt médian sans ongle est
de C)o à 80 millimètres».
Chez Aquila nnjjcrialis, suivant le même auteur, « les narines sont ellipti([ues, allongées
et quasi verticales, avec un pli rentrant généralement ])icn accentu('' au bord antéi-icui-. Ongles
un peu moins forts (pie chez Aquila faim. Plumes effilées de l'occiput et de la nuque roussà-
tre pâle ou d'un blanc jaunâtre. Tarse de 88 à 98 millimètres. Doigt médian sans ongle de
59 à 68 millimèti-es ».
Aqi'ild ///^vr'/vVA/Z.s' habite le sud-est de l'Europe, le nord de l'Afrique et une partie de
l'Asie. Pendant l'hiver on le rencontre assez fréquemment dans la Basse-Egypte : il est plus
rare au sud du Caire. Si l'on en juge d'après le petit nombre de spécimens reconnus parmi les
oiseaux de l'ancienne Kgvpte, cet aigle était autrefois aussi rare dans la vallée du Xil qu'à
notre époque.
Comparé au squelette à'Aqtn'la f/'h-a. celui d\[q//il(( imqx'ridlis se distingue par plusieurs
caractères assez nets.
La tête osseuse a les mêmes dimensions environ dans les deux formes, mais le bec et
toute la région maxillaire sont plus développés chez .1. imperialis que chez .1. fuira. La
parti(> postérieure de la tête, le crâne proprement dit. est au contraire plus grand dans .1 .falva
que dans .4. impej-iaUs.
Les rayons osseux de l'aile, très grands dans les deux espèces, sont plus robustes chez
fahxi que chez iDiperialis. L'humérus de faim, par exemple, présente un diamètre minimum
de 12 millimètres pour une longueur de 118, alors que dans le spécimen momitié d'.l. hn-
perialis, cet os n'a que 10 millimètres de diamètre pour une longueur de 122.
Relativement aux membres postérieurs, les différences sont encore plus tranchées. Le
fémur, le tiliia et le tarse ont des dimensions plus faibles chez .1. Iiaprrialis. Les doigts en
particulier, dont la longueur peut, poui- ainsi dire, servira mesurer le degré de rapacité, l'ap-
titude à prendre des oiseaux de proie, sont bien plus longs et forts chez falva.
En résumé, les diverses parties du squelette d'.-l. iaiperlalis monaitié semblent indiquer
une forme beaucoup moins évoluée, moins spécialisée qu'^l. falra actuel.
Le tableau suivant met en parallèle les dimensions du squelette dans ces deux formes.
DIMENSIONS PRINCIPALES DU SQUELETTE
h'AQVlLA lilPERlALIS MOMIFlÉ ET h'AQUILA FULYA MODERNE
A quila Afjuîla
imperialis fulva
Longueur de la colonne vertébrale, de la première vertèbre cervicale à l'extrémité
de la queue 420"°" 420'""
Longueur de la tête osseuse 115 11 'i
— du frontal à l'occiput 63 69
Larjieur maximum du crâne 62 63
— interorbitaire 25 25
Longueur de la mandibule supérieure en suivant la courbure du bec 7t) 73
142 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Aquila Aquila
impérialU fulva
Longueur du sternum (de l'apophyse épisternale au bord poslérieur) 122""° 118"""
Largeur du sternum en avant 63 66
— — en arrière 72 72
Hauteur du bréchet 26 29
Longueur du coracoïdien 68 68
— de l'omoplate 94 97
— deriiumérus 188 183
— du cubitus 219 211
— du métacarpien 99 100
— du doigt principal 64 60
— du bassin 09 93
Largeur antérieure du bassin 46 47
— du bassin en arriére des cavités cotyloïdes 60 62
Longueur des vertèbres caudales 77 78
— du fémur 113 124
— du tibia 150 168
— du tarso-métatarsien 92 104
— totale du doigt médian 85 93
— — externe 63 68
— — interne 67 72
Longueur totale du pouce 65 75
AQUILA MACULATA, Gmelin.
(PI. V.)
Falco maculaius, Gmelin, Si/sl nul., I, p. 258 (1788).
Aquila melanaélos, Savigny, Système des Oiseaux de l'Egypte (Description del'Egypte.i. XXII I, p. 253, 1828).
Aquila nœvia, Gould, Birds of Europe , I, pi. VIII (1837) — Shelley, Birds of Egypl, p. 206 (1872).
Aquila maculata, Sharpe, Catal. of tlie. Accip. Bnt. Mus., vol. I, p. 246 (1874).
Aquila clanga (maculala s. sp.), Sharpe, Cat. ofthe Accip. Brit. Mus., vol, I, p. 248 (1874).
Suivant Savigny, les Egyptiens nomment O'qàh, les aigles en généi'al, mais Aquila
'tnacîclafa est poui' eux VO'qàb pi'opi'cment dit.
Cet aigle est des plus communs pai-mi les oiseaux momifiés de l'Egypte ancienne. On en
a compté 27 individus : 1 1 proviennent de Kôm-Ombo. 1"2 do Rôda, 1 de Gîzé.
La tète est allongée, peu lai'ge dans la l'égion postofbitaii'e. Le bec est faiblement élevé
et i'ecour])é.
Les narines sont de grandeur moyenne, obliques et ovales, à boi'd antérieui^ non plissé.
Chez .4. iiiaculuta, le tarse, l'mpluuK'' sur toute sa longueur, est éti'oit et haut. Les doigts
et les ongles sont faibles.
Dans cette espèce, les dimensions des membi'es vai'ient beaucoup. Les chiâi-es suivants
indiquent les limites des variations (pie nous avons observées.
Longut'iif du tarse : S9 à 96 mill. Lonmieur du doigt médian sans ontjie : 46 à 51 luill.
Sous le nom à' Aquila maculata sont réunis ici des aigles appartenant au.x variétés nom-
mées par M. Fatio : A. nœvia minor et A. nœoiu inajor. Il n'a pas été possible de distinguer
ces deux vainétés, car entre les plus |)etits individus et les plus grands nous avons trouvé tous
les intermédiaires. Il ne s'agit là, peut-être, que de variations individuelles ou sexuelles.
Chez les indi\idus de grande taille, la longueur des tarses est quelquefois la même que
lîAl'AGES DIURNES 143
chez l'aigio oi-iontal (Â. clujiga, Pallas, ou Mogllutch, Gin.) ot chez A. iuqja-iulis. Mais dans
ces deux dernières espèces, la tète, les ailes, les doigts et les ongles, sont toujours beaucoup
plus grands. De plus, si l(;s tarses des grands spécimens (VAquila marulaln ont souvent la
même longueur cpie ceux des petits in(Uvi(lus AWqinin claïuja, Pallas, ou d'.l. 'napn-Udis, si
parfois raènii^ ils sont plus grands, ils ont, par contre, toujours un diamètre bien moindre.
Ainsi des tarses de 9t) millimètres de longueur ont une épaisseur minimum de 0,.5 millimètres
dans A. maculata, alors que, chez A. imperialis^ les tarses de !)2 millimètres seulement do
longueur mesurent 9 millimètres d'épaisseur. Le doigt médian do celui-ci est long de 58 milli-
mètres, tandis ([u'il n'a cpie 4U millimètres chez l'individu à tarses plus longs d'jl. macidata.
L'aigle Bonelli('iVme^w5/as(7/a<z<5, Vieillot), dont les tai'ses ont la mènu! longueur environ
que ceux de l'aigle maculé, se distingue également par des doigts et des ongles bien plus
allongés.
La tèt(^ osseuse d'.i. ntaciilata se diftérenci(.' des autivs formes du même genre par son
diamètre antéro-postérieur relativement élevé, et la faible largeur de son occipital (pi. \).
Dans son ensemble, le squelette de cet aigle (\st peu robuste. Les divers rayons des
ailes et des pattes présentent une gracilité remarquable, pai'ticulièrement l'humérus, le tibia
et le tarse. La structure des différentes parties des membres n'offre rien de spécial.
Le sternum est allongé d'avant en arrière, sa face interne estcriblée de trous pneumatiques,
les fenêtres postérieures manquent souvent.
Le bassin a environ les mêmes proportions tyxw dans.l. «'/jyj^rmfo,- toutefois, sur sa face
dorsale, la gouttière uK^lianc de la n'^gion cotyloïdi('nn(i-post(''rieure est un peu plus profonde
et rappelle davantage ce qu'on voit ehrz les buses.
Le tableau suivant donne les ilimensions du squelette chez des individus momifié's des
deux formes, .1. maculata et A inipo-ialis.
DIMENSIONS PRINCIPALES DU SQUELETTE
D'AQUIl.A MACULATA KT A. IMPERlALIS
Aqitila Aquîla
intiriilata ijnpcrinlis
Longueur de la colonne vertébrale, de la première vertèbre cervicale à l'extrémité
de la queue 312™™ 420""'
Longueur de la têle osseuse 92 115
— du frontal à l'occiput 60 63
Largeur maximum du crâne 50 62
— interorbitaire 16 25
Longueur de la mandibule supérieure eu suivant la courbure du bec 45 76
— du sternum (de l'apophyse épisternale au bord postérieur) 82 122
Largeur du sternum en avant 44 63
— — en arrière 48 72
Hauteur du bréchet. 19 26
Longueur du coracoïdien 50 68
— de l'omoplate 70 94
— de l'humérus 137 188
— du cubitus 168 219
— du métarcapien 72 99
— du doigt principal 4S 64
— du bassin fi7 99
Largeur antérieure du bassin 31 46
144 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPIE
.1, raaculata A. inipcrîalis
ilUUI
Largeur du bassin en arrière des cavités cotyloïdes 41 60'
Longueur des vertèbres caudales 58 77
— du fémur 83 113
— du tibia 127 150
— du tarso-métatarsien 90 92
— totale du doigt médian 59 85
— — externe 43 63
— — interne 45 67
— Longueur totale du pouce 38 65
AQUILA PENNATA, Gmelin.
Falco pennatus, Gmelin, Syst. nat., L p. 272 (1788.)
Aquila minuta, Brehm, t'oget Deutschl., p. 29 (1831.)
Aquila pennala, Gould, Birds of Europe, I, pi. IX (1837). — Shelley, Ei>-ds of Egypt, p. 207 (1872). — Tris-
tram, Fauna and Flora of Palestine, p. 100 (1884.)
Nisaetus pennatus, Sharpe, Cat. of Birds of Brit Mus., vol. I, p. 253 (1874.)
L'aigle ])otté a été reconnu parmi les oiseaux momifiés de l'Egypte, d'api'ès quatre indi-
vidus : trois des hypogées de Gizé, un seul de Kùin-Ombo.
Aquila i^nnata est cai^actérisé par son liée court, recourlié, ses narines ol)liques et
rapprochées du bord antérieur de la cbe.
Les tarses, emplumés devant et derrière jusqu'à la liase des doigts comme chez les autres
aigles, sont courts et trapus. Le doigt médian, av(>c l'ongle, est environ aussi longqueletai'se.
Aquita pennala est une forme de petite taille.
Longueur du tarse : 55 à (iO mill. Longueiu- du doigt uKMlian sans ongle : 40 à 44 mill.
Ce petit aigle a une aire de dispersion étendue. On le trouve dans tous les pays bordant la
Méditerranée, dans l'Inde entière et à Ceylan. Il n'est pas rm-e en Egypte et en Nubie oîi
Shelley et Brehm l'ont toujours observé par paires et par familles, jamais seul. L'aigle botté
est un vrai rapace, il poursuit tous les petits oiseaux. En Egypte on le voit sui'tout chasser les
tourterelles dans les forêts de palmiers.
Par les proportions de ses tarses et de ses doigts, Aquila pcnnata ne peut être confondu
avec les autres espèces d'aigles, pas plus qu'avec la buse pattuo, Archihuteo lagopvs, Gmelin,
dont le tai^se atteint environ la même longueur que celui de l'aigle botté, mais qui en diffère
par sa face postérieure écailleuse au lieu d'être emplumée.
La tête osseuse AWquila pennata est moins allongée dans le sens antéro-postérieur que
le crâne des aigles de grande taille, beaucoup moins notamment que celui à! Aquila inaculata.
Par son diamètre occipital relativement grand, le crâne i^ Aquila pennala rappelle la forme
propre aux faucons, mais dans sa région antérieure il présente tous les caractères desaquilinés,
c'est-à-dire des maxillaires de failde hauteur avec des lacrymaux courts et larges.
Les os de l'aile ont les mêmes proportions que chez h^s autres aigles; S(Md l'Immérus est
plus fort, surtout vers son extrémité proximale.
Dans la région hyposternale, le stenium est plus élargi que chez .1. luaculala, mais sa
RAPACKS DUliXKS
145
carèno médiane so tormin(\ coinmo dans le stoi-num do co dornior. un iioii on avant du bord
postérieur.
Le fémur- et 1(> tiliia ont la même lormo (pie chez Taii^ie tacheté ; c'est par le tarse et les
doigts que l'aiLile Itotté s'écarte le ]tlus des grandes espèces d'aigles. Le tarse, épais et court,
(le hi ui("'me longueur environ ([uo le doigt m(''dian avec l'ongle, rappelle en efïet l(^s propor-tions
(ju'ou reniar({ue chez les faucons. (iuoi(pie sa structure soit id(:'nti(]ue à ce cpi'elle est chez les
Aquilinés. Dans ces deux group(>s le métatarsien présente dos difiérences ostéologiques con-
stantes : chez tous les Faucons que nous avons examinés, le fléchisseur du m(Hatarsien s'insère
près de la face interne do l'os, immédiatement au-dessous du pertuis interne siqu'-rieur: chez
les aigles, les buses, et (pi(d([uos autres oiseaux de proie, il s'insère au contraire, près do la
face externe à une plus grande distance de l'articulation tibiale. Go caractère pei'inot do dis-
tinguer à pi'omi(''ro vue les m(''tatarsiens d'un aigle (l(^ ceux d'un faucon.
DIMENSIONS PRINCIPALES DU SQUELETTE
D'AQUILA P£VV.ir^,GMELiN
Longueur de la colonne vertébrale, de la première vertèbre cervicale à l'extrémité de la queue . 225°""
— de la tète osseuse 71
— du frontal à l'occiput 48
Largeur maximum du crâne 43
— interorbitaire 15
Longueur de la mandibule supérieure en suivant la courbure du bec 35
— du sternum (de l'apophyse épistcrnale au bord postérieur) 61
Largeur du sternum en avant 32
— — en arrière 40
Hauteur du bréchet • 16
Longueur du coracoidien 37
— de l'omoplate 50
— de l'iiumérus 98
— du cubitus 124
du métacarpien 54
— du doigt principal 35
— du bassin 47
Largeur antérieure du bassin 26
— du bassin en arrière des cavités cotyloides 34
Longueur des vertèbres caudales 51
— du fémur 68
— du tibia 95
— du tarso-métatarsien •. . . 57
— totale du doigt médian "... 55
— — externe ; 38
^- — interne 40
Longueur du pouce 38
Arc.h. Mus. — t \1I1.
'19
146 FAUNE DE L ANCIENNE EGYPTE
SOUS-FAMILLE DES FALCONINÉS
Genre FALCO. Lixxé
FALCO FELDEGGII, Schlegel.
(l'I. VI. de 1 à 8.)
Falco Feldeggii, Schlegel, Ab/iand. Geb. Zool., 1841, p. 3, pi. X, XI. — B. Sliarpe, Catalogue of Ihe Acci-
fiitres of the B. M., 1874, p. 389. — Gurney, Notes on a Catalogue of tlie Acoipitres of tlie B. M. by
B. Sharpe, 1874 (Ibis, 1882, p. 439). — Dresser, on the Synonyniy of some paUearctic Birds (Ibis,
1893, p. 377).
Falco tant/pterus. Schl., Abhandl. Geb. Zool., 1841, p. 8, pi. XII, XIII. — Gray, Handlisl, 1869, vol. I,p.20.
— B. Sharpe, Cat. of Ihe Accipil. oftheB. M., 1874, p. 391.
Falco lanarius, Gould, Ihe Birds of Asia, 1850-1883, vol. I, pi. VI. — Gray, Handlist of gen. and spec. of
Birds, 1869, toI. I, p. 19, n" 171. — Shelley. A Handbook tothe Birds of Egypt, 1872, p. 188.
D'après Tristram Falco Feldeggii est connu des Arabes de la Palestine sous le nom de
sahhr shaheen, mais, suivant Sharpe et le D'' Arbel', le shaheen est Falcu pcrcgrinator.
Il est très probable que ces deux formes de faucons sont le plus souvent confondues par les
Arabes et désignées sous le même nom.
Falco Feldeggii est représenté par (i individus : i de Gizé, 2 de Kôm-Ombo et 3 de
Rôda.
Bec court à arête arrondie avec une dent latérale aiguë.
Tarse emplumé sur une très faible partie de sa longueur et en avant seulement. Aspect
réticulé devant et derrière.
Le doigt externe est sensiblement plus long (30 millim. sans ongle) que le doigt interne
(25 millim.) ; médian un pou plus court que le tai'se.
Longueur du tarse : 40 millimètres : longueur du doigt médian sans ongle : 43 milli-
mètres.
Pai'mi les faucons de l'ancien monde, trois espèces du genre Falcu ont seules des
cai'actères se rapprochant de ceux exposés plus haut. Ce sont : Falco habglonicus, Gurney-, qui
habite le nord-est de l'Afrique, la Mésopotamie, l'Asie Centrale, le Turkestan et le Népal,
Falco Feldeggii, Schlegel, connu dans les régions bordant la Méditerranée et dans le nord-est
de l'Afrique; Falco tajigpfenis. Schl., do la Nubie et du bassin du Niger.
D'après Shelley^, qui a pu étudier sur place ces faucons, la longueur du tarse de Falco
bahylonici's est de 51 millimèti'es, c'est-à-dire très voisino do co qu'elle est chez F. Fel-
deggii ( 1'.) millim.). ^lais, dans cotte dernière espoeo, la brièveté du doigt médian est bien
plus accentuée (43 millim. sans ongle) que dans Falco bubgloniciis (51 millim. sans
' D'' Arbel, Compte rendu d'une mission scientifique aux Indes &vi'^la\sQs( Bulletin Muséum Paris, [>. 108, 1902).
* Gurney, Notes on Birds observed in Oudb and Kumaon (Ibis, 1861, pi. VII, p. 218).
3 Shelley, Birds of Egypt, 1882, p. 189 et 190.
JiAPACKS DIURNES 147
ong'lo). Cette particularité permet de distinguer i^«/ra Feldcgyu de la plupart des espèces du
même genre. Chez les autres Falco et notamment chez F. pereyriaus, que l'on rencontre
en Egypte comme dans presque toutes les parties de l'hémisphère arctique, le doigt médian
sans ongle est toujours sensiblement plus long que h^ tarse, ainsi qu'il résulte des observa-
tions faites par M. Gurney*, sur d(^ nombreux spécimens de F. pcrcyrinus de l'ancien monde,
et par M. Ridgway^sur cinquante-sept Faucons pèlerins d'Amérique. Chez/'. Feldeggii, le
doigt médian sans ongle est au contraire plus court que le tarse.
Par la faible longueur de son doigt médian F. Feldeggii se rapproche des formes appar-
tenant au genre Hiero falco, msi\% chez celles-ci, et enti'e autreschez Hiero falco saker,(}mi?Ym.,
voisine par la taille de F. Feldeggii, les doigts externe et interne ont à peu près la même lon-
gueur. Elles diffèrent donc nettement par ce côté de F. Feldeggii dont le doigt interne est,
comme dans tous les Falco, bien plus court que le doigt externe.
En ce qui concerne Falco taïu/pterus, une étude comparative faite par M. (Turney^sur
vingt mâles et vingt femelles attribués les uns à Falco tanypterus, les autres à F. Feldeggii,
établit (pie F. taiiyjjferas ne peut être distingué spéciiiquement de F. Feldeggii. Pour
M. Gurney, F. tanyjjle/'ifs n'est qu'une vai'ii'tc'^ intertropieale de l'espèce F. Feldeggii qvii est
sujette à des variations considérables de la taille et de la livrée..
Ainsi, d'après l'ensemble de ces caractères physiques et par les proportions de ses
membres, ce grand faucon de l'ancienne Egypte se rapporte tout à fait au faucon de l'Egypte
actuelle, à F. Feldeggii.
Shelley cite, dans Handhooh tothe Birds of Egypt, F. Feldeyyii sous le nom de Falco
lanai'iiis, il dit: « C'est le plus abondant des grands Faucons de l'Egypte, il habite toute
l'année l'Egypte et la Nubie, niche annuellement sur les pyramides. »
M. J. Gardner Wilkinson* ne mentionne qu'une seule espèce, du genre Falco propre-
ment dit, reconnue parmi les oiseaux momifiés de l'Egypte ancienne : Falco Aroêris? M. A\'il-
liinson suppose qu'il s'agit de Falco subbuteo, le hobereau. On sait que cette petite espèce
n'a aucun rapport avec F. Feldeygi.
Le squelette de F. Feldeggii est dans son ensemlde un peu moins robuste que celui de
F. jjerer/i'i/ii's : \ef^ ailes et les pattes surtout sont bien plus fail)les que celles du Faucon
pèlerin.
Le crâne de F. Feldeyyii est. dans sa partie postérieure, relativement large : l'espace
interorltitaii-e du frontal est étroit. Les os lacrymaux sont très divei-gents; les prémaxillaires
et les os du nez sont courts : aussi, l'angle formé en menant de l'extréniité ant(''rieure des pré-
maxillaires deux lignes tangentes aux arcs jugaux est-il plus ouvert que chez F. pere-
(jrinvs. Cette ditïërence est beaucoup plus sensilde lorsque la tête osseuse de F. Feldeggii
est comparée à celles d'oiseaux appartenant à quelques autres genres de rapaces diurnes et
même nocturnes, comme le montrent les mensurations suivantes : F . Feldeggii (momifié)
50"; F. pei-egi-iiit/s, 52": CercJnieis Hnnancida .52°; AccipHer nisas (momifié) 43°; A/jifila
' H. Gurney, Notes on a catalogue of tlie Accip. in the Brit. Mus., 1874, (Ibis, 1882, p. 290).
' Ridgway, La7id Birds of Nortli America, \o\. III, p. 137.
'■> Gurney, Notes on a Catalogue, etc. (Ibis, 1882, p. 43(3).
^ Wilkinson, TJie ancient Egijptians. Loiidon, 1878, v. III, p. 261.
148 FAUNE 1)K L' AXCIl'.X XK EC.YI'TK
fulva 42"; yy^'/w /''/vv.;- (momifié) 42°; Clrcvs a'rwjinusvs {\\\m\\\[\1') 11": Ilutrudescrtoniia
(momifié) 40°; Htdo /na.ci/n/'s, î')2": Asio hi-iicJu/ohis ~)[": Sj/i-nlnin nJuro 48.
La face inférieure du cràiic» a la même conformation que chez les autres Faucons ; l'exti'é-
mité antérieure des ptérvgoïdiens s'articule en avant avec le palatin seulement, sans s'appuyer
contre le basisphénoïde comme chez les aigles et les huses.
Le sternum est pourvu d'une très forte carène médiane, elle le traverse dans toute sa
longueur, de l'apophyse épisternale au liord postérieur, au delà duipiel elle fait une légère
saillie. Le bord posli'riciir est épais, mais, au lieu d'être presque droit comme chez F. pcre-
grinus et quelques autres faucons, il est fortement ondulé. Pi'ès de son bord postérieur, le
sternum est percé de deux grands trous ovales. Les bords latéraux portent six facettes d'ai'ti-
culations costales. Les apophyses hyosternale et hyposternale sont arrondies. Sur la face
interne le sternum est percé de plusieiu-s trous pneumatiques. Les rainures coracoïdiennes.
sont très profondes et se croisent sur l'axe du sternum.
L'os furculaire, les omoplates et les coracoïdiens sont bien développés. Ils sont plus petits,
mais ils ont la même structure et les mêmes proportions que dans le faucon pèlerin. Toutefois
le canal foi'nié par l'apophyse sous-claviculaire du coracoïdien, où coulisse le moyen pectoral,
est moins grand c()mparati\'ement ; la crête d'insertion de ce muscle s'étend moins en arrière
sur le sternum.
Les os de l'aile sont moins forts que dans le faucon niuuuun. principalement l'humérus
et le cubitus. L(> carpe, le métacarpe et les phalanges ne présentent rien de pai'ticulier. L'extré-
mité proximale de l'hiunérus est peu élargie par sidte du moindre développement de la crête
d'insertion du grand pectoral. iMns la fosse sous-trochantérienne s'ouvrent quelques trous
pneumatiques, mais ils sont petits et peu nombreux. L'extrémité inférieure de l'humérus est
plus épaisse d'avant en arrière que chez i'\ pcrcijfnins.
Le bassin dei^. Feldeçigii Qui court, surtout dans sa moitié antérieure, où il est également
le plus étroit. Sa lai"geu)" augmente Ijrusquement en arrière des cavités cotyloïdes: elle atteint
le maximum au-dessus des trous ischiatiques. Les ischions, au lieu d'avoir une direction diver-
gente sur toute leur longueur, s'infléchissent légèrement en dedans près de leur extrémité
postérieure. Les os pubiens sont très minces et allongés, ils se prolongent presque jusque vers-
l'axe du bassin.
Le fémui'. le tibia et le métatarsien ont un diamèti-e plus faible (juc dans le faucon pèlerin.
Le tibia est plus aplati dans le sens antéro-postérieiu'; son extrémité distale porte en
avant, à la partie inférieure de la gouttière qui sert à loger le tendon extenseur des doigts, deux
ponts osseux au lieu d'un seul comme la plupart des oiseaux. Cette disposition du tibia est
particulière à tout le groupe des faucons, si l'on sépare de ee gi'oupe les rapaces appartenant
au genre Baza .
Dans son catalogue des rapaces diurnes du Muséum de Londres, M. B. Sharpe* réunit
leaBaza à la sous-famille des Falcuiiiuie, en s'appuyant prineipalement sur la présence de
deux dents à chacun des côtés de leur mandibule supérieure. Mais les autres parties du squelette
des Bnza offrent une grande ressemlilance avec le squelette des milans et des liondrées. Aussi,
MM. Miluc Pjlwai'ds et (Irandidicr proposcul-ils. dans leur savant ouvrage sur les oiseaux
' B. Sharpe, Catal. of tlie Accipilres : <liurnal ISirds of preij, in thc col. B. M., 1874, vol. I, p. 351.
RAPACES DIURNES
149
de Madagascar ' , de placei' les Bazas, non dans la sous-famille des Falconinés, mais dans colle
des Milvinés telle que l'a constituée M. Gray, dans Handlist of gênera and species of Buxls^.
Le tai'so-métatarsien de F . FeUh'yfj'd est, compai-ativcmcntau tibia, bien plus allongé que
celui du faucon pèlerin. Ses extrémités sont un peu plus comprimées d'avant en arrière. Les
deux pertuis supérieurs qui rappellent la séparation primitive des métatarsiens sont grands.
Vers l'extrémité distale, le trou de l'adducteur du doigt externe est situé plus haut, à une plus
grande distance des trochlées digitales. Celles-ci ont la même forme que chez F. jjcfeyrinus,
sauf la poulie du doigt interne qui est moins recourbée en dedans. L'empreinte tibiale est plus
rapprochée de l'extrémitt' supérieure.
Ainsi, choz/'^. Feldeggii, la puissance de flexion du métatarsien est faiblement développée,
par rapport à ce qu'elle est chez F. peregnm<s, à cause des dispositions anatomiques sui-
vantes : le métatarsien étant relativement plus long, le muscle fléchisseur de cet os doit,
pour soulever le môme poids, exercer un eflbrt plus grand proportionnel à la longueur de l'os :
en outre, l'insertion du muscle tibial antérieur se trouvant à une distance plus courte de l'arti-
culation tibio-tarsienne. la force de C(> muscle est diminuée en raison directe de la r(''duction
de son bras de levier.
Compan'-e à la longueur du métatarsien, la longueur des doigts est très faible, mais ces
doigts ont entre eux à peu près les mêmes proportions r'elati\'es que chez tous les i'a})aces du
genre Falco.
Le tableau suivant indiipie les dimensions des diverses pièces du squelette de F. Fddeqqii
momifié et de F. peregrlnns actuid; il [lermet de se rendre compte des ditférences de rapports
de membre à memln-e qui existent entre ces deux formes de Faucons.
DIMENSIONS PRINCIPALES DU SUUELETTE
HE FÀLCO FELDEGGII ET DE F. PEIiEGUIXUS
Falro Falco
Feldeggi jieregrinus
Longueur de la colonne vertébrale, de la 1"' vertèbre cervicale à l'extrémité
de la queue 215""" 242"""
Longueur du crâne, de l'extrémité du bec à l'occiput 62 68
— — du frontal à l'occiput 43 45
Largeur maximum du crâne 38 3!)
— interorbitaire 14 18
Longueur du bec (en suivant la courbure supérieure) 27 32
— du sternum (de l'apophyse épisternale du bord post.) 58 76
Largeur du sternum en avant 2!) 37
— — en arrière 37 48
Hauteur du bréchet 20 23
Longueur du coracoïdien 38 45
— de l'omoplate EO 62
— de l'humérus 74 84
— du cubitus 80 95
— du métacarpien 51 59
— du doigt principal 38 46
— du bassin 45 56
Largeur antérieure du bassin 20 25
— du bassin en arriére des cavités cotyloïdes 35 40
' Milne Edwards et Grandidier, Histoire fhyxique, naturelle et politique de Madagascar : Oiseaux, 1879,
vol. XII, p. 71.
' G. Gray. llandlist, etc., London, 1809, pari. I, p. 24.
150 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Longueur des verlèbres caudales
— du fémur
— du tibia
— du tarso-métatarsien .
— totale du doip:t médian.
— — externe
— — interne
— totale du pouce .
Falco
Falco
Feldeggi
peregrinus
44mni
50"""
60
69
76
87
49
52
48
64
39
51
34
46
28
38
FALCO BABYIiONIGUS, Gurney.
IPI. VI. de 9 à IG.)
Falco babylonicus, Gurney, Notes on Birds observed in Oudli and Kumaon fibis, p. 218, pi. VII, 1861). — Gould,
Bh-ds ofAsia, t. XX, pi. IV (1868). — Shelley, Btrds of Egijpt, p. 189 (1872). — B. Sliarpe, Cat. of
Ihe Accipitres Brit. Mics., p. 387 (1874.)
Ce i'aucon n'est pas l'at'e pai'ini les oiseaux momifiés. La collection en compte 15 indivi-
dus : 6 .sont de Roda, G de Kùm-Omlio et 3 de Gizé.
Falco hahijloalrus a le Ix'c coui't, épais, à crête puu ai'fondio, armé d'une dent latéi'ale
aiguë. Nai'ines rondes avec un tidiercule central.
Tai'so ti'apu, emplumé sut* les 2/5 de sa longueur environ, réticulé devant et derrière.
Doigt médian bien plus long que les latéraux, à peu près égal au tarse. Doigt externe
sensildement plus grand que le doigt interne.
Falco babylonicus a. Is. tète et la nuque rousses; les faces supérieures gris bleu, les
inférieures roux clair, ponctuées seulement au-dessous de la gorge. Cire et tarses jaunes .
Longueur du tarse ; 50 à 52 millimètres.
Longueur du doigt médian sans ongle : 51 à 53 millimètres.
Suivant Slielley, ce faucon est assez commim actuellement en Egypte et en Nuljie. Un
le rencontre dans les plantations de palmiers, autour des pyramides et des temples en ruines.
Falco bahylonicKS est un faucon de grande taille, un })eu plus ibrt que Falco Feldeggii;
il se distingue de celui-ci par son plumage ])leu sur le dos dans les deux sexes, sa poitrine peu
ponctuée et surtout par son doigt médian bien plus long, relativement, que celui de F. Feldegyii.
Le squelette de Falco hahylonicus ne présente aucune particularité importante (pi. ^1).
Les os des ailes et des pattes sont plus grands, mais ils ont la môme structure que ceux de
Falco Feldcygil. Le sternum et le tarse diffèrent un peu. Chez F. hahylonicus le bord
postérieui- du sternum est très élargi, les artic'ulations costales occupent en arrière un espace
beaucou|) moins étendu que celles de F . Feldeggii. En ce qui concerne le tarse, les pertuis
supérieuiNs sont })lus rixluits, la trochlée du doigt externe est plus grande. Les doigts externe
et médian sont plus développés relativement que dans F. Feldeggii, mais un peu plus faibles
que chez F. peregrinus. Par son squelette, Falco hahylonicus offre des caractères intermé-
diaires à ces deux derniers faucons.
Sur le métacarpien gauche reproduit planche YI, figure 12, on remarque, à l'extrémité
du ]iouce, ime sorte de grifïe acérée que nous n'avons rencontrée chez aucun autre oiseau.
RAPACES DIURNES 151
L'aile droite manquant, il n'a pas été possible de savoir si cette grifïe existait des deux côtés ou
s'il s'ae'it seulement d'une anomali(> dvssvm(''ti"ique.
FALCO BARBARUS, Linné
Falco barbarua, Linné, Syst. Nat., I, p. 125 (17(iti;. — Shelley, Btrds of Egypt, p. 187. — B. Sharpe, Cat. of
the Accipit. Brit. Mus., vol. I, p. 386 (1874).
Falco pelegrinoides, Temminck, Recueil de j)lanc/ies coloriées, pi. CDLXXIX (1838).
Falco barbarus n'a été reconnu que d'après un seul spécimen provenant de Kôm-Ombo.
Ce faucon a le bec très crochu, avec une dent latérale aiguë et forte.
Narines de forme circulaire, à tubercide médian bien apparent.
Tarse plus court que le doigt m(''(Iian sans ongle, empluuK'^ en avant sur le tiers de sa
longueur, réticulé sur les autres parties. Doigt externe plus long que le doigt interne.
Face inférieure du corps blanc crème, avec de petites taches triangulaires noirâtres sur
l'abdomen et les flancs. Cire et pieds jaunes. Bec brun bleuâtre.
Longueur du tarse : 41 mdl. Longueur du doigt médian sans ongle : 11 mill.
Le faucon de Barbarie hal)ite tout le nord de l'Afrique, du Sénégal à la cùte orientale.
On le rencontre également dans le nord-ouest di' l'Inde et jusque dans l'Himalaya.
Suivant Shelley', Falco barbants est rare en Egypte et en Nubie.
Le squelette de F. barbarus est conforme dans son ensemble au squelette des faucons de
grande taille, tels que F. babyloniens et F. jiereffrimis.Le crâne, le sternum et les membres
postérieurs ont dans ces diverses espèces la même structure et environ les mêmes dimensions
relatives. L'aile seule présente des proportions différentes ; elle est, chez /'^. barbarus, bien plus
courte que dans les deux autres formes. L'humérus par exemple mesure (51 millimètres de
longueur chez le premier, alors qu'il atteint 83 millimètres chez un F. bahi/bmlcus dont le tarse
n'est que de 7 ou S millimètres supérieur à celui de F. barbarus.
Comparé à un squelette de F. barbarus moderne, le squelette ancien de cette espèce ne
paraît offrir aucune différence notable. Les dimensions respectives de chacun sont indiquées
dans le tableau suivant.
DIMENSIONS PRINCIPALES DU SQUELETTE
DE FALCO BARBARVS, Linné
Moiuilie Moderne
Longueur de la colonne vertébrale, de la première vertèbre cervicale à l'estréniité
de la queue 191"""' 201"'"'
Longueur de la tête osseuse Cl B2
— du frontal à l'occiput 40 41
Largeur raaxiuuira du crâne 36 36
— interorbitaire 15 15
Longueur de la mandibule supérieure en suivant la courbure du bec 33 33
— du sternum (de l'apophyse épisternale au bord postérieur) 60 60
Largeur du sternum en avant 30 31
— — en arrière 40 39
Hauteur du bréchet 18 17
' Shelley, Birds of Egypt. p. 187, London, 1872.
152 FAUXK DE L'ANCIENNE EGYPTE
Momifié Moderne
Longueur du coracoïdien 37""' 39'"™
— de l'omoplate ^Q 50
— de l'humérus 64 68
— du cubitus "5 81
— du métacarpien "45 48
— du doigt principal 37 39
— du bassin 40 42
Largeur antérieure du bassin 20 20
— du bassin en arrière des cavités cotyloïdes 33 36
Longueur des vertèbres caudales 38 38
— du fémur 54 58
— du tibia 67 74
— dn tarso- métatarsien 41 45
— totale du doigt médian 52 55
— — externe 38 40
— — interne 33 38
— totale du pouce 29 31
FALCO SUBBUTEO. Linné.
Falco subhuteo, Gould, Birds of Europe, I, pi. XXII (1837). — Shelley, Birds of Egijpt, p. 192 (1872). —
B. Sharpe, Cat. of the Accip. Brit. Mus., p. 395 (1874).
Le liobei'eau n'est pas coniniun parmi les oiseaux momifiés : on en a reconnu seulement
3 spécimens : 1 de Rôda, 3 de Gizé.
Falco snhhuleo a l'arête médiane du bec Lien marquée.
Le tarse court est emplumé en avant sur les deux cinquièmes environ de sa longueur.
Doigts peu épais, allongés. Médian avec ongle plus grand que L» tarse. Doigt externe
sensiblement plus long que l'interne.
Première rémige seule échancrée au bord interne, un peu plus courte que la seconde.
Cire et pieds jaunes ; bec noir bleucàtre, jaune à la base chez le mâle adulte.
Longueur du tarse : 33 à 36 milliniètres.
Longueur du doigt médian sans ongle : 33 à 35 millimètres.
Le hobereau l)al)ite l'Europe entière: on le rencontre aussi dans l'Inde et jusqu'en
Chine. L'hiver il l'ait des incursions en Afrique. Heuglin et Shelley ont constaté la présence de
ce rapace en Egypte au mois d'avril, mais il y est toujours rare.
6. A^'ilkinson ' mentionne ce faucon au nombre des animaux sacrés des anciens Egyptiens.
Ce savant croit (pie le hobereau était le faucon sacré de Rà, Falco Aroèris, adoré à Héliopolis
et dans diverses localités.
Falco subbuteo se distingue des faucons de petite taille, entre autres de la crécerelle,
Cerchiu'is tinnunculus, L., par plusieurs pai'ties de son squelette. Outre les proportions des
doigts et du tarse, dont les dilïérences ont servi de base aux classiflcateurs pour établir les
' J.-G. Wilkinson, Ihe ancient Egyplians, vol. III, p. 261, London, 1878.
mm
RAPACRS DIT'RNES 153
genres Ce)-r/uieis et Falco, on trouve chez le liuljèfeau l'aile et le sternum notablement plus
forts que chez la crécerelle.
Les mensurations indinuées dans le tableau suivant ont été prises sm'le squelette d'indi-
vidus de ces deux foi-uies. Le sternum du hobereau mesure 44 millimètres de longueur d'avant
en arrière, tandis que celui de la crécerelle n'atteint que 38 millimètres. Chez le hobereau, le
cubitus a 68 et l'humérus 50 millimètres de long-, alors que chez la crécerelle ces os ont
respectivement 63 et 5() millimètres de longueur.
Ces différences sont importantes en elles-mêmes; elles le sont l)ien davantage si l'on
tient compte des dimensions des membres postérieurs qui se trouvent au contraire sensiblement
moins élevées chez le hobereau que chez la crécerelle.
DIMENSIONS PRINCIPALES DU SQUELETTE
DE FALCO SCBBVTliO. L.. ET CERCHNKIS TIXXUXCULVS, L.
Falco Cerchneis
suhhuteû timiuncuîus
Momifié Momifié
Longueur de la colonne vertrbrale, de la première vertèbre cervicale à l'extrémité
de la queue 168""" 159'
Longueur de la tête osseuse 50 48
— du frontal à l'occiput . . . . ■ 34 34
Largeur maximum du crâne 30 30
— interorbitaire H 11
Longueur de la mandibule supérieure en suivant la courbure du bec 26 24
— du sternum (de l'apophyse épisternale au bord postérieur) 44 38
Largeur du sternum en avant 25 22
— — en arrière 31 29
Hauteur du bréchet 14 12
Longueur du coracoïdien. . . . ■ 31 28
— de l'omoplate 40 37
Longueur de l'humérus 59 56
— du cubitus 68 63
— du métacarpien 39 35
— du doigt principal 30 26
Longueur du bassin 35 31
Largeur antérieure du bassin 17 16
— du bassin en arrière des cavités cotyloïdes 28 27
Longueur des vertèbres caudales 33 34
■ — du fémur 45 45
— du tibia 59 (JO
— du tarso-métatarsien 35 38
— totale du doip;t médian 40 36
— — externe 30 28
— — interne . 25 27
— — du pouce 20
jo
Arch. Mus. — t. VIII '20
154 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Genre IIIEROFALCO, Guvier
HIEROFALCO SAGER, Brisson.
Falcosacer, Brisson, Ornith . I, p. 337 (lîflOi. — Grav, Gen. Ptirds, III, p. 2 (1849). — Goukl, Birds of Asia,
X. XX, pi. V (1868). — Shelley, Dirds of Kgt/pt, p. 190 (1872). — Tristram, Fauna of Palestine,
p. 105(1884).
Falco lanarius, Gould, Birds of Europe, I, pi. XX (1837).
Hierofcilco saker, B. Sharpe, Cat. of Accip. Brit. Mus., vol. I, p. 417 (1874).
Tristram et Sholley disent que ce faucon est connu des Ara])es de l'Egypte et de la
Palestine sous le nom de saker el Jior ou sahln- cl Iior. Il est représenté, dans notre collection
d'oiseaux de l'ancienne Egyiite, par deux spécimens provenant l'un de Rfkla (Haute-Egypte),
l'autre de Gizé.
Bec court, très recourbé, à dos et cotés arrondis.
Nai'ines légèrement ovales avec tvdjercule médian.
Tarse épais, emplumé en avant sur la moitii'' de sa longueur, finement réticulé sur la
moitié inférieure et derrière dans toute sa longueur. Doigts épais, peu allongés, médian sans
ongle, plus court que le tarse, doigts externe et interne environ égaux.
Faces supérieures brun cendré. Faces inférieures blanc un peu jaunâtre avec taches brunes
allongées verticalement.
Longueur- du tarse : .52 à .54 mill. Longueur du doigt médian sans ongle : 14 à 47 mill.
Hicrofaleo .s'«cry habite le sud-est de l'l']uro}i(' et le nord-est de l'Ah-ique, il est commun
dans l'Asie centrale et jusqu'en Chine. C'est une espèce plutôt asiati(jue.
Ce faucon a été observé en Egypte, mais il y est rare. Shelley l'a (It'crit d'après deux
spécimens capturés, l'un à Kôm-Ombo, l'autre dans les environs de Siouth. Hierofalco sahcr
est encore de nos jours dressé pai' les Arabes pour la chasse de la gazelle. Le D' L. Arbel'
en a vu plusieurs spécimens au cours d'une visite qu'il lit. cette année même près du
Caire, à l'équipage de fauconnerie du prince Hussem Kemal-ed-din. «: Le prince chasse pres-
que exclusivement la gazelle, et il se sei't pour cette chasse de Faucons sacres, pris de pas-
sage au mois de novemlire. Ces sacres m'ont pai'u de plus petite taille que ceux dos Indes,
mais les autres caractères spécifiques sont identiques dans les deux pays.
« Dans un de mes précédents voyages on Algérie, j'avais cw l'honneur d'être reeu chez
le grand fauconnier arabe de Bisera, Ben Gana, aga desZiJians. Dans la conversation il m'avait
signalé, comme étant très apprécié par les iauc'onniei's. un faucon qui vient en Algérie au
moment du passage des étourneauxet que, pour cette raison, les Arabes appellent le faucon
des étourneaux. La marque distinctive de cet oiseau consiste en (piatre points blancs ovalaires
visibles sur les plumes du dos, lorsque l'oiseau se tient en repos, les ailes fermées. Cetteconver-
sation avec Ben Gana m'est revenue à la mémoire en examinant attentivement les sacres du
prince Kemal-ed-din. L'un de ces rapaces était un oiseau sors{{ an); l'jiuti'e avait trois mues
(3 ans). Sur celui des trois mues existaient deux taches ovalaires ti*ès nettes, sur les plumes
' Compte rendu d'une mission scientifique aux Indes anglaises (Bulletin du, Muséum d' Histoire naturelle,
Paris, 1902, p. 161).
TAPAGES DIURNES 155
rémiges tertiairea et en ('cailaiil l(\uvroinfnt ha plumes voisines, on voyait deux autres taches
semblal)les qui formaient avec les deux premières un carré parfait. Le vieux fauconnier du prince
me dit que c'était là uniquement une (pu^stion tl'àge, et que l'an prochain, lorsque l'oiseau
aurait (piatre ans, les quatre taches seraient entièrement apparentes. »
Hirrofalco sahrr est tlonc recherche'- par les fauconniers aussi bien en iVlgérie et en Égypt(i
que dans les Indes, quoiqu(\ suivant le D'' Arbel, plusieurs autres oiseaux de proie soient dans
l'IIindoustan égalemt'ut employés à la chasse, nolamnient Falco ppregrluus, Falco peregri-
nntor. l'autour et l'(''pei'vier iu'.sils.
Schlegel ' a fait remarquer, à propos du faucon sacre, que le nom de saher, sous lequel
ce rapace est connu en Europe depuis le moyen âge, est évidemment d'origine arabe. C'est par
ce nom que les Arabes désignent les faucons en général. C'est donc une erreui" de traduire le
mot ai'abe saket^ ou plus exactement snhhr, par le met latin sarer. L'erreur a été commise
par divi'rs auteurs, elle en a conduit (piel([ues-uns à regarder Hh'rofalco so^-er comme le faucon
sacré des anciens p]gyptiens.
La seule raison qu'on pourrait avoir de considérer Hierofalco saher comme le faucon
sacré de Horus, c'est le nom de Hor, Sakkr-el-Hoi-, qu'on lui retrouve dans la tradition arabe.
Mais les AraJjes ne donnent pas le nom de Hor seulement à Hierofalco sa k a- : le faucon pèlerin
est, suivant Tristram -, également appeh'' Tlr-el-Hor. Ces deux lançons ont donc sans doute été
le plus souvent confondus et adon'-s comme les symboles du soleil, de Ilorus, simultanément
avec tous les autres oiseaux deproii^ diui-nes, ainsi qu'en témoigne la liste des espèces momifiées
par les Égyptiens du temps des Pharaons.
Le squelette de Hierofalco saher ne se distingue par aucun cai'actère important du sque-
lette de Falco peref/ri}! as. Le crâne et les ailes ont la même structure dans les deux espèces.
Le sternum est un jn'U plus élargi en arrière quecelui du faucon pèlerin, son bord postérieur, au
heu d'être prcs([uc droit, comme chez celui-ci, est fortement ondub''. 11 se rapproche par ce
caractère tle F. hali/lonicas et île F. Feldeggii.
Le saker nous semble différer des faucons de grande taille du type F. perecjrinus,
uniquement par les proportions de ses tars(^s et de ses doigts qui sont indi({uées, avec les
dimensions des diverses pai'ties de son squelette, dans le tableau suivant :
DIMENSIONS PRINCIPALES DU SQUELETTE
Dli HIEROFALCO SACER
Longueur de la colonne vertébrale, de la première vertèbre cervicale à l'extrémité de la queue. 245""™
Longueur totale de la tète osseuse 7Q
du frontal à l'occiput 48
Largeur maximum du crâne 40
— interorbitaire 17
Longueur de la mandibule supérieure (en suivant la courbure du bec) 34
— du sternum (de l'apophyse épisternale au bord post.) 71
Largeur du .sternum en avant 35
— — en arrièi'e 51
Hauteur du bréchet 24
' Oould, Birds of Asia, vol. L London, 1S50-1SS3.
■ Tristram, Fauna and Flora of Palestine, p. 104, London, 1884.
156 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Longueur du coracoïdien 47'"
— de l'omoplate 60
— de l'humérus 91
— du cubitus 105
— du métacarpien . 60
— du duigt principal 47
— du bassin 53
Largeur antérieure du bassin 28
— du bassin en arriére des cavités cotyloïdes 42
Longueur des vertèbres caudales 53
— du fémur 73
— du tibia . 90
— du tarso-métatarsien 54
Longueur totale du doigt médian 54
— — externe 43
— — interne 41
— du pouce 33
Genre CERGHNEIS, Boie
CERCHNEIS TINNUNGULUS, Linné.
Falco tinnunculus, Linné, Si/sf. nat., p. 127 (1758). — Gould, Birds of Europe, I, pi. XXVI (1837). — Shelley,
Birds of Egypl, p. 194 (1872).
Tinnunculus alaudarius, Gray, Oen. of Birds, p. 21 (1849).
Cerchneis tinnuncula, Sharpe, Cat. of tlie Accipit. Bril. Mus., vol. I, p. 425 (1874).
Suivant Tiisti-ain', la crécerelle est connue des Ara])es de la Palestine sous le nom de
bashih.
Dans une séiie do 50U oiseaux moniitiés, nous avons compte 'Ji individus de cette espèce :
48 de Kôm-Ombo, 22 de R(3da et 21 de Gizé. Cerchneis iinmiMcidus est l'espèce la mieu.x
repi'ésentée. elle constitue à elle seule près d'un cinquième de la collectit)n.
Le bec de la crécerelle est épais à la base, à arête un peu arrondie, avec une dent latérale
aiguë.
Tarse emplumé devant sur le tiers environ de sa longueur, réticulé sur les autres parties,
avec trois ou quatre grandes écailles trans^-ersales vers l'extrémité inférieure en avant.
Doigts courts : lati'raux à }ieu près égaux : médian sans ongl(> beaucoup plus court qui^ le
tarse. Ongles de longueur moyenne. Clire et pieds jaunes. Longueur du tarse : 37 à lU mill.
Longueiii' du doigt médian sans ongle : 27 à 30 mill.
ilerchneis tinnunculus habite l'Europe entière, une pai'tie de l'Asie et le nord-est de
l'Afrique. En hiver, elle émigré dans la pi'-ninsuL^ indienne: on la renconti'e môme jusque dans
le sud et l'ouest de l'Afrique.
La crécerelle est le faucon le plus commun de l'Egypte moderne. Shelley-, qui le décrit
' Tristram, llie Fauna and Flora of Palestine, p. lOti, 1884.
* Shelley, The Birds of Egypt, p. 194, London, 1872.
RAPACKS DIUHNKS 157
sous le nom tic Fulcu liiuttiitciilus, en a})oi'(iil (■ nu ccul poui- le moius dans une seule planta-
tion de jjalmiers, où ces oiseaux étaient attirés par un vol abondant de sauterelles ».
Il est possible, ajoute Slielley. que ce soit à la destruction de cet insecte jiar la cr(''cellc
que le faucon doit d'avoir (Hi'' placé, parles anciens Egyptiens, parn^i les animaux sacrés.
CcrcJciwis liiiKifiiculus est assez variable de taille et de couleur. \'oici la longueur du
tarse relevée par plusieurs auteurs ' sur des spécimens modernes provenant de différentes
localités.
Longueur du tarse
en pouces eu millim.
Mâle, jeune, Egypte (Shellev) 1,5 38
— adulte, Asie septentrionale (Montairo) 1,6 W
Femelle, adulte, Nazareth (Tristram) .... 1,6 40
Mâle, adulte, Aaigrat(Blanford) 1,45 37
— — Népal (Hodgson) 1.6 40
— jeune, Saint-Iago (Bouvier) .... 1,6 40
Femelle — Saint-Iago (Bouvier) 1,6 40
Les crécerelles momifiées présentent des variations indiviiluclles (|ni ne dépassent pas L^s
limites indiipiées par les mensurations précédentes. Les longeurs des diverses parties du
squelette de cette espèce ont été indiquées plusliaut comparativement avec celles relevées sur
le squelette de F. itulibideo.
Bien que Cerchucis iliutuiiculus soit l'oiseau (pi'du tr(iu\"e li' plus commiUK'ment momitié,
il n'avait pas encore été signalé parmi li's nombreux ainmaux sacrés de l'ancienne Egypte.
GERCHNEIS CENCHRIS, Frisch.
Falco cenchris. Cuvier, Règne animal, I, p. 322 ()829). — Shelley. Birds of Egypt, p. 195(1872).
Faleo tinnunculoides, (Jould, Birds of Europe, I, pi. XXVII (1837).
Tinnunculus cenc/iris, Gray, Gen. of Birds, I. p. 21 (1844).
Cerchneis Naumanni, Sharpe, Cat. of Accip. Brit. Mu>i., vol. I, p. 435(1874).
Ck'tte crécerelle est représentée par .j individus : 3 proviennent tle (Tizé, ,2 de K6m-
(Jmbo.
Le bec de ( 'nr/i nets cejic/u-is est, comme celui de l'espi'ce précédente, épais à la base et
pouiTu d'une deni latérale aigué.
Le tarse. cmpliinK' sur le tiers de sa longueur, est réticulé devant et derrière, avec deux
ou trois écailles transversales, en avant, à l'extriMuité inférieiu'e.
Doigts courts, latéraux égaux; ongles faibles.
Face dorsale rouge brun chez le mâle, rousse tachée de ])run citez la femelle et les jeunes.
Cire et ])ieds jaunes.
Longueiu- du larse: 30 à 33 mill. Longueur du doigt nuMlian sans ongle: 22 à 25 mill.
Ccrc/iiicis rcjir/n-is halniéh' sud et Torient de l'Europe, le nord de l'Atrique et l'Asie
' B. Sharpe, Cat. of Birds of the Brit. Mus., vol. I, p. 428, London, 1874.
158 FAUNE DE L'ANCIENNE ÉC.YPTE
occidentale. En hiver, cette petite civecrellc ('■mi^ri' jusque dans le sud de l'Afi'ii|uc. Ou la
rencontre dans toute l'Éii'vpte et la Nid)i(': mais, siuvant Shcllcv. elle est abondante surtout
aux environs d'Alexandrie.
Cerchneis cenchris se l'approclio ])eauc()up d'une autre créeerrlh-. Ccrchncis rcspcrluias,
assez commune dans la faune actuelle de l'Eoypte. A ne considérer que les iiroj^iiions de leurs
meinl)r'es, il est assez diliicile de les distini;iier l'une de l'autre. ]']lles ont toutes les deux à peu
près les mêmes dimensions, seuls les doi.yts de Cvrchnv'is cnirhr'is sont, en ,uén(''i'al. un jkmi
plus courts que ceux de Cerdi. cesperliiuts. Mais ces deux formes se difîérencient très bien
par la couleur de lein- iduma.Lje. Dans Ccrch. cenchris les faces dorsales du corps sont ])run
i-oux chez le mâle, i-oux maeul(' de noir chez la finnelle et les jeunes. Au contraire, dans
Cprclineis vespertinus, les faces dorsales sont p'is l)leu chez le mâle et ,i;ris clair barré de noir
chez la femelle. En outre, la cire et les pieds sont jaunes chez Ccrch. ccncJiris, alors ipi'ils
sont rouges dans l'autre espèce.
SOUS-FAMILLE DES ACCIPITRINES
Genre ACCIPITER. Brisson
ACCIPITEK NISUS, Linné
L'Epervier, Brisson, Ornilli., I, p. 310 (1760).
Bxdalion fringillarius, Savigny, Oiseaux d'Egypte (Bescript. de TKgijpte, t. XXIII, p. 270 (1828).
Accipiler nivus, Gray, Gen. Birds, I, p. 29, pi. X, fig. 4 (1849). — SliL-lley, Btrds ofKyypt, p. 185(1872).
~ B. Sharpe, Cat. lirH. Mus., I, p. 132 (1874).
Accipiter fringillarius, Goiild, Birds of Europe, I, pl.XVlII (1837).
D'après Savigny, les Egvjitiens d'Alexandrie et du Caire connaissent l'i'pervier sous les
noms de hci/daq et de hàchcui^.
Accipiler nisus se trouve momitlé presque aussi communément que la crécerelle ;
52 exemplaires de cette espèce ont (''(('" reconnus. 22 sont de Kôm-(.)mbo, IT) de Gizé,
15 de Rôda.
Bec très crochu, à ]>ords latéraux ondulés. Narine ovale, sans tu])ercule.
Tarse long et mince, eniplunu' en avant sur le ([uart de sa longueur, couvert de larges
écailles transversales devant et derrièi-e. réticulé sur les coti's.
Doigts longs et grêles, médian beaucoup plus long que h^s latéraux: ddigt externe sans
ongle, aussi grand que les deux phalanges de ])ase du doigt médian.
Faces supérieures gris ardoise!' plus ou moins brunes. Faces inférieures blanches ou rousses
IjaiTces de taches transversales brunes.
Longueur du tarse: 52 à O."! niill. Longueur du doigt mi''(Han sans ongle : .■)5 à 4-3 mill.
L'épervier habite actuellenient l'Europe entière et une partie de l'Asie. On le liYiuve aussi
en Algérie, dans le noi-d-est de l'Ali'ique, la péninsule indienne e't jusqu'en Chine.
RAPACES DIURNES loD
Il est, de nos jours, ti'ès commun dans toute l'Egypte et la Nubie'. Plusieurs formes du
même genre vivent dans d'autres contrées de l'Afrique, mais la plupart sont beaucoup plus
petites (pie VArrijnfa- nisus et ne sauraient être confondues avec lui. Telles sont : Accijnter
Hartlatihi. Yeri-.. du (îabon; Accijnf. rufircntris 'r^miWw Acciplt. minullus, DdJuWn; ('X
Accijjil. cri/lhi-d/xis du sud cl, de l'(^st africain. Accipiter melanolcucus, Smith, vit aussi (mi
Afi'ique dans l'ouest et le sud, mais cette espèce est au contraire plus grande que le 7iisus. La
longueur de son tarse est de 72 à 82 millimèti'es. alors qu'elle atteint au plus 63 millimètres
chez les femelles adultes de l'épervier commun.
Le taJjleau suivant indique les dimensions du squelette, relevées sur des spécimens momi-
fiés àWcciintcr jii.s>fs. luàlc et femelle, et de Mdierax (jahar.
DIMENSIONS PRINCIPALES DU SQUELETTE
D'ACCIPITER NISL'S ET DE MELIERAX GABAR, Daudin.
Arcipicjr nlsus ilelierax
Ï^ZM' ^mâle gabar
Longueur de la colonne vertébrale, de la première vertèbre cervicale à
rextrémité de la queue 172""" 133""" 155"""
Longueur totale de la tète osseuse 50 42 50
— du frontal à l'occiput 35 31 35
Largeur maximum du crâne 28 25 28
— interorbitaire 7 6 8
Longueur de la njandibule supérieure (en suivant la courbure du bec). 28 23 28
— du sternum (de l'apophyse épisternale au bord post.) . . 54 42 45
Largeur du sternum en avant 23 18 21
— — en arriére 30 23 28
Hauteur du bréchet 14 11 12
Longueur du coracoidien 32 23 27
— de l'omoplate 45 37 39
— de l'humérus 02 50 55
— de cubitus 73 60 65
— du métacarpien 39 32 32
— du doigt principal 25 22 23
Longueur du bassin 32 29 29
Largeur. antérieure du bassin 18 14 15
— du bassin en arrière des cavités cotjloïdes 27 22 24
Longueur des vertèbres caudales 34 27 32
^ du fémur 55 43 47
— du tibia 75 59 64
— du tarso métatarsien 63 52 48
— totale du doigt médian 55 43 38
— totale du doigt externe 40 30 27
— — interne 40 30 23
— totale du pouce 35 28 23
' 'ri\iellfy, Birds of Egypt, p. 185, London, 1872.
160 FArXE DE I/ANCIENNE EGYPTE
(4KNRK MELIERAX. (Iray
MELIERAX GABAR, Dandin.
Le Gahar, Levaillant, Histoire naturelle des oiseaux d' Afrique, p. 13G, pi. XXXIII (1799).
Accipitergabar, Gray, Gen. Birds, I, p. 29(1849). — Shelley, Birds of Kgypt, p. 186 (1872).
Melierax gabar, B. Sliarpe. Cat. Drit. Mus., vo). I, p. 89(1>S74).
Melierax gabar (>st signalé ici d'après 5 spôcimens : l de K('im-Om]io et 1 d(^ (tIz»'".
Bec crochu à l)ords latéraux ondulés.
Nainnes ovales et ol:)liques. ouvertes sur le ])oi'd ant(''i-i('iii' de la cire.
Tai'ses moyennement longs et minces, emplumés en avant sur- le tiers de leur longucMir,
écailleux devant et derrièri'. iV'tieulés sur les côtés.
Doigts externe et médian longs, pouce et doigt interne épais et courts.
Faces supérieures gris brun ardoisé ; gorge gris cendré ; poitrine et abdomen Ijlanchàtres
coupés de taches transversales Jji-unes. Cire, tarses et pieds rouges. Bec et ongles noirs.
Longueur du tarse : 48 mill. Longueur du doigt médian sans ongle : 30 mill.
Le gabar se i-cncontre dans toute l'Afrique, excepté sui- la côte occidentale, de Sierra
liCone à Angola. Il se montre exceptionnellement dans le sud de l'Europe.
Les naturalistes ne sont point du même avis sur la fréquence de cette espèce dans la
vallée du Nil et les environs. D'après Shellev. Mrliaxi.c gahar est aussi rai'e en Egypte qu'cna
Nubie. Suivant Schlegel, ce l'ajtace serait commun aux alentours de Suez.
Le petit nombre de gabars trouvi'' parmi les animaux anciens indique que cette forme
(■tait rare autr-efois dans la llaute-l\gypte comme dans la ri'gion du delta.
Melierax ijahar rajqielle lieaucoup par ses caractères extérieurs et par son squelette
l'épervier commun, Accipiter nisus. Chez ces deux rapaces la tête osseuse a la même structure :
ajilatie par dessus dans la région frontale, proéminente vers l'occiput, avec une légère con-
vexité sus-nasale. La tête du galiar est proportionnellement un peu plus forte que celle du
nisiis.
Les ailes et le sternum ont la même forme dans les deux espèces. L'apophyse épisternale
du gabar, est comme celle du nisus. très développée. Seuls les membres postérieurs présentent
des proportions un peu différentes. Le tarse est plus court, les doigts externe et médian sont
moins longs que chez Accipiter nisus, mais les trochlées digitales ofli-ent les mêmes particu-
larités.
Les proportions des membres et la structure (bi s(pielette font de Melierax gabar une
forme intermédiaire enti-e r('pervier et les circas.
Les dimensions du squelette de Melierax gabar ont été indiquées dans le tal)l(\au précédent
avec celles d'Accipiter nisns.
J!A1>ACKS DIURNES 101
Genrk CIRCUS. Lacépkde
CIRCUS ^RUGINOSUS, Linné.
Falco wruffinosiis, Linné, Syst.nat., I, p. 130(1766).
Circus asruginosus, Sevig'ny, Système des oiseaux de l'Egypte (Lescrip. de l'Egypte, vol. XXIII, p. 263, 1828).
Shelley, Birdu or Egypt,-^. 181 (1872). — B. Sharpe, Cat. Brit. Mus., I, p. 16) (1874).
Circus rufus. Savifi:ny, Système des oiseaux de \'^^y])\.e(Description, vol. XXIII, p. 264, 1828). — Gould, Birds
of Europe, pL XXXII (1837).
Le ])iisai"(l des mai'ais est connu dos Égyptiens du Delta sous le nom de hidni, à Mataryeh
ils le nomment r/en'àh\
Circus œmginosus est assez ti'é(pient pai-mi les oiseaux momifi(''s. notamment parmi ceux
di' lu Basse-Egypte: trois spécimens proviennent de Kom-Uni])u, deux de Roda et dix de
Gizé.
Bec crochu, incliné dès la hase, à hords latéraux li'gèrement ondulés.
Cire grande. Larges narines ouvertes sur le hord antérieur de la cire.
Tihia un peu plus long cpie le tarse, ditiérence entre les deux moins grande (pie la lon-
gueur de l'ongle postérieur. Tarse long, peu épais, emplumé en avant sur le tiers environ de
sa longueur, (''cailleux devant. r(''ticulé sur les côtés latéraux. Doigts courts et for-ts, surtout le
pouce, l'interne et. le mi''dian.
Dessus de la tète roux avec taches hrunes longitudinales chez le mâle, entièrement jau-
nâtre chez la femelle. Faces inférieures hrunes chez la femelL^ et les jc^mes. lilanchàtres avec
taches verticales hrunes chez le mâle.
Pieds jaunes ; cire jaune verdàtre. Longueur du tarse : 83 à 89 mill. Longueur du doigt
mi'dian, sans ongle: 41 à 43 mill.
Le busard des marais habite une partie de l'Asie et l'Europe entière, sauf les régions sep-
tentrionales. En hiver on le trouve dans l'Inde et le nord-est de l'Afrique.
En Egypte, Cifcits leritf/inosus se rencontre dans tout le pays, mais c'est dans le Delta
et l(.i Fayoum qu'il est le plus abondant. Il fréipiente les lieux humides, les hm-ds des lacs, des
étangs couverts de l'oseaux. Au d(''liut de l'hivei'. dit lîrehm. i< on en voit arrivi'r des masses
aux Indes et en Egypte; Circus t'e/v'////«c.S7<,s' est alors l'oiseau de pi-oie le plus commun de ces
l'égions. »
CIRCUS CYANEUS, Linné.
Falco cyarteus, hmiii, Syst. nat., I, p. 126(1766).
Circus gallimarius, Savjgny, Oiseaux d'Egyiite (Dese>-iption de l'Egypte, p.. 264, t. XXIII, 18281.
Circus cyaneus, Gould, Birds of Europe, L pi. XXXIII (1837). Gray, Oeyi. of Birds, [, p. 32, pi. 11, ûs. I (184'.t).
— Shelley, Birds of Egypt, p. 182 (1872). — B. Sharpe, Cat. Bril. Mus., I, p. 52 (1874).
Circus ci/auc/fs est Vaboi^-lHiuuùju des Egyptiens (TAlexandrie et du (laire, le saqr—
el-fijràa des Aralies deMataryeh-.
' Savigry, Description de l'Egypte, vol. XXIII, p. 263 (1828).
• Savigiiy, i'^id., p. 266 (1828).
AiiCH. Mus. — T. Vlll. * -1
162 FAUNK DE L ANCIENNE EGYPTE
Dans la collection d'oiseaux momifiés on compte 6 individus de cette espèce : 1 de Gizé,
3 de Kôm-Ombo et 2 de Rôda.
Bec crochu, courbé dès la base, bords latéraux ondulés.
Nai'ines ovales, ouvertes vers le bord antérieur de la cire.
Tarse lonsf et grêle, emplumé sur le tiers de sa longueur en avant, réticulé sur les côtés,
avec sept à huit écailles transversales sur la moitié inférieure en aiTière.
Doigts courts, ongles peu épais.
Mâle adulte : faces supérieures, tête et cou cendré bleuâtre ; poitrine et gorge gris cendré
clair : ventre lilanehàtre, taché plus ou moins de roux, queue gris cendré.
Femelle adulte : faces supérieures brunes, faces inférieures rousses avec taches brunes
longitudinales. Queue gris foncé avec bandes transversales brimes. Les jeunes ressemblent à la
femelle. Longueur de tarse, 68 à 74 mill. Longueur du doigt médian sans ongle : 31 à 34 mill.
L'habitat du busard Saint-Martin est très étendu, il comprend toute l'Europe, une grande
partie de l'Asie et les régions de l'Afrique bordant la Méditerranée. En Egypte, cette espèce
est actuellement moins connue que Circus macrourus : Shelley l'a observée dans la basse
Egypte surtout pendant les mois d'hiver.
CIRCUS MACROURUS, Gmelin.
Falco macrourus, Gmelin, Syst. nat., I, p. 269(1788).
Circus patlidus, Gould, Btrds or Europe. I, pi. 34 (1837). — Shelley, Dirds of Egypt, p. 183 (1872).
Circus macrourus, Scliarpe, Ca^ £?•(<. J/mx., p. 67 (1874).
Cette espèce n'est représentée que par deux indiviihis. l'un provenant de Kôm-Ombo,
l'autre de (iizé.
Bec et nai'ines comme dans l'espèce précédente.
Tarse long et mince, emplumé sur le quart de sa longueur en avant, écussonné devant
et derrière. i'i''ticulé sur les côtés. Doigts et ongles moyens.
Mâle adulte : faces supérieures gris bleuâtre pâle; faces inférieures blancliàtrcs, gris pâle
sur la poitrine.
Femelle adulte : faces supérieures brunes, mêlées de roux sur la nuipie: faces inférieures
roux claii', avec ou sans taches brunes. Jeunes semblables à la fenielle.
Dans les deux sexes la queue est barrée de larges bandes brunes. Longueur de la queue :
250 millimètres. Longueur du tarse : 68 millimètres.
Longueur du doigt médian sans ongle 30 millimètres.
Lorsque les spécimens momifiés ne sont pas dans un très bon état de conservation, il est
difficile de reconnaître s'ils appartiennent à Circus macrourm ou à Circus cyaneus. Ces
deux formes, très voisines l'une de l'autre, ont été souvent confondues. Déjeunes Circus
macrourus ont parfois également été attribués par erreur à Circus i:)]i(iurrius.
Circus nmcrourus, le Inisai'd ].)lafard, se rencontre en Europe dans les mêmes régions que
Circus cyaneus, c'est-à-dire jusqu'en Scandinavie et en L'iande. Il ha]:)ite aussi une partie de
l'Afrique, l'Inde entière et la Chine.
Cette espèce réside toute l'année en Egypte et en Nubie. Suivant Shelley, on l'y observe
quelquefois en compagnie de Circus cyaneus.
RAPACES DIURNES 163
CIRGUS PYGARGUS, Linné.
Falco pygargus Linné, Syst. nat.. I \i. 1^8 (176f)).
Circus cineraceus Gould, Birds of Europe, I, pi. XXXV (1837). — Slielley, Birds of Egypt, p. 184 (1872).
Circus -pygargus, Sharpe, Cat. Brit. Mus., p. 64 (i874).
Ce busard est si^i-naL'' d'apivs un seul oxemplaiVe ti'ouvi! parmi les rapaces momifiés
isolément à Rôda (Haute-Egypte).
Bec crochu, moins courluî que dans Circus cyaneus Qi Cu\ jrtao'o?;r;«. Collerette accusée
derrière les joues.
Tarse mince, peu allongé, emplumé sur un tiers environ de sa longueur. Doigts et
ongles relativement iaibles.
Mâle adulti» : faces supérieures gris hleu foncé; faces inférieures grises sur la poitrine.
])lanches avec taches longitudinales sur l'abdomen.
Femelle adulte : faces supérieures brunes et rousses ; faces inférieures rousses avec lon-
o'ues taches brunes. .Jeunes semblables aux femelles.
Longueur du tarse : 58 mill. Longueur du doigt médian sans ongle : 28 mill.
Le Circus pi/ijarijus ou busard montagu habite l'Eur-ope jusipi'au (iO'' degré de latitude
nord; il habite également l'Inde, l'Asie Centrale et la Chine. l*]n hiver, on le reti"ou\-c ilans la
vallée du Nil, en Abyssinie et presque dans le sud de l'Afrique.
Le talileau suivant indique les dimensions du squelette dans les quatre formes de Circus
de l'Egypte ancienne.
DIMENSIONS PRINCIPALES DU SQUELETTE
CHEZ CIRCUS .iCRCGINOSiS, CYAXEUS, MACROURUS ET PYGARGVS
Circus Circus Circus Circus
œruginosus cyaneus macrourus pygargus
Longueur de la colonne vertébrale, de la 1"^ vertèbre
cervicale à rextrémité de la queue 233""" 218"'"' 183""' 1S0°°>
Longueur totale de la tête osseuse . 82 03 00 57
— — du frontal à l'occiput 53 40 40 38
Largeur maximum du crâne 48 37 35 35
— interorbitaire 10 S 8 7
Longueur de la mandib. super, (en suiv. la courb. du bec). 39 34 30 30
— du stern. (de l'aiiopliyse épistern. du bord post.) 64 55 53 »
Largeur du sternum en avant 36 31 27 »
— — en arriére 39 30 30 »
Hauteur du bréchet 18 16 15 »
Longueur du coracoïdien 43 35 32 »
— de l'omoplate 56 50 46 »
— de l'humérus lOS iS9 80 84
— du cubitus 130 108 98 102
• — du métacarpien 62 57 51
y.
o
1G4
FArXK DE I. ANCIENNE EGYPTE
Circus Cirevs
xrupinosKS cyaneus
Longueur du doifît principal 43""" 4^">i''
— du bassin -i'' '*^
Largeur antérieure du bassin 28 ~~
— du bassin en arriére îles cavités cotyloïdes . . 35 32
Longueur des vertèbres caudales ^'" ■^^
— du fémur 81 08
— du tibia 10'-» 'f
— du tarso-métatarsien. . . : 8:-! i-t
Longueur totale du doigt médian •>•' 50
— — — externe -4' '^^
— — — interne ">2 39
— — du pouce 50 39
Cireur
Circus
marroxtrus
pi/f/argus
3r>"""
35"""
40
39
20
»
31
30
-40
35
61)
»
90
79
6S
58
45
40
34
32
36
32
37
28
FAMILLE DES PANDIONIDÉS
Gknre PANDION. Savigxy
PANDION HALIAETUS, Linné.
Falco haliaclus, Linné, Syst. nat., I, p. 1S9 (176b).
Pandio fluvialis, Savign.y, Description de l'Egypte, Syst. des oiseaux, t. XXIH, p. 272 (1828).
Pandion haliactus, Gould, Birds of Europe, pi. XII (1837). - Gray, Gen. Birds. I, p. 17, pi. VIT, flg. 5. -
Shelley, Birds of Egypt. p. 203, 1872. — B. Sharpe, Cal. Brit. Mus., vol. I, p. 449 (1874).
Aux environs du lac de Menzaleli, le balbuzard fluviatile est connu des Égyptiens sous le
nom de nàcoury '.
Ce rapace est représenti' i^ar deux individus provenant des hypogées des environs de
Gizé.
Bec peu élevé, large, arrondi sur les faces latérales.
Narines grandes, ouvertes un peu en arrière du l)or(l de la cire.
Tai'se épais, court, moins long que la moitié du tibia. Emplumé en avant sur le tiers de
sa longueur environ, couvert de i)etites écailles hexagonales sur les autres parties.
Doigts longs et forts finement écailleux,'avec trois ou quatre écussons en arrière des
ongles. Face inférieure des doigts épineuse. Doigt externe réversible: médian avec ongle bien
plus long que le tarse. Ongles longs, acérés, développés à peu près également à tous les doigts.
Faces supérieures brun noirâtre, avec plumes l)ordées de gris ou de blanc : faces infé-
rieures blanchâtres, lai'ges taches ])run roussàtre vers le haut di' la poitrine.
' Savigny, Sysi. des oiseaux de l'Egypte, p. 274, Parus 1828.
RAPACES DU T.XKS dC^
Bec et onyios noirs, ciiv et pieds gris l)lou;ilre.
Longueur du tarse : 53 mill. Longueur du doigt médian sans ongle : 48 milL
Le ball)uzai'd habite presque toutes les pai'ties du monde : riùu'ope entière, l'Afrique,
le nord de l'Asie, l'Inde, la Chine. TAmérifpie du Nord, les Antilles, ainsi (pie les parties sep-
tentrionales d(^ l'Amérique du Sud.
Pandloii halia'clus est comnuui en Egypte pendant riuvei". Dans le Fayoun il est. sui-
vant Shelley, extrêmement abondant. Il ne se nourrit que de poissons, aussi le rencontre-t-on
toujours auprès des étangs ou des cours d'(^au.
Le squelette du balbuzard présente plusieurs caractères qui le distinguent très nettement des
oiseaux de proie diurnes et le rapprochent des nocturnes. M. Milne Edwards a dt^à signalé,
dans son ouvrage sur les oiseaux fossiles, quelques-unes de ces affinités'. « Le tarso-métatai*—
sien de ])albuzard est, dit-il, très remarquable en ce qu'il a plusieurs caractères communs avec
celui des strigidés ; il est, en effet, court et ti-apu. et la gouttièi'e tle l'extenseur commun des
doigts s'engage sous un pont osseux, large et ti'ès arqué : aucun autre rapaee ne nous a offert
une disposition analogue. Les crêtes du talon offrent un mode de conformation particulier, elles
se réunissent en arrière sur la ligne médiane, de; façon à clore complètement en arrière la
gouttière tendineuse. Les trochlées digitales ressemblent plus à celles des strigidés qu'à celles-
des rapaces oi'dinaires : elles sont petites, ti'ès rapprochées les unes des autres, et leur bord
postérieur se recourbe en dedans, comme chez ces derniers oiseaux. »
On doit ajouter que les membres postérieurs offrent dans leui" ensemble une grande analo-
gie avec ceux du Biiho maxuiins. Le fémur, le tibia, le tarse et les doigts ont environ les-
mêmes dimensions relatives ; la section des phalanges unguéales est régulièrement ovalaire au
lieu d'être anguleuse à la face inférieure, comme chez la plupart des rapaces diurnes. Les-
tubérosités oii s'insèrent les muscles ext(!nseui's d(îs doigts sont très saillantes, notamment
sur l'interne (!t le médian. Le li'uuu' est faibh'ment recourbé: il n'a pas d'orifice pneumatique
vers son extrémité proximale. Toutes ces particularités rapprochent T'andion Jialiurlus à&ii
rapaces nocturnes.
Par son crâne resseri'é latéi'alement dans la i-égion occipitale, par son sternum étroit en
arrière, le balltuzard rappelle les milans et la bondrée. Mais il diffère de tous l(>s oiseaux de
proie aussi bien diurnes que nocturnes, par la conformation tout à faitparticulièi'ede son ])assin.
Celui-ci est très développé dans la partie ischiatique. en ari'ière des cavités cotyloides; sa lar-
geur en ce point est aussi forte que le diamètre antéro-postérieur du bassin, alors que, chez les-
rapaces et presque chez tous les oiseaux, elle est toujours plus faible. Le bassin présente en
outre sur sa face dorsale, dans la région iliaque, deux canaux parallèles à l'axe vertébral qui
s'ouvrent sous les crêtes iliaques supérieures et débouchent, en avant, à droite et à gauche des
apophyses épineuses dorsales. Cetti' disposition existe aussi chez Buho itiaxlniKs. quelques
autres nocturnes et diverses espèces non rapaces.
PoDiIioii hdllaëlus a six vertèlires caudales seulement au lieu de sept ou huit qu'on trouve-
chez la plupart des oiseaux.
' Recherches anatomiques el rialéontoloc/iques pour servir à l'Iiisloire des oiseau" fossiles, p. 413.
Paris, i869-lS71.
166 FAINE DE I/AXCIEXXE ÉGYPTI'
DIMENSIONS PRINCIPALES DU SQUELETTE
DE PAXDIOX HALIAETUS
Longueur de la colonne vertébrale de la l'* vertèbre cervicale à l'extréaiité de la queue . . . 299"""
Longueur totale de la tête osseuse 76
— — — du frontal à l'occiput 48
Largeur maximum du crâne 44
— interorbitaire lO
Longueur de la mandibule supérieure (en suivant la courbure du bec) 44
— du sternum (de l'apophy.se épisteriiale au bord postérieurl 70
Largeur du sternum en avant 48
— — en arrière 42
Hauteur du bréchet 25
Longueur du coraeoïdien 47
— de l'omoplate 71
— de l'humérus 144
• — du cubitus 185
— du métacarpien 87
— du doigt principal • 73
— du bassin 07
Largeur antérieure du bassin 44
Largeur du bassin en arrière des cavités cotyloïdes <:i5
Longueur des vertèbres caudales 53
— du fémur 79
— du tibia 125
— du tarso-mélatarsien 53
Longueur totale du doigt médian 05
— — externe 57
— — interne 49
— du iiouce 47
RAPACES NOCTURNES
FAMILLE DES BUBONIDÉS
Genre BUBO. Cuvier
BUBO ASGALAPHUS, Savigny.
Bubo ascalaphus. Savigny, Système des oiseaux de l"Et;'ypte (Descriplion de l'Egypte, pi. III, fig. 2, p. 293,
t. XXIII, 1828, Paris). — Gould, Birds or Europe, I, pi. XXXVIIf. — Shelley. Birds of Egypt,
p. 180 (1872). — B. Sliarpe, Cat. of the Slriyes of ihe Brit. Mus., t. II, p. 24(1875).
Le hilidu (l'Kgyptc est connu dos habitants du Caire sous le nom do bouh '.
Nous le signalons au nonil)i'e desoisoaux ilc rKi;'ypte ancienne, d'après on simple spécimen
incomplet, trouvt^ au milieu d'im i;'i"oupe de l'apaces diurnes provenant des environs de Gizé.
Il n'a pas été momitié isolément, pas plus que les rapaces nocturnes cités plus loin. Ces noc-
turnes étaient disséminés à l'intérieur de quelques séries d'oiseaux de proie diurnes. Ils étaient
tous en mauvais état de conservation, déchirés et décapités, sauf un seul, Asio hrachyolus,
dont le squelette complet a pu être préparé.
Tarse épais, environ é,i;al au doigt médian avec ongle: emplumé sur toute sa longueur.
Doigts couverts de plumes dessus seulement, avec un ou doux écussons à la base dos ongles.
Faces supérieures ])runes avec taches Ijlanches et lignes verticales noires ; faces infé-
rieures jaune clair coupé de lignes brunes ondulées transversalement. Disques faciaux
jaune clair. Bec et ongles noirs.
Longueur du ti])ia : 132 mill. Longueur du tarse : 75 niiU. Longueur du doigt médian
sans ongio : .")! mill.
Bubo ascalaphus habite tout le nord et le nord-est de l'Afrique. 11 est commun en Egypte
et en Nu])io pendant l'année entière. Le hibou égyptien fréquente surtout les montagnes et les
ruines.
Savigny, Description de l'Egypte, p. 207, vol. XXI II, Paris, 1828.
168 FAUNE DE I/AXCIRXXK EGYPTE
Ge.\rk se UPS, Saviow
SCOPS ALDROVANDI, 'Willughby.
ScopJi Aldroi-and!. Willii-liby, Ornitli., |). XLI (1S7Ô). — GoiikI, Birds of Europe, pi. XLI, vol. I (1837).
Soop-i ephialtes, Savi_tjiiy, Système des oiseaux de l'I'jgypte (Description, p. 291, vol. XX[II, 1828, Paris.
Scops fjiu, Slielley, iln-ds of Egypt, p. 178 (1872). — B. Sharpe, Cat.of Brit. Mas., p. 47, vol. 11 (1875).
Lop Egyptiens connaissent le petit-duc sous le nom de hnuin. niais, .suivant Savigny',
ce nom est plutôt générique que spécifique.
Sco]}S Aldiwandi est représenté par 3 spécimens tlans notre collection d'oiseaux momi-
tlés : i provient de Gizé, 2 sont de Kôm-Uml)o.
Bec épais, comprimé latéralement, incliné dès la l)ase.
Tarse de longueur moyenne, l'-gal à peu près au doigt médian avec ongle, emplumé en
avant et sur les côtés, écailleux derrière.
Doigts nus avec quatre ou cinq demi-anneaux en arrière des ongles.
Plumage gris mêlé de roux avec taches vei'ticales noires et fines stries horizontales
jjruncs. P'aces inférieures semblables aux faces supérieures, mais un peu plus claires.
Longueur du tibia : 46 à 49 mill. Longueur du tarse : 20 à 28 mill. Longueur du
iloigt médian sans onçj'le : 18 à 19 mill.
Scojjs Aldrocandi se rcnconhv dans le centre et le sud de l'Europe, dans le nord-est de
l'Afrique et une partie de l'Asie.
Shelley dit qu'on le trouve de nos jours dans toute l'Egypte et la Nubie où il vit gén(''rale-
mentpar couples. Il est assez fréquent aux environs d'Alexandrie et du Caire. Au mois d'oc-
tobre, Brehm en a vu des troupes sur les bords du Nil, effectuant leurs migrations.
Genre ASIO. Brisson
ASIO OTUS, Linné.
Strix otus, Linné, Si/st. nai. , I, p. 1.32 (ITGG).
Bubo olus, Savigny, Description de l'Egypte. X. X.\.III, p. 2'.)3 (1828).
Otus vulgaris, Gould, Birds nf Europe, pi. XXXI.X., v.d. I (1837).
Asiootu^-, Shelley, Birds or' Eyypt,-ç. 178 (1872) — D. Shaipe, Ca'. of Ihe Brit. Mus., vol. II, p. 227 (1875).
Le moyen-duc ou liil)ou des forêts est cité ici d'après un exemplaire trouve'' à l'intérieur
<rnn groupe d'oiseaux de proie de lv(")ni-(Jm])o.
Disques faciaux complets descendant plus Itas que le bout du bec. Aigrettes frontales
allongées.
Bec long un jieu incliné dès la Ijase.
Tarse emplumé, égal au médian avec ongle.
' Savigny, Description de l'Egypte, p. 202, vol. XXIII, Pari<, 1828.
RAPA CES NOCTURNES 169
Doigts couverts do plumos moins un demi- anneau à la liase des ongles.
Plumage gris mêli'^ de roux avec taclK^s verticales noires coupées de légères stries trans-
versales brunes. Tarses et doigts jaune roussàtre. Bec et ongles bruns. Longueur du tibia:
77 mill. Longueur du tarse : .39 mill. Longueur du doigt médian sans ongle: 29 mill.
Le hibou vulgaire ou des forêts habite l'Euro^je, l'Asie Centrale, les monts Himalaya, la
Chine, le Japon et la Sibérie. Au sud on le trouve jusque dans les Indes et le nord-est de
l'Afrique. Heuglin' et Taylor l'ont observé en Egypte vers la fin de mai's, mais il y est
toujours rare.
ASIO BRACHYOTUS, Gmelin.
Stryxbrachyolus, Gmeliii, Sijst. nat., I, p. 289.
Otus brac/ii/otus, Gould, Birds of Europe, vol. I, [jI. XL (1837).
Asio accipitrinus, Shellej, Birds of Egypt. p. 179(1872). — B. Sharpe, Ca<. of thc BriL Mus., vol. II, p. 234
(1875).
Le hil>oii l)raehyote ou des mai'ais est représenté par 4 spécimens : 3 sont des environs
de Gîzé, i provient de lv("iui-Ombo.
Disques fasciaux complets, descendant jusqu'au bout du bec, aigi'ettes frontales courtes.
Tarse un peu plus grand que le doigt ini'dian avec ongle.
Doigts emplumés moins deux demi-anneaux en arrière des ongles.
Plumage roux jaunâtre, larges taches verticales brunes sur les faces supérieures, faces
inférieures plus claires avec taches ])runes verticales et étroites. Tarses et doigts roux claii'.
Bec et ongles noirs.
Longueur du tibia: SO à 83 mill. Longueur du tarse : 44 à 45 mill. Loniiueur du doii^t
médian sans ongle : 30 et 31 mill.
Le hibou des marais se, rencontre sur toute la surface de la terre, excepté en Australie. Il
est très commun dans les marais et les tourbières de la Sibérie et du nord de l'Europe.
Jerdon rapporte qu'on le voit an-iveraux Indi^s tous les hivers.
Dans l'Egypte actuelle on l'obsei've également en hiver. Brehm dit l'avoir vu « en grand
nombre dans les steppes du bassin supérieur du Nil-».
Heuglin, Ornith. N.O. Afr., I, p. 107.
Brehm, la Vie des animaux : les oiseaux, p. 509.
.\rch. Mus. — t. VUI.
ilO FAUNE DE I,' ANCIENNE ÉGYl'TE
FAMILLE DES STRIGIDÉS
Genre STRIX. Linné
STRIX FLAMMEA, Linné.
Siri.T flammea, Linné, Sysi. nat., I, p. 133. — Savigny, Description de l'Egypte, vol. XXIII, p. 300 (1828).
— Gould, Birds of Europe, l,])\. XXXVI (1837). — B. Sharpe, Cat. of the Drit. Mus.,\o\. II,
p. 291 (1875).
Aluco flammea, Shelley, Birds of Egypt,p- 176(1872).
La cliouette effi'aye est conniu» des Egyptiens du Caire et d'Alexandrie sous le nom de
massàçah'. Elle est signalée ici au nombi'e des oiseaux momitiés. d'après deux spécimens
provenant de Gizé.
Disques fasciaux triangulaires, développés à peu près également au-dessus et au-dessous
de l'œil.
Tai'ses grêles, longs envir-on deux fois comun' le doigt m(''dian sans ongle légèrement
emplumés. Doigts écailleux avec quelques poils disséminés sur la face supérieure : interne et
médian égaux en longueur. Bord interne de l'ongle du doigt médian dentelé.
Plumage roux sur les faces supérieures, avec petites taches verticales blanches et noires :
faces inférieures blanches ou légèrement rousses pai'semées paifois de quelques points l)runs.
Bec et doigts jaunâtres.
Longueur du tibia : '.).") mill. Longueur du tar,se : 03 mill. Longueur du doigt médian.
sans ongle: 2S mill.
Les chouettes effrayes varient beaucoup de plumage et de dimensions. Elles sont répandues
sur toute la surface du globe, excepté dans les régions excessivement froides.
En Egypte Stii'x flammea est assez fréquente, on la rencontre généralement dans le \o\-
sinage des r-uines.
' Savigny, .Système des oiseaux de l'it^ypit (Description, \). 301, roi, XXIII).
IBIS
Genrk ibis, Cuvier
IBIS AETHIOPICA, Lath.
(PI. VII et VIII, fig. 7i et 75.)
Numenius Ibis, Cuvier, Annales du Muséum de Paris, p. 116, pi. LU, LTV (1804), — Savigny, Histoire natu-
relle de VIbis, p. 15, pi. I. III ( 180.5).
Ibis religiosa, Cuvier, Régne animal, I, p. 483 (1817). — Savigny, Système des oiseaux de l'Egypte ('2)«c^^■/3<^on,
vol. XXIII, p. 397, pi. Vil, fig. I, 1828).
Ibis sethioptca, Shelley, Birds ofEgypt, p. 261 (1872). — B. Sliarpe, Cat. of the Brit. Mus., p. 4, vol. XXVI,
(1898).
Les momies d'I]3is se trouvent en nombre excessivement grand dans quelques hypogées
de l'ancienne Egypte, à Sakkara notamment, mais elles y sont presque toujours incomplètes,
Fig. 74. Ibis xthiopica, dessiné d'.ipbès nature par M. le professeur Wai.ter Innés.
ou dans un très mauvais état de conservation : elles tomljent en poussière au plus léger con-
tact ; le plus souvent on ne reconnaît l'ibis que d'après quelques fragments du crâne ou di^s
172
FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
parties les plus résistantes du squelette. Nous avons eu sous les veux plusieurs centaines de
ces momies desquelles il a été possible d'extraire de nombreux crânes,
humérus, tai-ses et ossements divers de l'ibis sacré, mais ce n'est
que très difficilement qu'on est i)arvenii à préserver cin([ squelettes
complets de cet oiseau. L'un de ces squelettes provient d'une momie de
ïhèbes, quatre sont de Rôda.
Nous a\'ons la ])onne fortune de pouvoir mettre à l'appui de la
description sommaire d'Ibis œfhiojjir/i un dessin de cet oiseau fait
d'après nature, sur les bords même du Nil, à Fashoda, par M. le
professeur' ^\"alter Innés du Caire. Ce naturaliste a été frappé de ren-
contrer constamment l'iljis sacré dans une attitude qui ne correspond
pas du tout à celle indiquée par les ouvrages d'histoire naturelle.
L'oiseau n'a pas, en effet, la tête relevée ouramené(.' au-dessus du corps,
il la porte toujours un peu en avant, le cou légèrement recourbé, le bec,
pres(jue vertical, étant dirigé vers le sol (fig. 74). Avec cet aspect l'ibis
justifie bien le nom à'ahou-mengel^ qui signifie la faucille ou, à la
lettre, le père de la faucille, sous lequel il était connu en Egypte au
siècle dernier. En Ethiopie on le nomme ahou Jiannès.
Les principaux caractères spécifiques à' Ibis œthiopica sont les sui-
vants :
Bec long et recour])i'' ; l'ainure nasale se prolongeant jusqu'au ])out
du bec.
Tai'se un peu plus long que le doigt médian avec ongle, couvert
do nombreuses écailles hexagonales (fig. 75). Doigts éeailleux, ongles
recourbés.
Mâle et femelle adultes : plmnage blanc, extrémités
des rémiges et scapulaires noir Ideuàtre; tète et cou nus,
peau noir velouté. Pas de plumes allongées en avant du
cou.
Jeunes : cou et tète couverts de plumes noires bordées
de blanc (les plumes de la tète et du cou ne tombent que
pendant la troisième année).
Longueur du tarse, 96 à 124 mill. Longueur du doigt
médian a\'ec ongle, 88 à 96 mill. Du culmen au Jjout tlu bec,
152 à 190 mill.
Les mesures qui précèdent, sont celles des ilns momifiés,
'^'oici les dimensions relevées au Caire par ÎNL ^^'alter Innés
et l'un de nous, sur quatre ibis éthiopiens modernes tués,
au coui's de l'expédition Jagerslciôld, sur le Nil Blanc, de
100 à 200 milles au sud de Khartoum.
Fig. "j. — Ibis œthiopica.
JMOMIE DE SaKKARA. PlED GAUCHE, (g
liai.)
Savigny, Histoire naturelle et mythologique de l'Ibis p. 13, Paris, 1805.
IBIS 173
N° 1 (fonirlle). Loiigueui' du tai'se, SOniill. Du culnu'ii au ]iuul du liée MU iiull.
N" 2 (femelle). Lon,<îue\ir du tarse, 105 mill. Du culmen au bout du bec, 188 mill.
N" 3 (jeune). Longiu'ur du tai'se, 91 uiill. Du eulineu au bout du bec, 150 mill.
N° 4 (mâle). Longueur du tarse. !)() mill. Du eulmi'u au bout du bi'c. 101 mill.
De plus M. le professeur- .Jagerskiôld a eu la yi'ande oblio'eance de l'elevor pour nous, sur
les ibis modernes conservés à Upsala, les mensurations suivantes :
Muséum d'Upsala. — N" 1 (femelle) du Nil Blanc. Longueur du tarse 89 mill. Du culmen
au bout du bec, 135 mill.
N" 2 (femelle) du Nil Blanc. Longueur du tarse 89 mill. Du culmen au bout du bec,
148 mill.
N° 3 (jeune) de Port-Natal. Longueur du tai'se 9G mill. Du culmen au bout du bec,
184 mill.
Trois spécimens modernes adultes d'/iw œfJiiojnca, de la collection du Muséum de Lyon,
ont les dimensions suivantes :
N" 1 du Nil Blanc. Longueur du tarse. 98 mill. Long, du doigt médian avec onde,
88 mill. Du culmen au bout du bec. 150 mill.
N" 2 de Nubie. Longueur du tai'se, 95 mill. Long, du doigt médian avec ongle,
88 mill. Du culmen au l)out du bec, 108 mill.
N" 'î de Nubie. Longueiu- du tarse, 95 mill. Long, du doigt médian avec ongle,
87 mill. Du culmen au bout du bec, L55 mill.
D'après ces diverses observations, l'ibis niomiii('' aune taille sensiblement plus forte que
l'ibis blanc qui vit de nos jour-s dans le sud de la Nul)ie et sur les bords du Haut Nil, au-
dessus de Khartoum. Pour celui-ci, la longueur des tarses varie, suivant Shelley, .Sharpe' et
les observations précédentes, de 80 à 105 millimètres, alors qu'elle atteint de 96 à 124 milli-
mètres chez le premier. 11 ne s'agit point pourtant de formes difierentes, cai' nous avons pu
recueillir, dans plusieurs momies, des rémiges blanches terminées par la tache noire caracté-
ristique de l'ibis ('tliiopien actuel. C'est donc toujoui's la même espèce, mais, dans la suite
des siècles, elle a probablement subi des modifications anatomiipies notables. Cette dimi-
nution des membres postérieurs, chez un animal dont la domestication n'est pas certaine,
est chose importante à signaler. Il est à désirer qu'elle soit confii'mée par de nouvelles et
nombreuses observations. Quelle peut en être la cause? Il est difficile de l'indiquer d'une
manière positive.
Peut-être le plus grand développement des memljres postérimu's chez l'ibis ancien était-il
dû à l'existence particulière de cet oiseau dans l'Egypte pharaoni(pie. D'après les récits des
historiens, l'ibis vivait alors respecté de tous les habitants. Confiant dans la sécurité complè'te
dont il jouissait, ils s'avançait, se multipliait jusque dans les villes, se noin-rissant sur le bord
des canaux et peut-être de quelques lacs disparus depuis. L'ibis s'était peu à peu habitué à
cette vie au point de rester en Egypte, paraît-il, dans un état de demi-domesticité. Chez cet
' Shelley, Birds of Egijpt, p. 271, Londoii, 1872. — Sharpe, Cat. of the Bril. Mus., vol. XXVI, p. 6,
1898.
174 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
oiseau pourvu d'une nourriture abondante, marchant plus qu'il ne volait, il semble naturel de
trou^•el• les membres postérieurs, et peut-être même le corps entier, plus développés que chez
les ibis actuels traqués pai" les chasseurs, obligés de se déplacer constamment à la recherche de
leur nourriture.
Suivant le zoologiste Savignv, l'ibis descendait encore, au commencement du siècle dernier,
jusque dans la Basse-Egypte oi^i les Arabes lui faisaient la chasse au moyen de tllets. (( Pendant
l'automne, dit-il. on voit siu* les marchés de la Basse-Egypte, surtout dans cidui de
Damiette, quantité de ces ibis auxquels on a reti'auché la tête. On m.'a souvent apporté Vibis
noir vicant et une seule fois l'ibis blanc ^. »
Quelques années plus tard l'explorateui' (iailliaud ne trouvait plus [bis setldopnca, Vibis
blanc et noir, ainsi qu'il l'appelle, que sur le llaut-Nil : <( on ne voit plus, aflSrme-t-il,
aujourd'iuii en Egypte aucun individu vivant de cette couleur^ ».
Ibis xthiopica se rencontre actuellement eu Afrique depuis Khartoum jusqu'au Trans-
A'aal et dans l'exti'ême sud africain, mais on ne le trouve plus en Egypte. Au dire des voya-
geurs, il ne se montre que dans le sud de la ^l'ubie, annonçant la crue du Nil. « Jamais, dit
Brehm^, je ne l'ai rencontré au-dessous de la ville de MuchereiF, sous le 18« degré de latitude
nord, mais déjà quelques couples nichent à Khartoum et il est commun plus au sud. Dans le
Soudan, il arrive au commencement de la saison des pluies, vers le milieu ou la tin de juillet,
il y niche et dispai'ait avec ses petits au Iiout de trois ou quatre mois, mais il ne parait pas
émigrer bien loin.
« Dans im voyage au sein des forêts viei'ges des ])ordsdu Nil lilcu, je renconti'ai. le KJ et
17 septemlire, une telle quantité d'ilns sacrés, (pi'en deux jours je pus en prendi-e plus de
vingt. Je n(> connus que plus tard la cause de ce rasseml dément d'iltis : une pai-tie de la
foi'êt était inondée, et ces prudents oiseaux l'avaient choisie pour y ('■taldii- leurs nids.
« Quelque temps auparavant j'avais visit('' \\\\ pareil emplacement, mais d'un accès bien
plus facile. C'était une ile du Nil Blanc, couverte de hauts mimosas, inondée par les hautes
eaux et assez pour qu'on pût. du ])ateau, monter sur les arbres. Je vis là que l'ibis sacré
nichait sur une espèce de mimosa appelée par les Aralies harahsi. c'est-à-dire (( qui s(> pro-
tège » et dont les branches épaisses, entrelacées et épineuses forment un fourré impénétrable.
Les nids étaient aplatis et formés de liranches de Imnilisl : l'intérieur' en était tapissé de Itrin-
dilles et de quelques tiges d'herbes, mais le tout était très lâchement construit. Les œufs, au
nombre de trois ou quatre pai' couvée, Idancs, d'un grain assez grossier, ont à peu près le
volume d'un œuf de poule ou de canard. »
A l'intérieur (le quelques vases grossiers en terre cuite rouge, provenant des hypogées de
R('ida et de Tonné, dont la plupai't contenaient des momies et des ossements d'il)is. nous avons
trouvé des œufs en partie écrasés, de grandes quantités de coquilles. Ce sont très probablement
des œufs d'ibis. Ils se rapportent assez ])ien à la description de lîrehm. Toutefois, ceux que
nous avons recueillis sont un peu moins volumineux que les œufs ordinaires de poule ; ils ont
aussi une forme plus allongée (grand diam. 54 mill. ; petit diam. 35 mill.j.
' Savigny, Histoire nal. et mylh. de l'ibis, p. 49 et 50, Paris, 1805.
- Cailliaud, Voyage à Méroé, au, fleuve Blanc, p. 212, Paris, 1826.
•' Brelim, la l'ie des animaux : les oiseaux, p. 619.
I15IS 175
Le squelotto de l'iliis sacré des temps pharaoniques correspond parfaitement, dans son
ensemble, à celui à!Ibis œthiopica actuel. Rien w parait lesdistin.i^uer. Toutes les particularités
morphologiques de l'un se retrouvent chez l'autre. On ne peut signaler, dans les exemplaires
momiflés. que l'aspect plus fort de quelques parties de la charpente osseuse, notamment (hi
sternum et des meml)res postérieurs (pi. MI), mais nous n'avons pu comparer à ces squelettes
anciens qu'un seul squelette d'ibis moderne. Les différences qu'on remarque entre eux ne dépas-
sent peut-être pas les limites ordinaires des variations individuelles et sexuelles. On doit donc
attendre que de nombreuses observations aient été faites sur l'ibis éthiopien actuel, pour être
iixé sur la valeur des différences signalées.
Le tableau sui\-ant met en regard les dimensions du s({uelette d'Ibis œthiopica relevées
sur un spécimen momitié et sur un individu moderne.
DIMENSIONS PRINCIPALES DU SQUELETTE
D'IlilS .ETinOl'ICA
Ancien Moderne
Longueur de la colonne vertébrale, de la 1"' vert. cerv. à rextrémité de la queue. 430""" 382"">
Longueur totale de la tête osseuse 250 206
— totale du frontal à l'occiput G4 54
Largeur maximum du crâne 33 31
Largeur interorbitaire 22 22
Du culmen au bout du bec 186 152
Longueur du sternum (de l'apophyse épisternale au bord postérieur) 87 88
Largeur du sternum en avant 46 43
— — en arrière 44 43
Hauteur du bréchet 32 32
Longueur du coracoïdien • . . . 54 52
— de l'omoplate ... : 72 67
— de riiumérus 127 124
— du cubilus 146 145
— du métacarpien 71 68
— du doigt principal 55 53
— du bassin ■ 84 77
Largeur antérieure du bassin 36 36
Largeur du bassin en arrière des cavités cotyloïdes 45 44
Longueur des vertèbres caudales 41 38
— du fémur 77 71
— du tibia 163 146
— du tarso-mélatarsien 114 98
Longueur totale du doigt médian . 90 87
— — externe 75 73
— — interne 68 66
— — du pouce 42 41
170
FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Genre PLEGADIS. Kaup
PLEGADIS FALCINELLUS, Linné.
(Fig. 76.)
Tantalus falcineUus , Linné, S;/st. mit., I, p. 241 (1766).
Ibis noir, Savignj, Histoire naturelle et myt}iologi<iue de l'ihis, p. 36, fig. 4 (1805").
Jbis falcineUus, Gould, Birds a f Europe, IV, pi. GGGI (1837). — Savigny, Description
r|_l de l'Egypte, p. 401, vol. XX.1I1, pi. VIT, fig. 2 (1828). — Shellej, Birds of
f: Egyi.t. p. 262 (1872).
ll4-4 Pleyadis falcineUus. Kiup.Nalur.Siysl., p. 82 (1829). — B. Sharpe, Caï. oftheBril. Mus.,
vol. XXVI, p. 29 (1898). "
Les Aralies actuels désignent l'iliis falcinellepai'le nom d'e/ hei-eis.
Nous avons remarqué 4 spécimens de cet ibis : 3 momifiés isolément
parmi L^s oiseaux en pots des hypogées de Sakkara, 1 à l'intérieur d'un
gi'oupe d'oiseaux de proie de K(3m-(_)m]30 . Tous les quatre ont été trouvés
incomplets ou brisés.
PlegarUs falri/icliit.s se reconnaît aux caractères suivants : bec long et
recourlié, rainure nasaL? se prolongeant jusqu'au ])out du liée.
Tarse grêle, lieaucoup plus long que le doigt mi'dian ; face antérieure
du tarse couverte de larges écailles transversales (fig. 76). Doigts écailleux;
ongles effilés et pointus, celui du doigt médian à peu près droit.
Mâle et femelle adultes : plumage marron foncé sur le cou, la poitrine,
le ventre, les cuisses et la partie supérieure di'S ailes; le sommet delà tète,
le dos, les rémiges et les rectrices hi'nn noir avec reflets métalliques verts et
violets.
Les jeunes ont le plumage d'iiiver des atlultes, c'est-à-dire plumes
noù'es bordées de blanc à la partie inférieure du cou ; dos couleur cuivrée
avec reflets verd4tres ; ventre et poitrine gris brun.
Longueur du tarse : 102 mill. Longueur du doigt médian avec ongle:
75 mill. Du culmen au bout du ])ec : 131 millimètres.
Plcfjadis falciiicllKs habite le sud de l'Europe et les régions bordant la
Méditerranée. On le trouve aussi, mais plus rarement, dans l'Asie Centrale,
la péninsule Indienn(\ la Chine et le Siam.
En Afrique, on le rencontre dans le noi-d-est ainsi que dans le sud.
Suivant Slielley et Brehm, il hal)ite toute l'année l'Egypte et la Nulii(\ on
le voit surtout aux abords des lacs et des marais. « En Egypte, dit Brehm',
c'est un oiseau sédentaire. Sur les liords du lac Menzaleh, les falcinelles que
j'ai eu l'occasion d'observer, quittaient le matin la plac(> où ils avaient passé
la nuit, se rendaient, en tenant le haut des airs, vers des endroits où ils se trouvaiwit à
l'al)ri des attaques de tout ennemi et d'où ils pouvaient découvrir' un vaste horizon; ils res-
Fig. 76.
Plegadis falcineUus
Momie de Sakkara
Pied droit. (gr. nat.)
' Brelirn, les Oiseaux, p. 619.
IBIS 177
taient là toute la journée, puis, au crépuscule, ils revenaient pour dormir sur des ai'l)res, dans
des iles formées au milieu du lac ou des mai'ais avoisinants. »
Le facinelle fait son nid dans les mai^ais enchevêtrés de roseaux où se trouvent dissé-
minés quelques saules. C'est sur ces arhres, dans l'Europe méridionale, que nichent les falci-
nelles, en nombre souvent considérable. Ils s'empai^ent volontiers, au dire de Lœbenstein, des
nids de hérons abandonnés et les tapissent avec des tiges de roseaux. Les œufs, au nombre
de trois ou quatre, ont à peu près la grosseur des œufs de poule. Ils sont allongés, à coquille
épaisse, d'un l)eau vert bleu, tirant parfois sur le vert clair.
De son côté, Savigny' a rencontré, en Egypte, le falcinelle en grand nombre. Il suppose,
avec raison, que l'ibis noir des anciens Égyptiens, dont paillent les historiens grecs, devait être
l'ibis falcinelle. Pour justifier son opinion, Savigny montre l'ancien nom égyptien de l'ibis noir,
heheras, d'après Aristote, se retrouvant presque sans altération dans le mot ai'abe, elhereis,
de l'ibis falcinelle. Cette identité ne saurait fah'e aucun doute, maintenant que nous avons
trouvé momifiés plusieurs spécimens de cette dernière espèce.
' J.-G. Savigny, Histoire naturelle et mythologique de l'ihis, p. 39, Paris, 1805.
Arch. Mus. t. VIII • 23
OISEAUX DIVERS
Genrk GUGULUS, Lixné
GUCULUS CANORUS, Linné.
Cuculus canorus, Linné, Syst. nat.. I, p. 168 (176(3). — Gould, Birds of Europe, III, pi. CGXL (1837). — Shelley,
Birds of Hgypt. p. 162 (1872). — Shelley, Cat. ofthe Brit. Mus., p. 245, vol XIX (1891).
A propos des quekpies espèces d'oiseaux divers citées ici au nomlire dos animaux anciens
de l'Egypte, on doit répéter ce qui a été dit relativement aux oiseaux de proie nocturnes. Ceux-
ci comme ceux-là n'ont jamais été trouvés momifiés séparément, entourés de liandelettes, ils
étaient disséminés avec de petits rongeurs, des musaraignes et des dents de crocodiles, à l'inté-
rieur de quelque.s-uns des groupes d'aigles, faucons, éperviers, etc., de Kôm-Ombo et de Gîzé.
Le coucou est signalé d'après deux individus, accompagnant des séries d'oiseaux de proie de
Kôm-Ombo.
Le Lee de Cuculus canorus est un peu plus court que la tête, légèrement arqué et
comprimé, un peu plus large que haut à la ])ase. Narines arrondies, un peu saillantes.
Tarses en partie emplumés, à peine plus longs que le doigt externe reversil^le en arrière.
Faces supérieures gris cendré plus ou moins foncé, ventre gris lilanc avec lignes noii^es
ondulées transversalement.
Longueur du ])ec au front : 22 mill. Longueui' du tai'se : 21 mill. Longueur du doigt
externe sans ongle : 18 mill.
Cuculus canorus habite l'Europe, l'Asie et l'Afrique. C'est un oiseau très migrateur.
Shelley l'a observé en Egypte à plusieurs reprises dans diverses localités. Il y arrive du mois
de mars au mois de mai. et s'en retourne en août.
Genrk CORACLiS, LixxÉ
CORACIAS GARRULA, Linné.
Coracias carrula, Linné. Syst. nal,, î, p. 159 (1766). — Oould, Birds of Europe, II, pi. LX (1837). — Shelley,
Birds of Egypt, p. 168(1872). — B. Sharpe, Cat. of tlie Brit. Mus., p. 15, vol. XVII (1892).
Lo roUier a été reconnu d'après un seul exemplaii'c parfaitement conservé à l'intéiieur
OISEAUX DIVERS 179
d'une masse d'oiseaux de proie de Kôm-Ombo. Il a (ité identifié très facilement, le plumage
ayant gai'dé intactes presque toutes ses couleurs.
Bec rol)uste à arête peu convexe, crochu à l'extrémité. Nai'ines fendues obliquement,
ouvertes à la hase du hec.
Tai'se épais, plus court que le doigt médian, à peu près égal au doigt externe sans ongle.
Ongles comprimés latéralement, vm peu recourbés.
Couleur dominante du plumage vert brillant, rémiges bleu indigo sur leur face supérieure,
bleu azuré à la face inférieure.
Le rollier a été rencontré dans la plupart des régions de l'Europe jusqu'au sud de la
Scandinavie, mais il n'est commun que dans l'Europe méridionale et orientale, ainsi que dans
le nord de l'Afrique et l'Asie occidentale .
Suivant Shelley, Coracias garnila est de passage en Egypte et en Nubie vers la fin du
mois d'avril.
Genre HIRUNDO, Linné
HIRUNDO RUSTICA, Linné.
Hirunilo rustica, Linné, St/sl. nat. I, p. 343 (1766). — Gould, Birds of Europe, II, pi. I-IV (1837). —
Shelley, Dirds of Egijpt, p. 120 (1872). — B. Sharpe Cal. of the Brit. Mus., p. 128, vol. X (1885).
Plusieurs hirondelles ont été trouvées mêlées aux oiseaux de proie, mais elles sont, en
général, entièrement briilées on agglutinées par le bitume et par conséquent indéterminables.
Une seule, mieux protégée que les autres, a pu être déterminée. Par ses principaux caractères
elle correspond à Hiriindo rustica. L., l'hirondelle de cheminée. La couleur des faces
inférieures n'est pas assez assez bien conservée pour pouvoir dire si cette hirondelle appartient
en propi-e à la variété européenne ou si elli> se rapporte à la vai'iété méridionale (Hirundo
Savignyi. Steph., syn. Hirundo rahirim. Licht.), qui est actuellement plus commune en
Egypte. De l'avis de la plupart des naturalistes, les différences qui sépai'ent ces hirondelles
n'ont pas une im]tortance spécifique, elles ne constituent cpie des variétés ou des races
locales de notre hirondelle de cheminée, Hirundo rustica.
Bec court, aplati et large à la hase.
Tai'ses et doigts nus. Tarse de la longueur du doigt médian sans ongle.
Faces supérieures noir ])li'u. Front et gorge roux. A'i.'nti'e lilanc (variété européenne) ou
roux (vai". nK'ridionale. Hir. cahirica). Queue profondément échancrée.
Longueur de tarse : il millimètres.
L'hirondelle de cheminée habite tonte l'Europe pendant la lielle saison. En hiver, (die se
retire dans les régions chaudes de rAft'i(pie et de l'Asie ; elle est alors alwndante sur le littoral
méditerranéen.
180 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Genre ŒDICNEMUS, Temminck
ŒDICNEMUS ŒDICNEMUS, Linné.
Charadrius œdicnemus. Linné, Syst. nat., I, p. 255 (1766).
Œdicnemus crepitenx, Gould, Birds of Europe^ IV, pi. GGLXXXVIII (1837). — Shelley, Birds of Egypt,
p. 230(1872).
Œdicnemus œdicnemus, B. Sharpe, Cat. of Ihe Brit. Mus., p. 4, vol. XXIV (1896).
L'œdicnème criard n'est représenté que par une tête, en connexion avec quelques vertè-
bres du cou, trouvée au milieu d'un groupe de rapaces de Kôm-Omlio. La forme très paiii-
culière du liée et du crâne de cet oiseau ne laisse aucun doute sur sa détermination.
L'œdicnème se rencontre dans le centre et le sud de l'Europe, ainsi que dans l'Asie
Centrale et la péninsule Indienne. Il est commun dans toutes les régions bordant la Méditer-
ranée. En Egypte il est assez fréquent, on le trouve par paires dans les parties broussail-
leuses de la vallée du Nil. Suivant Brehm ', il se rencontrerait même dans les villages, (c II
arrive en Egypte, dit-il. jusque dans l'intérieur des villes et va parfois nicher sur le toit des
habitations. Les Arabes m'ont assuré que le karanan (nom qu'ils donnent à l'œdicnème)
se tenait le jour sur le toit des mosquées, des bâtiments où l'homme ne va à peu près jamais,
et y construisait même son nid : C(' que j'ai vu ne me permet pas de douter delà réalité
du fait. »
Genre PTEROGLURUS, Bonap
PTEROCLURUS SENEGALLUS, Linné.
Tetrao Senegallus, Linné, Syst. nat., p. 127 (1766).
Pterocles Senegallus, Shelley, Birds of Egypt, p. 220 (1872).
Plerocles guttaius, Gould, Birds of .Asia, Vi, pi. LXII (1851).
Pteroclurus Senegallus, 0;,^ilvie-Grant, Cat. oflhe Brit. Mus., p. 14, vol. XXII (1893).
Cette espèce est signalée d'après un individu incomplet (la tète manque), trouvé avec
des oiseaux de proie de Kôm-Ombo.
Métatai'siens épais, courts et emplumés, à peine plus longs que le doigt médian.
Doigts nus ; pouce présent mais rudimentaire.
Deux plumes médianes de la queue allongées et pointues. Ailes longues.
Plumage de la gorge, de la poitrine et du ventre jaune pâle.
Longueur du tai'se : 24 mill. Longueur du doigt médian avec ongle : 23 mill.
Pteroclurus Senegallus habite le nord de l'Afrique et le sud-est de l'Asie ; on le
rencontre jusqu'au sud du Sahara et au nord-ouest de l'Inde. Il est commun en Egypte;
Shelley l'a souvent remarqué sur le marché d'Alexandrie.
' Brehm, la Vie des animaux : les oiseaux, p. 555.
REPTILES
Les reptiles de l'ancienne Egypte ne comptent (prun nombre peu élevé de représentants :
Quekpies crocodiles de divers hy^DOgées et un spécimen momifié de naja haje sur lequel ou ne
possède pas d'indication d'origine précise.
Outre ces deux espèces on doit citer un lézard de petite taille (Mahuia quinquetseniata)
dont nous avons recueilli des restes de plusieurs exemplaires dans le tube digestif de certains
oiseaux de proie momifiés à Gîzé.
CROCODILUS NILOTICUS. Laur.
Crocodilus nilolicus, J. Anderson, Zoology of Egyjit : Repl.ilia and Balrachia, p. 10, pi. I, London, 1898.
La plupart des crocodiles proviennent d'Esnè, l'ancienne Latopolis; quelques-uns ont
une origine inconnue. Les crocodiles d'Esnè datent de l'époque gréco-romaine, ils ont été
trouvés dans la plaine sableuse à l'ouest de la ville, au pied de la chaine libyque, dans la
nécropole bumaine de la dernière période ptolémaïque et romaine.
La longueur de ces animaux varie de 30 centimètres jusqu'à l'"50 environ, une tête séparée
mesure seule 0'"50 de longueur. Ils sont momifiés suivant plusieurs procédés. Les plus petits
ont été fixés entre deux baguettes de palmier, au moyen d'un fil qui i'(''unit d'abord les
màcboires et entoure ensuite à la fois les baguettes et le corps du jeune reptile jusqu'à l'extré-
mité de la queue. Ainsi préparés, ils ont été plongés entièrement dans le bitume.
Quelques-uns sont momifiés avec beaucoup plus de soins. Le crocodile est enveloppé de
larges bandes de toile, puis par-dessus sont disposées, dans le sens de la longueur, de minces
baguettes de palmier, qu'on a entourées d'une seconde série de bandelettes. Dans ce mode de
momification on ne remarque pas trace de liitume. Le corps a sans doute séjourné d'abord dans
un l)ain de natron de même que les liandes de toile qui ont été, en outre, imbibées de substance
résineuse. Ces momies renferment, avec le même aspect extérieur, tantôt un seul individu de
grande taille (fig. 77), tantôt de nombreux crocodiles récemment éclos (fig. 7S).
Nous rappellerons que le crocodile se trouve parfois associé à un autre animal, tel que le
bouc, ainsi qu'on l'a vu précédemment dans une momie de Sakkara.
Les caractères spécifiques du crocodile vulgaire peuvent être ainsi résumés : Museau
182
FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
^
M
variable de lai'iiciu' ot de lon,i;ueui". pins étroit chez la
femelle ([lie chez le mâle, coui't et laiye chez les indi-
vidus très ji'iines. Surface supérieui'e de la tète plus ou
moins rugueuse. Deux à six plaques nuquales antérieures
disposées svmétrirpiement ou non, en deux séries d'une
à trois plaques à droite et à gauche de la ligne médiane.
Dans cette rangée antérieure, le nombre des plaques peut
présenter les variations suivantes : 1 -+- 1. 2 + 2. .3 + 2
ou 3 -h 3.
< T('n(''ralement six plaques nuquales postérieures :
quatre en avant et deux en arrière. Six rangées longi-
tudinales de plaques dermiques sur le dos, quatre rangées
dans la région pelvienne. Les plaipies de la régioi) dor-
sale sont ordinairement au nombre de 1.5 à KJ rangées
transverses, suivies de 17 à 18 rangées d'écussons pairs
sur une partie de la queue, laquelle se termine par une
série de 18 à 20 écussons impairs.
Les dents sont au nombre de dix-huit à dix-neuf de
chaque côté de la mâchoire supérieure, douze à quinze à
la nitàchoire inférieure.
Pied postérieur largement palmé, pied antérieur
paluK' à la liase des doigts seulement.
Couleur générale verdàtre ou vert l)ronz('', parsemé
de pc^tites taches noires. Surface inférieure jaune ver-
dàtre.
Se basant sur certaines différences de proportions
de la tète et du corps, sur le nombre variable des pla-
ques dermiques de la nuque et sur quelques caractères
crâniens, Geoffroy Saint-Hilaire^crut pouvoir distinguer
en l\a'vpte cinq espèces de crocodiles : Crocodilus vul-
fjaris. Cf. suc/ius, Cr. iiKtrginnfus, Ci-, lacunosus et
Cr. complanatiis. Ces deux dernières d'après des momies
proA-enant de Thèbes.
En possession d'éléments de comparaison plus nom-
breux, les naturalistes ont reconnu depuis qu'il n'existe
ipTuiK^ seule espèce de crocodile en Afrique. Elle pré-
sente toutefois des variations individuelles et sexuelles
assez étendues qui explii]uent les distinctions spécifiques
préciklentes.
Crocodilus iiiloficus se troine dans la jilupart des
cours d'eau des régions chaudes do l'Afrique. Il habite
' Geoffroy Saint-llilaire, Des crocodiles d'Egypte (Description de V Egypte, t. XXIV, p. 401, 1829).
REPTILES 183
le Gabon, la Sénégaml)ie et le Niger. Il est commua dans le Haut-Nil et ses affluents, ainsi
que dans les grands lacs de l'Afrique Centrale.
P^n Egypte le crocodile a dispai-u presque entièrement, mais il est encore fréquent à la
seconde cataracte, à Wady-Halta, ainsi ({u'au Soudan. Pendant les temps jjharaoniques il était
répandu dans le Nil tout entier jusqu'au Delta. Un l'a trouvé momitié à Thèbes, p]snè,
Maabdé, etc.
Le crocodile était sacré dans plusieurs provinces de l'ancienne Egypte. Un célébrait de
grandes fêtes en son honneur à Coptes et à Umlios'. Il était particulièrement vénéré dans la
Basse-Egypte à Arsinoè ou Crocodilopolis. la capitale du Fayoum. Là, nous dit Hérodote, on
choisissait un crocodile de grande taille que les Egyptiens nourrissaient après lui avoir appris
à manger dans la main. Ils lui mettaient aux oreilles des anneaux d'or ou de terre émailléeet
des bracelets aux pattes de devant. Strabon raconte ainsi sa visite au crocodile sacré. « Notre
hôte prit des gâteaux, du poisson grillé et une boisson préparée avec du miel, puis alla vers le
lac avec nous. La bête était couchée sur le bord. Les prêtres vinrent auprès d'elle, deux d'entre
eux lui ouvrirent la gueule, un troisième y fourra d'abord les gâteaux, ensuite le poisson frit
et finit parle bi^euvago, sur (juoi le crocodile se mit à l'eau et s'alla poser sur l'autre rive. »
A Umbos et dans le Fayoum le crocodile était vénéré sous le nom de Sobkou^.
Dans d'autres régions de l'Egypte ancienne, les habitants le tuaient et lui faisaient la
chasse avec achai'nement.La religion y enseignait que le génie du mal. Typhon, sous les traits
du crododile, était sans cesse occupé à la poursuite d'Usiris.
Le crocodde du Nil est représenté en bas-relief et en peinture sui- plusieurs monuments
anciens.
MABUIA QUINQUET^NIATA, Licht.
Scincus Savignyi, Audouin, Description de l'Egypte : Reptiles, Supplément, vol. XXIV, p. 126, 1829, ]il. II,
fig. 3 et var. fig. 4.
Mabiiia guinquetii'niata, Boulenixer, Cat. of the Lizards in the Brit. iV/«s.. vol. III, p. 198. — J. Anderson,
Zoology of Egypl : Repliiia and Batrachïa, p. 187, pi. XXIV, flg. 1 à 3, London, 1898.
Trois spécimens de ce lézard ont été trouvés dans le jabot des oiseaux de proie momifiés
à Gizé. Ces restes sont incomplets, mais on a pu néanmoins les déterminer très facilement
grâce à la tête et à ses plaques conservées intactes, avec les membres et les écailles. Les
caractères généraux de Mabuia quinquefceniata sont les suivants :
Membres bien développés, cinq doigts à chacun. Queue de longueur variable, une fois et
demie ou une fois et trois quarts la longueur de la tête et du corps. Ecailles dorsales et latérales
plus ou moins fortement tricai'énées.
Couleur générale Itrune, (pieue plus claire. Trois bandes jaunes longitudinales sur le dos,
commencent derrière la tête et se terminent vers la base de la queue. Deux autres bandes infé-
rieures partent des mâchoires et se prolongent sur une paiiie de la queue. Gorge gris jauncàtre
chez la femelle; brun noirâtre avec taches blanches chez le mâle. Les pattes ont une couleur
brun verdàtre ou jaunâtre ; le ventre est gris jaune clair.
' G. Wilkinson, the ancient Egyptians, III, p. 329.
• Maspero, Histoire ancienne des peuples de L'Orient : les Origines, p. 103, 1895.
&
184 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Sur l'un de nos spécimens anciens, on distingue encore les taches noires et Ijlanches de
la gorge, particulières au mâle de Mahua rpiinquelveniata, ainsi qu'elles sont représentées sur
l'exemplaire de Wadi lialfa figuré par Anderson ', dans son savant ouvrage sur les reptiles de
l'Egypte.
Ce lézard habite l'Afrique tropicale, du Sénégal à l'Abyssinie. Il est commun non seule-
ment en Egypte, mais bien plus au sud dans la plus grande partie do la vallée du Xil. On
le rencontre aussi dans la péninsule du Sinaï et jus({u'en Syrie.
NAJA HAJE. Linné.
La ■Bipère Uaje, Is. Geoffroy- St-Hilaire, Description de V Egypte, t. XXIV, p. 88, pi. VII, fig. 2, 4 et 5, 1829.
Naja Haje, J. Anderson, Zoology of Egypt : Replilia and Batrachia, p. 312, pi. XLIV, London, 1898.
Le Naja Haje est signalé ici d'après un spécimen momifié d'origine inconnue. Ce reptile,
brisé en plusieurs parties, était onrouli'' deux fois sur lui-même, suivant un cercle de 1.5 centi-
mètres de diamètre environ. Le corps, long à peu près de 1 mètre, est encore, par places,
couvert de bitume auquel adhèrent de rares lambeaux de toile. Entre les mâchoires on aperçoit
les crochets à venin. Ce reptile se reconnait aux caractères ci-après.
Dentition protérogiyphe. Queue arrondie, peu allongée. Tête courte semblable à celle
des couleuvres, recouverte en dessus de grandes plaques avec un écusson central. Cou modéré-
ment dilatable.
Couleur du corps jaune paille en dessus, avec des taches rougeàtres ou brun foncé de
distance en distance; face inférieure plus claire. Chez quelques individus le dessus du corps est
presque noir avec quelques taches jaunes. L'adulte atteint 2 mètres de longueur.
Le Naja Haje se rencontre de nos jours presque dans toute l'Afrique. En Egypte, on
le trouve surtout au voisinage des monuments en ruines, dans les endroits humides, sous les
gros blocs éboulés et notamment dans les plantations de cannes à suci'e. Au Soudan, il habite
les endroits ombragés et se loge entre les racines des arbres.
Dans l'antiquité ce reptile comptait parmi les animaux sacrés des Égyptiens. Ceux-ci le
laissaient vivre et se reproduire au milieu de leurs champs cidtivés « qu'ils confiaient à sa
surveillance, ayant remarqué que le naja les débarrassait des rats dont le nombre immense
produisait parfois de grands ravages et des disettes complètes" ».
Ce serpent était consacré à Chnoumis, on l'a trouvé embaumé à Thèbes^. Les historiens
anciens l'ont décrit sous le nom d'aspic.
Pendant la longue durée de la civilisation pharaonique, le Naja ou Ureeus constituait
essentiellement l'insigne de la puissance royale et divine. Avec le disque il formait le signe
des divinités solaires. On le voit figuré presque à cliaque page dans l'ouvrage de Mariette sur
le grand temple de Dendérah *.
' .1. Andersen, Replilia and Batrachia of Egypt, pi. XXIV, fig. 1, 1898.
^ Duméril et Bibron, Erpétologie générale, t. VII, p. 1283.
^ Wilkinson, the ancient Egyptians, vol. III, p. 233.
' A. Maritftte-Bey, Description générale du grand temple de Dendérah, Paris, 1870-73.
POISSONS
Les anciens E.ii'vptiens avaient la plus grande vénération pour ini superbe poisson
sacré de la famille des Serranides, le Lûtes niloticus, qui habijx' encore en quantités innom-
brables les eaux du Xil, dans la haute et dans la moyenne l<]gTpte. Certaines villes, entre
autres Esnè, vouaient un culfi' s])éeial à cette espèce; aussi cette cité célèlire et très populeuse
dans l'antiquité avait-elle reçu, depuis l'occupation gréco-romaine, le nom de Latopolis. Non
seulement les habitants honoraient comme une divinité de premier ordre le poisson vivant, mais
<nicore. par d'ingéni(>ux procédés de momitication. ils s'efîbrcaient de le préserver de toute
destruction*.
Ces momies ont été ensevelies en (piantit(''s }n'odigieuses, à une petite profondeur, dans
/r. iffi AMif
Fig. 79. — Momie du Lates niloticus d'EsnÈ
la plaine sablonneuse ({ui s'étend à l'ouest de la ville jusipfaiix ])r(>niiers contreforts delà chaîne
libvque. Toutefois, les poissons se rencontrent aussi en granihi()ml)re dans lanécropole binnaine
de la dernière ('[loque ptolémaïque et de r(''poque romaine.
(les animaux, ainsi réduits à l'état de momies, sont entourés soigneusement de ban-
delettes de lin, teintes en jaune clair par le contact du liquide conservateur. Ils présentent
toutes les tailles, depuis quelques centimètres jusqu'à un mètre et demi de longueur et
même plus.
Ces animaux ont été entoui'(''s de linges, ficelés par des liens plus dii moins rapprochés,
form(''s quelquefois par des bandelettes de toile déchirées dans leui' longueur et ndiées les unes
' Grâce à l'obligeance de M. Maspero, directeur des Antiquite's éiivptiennes, des fouilles ont pu éU'e faites à
notre intention dans les environs d'Esné, afin de nous procurer en bon état un certain nombre de Lates momiliés.
Arch. Mus. — t. VIII. • 21
186
FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
aux antres par un cordon longitudinal. D'anli-os fois, ce sont de véritables ficelles tordues, en
feuilles d;^ palmiei". on des tiLj'es de papyrus enroulées autour des toiles ([iii enveloppent
étroitement l'animal.
Lorscpie ces momies sont dépouillées de leurs linges, on peut constater que tous ces pois-
sons, petits et grands, sont admirablement conservés. Beaucoup même, lorsqu'ils ont été
nettoyés de la vase salée dans laquelle ils ont été plongés, semblent presque sortir de l'eau,
les écailles présentant encore tout leiu' éclat et bien souvent même leurs vives couleurs. Oud-
quefois, le globe de l'œil, presque intact, laisse voir à l'intérieur le reflet doré et argenté de
la membrane iridienne. Tous les individus d'une taille un peu considérable montrent, sur un
des flancs, une section longitudinale, destinée à laisser pénétrer à l'intérieur de la région abdo-
minale la saumure dans laquelle on devait les plonger.
Un rencontre aussi, placées à côté des poissons adultes, de singulières sphères, d(^ la grosseur
des deux poings environ, foi-mées de tiges de papyrus entrelacés à des fragments de bande-
lettes de linge. Ces sphères sont creuses et renferment chacune plusieurs centaines d'alevins de
Lates, venant à peine de sortir de l'œuf et longs seulement de quelques millimètres. Sont-ce des
— Momie du Latcs niloticus d'EsnÈ.
offrandes? Ou bien plut(')t ne sont-ce pas tout simplement des a//iuiaii,r naissants, dont parle
Hérodote, (pii viennent de recevoir des âmes humaines en voie d'exécuter leurs pérégrinations
de trois mille ans dans les différentes espèces animales de la terre, di' l'air et des eaux? Cer-
taines de ces pelotes ne renferment que de grandes écailles de Latcs adultes. Ce sont peut-être
les offrandes de malheureux solliciteurs de la divinité, n'ayant pu se procurer les animaux com-
plets, nécessaires à leur acte de dévotion. Ou l)ien n'est-ce pas là une simple supercherie
pieuse semblable à celles que nous avons constatées à propos des fausses momies d'ibis.
Il était intéressant de connaître la composition chimi({ue di^ ce liquide conservateur, si
haliilement employé pour prései-ver de toute altération le corps d'un animal aussi facilement
putrescible.
Les anciens Egyptiens ne se sont jamais servis de leurs préparations d'asphalte pour
conserver ces animaux, tandis que le bitume joue toujours le plus grand rôle dans la momi-
fication de l'homme et des autres vertébrés.
Les analyses précises de M. Hugounenq, professeur à la Faculté di' médecine de Lyon, ont
appris que les poissons subissaient tout simplement une macération plus ou moins prolongV'e dans
les eaux fortement saumàtres provenant des lacsdenatron. situés dans les différentes parl^ies de
POISSONS 18
l'Egypte, puis {[ii'ils ('taif'nt onsiiite entourés d'une couche de vase cliarg-ée de substances salines,
maintenue par un bandag-c habilement appliqué. Grâce à la sécheresse de l'air et à l'action
protectrice d'un sable alisobnnent sec, chaud et presque toujoiu-s fortement salé, ces momies se
sont si bien conservées, pendant vingt-cinq siècles au moins, que quelques-unes d'entre elles
paraissent contenir encore presque autant de matières animales que certaines mofties ([wi sont
débitées sur nos marchés.
Dans les prolbnds bassins formés pai" les rochers de la })r-emière cataracte, lu Laies
niloticiis- RlU^inl une taille considérable; nous en avons vu pêcher, près d'Assouan.des individus
ayant plus de 2 mètres de longueur. Aucune différence morphologique ne les distingue de
ceux qui étaient capturés par les anciens pêcheurs d'Esnè.
Composition ehin^ique des Lates momitiés'. — Ces poissons secs, pulvérisés et tamisés,
fournissent une poudre jaune, à' odeuv stn r/eneris. qui, reprise par l'eau bouillante, abandonne
à ce dissolvant une certaine quantit('> d'acide urique.
Si l'on épuise la matière par de la soude caustiipie. on obtient une liqueur alcaline, noire
qui. traitée par un excès d'acide chlorhydrique. aliandonne aussit("it une n''sin(> lirune et laisse
ensuite déposer de l'acide urique.
Un dosage d'azote total par la rniHliode de Kjehldal a donnt' le résultat suivant :
Azote 8,47 pour 100
ce qui correspond à :
MatiiTes albuiiiinoides . D2,03 (lOur 100
en admettant (pie l'azote total doive être exclusivement l'apporti' aux matières protéiques, ce
qui n'est pas tout à fait exact.
Quand on incinèi-e la substance au four à moufle, il reste 34,77 pour 100 de cendres
grises, où l'on aperçoit de nombreux grains de peroxyde de fer. Ces cendres sont partiellement
solubles dans l'eau (un tiers environ) ; la partie insoluble a pu être atta([uée par l'acide chlorhy-
dri({ue dilué, à l'ébuUition. Une poi'tion ini})ortante constitue un résidu gris, formé de silice et
de sdicates divers.
Yoiei.au surplus, l'analyse giol)ale des cendres :
Chlorure de potassium 2,03 pour 100
Chlorure de todium 23,62 —
Sulfate de soude 8,57 —
Phosphate de chaux et de magné.-ie 5,81 —
Peroxyde de ter 1,31 —
Argile et silicates diver.'^ 57,93 —
Non dosé, pertes, etc 0,73 —
Tutal 100, UO pour 100
La composition des cendres, en même temps que la teneur élevée des poissons en sels
minéraux (3 i, 77 pour iOl)), indique manifestement que. pour assurer la conservation de ces
animaux, les Egyptiens les enroidaient dans un nudanue d'argil(> et de sable imprégnés tl'une
forte proportion de sels alcalins et particulièrement de chlorin-e de soilium. Cette terre, natu-
rellement salée, }irovenait vraisenddablement des lacs salés ou lacs de natron qid, desséchés
' MM. Lortet et Hugounenq, professeurs à l'Université de Lyon, Comptes rendus de i Iri^d/iit, 1802.
188
FAUNE I)K LAXCIEXXE EGYPTE
sur leurs ])ords, ])ro(luisont ce sablo argileux chargé de sels. Ce sont ces derniers qui, grâce
à l'action adjuvante d'un climat sec, ont assuré, pendant une Iouljuc p(''i'iod(\ la conservation si
remarquable de ces poissons.
LATES NILOTICUS, Cuvier.
(iMg. 81.)
Cette belle espèce appartient à lafamill(> des Serranidae, voisine de celle des Percoides.
La forme de ces poissons est assez variable. La hauteur du corps est ordinairement comprise
2 3/4 à 4 fois dans la longueur totale; la longueur de la tète est contenue de 3 à 3 1/2 fois
dans la longueur totale du corps. Le profil supérieur est plus ou moins concave. Le diamètre
de l'œil est égal ou un peu inférieur à la longueur du museau. La différence est de 1/4 chez
les individus jeunes, et de l/li chez les adultes de la longueur de la tête. La mâchoire inférieiu-e
est projetée en avant; les maxillaires se prolongent jusqu'au bord intéro-postérieur di' l'orbite.
Les pré- et sous-orbitaires sont linemcnt dentelés: la joue, l'opercule et l'occiput iiortent de
'!'■ Z.-^'
larges écailles. Le bord du pré-operculaire forme un angle droit; il est finement strié sur sa
Ijranche verticale et présente trois ou quatre fortes épines sur son boi-d intérieur, et une
robuste épine à son angle. L'épine operculaire est aussi très développée. La première et la
seconde (''pine dorsale sont courtes, la troisième très forte est la plus grantle. longue de 2/.5 à
3 5 de la longueur de la tète, aussi longue ou un peu plus longue que les rayons mous. La
nageoire pectorale est longue de la moitié de la longueur de la tète. Les épines anales sont
courtes, la seconde et la troisième d'égales longueurs: la nageoire caudale est arrondie. La
ligne latérale arrive jusqu'à la base de la caudale.
Les dents sont veloutées, mais la langue en est dépourvue : elle est lisse comme chez la
perche.
Les écailles présentent une certaine rudesse sur leurs bords. La ligne longitudinale en
présente ordinairement une soixantaine, la ligne verticale vingt-deux dans la partie la plus
haute du corps. La ligne latérale est à peu près parallèle au dos dont elle est distante en avant
du tiers de la hauteur'. Elle s'aperçoit facilement à cause d'une tubulure longue et grêle qui
se voit sur chaque écaille.
' Cuvier et V.ilenciennes, Histoire naturelle des Poissons, t. Il, p. 05.
POISSONS
189
La couloui- (lu poisson est uniformi''inent bi'une ou olivâtre, argentée en dessous. Les
jeunes sont (piolquetbis marbrés de bi'un.
Ce poisson se trouve dans le Haut-Nil. le lac du P'ayoum. le l>ahr Yoiisouf, le Niger et
le SénégaL II atteint souvent des dimensions énormes. J'en ai mesuré un (pii avait été péché
sous nos yeux dans les rapides de la première cataracte, au-dessus d'Assouan et dont la lon-
gueur dépassait 1™85. Il est souvent et très bien représenté dans les peintures ou les sculptures
de l'ancienne Egypte. On peut le reconnaître facilement dans les bandes de poissons qui rem-
plissent les filets des liateliers qui pèchent au milieu des lotus et des papyrus. Il était défendu
de le manger à Esnè. mais il est certain que, partout ailleurs, les Egyptiens devaient faire une
grande consommation de ce magnifique poisson tlont la cliaii' fei-me.très nuti'itive. exc(dlente,
se rapproche sensiblement de celle du thon.
Sonini '.le premier, a reconnu que le poisson Latcs est le même (pie celui appelé ancienne-
ment Latos par les (Irecs et qui était considéré comme un animal sacré dans le nome deLato-
polis où l'on s'abstenait scrupuh'usement d'(?n manger. (]et animal est actuellement a}»polé
}.^**mtmmm^-
Fig. 82. — Lates niloiicus, extrait d'une Momie d'Esné.
raroln par les Européens qui habitent le pays, et kesc/ir par les Fellahs. (Je mot hescltr ou
hescJicri signifie écaille de poisson. A-t-on donné ce nom à l'animal parce qu'il est couvert
d'un grand nombre d'écaillés? (3u bien, y a-t-il quelque rapport entre ce nom et les sphères
remplies d'écaillés momifiées dont nous avons parlé plus haut et qui sont ensevelies sous le
saille de la nécropole d'Esnè au milieu des momies de Laies? Il est vraiment extraordinaire
({ue. pendant l'expédition d'Egypte de Pxinapai'te, les naturalistes attachés à l'armée n'aient pas
eu connaissance de la momification de cette espèce, si nombreuse dans certaines nécropoles.
Ja's Lofes sont excessivenK^nt voraces et. dans cei'taines parties du Nil, dépeuplent entière-
ment les eaux des autres espèces. Dans la Basse-Egypte, on ne pêche que des Lates de petite
taille que l'on appelle hemmor.
Les anciens Egyptiens, comme ceux de nos jours, prennent le LaUcs avec de grandes seines
manœuvrées par plusieurs embarcations. nuel({uelois on le capturait avec une ligne armiM' d'un
hame(;on ou avec des fouennes pourvues de deux harpons. Le Laies de l'ancienne Egypte est
absolument le même que celui qui vit actuellement dans les eaux du AV/'. Il se présente aucune
Sonini. Voyage dans la Haute cl la Basse Egyple, Paris, an VIF, vol. II, p. 2U2.
190 FArXK DE LAXCIF.XXK KC.YPTF.
(litierciicc dans sa morphologie. Los animaux et les jilantes (jiii vivent dan.-; le^: eaux subissent
toujours très lentement les modirtcations ([ue peuvent leur imprimei- les influences, du milieu
ambiant.
Un auti'e poisson des jilus intéressants, YO.riji-rhi/tirhiis, (Hait spécialement vénéré à
]>ehnesa. sur- le Haln- Yousout'. Mais comme nous n'avons pu nous procurer aucune momie de
cette singulière espèce, et pour rester fidèle à notre programme, de ne parler (pie de ce i[ue nous
avons i)u voir piU' nous-mêmes, nous l'envoyons l'(''tude de cet animal à ime procliaine :;(''rie.
310LLUSOUES'
GASTKOPODES
Genre MUREX. Linné
MUREX BRANDARIS, Linné.
Murex hrandaris, Linné, 1707. Sijsl. nal.^ éd. XII, ]). 121^.
Un seul échantillon de taille assez petite qTioifjuc liien adulte ne uiesurant i{uc 7\2 luilliiu.
(le hauteui- totale, à épines eourh^s mai.", non mutiipies, avec le test ibrtement s.ti-ii'' ti'ansver-
salenient.
Nous ne connaissons cette espèce que dans les mers d'Europe, principalement dans la
Méditerranée où elle est ti'ès répandue sur toutes les côtes, dans l'Adriatique et dans la mer
Egée. Elle passe dans l'Atlantique et s'étend depuis la péninsule Ibérique jusqu'aux Canaries.
Le D"" Arturo Isstd -' mentionne avec im point de doute Xi' Mki'cx trioicidifs^ dans la mer
Rouge, sans faire mention du Mi'rex hraiularis.
MUREX ANGULIFERUS, de Lamarck
Murex anguliferus, Lamarck, 1822. Anim. s. ver!., ^'il. p. 17.
Cinq échantillons de grande taille, mesurant 105 à li" miUim. de hauteur, et S~) à
100 millim. de diamètre; le test est particulièrement solide, épais et lourd, aussi le-: iudi-
vidus sont-ils relativement bien conservés: on distingue très nettement les petites costula-
' Les coquilles marines qui ont été étudiées par notre éniinent conchyliologiste, M. A. Locard, proviennent toutes
des fouilles exécutées à Karnak, par M. Legrain, inspecteur des travaux ai'chéologiqiies.
La |iluparl, d'après M. Legrain, gisaient à un très grande profondeur. Leur âge ne [leut être déterminé
avec certitude, cependant on peut penser qu'elles remontent surtout à des époques ptolémaïques.
- Arturo Issel, 1869. Malacologia del viar Rosso, p. loCi.
■' Murex Irunculas, Lin., 17ôî!. Sijsl. nal., édit. X, \k •">22.
192 FAUNE DE LAXCIEXNE EGYPTE
tionsMécurrentes qui oi'iiont h test, sur tout le dcrnifi- tour-. Ce tost est d'une teinte rousse
uniforme.
Cette espèce vit dans la mer Rouge ; Savigny ' en a ligure un jeune exemplaire : elle est
commune à Suez sur les bancs de Madrépores, mais moins fréquente dans le golfe d'Akaha.
Le type de Lamarek provient des côtes d'Afrique dans l'océan Atlantique: Paetel rindi(pii'
dans l'océan Indien.
Genre FASCIOLARIA, de Lamarck
FASCIOLARIA TRAPEZIUM, Gmelin
M'A7-cx Irapezium, Gmelin, 1789. Si/sl. nal.,éà. XIll, p. 3552, n" 99.
Fasciolaria trapeziwn. Lamarck, 1822. Aniiii. s. vert., VII, p. il'i.
Un seul échantillon Ijien typique, de belle tailk', mesurant i?.") millim. de hauteur, pour
90 millim. de diamètre. D'après le ]>'' Kobelt^, les plus grands individus ne dépassent pas
180 millim. de hauteur. Sur le dernier tour, il existe neuf tubercules saillants, arrondis,
bien distants. Sur la columelle nous observons dans le ])as trois plis, le plus inférieur plus
accusé que les deux autres, tous les trois très immergés. Le test est solide, épais, d'un roux
un peu rougeàtre.
Le type de Lamarck provient de l'océan des Grandes-Indes. Le I)'' Kobelt l'indique
à Suez, au Natal, au sud du Japon et en Nouvelle-Calédonie. M. A. Issel le signale dans
la mer Rouge.
■o"-
Genre STROMBUS, Linné
STROMBUS TRICORNIS, de Lamarck
Strombus gallas (non, Lin.) Dilwynn, 1817. Descr. Cat., II. p. 062.
— tricornis, Lamarck. 1822. Anim. s. vert., VII, ji. 201.
— orierdalis, Duclo-i in Chenu, 1843-50. lU conch., p. 25, pi. VL fij;'. 10-11, etpl. XVIII, fig. 1-2.
Deux échantillons : le jilus petit ne mesure que 70 millim. de hauteui' : le sommet est
brisé et les pointes sont écom'tées; mais on distingue néanmoins très nettement le mode d'or-
nementation dorsale si particulièi-ement caractéristi([U(\ C'est très vraisemblablement la c(u-. y
de MM. A. Issel et Tapparone-Canefri ^ Le second échantillon mesurait environ 110 millim.
(le hauteur: malheureusement il est incomplet : toute l'ouviM'ture, à partir de la première grande
saillie dorsale fait défaut; la spire mesure 10 millim. de hauteur: l'intérieur aiîécte un faciès
et une coloration vieil ivoire; l'extérieur des deux échantillons est d'un jaunacé roux clair.
D'après leur taille et leur galbe, il est fort probable (pie ees deux échantillons provenaient
de deux stations différenics.
' Savigny. DescripI . de l'Egypte, Coq., pi. IV, fig. 23.
- Kobelt, in Martini und Chemnitz, 1878. Conch. Cab., Mure.v. p. 131.
■' A. Issel et G. Tapparone-Canel'ri, 1876. Viai;-gio nel mai- Rosso, in Ann. mus. civ. di St. Ntit. di Genova,
t. VIII, p. 341.
MOLLUSQUES 193
MM. Issel ot Tapparone-Canefri donnent comme habitat à cette espèce les localités sui-
vantes : mer Rouge, ])ai(' d'Annesly, Kosseir, golfe d(^ Suez, archipel de Dalilac. l)aie
d'Assab, Ras Domeirali. Akuba ; Antilles, Martinique, Seychelles, Amirauté, Bourbon,
Philippines.
Genre PTEROGERA, de Lamarck
PTEROGERA LAMBIS, Linné.
Cornuta decumana, Rumph, 1688. Amh. rarit., p. 110, pi. XXXV, flg. D, et pi. XXXVI, fig. G.
Strombus lambis, Linné, 1758. Syst. nal., éd. X", p. 743.
Alala heptadacti/los, Marlinu nul. Conch. Cab., III, p. 150, pi. LXXXVII, fig. 855; pi. XC, fig. 884 ;
pi. XGI, fig. S88-889 ; pi. XCII, fig. 002-903.
Heptadactylos marmorala, Martini. Loc. cit., p. 154, pi. LXXXVII, fig. 858.
Strombus camelus. Boni, 1780. Mus. Caes. Vindob, p. 1^73.
— camelus, Chemnitz, 1788. Conch. Cab., X, p. 204, pi. GLV, fig. 1473.
— icorpîo de Blainvilie, 1826. Man malac, p. 414, pi. XXV, fig. 3-4.
Plerocera lambis, Deshayes, 1830. Encycl. melh.. Vers, III, p. 856.
Harpago lambis H. et A. Adams, 1858. Gen. molL, 1, p. 261.
Cette belle espèce appartient à la section des Hcptadaclylvs de Klein ; nous en avons
observé cinq échantillons dont trois de très grande taille et deux autres plus petits. Les plus
grands ne mesurent pas moins de 240 millim. de hauteur, pour un diamètre maximum de
145 millim.; ils sont assez bien conservés; leur test est lourd et épais; mais malheureuse-
ment la plupart des saillies épineuses, toujours fort délicates, sont plus ou moins brisées.
En outre, chez ces grands individus, les nodosités qui décorent le haut des deux derniers tours
se poursuivent également dans la partie supérieure de la spire et sont très nettement accusées ;
nous ne retrouvons pas ce môme caractère aussi prononcé chez les sujets de taille moindre.
L'intérieur de l'ouverture est encore naci'i'' ; l'ensemble est d'un roux jaunacé, mais toutes
traces de coloration ornementale ont disparu.
On a observé cette espèce dans la mer Rouge, à Suakin, où elle est commune, dans le golfe
d' Akuba et aux environs de Massana. En dehors de ces régions, son extension géographique est
considérable ; elle a été signalée à Amboine. auxiles Banda et Frederick, Batavia, Giava, Clina,
Madagascar, les iles de la mer du Sud, Zanzil^ar, Mozambique, Maskari, l'archipel Indien, l'ile
Bom'bon, Madras, Gevlan. Tongatabou, Vanicoro, où elle est très commune, port Denison,
Nouvelle-Hollande occidentale. Xouvell('-/(''lande. Philippines, iles de la Société. Nouvelle-
Guinée, etc.
Genre CASSIS, de Lamarck
CASSIS GLAUCA, Linné.
Buccinum. glaucum, Linné, 1758. Syst. nat., éd. X, p. 737.
Cassidea glauca, Bruguiére, 1789. Diction., n" 3.
Bezoardicavulgaris, Schumacher, 1817. Nouv. syst. Vers, p. 248.
Cassis glauca, Lamarck, 1822. Anim. s. vert., VU, p. 221.
Un seul échantillon en assez mauvais état de conservation, mesurant 55 millimètres de
' Kiener, 1835. Icon. coq. viv., Casques, p. 39.
Arch. Mus. — t. VIII. *'ih
i9i FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
hauteur, proba])loment encore un peujcun<'; lo tosi est mince et comme quadrillé, ainsi (fu'on
l'observe chez les individus non adultes de cette espèce, alors que les adultes ont, au contraire,
le test lisse. « Les jeunes individus, dit Kiener*, diffèrent essentiellement des adultes par des
plis transverses qui couvrent toute la superficie du dernier tour et se mêlent à des plis longitu-
dinaux. » Il existe chez notre sujet un assez fort bourrelet au voisinage de l'ouverture: sa base
est en paiiie masquée pai'le développement du bord columellaire ; celui-ci est fortement ridé-
plissé dans le lias et devient lisse à sa partie supérieure.
Le Cassis glauca vit dans la mei- des Indes, aux Philippines et aux Moluques ; on ne l'a
pas signalé dans la mer Rouge.
Gexrk CYPR.EA. Linxé
CYPR^A PANTHERINA, Solander.
Cyprxa paniherina. Solander, m Dillwyn, 1817. Bescripl. Cal., I, p. 440.
— gutlala, Lamarck, 1810. In Ann. Mus., p. 458, n" 16.
— ligrina, Lamarck, 1822, Anim. s. verl ., VII, p. 38.'^.
Luponia pantherina, H. et A. Adams, 1858, Gen. moll.,\, p. 267.
Vulgusella pantherina, Jousseaume, 1884, Fam. Cyprxidac, p. 10.
Un seul échantillon incomplet, mesurant 78 millimètres de hauteur : l'ouverture seule est
entière et pai'faitement caractérisée, mais sans trace de coloration. Plusieurs auteurs ont
considéré cette forme comme simple vainété du Cijpraea tigris de Linné' : elle nous parait
suffisamment distincte pour être maintenue au r-ang d'espèce.
Nous retrouvons cette même forme dans la mer Rouge ; elle est abondante dans le golfe
d'Akaba; on l'a signalée dans les stations suivantes : Ras Mohammed, Sanakin. Massana,
Dahlak, côtes Sud de l'Arabie et golfe Persique.
CYPR.S:A MELANOSTOMA, Leatss.
Cyprœa melanostoma, Leates, in Sow. 1823. TanhervilVs Cal., app. p. XXI. — In Zool. journ.,\\,^. 495,
pi. XVIII, fig. 3-4.
— cameleopiardis, Perry, in Gray, 1824. Descr. Cal., p. 3, n° 19.
Vulgusella melanosloina,io\ii,&ëa\ime, 1884, Fam. Cgpri,vdae,ç. 10.
Un seul échantillon, assez bien consei'vé, mais de taille un peu petite, mesurant 61 milli-
mètres de hauteur pour 41 de diamètre; c'est plutôt le galbe des figurations de Kiener- que
celui de Weinkauff'^. Toute la coquille accuse une teinte roux clair avec des traces de roux un
peu ferrugineux sur le dos.
On a signalé la présence de cette espèce dans la mer Rouge et dans l'océan Indien ; golfe
de Suez, Massana. Dahlak, îles Ghagos.
' Cypraea ligris. Lin., 1767. Syst. nat., éd. XII, p. 1176.
■■' Kiener, 1835. Icon. coq. viv.. Porcelaines, p. 13, pi. XXIX.
^ Weinkauflf, in Martini und Ghemnitz, 1881. Sy^l. conch. Cab., Cyprxa, p. 35, pi. X, fig. 6-7,
MOLLUSQUES 195
CYPR^A HISTRIO, Gmelin.
Ci/piwa Jiiilrio, (imelin, 178!l. Si/^t. nal., éJ. XIII. p. 3463 fea'c/. si/n.).
— arlequina, Ghemnitz, 1788. Conch. Cah.,X, p. 145, pi. GXLV, fig. 1347-1348.
— arabica, var. Gray, 1824. Mon., in Zool. journ., I, p. 77.
— relicula/a, Sow., 1842-83. Thés. Conch., pi. IX, &'^. 57-58.
Ariciahistrio, joa/'s,H. et A. Adaras, 1858. Gen. inolL, I, p. 265.
Arahical(isltio,io\iSie3Mm&, 188'i. Fani. Cyprxidae, p. 11.
Un échantillon incomplot ; l'ouvci-turo seule e«t complète et ])ien caractérisée ; il mesure
74 millimètres de hauteur et 48 de diamètre.
La plupart des auteurs ont signalé cette forme dans l'océan Indien; elle existerait égale-
ment, mais plus rare sur la côte Est d'Africpie. Elle vit aussi dans la mer Rouge, à Suakin et
Massana, à Zanziliai', au Mozambique et dans les iles Mascareignes.
CYPRJEA GAPUT-SERPENTIS, Linné.
Cyproea capul-serpenlis, Linné, 1758. Sijst. nal . édit. X'', p. 720.
— reticulum, Gmelin, 1789. St/st. nal., édit. XIII. p. 3407.
Aricia caput-serpcnlis, H. et A. .A.dams, 1858. Gen. MolL.,\, p. 286.
Erosaria caput-serpentis, Jousseaurae, 1884. Fam. Cyprxidae, p. 16.
Un échantillon comph^t, bien conservé, mesurant 34 millimètres de hauteur, 21 de dia-
mètre et 10 d'épaisseur; c'est donc, comme on le voit, une forme relativement peu élevée, mais
son gallîe et l'allure des caractères aperturaux nous permettent d'assurei* notre dé^termination.
Le test, d'un roux clair, a conservé sur le dos une teinte acajou très pâle.
L'extension géographique de cette espèce est très étendue ; nous en relevons la présence
dans les stations suivantes : mer Rouge. Su(V, Massana, Seychelles, Zanzibar, Mozambique,
Natal, Réunion, Maurice, iles Chagos, océan Indien, Chine, Japon, Nouvelle-Guinée,
Nouvelle-Galles-du-Sud. Nouvelle-Hollande. N(Miv<'lle-Calédoni(\ iles des mers du Sud, etc.
(Ikxre MELADOMUS, Swainson.
MELADOMUS BOLTENIANUS. Ghemnitz.
Heliœ Bolteniana, Ghemnitz, 1786. Conch. Cab., IX, p. 8U, pi. GIX, fig. 921-922.
C yclostoma carinata, Olivier, 1804. Voy. emp. Otiom., II, p. 39, pi. XXXI, fig. 2.
Lanistes Olivieri, Den. Montfort, 1810. Conck. syst., p. 122.
Ampullaria carinata, Lamarck, 1822. Anitn. s. vert., VI, II, p. 17'J.
— Bolteniana, Philippi, 1851. Mon. Ampul., p, 23. pi. VI, fig. 4-5.
^■Eyyptiaca, Erenberg, in Jiciieli, 1874. Mail. N.-O. Afrique.
Meladomus Boltenianus, Bourguignat, 1870. Moll. Egypte, Abyss., p. 41.
Deux échantillons, le plus grand atteignant 28 millimètres de diamètre; ils ont conservé
une teinte jaune clair, et malgré le peu d'épaisseur de leur test, ils sont encore en très bon
état et presque complets.
Ce Meladomus est, au dire de itourguignat', des {dus abondants dans le NU et dans tous
' J.-R. Bourguignat, 1889. Mollusques de V Afrique équaloriale, p. 179.
196 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
les cours d'eau et marais de la Basse-Egy}iti' : il a été également constaté depuis le lae
Nvanza, dans le Kordofan, le Sennar. l'Abyssinie et la Nuliic : plus récemment il a été rap-
porté. pai'M. G. Revoil. de l'Ouebi près de Guélidi. 11 est également tivs commun dans le
}sil Bleu, ainsi que dans le lac Dembea.
Gknrk YIYIPARA. de Lamarck.
VIVIPARA UNICOLOR. Olivier.
Cyclostoma unicolor, Olivier, 1804. ^'oy. Emp. Ottom., III, p. 68, pi. XXXI, flg. 9.
Paludina unicolor, Deshayes, 1832. In JSnci/cl. metli.. Vers., III, p. 698.
Vivipara unicolor. Bourguignat, 1856. Amén. Malac, I, p. 182.
Un seul échantillon h'wn conservé, d'un lilanc porcelanisé, de taille noi'male et bien
adulte ; les tours sont ar-i'ondis, ce qui différencie cette espèce du Pahidina biangulata do
Kûster' qui souvent vit avec, et peut être considérée au moins comme en étant une variété
])ien définie.
Le Vicipara nnicoloi', comme l'a fait observer Bourguignat^. est une forme du centre
africain qui, par le grand cours du Nil, s'est acclimatée dans toute l'Egypte. Il l'indique, en
efïet, dans les eaux du canal d'eau douce de Suez, du Nil jti'ès Boulalc, de Zagazig, du canal
Mahmoudieh près Alexandrie, du canal à Magueret en Nouatié près Ramlé. des déblais du
canal maritime à la haiiteurde Sérajjéum. à 15 kilomètres au nord des Lacs amers, de Medinet,
au Fayoum: enfin il s'étend jusqu'en Abyssinie au lac Dembea ou Tzana.
LAMELLIBUAACIIES
Gexrk TRIDACNA. P. Belox.
TRIDACNA GIGAS. de Lamarck.
Chania imbricaia, Chemnitz, 1784. Concli. Cab., VII, p. 122, pi. XLIX, fig. 495.
Tridacna gigas, Lamarck, 1819. Anim. s. vert., VI, I, p. 105.
La détermination s])écifique des 'IVidacnes est toujours chose assez délicate, surtout loi-sque
les échantillons ne sont pas parfaitement conservés. Nous rapportons au Tridacna gi(/a.s huit
individus représentés cliacun pai- une valve ; sur ces valves dont la taille vai'ie de lUO à
12U millimètres de longueur transverse, les côtes rayonnantes sont arrondies, mais les squa-
' Kiister, 1852. Gail. PalucL, p. 25. pi. V, fig. 11-12.
^ J.-R. Bourguignat, 1882. Recens. Vicip. si/st. liurop., p. 33.
MOLLUSQUES 197
mules toujours très noml)i"euses et très rapprochées sont totaleniont arasées. Nos échantillons
ont la plus grande analogie avec la figure 1, G, de la planche II do l'Iconographie de Reeve.
Nous no connaissons cette espèce que dans l'océan Indien, où elle atteint pai^fois, comme
on le sait, des dimensions considérables. M. A. Issel n'en fait pas mention dans son Catalogue
des molliis([ues de la mer Rouge.
TRIDACNA ELONGATA, de Lamarck.
Tridacna elongata, Lamarck, 1819. Anim. s. vert., VI, I, p. 106.
L'uni(|ue échantillon que nous rapportons à cette espèce est malheureusement incomplet :
il mesure 200 millimètres environ de longueur, pour 100 de hauteur et SO d'épaisseur pour
une seule valve. Il possède six à sept côtes très fortes et surtout très saillantes, bien espacées
antérieurement, plus rappi'ochées dans la région postérieure, élargies à la base et étroitement
arrondies au sommet. Le test est solide, épais, orné de nombreuses costulations rayonnantes,
petites, rapprochées, arrondies, assez régulières, et de squamules saillantes, un peu épaisses,
distinctes, irrégulières, mais toujours moins rapprochées que chez l'espèce précédente. Enfin
la chai'nière est épaissie et puissante. Par- suite de l'allure pai'ticulière des côtes, très saillantes
et très étroitemi'ut arrondies dans le haut, cette forme constitue au moins une variété bien
définie par rapport au type.
Comme la précédente, cette espèce vit dans l'océan Indien. M. A. Issel la signale dans
la rade de Suez, et dans le golfe d'Akaba; on la retrouverait également aux Philippines.
Gkxre PECTUNCULUS. de Lamarck.
PECTUNCULUS PEGTINIFORMIS, de Lamarck.
Arca pectunculus, Linné, 1707. Syst. nal., éd. XII, p. 1142.
Peclu7iculus pectiniformis, Lamarck, 1819, Anim. s. vert., VI. I, p. 53.
Une seule valve déjà bien roulée lorsqu'elle a dû être recueillie ; son galbe se rapporte
très suffisamment à celui qui est figuré dans l'Atlas de Savigny' : on distingue encore à la
périphérie des traces assez fugitives, il est vrai, de l'ornementation si caractéristique de cette
espèce .
De Lamarck loge son type dans l'océan Asiatique et Américain. M. A. Issel signale cette
même forme dans la rade de Suez, dans le golfe d'Akaba ; on l'aurait égalcuicut o])servé(' aux
Philippines.
' Savigny, 1804. Descr. Egypte. Coq., pi X, fig. 2.
198 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Genre MELEAGRINA, de Lam.vrgk.
MELEAGRINA MARGARITIFERA, Linné.
Mytilus inargariiiferus, Linné, 1767. Syst. nat., édit., XII, p. 1155.
AvicHla margarilifera, Ghemnilz, 1785. Conch. Cab., VIH, p. 126, pi. LXXX, lîg. 717-718.
Margarita Sinensis, Leach, 1814. Zuol. miscel., I, pi. XLVIII.
Avicula radiata, Leach, 1814. Loc. cit., I, pi. XLIII.
Meleagrina margarilifera., Lamarck, 1819. ^lwi>«. s. vert,., VI, I, p. 151.
Une valve entière et un fragment ; forme normale bien caractérisée-; l'intérieur est d'un
lieau nacré carnéolé: à l'extérieur, on retrouve des traces des stries concentriques.
Cette coquille, la coquille perlière par excellence, vit surtout dans le golfe Persique, sur
les côtes de Ceylan, dans les mers de la Nouvelle-Hollande, dans le golfe du Mexique. On l'a
également signalée dans les golfes de Suez et d'Akaba.
Genre OSTREA, Linné
OSTREA PLICATA, Linné.
Osirea pltca, Linné, 1767. S(/.':t. nat., édit. XII, p. 1145.
— plica/ula, Lamarck, 1819. Anim. s. ver/., VI, I. p. 211.
Six valves inférieures et seulement une valve supérieure. Nous distinguerons deux formes :
le type, conforme à la figuration de Reeve\ mesurant de 75 à 90 millimètres de hauteur,
pour 50 à 55 millimètres de largeur transverse, par conséquent d'un gallie hautement allongé,
avec les bords bien crénelés, le sommet de la valve inférieure en forme de triangle isocèle
allongé ; une vainété data un peu plus large, plus subtrigone. plus largo oi moins liante,
également représentée par Reove (fig. 68, a).
Nous connaissons cette espèce en Chine et dans l'océan Indii.'u; de Lamarck l'indi(pie
également dans les mers d'Am/'riipie.
CONCLUSIONS
En résuuK', ci.'tte faunule comprend tm total de dix-sept espèces, dont dix (gastropodes
marins, deux des eaux douces et cinq Lamellibranches également marins. Toutes ces coquilles
sont de taille grande ou moyenne, les formes de moins d(^ 20 millimètres font défaut. Toutes
sont dans un état de demi-fossilisation; elles ont perdu leurs riclies colorations normales pour
revêtir un faciès uniforme d'un jaunacé roux terne ; le test chez la plupart d'entre elles est
solide, épais et relativement assez bien conservé.
' Reeve, 1871. Icon. Conch., Osirea, pi. XXVII, fig. 68.
MOLLUSQUES 199
Toutes ces espèces ont une origine sensiblement locale. Elles proviennent soit des eaux du
Nil et des cours d'eau qui en dérivent, soit de la mer Rouge ou de l'océan Indien. Si nous
prenons pour base le catalogue des coquilles marines de la mer Rouge, nous voyons que, sauf
les Murex brandaris. Cassis ylauca, Tridacna (jlgas et Ostrea idicata, toutes vi\'ent actuel-
lement soit dans le Nil, soit dans la mer Rouge ; le Murex brandaris seul fait partie de la
faune méditerranéenne, les trois autres espèces appai'tiennent à la gi-ande famille malacologique
de l'océan Indien.
Pour quels motifs de telles formes ont-elles été ainsi réunies? Quelles vertus particulières
les anciens Égyptiens accordaient-ils à ces coquillages? Nous l'ignorons: la solution de tels
problèmes malacologiques n'est point encore paiTenue jusqu'à nous, mais il est différentes
sortes de conjectures qu'il est permis d'émettre sur un pai'eil sujet.
Disons d'aljord que de tels amas ne sauraient être envisagés comme de simples débris de
cuisine transformés en hjoekhenmoedding. Leur importance est trop minime, puis nous savons
que poissons et mollusques étaient proscrits rigoureusement de l'alimentation des Egyptiens.
Plutarque. dans son trait(^ de Iside et Oriside, nous apprend que les prêtres égyptiens avaient
en abomination le sel et tout ce qui touche à la mer ; ils appelaient le sel l'écume de Tv^Dhon :
ni le sel, ni les produits de la mer ne devaient paraître sur leur table. Sur la stèle du roi
éthiopien Piankhi, de la XXVP dynastie, on lit que, lorsque ce Pharaon dévot aux dieux de
l'Egypte s'empai-a du pays, un seul des chefs locaux, qui étaient en paiiie Libyens ou Sémites,
eut accès dans le palais, parce qu'il ne mangeait pas de poissons ' : les autres chefs, ([ui faisaient
usage de cette chair impure, étaient impvu-s eux-mêmes et furent exclus^. Faut-il eniin rappeler
les sages prescriptions dictées par Moïse aux Hébreux dans son Lévitique^: « Qnidquid atctem
pinnulas et squamas non habct eorvmqve in aqvis morrutnr et civimf, abominabile vos
execrandumque erit. »
D'autre part, nous ne saurions voir dans cotte réunion de coquilles, ni la collection d'un
amateur naturaliste de l'(''poque. ni une n'^union d'oltjets ayant pu servir à la parure ou à la
décoration somptuaire de quehjue grand chef. De tels exemples sont des plus ii'(''quents, non
seulement chez noml)re do peuplades préhistoriques, mais encore de nos jours chez quantités
de races vivant encore à l'état sauvage: M. de Rougé' a décrit des colliers de coquillages qui
sont aujourd'hui en usage dans les régions du Haut-Nil ;M. leD'L. Lortetnous en a également
montré plusieurs qu'il avait rapportés de ses voyages. Mais tel ne saurait êtr'o le cas qui nous
occu2)e. (Jn ne trouve, en dlét. aucune trace de perforations servant à suspendre nos coquilles:
en outre, il faut ])ien le reconnaitre, ces grands Tridacnes, StromJies ou Ptérocères auraient
été bien lourds à porter au col ou sur la poitrine. C'est donc, tout au plus, si l'on peut admettre
. que ces belles coquilles ont pu servir à pai-er la demeure de quelque puissant monarque de
l'époque, ou qu'elles ont été rapportées à titre de trophée de quelcjue lointa.ine conciuête. Mais
alors que viennent donc iaire dans le nomljre d'aussi modestes coquilles comme les Méladomut
et "^^ivipal■ia. qui ne sont certes ni belles, ni grosses, et ([ui pullulent dans les petits et grands
cours d'eau du pays.
' A. Locard, 1884. Histoire des mollusques dans l'anliquilé, p. 75.
- Jusqu'au moyen âo-e on a presque toujours confondu les o-ollusqucs avec les poissons.
■' Leviticus, cap. XI, vers. 10.
■* De Rougé, Notice sotnmairc des monuments égyptiens, p. 79.
s
200 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE
Dans ce cas, ne seiable-il pas infiniment jilus logique de faire jouci' aux coquilles le même
rôle que celui que les Egyptiens faisaient jouer à nombre d'animaux, dont les précieuses reliques
savamment momifiées viennent d'être mises à jour par les soins de M. le D^ L. Lortct. Sans
doute, les Egyptiens attribuaient quelques vertus symljoliques aux mollusques, comme ils se
plaisaient à le faille pour d'autres animaux. Lorsque les Titans se liguèrent pour attaquer
Jupiter, dieux et déesses s'enfuirent de l'Olympe et allèrent se cacher en Egypte, ne voyant
l'ien de mieux à faire que de pi'endre les formes les plus diverses pour n'être pas reconnus pai'
leurs ennemis. Pai'mi les dieux de première grandeur, si Isis était représentée avec une tête de
vache, Osiris avec celle d'un épervier, Jupiter Ammon avec celle d'un bélier, sans doute
quelques dieux plus infimes ont pu adopter à leur tour quelques-unes de nos belles coquilles.
De tels exemples sont fréquents lorsque l'on étudie les religions de l'Inde ancienne ; Vishnou,
Krishna, Durga, Ganeça, Devi, Sourga, Nemi et bien d'autres parmi les dieux portent la
conque sacrée ; les Brahmanes adorent la conque ! Or, de l'Inde à l'P^gypte le pas à franchir
n'est pas ti'ès grand, étant donné surtout le nomlire d'espèces malacologiques communes à ces
deux régions que viennent baigner les mêmes eaux de l'océan Indien. C'est donc dans un tel
ordre d'idées qu'il convient, croyons-nous, de rechercher l'explication de semJjlaijle réunion
de coquilles aussi différentes.
Archives du Muséum cl histon-e naturelle de Lyon.
T. VIII - PL. I
%
;# J-c ^*.
Grandeur naturelle
FELIS MANICULATA, Cretezschmar
Archives du Muséum d'histoire naturelle de Lyon.
T, VIII - PL. II
Grandeur naturelle.
MILVUS vEGYPTIUS Gmelin
Archives du Muséum d'histoire naturelle de Lyon.
T. VIII - PL. m
Grandeur nalurelle.
BUTEO DESERTORUM Daudin dà*. c à s loou:
BUTEO VULGARIS Linné (5,9eiii,
Archives du Maseam d'histoire nalurûlle de Lyon.
T. VIII — PL. IV
f
Grandeur naturelle.
BUTEO FEROX, Gmelin
Archives du Muséum d histoire nalurelle de Lyon.
T^ VIII - PL. V
^7
/
..v^
ifcti-J
Grandeur nalnrelU
AÛUILA MACULATA, Gmelin
/rchives du Muséum d'hisloire nalurolle de Lyon.
T. VIII - FL. VI
Grandeur naturelle.
FALCO FELDEGGII, Schlegel (de i à s)
FALCO BABYLONICUS, Gurney (de a a i6)
Archives du Muséum d'histoire naturelle de Lyon.
T. VIll - PL. VII
Grandeur naturelie.
IBIS vETHIOPlGA, Lath.
Archives du Muséum d'histoire naturelle de Lyo
T. VIII - PL. VLU
W- 'fi'jjn-x-y-
-/3 g\: nat. environ.
IBIS ^THIOPICA, Lath.
TABLE DES GRAVURES
\
Fig. 1. Chilien momilié de Roda i
— 2. Momie de chien de Thèbes ~
— 3. Squelette de chien errant de Rôda 7
— 4. Crâne de chien errant de Rôda 8
— 5 et 6. Crânes de chiens errants de Rôda 9
— 7. Squelette de chien égyjitien H
— 8. Crâne de chien égyptien 1~
— 9. Squelette de lévrier de l'ancienne Egypte 14
— 10. Crâne de lévrier de l'ancienne Egypte Ic)
— 11. Statuette de chat de Sakkara 20
— ■ 12 et 13. Momies de chat de Stabl-Antar 20
— 14. Chat mouiifié de Stabl-Antar 21
— 15. Momie de chat de Stabl-Antar 22
— 16. Squelette de Felis maniculal a 25
— 17 et 18. Crâne de Felis maniculata 20
— 19. Squelette de Felis 7nanicidata \ar. domeslica 28
— 20 et 21. Crânes de Felis maniculata var. domeslica 30
— • 22. Sarcophage de musaraigne 33
— • 23. Musaraigne momifiée 34
— 24. Sarcophage de musaraigne 35
— 25. Squelette de Bûs africanns ^'*
— 20 et 27. Crâne de Bos africanns, face et profil 45
— 28. Sacrum de zébu de Ceylau 47
— 29. Sacmm i]e Bos africanns momifié 4/
— 30. Squelette de i?os africanns, Sakkara 49
— 31. Crâne de Bos africauus, l'ace 52
— 32. Crâne de Bos africanns , profil 53
— 33 et 34. Crâne Aq Bos rt/'rîca«î«s, face et profil 54
— 35. Tète de momie de jeune bœuf du Musée du Louvre 56
— 36. Tète d'un bœuf momifié d'Abou!-îr 59
— 37. Tête d'un bœuf momifié d'Abousîr GO
— 38. Crâne d'un bœuf d'.\bousir 61
— 39. Squelette de Bubalis buselaphus 73
— 40. Crâne de Bubalis buse/aphus, face et profil "4
— ■ 41. Crâne Ae Bubalis buselaphus, face et profil 76
Arch. Mus. — t. Vlli. '26
202 TA15L1-: DES GKAVUllES
Fig. 42. Momie de gazelle de Kom-Méreh 78
— 43. Gazelle momifiée de Kom-Méreh 79
— 44 et 45. Gazelles momifiées de Kôm-Ombo 80
— AQ. Crâne de Gazella ilorcas 83
— 47. Crâne de Gazella Isabella . . ■ 85
— 48. Cornes de Taurolragus Derbijanus moderne 90
— 49. Plaque de scliiste du musée de Gizé 91
— 50. Crâne de momie A' Amniolfugus tragelaphus 93
— 51. Crâne à'Ovis j^alsfOingyplicus àQlo\ikh. 93
— 52. Crâne à'Ovis patyiira, moderne 95
— 53. Crkae de Hircus mambricus, moderne ' . . . 95
— 54. Crâne d'Oris longipes du Maroc 98
— 55. Cheville frontale d' Antidorcas ? Rothii 101
— 56. Mouflon à manchettes momifié 103
— 57. Momie de bouc de Sakkara 108
— 58. Crâne de moxme de Hircus ma^nbricus 110
— 59 et 60. Oiseaux de proie momifiés de Rôda 114
— 61 et 62. Masses d'oiseaux de proie momifiés 115
— 63. Momie d'ibis de Kôm-Ombo 117
— 04. Ibis momifié de Kôm-Ombo 117
— (j5. Momie d'ibis de Rôda 118
— 66. Pot renfermant une momie d'ibis, Sakkara . . • 118
— 67 à 71. Momies d'ibis de Sakkara 120
— 72 et 73. Vases renfermant des ibis de Touné . . .- 121
— 74. Ibis œihiopica, dessiné d'après nature à Faschoda 171
— 75. Pied d'Ibis cethiopica, momifié 172
— 76. Pied de Plegadis falcinelltis , momifié 176
— 77. Crocodilus nilotieiis momifié d'Esnè 182
— 78. Momie de petits crocodiles 182
— • 79. '^ioui\e de Lates nilotieus d'Esnè . 185
— 80. M.om.\e de Laies niloticus d'E?,ne ; 186
— 81 Lates nilolicus, extrait d'une momie d'Esnè ■ . . 188
— 82 Laies «eZo^z'ciw extrait d'une momie d'Esnè : 189
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION i à viii
MAMMIFÈRES 1
CHIENS ET CHACALS 1
Canis familiaris, L., chien errant d'Egypte 5
— chien égyptien 10
— lévrier de l'ancienne Egypte 13
Canis auveus, L 17
CHATS 19
Felis maniculata, Cretzs 23
— var. domestica, Fitz 27
INSECTIVORES 32
Crocidura gigantea, Geoff 33
Crocidura religiosa, Geoff 35
RONGEURS ; 38
Aconys cahirimis, E. GeofF 38
Mus Alexandrinus, Is. Geofl' 39
BOVIDÉS 41
Bœufs de Sakkara 43
Bos africaniis, Rrehm 43
Bœufs d'Abodsir 57
Bos africanns, Brehm 58
Bœufs d'Héliopolis 64
Bœufs ninévis 64
Race et origine des bœufs de l'ancienne Egypte 65
ANTILOPES 72
Bubalis buselaphus, Pallas 72
GAZELLES 78
Gaze/la dorcas, Linné 82
Gazella Isahella, Graj' 85
MOUTONS 87
Oi'islongiges, Fitz., race palœoaigypticvs 88
Ovis i}latyura,y\faL<^., v&ce. tegyiiliaca,¥\\.z . 102
204 TABLE DES MATIÈRES
MOUFLON A MANCHETTES 103
Ammolragus iragelapliits. Cuv 103
CHÈVRES 107
Hircus mambriciis , Linné 107
Ilircus Thebaiciis, Desni 111
OISEAUX 113
Momies he rai'aces 114
Momies d'ibis 117
RAPACES DIURNES 124
Milviis œgyptiiis. Gnielin 124
Milmis regalis, iirisson 129
Pernis apii-orus, L 127
Elanus cseruleus, Desf 129
Haliaetus albicillus. L 131
BiUeo desertorum, Dandin 133
Buteo ferox, Gm 135
Buteo vulgaris, Linné 137
Circaelus gallicus, Gna 138
Aquila iniper/alis, Bechst 140
Aquila maculala, Gm 142
Aquila peimata, Gm 144
Falco Feldeggii, Schl 140
Falco babylonicus, Gurney . . • 150
Falco barbarus, S 151
Falco subbuteo, Linné 152
Hierofalco saker, Gm 154
Ceivhneis linnunculus, L 15()
Cerchneis cenchris, Friscli 157
Accipiier nisus, Linné 158
Milierax gabm\ Dandia 160
Circus œruginosus, L 161
Circus cyaneus, L 161
Circus niacrouriis, L 162
Circus pygargus, L 163
Pandiom haliaetus, L 164
RAPACES NOCTURNES 167
Bubo escntaplius. Savig 167
Scops A/(l,-orandi, WiUoughby 168
Asïo olus, Linué 168
Asio brachyotus, Graelin 109
Slrix flammea, Linné 170
IBIS 171
Ibis icUdopica, Latli 171
Plegadis falcinellus , Linné 175
OISEAUX DIVERS 178
Cuculus canorus, Linné 178
Coracias garrula, L 178
Hirundo ruslica, L 179
TA15LK DES MATIERES 205
Œdiciiemus œdicnemtis, L 180
Pleroclurus sénégalais, L 180
REPTILES 181
Crocodilus ailolicus, Laiu 181
Mabiiia quinquelceniala, Licht 183
Naja haje, Linné 184
POISSONS 185
Laies niloticus 188
MOLLUSQUES 191
GASTROPODES 191
Murex brandaris, Linné 191
Murex anguli férus, de Lam 191
Fasciolaria Irapezium, Gmelin 192
Strombus trieornis, Lans 192
Pterocera lambis, Linné 193
Cassis glauca, Linné 193
Cyprsia panlherina, Soland 194
Cypriea melanostoma, Leates 194
Cypnea hislrio, Gm 195
Cyprœa caput serpenlis, Linné 195
Meladomus bolteniamis, Chemn 195
Vivipara untcolor, Olivier 196
LAMELLIBRANCHES 196
Tridacna gigas, Lam 196
Tridacna elongala, Lam 197
Pecliinculiis pecliniformis, Lam 197
Meleagrina niargaritif'era, L 198
Ostrea piicala, Lmné 198
Conclusions 198
Table des gravures 201
Lyoa. — Iiii|irimerie A. REY, rue Gentil, 'i. — 28112.
i
HENRI GEORG, ÉDITEUR
LIBBAIRE DES FACULTES DE LYON
LYON GENÈVE BALE
36-38, Passage de l'HOlel-Dieu lO, Gorraterie lO.rue Franche
KDITIÎUR DES PUBLICATIONS DE I.A SOCIÉTK HELVÉTIQUE IIES SCIENCHS NATUHELLKS, HK I.INSTITUT NATIONAL GENEVOIS,
DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE, DE LA SOCIÉTÉ DE OLOCBAPHIE,
I.K LA SOOIÉTÉ I»R TOPHORAPIIIE HISTORIQUE ET DO MUSÉUM o'hISTOIBK NATURELLE DR LYON, RTC,
ARCHIVES DU MLISÉCM D'HISTOIRE NATURELLE
DE LYON
Grand in-4<>
TOME PREMIER
Etudes sur la station préhistorique de Solutré par MM. Ducrost et Lobtet (avec 7 planches). — Note sur les
brèches osseuses des environs de Bastia (Corse), par M. Locard. — Etude sur le Lagomys corsicanus de Bastia,
par M. le D'' Lortet (avec 1 planche). — Etudes paléontologiques dans le bassin du Bhône, période quaternaire,
par MM. Lortet et E. Chantre (avec 15 planches). — Reclierches sur les végétaux fossiles de Meximieux. par
MM. deS.4P0rta et .\1arion (avec 17 planches). — Quelques coupes des terrains tertiaires et quaternaires du
bassin du Rhône, par M. Falsan (avec 1 tableau synoptique).
TOME SECOND
Description de la faune de la mollasse marine et d'eau douce du Lyonnais et du Dauphiné, par M. Locard
(avec 2 planches). — Recherclies sur les mastolontes et les faunes mamraalogi [ues qui les accompagnent, par
MM. Lortet et E. Chantre (avec 17 planches).
TOME TROISIÈME
Note sur quelques mammifères fossiles de l'époque miocène, par M. FrLHOi. (avec 5 planches). — Etude zoo-
logique sur la faune du lac de Tibériade, par M. le U"^ Lortet (avec 13 planches). — Reptiles de Syrie par M. le
D' Lortet (avec 1 planche). — Malacologie des lacs de Tibériade, d'Antioche et d'Homs, par M. A. Locard (avec
5 planches) .
TOME QUATRIÈME
Observations sur les tortues terrestres et paludines du bassin de la Méditerranée, par M. le D' Lortet (avec
8 planches dont 2 en couleurs). — Les terrains tertiaires et quaternaires du promontoire de la Croix- Rousse (Lyon),
d'après M. JouRDAN, par M. Fontannes (avec 4 planches). — Recherches sur la succession des faunes de verté-
brés miocènes de la vallée du Rhône, par M. Charles Depéret (avec 14 planclies). — Note sur le Rhyzoprion
ôarzensw de JoDRDAN, par M. le D' Lortet (avec 2 planches). — Contribution à la faune malacologique des ter-
rains néogènes delà Roumanie par M. Fontannes (avec 2 planches).
TOME CINQUIÈME •
Les reptiles fossiles du bassin du Rhône, par M. le D' Lortet (avec 12 planches). — La faune des mammi-
fères miocènes de la Grive-Saint- Alban (Isère) et de quelques autres localités du bassin du Rhône ; documents nou-
veaux et revision générale, par M. le D' Charles Depéret (avec 4 planches). — Contribution à l'étude des cépha-
lopodes crétacés du Sud -Est de la France, par MM. Sayn et Kilian (avec 1 planche). — Sur quelques ammonitides,
par M. KiLiAN.
TOME SIXIÈME
Recherches anthropologiques dans l'Asie occidentale, missions scientifiques en Transcaucasie, Asie Mineure et
S.vrie, 1890 et 1894, par M. Ernest Chantre (avec 43 planches). — Note sur quelques espèces de cyprinodons de
l'Asie Mineure et de la Syrie, par M. Claudius Gaillard (avec 12 figures dans le texte). — Le rhinocéros de Dusino
(Rhinocéros ElruscusJ par M. le D' Federico Sacco (avec 4 planches). — Etudes sur quelques échinodermes de
Cirin, par M. P. de Loriol (avec 1 planche et 1 figure dans le texte).
TOME SEPTIÈME
Conchyliologie portugaise. — Les coquilles terrestres des eaux douces et saumâtres, par M. A. Locard. —
Mammifères miocènes nouveaux ou peu connus de la Grive-Saint-Alban (Isère), par M. Claudius Gaillard (avec
3 planches et 32 figures dans le texte).
Lyon. — Imprimerie A. REY, 4, rue GcntiL — 28112
DATE DUE
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DEMCO. INC. 38-2931
3 2044 072 227 903